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Les belles feuilles de notre littérature par Amadou Elimane Kane

MURAMBI, LE LIVRE DES OSSEMENTS OU LE RÉCIT HISTORIQUE D’UN MASSACRE

EXCLUSIF SENEPLUS - Boubacar Boris Diop nous convie à échafauder notre récit africain, sans atermoiement, arriver à reconsidérer notre civilisation dans ses fondements historiques, culturels et sociaux, en n’écartant aucune vérité

Amadou Elimane Kane  |   Publication 16/02/2025

Notre patrimoine littéraire est un espace dense de créativité et de beauté. La littérature est un art qui trouve sa place dans une époque, un contexte historique, un espace culturel, tout en révélant des vérités cachées de la réalité. La littérature est une alchimie entre esthétique et idées. C’est par la littérature que nous construisons notre récit qui s’inscrit dans la mémoire. Ainsi, la littérature africaine existe par sa singularité, son histoire et sa narration particulière. Les belles feuilles de notre littérature ont pour vocation de nous donner rendez-vous avec les créateurs du verbe et de leurs œuvres qui entrent en fusion avec nos talents et nos intelligences.

La littérature, au-delà de son caractère esthétique, est aussi la manifestation qui offre une ressource ultime pour dire et révéler à la lumière l’histoire, aussi tragique soit-elle. Comme il est des livres dont il est difficile d’en écrire la chronique tant la révolte qui nous tenaille est si forte que le risque est de laisser échapper l’essentiel. Murumbi, le livre des ossements de Boubacar Boris Diop est de ceux-là. Une oeuvre littéraire unique dans le paysage littéraire contemporain et dont la genèse s’inscrit tel un dyptique millénaire. Car tout en étant une production majeure de l’histoire africaine contemporaine, il est aussi la démonstration d’une construction narrative qui cherche à témoigner, tout en s’appuyant sur la création littéraire.

Publié en 2000 aux éditions Stock, cet ouvrage est le récit réel de la longue descente aux enfers, celle des cent jours du génocide des Tutsi au Rwanda. Six ans donc après cet évènement, dont la souffrance demeure insupportable, Boubacar Boris Diop revient sur les traces de la tragédie macabre, que l’on a voulu ensevelir dans l’indifférence la plus totale et le mépris le plus barbare. Dans sa postface, Boubacar Boris Diop évoque que certains d’entre nous ont même voulu minimiser l’ampleur du massacre, repoussant l’horreur inqualifiable dans les limbes de la catastrophe humaine.

Quand on lit le récit, on est impressionné par les secrets implacables et insoutenables que Boubacar Boris Diop nous révèle. Car il le fait simplement, sans pathos ni maniérisme romanesque, à travers les témoignages qu’il a recueillis, en se rendant au Rwanda en 1998, dans le cadre d’une résidence d’écriture. Il donne chair à des personnages, non pas fictionnels, mais à des êtres que l’on a voulu effacer de l’Humanité et dont on a voulu taire la parole. Avouant lui-même son ignorance au moment des faits, il puise dans le regard de ceux qu’il rencontre pour bâtir son récit, une histoire qui changera plusieurs fois de formes, tant le sujet est traumatisant qu’il en devient obsédant. Ainsi, son regard d’écrivain, de journaliste, d’homme en est profondément modifié. Comment ne pas l’être ? Personne n’est préparé à un tel cataclysme inhumain. Pourtant, Boubacar Boris Diop fait jaillir la lumière, en contraste avec les ténèbres du génocide, il donne à entendre l’éclat de la vérité. La parole bâillonnée est ainsi libérée de la hantise de la mort putréfiée et donne à revivre  l'incarnation des visages d’un peuple martyrisé.

Écrire une chronique sur un tel récit est aussi en quelque sorte une épreuve car au-delà des qualités littéraires et humaines du livre, l’esprit est au bord de la nausée, pris par le dégoût à la lecture des pages ensanglantées et par l’ampleur de ses émotions. Car l’individu dénué de haine ne peut comprendre, ne peut accepter une telle ignominie sanguinaire. Seule la littérature pouvait rendre justice aux femmes et aux hommes, dont les yeux portent des images insurmontables, avec comme seule boussole la vérité dans toutes ses dimensions sanguinaires.

Car oui, Boubacar Boris Diop a su rendre voix, à travers une sorte de fiction épurée très documentée des évènements rwandais, à la réalité du génocide, tout en bâtissant une espèce d’arcane littéraire cohérente, juste, respectueuse de ces êtres massacrés pour rien, dans une rage inimaginable par des bourreaux, certes aveuglés par le sang mais responsables de leurs actes. Armés jusqu’aux dents par une épouvante sidérale et par des complices abjectes, les hommes d’État africains et le gouvernement français, les hommes du Hutu Power s’apparentent aux exterminateurs ultimes de la fin du XXe siècle.

Ce qui est sans doute le plus édifiant dans ce récit est le mensonge orchestré par les nations complices, dans les plus hautes sphères du pouvoir, pour déjouer la vérité du génocide des Tutsi au Rwanda, comme si cela n’avait au fond guère d’importance. Cette usurpation de l’histoire est malheureusement à rapprocher de l’étendue massacrante du récit africain, falsifié depuis des siècles par les forces de l’empire colonial qui cherche à imposer son idéologie impitoyable, jusque dans l’effacement de la réalité de l’hécatombe du Rwanda.

Pour les États coloniaux et néo-coloniaux, l’histoire du continent africain est reléguée, sous-estimée, écrasée sous l’emprise des intérêts extérieurs et du capital financier. L’extermination de milliers d’individus ne représente rien dans ce marché du carnage, dans l'obsession du pouvoir qui conduit les génocidaires.

Pour certains encore, le génocide des Tutsi au Rwanda est un détail de l’histoire ou que l’on explique froidement par une violence ancestrale qui existerait entre les Hutu et les Tutsi. Les négationnistes agissent depuis des siècles sur la véritable histoire de l’Afrique. Alors un mensonge de plus en efface bien un autre.

C’est pourquoi le livre de Boubacar Boris Diop fait œuvre de manière considérable, car il délivre cette injonction capitale, celle d’écrire notre propre histoire. Il s’agit maintenant de refuser tout ce qui nous caricature, tout ce qui nous submerge pour nous noyer dans les profondeurs d’une histoire qui ne nous appartient pas. Écrire pour que la vérité soit faite, pour que celle-ci ne soit plus spoliée par des marchands de génocides. Si nous ne le faisons pas, nous serons toujours méprisés, écrasés et massacrés dans une indifférence monstrueuse.

Ce que nous inspire Murambi, le livre des ossements est qu’il faut réussir à échafauder notre récit africain, sans atermoiement, arriver à reconsidérer notre civilisation dans ses fondements historiques, culturels et sociaux, en n’écartant aucune vérité, mais en nous installant sur une échelle historique authentique pour donner au monde une vision de notre existence, de nos souffrances et de nos forces qui sont immenses. Ce socle qui nous revient doit être aujourd’hui notre bandoulière pour ne plus avoir à subir les tueries dévastatrices.

Cette prise de conscience est fondatrice de notre renaissance et du devenir africain. La décolonisation mentale doit nous guider dans nos actes et dans la construction de notre histoire pour faire que nous puissions reconquérir l’estime de nous-mêmes et l’assurance de notre culture et de nos valeurs profondément humaines qui caractérisent l’imaginaire africain.

Amadou Elimane Kane est écrivain, poète.

Murambi, le livre des ossements, Boubacar Boris Diop, roman, éditions Stock, Paris, 2000, réédition en 2011 aux éditions Zulma.

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