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26 août 2025
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AL AMINOU LO PRÔNE LA FIN DES LARGESSES
Face aux finances publiques dans le rouge, le ministre secrétaire général du gouvernement appelle à la responsabilité collective. Plus question de céder aux revendications populistes ni de maintenir un train de vie dispendieux
Dans un entretien accordé ce dimanche 16 février 2025 à l'émission "Point de Vue" sur la RTS, le ministre secrétaire général du gouvernement, Ahmadou Al Aminou Lo, a dressé un tableau particulièrement sombre des finances publiques sénégalaises, tout en appelant à une prise de conscience collective face à l'ampleur de la crise.
L'intervention fait suite à la publication du rapport de la Cour des comptes sur la gestion des finances publiques pour la période 2019-2024. Les révélations sont accablantes : l'endettement du Sénégal atteint désormais 99,65% du PIB, pulvérisant le plafond de 70% fixé par les normes communautaires.
Face aux revendications des partenaires sociaux, le message du ministre est sans ambiguïté : "Si on écoute tout le monde dans ses revendications, c'est un naufrage collectif qui nous attend." Il a notamment évoqué le poids des subventions à l'énergie, qui ont coûté 2000 milliards de francs CFA sur trois ans, "sans aucun ciblage".
Le ministre a toutefois voulu rassurer quant aux intentions du gouvernement : pas de licenciements massifs ni de baisses de salaires en vue. "Ce régime est suffisamment responsable", a-t-il affirmé, tout en annonçant des plans sociaux ciblés, notamment dans certaines entreprises publiques comme l'AIBD.
Pour sortir de l'ornière, le gouvernement mise sur deux leviers principaux. D'abord, une réduction drastique du train de vie de l'État, avec notamment une rationalisation du nombre d'agences publiques. Ensuite, une meilleure mobilisation des recettes, particulièrement en matière d'impôt foncier et d'impôt sur le revenu.
À l'adresse de l'ancien régime, le message est cinglant. Le ministre révèle avoir personnellement alerté, en tant qu'ancien directeur national de la BCEAO, sur les dangers de cette gestion hasardeuse. "Les signaux ont été lancés à plusieurs reprises", a-t-il souligné, évoquant même des situations où "le Trésor public devait rembourser des dettes dont il n'était pas au courant".
Pour l'avenir, le ministre esquisse une vision basée sur la souveraineté alimentaire, le développement de logements sociaux et la décentralisation de Dakar. "La situation est extrêmement grave, mais nous pouvons la redresser ensemble", a-t-il conclu, appelant les Sénégalais à se retrouver autour de leurs valeurs ancestrales et religieuses.
Les belles feuilles de notre littérature par Amadou Elimane Kane
MURAMBI, LE LIVRE DES OSSEMENTS OU LE RÉCIT HISTORIQUE D’UN MASSACRE
EXCLUSIF SENEPLUS - Boubacar Boris Diop nous convie à échafauder notre récit africain, sans atermoiement, arriver à reconsidérer notre civilisation dans ses fondements historiques, culturels et sociaux, en n’écartant aucune vérité
Notre patrimoine littéraire est un espace dense de créativité et de beauté. La littérature est un art qui trouve sa place dans une époque, un contexte historique, un espace culturel, tout en révélant des vérités cachées de la réalité. La littérature est une alchimie entre esthétique et idées. C’est par la littérature que nous construisons notre récit qui s’inscrit dans la mémoire. Ainsi, la littérature africaine existe par sa singularité, son histoire et sa narration particulière. Les belles feuilles de notre littérature ont pour vocation de nous donner rendez-vous avec les créateurs du verbe et de leurs œuvres qui entrent en fusion avec nos talents et nos intelligences.
La littérature, au-delà de son caractère esthétique, est aussi la manifestation qui offre une ressource ultime pour dire et révéler à la lumière l’histoire, aussi tragique soit-elle. Comme il est des livres dont il est difficile d’en écrire la chronique tant la révolte qui nous tenaille est si forte que le risque est de laisser échapper l’essentiel. Murumbi, lelivredesossements de Boubacar Boris Diop est de ceux-là. Une oeuvre littéraire unique dans le paysage littéraire contemporain et dont la genèse s’inscrit tel un dyptique millénaire. Car tout en étant une production majeure de l’histoire africaine contemporaine, il est aussi la démonstration d’une construction narrative qui cherche à témoigner, tout en s’appuyant sur la création littéraire.
Publié en 2000 aux éditions Stock, cet ouvrage est le récit réel de la longue descente aux enfers, celle des cent jours du génocide des Tutsi au Rwanda. Six ans donc après cet évènement, dont la souffrance demeure insupportable, Boubacar Boris Diop revient sur les traces de la tragédie macabre, que l’on a voulu ensevelir dans l’indifférence la plus totale et le mépris le plus barbare. Dans sa postface, Boubacar Boris Diop évoque que certains d’entre nous ont même voulu minimiser l’ampleur du massacre, repoussant l’horreur inqualifiable dans les limbes de la catastrophe humaine.
Quand on lit le récit, on est impressionné par les secrets implacables et insoutenables que Boubacar Boris Diop nous révèle. Car il le fait simplement, sans pathos ni maniérisme romanesque, à travers les témoignages qu’il a recueillis, en se rendant au Rwanda en 1998, dans le cadre d’une résidence d’écriture. Il donne chair à des personnages, non pas fictionnels, mais à des êtres que l’on a voulu effacer de l’Humanité et dont on a voulu taire la parole. Avouant lui-même son ignorance au moment des faits, il puise dans le regard de ceux qu’il rencontre pour bâtir son récit, une histoire qui changera plusieurs fois de formes, tant le sujet est traumatisant qu’il en devient obsédant. Ainsi, son regard d’écrivain, de journaliste, d’homme en est profondément modifié. Comment ne pas l’être ? Personne n’est préparé à un tel cataclysme inhumain. Pourtant, Boubacar Boris Diop fait jaillir la lumière, en contraste avec les ténèbres du génocide, il donne à entendre l’éclat de la vérité. La parole bâillonnée est ainsi libérée de la hantise de la mort putréfiée et donne à revivre l'incarnation des visages d’un peuple martyrisé.
Écrire une chronique sur un tel récit est aussi en quelque sorte une épreuve car au-delà des qualités littéraires et humaines du livre, l’esprit est au bord de la nausée, pris par le dégoût à la lecture des pages ensanglantées et par l’ampleur de ses émotions. Car l’individu dénué de haine ne peut comprendre, ne peut accepter une telle ignominie sanguinaire. Seule la littérature pouvait rendre justice aux femmes et aux hommes, dont les yeux portent des images insurmontables, avec comme seule boussole la vérité dans toutes ses dimensions sanguinaires.
Car oui, Boubacar Boris Diop a su rendre voix, à travers une sorte de fiction épurée très documentée des évènements rwandais, à la réalité du génocide, tout en bâtissant une espèce d’arcane littéraire cohérente, juste, respectueuse de ces êtres massacrés pour rien, dans une rage inimaginable par des bourreaux, certes aveuglés par le sang mais responsables de leurs actes. Armés jusqu’aux dents par une épouvante sidérale et par des complices abjectes, les hommes d’État africains et le gouvernement français, les hommes du Hutu Power s’apparentent aux exterminateurs ultimes de la fin du XXe siècle.
Ce qui est sans doute le plus édifiant dans ce récit est le mensonge orchestré par les nations complices, dans les plus hautes sphères du pouvoir, pour déjouer la vérité du génocide des Tutsi au Rwanda, comme si cela n’avait au fond guère d’importance. Cette usurpation de l’histoire est malheureusement à rapprocher de l’étendue massacrante du récit africain, falsifié depuis des siècles par les forces de l’empire colonial qui cherche à imposer son idéologie impitoyable, jusque dans l’effacement de la réalité de l’hécatombe du Rwanda.
Pour les États coloniaux et néo-coloniaux, l’histoire du continent africain est reléguée, sous-estimée, écrasée sous l’emprise des intérêts extérieurs et du capital financier. L’extermination de milliers d’individus ne représente rien dans ce marché du carnage, dans l'obsession du pouvoir qui conduit les génocidaires.
Pour certains encore, le génocide des Tutsi au Rwanda est un détail de l’histoire ou que l’on explique froidement par une violence ancestrale qui existerait entre les Hutu et les Tutsi. Les négationnistes agissent depuis des siècles sur la véritable histoire de l’Afrique. Alors un mensonge de plus en efface bien un autre.
C’est pourquoi le livre de Boubacar Boris Diop fait œuvre de manière considérable, car il délivre cette injonction capitale, celle d’écrire notre propre histoire. Il s’agit maintenant de refuser tout ce qui nous caricature, tout ce qui nous submerge pour nous noyer dans les profondeurs d’une histoire qui ne nous appartient pas. Écrire pour que la vérité soit faite, pour que celle-ci ne soit plus spoliée par des marchands de génocides. Si nous ne le faisons pas, nous serons toujours méprisés, écrasés et massacrés dans une indifférence monstrueuse.
Ce que nous inspire Murambi, le livre des ossements est qu’il faut réussir à échafauder notre récit africain, sans atermoiement, arriver à reconsidérer notre civilisation dans ses fondements historiques, culturels et sociaux, en n’écartant aucune vérité, mais en nous installant sur une échelle historique authentique pour donner au monde une vision de notre existence, de nos souffrances et de nos forces qui sont immenses. Ce socle qui nous revient doit être aujourd’hui notre bandoulière pour ne plus avoir à subir les tueries dévastatrices.
Cette prise de conscience est fondatrice de notre renaissance et du devenir africain. La décolonisation mentale doit nous guider dans nos actes et dans la construction de notre histoire pour faire que nous puissions reconquérir l’estime de nous-mêmes et l’assurance de notre culture et de nos valeurs profondément humaines qui caractérisent l’imaginaire africain.
Amadou Elimane Kane est écrivain, poète.
Murambi, le livre des ossements, Boubacar Boris Diop, roman, éditions Stock, Paris, 2000, réédition en 2011 aux éditions Zulma.
Alors que le Sénégal traverse une crise des finances, Felwine Sarr insiste : les infrastructures et la croissance économique ne sont pas des fins en soi. Il suggère la production 'd'une fabrique de l'humain', au-delà des seuls indicateurs de performance
Dans un entretien accordé ce dimanche 16 février 2025 à l'émission "Objection" de Sud FM, l'économiste et enseignant-chercheur à Duke University, Felwine Sarr, a livré une analyse percutante sur la nécessité de repenser fondamentalement la théorie économique depuis une perspective africaine. Alors que le Sénégal traverse une crise financière majeure, avec une dette publique avoisinant les 100% du PIB, le penseur sénégalais appelle à une refondation complète de la pensée économique africaine.
L'universitaire développe une critique fondamentale du modèle économique actuel, plaidant pour l'émergence d'une "économie politique de la dignité". Cette approche, explique-t-il, doit dépasser la simple poursuite de biens matériels et ce qu'il qualifie de "modernité de seconde zone". "Le développement devrait être un espace où on construit les humains à tous les étages de l'être", affirme-t-il, appelant à repenser les finalités mêmes de l'activité économique.
L'invité de Baye Omar Guèye dénonce ce qu'il considère comme une crise profonde de la vision du développement en Afrique. Pour lui, les infrastructures et la croissance économique ne sont pas des fins en soi, mais doivent servir à "construire l'humanité" et "produire une fabrique de l'humain". Cette approche implique une redéfinition radicale des priorités et de l'allocation des ressources.
L'investissement dans le capital humain constitue, selon Felwine Sarr, la priorité absolue pour les pays africains. Il rappelle l'exemple historique du Sénégal sous Senghor, où 30% du budget était alloué à l'éducation - un choix critiqué à l'époque mais dont la pertinence s'est révélée avec le temps. Pour l'économiste, la jeunesse représente "la ressource la plus importante" et nécessite une "grande ambition de formation".
Cette vision implique une répartition équitable des opportunités sur l'ensemble du territoire. L'auteur d'Afrotopia insiste sur l'importance des "facteurs de conversion" - infrastructures, accès à l'éducation, à la santé - permettant aux individus de développer leurs "capabilités", selon la théorie d'Amartya Sen. Il dénonce les disparités actuelles qui créent des "problématiques de déliaison sociale" et un sentiment d'abandon dans certaines régions.
L'analyste pointe plusieurs faiblesses structurelles dans les politiques publiques africaines. Il critique notamment l'absence d'autonomie dans la conception des politiques économiques depuis les indépendances, appelant à "sortir du mimétisme" et à "prendre le destin économique en main".
Sur la question des ressources naturelles, il plaide pour une approche stratégique de long terme, suggérant même que les pays devraient parfois différer l'exploitation de leurs ressources jusqu'à ce qu'ils puissent en tirer le meilleur profit. Il souligne l'urgence de développer une autonomie dans les secteurs stratégiques, citant l'exemple révélateur de la dépendance pharmaceutique révélée pendant la pandémie.
Pour Felwine Sarr, les intellectuels africains ont une responsabilité particulière dans ce processus de transformation. Il les appelle à "créer des idées, des doctrines, des visions du monde" adaptées aux réalités africaines. "C'est à partir de l'Afrique qu'on doit repenser l'économie africaine, mais surtout l'économie du monde", affirme-t-il, positionnant le continent comme un possible laboratoire de solutions innovantes.
Cette mission intellectuelle implique de "reconnecter la recherche" avec les réalités locales et de développer une véritable autonomie de pensée. Sarr insiste sur le fait que cette autonomie intellectuelle ne signifie pas un repli sur soi, mais plutôt la capacité à "produire des réponses adaptées à nos situations".
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UN RAPPORT ORDINAIRE TRANSFORMÉ EN ARME POLITIQUE
Un document qui devait éclairer mais qui fini par aveugler. C'est le paradoxe soulevé par Moussa Tine concernant les conclusions de la Cour des comptes. Le juriste dénonce ce dimanche, une instrumentalisation qui dessert la justice
Invité ce dimanche 16 février 2025 au "Grand Jury" de RFM, Moussa Tine, juriste et président de l'Alliance démocratique Pencoo, a livré une analyse approfondie de la controverse entourant le récent rapport de la Cour des comptes.
L'ancien parlementaire insiste sur la nécessité de remplacer ce document dans son contexte institutionnel : "Il s'agit d'un rapport ordinaire, prévu par les textes et produit par une institution qui en a la charge". Il s'interroge sur la pertinence de mener ce débat sur la place publique, estimant que cela risque de nuire au travail judiciaire à venir.
Pour Moussa Tine, deux questions fondamentales se posent : l'existence avérée d'écarts dans les chiffres et la possibilité d'actes délictuels. Il appelle à laisser les autorités judiciaires compétentes mener leurs enquêtes sans interférence politique. "À chaque fois qu'il ya eu une volonté manifestée de politiser ces questions, cela a fini par biaiser le débat", souligne-t-il.
Le juriste rappelle également le rôle crucial des fonctionnaires qui, selon lui, "ont souvent fait des sacrifices et travaillé pour l'État sans même connaître les partis politiques". Il met en garde contre une instrumentalisation politique qui pourrait occulter les véritables enjeux de gouvernance.
Concernant les procédures, Moussa Tine soulève la question des moyens accordés à la Cour des comptes pour approfondir ses enquêtes. Il note que l'institution s'est limitée à l'examen des rapports d'exécution des lois de finances 2019-2021, suggérant qu'une analyse plus large aurait pu être bénéfique.
En conclusion, l'ancien parlementaire appelle à une réforme des mécanismes de contrôle pour prévenir les détournements de fonds publics. "Le véritable défi n'est pas tant de savoir combien a été détourné, mais comment rendre ces détournements impossibles à l'avenir", affirme-t-il.
L'AIDE OCCIDENTALE, UN CARCAN POUR L'AFRIQUE ?
Pour Célestin Monga, la suspension de l'aide américaine pourrait être un électrochoc salutaire. Il appelle les dirigeants africains à sortir de la "sémantique de l'illusion" et à construire un nouveau modèle économique basé sur l'industrialisation
(SenePlus) - L'économiste camerounais Célestin Monga dresse un réquisitoire cinglant contre le système d'aide internationale au développement, dans un entretien accordé au journal Le Monde. Pour ce professeur d'économie à Harvard, ancien vice-président de la Banque africaine de développement, la récente suspension de l'aide américaine pourrait paradoxalement constituer une opportunité pour le continent africain.
"Pleurnicher pour l'aide n'est pas une stratégie de développement", affirme sans détour l'économiste, qui relativise l'importance des flux financiers occidentaux. Selon lui, les 20 milliards de dollars versés par les États-Unis en 2023 et les 60 milliards provenant de l'ensemble des pays "donateurs" représentent des sommes "infimes" pour un continent de 1,4 milliard d'habitants.
Plus préoccupant à ses yeux : les 610 milliards de dollars de recettes d'exportation qui ne sont pas rapatriés, et les capitaux illicites qui quittent le continent chaque année, cinq fois supérieurs à l'aide américaine. "Il faut sortir de cette sémantique de l'illusion : personne n'aide personne", tranche-t-il.
L'économiste pointe également du doigt le rôle ambigu des institutions financières internationales. "Le FMI conditionne son appui à des critères budgétaires qui laissent peu de marge pour investir", explique-t-il, décrivant un système qui "promeut une industrie de la misère et de la charité". Il rappelle que le Ghana, considéré comme un élève modèle, a signé 17 accords avec le FMI avant de se retrouver en défaut de paiement fin 2022.
Pour Célestin Monga, la solution réside dans l'industrialisation du continent et l'accès aux marchés internationaux. "Les gouvernements africains devraient créer des zones économiques spéciales et y attirer des capitaux privés domestiques et extérieurs", suggère-t-il, estimant que le succès économique de pays comme le Sénégal, le Nigeria ou l'Éthiopie "créerait des millions d'emplois directs et indirects en Afrique, mais aussi en France, au Royaume-Uni et en Italie".
Face à la décision américaine, certains dirigeants africains comme William Ruto (Kenya), Paul Kagame (Rwanda) et Ousmane Sonko (Sénégal) "prennent acte et considèrent qu'il faut saisir ce moment pour commencer à s'affranchir de cette dépendance", rapporte l'économiste. Il appelle l'Union africaine à engager une réflexion sur "une stratégie pragmatique pour financer massivement des infrastructures productives".
L'urgence est d'autant plus grande que de nouveaux défis se profilent, comme l'expiration prochaine de l'African Growth and Opportunity Act (AGOA) ou le futur règlement européen contre la déforestation qui risque de "durement pénaliser le secteur du cacao en Côte d'Ivoire". Pour Célestin Monga, ces évolutions confirment la nécessité pour l'Afrique de repenser fondamentalement ses relations économiques avec le reste du monde.
LE SÉNÉGAL DES DEUX VITESSES
Alors que Dakar concentre l’essentiel des logements modernes et des équipements, les régions rurales peinent à bénéficier des mêmes avantages. Ces inégalités soulignent un défi majeur pour l’équité territoriale et le développement inclusif
Le dernier rapport de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) met en lumière de profondes disparités dans l’accès aux infrastructures et aux services de base au Sénégal.
L’analyse de la distribution régionale des logements selon un rapport de l’ANSD exploité par EnQuête, fait apparaître une forte concentration dans la région de Dakar. La capitale regroupe 99,1% des appartements dans un immeuble, 78,1% des maisons à étages, 24,3% des baraques et 18,5% des maisons basses, tandis que les cases n’y représentent que 2,9%. L’analyse sur la possession de biens d’équipement révèle des disparités significatives tant au niveau régional que selon le milieu de résidence. La région de Dakar se distingue nettement avec les taux d’équipement les plus élevés dans toutes les catégories, reflétant son statut de capitale et son niveau de développement.
À l’échelle nationale, il a relevé une hiérarchie claire dans la possession des différents équipements. La télévision apparaît comme le bien le plus répandu, présent dans 65,4% des ménages sénégalais, suivie par la bonbonne de gaz (53,1%) et le réfrigérateur (39,8%).
Concernant le taux de pénétration du téléphone mobile, il est remarquablement élevé sur l’ensemble du territoire, atteignant 99,3% au niveau national. Cette couverture est quasi universelle avec très peu de variation entre les zones : 99,6% pour Dakar urbain et autre urbain, et 99,0% en milieu rural.
S’agissant du taux d’accès individuel au téléphone mobile (personnes de 12 ans et plus disposant d’un téléphone), des disparités plus marquées apparaissent. Au niveau national, 66,4% des individus disposent d’un téléphone portable, avec des écarts significatifs selon le milieu de résidence. Dakar urbain enregistre le taux le plus élevé avec 79,8%, suivi des autres zones urbaines avec 68,5%. Le milieu rural présente le taux le plus faible avec 58,4%.
Pour l’utilisation effective du téléphone portable, elle suit globalement la même tendance que l’accès, avec un taux national de 64,8%. Les écarts entre milieux de résidence et quintiles de richesse restent similaires, suggérant une forte corrélation entre la possession et l’utilisation du téléphone mobile.
Le téléphone fixe, quant à lui, connaît une très faible pénétration avec seulement 2,2% des ménages abonnés au niveau national. Son utilisation est principalement concentrée dans les zones urbaines, particulièrement à Dakar (5,8%), et quasi inexistante en milieu rural (0,2%). Cette fracture est encore plus marquée selon le niveau de vie, avec 6,3% d’abonnés dans le quintile le plus riche contre pratiquement 0% dans le quintile le plus pauvre.
Pour ce qui est de l’accès à internet au Sénégal, au niveau national, le taux d’accès à internet s’établit à 46,8%. Ce taux masque cependant des écarts considérables entre les différentes zones de résidence. Dakar urbain se distingue avec le taux d’accès le plus élevé, atteignant 71,0% des ménages. Les autres centres urbains enregistrent un taux nettement inférieur avec 52,8% des ménages. Le milieu rural accuse un retard significatif avec seulement 31,3% des ménages ayant accès à internet.
Eau et l’assainissement
Au niveau national, en 2023, le robinet dans le logement (80,2%) constitue la principale source d’eau de boisson des ménages. La région de Dakar affiche la meilleure couverture avec plus de neuf ménages sur 10 (94,5%) qui utilisent l’eau de robinet dans le logement.
Les disparités urbaines-rurales persistent : 86,6% des ménages urbains ont accès au robinet dans le logement contre 69,1% en milieu rural. Les régions de Kolda (49,5%), Sédhiou (49,6%) et Tambacounda (21,8%) dépendent fortement des puits non protégés, tandis que la région de Kédougou se distingue par l’importance des puits à pompe/forages (32,9%). Au-delà des robinets, les autres sources alternatives d’eau de boisson intègrent les puits non protégés (7,4%), les puits protégés (5,1%) et les puits à pompe ou forage (2,8%).
L’analyse des installations sanitaires au Sénégal en 2023, révèle une situation contrastée. Au niveau national, la chasse avec fosse prédomine (44,8%), suivie de la chasse raccordée à l’égout (18,1%). Les zones urbaines bénéficient d’installations modernes avec 28,7% de raccordement à l’égout et 50,8% de chasses avec fosse, tandis que les zones rurales ne sont pas raccordées aux égouts et utilisent principalement la chasse avec fosse (34,5%) ou recourent à des latrines couvertes (21,7%).
S’agissant de l’évacuation des eaux usées au Sénégal, au niveau national, dans la rue/nature, elle domine (41,6%), suivie du réseau d’égout (19,2%) et des fosses/puisards (14,5%). L’analyse des modes d’évacuation des ordures ménagères au Sénégal révèle qu’au niveau national, le ramassage par camion (40,3%) et les dépôts sauvages (27,3%) sont prédominants. Dakar se distingue avec 86,6% de collecte par camion, illustrant une gestion plus formalisée. À l’opposé, les régions de Sédhiou (59,5%), Kédougou (56,3%) et Matam (53,1%) recourent majoritairement aux dépôts sauvages.
Selon le milieu de résidence, les zones urbaines ont plus accès au ramassage par camion (61,7%) tandis que les zones rurales utilisent principalement les dépôts sauvages (58%).
Sources d’énergie des ménages
Au niveau national, le gaz (45,2%) et le bois (38,4%) suivis du charbon (14,3%) sont les principaux combustibles utilisés par les ménages pour la cuisson. L’électricité (0,3%), la bouse de vache (1,1%) et les autres sources (0,6%) restent marginales.
Concernant le principal mode d’éclairage utilisé par les ménages au Sénégal, il est noté une prépondérance de l’électricité (74,4%) au niveau national, suivie de la lampe torche (12,4%) et du solaire (8,5%). Les disparités ‘’urbain-rural’’ sont remarquables : 94,1% des ménages urbains utilisent l’électricité comme principal mode d’éclairage, contre seulement 40,5% en milieu rural, où l’usage des lampes torches (29,1%) et du solaire (20,3%) est important.
Dakar affiche le meilleur taux d’électrification (98,7%) relié au réseau de la SENELEC, contrastant avec Kédougou (21,6%) où les ménages ont plus recours à l’énergie solaire (39,1%).
Les régions de Tambacounda, Kolda,Kaffrine et Kédougou présentent des proportions de ménages utilisant l’électricité comme principale source d’éclairage, inférieures à 40%, avec un recours important aux lampes torches (30-40%). L'énergie solaire émerge comme alternative dans certaines régions, notamment Kédougou (39,1%), Sédhiou (31,8%) et Kolda (21,7%).
Protection sociale
Les travailleurs sénégalais bénéficiant d’une sécurité sociale reçoivent des allocations en cas de survenance de certaines situations (maladie, maternité, accident, etc.). Cette édition de la Situation économique et sociale nationale s’intéresse aux allocations familiales gérées par la Caisse de Sécurité sociale (CSS) et qui couvrent les travailleurs non fonctionnaires. Il convient de préciser que les fonctionnaires bénéficient d’une sécurité sociale qui est du ressort de la Direction de la Solde.
Pour la CSS, le montant total des charges techniques des prestations familiales (PF) selon le rapport, s’élève à 15 105 925 904 F CFA en 2022. Cette somme est répartie entre plusieurs types de prestations.
Les allocations familiales représentent la part la plus importante des charges, avec 58,7% du total, soit 8 869 176 900 F CFA, ce qui montre leur prédominance dans les dépenses liées aux prestations sociales. Suivent les indemnités de congé de maternité, qui regroupent 34,6% des charges, avec 5 230 812 707 F CFA, soulignant l’importance du soutien aux mères pendant cette période. Les allocations de maternité s’élèvent à 696 796 200 F CFA (4,6%), représentant ainsi un poste non négligeable, tandis que les allocations prénatales couvrent 1,6% des dépenses, soit 243 835 450 F CFA, apportant un soutien aux femmes enceintes.
Les ristournes sur les allocations familiales ne représentent que 0,3% des charges, avec 37 486 767 F CFA, et les allocations de chômage sont quasi inexistantes avec seulement 150 800 F CFA.
Les allocations CAF (Caisse d’Allocations Familiales), bien qu’ayant un faible poids global (moins de 1%), incluent 27 237 330 F CFA pour les allocations familiales, 182 250 F CFA pour les allocations prénatales et 247 500 F CFA pour les allocations de maternité.
Par ailleurs, les rentes (84,3%) et les indemnités journalières (10,4%) ont constitué l’essentiel des prestations d'accidents de travail en 2022. Les indemnités journalières sont payées durant la période de traitement d’une blessure alors que les rentes prennent en charge une incapacité permanente.
Assistance sociale
En 2023, la répartition des interventions de la Brigade nationale des sapeurs-pompiers (BNSP), révèle des tendances marquantes par catégorie d’intervention. Les accidents restent majoritaires avec 24 322 sorties y afférant, soit 44,7% du total, bien que cette proportion soit en légère baisse par rapport à 2022 (47,4%). Les interventions pour cas de maladie ont notablement augmenté, atteignant 8 473 sorties, soit 15,6% des interventions, contre 13,8% en 2022. Par ailleurs, les interventions pour incendie sont également en hausse, avec 4 587 sorties (8,4% des interventions), contre 6,9% en 2022, soit une augmentation des incidents liés au feu ou une réponse accrue aux situations à risque. Les opérations diverses, avec 5 460 sorties (10,0%), restent presque stables par rapport à l’année précédente, attestant de la polyvalence des équipes de la BNSP face à des missions variées. Enfin, les activités diverses, représentant 11 597 sorties (21,3%) sont aussi restées presque constantes en poids (21,2% en 2022), illustrant le rôle élargi de la BNSP en prévention et soutien communautaire.
En ce qui concerne la durée des interventions en 2023, des variations notables sont enregistrées par rapport à 2022. La majorité des interventions ont duré moins d’une heure, bien que ce chiffre soit en baisse, passant de 34 555 en 2022 à 29 147 en 2023, ce qui représente une diminution d’environ 15,6%. Cette baisse est compensée par une augmentation des interventions de durées plus longues, notamment celles comprises entre 1 et 6 heures, qui sont passées de 16 513 en 2022 à 21 627 en 2023, soit une augmentation de 30,9%. De même, les interventions d’une durée de 6 à 12 heures ont presque doublé, passant de 1 219 en 2022 à 2 182 en 2023. Pour les interventions durant entre 12 et 24 heures, une hausse est également observée, de 351 en 2022 à 621 en 2023, soit une augmentation de 76,9%. Les interventions de plus de 24 heures restent rares mais ont également augmenté, passant de 78 en 2022 à 111 en 2023, soit une hausse de 42,3%.
Au total, la BNSP a réalisé 54 439 interventions en 2023, ce qui représente une légère augmentation de 1,8% par rapport à 2022 (52 716 interventions). Les données indiquent une tendance vers des interventions plus longues, ce qui pourrait nécessiter des ajustements en termes de gestion de ressources humaines et matérielles pour répondre efficacement à des missions d’une durée plus étendue.
Par ailleurs, en 2023, la BNSP a enregistré une hausse de 16,6% de ses interventions relatives à l’assistance aux malades par rapport à 2022, atteignant 8 473 assistances. Bien que les cas de maladies non déterminées restent les plus fréquents, leur part a légèrement diminué (de 51,4% à 44,4%). Les interventions pour troubles mentaux ont fortement baissé en pourcentage, tandis que d’autres catégories, comme les crises d’épilepsie, les autres crises et les malaises, ont augmenté de manière significative.
CHEIKH OUMAR DIAGNE APPELLE À UNE RÉFORME MONÉTAIRE PLURALISTE EN AFRIQUE
Lors de la présentation de son ouvrage "Penser la monnaie au service du panafricanisme, sortir des monnaies uniques", il a mis en avant les dimensions économiques, géostratégiques et culturelles de la monnaie.
L’ancien directeur des moyens généraux à la présidence de la République, Cheikh Oumar Diagne, a présenté son dernier ouvrage intitulé « Penser la monnaie au service du panafricanisme, sortir des monnaies uniques ». Lors de cet échange avec le public, il a mis en avant l’importance de repenser la monnaie non seulement sous son prisme économique, mais aussi dans ses dimensions géostratégiques, sociologiques, anthropologiques et politiques.
Selon lui, la monnaie est un outil incontournable pour la mise en œuvre de véritables politiques de développement en Afrique. « Il est impératif, pour assurer la cohérence des stratégies économiques envisagées, de se doter d’une monnaie qui reflète nos réalités et nos ambitions », a-t-il souligné.
Cheikh Oumar Diagne prône une approche basée sur la diversité monétaire plutôt que sur un système unique imposé. Il rappelle qu’avant la colonisation, l’Afrique disposait d’une structure monétaire plurielle, adaptée aux réalités locales, mais que cette diversité a été balayée par le colonisateur.
L’auteur s’appuie également sur des références culturelles et religieuses, notamment l’islam, pour démontrer que la pluralité monétaire est une norme historique et légitime. Il s’étonne ainsi du paradoxe qui règne dans les modèles économiques actuels : « Ceux qui prônent le libéralisme et la libre concurrence dans tous les domaines refusent d’appliquer ce principe à la monnaie », déplore-t-il.
Avec cet ouvrage, Cheikh Oumar Diagne invite les intellectuels, les chercheurs et les décideurs africains à revisiter la question monétaire et à en redéfinir les missions. Pour lui, il est temps que la monnaie retrouve son rôle fondamental dans le développement économique du continent.
LE DJIBOUTIEN MAHMOUD ALI YOUSSOUF ÉLU PRÉSIDENT DE LA COMMISSION DE L’UA
Il va occuper la plus haute fonction de l'organisation continentale, avec le conflit dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) qui menace de déstabiliser toute la région, un Soudan en guerre et un nouveau président américain...
Peu de chefs de la diplomatie peuvent se prévaloir d'une telle longévité : le Djiboutien Mahmoud Ali Youssouf, ministre des Affaires étrangères depuis 2005, a été élu samedi à la tête de la Commission de l'Union africaine
Il va occuper la plus haute fonction de l'organisation continentale, avec le conflit dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) qui menace de déstabiliser toute la région, un Soudan en guerre et un nouveau président américain qui vient de sabrer dans l'aide internationale. L'homme de 59 ans, au front dégarni et aux fines lunettes, faisait figure d'outsider face à l'opposant historique kényan Raila Odinga, qui avait multiplié les déplacements et s'était affiché avec les chefs d'Etats du continent.
Mais beaucoup d'observateurs des arcanes de l'organisation panafricaine ont loué les "compétences" et la campagne à bas bruit de ce diplomate de carrière, francophone, arabophone et anglophone, très proche du président de Djibouti Ismaïl Omar Guelleh. Il succède au Tchadien Moussa Faki Mahamat, arrivé au terme de ses deux mandats. Le poste de président de la Commission, qui était cette fois réservé à un représentant de l'Afrique de l'Est, est stratégique puisqu'il est le chef exécutif de l'UA.
L'élection à vote secret s'est faite à la majorité des deux tiers des Etats membres ayant le droit de vote. Il entame ses fonctions au un moment où le conflit dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), avec le groupe armé M23 qui mène une offensive avec l'armée rwandaise, menace d'engendrer un conflit régional. Le diplomate vétéran, qui a notamment été ambassadeur en Egypte, devra également gérer la guerre qui ravage le Soudan depuis avril 2023.
Mahmoud Ali Youssouf est originaire de l'un des pays les moins peuplés du continent, avec seulement un million d'habitants. Ce qui n'empêche pas Djibouti, petit pays de la Corne de l'Afrique, d'occuper une position stratégique face au détroit de Bab-el-Mandeb, par où transite une grande partie du commerce et des approvisionnements énergétiques mondiaux. La France, ancienne puissance coloniale et qui est de plus en plus contestée sur le continent, ainsi que les Etats-Unis et la Chine, y disposent de bases militaires. Lors d'un entretien avec l'AFP en décembre, Mahmoud Ali Youssouf avait déclaré qu'il y a un "problème de gouvernance" dans certains pays africains, évoquant notamment ceux qui ont été secoués ces dernières années par des coups d'Etat.
Parmi ceux-ci, le Gabon, le Mali, le Niger ou le Burkina, sont toujours suspendus par l'organisation continentale. Il avait alors décrit un continent en proie à "beaucoup de difficultés en ce moment avec des changements anticonstitutionnels, des crises politiques (...) dans certains pays, des conflits ouverts comme au Soudan, des tensions entre un certain nombre d'États". Pour permettre le développement économique, et notamment pour la mise en place d'une zone de libre-échange à l'échelle continentale, la nouvelle Commission devra "commencer par la paix et la sécurité", anticipait-il également, citant la lutte contre les mouvements djihadistes au Sahel et dans la Corne de l'Afrique.
PAR EL HADJI GORGUI WADE NDOYE
NOTRE SOCIÉTÉ A PEUR DE SE REGARDER DANS LE MIROIR
Nous parlons Teranga, mais avons organisé notre douce jungle ! Dans ce pays, il y a aujourd’hui peu de discours, peu de dialogues, peu de bienveillance. Dire devient impossible, nommer diabolique
El Hadji Gorgui Wade Ndoye |
Publication 15/02/2025
Rien que le mois de février 2022, le Sénégal a recensé 11 morts par suicide (Enquête Plus). L’année 2021, le pays a enregistré 100 morts par suicide. Entre juin et août 2020, il y a eu 10 morts par suicide (PressAfrik). Le Sénégal occupait le 62ème rang mondial des morts par suicide, il y a une vingtaine d’années, selon une étude du Pan African Medical Journal (Pamj), sur une période de 10 ans (janvier 1996-décembre 2005). Les Nations unies comptent 194 Etats-membres ! En 2024, l’organisation mondiale de la santé (Oms) a recensé près de 720 000 personnes qui se suicident chaque année. Le suicide est la troisième cause de mortalité chez les 15-29 ans.
L’étude démontrait qu’à Dakar, les morts par suicide restent peu fréquentes au regard de la mortalité générale. Les hommes se suicident deux fois plus que les femmes, et le suicide reste l’apanage de l’adulte jeune dont l’âge se situe entre 21 et 30 ans. «Les suicidés résident le plus souvent en zone périurbaine et ils commettent cet acte dans la majorité des cas en période de froid (pendant les mois de janvier, février et mars), plus avant midi et en soirée qu’en après-midi», soulignait l’étude. Aussi 97.2% des suicidés ont utilisé un seul moyen pour se suicider, et le suicide complexe (utilisation de plusieurs moyens) a concerné seulement un cas dans l’étude. La pendaison reste le mode le plus utilisé.
Teranga versus bête intérieure
Le Sénégal est devenu une société indifférente aux multiples drames individuels qui finissent par devenir une vraie tragédie nationale. Il y a quelques années, c’est devant le Palais présidentiel que des Sénégalais se sont immolés par le feu, puis la longue série des jeunes qui meurent sur le chemin de Barsa ou Barsakh devant l’indifférence générale, constate mon ami Adama Aly Pam sur le fil de nos discussions dans notre plateforme du Rasa. Les suicides au quotidien ne sont traités que comme faits divers, à se demander s’il y a une stratégie nationale de prise en charge des maladies psychiatriques ?
Nous parlons Teranga, mais avons organisé notre douce jungle ! Dans ce pays, il y a aujourd’hui peu de discours, peu de dialogues, peu de bienveillance. Nous nous complaisons à nous tenir les uns les autres dans ce que les uns et les autres peuvent ou pourraient dire et qui puissent nuire les uns ou les autres. L’absence de plus en plus de cours dans les maisons, participe à chauffer les esprits qui grondent dans les chambres, et dans cette intimité, souvent d’ailleurs, jaillissent les premières flammes de l’incendie qui mettra le logis en cendres !
La compassion, l’élégante solidarité, la fraternité naturelle s’en vont sous nos regards.
Préjugés, jugements, jalousie, méchanceté, l’attente qu’autrui se brûle les ailes pour dire «Niaaw»… sont devenus des marqueurs ! Beaucoup préfèrent ainsi ruminer leur mal-être, taire leur désarroi, trouver les anticorps personnels dans le huis clos de leur être pour se soigner … loin des regards ! Jusqu’à l’abîme ! La mort devient ainsi une délivrance pour le laissé-pour-compte et un festin d’ego pour les survivants… en attendant leur tour !
Les discours nimbés de sagesse sont décrétés brodés d’hypocrisie et d’esprit partisan.
Même dans les monologues de quelques esprits pourtant brillants suinte parfois une violence comme si chacun essayait de se faire peur de faire peur à autrui. Dire devient impossible, nommer diabolique !
Notre société, oui, veut le Bien mais promeut peu les volontaristes pour le Bien. Notre société actuelle est comme tétanisée de devoir dire «Waw Goor» «Waw Kumba», pourtant de magnifiques expressions, pour encourager ses semblables femmes ou hommes, inscrites dans son Adn.
De plus en plus des familles se disloquent à cause de l’héritage matériel, des gens de même sang concèdent à s’hiérarchiser selon qui a le plus de «Blé» et de «Ndombal Tank» !
Le fonctionnaire qui fait correctement son job est estampillé zélé, le Gorgorlu qui essaie de suivre les règles est traité de «naïf». Les «trois normaux» et les «bol dof» devenus rares à cause de la crise économique, ne sont plus avec les «bancs jaxle», des moments de défoulement, de confessions, de régulation, de cogitations pour trouver des solutions ou de transfert du réel si lourd parfois à porter tout seul !
On regarde les gens s’enfoncer… On les pleure à leur mort le temps d’envoyer un selfie ou la photo du gars dans le trou qui lui servira de lit éternel !
Il y a une sorte de mal qui est en nous, une bête sauvage qu’on refuse de voir !
Mais dans tout cela, il y a fort heureusement, une Noblesse d’âme, une grandeur sublime chez certains qui, malgré le brouhaha, autorisent encore de pouvoir entendre un discours, d’être dans le dialogue… d’espérer ! Il est grand temps plus que jamais de repenser notre Vivre-Ensemble, de nous Aimer, de faire Nation en commençant à l’intérieur de nos maisons, nos quartiers, nos villes, villages, nos lieux d’éducation, de formation, de travail, etc. Nous en avons le génie et le devoir de ne laisser personne errer tout seul sur des chemins sinueux ! Tenons-nous les mains les uns les autres, nous en avons le devoir et les capacités car oui nous sommes le Sénégal éternel.
Mes prières aux morts, mes pensées à nos malades, mes encouragements à celles et à ceux qui luttent. Paix et progrès dans le Sénégal et dans un monde paisible et de justice
«Ya Rabbi Ihdinaa Siraatakal Moustakhiim siraatal laziina an amta alayhim ». Amiin Amiin Amiin. «Walaa ad daalin». Amiin
El Hadji Gorgui Wade Ndoye (Egwn) est journaliste sénégalais à Genève, initiateur du Gingembre Littéraire du Sénégal sur Le Vivre Ensemble.
DES QUESTIONS ECONOMIQUES ET SOCIALES AU MENU DES QUOTIDIENS DU WEEK-END
Les parutions de ce samedi continuent de commenter le dernier rapport de la Cour des comptes, tout en s’intéressant également à des questions sociales.
Les quotidiens parvenus ce samedi à l’Agence de presse sénégalaise continuent de commenter le dernier rapport de la Cour des comptes, tout en s’intéressant également à des questions sociales.
Sud-Quotidien donne le ton, en titrant « le parti PASTEF (au pouvoir) exige la traduction des brigands devant les juridictions ».
Selon le journal, en conférence de presse la veille, le bureau politique de PASTEF appelle « la justice à faire son travail après la publication du rapport de la Cour des comptes, sur la gestion des finances publiques ».
S’exprimant dans le même journal, le ministre de l’Environnement et de la Transition écologique également membre du mouvement des cadres de PASTEF, Daouda Ngom note que le rapport a fait état d’un « carnage financier sans précédent dans l’histoire politique du Sénégal. Le contexte est effarant. Les faits extrêmement graves, pour ne pas dire criminels ».
Le Soleil s’est aussi intéressé à ce sujet en faisant savoir que les cadres de PASTEF appellent à « sévir contre les brigands financiers ».
WalfQuotidien part du prétexte du rapport pour lever le voile sur les douze ans de règne du régime sortant.
« Ces scandales des années Macky », titre à sa Une WalfQuotidien, en citant notamment les affaires Petro-TIM, fonds force Covid, 94 milliards; cartes d’identités biométrique, la réfection du building administratif
« A côté de son bilan matériel jugé bon, les douze ans de Macky Sall et son régime ont été marqués par des scandales », indique-t-il
« Le rapport de la Cour des comptes, au-delà des anomalies relevées sur la gestion de l’ancien régime, met le Sénégal dans une situation inconfortable avec des risques de perte de confiance sur le marché financier, la fuite des investisseurs », croit-il savoir.
Le même journal donne la parole à un spécialiste, Mamadou Samba Han, qui indique que « les indicateurs confirmés par la Cour des comptes montrent que le Sénégal est dans une situation économique compliquée. Les notes du Sénégal qui n’étaient pas favorables ne vont pas encore s’élever ».
Le journal EnQuête s’est intéressé à la question de la surpopulation carcérale au Sénégal, en parlant d’une « bomme à retardement »
Selon le journal, « plus de 14 milles détenus entassés dans des prisons conçus pour 4 milles ».
Trois millions de Sénégalais sans données électorales
L’EnQuête a aussi exploité le rapport spécial de l’ONU qui dénonce des « conditions indignes et inhumaines (…) un système judiciaire surchargé et des réformes pénales en attente ».
« La surpopulation que j’ai vu dans les prisons est dramatique et inhumaine », a dit dans le même journal, Alice J. Edward rapporteuse spéciale des Nations unies sur la torture
Dans le cadre de son séjour au Sénégal, cette dernière s’est aussi prononcée sur la loi d’amnistie.
« Je demande instamment au Sénégal d’abroger la loi d’amnistie qui accorde une immunité de poursuite aux personnes qui auraient été impliquées dans le recours à une force excessive et dans d’autres violations des droits de l’homme commises lors des manifestations entre mars 2021 et février 2024”.
Les journaux font également écho de la dernière sortie des centrales syndicales de même que celle du directeur général des Elections qui déplore dans Sud quotidien le fait que 3 millions de citoyens seraient sans données électorales sur leurs cartes d’identités biométriques CEDEAO
« La coalition des confédérations syndicales du Sénégal annonce un préavis de grève générale au sortir d’une assemblée générale pour dénoncer les nombreux cas de licenciements abusifs, de fermetures d’entreprises, de violations des droits des travailleurs entre autres maux », peut-on lire dans L’AS quotidien.
Le quotidien Quotidien évoque une « Grève générale en vue ».
Il renseigne que les syndicalistes déplorent « l’absence de dialogue avec l’Etat ».
Le secrétaire général de la Confédération nationales des travailleurs du Sénégal (CNTS) « exige la tenue d’un dialogue entre le gouvernement et les travailleurs. Si le dialogue ne suit pas, nous allons déposer un préavis de grève générale », dit-il dans le Quotidien.