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14 mai 2025
FAMILLE LIBERALE : DES RETROUVAILLES EN DÉCOMPOSITION
La tentative de Macky Sall de réunir les Libéraux sous la bannière Takku Wallu Senegaal s'est soldée par un échec retentissant aux législatives. L'absence des grandes figures du mouvement et la perte de fiefs historiques signent la fin d'une époque
Lors de ces législatives, il avait été scellé les retrouvailles libérales pour espérer une issue victorieuse à ces élections. Finalement, le score tournera autour de 15 sièges pour l’Apr, Rewmi, Bokk gis gis, Ucs, entre autres grâce à l’implication personnelle de Macky Sall, qui n’a pas pu par contre remobiliser un électorat qui lui a tourné le dos même chez lui à Fatick.
Ce fut des retrouvailles précipitées et chaleureuses, mais le grand soir n’a pas été une fête. Dès la convocation du corps électoral, l’Alliance pour la République (Apr) avait enchaîné des communiqués pour annoncer ses alliances avec Rewmi, le Parti démocratique sénégalais, l’Union des centristes du Sénégal (Ucs), Ldr Yeessal, la Convergence patriotique Bokk gis gis et d’autres structures ou micro-partis. Pour les Législatives, c’était une reconstitution spontanée et forcée de la famille libérale dont le passé a été décomposé à cause des aléas politiques.
Sous la bannière Takku Wallu Senegaal, les enfants spirituels, putatifs et biologique de Me Wade tentaient de reconstituer le pouvoir libéral après 24 ans de présidence. Si la prédiction du Pape du Sopi, qui escomptait 50 ans de règne de sa famille politique, ne s’est pas réalisée, lui et ses héritiers voulaient écrire un nouveau roman de leur vie politique ce 17 novembre. Un futur recomposé par la vérité des urnes, mais elles ont décidé de les maintenir au niveau de la périphérie du pouvoir.
Pourtant, tout a été mis en place pour y arriver, même si des «enfants» de Me Wade comme Tafsir Thioye ont confectionné Sopi Senegaal pour rejeter cette recomposition. Choisi pour conduire la liste nationale de la famille libérale, Macky Sall devait être le meneur d’hommes pour écrire une nouvelle enchantée de leurs histoires, huit mois à peine après son départ du pouvoir. Mais, l’ancien Président n’est pas venu pour battre campagne préférant la stratégie WhatsApp pour tenter de gagner un pari qui relevait de l’improbable. Durant ces trois semaines, son visage est devenu familier à plusieurs smartphones : il a multiplié les coups de fil pour essayer de relancer les forces politiques désabusées par la perte du pouvoir et le manque d’orientation et «d’égard». Cela s’avérait moins évident, car le manque d’enthousiasme était palpable comme le montrent les résultats sortis des urnes : il est devancé par Pastef qui dépasserait les 120 députés, selon les premières estimations.
Perte de Fatick et Podor
Pour un homme qui a décidé de remettre son coefficient électoral dans la balance, c’est un camouflet retentissant : confronté à la perte de certains de ses leaders majeurs, Macky Sall entre dans une zone de turbulence politique et doit opérer une transition très incertaine. Si certains ont démissionné, d’autres optent pour le boycott des Législatives, frustrés par les investitures, il a surtout perdu où il fut prophète pendant plus de 24 ans : Pastef a gagné le département de Fatick et aussi Podor tombé comme un fruit mûr entre les mains de Jamm ak njarin de Amadou Ba. Deux bassins électoraux ! Mais, il a gagné les trois départements de Matam, Goudiry et le département Afrique centrale, qui est le prolongement électoral du Fouta.
C’est une double peine pour Sall : il était le seul à s’engager publiquement et personnellement dans la bataille : Après sa défaite cuisante à la présidentielle, Idy a déserté le terrain lors de ces Législatives s’abstenant même de prendre la parole après son vote. Reclus à Doha, Karim Wade, l’héritier du Pds, gouverne à distance une formation sans base électorale et sans identité, au-delà de s’identifier à la figure éternelle de son fondateur. Pape Diop était porté disparu. Abdoulaye Baldé a été aussi «invisible» durant la campagne à Ziguinchor, jadis son fief. Modou Diagne Fada a été balayé par le tsunami Pastef à Darou Mouhty, ainsi que le président de l’Assemblée nationale sortant Amadou Mame Diop à Richard-Toll. A Dagana, Oumar Sarr a résisté, mais a perdu le département. C’est le résumé de l’échec de ces retrouvailles des Libéraux qui espéraient un meilleur sort lors de ce scrutin.
Quelle suite ?
Que reste-t-il ? Même une montre cassée donne deux fois l’heure. Sans certains de ses leaders historiques au plan national, Sall entre dans une ère de toutes les incertitudes. Car le come-back n’a pas eu lieu comme il le souhaitait sans aucun doute. Ce fait électoral l’entraîne dans une période de transition très incertaine : comment reconstruire sur les décombres sans certains leaders historiques de son parti ? S’il n’a pas une page blanche sous les yeux, il sera confronté à un challenge plus compliqué qu’en 2012… En attendant, l’ordre de priorité est d’imposer une restructuration de son parti après l’échec de cette reconstruction libérale, qui n’a pas obtenu l’adhésion des électeurs.
DANS UN MEME SILLAGE
Une dizaine d’artistes barbadiens, une cinquantaine d’artistes sénégalais. Le village des arts a servi d’écrin à cet échange entre deux mondes que l’histoire et la géographie rapprochent.
Une dizaine d’artistes barbadiens, une cinquantaine d’artistes sénégalais. Le village des arts a servi d’écrin à cet échange entre deux mondes que l’histoire et la géographie rapprochent. Dans le cadre de la Biennale d’art contemporain de Dakar, la discussion est ouverte par ce programme «Transatlantique 1».
«Nous sommes le peuple qui a quitté Gorée, El Mina et tous ces ports esclavagistes d’Afrique.» Ces mots sont ceux de Nyzinga Onifa, coordonnatrice de l’exposition «Transatlantique 1». Ces mots ont raisonné durant l’exposition qu’une dizaine d’artistes peintres originaires de la Barbade tiennent au Village des arts de Dakar. Comme un pied de nez à l’histoire, ces artistes dont les ancêtres ont été déportés dans les cales des négriers, sont revenus en terre sénégalaise. Intitulée «Transatlantique 1», l’exposition est un dialogue entre ces artistes caribéens et leurs homologues sénégalais avec qui ils partagent les cimaises de la Galerie Léopold Sédar Senghor du Village des arts. Nyzinga Onifa a vécu au Sénégal pendant 10 ans. Et pour réduire le défaut d’information sur son île d’origine, elle a conçu ce programme d’échange aujourd’hui mis en œuvre par la Fondation culturelle nationale de la Barbade. Ces artistes, au nombre de 11, présentent 20 œuvres dans le cadre de cet échange. Face à eux, une cinquantaine d’artistes sénégalais. «L’art a cette valeur de rapprocher les peuples», souligne l’artiste Zulu Mbaye, partenaire dans l’organisation de cet évènement. Les liens entre l’Afrique et la Barbade sont bien réels. Il suffit de voir les thématiques explorées par les artistes. L’eau est en effet au centre des œuvres présentées par les Barbadiens. Risée Chaderton-Charles est une artiste dont les œuvres représentent des créatures sous-marines. Photographe d’art, elle se réjouit de voir la convergence d’intérêts autour de cet élément. «Ce qui m’a frappée, c’est le rapport avec la mer. L’eau représente beaucoup pour nous. Quand on se sent mal, on fait des libations, quand on a soif, on boit de l’eau et on se retrouve aux endroits où il y a de l’eau pour certaines formes de prières. J’explore la mer, les éléments et toute cette vie dans l’eau.» Engagé dans un travail de mémoire, David Guru présente Les arrivants, sculpture d’un vaisseau indigène africain précolombien. Il rend ainsi hommage à l’ingéniosité des Africains dans les Caraïbes avant l’arrivée de Christophe Colomb. Ras Akyem-i Ramsay navigue dans la conscience altérée d’artistes qui ont été aliénés, opprimés, marginalisés, emprisonnés et terrorisés. Son tableau où les couleurs éclatantes attirent le regard, représente des objets, le symbole de l’agitation intérieure.
De Dakar à la Barbade
L’Atlantique sépare l’Afrique de cet archipel de la Barbade. Mais Dakar reste la terre la plus proche après le Cap-Vert. «L’aspect géographique est très important. Il y a des archipels dans les Caraïbes et la Barbade, et tout le monde doit savoir que Dakar est la partie la plus proche de la Barbade. Quand vous traversez l’Atlantique, vous avez le Cap-Vert et ensuite la Barbade. Certains jours, nous avons un ciel noir comme s’il va pleuvoir, mais ce sont des nuages de poussière du désert du Sahara. Durant mes va-et-vient entre le Sénégal et la Barbade, j’ai perçu la nécessité d’avoir des relations entre les deux pays», explique Mme Onigua dont le désir de rapprocher ces deux peuples a donné naissance à ce programme artistique «Transatlantique 1». Mor Faye, Kemboury Bessane, Adama Ba, Fola Lawson, Zulu Mbaye, sont quelques-uns des artistes sénégalais qui participent à l’exposition.
La fête aurait pu être plus belle si les œuvres physiques des artistes barbadiens avaient pu être exposées. En effet, pour des contraintes liées au transport, ces œuvres ne sont pas encore parvenues à Dakar. Un déchirement pour ces artistes qui ont conçu leurs œuvres en perspective de cette rencontre avec le public sénégalais. Et ils n’ont pas hésité à le souligner durant ce dernier après-midi de conférence dans la salle d’exposition du Village des arts. «Je travaille sur la base des couleurs, ce qui transmet la manière dont je vis et ce que je ressens. Différentes couleurs bleues pour traduire différents aspects et moments de la mer. Ce que l’écran oblitère», déplore Risée Chaderton-Charles. Pour Ras Akyem-i Ramsay, voir son œuvre à travers un des écrans de télévision installés sur les murs et qui diffusent les œuvres en boucle est un véritable déchirement. «Les mots ne suffisent pas à traduire ce que je ressens», indique l’artiste.
ACTEURS ET PROFESSIONNELS A L’ECOLE DES BONNES PRATIQUES
La Direction du patrimoine culturel a organisé, la semaine dernière, un atelier de renforcement, portant sur la conservation et la préservation des œuvres artistiques au profit des acteurs, professionnels et techniciens.
La Direction du patrimoine culturel a organisé, la semaine dernière, un atelier de renforcement, portant sur la conservation et la préservation des œuvres artistiques au profit des acteurs, professionnels et techniciens. La rencontre a été le cadre pour aborder des questions comme la gestion des collections des œuvres, la législation sur la gestion des biens culturels, le riche patrimoine culturel inexploité des Armées, entre autres.
La manipulation, l’emballage, le transport, l’entreposage, l’inventaire, la gestion des biens culturels, entre autres, ont été les questions soulevées lors de l’atelier organisé la semaine dernière par la Direction du patrimoine culturel, portant sur la conservation et la préservation de la production artistique. L’activité a été un prétexte d’échanges avec des patriciens et autres acteurs du secteur sur les enjeux liés à la conservation et à la préservation de la production artistique, la nécessité d’accorder une importance toute particulière aux techniques et matériaux utilisés dans la production, les techniques de restauration des œuvres d’art endommagées.
En provenance de la Suisse, la facilitatrice de la rencontre, Andréa Hoffmann Drobrynski, conservatrice et restauratrice d’œuvres d’art, a assuré que les échanges ont été «extrêmement riches avec des personnes de différents domaines et institutions». Consciente de l’effet et des enjeux que pose le dérèglement climatique sur la promotion des arts, elle a exhorté les professionnels à «trouver des conditions stables, autant pour la température que l’humidité. Bref, des moyens d’adaptation pour que les œuvres ne souffrent pas plus par rapport au réchauffement climatique». Pour la préservation de la mémoire culturelle et collective, Mme Hoffmann explique qu’il faut «accompagner les artistes qui écrivent l’histoire avec une structure stable entourée par des experts armés de leurs compétences et expérience».
Revenant sur la pertinence de l’organisation d’une telle activité, le directeur du Patrimoine culturel, Omar Badiane, dit : «Le pourquoi d’une telle activité est a trouvé dans le lien entre la Direction du patrimoine culturel et les arts. Etant entendu que le patrimoine culturel est l’ensemble des segments culturels. C’est la mère des cultures. D’où notre transversalité d’une part, et d’autre part, le processus de mise en valeur des arts est surtout lié à la dimension mémorielle.» Selon lui, une œuvre d’art est destinée à un public. C’est aussi un témoignage, un message. «C’est un témoignage sur les méthodes et techniques utilisées à une époque, des traces d’un génie créateur. C’est quelque chose qu’il faut comprendre comme ça», a laissé entendre le directeur du Patrimoine culturel.
A l’en croire, quand un artiste crée, «sa préoccupation première si ce n’est pas une performance, c’est que son œuvre transcende le temps et les générations. C’est à ce niveau que la direction trouve sa mission et s’engage à compléter le maillon de gestion». Cette rencontre vient renforcer le dispositif de la Biennale de Dakar. «C’est comme ça que notre Biennale va continuer à grandir», dit-il. La conservation des œuvres d’art et leur préservation est à la fois un enjeu et une préoccupation pour les professionnels du secteur. A cet effet, dira le directeur du Patrimoine culturel, la conservation fait appel à des métiers et «il y a pénurie dans ce domaine».
Ce, poursuit-il, en expliquant que «malheureusement nous ne formons pas dans nos écoles de formation dans ces métiers». Pourtant, la conservation est une niche d’emplois si elle est bien exploitée. A cet effet, le directeur du Patrimoine soutient que «c’est une niche d’emplois en somnolence». Il poursuit : «Ce qui structure l’environnement de l’artiste, c’est un ensemble de métiers qui ne sont pas disponibles.» Le Sénégal gagnerait beaucoup à structurer cet environnement et permettre de trouver de nouveaux créneaux d’emplois pour l’insertion des jeunes. En outre, Omar Badiane d’informer que l’ensemble des «mesures précautionnelles, des interventions directes sur l’œuvre s’étudient» d’une part, et d’autre part, «la réglementation autour de l’œuvre, son récit n’est pas offert au professionnel du milieu».
Selon notre interlocuteur, «même dans nos musées, les personnes ne sont pas formées à la conservation et à la préservation des œuvres alors que ce sont les lieux où se perdent plus d’œuvres». A en croire le directeur du Patrimoine culturel, il faut «reconnaître qu’on n’a pas développé une approche endogène, un modèle de savoir dans la gestion des œuvres d’art». Et, pour lui, la question qui est mise sur la table est avant tout le retour des biens du patrimoine culturel africain. Réunissant une vingtaine de participants venus de Dakar et de l’intérieur du pays, ils étaient des conservateurs de musée, des médiateurs culturels, des administratifs à avoir participé à la rencontre.
LE TRIOMPHE DE PASTEF AUX LÉGISLATIVES AU MENU DE LA PRESSE
Les parutions de ce mardi traitent de la victoire de Pastef aux élections législatives et les rôles que pourrait jouer son chef, Ousmane Sonko, dans cette nouvelle configuration.
Dakar, 19 nov (APS) – La victoire de Pastef aux élections législatives et les rôles que pourrait jouer son chef, Ousmane Sonko, dans cette nouvelle configuration, sont au menu des quotidiens reçus à l’Agence de presse sénégalaise (APS).
Libération revient sur ‘’les détails d’une razzia sans pitié’’ et note que ‘’sans exception et sans conteste, à l’exception de Matam, toutes les grandes villes ou régions du pays, ont été remportées par le parti au pouvoir. Lors du scrutin de dimanche, Pastef a été un véritable rouleau compresseur pour ses adversaires’’.
En termes de projections de sièges, L’As, citant un statisticien, signale que le Pastef, sorti vainqueur va se retrouver avec 131 sièges sur les 165 à pourvoir à l’Assemblée nationale. Le parti au pouvoir est suivi par la coalition Takku-Wallu avec 16 députés, de Jamm ak Njérign, 7 députés, de Samm sa Kaddu, 3 députés.
EnQuête s’intéresse à ‘’quelques rescapés de l’ancienne majorité’’. ‘’Face au tsunami Pastef, ils sont les rares responsables de l’ancienne majorité à avoir conservé leur bastion. Parmi les rescapés, les maires de Gosssas, Adama Diallo, et des Agnams, Farba Ngom sortent du lot’’, écrit le journal.
Les Echos également note que ‘’Matam, Goudiry, Podor, Gossass et l’Afrique centrale résistent’’. ‘’Macky Sall +conserve+ Matam, Goudiry et l’Afrique centrale et prend les 8 députés ; Amadou Ba crée la surprise à Podor en écrasant l’APR et prend deux députés ; Djimo Souaré sauve l’honneur à Goudiry ; Adama Diallo de And Nawlé conserve Gossass ; Farba Ngom humilie Malick Sall, Abdoulaye Sally Sall et tous les transhumants’’, indique la publication.
Avec cette large victoire, Pastef a maintenant 5 ans pour ‘’tenir les promesses’’, dit Le Quotidien.
‘’De manière concrète, après son triomphe du week-end, le Peuple attend de Ousmane Sonko, qu’il utilise les clés qui lui ont été confiées, pour ouvrir les bonnes portes. On a suffisamment dit que le changement tant attendu depuis 8 mois, se fait toujours attendre. Les électeurs ont voulu exprimer leur confiance en ceux qu’ils croient à même de les sortir de la situation pénible dans laquelle se trouve le pays’’, écrit le journal.
Quels rôles pourrait jouer Ousmane Sonko dans cette nouvelle configuration ?
Selon Le Soleil, ‘’grand vainqueur du scrutin de dimanche dernier, Ousmane Sonko est maintenant au carrefour des institutions’’. ‘’Il peut consolider son rôle de chef d’un gouvernement en pleine mutation ou gravir une nouvelle marche en présidant l’Assemblée nationale. L’un dans l’autre, dans des élans jupitériens, il trône au faîte de sa popularité et incarne la rupture institutionnalisée. Mais sur ses épaules, reposent d’immenses espoirs…’’, souligne le journal.
L’Observateur parle de ‘’dilemme stratégique’’.
”Après avoir orchestré l’installation de Diomaye Faye à la Magistrature suprême, il se doit de choisir entre deux postures, chacune hautement symbolique et politiquement décisive. Optera-t-il pour le Perchoir de l’Assemblée nationale, devenant ainsi le garant d’une suprématie institutionnelle? Une telle position lui permettrait d’asseoir la profondeur de ses convictions sur le terrain législatif et de symboliser la verticalité de son influence, tant auprès des élus que du peuple. Dans ce rôle, il incarnerait le chef d’orchestre des réformes institutionnelles, donnant corps à la souveraineté du Projet et consolidant son statut d’homme fort du régime’’, écrit L’Obs.
”A l’inverse, estime la publication, rester à la Primature pourrait s’imposer comme une nécessité stratégique. En ces temps de refondation et de refonte, la Primature est le poste névralgique d’où se déploient les grands chantiers de la politique publique. C’est là que se joue la mise en œuvre rigoureuse du Projet, là que les promesses de justice sociale, de transformation économique et de gouvernance éthique trouvent leur traduction’’.
Par Mohamed GUEYE
5 ANS POUR TENIR LES PROMESSES
Les élections législatives, commencées dans le tumulte, ont pris fin le dimanche dernier dans le calme et la tranquillité. Pastef, avec Ousmane Sonko, a raflé une très grande portion de députés, ne laissant que la portion congrue à ses adversaires.
Les élections législatives, commencées dans le tumulte, ont pris fin le dimanche dernier dans le calme et la tranquillité. Pastef, avec Ousmane Sonko, a raflé une très grande portion de députés, ne laissant que la portion congrue à ses adversaires. Une chose dont il faut également se féliciter, c’est que depuis 2000, les quelques légères incohérences que l’on note au cours des scrutins, n’ont jamais plus produit de contestation profonde, tendant à remettre en cause la sincérité du vote. C’est dire que les Sénégalais dans leur majorité, ont atteint une grande maturité, et surtout, font leur choix en toute connaissance de cause.
Et surtout, les Sénégalais apprennent tous les jours à faire confiance à notre système démocratique. Si des leaders politiques contestent parfois de manière véhémente la victoire de leurs adversaires, ils se rendent souvent, très rapidement compte, que le Peuple souverain n’a pas l’intention de les suivre sur ce terrain. Car en vérité, ledit Peuple attend dorénavant leurs prouesses sur d’autres terrains. De manière concrète, après son triomphe du week-end, le Peuple attend de Ousmane Sonko, qu’il utilise les clés qui lui ont été confiées, pour ouvrir les bonnes portes.
On a suffisamment dit que le changement tant attendu depuis 8 mois, se fait toujours attendre. Les électeurs ont voulu exprimer leur confiance en ceux qu’ils croient à même de les sortir de la situation pénible dans laquelle le pays se trouve. Depuis plus d’un an, la situation économique se dégrade ; mais l’arrivée au pouvoir de Bassirou Diomaye Faye semble avoir exacerbé la situation.
Les dirigeants actuels avaient voulu faire croire aux citoyens que Macky Sall et ses orientations politiques étaient responsables du marasme dans lequel se trouvait le pays. Ils n’ont pas voulu croire que, malgré les détournements et la prévarication, la somme de 1000 milliards de francs Cfa que Macky Sall avait injectée dans la résistance aux effets économiques du Covid-19, avait permis au pays de mieux résister que beaucoup d’autres dans le monde. Même les travaux d’infrastructures entrepris durant le magistère de l’ancien Président, ont été dépeints par ses détracteurs comme étant des moyens faciles de détournement de fonds publics. Tout cela a eu pour conséquence, selon eux, un chômage quasi-endémique, et un nombre de plus en plus croissant de tentatives de migration à travers des pirogues se dirigeant vers les îles espagnoles des Canaries, perçues comme le nouvel eldorado.
Leur déclaration la plus déterminante, a été qu’il suffisait qu’ils arrivent au pouvoir pour que les choses commencent à changer, et que la situation du pays s’améliore. Les Sénégalais les ont d’abord attendus sur les prix de certains produits alimentaires, et sur le loyer, comme ils ont promis. Les promesses n’ont pas été faciles à tenir. Non seulement les produits alimentaires n’ont pas baissé autant que l’espéraient les consommateurs, mais surtout, les baisses de prix n’ont pas duré et quasiment tous les produits de consommation courante ont repris l’ascenseur.
L’Etat a voulu forcer les choses et contraint les distributeurs à bloquer les coûts, ce qui a eu pour conséquence, la raréfaction de certains produits. Certains producteurs eux, ont commencé à tirer la langue, tellement ils vivent difficilement la pression que leur impose l’Etat de vendre quasiment à perte. Les meuniers, les sucriers, ainsi que d’autres transformateurs, étouffent autant de ne pouvoir répercuter la vérité des prix sur leurs productions, alors que l’Etat ne leur offre aucune compensation. En début d’année, les minotiers avaient été mis en demeure de baisser le prix de la farine à 15 200, au lieu de 19 200 francs Cfa, pour éviter une augmentation du prix du pain. Forcés de se soumettre, ces industriels constatent que la levée des droits de douane couvre à peine leurs charges.
Mais eux au moins, ils n’en sont pas encore arrivés à licencier du personnel, comme le secteur des Btp. Les entreprises du secteur ont les premiers senti le souffle des mesures de suspension des constructions décidées par l’Etat. A ce jour, plusieurs chantiers sont à l’arrêt, parce que le gouvernement vérifie encore la validité de certains titres de propriété sur certains sites sur le territoire national. Par ailleurs, ceux qui avaient contracté avec l’Etat sous l’ancien régime, ne parviennent toujours pas à rentrer dans leurs fonds. Les organisations patronales parlent de plus de 300 milliards de Cfa dus aux entreprises du secteur. D’autres, en privé, parlent de près de 500 milliards, et certains ont mis leurs travailleurs en chômage technique. Les perspectives dans le secteur sont sombres.
C’est dans ces circonstances que Madiambal Diagne, ancien Administrateur général du Groupe Avenir communication, révèle que le Sénégal s’est retrouvé en défaut de paiement de la dette extérieure, le 15 novembre dernier. M. Diagne ajoute dans son post sur Twitter, que le ministre des Finances a pu payer une partie des 130 milliards et négocier un différé pour un mois. Une situation tellement inédite qu’elle envoie un message inquiétant. Depuis son indépendance, le Sénégal a toujours veillé à respecter deux choses, en matière de finances publiques, le paiement de la dette extérieure, et le versement des salaires dans la Fonction publique. Si l’on en arrive à avoir des problèmes à honorer l’une de ces échéances, quelle garantie avons-nous de pouvoir respecter l’autre ? Cette situation se présente au moment où les pouvoirs publics ont des difficultés à faire face à d’autres échéances. Malgré une abondante pluviométrie, la campagne agricole ne se présente pas sous de bons auspices. L’arachide que l’on voulait interdire à l’exportation, va finalement pouvoir être vendue à l’extérieur, faute d’ être transformée sur place. La production de riz ne sera pas non plus aussi importante que l’on a pensé, au moment où les horticulteurs de la Vallée se demandent si le moment est encore opportun pour se lancer dans des investissements importants.
Dans tout cet environnement économique et social, les partenaires techniques et financiers veulent y voir clair, alors que la Vision 2050, qui cherche à se démarquer du Pse, tarde encore à se mettre en œuvre. Le Fmi attend l’audit des finances publiques lancé par la Cour des comptes, pour étudier un nouveau programme avec l’Etat. Le secteur des hydrocarbures, échaudé par les audits sur les contrats passés sous Macky Sall, a arrêté ses machines. Même Woodside n’est pas sûr de poursuivre son exploitation de Sangomar.
Sonko a souligné que le Peuple sénégalais sera le premier bénéficiaire des richesses de son sol et de son sous-sol, et même de son littoral marin. Le gouvernement et ses thuriféraires tentent de transformer en victoire la décision de la Commission européenne de ne pas renégocier un autre contrat sur les licences de pêche. Le temps dira qui aura eu raison. En attendant, les citoyens sénégalais, frappés par le chômage et la précarité, n’ont pas beaucoup de temps à attendre. Et le Premier ministre le sait. Il n’a que 5 ans pour tenir ses promesses.
par Ousseynou Touré
LES TERRITOIRES AU BON ENDROIT
Le nuage des mots issu de l’Agenda national de Transformation et des documents opérationnels y afférents, renvoie, avec une forte occurrence, à des termes « territoire », « Pôle-territoires » et dévoile plusieurs considérations pratiques.
Jusque-là, aucun document de référence de notre pays n’avait accordé autant d’importance aux territoires. Avec l’Agenda national de Transformation (ANT) et ses documents opérationnels décennal et quinquennal (Masterplan et Stratégie nationale de Développement (SND)), il y a bien lieu de prendre en considération le message, à nous transmis, par les plus Hautes Autorités. Ni plus, ni moins, mieux réaligner les politiques sectorielles aux ambitions territoriales énoncées dans le nouveau modèle de développement du Sénégal. Signe de rupture ou volonté de repenser autrement le développement ? Une première à analyser et à mettre sur le divan, pour un mieux-être des citoyens.
Le nuage des mots issu de l’Agenda national de Transformation et des documents opérationnels y afférents, renvoie, avec une forte occurrence, à des termes « territoire », « Pôle-territoires » et dévoile plusieurs considérations pratiques.
Allons-nous vers une ère de territorialisation des politiques publiques avec une séquence temporelle chargée d’innovations ? Cette question mérite d’être posée d’autant que les protagonistes territoriaux se sont trop longtemps accommodés d’une décentralisation administrative bien trempée. Avec son lot de corollaire, une relation normative entretenue avec les Autorités administratives, caractérisée par un contrôle de légalité, pour mieux marquer leur territoire. Les espaces d’expression et de « challenge » trop souvent régulés, les besoins et attentes des communautés de base portés par une société civile plus ou moins suivie, et les implications territoriales des élus locaux souvent timorées. Autant de raisons parmi tant d’autres qui font que notre questionnement fait sens. En l’espèce, une clarification s’impose en termes de concept. Il ne faut surtout pas confondre, comme c’est souvent le cas, une politique publique territorialisée et une territorialisation des politiques publiques.
Politique publique territorialisée, quel sens ?
Ce sont les acteurs au niveau national qui conçoivent, mettent en œuvre et associent les acteurs des territoires. Entre le niveau national et celui territorial, il y a un « effet miroir », avec une transposition presque à l’identique des méthodes et outils de travail. Dès lors, les services techniques déconcentrés agissent en parfait respect des lignes de conduite édictées depuis le niveau national. Ce cas de figure qui était jusque-là en vigueur, reste marqué par une insuffisance d’innovations et une rareté de créativité. En conséquence, les acteurs techniques étatiques évoluant au niveau des territoires mettent en œuvre les instructions et recommandations, dont le mode d’élaboration, souvent, les échappe. En cas de défaillance, ce serait une erreur partagée, avec une marge de responsabilité qui est souvent circonscrite.
C’est un statut quo ambiant qui caractérise cette option de développement. Les conflits de gouvernance administrative sont peu fréquents et au cas où ils adviendraient, les modes de traitement des litiges sont loin d’être alternatifs, mais suivent un processus procédural stabilisé et maîtrisé. A l’analyse, ce cas de figure peut bien se mouvoir dans une déconcentration plus responsabilisante, pour paraphraser Odilon Barrot, (premier vice-président du Conseil d’État sous la IIIe République française), s’adressant aux préfets, bénéficiaires traditionnels de la déconcentration, « c’est le même marteau qui frappe ; seulement on en a raccourci le manche ».
En pratique, quelques errements
En guise d’exemple, l’on peut convoquer la matière relative à la planification territoriale, où les « copier-coller » sont érigés en règle dans leur conception. Les mêmes documents peuvent s’appliquer d’une collectivité territoriale à l’autre, sans coup férir. Aussi, tutti quanti, les budgets de plusieurs collectivités territoriales sont systématiquement reconduits, sans un effort d’ingéniosité dans les postes de recettes à mobiliser. En outre, la mise en place des pôles-emplois, au niveau des départements n’a pas fait l’écho d’un traitement territorial depuis la commune jusqu’au département. Le résultat est connu. L’appropriation est faible. Le même constat est noté avec la DER, dans ses modes de financement de proximité. Il y a lieu de repenser l’approche de l’action territoriale souvent trop superficiellement adressée.
Sans aucun doute, le domaine de « compétence fléchée » de la santé est le plus exacerbé au niveau territorial. La mise en œuvre de la politique publique territorialisée de la santé ne prend pas en considération les aspects liés à l’étendue et à l’ampleur des attributions, l’opérationnalité des comités de santé et l’appropriation de la carte sanitaire par les exécutifs locaux, etc…. Cette logique implacable de gestion des domaines de « compétence fléchée » par nos Collectivités territoriales doit faire l’objet d’une révision en profondeur. Ici, la collectivité subit puisqu’elle n’agit. Dans la chaîne des parties prenantes, il y a manifestement une insuffisante appropriation du rôle de la collectivité territoriale dans ce cas de figure.
A l’inverse, la territorialisation des politiques publiques, pourquoi ?
Il faut l’avouer, la forme de politique publique territorialisée ci-dessus évoquée ne met pas trop à l’aise les tenants d’une approche alternative disruptive, souvent porteuse de renouvellement et d’innovations. C’est là où gît toute la pertinence de la proposition faite dans le second cas qui est la territorialisation des politiques publiques. Ce qui nous est proposé dans les documents stratégiques, s’annonce comme un vrai ancrage d’une décentralisation technique.
Cette dernière est plutôt complexe avec un jeu d’acteurs et de parties prenantes plus denses et une utilisation d’outils et de techniques administratives plus conséquentes ; et naturellement, les litiges et interprétations voire délimitation des frontières des pratiques entre acteurs deviendront plus fréquents. Or donc, il faudra alors s’y préparer intensément et conséquemment. Ici, le territoire est au-devant, agit et contrôle son action sous la nouvelle modalité d’un État arborant les fonctions de régulation.
Un changement d’angle d’intervention est en vue. Cette option de développement consiste en une (re)localisation des politiques publiques au niveau des territoires, y compris les fonctions de conception, de mise en œuvre et réédition des comptes. Dans la même séquence, l’État régulateur aménage des espaces de suivi, de contrôle et d’évaluation. Par exemple, la gouvernance des pôles-territoires devrait-elle être évaluée suivant des critères consensuellement admis.
Assurément, de nouveaux outils devront voir le jour. Cette option de développement devrait s’adosser sur des outils de pilotage éprouvés similaires à ceux de la gestion de projets/programme. (manuel de procédures, de mise en œuvre des opérations, de gestion des ressources, de suivi-évaluation, de performance, de mesure des rendements, des outils de communication et de marketing territorial).
Un intéressant jeu territorial
Les nouvelles Autorités ont proposé plusieurs scénarii de développement. Celui territorial est assez explicite. A examiner les contours de l’ANT et des documents opérationnels, particulièrement l’objectif global, aucun doute n’est permis. Le jeu de la territorialisation démarre par une focalisation assez intéressante entre un droit au mieux-être et un besoin économique. Dès lors, il s’agit d’un face à face entre des « citoyens à satisfaire » engagés et une « souveraineté économique » à rechercher. Le cadre d’intervention de ce jeu territorial, serait porté par des « territoires responsabilisés » qui vont désormais accueillir la seule compétition proposée, c’est-à-dire « le développement endogène ».
En vérité, il s’agit d’amener les citoyens à se sentir à l’aise dans la mise en œuvre des politiques publiques. Cela inclut, au niveau des territoires responsabilisés, une libération des énergies, une autonomisation des terroirs et une implémentation d’une nouvelle citoyenneté, pourquoi pas, à travers la mise en place des budgets participatifs ou l’observatoire sur la citoyenneté et le civisme tels que prescrits par le référentiel du pays.
Nos ressources publiques d’abord
La mise en œuvre de cette compétition se base aussi sur une rupture. En lieu et place des prêts concessionnels, et autres formes de financement de nature à renchérir la dette publique et à grever notre déficit budgétaire, il est fortement recommandé de miser d’abord sur nos ressources publiques, avec une réorientation stratégique de la fonction budgétaire. Aussi, dans le jeu des parties prenantes, un nouvel acteur, le secteur privé occupe-t-il une place centrale. Là où les collectivités territoriales n’avaient pas pleinement exploité l’idée de collaborer avec le privé même si l’opportunité a toujours existé, il s’agit maintenant de se départir de toute frilosité et d’entrer en action dans un système de jeu offensif. Par exemple, la titrisation comme modalité financement des investissements pourrait être une innovation pour nos collectivités territoriales. C’est une modalité intéressante avec un allègement des charges du côté de la collectivité territoriale et une disponibilité des ressources dans l’immédiat.
Mais à vrai écrire, des réformes libératrices sont nécessaires et justement, elles ont été proposées. Cela inclut l’amélioration du cadre des affaires, la formalisation de l’économie, la lutte contre la corruption et la mise en place d’un régime fiscal incitatif.
Une instrumentation de la planification socio-économique et spatiale
Désormais, l’on devrait en finir avec les planifications approximatives. Les pôles-territoires, dans une démarche qualité, devront identifier leurs investissements structurants, avec en ligne de mire, un « delta rentabilité » positif. A ce niveau, une rupture doit être opérée. La planification ne va plus apparaître comme un instrument de prévisibilité seulement, mais plutôt comme un instrument de pilotage, et de guidance des choix des investissements structurants, mais surtout de mesure de performance. Ce sera un moment crucial dans la gouvernance des pôles-territoires.
Cette fois-ci, la planification se fera avec un nouvel ordre d’acteur, c’est à dire le secteur privé, en lui démontrant l’impératif d’une bonne et fine appropriation des enjeux et finalités de la territorialisation des politiques publiques. Cela lui facilitera, demain, l’établissement d’un choix motivé. Il s’en suivra naturellement une inversion de la charge de polarité de financement. Maintenant, c’est le territoire qui devrait inviter le niveau national, dans sa large diversité, à prendre part à l’identification, à la priorisation des investissements et surtout à leur financement. Toute la pertinence de l’ANT et de la SNT peut se lire dans la préconisation d’une co-collaboration dans l’élaboration des documents de planification des pôles territoires. C’est le premier niveau de maîtrise, par les territoires, des nouvelles options des plus Hautes Autorités.
Pour ce faire, il faudra préparer, ici et maintenant, les nouveaux outils de la planification (socio-économique et spatial) qui intègreront les objectifs de développement durable, misant essentiellement sur des investissements durables, résilients et (surtout) rentables pour le secteur privé.
Les compétences et le savoir-faire, moteurs de croissance du développement endogène
Dans l’objectif global poursuivi par la SND, il est noté une « viabilité et une compétitivité des territoires ». Le point d’attention réside ici dans l’établissement d’un lien étroit entre un bilan de compétences des acteurs territoriaux et la compétitivité des territoires. Dans l’absolu, seuls des acteurs territoriaux aux compétences variées et pointues, à l’ère de l’intelligence artificielle, seront à même de porter un conflit cognitif positif. Une spécialisation des compétences en fonction des pôles-territoires est à prévoir, avec l’établissement d’un plan de « compétence-pôle » très ciblé. Les compétences et les savoir-faire seront un levier de développement, et pour ne pas extrapoler, un des moteurs de croissance.
La tendance à la production des connaissances des acteurs des territoires (avec la parution d’ouvrages aux méthodes scientifiques rigoureuses, le positionnement des acteurs territoriaux dans les profils de poste au niveau national dans des structures appréciées), est très rassurante. C’est vrai, une hirondelle ne fait pas le printemps, mais il est annonciateur d’un message à décrypter. Il ne faut pas que cela constitue les rares arbres qui cachent la forêt. Non, il faut une massification des savoirs, des connaissances et des compétences, pour apporter de la valeur. Le nouvel ordre d’intervention sera dès lors le management par la valeur.
Des réformes, une réadaptation du cadre de la décentralisation
Le référentiel n’a pas ignoré les réformes. Autant les pratiques vont évoluer, autant elles se feront accompagnées de réformes. Celles-ci concernent, à la fois, la gouvernance territoriale, l’aménagement du territoire et les finances territoriales. Tout un vaste chantier, heureusement largement à la portée du ministère de l’Urbanisme, des collectivités territoriales et de l’Aménagement des Territoires. Sa technostructure est suffisamment organisée pour apporter des vraies réponses inclusives et durables aux défis persistants. C’est ce que reflète, la démarche méthodologique qui est certes prudente, mais qui sera progressivement évolutive et invariablement robuste, en fonction des thématiques, des contextes et des finalités.
L’idée d’avoir une porte d’entrée qui superpose les « thématiques » avec le croisement « des expériences » à l’avantage de mieux identifier « les pratiques clandestines », qui ont parasité, de manière exogène, l’action de la réforme de l’Acte 3 de la décentralisation. Dès lors, une catharsis nationale devra être provoquée pour mobiliser les Sénégalais autour du ministère en charge des collectivités territoriales, afin de gagner le défi territorial, un des plus stratégique. Les réformes portant sur le cadre de la décentralisation ainsi que les déclinaisons territoriales devront faciliter aux départements ministériels, un alignement et une prise en compte des options stratégiques en termes d’investissements autour des pôles-territoires. Mais il est à surveiller la cohérence des propositions en fonction des spécificités des pôles-territoires.
Des préconisations opérationnelles
La porte d’entrée « territoire » dans l’ANT et la SND est certes correcte, donc au bon endroit, mais il faut se doter de soupape de sécurité, pour avoir un « effet centrifuge » renforcé sur les pôles-territoires. Cela voudrait dire que l’Etat devra :
valoriser la centralité du ministère en charge des Collectivités territoriales, par une mobilisation des différents départements sectoriels en une contribution en données et informations techniques, pour qu’il trace, de manière collaborative, les sillons de la territorialisation des politiques publiques, en vue d’un positionnement du statut, du dispositif de gouvernance y compris les profils requis, des outils de gestion et de déploiement des pôles-territoires ;
aligner la planification des investissements des départements sectoriels en fonction de la cohérence des prévisions d’investissements des pôles-territoires et non le contraire ; ou à tout le moins donner la parole aux territoires pour qu’ils s’expriment durant la déclinaison sectorielle de l’ANT ;
renforcer les dispositifs déconcentrés par un reprofilage du personnel pour une proximité de l’ingénierie requise et la fonctionnalité des pôles-territoires ; cela inclut une approche stratégique pour une gestion prévisionnelle des effectifs et des carrières, avec l’introduction de bonus, pour les pôles territoires frontaliers ;
instruire au niveau des différents départements ministériels, en relation avec le ministère en charge des collectivités territoriales, l’impératif de travailler sur une approche de conduite de changement incluant une fine démarche de stratégie de communication ;
miser sur l’élaboration des schémas économiques des pôle-territoires en vue d’une définition de la stratégie de gestion des filières porteuses et des options de contractualisation avec le secteur privé, pour une pleine exploitation de toutes les potentialités existantes ;
promouvoir la labélisation des pôle-territoires, dans l’ancrage d’une marque territoriale spécifique et dédiée, ceci grâce à une stratégie marketing offensive ;
actionner la réflexion sur le financement endogène des pôle-territoires responsabilisés, pour créer leur autonomie et leur compétitivité voire performance en vue d’une souveraineté économique ;
innover en lançant une étude sur l’établissement du produit intérieur territorial (autour du pôle-territoire), pour mieux agréger vers le produit intérieur brut au niveau national ; Cela aura l’avantage de connaître la contribution, dans des domaines précis de chaque pôle-territoire, à la souveraineté économique du Sénégal.
Au total et au vu de ce qui précède, nous pouvons bien confirmer que l’approche territoriale, en guise de rupture, semble être, pour une fois, au bon endroit. Tout le reste n’est qu’un défi de mise en œuvre. Nous devons tous nous y engager. Territorialement Vôtre….
Par A. K. DIARRA
PASTEF, LE CHOIX RAISONNABLE
La victoire de Pastef aux législatives de ce 17 novembre est belle. Elle est vraiment belle et rassurante pour la vitrine démocratique sénégalaise. Et en même temps, elle clôture la séquence senghorienne de près de 64 ans.
La victoire de Pastef aux législatives de ce 17 novembre est belle. Elle est vraiment belle et rassurante pour la vitrine démocratique sénégalaise. Et en même temps, elle clôture la séquence senghorienne de près de 64 ans. Des indépendances à nos jours. Diomaye et Sonko ont envoyé à la retraite des hommes politiques cette séquence première de notre indépendance.
En attendant que les constitutionnalistes s’épanchent sur l’avènement d’une nouvelle République, arrêtons-nous pour tirer les leçons de ce 17 novembre 2024. Seulement osons le dire, il est arrivé à un certain moment de la campagne électorale que la violence et les invectives fassent redouter le pire. Avant, pendant et après le scrutin. Et ce qui était dramatique, les empoignades ne se faisaient pas autour des problèmes des Sénégalais, des programmes et des visions des têtes de files des coalitions.
Le discours était nauséabond et souvent des attaques en-dessous de la ceinture. Ce, avec un lot de violences qui faisaient peur. Ils étaient tout simplement devenus fous, brutes et lamentables. Sur cette approche, celui qui méritait un coup de sabot était véritablement le leader de la coalition Samm Sa Kadd, Barthélémy Dias. L’homme a raté complètement sa campagne en surfant sur une approche de délations, de dénigrement en direction du leader de Pastef Ousmane Sonko. Pourtant, Barth avait une coalition de rêve supervisée voire une équipe de prestige ayant à sa tête un mentor respectable en la personne de Khalifa Sall.
Et également des hommes et des femmes politiquement ambitieux à l’image de Bougane Guèye Dany, Cheikh Tidiane Youm du Pur, Anta Babacar Ngom et Pape Djibril Fall. Cette coalition avait des atouts pour prendre date avec les Sénégalais et l’histoire. Seulement en laissant Barth être l’Alpha et l’Oméga de ladite coalition, l’approche ne fut pas payante puisqu’à l’arrivée, la sanction du peuple est sans équivoque. Samm Sa Kaddu et surtout les deux coalitions de Takku WALLU du président Macky Sall et Jamm ak Njarin du Premier ministre Amadou Ba ont été sanctionnées par les électeurs du fait qu’elles sont essentiellement issues du pouvoir à la gestion non sobre et non vertueuse.
Toutes les autres coalitions n’ont même pas vu venir les violents vents de l’Ouragan Pastef. Et pendant ce temps ou mauvais temps, Ousmane Sonko s’est évertué à démontrer ce pourquoi les Sénégalais doivent leur donner la majorité absolue ou écrasante pour gouverner pendant cinq (05) ans un pays dans la stabilité démocratique. Le discours du leader de Pastef a été poignant, mais surtout efficace puisqu’il s’est focalisé, durant toute la campagne, à mettre à nu la prévarication des ressources et la dilapidation des deniers publics par l’ancien régime du président Macky Sall.
A chaque jour de campagne et à chaque étape de son convoi, des révélations sur l’ampleur du carnage financier perpétré par Macky et ses acolytes font déchirer les membranes des haut-parleurs mobiles de Pastef. A vrai dire, si demain la quasi-totalité de ces hommes et femmes de Macky Sall sont jetés en prison, personne ne crierait au scandale ! Ou à la chasse aux sorcières dès lors que l’opinion électorale était déjà bien édifiée. C’est de la mauvaise foi que d’y penser. Endossant en bandoulière le projet de « Vision 2050 », le président de Pastef n’a pas manqué, à chaque étape et localité visitée au cours de la campagne, de dévoiler sa vision du développement de la localité ou zone d’accueil. Une manière de rassurer les citoyens de la volonté de l’Etat de prendre en compte leurs préoccupations. Seulement une telle possibilité ne pouvait se faire que dans un environnement où Pastef avait la totalité des pouvoirs de décisions communales. D’ailleurs le président Ousmane Sonko n’a jamais cessé de le rappeler, la seule voie de triomphe de la rupture systémique prônée au soir de la victoire du 24 mars dernier de Bassirou Diomaye Faye est de se doter d’une majorité confortable à l’Assemblée nationale pour pouvoir mettre en place les réformes indispensables. Or à ce niveau, l’Assemblée nationale est incontournable. Un message qui a connu un écho favorable au soir du dimanche 17 novembre où les Sénégalais ont massivement voté Pastef. Et de fait, en donnant au projet Pastef la majorité requise. Un choix raisonnable parce que le contraire aurait étonné. Le peuple sénégalais est un peuple formidable et surtout cohérent globalement. Ousmane Sonko a eu alors droit, ce dimanche 17 novembre, à ce que les Sénégalais avaient offert autant à Me Wade lors des législatives de 2001 et à Macky Sall en 2012.
Pour la petite histoire, dans la foulée de la victoire d’Abdoulaye Wade à l’élection présidentielle de 2000, la coalition « Sopi » formée par son parti, le Parti démocratique sénégalais, l’avait emporté avec une large majorité. On parlait de « vague bleue », en référence à la couleur fétiche du Pape du Sopi. La coalition Sopi, soutenue par la Ligue démocratique, avait obtenu 89 députés pour une Assemblée nationale composée d’alors de 120 députés. Macky Sall avait bénéficié du même choix raisonnable du peuple sénégalais lors des législatives de 2012.
L’ancien président de la République avait aussi obtenu une majorité écrasante avec la coalition naissante de Benno Bokk Yakaar de 119 sur 150 députés. Macky Sall n’avait pratiquement laissé que des miettes à l’opposition (21 députés) incarnée par son prédécesseur Me Abdoulaye Wade qui contesta en vain ces résultats. La roue de l’histoire a tourné inexorablement alors ! Elle ne s’est jamais arrêtée. Mais d’une nouvelle espérance portée par des Sénégalais sur un homme, Ousmane Sonko, qui, finalement, qu’on le veuille ou non, est « un don de Dieu » pour un peuple désabusé par un système qui prend ses racines de nos indépendances senghoriennes à Macky Sall en passant par des étapes de Diouf et Me Wade.
En réalité, les victoires de mars et de novembre 2024, consacrent la mort de ce système politique traversant notre pays de nos indépendances à nos jours et qui n’a favorisé qu’un système des compradores accaparant depuis 64 ans les ressources de ce pays à leur seul profit et au profit de leurs descendances, sont dessouffles nouveaux de grande espérance. Parce que finalement, 64 ans de gouvernance des anciens régimes n’ont abouti depuis qu’à la stagnation du Sénégal dans les bas-fonds du développement et de la pauvreté.
Depuis 64 ans, ce système des compradores s’est surtout appuyé sur la transhumance faisant que d’un régime à un autre, on retrouve les mêmes élites dirigeantes qui parviennent encore à faire main basse sur les ressources du pays.
Le Projet Pastef a, dès son avènement, permis de mettre fin définitivement à ce système de grande prévarication. La rupture systémique prônée par Ousmane Sonko a vite trouvé un écho au sein de la population majoritairement jeune qui a définitivement perdu espoir à l’endroit de l’ancien système jusqu’à oser affronter le péril dangereux et mortel de l’émigration irrégulière. Ces jeunes ont perdu tout rêve d’un avenir meilleur au Sénégal.
Cette jeune génération et les Pastéfiens et leurs sympathisants, qui ont porté au pouvoir le duo Diomaye Faye/Ousmane Sonko pour une nouvelle espérance, permettent désormais à la nouvelle équipe de s’asseoir sur de très solides bases politiques et institutionnelles.
Désormais ayant toutes les cartes en mains, le duo n’a plus l’excuse d’avoir des mains liées. Il est attendu rapidement par une montée en puissance pour la prise en charge réelle des préoccupations des Sénégalais. Certes la gestion du pouvoir n’est pas facile surtout dans un contexte où il faut tout rebâtir sur un désastre financier, mais le peuple ne s’intéresse guère à ce qui est possible ou ce qui n’est pas possible. La seule préoccupation, c’est que les dirigeants puissent arriver à satisfaire ce quoi ils les ont été plébiscités en leur donnant la totalité du pouvoir. Alors la balle est désormais dans le camp du duo.
A. K. DIARRA
LES VÉRITÉS D'ALMAMY WANE
Le mérite de Pastef, c’est d’avoir réussi à convaincre les Sénégalais sur la possibilité d'un autre Sénégal. Le fait d’avoir réduit l’ancien, « Tout-Puissant » Macky Sall à une tête de liste en campagne sur son téléphone relève de l’exploit - ENTRETIEN
Alors que Donald Trump vient de retourner à la Maison Blanche et que les BRICSs’affirment de plus en plus comme une force alternative du sud global face à l’hégémonie occidentale, le Sénégal vote ce week-end pour les élections législatives déclenchées par le président de la République BassirouDiomaye Faye. Occasion de questionner un écrivain qui s’exprime peu. Il a arpenté les méandres de la Françafrique en compagnie de l’ancien Président de Survie François Xavier Verschave, plongé sa plumedans les convulsions politiques du Sénégal, Almamy Mamadou Wane s’est retiré un peu du monde médiatique après la parution de sa dernière poésie sociale : le secret des nuages paru en 2018. Roundup à tire d’aile d’une actualité dans un monde où comme l’effet papillon, tout est lié.
Kirinapost :Vous vous faites discret depuis un certain temps. Parfois les poètes gardent le silence ?
Almamy Mamadou Wane : J’ai observé avec joie, l’évolution de notre pays où l’humain, revient de plus en plus au centre du jeu politique malgré les soubresauts et les complots de toutes sortes. La poésie, est une « arme » contre les certitudes établies et elle permet de ramener le goût pour l’Homme c’est-à-dire un peu de lucidité dans un monde de la terreur. Nous avons connu la terreur au Sénégal sous Macky Sall.
Les cris de la jeunesse ont enfin été entendus. Une jeunesse, dont le courage et la détermination, ont permis le triomphe sur l’imposture et la servilité du dernier françafricain. Ce n’était pas un exploit intellectuel, mais un combat historique, avec ses martyrs, porté par une jeunesse décidée à changer son destin bridé, depuis les indépendances.
Kirinapost : Comment voyez-vous l’arrivée de Pastef au pouvoir justement ?
Almamy Mamadou Wane: C’est une chance pour le pays tant les hommes politiques qui se sont succédés au sommet de l’État, ont montré leurs limites dans la gestion des affaires du pays. En réalité, depuis l’alternance en 2000, des politiciens professionnels se sont illustrés par leur capacité à organiser la captation des ressources de l’État. On entre en politique pour s’enrichir et de façon plus pernicieuse pour rationaliser la pauvreté, sans oublier au passage d’enrichir toutes sortes d’investisseurs étrangers au mépris de nos lois et règlements, en toute impunité. Le duo Sonko-Diomaye, porte cette aspiration populaire pour plus de justice et surtout pour une autre façon de faire de la politique. Le mérite de Pastef et de ses dirigeants, c’est d’avoir réussi à convaincre les Sénégalais sur la possibilité de construire un autre Sénégal souverain et prospère où la bonne gestion des affaires publiques, ne serait pas une sorte de mirage électoraliste.
Kirinapost : Le parcours d’Ousmane Sonko mérite bien une cuisine non ?
Almamy Mamadou Wane : C’est un parcours hors-norme qui mérite une analyse profonde, car son ascension politique, coïncide avec l’éveil du peuple sénégalais et les fulgurantes mutations d’un monde devenu dangereux, à tout point de vue. De par sa posture politique, il rompt avec l’entre soi politique sénégalais, avec ses usages et ses fausses ambitions pour un Sénégal pour tous. On perçoit chez lui, un amour pour le pays et pour le peuple sénégalais.
Le fait d’avoir réduit l’ancien, « Tout-Puissant », président Macky Sall à une tête de liste qui fait campagne sur son téléphone, relève de l’exploit. La reddition des comptes a fait son effet. Sa stratégie pour permettre la victoire de Bassirou Diomaye Faye à l’élection présidentielle dont il était exclu, est un fait politique inédit. Le Premier ministre Ousmane Sonko, est aussi l’un des rares hommes politiques sénégalais à dénoncer ouvertement les relations asymétriques qui nous lient à l’Europe. Ce pan important, de notre longue errance économique et politique, était laissé jusqu’ici à des spécialistes et à quelques rares journalistes.
Kirinapost : Nous allons vers une recomposition politique. Comment la voyez-vous ?
Almamy Mamadou Wane : C’est une recomposition inexorable à ce stade. Elle tétanise les partisans de l’ancien régime et ses alliés. La violence qui en découle, constitue l’argument de certains politiciens professionnels qui occupent l’espace politique depuis longtemps sans changer le quotidien des Sénégalais. Les partis dans leur version classique, sont devenus au fil du temps les réservoirs d’un immobilisme qui se réfugie souvent dans la péroraison politicienne et qui accorde peu d’intérêt à l’électeur. Les élections législatives du 17 novembre, consacreront la fin de la recomposition politique qui a commencé en 2019. Deux camps distincts s’affrontent désormais, celui de la rupture systémique prônée par le duo Faye-Sonko et celui de l’immobilisme concussionnaire le plus rétrograde. L’avenir de la relation Sonko-Diomaye est intrinsèquement lié à la gestion bonne ou mauvaise des « victimes » de la recomposition politique. À mon sens, l’unité nationale dépendra aussi de la viabilité de la relation Sonko-Diomaye, car nous sommes dans une période difficile pour le pays. Les défaits de la recomposition politique ne manqueront pas de jouer la carte du « double guichet ». La rupture avec l’ancien système de prédation doit être totale. Il faut espérer, que la révolution citoyenne du 24 mars, avec l’élection du President Faye, soit complétée au soir du 17 novembre par une large victoire du camp des Patriotes.
Kirinapost :Avec feu François Xavier Verschave, vous avez écrit il y a près de 30 ans sur la gouvernance, la souveraineté et la Françafrique. Qu’est-ce qui fait que tout ça n’est audible que maintenant ?
AlmamyMamadouWane: Je pense qu’il fallait un temps de maturation, aussi, il n’y avait pas assez d’hommes politiques et d’intellectuels pour porter le combat. Certains ont considéré qu’il y avait plus de coups à prendre que de promotions.
Il est vrai que nous avions débattu longtemps de ces choses-là devant les tribunaux, car cela perturbait le « confort » de certains hommes politiques en France et en Afrique. C’était un discours révolutionnaire longtemps criminalisé. Nous avions semé des graines et le résultat est pour le moins intéressant et ce n’est qu’un début…
Kirinapost : L’avenir du Sénégal est dans la CEDEAO ou dans l’AES ?
Almamy Mamadou Wane : C’est une question à laquelle il est difficile de répondre. L’avenir du Sénégal est dans une Afrique unie et solidaire. Une Afrique qui regarde le monde avec lucidité, sans angélisme, sans complexe aucun et en toute connaissance de cause. Le Sénégal ne peut échapper à ses obligations historiques et géographiques. Il ne peut survivre artificiellement en feignant d’ignorer, les mutations en cours dans son environnement immédiat. Aujourd’hui, les relations internationales, se fondent sur des rapports de force de plus en plus aiguisés, avec une lourde tendance pour la guerre qui est redevenue, l’argument le plus usité. La diplomatie, semble figée au moment où les institutions internationales semblent disqualifiées. C’est un moment inquiétant et détonnant. Il faut souhaiter la réhabilitation du courage en politique au détriment du pessimisme largement partagé et entretenu par la terreur.
Kirinapost :Assiste-t-on à la fin de la francafrique ?
Almamy Mamadou Wane : Au fil du temps, elle a accumulé les défaites et cela va continuer.
Tout ce qui sera mis en oeuvre pour conduire les pays africains vers la bonne gouvernance, qui implique une gestion rationnelle des ressources naturelles et l’État de droit, contribuera de facto à l’empêcher de nuire. La françafrique, émanation du néocolonialisme, préfère toujours avoir à faire à une « élite » servile, souvent médiocre et non patriote qui montre sa capacité à organiser la mise en coupe réglée du continent. Le destin de la françafrique est, paradoxalement, entre les mains des Africains. Il appartient aux Africains, d’y mettre un terme. Ma conviction est que nous allons dans le bon sens et qu’il n’y aura pas plus de mise à jour du système d’exploitation …
Kirinpost : La victoire et le retour de Trump au pouvoir ? Cela vous inspire quoi ?
Almamy Mamadou Wane : Étrange monde dans lequel nous vivons. L’homme « décrié » a fini par l’emporter contre toute attente. À vrai dire, ce sont les citoyens américains qui ont choisi de le porter à la maison blanche par rapport à un programme bien déterminé. Il aura beaucoup de mal à recoller les morceaux dans un pays divisé et peut-être que cette mission difficile l’empêchera de faire la guerre ici ou là. Plus sérieusement, les fractures au sein de la société américaine, sont préoccupantes et les charmes d’un souverainisme étriqué, pourront, à moyen terme, avoir des conséquences économiques désastreuses dans le monde.
Kirinapost : Quid des BRICS qui s’affirment de plus en plus ?
Almamy Mamadou Wane : L’arrivée des BRICS, avec ses conséquences géopolitiques et géostratégiques, marque la fin d’un monde unipolaire. Cette période que nous vivons est aussi importante et décisive que celle qui a précédée la chute du mur de Berlin. C’est un moment aussi qui correspond à une volonté partagée d’émancipation sur le continent africain. Malgré tout cela, l’avenir semble incertain alors que nous vivons les conséquences désastreuses du passé.
Kirinapost : Nous sommes en pleine biennale. La culture est essentielle pour le renouveau africain
Almamy Mamadou Wane : La culture doit revenir au centre de nos politiques publiques. Le Sénégal a la particularité et la chance d’être à un niveau international qui ne correspond pas à sa capacité de production et d’échange. C’est par la culture, cette autre richesse naturelle, que l’Afrique pourra retrouver son chemin afin de contribuer à ré-humaniser le monde. C’est à sa portée car malgré les multiples agressions anciennes et contemporaines, l’Afrique a su faire preuve de résilience et de courage en arborant une arrogante jeunesse…
Par Kaccoor Bi - Le Temoin
LA POLITIQUE AUTREMENT
C’est à croire qu’il s’agissait d’un concours de superlatifs. A la différence des titres dithyrambiques de la presse écrite du lundi, des confrères étaient méconnaissables le jour du scrutin à la proclamation des résultats.
C’est à croire qu’il s’agissait d’un concours de superlatifs. A la différence des titres dithyrambiques de la presse écrite du lundi, des confrères étaient méconnaissables le jour du scrutin à la proclamation des résultats.
Ce n’était plus des journalistes sur un plateau, mais des « opposants » que le verdict des urnes avait subitement rendu affligeants. Peu glorieux pour la corporation ! Sur leur plateau où ils refaisaient les élections selon leurs propres grilles de lecture surannées, on sentait une rancune tenace envers une personne. Le même ressentiment qui consume le cœur de néo-opposants, vite rappelés à la réalité pour montrer leur insignifiance politique.
A ces néo-opposants, pendant que leur principal adversaire parlait des réalités du pays, eux, ils étaient là ergotés sur celui qu’ils ne veulent même pas voir en peinture avec souvent des attaques en dessous de la ceinture. Une haine qui pourrait bientôt les achever. Le même procédé depuis qu’Oscar Sierra a étrenné son costume de Premier ministre.
Cent jours après la passation du pouvoir entre l’ex- Chef et l’actuel, les arguments politiques ne se résumaient plus à une confrontation programmatique ou idéologique, mais à celui qui ferait le plus mal. La scène politique de ce charmant pays nous parait ainsi bien sordide avec des hommes qui s’engoncent dans une puérile et décevante irrévérence.
Galsen est loin de cette image qui lui conférait une terre de liberté où il fait bon vivre et où la démocratie est arrosée, irriguée par des idées et non par la force et la violence des arguments. Ce qui apparait comme un recul. L’image dégradante que certains médias présentent est à gommer. On offre une tribune à des personnes dont le seul raisonnement est de proférer des idioties. L’insulte à la bouche, ils mentent et dénigrent en se prévalant d’une liberté de presse.
Des réputations sont ainsi ternies par d’autoproclamés chroniqueurs qui pullulent dans nos médias locaux et qui sont pour la plupart d’une grande vacuité intellectuelle. Les vrais intellectuels qui auraient dû montrer le bon exemple, ne font pas mieux. Dans leurs écrits comme dans leurs paroles suintent une violence verbale et une diabolisations à outrance qui ne font pas honneur à leur statut. Des images peu reluisantes à effacer. Rapidement ! Nos enfants nous regardent.
UN ENJEU CRUCIAL POUR LA PAIX DU MONDE
La paisible cité de Cadenabbia, aux pieds des collines et lacs verdoyants, dans le Nord de Milan, en Italie, abrite depuis hier, lundi 18 novembre 2024, la conférence internationale des experts sur la Résolution de la crise dans les pays du Sahel.
La paisible cité de Cadenabbia, aux pieds des collines et lacs verdoyants, dans le Nord de Milan, en Italie, abrite depuis hier, lundi 18 novembre 2024, la conférence internationale des experts sur la Résolution de la crise dans les pays du Sahel. C’est une initiative du Bureau de Berlin, en Allemagne, de la fondation Konrad Adenauer, dans la perspective de créer un carrefour d’échanges des experts sur les axes majeurs de sortie de crise. Les enjeux et défis sont immenses et l’urgence d’une synergie des interventions est requise pour bâtir durablement la paix et la stabilité dans cette région située entre l’Afrique au Sud, le Sahara et le Maghreb.
Cette conférence, ouverte hier lundi et ce pour trois jours, à Cadenabbia dans le Nord de Milan, en Italie, regroupe les experts de différents rangs sur la recherche de solution à la crise qui secoue avec fracas les pays du Sahel. L’initiative porte les empreintes du Bureau de Berlin de la fondation Konrad Adenauer et vise à créer un carrefour d’échange sur les problématiques majeures qui affectent cette région du Nord de l’Afrique. Il s’agit entre autres de l’insécurité quasi permanente sur fond d’attaques djihadistes, des questions de gouvernance, de l’impact des changements climatiques, de l’aide humanitaire aux populations de plus en plus vulnérables, de la politique migratoire et de la paix dans un contexte géopolitique mondiale en constante mutation.
Et malgré les efforts des Nations Unies (ONU), de l’Union européenne (UE), de la Communauté des Etant de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et d’autres instances notamment le G5 Sahel (Burkina Faso, Mauritanie, Niger, Mali et le Tchad, à l’origine), la situation reste préoccupante sur le terrain. L’approche de cette conférence est de porter le regard sur les besoins fonctionnels des populations de cette communauté des Etats du Sahel, en termes d’investissements structurants, de bonne gouvernance politique, sociale et économique, de la valorisation du potentiel local pour freiner la migration irrégulière et de stabilité sous régionale.
Au cours des échanges, il est plusieurs fois apparu l’influence des puissances étrangères sur fond de repositionnement notamment la Russie et la Chine, face au coup de froid qui caractérise les relations France/Afrique.
Les conclusions de cette conférence aideront sans doute les décideurs à mutualiser leurs efforts dans le sillage de la reconstruction de ces Etats du Sahel, aussi bien leurs institutions de gouvernance que les infrastructures. Ce qui, assurément, accompagnera ces communautés à retrouver l’espoir, celui d’une vie meilleure sur une terre qui les a vus naître mais, aujourd’hui, sous le contrôle des groupes armés, dans des Etats fragilisés par des coups de force (avec des régimes militaires) et sans perspective immédiate de retour à l’ordre constitutionnel.