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14 mai 2025
Par DIAGNE Fodé Roland
POUR UNE SOLUTION POLITIQUE, DEMOCRATIQUE DANS UNE OPTION PANAFRICAINE ANTI-IMPERIALISTE
Crise casamançaise - En tant que patriote, démocrate, panafricain, internationaliste et communiste sénégalais, la plus vieille rébellion indépendantiste interne aux Etats post-indépendants en Afrique est une douloureuse épreuve pour notre Peuple
En tant que patriote, démocrate, panafricain, internationaliste et communiste sénégalais, la plus vieille rébellion indépendantiste interne aux Etats post-indépendants en Afrique est une douloureuse épreuve pour notre Peuple dans le processus d’édification de l’Etat-Nation hérité de la décolonisation néocoloniale françafricaine et eurafricaine.
La balkanisation de l’Afrique, détruisant et interrompant par la conquête militaire le processus endogène de la construction de nations, a marqué le capitalisme importé par la colonisation qui a succédé à la traite et à l’esclavage transatlantique dont l’échine prédatrice a été historiquement brisée par l’héroïque révolution indépendantiste et abolitionniste de l’esclavage de Haïti (Ayiti) au XIXème siècle. L’Afrique a été ainsi arrimée dans le dernier wagon de l’histoire de la naissance du capitalisme en Europe, puis son passage à son stade suprême, l’impérialisme.
Pour coloniser, l’impérialisme a rassemblé ces conquêtes territoriales dans de grands ensembles «panafricains» comme l’Aof et l’Aef. Pour continuer de régner sur l’Afrique, le même impérialisme a ensuite divisé ces grands ensembles territoriaux en Etats-nations néocoloniaux indépendants.
La bourgeoisie et la petite bourgeoisie compradores y ont vu un intérêt de classe en prônant «l’intangibilité des frontières issues de la colonisation» contre le projet panafricain d’un «Etat, un gouvernement, un Parlement, une Armée du continent africain».
L’actuelle seconde phase de libération nationale panafricaine doit remédier à la défaite du projet panafricain de la première phase libératrice de nos prédécesseurs et aller résolument vers «l’union libre des peuples libres» d’Afrique, comme l’avaient proposé les communistes Lamine Arfan Senghor et Tiémokho Garang Kouyaté. Par où commencer à partir de notre Sénégal souverain, cette marche vers l’Etat fédéral africain ?
Le néocolonialisme et la question casamançaise
Le projet du Rda (Rassemblement démocratique africain) de l’indépendance dans l’unité de l’Aof/Aef a été saboté à la fois par l’Ivoirien Houphouët Boigny, rallié à la social-démocratie colonialiste puis au gaullisme néocolonialiste, et par les Sénégalais Lamine Guèye, L.S. Senghor et Mamadou Dia, tous socialistes absents au Congrès de Bamako en 1946, avant qu’ils ne deviennent les fossoyeurs de la Fédération du Mali pour lui substituer l’Etat néocolonial du Sénégal.
Mais étaient présents à Bamako au congrès fondateur du Rda, en octobre 1946, les fondateurs de l’Union des populations du Cameroun (Upc) et le fondateur, Victor S. Diatta, du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc) né à Sédhiou le 4 mars 1947 comme une de ses sections territoriales. Le Mfdc est donc né quasiment une année avant la fondation, en 1948, du premier parti néocolonial sénégalais, le Bds de L.S. Senghor et de Mamadou Dia, après leur scission avec le parti colonial social-démocrate Sfio de Lamine Guèye.
Victor S. Diatta est décédé dans des circonstances non élucidées en 1948. Force est donc de constater que le passage du Mfdc au Mouvement autonomiste de Casamance (Mac), et son intégration dans le Bds puis l’Ups et le Ps, se sont opérés dans la période des années 50 à 1960 dans des circonstances non éclaircies jusqu’à nos jours.
La marche pacifique de décembre 1982, d’une foule d’hommes et de femmes de Casamance remplaçant notre drapeau national au nom de «l’indépendance de la Casamance», a donc été une conséquence des non-dits de l’histoire cachée du passage de notre pays du colonialisme au néocolonialisme que suggèrent les propos étonnants de L.S. Senghor lors des élections de 1978 à Sédhiou, selon lesquels «si vous voulez la libération de la Casamance, votez Ps».
Les gouvernements néocoloniaux successifs de Senghor/Abdou Diouf du Ps, de A. Wade du Pds et de Macky Sall de l’Apr/Bby se sont évertués à exercer la solution militaire doublée de l’infestation de l’argent de la corruption sans jamais éteindre la rébellion politicomilitaire en Casamance.
Le tout répressif et la militarisation contre des rebelles retranchés dans la forêt casamançaise n’ont cessé de mettre de l’huile sur le feu sans régler quoi que ce soit des fléaux que sont le silence coupable sur ce qui s’est vraiment passé entre le Mfdc et le Ps, les spoliations foncières, la tragédie meurtrière du bateau Le Joola, les bombardements successifs, les morts de civils et de militaires, l’exil des populations, les mandats d’arrêt contre les dirigeants politico-militaires du Mfdc, les arrestations, les emprisonnements, y compris d’écrivains journalistes casamançais, les accusations farfelues de «rebelle» visant le premier leader sénégalais souverainiste d’opposition d’origine casamançaise, les embargos et autres répressions ethniquement ciblées, etc. Ces politiques répressives sont les marques inhérentes à l’Etat bourgeois françafricain. La politique néocoloniale se révèle en réalité comme une prolongation négrifiée du système colonial.
L’externalisation de la solution militaire a été un échec en Gambie avec la défunte «Confédération sénégambienne» imposée qui a duré de 1981 à 1989, puis avec à la fin des années 90, l’intervention militaire en Guinée-Bissau et récemment sous couvert de la Cedeao en Gambie.
L’édification d’une Nation ne peut être exclusivement un attribut de la force, ni être attribuée dans la durée à l’Armée, ni à l’argent corrupteur, mais doit être éminemment une stratégie souveraine consécutive à l’objectif de la décolonisation politique, économique, culturelle et historique. La Nation et l’Etat multinational résultent de la lutte de libération nationale contre l’oppression impérialiste.
Toutes ces politiques apatrides néocoloniales répressives sont anti-nationales et ne font qu’aggraver le sentiment antinational que «les Casamançais sont des Sénégalais entièrement à part» au lieu d’être «des Sénégalais à part entière».
Le souverainisme anti-impérialiste et la question casamançaise
L’avènement du nouveau pouvoir souverainiste, issu de la rébellion de la jeunesse contre la mal-gouvernance néocoloniale libérale et le pillage impérialiste de nos richesses nationales, est une opportunité pour chercher et trouver une solution souveraine politique, démocratique à cette douloureuse division néocoloniale à partir du double principe suivant : le droit au divorce n’est pas automatiquement et forcément synonyme de l’obligation de divorcer. Si tout mariage comporte le droit au divorce à respecter, la prise en compte de la contradiction principale qu’est l’émancipation antiimpérialiste de l’Afrique est une équation posée et à résoudre par les deux parties. Ainsi, le droit à l’autodétermination, à la séparation légitime doit être compatible avec l’objectif tout aussi légitime de l’union libre des peuples libres d’Afrique.
Notre Sénégal en marche vers la souveraineté nationale antinéocoloniale doit rompre avec les politiques exclusivement répressives néocoloniales françafricaines sur la question casamançaise
La «rupture et la transformation systémique» contre le néocolonialisme doivent s’exercer par le renvoi à terme des bases militaires française, états-unienne, la fin des diktats libéraux du Fmi/Banque mondiale, du franc colonial Cfa, des «accords de coopération» léonins françafricains, des Ape, d’une diplomatie servile françafricaine, mais aussi par le traitement politique souverain démocratique et panafricain de «la crise casamançaise».
Rappelons que le Mfdc originel, après le Congrès de Bamako du Rda, est né sur une orientation panafricaine. Notre nouveau pouvoir souverainiste proclame aussi son option panafricaine.
Tenant compte du lien historique, démographique, culturel entre les populations de la Casamance, de la GuinéeBissau et de la Gambie, il y a donc là une opportunité pour opérer une démarche vers l’Etat fédéral africain par cercle concentrique de proximité, à laquelle notre Etat souverainiste peut et doit associer le Mfdc.
Dans cette optique, nous proposons :
- L’annulation de tous les mandats d’arrêt visant les dirigeants politico-militaires du Mfdc ;
- La libération de tous les prisonniers politiques membres ou non du Mfdc ;
- L’enseignement dans nos programmes scolaires de l’histoire résistante anti-colonialiste de la Casamance et de ses héros, notamment l’héroïne Aline Sitowe Diatta ;
- L’ouverture d’un dialogue participatif démocratique avec le Mfdc dans cette optique panafricaine ;
- Ce dialogue avec le Mfdc doit être un premier pas, suivi du dialogue commun avec la Gambie et la Guinée-Bissau, et ensuite avec l’Aes, étapes dans la longue marche vers l’Etat Fédéral Démocratique Africain.
MACKY SALL FÉLICITE PASTEF
La tête de liste de la coalition Takku-Wallu Sénégal a félicité le parti Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) pour sa victoire aux élections législatives anticipées de dimanche...
La tête de liste de la coalition Takku-Wallu Sénégal a félicité le parti Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) pour sa victoire aux élections législatives anticipées de dimanche, soulignant que ‘’le peuple souverain s’est clairement exprimé’’.
‘’Je voudrais, en mon nom personnel et en celui des leaders et membres de la Coalition Takku Wallu Sénégal, féliciter la Coalition Pastef pour sa victoire à l’issue des élections législatives de ce dimanche 17 novembre 2024’’, a écrit Macky Sall sur son compte X.
L’ancien président de la République qui n’est pas rentré au Sénégal pour battre campagne avec ses troupes a souligné que ‘’le peuple souverain s’est clairement exprimé, confirmant une fois de plus sa maturité politique, son attachement aux valeurs républicaines et à la démocratie, socles de notre cohésion sociale et de notre vivre-ensemble’’.
Il a également remercié tous ses compatriotes ‘’sans exclusive, hommes, femmes, jeunes des villes, du monde rural et de la diaspora’’, et exprimé sa ‘’profonde gratitude à tous ceux qui ont bien voulu porter leurs suffrages sur la liste’’ qu’il a eu ‘’l’honneur de diriger’’.
‘’Nous restons un grand peuple, une grande nation. Nous sommes parce que le Sénégal est. Merci à tous. Que Dieu bénisse le Sénégal’’, a-t-il conclu
MACKY SALL DÉTRÔNE AMADOU BA
L'ex-Premier ministre n’est pas parvenu à conserver son titre de chef de l’opposition. Il ne sera pas, non plus, chef de l’opposition parlementaire. La faute à son ancien patron
Amadou Ba n’est pas parvenu à conserver son titre de chef de l’opposition. Il ne sera pas, non plus, chef de l’opposition parlementaire. La faute à son ancien patron. L’ancien président Macky Sall a pesé de tout son poids sur le scrutin de ce dimanche. Rien que pour ne pas se faire dribbler, ne pas se faire doubler par son ancien poulain et ex-Premier ministre. Tout était clair dans la tête de pas mal d’observateurs que l’ancien chef de l’Etat, ancien patron de la défunte Coalition Benno bokk yaakaar (Bby), en a toujours après le candidat malheureux de l’élection présidentielle, qu’il avait lui-même choisi avant de le combattre activement pour le conduire à la débâcle le dimanche 24 mars dernier.
Depuis lors, Macky Sall n’en démord pas. Il n’a pas, donc, lâché le morceau. Réputé être un leader politique opiniâtre, très obstiné et très coriace quand il s’agit pour lui de mener un combat politique, il s’est affiché devant le camp d’en face, incarné par le leader de la «Nouvelle Responsabilité». Ne laissant aucune place au dialogue, encore moins aux concessions, Macky Sall a posé des actes. Cela transparaît da ns sa contestation de la liste de «l’intercoalition» mise en place à Guédiawaye et composée de son jeune frère Aliou Sall, ancien maire de la ville du même nom et son ancienne ministre de la Jeunesse, Néné Fatoumata Tall. A cette dernière, le président du parti Alliance pour la République dont elle est membre de la première heure, déniera sa qualité de responsable de son organisation politique. L’ancien Président Macky Sall poussera même le bouchon plus loin, en donnant une consigne à ses militants et à ses sympathisants. Celle-ci consistait, ni plus ni moins, à ne pas exprimer, au soir du dimanche 17 novembre, son devoir citoyen devant l’urne en faveur de cette liste dont les composantes proviennent des coalitions «Jamm ak njariñ» et «Takku Wallu Senegaal». Conséquence : la mayonnaise a apparemment pris et Macky Sall a obtenu ce qu’il a visé et voulu. Il a battu campagne et fait battre campagne contre… son frangin
Les élections législatives sont des élections majeures. Elles entrent dans l’histoire politique. C’est une autre étape dans la carrière politique de l’ancien Premier ministre. Au point de susciter en lui pas mal d’interrogations. A l’heure du bilan de cette étape de son parcours politique parsemé d’embûches et de crocs-en-jambe, Amadou Ba est appelé à se reconstruire. A se repositionner afin d’arriver à se tailler une place de choix dans un landerneau politique en reconfiguration continue.
La marche risque d’être longue. L’heure des grands travaux a sonné pour le leader de la «Nouvelle Responsabilité». Comment se défaire d’un adversaire aussi coriace que Macky Sall. Un adversaire politique qui n’avance pas masqué. Qui n’a pas encore rangé les armes. Puisqu’en perspective des prochaines élections locales, il n’est pas exclu que l’ancien locataire du palais de la République revienne à la charge par la magie d’un autre plan «mackyavelique» dont il a le secret. Macky Sall n’a pas été Maoïste pour rien. Pour les observateurs qui l’oublieraient, l’ancien maire de Fatick a tété au biberon d’And-jëf/Mrdn, devenu Aj/Pads sous la férule de son ancien allié, Landing Savané, avant de rejoindre la demeure politique du pape du Sopi, Me Abdoulaye Wade. Tout ce parcours formate l’ancien gauchiste devenu libéral et forge son caractère politique. Au point de le pousser à parvenir à priver celui qu’il avait «invité» au «banquet» de l’Alliance pour la République, d’un probable, qui sait, «Grand soir», sept mois après son départ mouvementé de l’Etat.
Avec sa performance d’hier, Macky Sall a les moyens de se repositionner sur l’échiquier politique. N’étant pas le maître du jeu, il pourra se montrer incontournable et «intraitable» pour d’éventuelles alliances à nouer en vue des prochaines joutes électorales.
TAKKU WALLU SÉNÉGAL REMPORTE LE SCRUTIN DANS LA COMMUNE DE RANÉROU
La coalition Takku Wallu Sénégal dirigée par l’ancien chef de l’Etat Macky Sall a remporté dimanche, les élections législatives dans les centres de vote de la commune de Ranérou (nord) avec 993 voix, selon les résultats provisoires issus du dépouillement
La coalition Takku Wallu Sénégal dirigée par l’ancien chef de l’Etat Macky Sall a remporté, dimanche, les élections législatives dans les centres de vote de la commune de Ranérou (nord) avec 993 voix, selon les résultats provisoires issus du dépouillement des urnes.
Takku-Wallu Sénégal devance le parti Pastef, qui a obtenu 475 bulletins favorables. La liste Jamm ak Njerin arrive en troisème position avec seulement 78 voix.
DEFAITE DE L’INTER-COALITION : UNE OPTION TARDIVE NON PAYANTE
La mise en place tardive d’une inter-coalition n’a pas produit les effets escomptés pour l’opposition, lors du scrutin d’hier. Les électeurs n’ont pas été séduits par cette offre électorale.
La mise en place tardive d’une inter-coalition n’a pas produit les effets escomptés pour l’opposition, lors du scrutin d’hier. Les électeurs n’ont pas été séduits par cette offre électorale.
Il faudra revoir sa copie. Tel pourrait être l’un des principaux enseignements que l’opposition doit tirer des résultats du scrutin des Législatives anticipées de ce dimanche 17 novembre. Sept mois après l’élection présidentielle, chercher à se positionner au-devant de la scène politique nationale n’a pas été une démarche couronnée de succès politique. La mise en place d’une inter-coalition, composée des trois (3) plus grandes coalitions électorales en lice pour la course à l’Assemblée nationale, «Takku Wallu Senegaal», «Jamm ak njariñ» et «Samm sa kaddu», n’a pas séduit l’électorat qui s’est détourné de cette offre électorale.
Une des principales fautes de ces trois regroupements de partis politiques, mouvements et autres acteurs évoluant sur la scène publique a été d’avoir mûri très tardivement cette démarche politique. Soit dit en passant, celle-ci a été expérimenté pour la première fois dans les mœurs politiques par les défuntes coalitions de l’opposition d’alors : Yewwi askan wi (Yaw) et Wallu. Ce qui leur avait permis, lors des élections législatives de 2022, d’avoir un nombre de quatre-vingt députés pour les besoins de la XIVème législature, enterrée par le Président Bassirou Diomaye Faye avec la dissolution à laquelle il a procédé le jeudi 12 septembre dernier, après deux ans de mandature de la Représentation nationale.
Penser rejoindre la Place Soweto en rangs serrés devait être un plan habile concocté assez tôt par les stratèges politiques des adversaires de la coalition au pouvoir pour espérer récolter un nombre important de sièges à l’Hémicycle.
Echouer, hier, à imposer la cohabitation au régime du Président Bassirou Diomaye va ainsi les rendre groggy.
Les choix tardifs de l’opposition pour une unité d’action électorale n’ont manifestement pas séduit la majorité des électeurs ou un nombre important d’entre eux. Avoir changé sa tactique au début du processus électoral -pré-campagne et campagne électorale- a fini d’être contre-productif pour les adeptes de cette option politique. Il faudra donc repasser pour une nouvelle démarche électoraliste… victorieuse.
par Mohamed Gueye
OBSERVATIONS SUR LE TRIOMPHE DE SONKO
Plus qu’à la présidentielle de mars 2024, Ousmane Sonko a fait de la victoire de son parti un triomphe personnel. Il a voulu réaffirmer sa forte emprise sur l’appareil de son parti et ses orientations, mais aussi le caractère incontournable des décisions
Plus qu’à la présidentielle de mars 2024, Ousmane Sonko a fait de la victoire de son parti un triomphe personnel. Il a voulu réaffirmer sa forte emprise sur l’appareil de son parti et ses orientations, mais aussi le caractère incontournable des décisions qui vont influer sur nos vies pendant au moins les cinq prochaines années, sinon plus.
On peut dire que le triomphe est sans conteste. Les résultats provisoires des élections législatives publiés hier, à la fermeture des bureaux de vote, indiquent une victoire écrasante du parti dirigé par le Premier ministre Ousmane Sonko. Pastef/Les Patriotes n’a, semble-t-il, fait nulle concession à ses adversaires dans la lutte pour la conquête du Parlement. Aucun département ne semble avoir échappé à la boulimie de M. Sonko et de ses amis. Et s’il est encore très tôt pour faire des prévisions, on pourrait néanmoins augurer qu’au moins 100 députés vont être aux ordres du Premier ministre. Et si cela se réalise, on peut faire plusieurs observations à partir de la nouvelle configuration de la chambre basse.
Sonko «encombrant» mais plus inutile
La première observation est que Ousmane Sonko a fini d’établir sa totale hégémonie sur la scène politique sénégalaise. Pour notre bien ou le mal de notre pays, rien ne pourra plus se faire dorénavant sans son sceau. Et le triomphe électoral qu’il a ainsi dessiné, lui donne le loisir de décider de son avenir proche ou lointain. Il pourrait ainsi, si telle était sa volonté, quitter la Primature, où il vit avec l’incertitude d’un sort lié à un décret -chose que certains observateurs jugent irréalisable, mais on ne sait jamais…- pour se réfugier au Perchoir de l’Assemblée, et occuper de facto la place de la deuxième personnalité de l’Etat. Ce poste stratégique ne diminuerait en rien l’influence qu’il exerce sur le gouvernement dont la plupart des ministres, sinon tous, sont ses obligés.
L’autre position, pas si inconfortable que cela, serait de mettre à la présidence de l’Assemblée, un de ses hommes liges, à travers lequel il pourra contrôler l’action de «ses» députés, et continuer à maintenir sa proximité physique avec le Président Bassirou Diomaye Faye dont on a tendance à croire qu’il ne se contente pas de lui murmurer à l’oreille, mais plutôt qu’il lui chuchote ses actions.
La seconde observation est que le Peuple sénégalais est resté constant et logique dans ses choix. Malgré une campagne dure et impitoyable, où les acteurs ne se sont pas fait de cadeaux, où ses adversaires ont dévoilé une face des moins reluisantes de Ousmane Sonko, les électeurs n’ont pas voulu se dédire et lui ont renouvelé la confiance qu’ils lui avaient portée en mars 2024. Ils n’ont pas voulu «lui donner la tête et retirer la langue», comme on dit. Et cela est une leçon.
Ses détracteurs disaient qu’il fallait libérer le Président Faye de «l’emprise néfaste de Ousmane Sonko». En privant ce dernier de la majorité à l’Assemblée, on réduisait ce dernier à son rôle préféré d’opposant au pouvoir, qu’il semble affectionner. En plus de créer un équilibre institutionnel, on rognait les ailes au leader de Pastef, en permettant au chef de l’Etat de prendre des décisions sans avoir à s’en remettre à son Premier ministre. Juste ou pas, ce calcul est totalement remis en question. Les Sénégalais ont décidé de donner à Ousmane Sonko les moyens de mener sa politique, pendant les 5 années à venir, avec toutes les conséquences que cela va emporter dont la première est que le duo Sonko mooy Diomaye reste soudé. Et ses opposants devront avaler la couleuvre de voir aux côtés de Diomaye, un Sonko, toujours «encombrant», mais pas «inutile» pour ses amis.
Macky et ses comptes avec Amadou Ba
L’autre observation est que, dans l’opposition, la bataille du leadership reste encore d’actualité. Les 35% récoltés par Amadou Ba à la Présidentielle de mars ont été balayés et le jeu est refait. Tel que les tendances se dessinaient dans la soirée d’hier, il n’était pas certain que sa Coalition Jamm ak njariñ se retrouve à la seconde position, derrière Pastef. Dans beaucoup de localités, elle a été fortement chahutée par les listes de Samm sa kaddu dirigée par Barthélemy Dias et Takku Wallu conduite par Macky Sall. Ainsi, à Fatick et dans le Fouta, Macky Sall vient largement en tête pour l’opposition, devançant même Pastef dans certains centres de vote.
Cette configuration donne raison à ceux qui ont pensé que Macky Sall n’avait qu’une seule ambition en se portant à la tête d’une liste électorale concurrente de celle de Amadou Ba, c’était de régler définitivement les comptes d’une querelle née de la dernière Présidentielle, et incidemment, tenter de casser définitivement les ambitions politiques de son dernier Premier ministre. Il faudra à ce dernier faire preuve d’autant ou plus d’agilité politique pour, d’abord, ne pas mourir politiquement, mais surtout, pouvoir rebondir avec force malgré les deux revers qu’il vient de subir.Il doit surtout tenir compte du fait que l’arène politique va se renouveler grandement d’ici les cinq prochaines années, quand les électeurs seront à nouveau appelés à exprimer leurs suffrages.
Barth’ dans le flou
La même observation est valable pour le maire de la Ville de Dakar, Barthélemy Toye Dias. Sèchement battu dans le département de Dakar et jusque dans son bureau de vote, il a encore été une fois victime de la «sonkomania» ambiante. La première fois, à la Présidentielle, il n’a pas été en mesure d’aider son champion, Khalifa Sall, dont il était le directeur de campagne, à résister à la déferlante de «Sonko mooy Diomaye». Comme beaucoup, il a pensé que les électeurs, en voulant en finir avec Macky Sall, ont opté pour un «vote utile», qui écartait le leader de Taxawu Senegaal.
Mais hier, c’était à lui de relever le gant, d’autant plus qu’entre Sonko et lui, la rivalité transcendait dorénavant les clivages politiques. Entre eux, l’affrontement tournait à la violence physique, et le fils de Jean-Paul Dias avait à cœur de démontrer qu’il n’était pas redevable à Pastef d’être devenu maire de la capitale. Sa déroute électorale doit le pousser à revoir de manière urgente sa stratégie politique ; car c’est pour lui une question de vie ou de mort.
S’il a pu se présenter aux élections malgré sa condamnation dans la mort de Ndiaga Diouf, il n’est pas dit que ses anciens amis, qui cherchent à le détrôner de la mairie de Dakar, ne vont pas trouver des artifices pour le faire tomber. Disciple de Khalifa Sall, les tribulations de ce dernier sous Macky Sall ne doivent pas avoir été effacées de sa mémoire. Et l’histoire pourrait se répéter pour lui. Plus grave encore, pour lui qui a le regard à l’Horizon 2029, une majorité parlementaire de Pastef ne lui chercherait-elle pas des cafards pour l’éliminer de la course à cette échéance, mettant ainsi prématurément fin à une carrière politique qui jusque-là s’annonçait prometteuse ?
Macky Sall a eu raison pour le parrainage
Par ailleurs, la forte déroute des nombreuses autres listes démontre une nouvelle fois qu’il est plus que temps de réformer les institutions de ce pays. On ne peut comprendre qu’avec plus de 300 partis officiellement reconnus, il n’y en ait pas un qui soit en mesure de s’aventurer seul à demander leurs suffrages aux électeurs. Même Ousmane Sonko a dû massivement recourir à des transhumants, race qu’il a toujours honnie, pour s’assurer une victoire dans des zones où son implantation n’était pas profonde. Pire, avec la suspension du système de parrainage, nous nous sommes retrouvés obligés de choisir entre 41 listes. Le plus drôle étant que même les mandataires dans les bureaux de vote comprenaient que personne ne pouvait tenir les 41 bulletins dans ses mains, et donnaient l’option de ne prendre que 5 bulletins. D’ailleurs, certaines listes, en dehors des inter-coalitions, n’avaient même pas de mandataires dans certains bureaux.
A ces 41 listes pour lesquelles on a confectionné des listes, accordé du temps d’antenne et accordé des équipes de journalistes, combien auront obtenu 0, 5% des suffrages ? La caution qu’ils ont payée n’a pu couvrir les dépenses occasionnées pour leur donner la parole, quand certains véhiculaient des thèses xénophobes et particulièrement dangereuses pour la cohésion nationale. Il n’est pas moralement et matériellement acceptable que des choses de ce genre continuent d’élection en élection. Il est plus que temps de revoir le mode de sélection des candidats aux suffrages des Sénégalais. Et hormis cela, voir si les partis qui n’osent pas se présenter à des élections sous leur propre bannière méritent encore longtemps de concourir aux suffrages de leurs concitoyens, et d’abuser des ressources des contribuables. Le parrainage imposé en son temps par Macky Sall, quoiqu’imparfait, avait eu le mérite de nous éviter ce genre de spectacle décourageant pour une démocratie qui a besoin de se renforcer.
ATTENUATION DU DEFICIT
Grâce à une hausse des exportations de biens combinée à un recul des importations, le déficit commercial a été caractérisé, en septembre 2024, par une atténuation de 278, 7 milliards de francs Cfa par rapport au mois d’août.
Grâce à une hausse des exportations de biens combinée à un recul des importations, le déficit commercial a été caractérisé, en septembre 2024, par une atténuation de 278, 7 milliards de francs Cfa par rapport au mois d’août.
«Au mois de septembre 2023, la balance commerciale du Sénégal est déficitaire de 56, 3 milliards de francs Cfa, soit une atténuation de 278, 7 milliards de francs Cfa par rapport au mois d’août 2024. Cette situation résulte de la hausse des exportations de biens d’un volume de 194, 5 milliards de francs Cfa associée à la baisse des importations de biens estimée à 95, 7 milliards de francs Cfa. Ainsi, le taux de couverture des importations par les exportations est évalué à 88, 2% contre 40, 5% au mois précédent», mentionne le dernier point mensuel de conjoncture.
Durant cette période sous revue, les exportations de biens du Sénégal sont estimées à 422, 7 milliards de francs Cfa contre 228, 2 milliards en août 2024. Cette hausse des exportations de biens, souligne le document de la Direction de la prévision et des études économiques (Dpee), «est principalement attribuable à l’augmentation des ventes d’or brut évaluées à 80, 8 milliards de francs Cfa et de produits pétroliers de 14, 7 milliards de francs Cfa». Toutefois, précise ce démembrement du ministère de l’Economie, du plan et de la coopération, «cette dynamique a été partiellement freinée par la baisse des expéditions d’acide phosphorique de 14, 6 milliards et de celle des produits halieutiques estimée à 5 milliards de francs. En glissement annuel, les exportations de biens ont progressé de 97, 5%, soit un volume de 208, 7 milliards de francs Cfa, en liaison notamment avec l’augmentation des ventes d’or brut de 44, 2 milliards, de produits pétroliers de 27, 6 milliards et de titane de 6, 1 milliards de francs Cfa».
S’agissant des exportations de biens vers l’Uemoa, la Dpee renseigne qu’elles sont «estimées à 80 milliards de francs Cfa contre 79, 3 milliards au mois précédent. Elles ont représenté 18, 9% de la valeur totale des exportations de biens sur la période, soit une baisse de 15, 9 points de pourcentage par rapport à août 2024. Au sein de l’Union, le Mali demeure le premier client du Sénégal avec une part évaluée à 70, 6% contre 77, 9% en août. Les produits pétroliers restent les principales marchandises vendues à ce pays partenaire, représentant 60, 1% des ventes et marquant un repli d’1, 5 point de pourcentage comparé au mois précédent».
Baisse des importations
Durant le mois de septembre 2024, les importations de biens du Sénégal se sont repliées de 14, 9%, soit 95, 7 milliards de francs Cfa par rapport au mois d’août 2024, pour se situer à 544, 4 milliards de francs Cfa. Cette contraction s’explique principalement par la baisse des achats d’huiles brutes de pétrole estimée à 93, 7 milliards de francs Cfa et des «machines, appareils et moteurs», 4 milliards de francs Cfa. Toutefois, mentionne la publication, «le recul des importations de biens a été atténué par la hausse des commandes d’autres produits pétroliers de 19, 6 milliards, de riz, 7, 9 milliards, et de «fruits et légumes comestibles», 3, 1 milliards de francs Cfa. En glissement annuel, les importations de biens du Sénégal ont diminué de 3, 2%, soit 17, 8 milliards de francs Cfa, en raison notamment de la baisse des achats de «véhicules, matériels de transport, pièces détachées automobiles», estimée à 29, 4 milliards de francs Cfa, de «machines, appareils et moteurs», 26, 1 milliards, et d’huiles brutes de pétrole, 28, 3 milliards de francs Cfa. Cependant, cette contraction des importations de biens a été amoindrie, en partie, par l’augmentation des achats d’autres produits pétroliers évaluée à 42, 5 milliards de francs Cfa et de riz, 21, 2 milliards de francs Cfa».
Quid des importations de biens du Sénégal en provenance de l’Uemoa ? La publication a fait état d’une valeur de «6 milliards de francs Cfa, après 6, 2 milliards un mois plus tôt». Ces achats «représentent 1, 1% de la valeur totale des importations de biens du Sénégal sur cette période, en repli de 0, 1 point de pourcentage par rapport au mois d’août 2024. La Côte d’Ivoire reste le principal fournisseur du Sénégal au sein de l’Union, avec une part estimée à 89, 9% contre 81, 0% au mois précédent. Les principaux produits importés de ce partenaire sont les «huiles et graisses animales et végétales», 24, 6%, les produits des industries para-chimiques, 18%, les «fruits et légumes comestibles», 12, 8%, et les «matières plastiques et artificielles», 10, 6%».
CHEIKHOU GUEYE ET MAÏMOUNA FALL COURONNES A OUAGA
Cheikhou Guèye alias Sanekh a remporté le «Sotigui» de la meilleure interprétation masculine dans une série Tv, tandis que Maïmouna Fall remporte le «Sotigui» du meilleur Espoir africain dans une série Tv.
Le Sénégal s’est illustré, ce samedi, à la 9e édition des «Sotigui Awards» qui s’est tenue dans la capitale du Burkina Faso. Cheikhou Guèye alias Sanekh a remporté le «Sotigui» de la meilleure interprétation masculine dans une série Tv, tandis que Maïmouna Fall remporte le «Sotigui» du meilleur Espoir africain dans une série Tv.
L’académie des «Sotigui» a décerné, ce samedi, ses traditionnels awards. L’audiovisuel sénégalais s’est bien distingué à cette cérémonie. Le comédien sénégalais Mame Cheikhou Guèye et l’actrice Maïmouna Fall, remportent respectivement le «Sotigui» de la meilleure interprétation masculine dans une série Tv et le «Sotigui» du meilleur Espoir africain dans une série Tv. Mame Cheikhou Guèye est ainsi couronné pour son interprétation du rôle de Ndiouga Thiam dans la série Bété Bété. Il y incarne le rôle d’un patriarche attaché aux traditions familiales et qui cherche vaille que vaille à sauvegarder l’unité de sa famille. La série Bété Bété, produite par Evenprod de Ibou Guèye, a remporté un franc succès au Sénégal et dans d’autres pays africains. De même, Maïmouna Fall est aussi distinguée pour son rôle dans Cœurs brisés d’Evenprod.
Les «Sotigui Awards» sont organisés chaque année par l’académie des «Sotigui». Cette 9e édition s’est tenue dans la capitale du Burkina Faso du 13 au 16 novembre 2024, avec le Mali comme invité d’honneur. Et c’est l’actrice camerounaise Stéphanie Tum qui se voit couronnée du «Sotigui» d’or pour son rôle dans When the leeves broke, de Teen Derrick Musing. Elle remporte également le «Sotigui» de la meilleure actrice de l’Afrique centrale. En Afrique de l’Ouest, c’est la comédienne malienne Fatoumata Coulibaly qui remporte le «Sotigui» de la meilleure actrice de l’Afrique de l’Ouest pour son rôle dans Taane de Aliou Ifra Ndiaye.
Au total, 16 trophées ont été décernés, en plus des trophées d’honneur qui sont allés à l’acteur ivoirien Oméga David et au Nigérian Osita Iheme. 4 jours durant, cette 9e édition des «Sotigui Awards» a été marquée par des masterclass, des projections de films, des panels autour du thème : «Quel barème salarial pour l’acteur comédien du cinéma en Afrique ?» Profitant de cette tribune, les acteurs du 7e art ont plaidé pour l’amélioration des conditions de vie et de travail des acteurs et comédiens de l’Afrique et de sa diaspora. «C’est une question cruciale, car beaucoup de nos comédiens qui font les beaux jours du cinéma, qui sont des modèles dans le domaine du cinéma, évoluent malheureusement dans des conditions difficiles, ça c’est inacceptable. Il convient donc de trouver les mécanismes pour que l’industrie du cinéma puisse garantir aux comédiens qui sont la cheville ouvrière de la réussite cinématographique, de pouvoir profiter pleinement des retombées de leurs talents», indique le ministre d’Etat, ministre de la Communication, de la culture, des arts et du tourisme du Burkina Fasso, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, cité par Burkina 24.
LA PRESIDENCE DE LA COP29 ANNONCE PLUSIEURS «FINANCEMENTS CONCRETS»
La 29e Plateforme d’investissement et de philanthropie sur le climat a permis à plusieurs acteurs de toute la société de faire preuve de leadership en s’engageant à financer des actions concrètes pour le climat, a annoncé la présidence de la Cop29
La 29e Plateforme d’investissement et de philanthropie sur le climat a permis à plusieurs acteurs de toute la société de faire preuve de leadership en s’engageant à financer des actions concrètes pour le climat, a annoncé, vendredi à Bakou, la présidence de la Cop29, selon l’Aps
«En effet, la Banque asiatique de développement a annoncé un financement de 3, 5 milliards de dollars pour un nouveau programme visant à contrer l’impact de la fonte des glaces», a dit Yalchin Rafiyev, négociateur en chef de l’Azerbaïdjan, lors d’une conférence de presse. Il estime que «les efforts de cette banque en matière de sécurité alimentaire et de gestion durable de l’eau auront un impact réel sur les personnes menacées par la fonte des glaces dans les régions montagneuses fraîches».
Yalchin Rafiyev s’exprimait en présence du ministre azerbaïdjanais de l’Energie, Parviz Shahbazov, du Directeur exécutif d’Iea (Agence internationale de l’énergie), Dr Fatih Birol, du Directeur général d’Irena (Agence internationale pour les énergies renouvelables), Francesco La Caméra, et de la responsable du programme d’action de la Cop29, Jala Ibrahimova.
Il a indiqué que «des investissements dans des projets verts et durables de l’ordre d’1, 2 milliard de dollars ont été consacrés à des projets verts et durables». Il a annoncé l’introduction d’une nouvelle taxonomie verte pour les investissements durables sous la direction de la Banque centrale de la République d’Azerbaïdjan.
Yalchin Rafiyev a salué également l’engagement du Canada en matière de financement climatique pour renforcer la résilience climatique. Selon lui, «le gouvernement canadien a annoncé une plateforme climatique d’1, 5 milliard de dollars américains pour soutenir l’adaptation, en mettant l’accent sur les Pays moins avancés (Pma)».
En outre, a-t-il poursuivi, neuf fondations et organisations philanthropiques canadiennes se sont unies pour s’engager à verser 290 millions de dollars américains pour des projets climatiques au cours de la prochaine décennie. «Nous saluons donc le Canada pour leur leadership», a-t-il dit.
Il a précisé que la présidence de la Cop29 a travaillé à des solutions durables, abordables et accessibles pour les pays qui en ont besoin.
M. Rafiyev s’est félicité de l’engagement des institutions financières de développement à soutenir le déploiement de projets d’hydrogène renouvelable dans les pays émergents et en développement.
«A ce sujet, nous sommes convaincus que l’initiative phare de 10 gigawatts aidera à surmonter les obstacles tels que les déficits de financement et d’accès au marché», a-t-il assuré.
Ouverte le 11 novembre à Bakou, la 29e Conférence des parties dénommée Cop de la finance climatique, se poursuivra jusqu’au 22 novembre 2024. Elle a enregistré 72 000 participants, selon ses organisateurs.
Par Hamidou ANNE
LE PEN, TRUMP, SONKO ET LEURS JUGES
Les populistes n’invoquent la Justice que quand celle-ci est en indélicatesse avec d’autres citoyens, leurs adversaires
J’ai suivi avec grand intérêt, ces derniers jours, le procès de Marine Le Pen et ses collaborateurs au sujet de délits supposés d’emplois fictifs au Parlement européen. En effet, il est reproché à la cheffe du parti français d’Extrême-droite, un système organisé de fraude qui faisait supporter les salaires de ses collaborateurs politiques par le Parlement européen. Le préjudice constaté est de 7 millions d’euros. En attendant la peine, les procureurs ont requis cinq ans de prison, ainsi que cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire. Ceci signifie que si les juges suivent les procureurs, elle serait inéligible pour la présidentielle 2027 dont elle est la grandissime favorite. L’intéressée a réagi, arguant «une atteinte à la démocratie», l’organisation de sa «mort politique», l’inféodation du Parquet à l’Exécutif, etc.
Elle dénonce une Justice «aux ordres», qui voulait l’empêcher de concourir au suffrage universel. «Mais, au-delà de moi, c’est le peuple français qui, en réalité, est empêché (…) de voter pour la candidate qu’il souhaite», ajoute-t-elle. J’ai tout de suite reconnu le refrain de la chanson de la victime brimée soi-disant par le «système». Marine Le Pen ainsi que tous les populistes usent et abusent de la rhétorique du complot quand ils sont devant la Justice et risquent une condamnation.
Après son départ du pouvoir en 2020, Donald Trump a fait l’objet de dizaines d’accusations. Il a été condamné pour certaines. Naturellement, le truculent président américain a lui aussi accusé les juges, arguant que les procès étaient «truqués» et que les juges étaient «corrompus». Aucune remise en cause, aucune tenue, mais l’usage de la défense de rupture, avec toujours en première ligne le prétexte d’un système inique qui voudrait annihiler la voix du peuple. Trump avait dit à l’issue d’une condamnation que le vrai procès sera pour le 5 novembre, avec le jugement du peuple souverain. Il faut reconnaître qu’il a remporté celui-là, malgré les accusations nombreuses dont certaines très graves, malgré l’attaque du Capitole du 6 janvier et malgré les propos hallucinants tenus quasi quotidiennement contre les magistrats, l’Administration, ses adversaires et toutes celles et tous ceux qui refusaient de se plier à ses désidératas.
La logique populiste est implacable, et elle est éculée. Ils ne sont coupables de rien et sont victimes de tout le monde. Tout le «système» est mis en place pour freiner leur montée politique et les combattre par l’usage détourné des lois. Au Sénégal, ce scénario a été éprouvé pendant trois années de procédures judiciaires, qui ont visé un homme dont l’irresponsabilité n’a pas de limite. Si Marine Le Pen, par exemple, fait l’objet d’accusations concernant l’usage de fonds publics au préjudice de l’Europe, notre bonhomme lui a été sous le coup d’affaires toutes privées.
D’abord visé par une plainte au pénal d’une compatriote, il a été sommé devant un tribunal d’apporter les preuves de ses accusations. Dans les deux cas, il a été condamné à la suite d’accusations privées. Dans les deux cas, il a refusé de faire face à ses accusateurs. Dans les deux cas, il a refusé de faire face à la Justice de son pays. Ses arguments, comme ceux de Trump et Le Pen aujourd’hui, ont consisté à invoquer la rhétorique du complot, de l’abus de pouvoir et de la volonté de l’empêcher d’être candidat. Il a appelé au «Mortal Kombat» pour ne pas se présenter devant un juge, qualifié de partisan, avant que son collègue et successeur, lui, ne reçoive le sobriquet de «lâche». L’histoire est facétieuse : celui qui disait détenir toutes les preuves du complot qui le visait, en huit mois d’exercice, n’en a sorti aucune. Au contraire, les rodomontades, les menaces, les accusations, le bruit permanent sont notre quotidien avec lui depuis le 2 avril 2024. Celles et ceux qu’il accusait de complot vaquent calmement à leurs occupations.
Les populistes n’invoquent la Justice que quand celle-ci est en indélicatesse avec d’autres citoyens, leurs adversaires. De vieilles vidéos de Mme Le Pen sont ressorties, où elle accusait toute la classe politique française de «piquer dans les caisses», sauf son parti. Trump a accusé les démocrates de toutes sortes de forfaits dont les plus farfelus, sans jamais apporter la moindre preuve. Notre bonhomme, lui, est coutumier des déclarations grossières et outrageuses, et a usé de la rhétorique du «système» du «Tous pourris !», mais se montre si léger quand il s’agit d’éclairer l’opinion sur les scandales présumés de l’Onas et de l’Aser. Pour Trump, Le Pen ou Sonko, la logique est la même : nous sommes victimes du système quand nous sommes appelés à la barre, mais dans l’exercice de nos responsabilités publiques, nous n’allons rendre aucun compte parce qu’au fond, nous sommes la Justice. Ce qui change seulement, c’est qu’aux Etats-Unis et en France, la presse, la Société civile et les intellectuels sont en général attentifs au devoir de responsabilité qui leur incombe
Chez nous, le larbinisme, la couardise et l’opportunisme ont élu domicile dans ces milieux, et ce depuis longtemps.