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28 juin 2025
FATOU N'DIAYE, L'ÉCLAIREUSE DE LA BEAUTÉ NOIRE
Originaire du Mali et du Nigeria, la Parisienne de 43 ans est l’une des premières blogueuses à avoir sublimé la beauté des femmes noires de France dès 2007
Le Monde Afrique |
Mustapha Kessous |
Publication 31/12/2020
Son histoire rappelle la chanson de Nina Simone, To be young, gifted and black (« Etre jeune, doué et noir »). Un des hymnes qui a célébré le mouvement de la fierté noire aux Etats-Unis dans les années 1970. D’ailleurs c’est cette fierté-là qui résonne dans les phrases de Fatou N’Diaye.
La Parisienne de 43 ans, fille d’un père malien et d’une mère nigériane, est l’une des premières blogueuses qui a écrit sur la beauté des femmes noires en France, il y a près d’une quinzaine d’années. Aujourd’hui encore, son site « Black beauty bag » enregistre, selon elle, 200 000 pages vues chaque mois. Et avec plus de 150 000 abonnés sur Instagram, et 130 000 sur Facebook, cette « créatrice de contenus », comme elle préfère se définir, a su se faire un nom, respecté par la jeune génération d’influenceurs comme par l’ancienne. D’ailleurs, ses fans n’ont de cesse de la remercier pour avoir mis en avant la « beauté noire » et la liberté de s’affirmer telle quelle.
Mais il lui en a fallu de l’obstination pour parler de cette thématique hautement inflammable et résister aux critiques qui l’estampillaient de « militante », de « black panther », de « communautaire », ou encore d’« Angela Devis de la beauté ». Quand elle a commencé à écrire son journal intime sur Skyblog, le 7 juillet 2007, Fatou N’Diaye ne s’étaitpas rendu compte à quel point la « beauté noire » était dépréciée. A cette époque, ce n’était même pas un sujet : ces deux mots se conjuguaient à peine, raconte-t-elle aujourd’hui, fichu sur la tête, installée sur son canapé pour notre entretien vidéo. Etait-ce alors si étonnant d’entendre des « compliments » du genre « tu es belle pour une Noire » ? « Quand j’ai créé mon blog, c’était pour dire “Je suis noire, je m’aime, et j’ai envie de parler de la réalité d’être une femme noire dans une société qui n’est pas faite pour elle”, explique-t-elle.Ça va au-delà d’une histoire de rouge à lèvres. »
« Je n’apparaissais nulle part »
Elle le dit sans hésiter : elle aurait bien voulu avoir 20 ans aujourd’hui, se balader dans les couloirs d’un grand magasin de maquillage et trouver facilement toutes les nuances de fond de teint faites pour les peaux sombres, n’avoir que l’embarras du choix… Car comme elle le résume, « on est passé de rien du tout à beaucoup trop ».
Quand Fatou avait 20 ans et qu’elle avait besoin de conseil sur la façon de prendre soin de sa peau ou de ses cheveux, elle avait bien du mal à trouver des modèles. « Quand je regardais les magazines, je ne voyais personne me ressembler. J’avais l’impression que la femme noire n’existait pas dans l’espace public. On me disait que j’étais française mais je n’apparaissais nulle part », se souvient-elle. Et… « si les femmes noires n’étaient pas représentées, cela signifiait qu’on ne nous considérait pas comme des personnes qu’on avait envie de voir », assène-t-elle. D’où son envie de contribuer à les rendre visibles tout en rappelant « qu’être noire n’est pas une malédiction ». « Les gens avaient besoin d’entendre ça », se souvient-elle.
Car, au-delà de partager ses astuces et conseils beauté, le travail de Fatou a été de déconstruire tout un discours que « même les Noirs » avaient « intériorisé ». « Beaucoup ont la haine de soi », regrette-t-elle et, pour preuve, elle rappelle que le premier acte de beauté au sein de la diaspora africaine est de se défriser les cheveux. « Etre belle, c’est forcément avoir les cheveux lisses et non crépus parce qu’on les considère comme moche », déplore-t-elle.
HALLIBURTON POUR NEUTRALISER LE FEU EN COURS À NGADIAGA
Le groupe de services pétroliers américain a été sollicité par le Sénégal pour éteindre le puits de gaz naturel en feu depuis 12 jours dans l'ouest du pays, et va démarrer ses opérations samedi
Le groupe de services pétroliers américain Halliburton a été sollicité au Sénégal pour éteindre un puits de gaz naturel en feu depuis 12 jours dans l'ouest du pays, et va démarrer ses opérations samedi, a-t-on appris jeudi auprès des deux opérateurs.
Un incendie s'est déclaré le 19 décembre sur le site de Dieleuk Peul à la suite d'une éruption de gaz naturel lors d'une opération de forage dans la zone de Ngadiaga, une plate-forme onshore dans la région de Thiès (ouest). Le puits continuait jeudi de brûler et des appels ont depuis plusieurs jours émané d'autorités locales et de villageois pour circonscrire et éteindre le feu.
Les autorités sénégalaises affirment avoir sécurisé le site entouré de plusieurs villages."C'est la société américaine Halliburton qui a été retenue" pour neutraliser le feu, ont affirmé la société des Pétroles du Sénégal (Petrosen, publique) et la compagnie américaine Forteza, dans un communiqué conjoint publié jeudi. Les deux sociétés exploitent en joint-venture le champ gazifère de Ngadiaga, selon un responsable de Petrosen."Les principaux équipements nécessaires à ces opérations arriveront à Dakar le vendredi 1er janvier et les travaux d'extinction de l'incendie et de remise en état du site démarreront le samedi 2 janvier", selon le communiqué.
La durée des opérations n'a pas été indiquée.Le champ gazifère de Ngadiaga est formé de 11 puits. La production de 30 mille mètres cubes par jour est entièrement achetée par la Sococim, une cimenterie près de Dakar, où elle est acheminée sur 36 km par des pipelines, selon le responsable de Petrosen.Le gaz onshore de Ngadiaga, découvert en 1993, est différent de celui offshore découvert ces dernières années à la frontière Sénégal/Mauritanie que ces deux pays sont convenus d'exploiter prochainement en commun.
par Abdou Diaw
PIERRE NDIAYE, UN ÉDIFICE S'EST AFFAISSÉ
Le déluge de témoignages et d’hommages sur le défunt au lendemain de sa disparition montre la dimension exceptionnelle de ce statisticien-macroéconomiste pétri de bonnes valeurs
«La crise nous a rappelé l’importance d’assurer notre souveraineté alimentaire et sanitaire. Il est heureux de constater que durant la phase de résilience, le système de santé sénégalais s’est illustré par ses belles performances. Le Pap2A consacre une nouvelle séquence dans la gestion de la pandémie en passant d’une résilience réussie à une relance durable». Sic ! L’auteur de cet extrait, paru dans le Soleil du 9 novembre dernier, n’est personne d’autre que le défunt secrétaire général du ministère de l’Économie, du Plan et de la Coopération : Pierre Ndiaye. Ce message empreint d’enseignements, il l’avait prononcé le 5 novembre, dans un hôtel de la place. C’était à l’occasion d’un atelier du Bureau opérationnel de suivi (Bos) du Pse consacré à l’orientation stratégique du projet de relance de l’industrie pharmaceutique auquel votre serviteur avait assuré la couverture médiatique.
Votre pertinente intervention, ce jour-là, comme toujours d’ailleurs, avait fini par rassurer l’assistance, particulièrement les acteurs opérant sur la chaîne de valeur pharmaceutique. En un temps record, tu as rappelé les grandes lignes du plan de relance économique avec pédagogie et pertinence. En quittant la salle, j’ignorais que nous n’allions plus nous revoir. La force du destin en a décidé ainsi. Ta disparition brutale, mercredi dernier, a été tout simplement douloureuse. Le choc fut immense ; la tristesse et la consternation au comble. Mais nous ne pouvons que nous en remettre au Maître des Cieux et de la Terre.
Nous n’avons pas la prétention de retracer la vie de ce haut cadre de l’administration sénégalaise, car des compatriotes plus avertis et mieux placés seraient plus habilités à le faire. Le déluge de témoignages et d’hommages sur le défunt au lendemain de sa disparition montre la dimension exceptionnelle de ce statisticien-macroéconomiste pétri de bonnes valeurs. Les qualificatifs ne manquent pas pour décrire l’homme. Collaborateurs, amis et autres connaissances ont tous salué sa compétence, sa courtoisie, son engagement, sa discipline, son ouverture d’esprit, mais surtout sa disponibilité. Le discours est presque le même. Comme s’ils s’étaient tous passé les mots, dirait-on.
À travers ces lignes donc, nous souhaitons rendre hommage à un économiste doublé d’un statisticien et d’un pédagogue d’une rigueur et d’une concision qui forcent le respect. «Pierre était l’un des meilleurs statisticiens-macroéconomistes du pays», affirmait le chef de l’État, Macky Sall, dans un hommage rendu sur son compte twitter. Notre petite expérience de jeune reporter économique sur le terrain nous a permis de découvrir un pan des multiples facettes de compétences de Pierre Ndiaye sur les théâtres d’opérations.
Du quartier de Sacré-Cœur où étaient logés les services de la Direction de la prévision et des études économiques (Dpee) à la rue Carnot X Dr Thèze qui abrite actuellement la Direction générale de la planification et des politiques économiques (Dgppe), l’occasion nous a souvent été donnée de suivre les pertinentes interventions de Pierre Ndiaye. Son œuvre est immense ; sa contribution à la conception et à la mise en œuvre des politiques publiques, ces dernières années, est incalculable. Deux points attirent notre attention : le Plan Sénégal émergent (Pse) et le Plan de relance de l’économie nationale post-Covid-19. Sur le premier point, nous étions en 2014, lorsque l’État s’apprêtait à organiser le Groupe consultatif pour mobiliser des financements auprès des partenaires bilatéraux, multilatéraux et du secteur privé. À quelques jours de l’événement tenu les 24 et 25 février 2014, la Dgppe, dans une démarche inclusive et participative, s’était évertué à impliquer toutes les forces vives de la Nation (société civile, leaders d’opinion, secteur privé, partenaires techniques et financiers…) à travers des rencontres d’échanges et de discussions sur les orientations du Pse.
Au cours de ces tribunes, le défunt secrétaire général du Mepc, dans un langage dépoussiéré et limpide, parvenait à expliquer, avec aisance, pédagogie et pertinence, les contours du Pse. Il réussit à convaincre son auditoire. Doté d’un grand sens de l’écoute, il savait également attirer le public et susciter l’intérêt autour de ses interventions. Ses dernières sorties publiques sur les grandes orientations du Plan d’actions prioritaires ajusté et accéléré (Pap2A) pour la relance de l’économie post-Covid ont encore démontré sa parfaite maîtrise des dossiers économiques.
Avec la disparition de Pierre, c’est un artisan et un architecte du Pse qui est parti à jamais. C’est l’une des pierres de l’édifice de l’administration sénégalaise qui s’est affaissée. Pour l’éternité.
ESSAI SUR L’HISTOIRE POLITIQUE ET ÉLECTORALE
Ababacar Fall, vient de sortir un essai sur l’histoire politique et électorale du Sénégal, une chronologie inspirée essentiellement de son vécu politique.
Dakar, 31 déc (APS) - Le secrétaire général du Groupe de recherche et d’appui-conseil pour la démocratie participative et la bonne gouvernance (GRADEC), Ababacar Fall, vient de sortir un essai sur l’histoire politique et électorale du Sénégal, une chronologie inspirée essentiellement de son vécu politique.
Dans cet ouvrage de 247 pages (éditions Abis), intitulé ‘’Histoire politique et électorale du Sénégal. L’éternel recommencement’’, M. Fall, ancien secrétaire national chargé des élections à And-Jëf/Parti africain pour la démocratie et le socialisme (AJ/PADS), s’intéresse aussi à la participation des femmes et des personnes handicapées aux élections.
‘’Ce livre est captivant pour quelqu’un qui connaît un peu le système électoral ou qui souhaite le connaître. Il nous conduit de l’époque du bourrage systématique des urnes, avec des résultats proches de 100% pour le président Senghor et son parti unique ou ‘unifié’, au Code électoral consensuel, puis au débat actuel du dialogue politique autour de thématiques comme le bulletin unique, le parrainage, le financement des partis, le mode de scrutin, avec le ‘raw gaddu’, l’élection des maires au suffrage universel direct’’, lit-on dans la préface de l’ouvrage.
‘’Ce livre n’est pas pour ceux qui se contentent d’exister, traînant leurs carcasses là où la facilité est garantie, même au prix d’humiliantes concessions. C’est pour ce groupe de citoyens qui ne veut pas accepter l’injustice, ceux qui se mobilisent pour que les règles d’éthique guident le droit, pour que l’équité fonde notre volonté de vivre ensemble et en paix’’, ajoute l’auteur de la préface, Abou El Mazide Ndiaye, président du GRADEC et du Réseau africain pour le développement intégré.
M. Ndiaye note par ailleurs que dans son ouvrage, Ababacar Fall ‘’raconte le long combat de ces intellectuels militants qui a conduit à l’indépendance, à (…) la démocratie dans notre pays, et démontre qu’il peut encore être amélioré, mais qu’en aucun cas il ne faut accepter qu’il recule’’.
L’auteur retrace ‘’l’évolution du système électoral sénégalais et dresse des perspectives pour l’approfondissement de notre démocratie qui nécessite la refondation de nos institutions’’, souligne la quatrième de couverture de l’ouvrage d’Ababacar Fall, connu pendant une vingtaine d’années pour son militantisme dans les partis de gauche.
Il a été militant d’AJ/PADS avant de rejoindre la société civile où il travaille désormais sur les questions de gouvernance politique et démocratique, particulièrement les questions électorales, la paix, la sécurité, les droits humains et la promotion d’une citoyenneté active.
AUCUN RASSEMBLEMENT TOLÉRÉ, TOUTE VIOLATION SANCTIONNÉE
Dakar, interdit de bal. Contrairement aux années précédentes, les dakarois seront sevrés de ces festivités à cause de la maladie du coronavirus.
Dakar, interdit de bal. Contrairement aux années précédentes, les dakarois seront sevrés de ces festivités à cause de la maladie du coronavirus. Ce 31 décembre 2020, le préfet de Dakar Alioune Badara Samb, sans détours, a fait une sortie pour mettre en garde les récalcitrants. Selon lui, toute personne qui tenterait de violer les mesures prises par les autorités administratives sera sanctionnée. « Aucun rassemblement n’est toléré, aucune dérogation ne sera accordée », a déclaré le préfet de Dakar, Alioune Badara Samb qui demande aux populations de rester chez elles.
« Le respect des gestes barrières doit être respecté. C’est notre seul salut. Je demande aux gens de rester chez eux », a fait savoir le l’autorité préfectorale, rappelant que les dancings seront fermés. Quant aux restaurants, bars et hôtels, ils seront fermés à minuit comme l’avait indiqué le gouverneur de la région de Dakar. « Aucune dérogation n’a été autorisée ces derniers jours. Les tenanciers des bars, des restaurants et des hôtels doivent veiller au respect des mesures barrières à défaut, ils seront sanctionnés », prévient Alioune Badara Samb.
C’est une tradition fortement ancrée à Dakar. Chaque année, les populations de la capitale convergent dans certains lieux publics tels que la Place de l’Indépendance, la place de l’Obélisque pour illuminer le ciel à l’occasion de la fête de fin d’année.
par Ibrahima Thioye
LES GRANDES BATAILLES DES PLATEFORMES DIGITALES (3/3)
EXCLUSIF SENEPLUS - L’Afrique gagnerait à intégrer ses enjeux de base (malnutrition, pauvreté, emploi des jeunes, mal-gouvernance) à ceux liés au digital. Nos pays ont ce potentiel de jeunes formés à qui il faut trouver uncadre adéquat
La bataille de la musique en ligne : Spotify, Amazon Music, Apple Music, YouTube, Deezer, Itunes, Kaaza, Napster …
La musique en ligne a connu plusieurs phases.
Au début, il y a eu le « peer-to-peer » ou « pair à pair », avec comme représentant le plus emblématique : Napster. C’était simplement fabuleux. On disait à l’époque (1999-2000) que le CD était mort.
Ensuite, il y a eu le phénomène iPod/iTunes. En 2001, Apple mit en place iTunes, le foyer numérique et l’iPod (l’appareil qui permet de mettre 1000 morceaux dans sa poche). Ce qui était nouveau, c’était la fragmentation, qui vous permet d’acheter un titre de musique à $0,99 sans être obligé d’acquérir tout l’album. Steve Jobs était convaincu que ce nouvel écosystème domestique ferait passer Apple au rang des sociétés technologiques les plus puissantes du monde. Le budget de lancement de l’iPod était de $75 millions. « Les ventes de musique sur iTunes dynamisaient les ventes d’iPod qui à leur tour dopaient les ventes de Mac. » (1) C’est cela, l’avantage d’un écosystème qui se gratifia de nouvelles fonctionnalités, notamment avec l’arrivée en 2003 d’iTunes Store.
Enfin, le modèle dominant actuel, est celui des applications de musique en modèle freemium. Ce modèle multiface présente les caractéristiques suivantes : le client peut bénéficier du service sans payer, à condition qu’il reçoive de la publicité. Sinon, il paie un abonnement mensuel (de 5 à 10 €/mois), qui lui permet d’accéder à un catalogue de plusieurs dizaines de millions de titres. Spotify est leader sur ce marché, suivi par Apple Music et Amazon Music. YouTube propose également un catalogue musical, de même que Deezer.
Les batailles des standards vidéo (cassettes et disques) : VHS, Betamax /DVD, Blu-Ray
La guerre des standards de format vidéo sur magnétoscope a opposé les concurrents Betamax (avec Sony comme leader) et VHS (avec JVC comme leader). Ils étaient tous les deux organisés autour de plateformes multifaces. L’une des faces était occupée par les consommateurs et l’autre face était occupée par les fournisseurs de contenu. « Les économistes qui concluaient que VHS avait gagné parce qu’il avait attiré davantage de consommateurs faisaient une analyse monoface d’une plateforme biface. » (2) Certains estiment également que le succès de VHS était surtout lié à une performance technique (possibilité d’avoir des cassettes de près de 4 heures).
L’histoire de la suprématie gagnée par VHS est plus complexe. VHS a gagné parce qu’il a su mieux convaincre en même temps consommateurs et fournisseurs de contenus d’utiliser son standard. Les effets de réseaux indirects se sont renforcés mutuellement, ouvrant la voie à la victoire de VHS au détriment de Betamax
Entre DVD et Blu-Ray, la dynamique de concurrence n’a pas joué de la même manière. Le camp DVD (dirigé par Toshiba) a vendu plus de lecteurs de DVD aux consommateurs que le consortium Blu-Ray (dirigé par Sony). Blu-Ray a fini par remporter cette bataille, car il a su convaincre Warner Bros d’abandonner le format DVD.
La bataille de la vidéo à la demande (location ou streaming) : Netflix, Blockbuster…
En 2005, il y avait aux USA 18 739 vidéoclubs. Huit ans plus tard, en 2013, 83 % avaient disparu. Blockbuster, qui était la première chaîne, a fermé ses derniers clubs en 2014.
En 2000, Netflix s’était déjà positionné comme un loueur de DVD en ligne. Elle avait déjà un catalogue de 55 000 titres en 2005.
Avec le développement du broadband (haut débit), Netflix se positionna dans le streaming vidéo en 2007. Plus besoin d’attendre le DVD. Ceci porta un coup fatal aux nombreux vidéoclubs. En 2000, quand Netflix a proposé un rapprochement avec Blockbuster (à l’image de la proposition de Page et Brin aux dirigeants de Yahoo), les dirigeants les ont éconduits en rigolant. Eux savaient que la technologie rendrait bientôt possible le streaming vidéo. Au moment où Blockbuster fermait ses derniers vidéoclubs en 2014, Netflix enregistrait 44 millions de clients. En 2020, Netflix compte plus de 170 millions de clients, dont plus de la moitié se trouve hors des États-Unis.
La bataille des jeux vidéo : PlayStation, Xbox, Wii
Il faut bien noter que le marché du jeu vidéo s’élève à près de $170 milliards. On distingue 3 types de jeux : sur mobile, sur PC et via la console de jeu. Les acteurs majeurs sont Sony, Microsoft et Nintendo. PlayStation est la console de jeu vidéo développée par Sony. Xbox est la console de jeu développée par Microsoft, et Wii, celle développée par Nintendo.
Principe : le terminal est vendu au client au prix marginal. La plateforme se rémunère sur les ventes de contenus (royalties que les créateurs de contenu reversent aux acteurs de ces plateformes). Pour ce qui est des jeux sur mobile, Tencent est très avant-gardiste. Les évolutions récentes en matière de jeux concernent le Cloud Gaming (gaming as a service), où la console est simplement délocalisée sur un serveur. Ce nouveau secteur attire de fortes convoitises : Google, Amazon, Microsoft, Sony et d’autres agrégateurs (comme Nvidia) proposent des offres. Tencent et Huawei sont en partenariat dans ce domaine qui constitue le cas d’usage par excellence de la 5G. Ajoutons à ces éléments le phénomène e-sport qui s’impose comme une discipline sportive avec son sponsoring, ses championnats etc.
5 services d’intermédiation dans le transport et l’hôtellerie
La bataille des services de mise en relation (taxis, hôtellerie) : Uber, Lift, Didi Kuaidi, BlablaCar, AirBnB Quand on parle de services de mise en relation, d’intermédiaires, on pense tout de suite à Uber et AirBnB. L’arrivée de ces plateformes a plus ou moins secoué les secteurs des taxis et de l’hôtellerie. Ces plateformes manipulent simplement des données et offrent aux participants des services de transaction qui sont d’une simplicité effarante.
Dans le cas de Blablacar, il s’agit de covoiturage. Cette application permet d’optimiser les capacités excédentaires, ou capacités dormantes, dans le cadre des déplacements entre villes. Uber, Lift et Didi Kuaidi se sont positionnés sur le service de transport en taxi. Ils ont largement secoué ce secteur. Dans tous les pays où Uber est lancé, le prix des licences a diminué et les services de taxi existants ont entamé leur modernisation pour échapper à la disruption. Uber n’a jamais pu décoller en Chine avec la présence de Didi Kuaidi. Il a beaucoup diversifié son catalogue d’offres. Il est présent dans 93 pays et dans 900 villes, et travaille avec 5 millions de chauffeurs. Uber est toujours déficitaire même si sa capitalisation boursière est de $94 milliards.
AirBnB est présent dans 200 pays. Il a poussé le marché de l’hôtellerie à se moderniser au moins sur quelques aspects transactionnels. En 2019, il comptait 7 millions de listings et 150 millions d’utilisateurs. En 2019, la capitalisation boursière d’AirBnB était de $38 milliards. En 2020, l’effondrement des voyages, faisant suite à la crise sanitaire, a touché de plein fouet ces plateformes de mise en relation. Elles ont essuyé des pertes et procédé à des réductions d’effectifs.
6. E-commerce et outils de paiement
La bataille du e-commerce : Amazon, Alibaba, Ebay
Le marché global du e-commerce est estimé à plus de $10 400 milliards et évolue à hauteur de 14,7 % par an. Le marché est plus dynamique en Asie. Les principaux acteurs sont Amazon et Alibaba.
Aux États-Unis, les anciennes chaînes Macy et Walmart ont mis en place des plateformes de vente en ligne pour faire face au processus de disruption en cours. Walmart a fermé des centaines de boutiques, reconnaissant maintenant que son véritable concurrent est Amazon.
Amazon allie les deux activités de plateforme monoface (pour le retail concernant ses produits) et de plateforme multiface à travers sa marketplace.
Alibaba est non seulement une plateforme de vente en ligne (à l’image d’Amazon), mais aussi de vente aux enchères (C2C, à l’image d’Ebay).
En fin Mars 2020, Amazon bouclait les 12 derniers mois avec un CA de $293 milliards vs $72 milliards pour Alibaba. Amazon réinvestit une large part de ses revenus pour sa croissance et sa diversification. La progression de son activité marketplace est de loin plus forte que celle de Ebay (+300 % du CA entre 2015 et 2019 chez Amazon vs +22 % du CA chez Ebay). Véritable entreprise de technologie, leader dans le Cloud computing, Amazon s’est aussi lancée dans le Cloud Gaming. Aujourd’hui, la vente en ligne chez Amazon représente 51% de son CA.
La bataille des services de paiement : M-PESA, Apple Pay, Alipay, WeChat Pay…
Il arrive que les meilleurs mettent en place des services qui ne répondent pas à un besoin client ou qui ne corrigent pas de friction, car celle-ci n’existe pas dans la tête du client. Tel est le cas d’Apple Pay. Contrairement aux services de mobile money utilisés ici en Afrique, dont le plus emblématique est M-PESA, Apple Pay n’a pu décoller.
Par contre, dans les pays africains, on assiste à un vrai envol de ces services de paiement mobile. Ces plateformes présentent des services multiface (paiement marchand, paiement de factures). Lancé en 2007, le service M-PESA comptait 9,7 millions d’utilisateurs en 2010, soit 42 % des personnes de plus de 15 ans. Au Kenya, les transactions de Safaricom représentent 20 % du PIB. En 2012, Safaricom a ouvert sa plateforme à des partenaires dûment sélectionnés. En relation avec la Commercial Bank of Africa, M-PESA lançait M-Shwari, qui permet aux utilisateurs d’épargner et de percevoir un intérêt de 2 % à 5 %. Au même moment, le KCB Bank Group lança un programme de partenariat avec M-PESA, permettant aux utilisateurs d’avoir accès à des prêts allant jusqu’à 10 000 $. (3)
Lorsqu’on parle de cryptocurrency, notamment du bitcoin, on pense d’emblée à la blockchain qui est un protocole de confiance très prometteur car pouvant jouer un rôle important dans les prochaines ruptures technologiques.
Les dilemmes des opérateurs telcos
Le premier dilemme est lié aux revenus voix, menacés par le trafic des OTT (opérateurs over the top du type Skype, WhatsApp, etc.) À chaque fois que les opérateurs télécoms améliorent les débits sur les réseaux mobiles et surtout depuis le passage aux larges débits avec la 3G, ils créent les conditions de qualité pour les services voix proposés par les OTT. Les revenus issus du trafic voix international se sont réduits comme une peau de chagrin. N’eussent été les offres illimitées, le trafic voix national et les SMS auraient subi la même tendance.
Le second dilemme est la présence de services de type multiface chez une structure habituellement formatée pour la gestion de produits/services de type monoface. Les offres classiques des opérateurs : la vente de trafic Prepaid via les canaux de distribution et les services à valeur ajoutée sont de type monoface. Par contre, le cloud, le mobile money – ou plus précisément certains services mobile money – et les services issus de l’open innovation (APIs) sont de type multiface. Il est très difficile de gérer ce type de service en ayant les mêmes exigences que celles liées au premier groupe. La stratégie, le business model, le marketing et les KPI ne peuvent être similaires.
La plupart des acteurs telcos sont pour l’essentiel réduits à de la vente de broadband. Certains opérateurs, à l’image de Tencent, qui ont fait leur mue en devenant de véritables plateformes de services, peuvent prétendre à des croissances substantielles.
Un enjeu important pour les telcos est la présence de plus en plus marquée des Internet- players sur le marché des supports de transmission (via microsatellite , ballons, drones et câbles sous-marins). Actuellement, ces derniers investissent directement le broadband. Les telcos sont très expérimentés lorsqu’il s’agit de gérer la transaction client (facturation, back-office etc). Mais que se passerait- il si les Internet Players proposent un modèle freemium ?
Conclusion
Les plateformes digitales sont au cœur de l’écosystème digital. Dans une confrontation entre une plateforme et une structure monoface, l’issue est en général favorable à la plateforme, car celle-ci met en place un meilleur réseau de valeur et délivre une meilleure proposition de valeur. Cela s’explique surtout par la capacité de création de valeur générée par les effets de réseau positifs. Gérer une plateforme requiert une mentalité qui met le focus non pas sur l’intérieur (les processus, les systèmes internes), mais surtout sur la partie externe (partenariat, souci de gérer la rentabilité et la satisfaction de toutes les parties prenantes de l’écosystème ainsi créé). On parle d’un changement de type « inside/out ».
Ce changement de mentalité induit également une nouvelle vision sur l’acquisition et l’exploitation des ressources, la stratégie, l’innovation, les finances, le marketing et la politique RH. Les mastodontes de l’écosystème digital utilisent ces atouts et réalisent des succès sans précédents. Dès qu’ils investissent un marché, le mouvement de disruption est engagé pour les acteurs présents. Les USA sont bien présents dans l’écosystème digital. La Chine et Singapour ont décidé de transformer leurs pays en pourvoyeur de plateformes à l’assaut du monde (countries as a platform).
L’Afrique gagnerait à intégrer ses enjeux de base (malnutrition, pauvreté, emploi des jeunes, mal-gouvernance) à ceux liés au digital. Peut-être qu’il y a des raccourcis à trouver. Nos pays ont surtout ce potentiel de jeunes formés à qui il faut trouver un cadre adéquat – le minimum qui puisse garantir les émergences –, à l’image de ce qu’on trouve sur la côte Ouest Américaine ou sur la côte Est chinoise pour qu’un jour, une ou plusieurs start-ups africaines puissent rayonner, dépasser leur pays, le continent et impacter le monde.
Cloud Gaming: la console est déportée dans le Cloud. Le client paie juste un abonnement mensuel pour bénéficier du service.
ROI: return on investment (ou retour sur investissement).
Inside – out: focus sur l’extérieur vs intérieur.
Broadband: large band ou Internet haut-débit.
KPI: key performance indicator ou indicateur clé de performance.
OTT: over the top ou service de contournement audio, vidéo sans passer par les opérateurs de télécommunication.
Peer- to- peer : ou pair- à-pair est un modèle d’échange en réseau ou chaque entité est client et serveur.
Modèle freemium: service gratuit moyennant la réception de publicités ; il devient payant lorsque le client ne veut plus recevoir de publicité.
Cryptocurrency: monnaie cryptée ou cybermonnaie émise de pair-à- pair, sans passer par les banques.
Blockchain: technologie de stockage et de transmission d’informations sécurisée, transparente, sans organe de contrôle ; l’information est disséminée dans un réseau ouvert. Le Bitcoin est un cas d’usage de la blockchain.
(1) Walter Isaacson, Steve Jobs.
(2) (3) David Evans & Richard Schmalensee, De précieux intermédiaires.
LA POSTURE TROUBLANTE DU MINISTRE MAMADOU TALLA
Porté par l’Unesco, le projet d’introduction de l’éducation sexuelle dans les établissements scolaires du pays n’a pas encore révélé tous ses secrets.
Mensonges ou complots sur le dos des Sénégalais. De toutes les façons, le ministre de l’Éducation nationale, Mamadou Talla, a été pris en flagrant délit de mensonge sur la polémique autour de l’enseignement sexuel dans les établissements scolaires du Sénégal…Le ministre affiche une posture troublante.
Porté par l’Unesco, le projet d’introduction de l’éducation sexuelle dans les établissements scolaires du pays n’a pas encore révélé tous ses secrets. À l’annonce de cette information, le ministre de l’Education nationale, Mamadou Talla, a vite réagi pour mettre fin aux polémiques suscitées par cette affaire. Mamadou Talla jurait sur tous les saints qu’il n'y a pas de module sur un éventuel enseignement de l'éducation sexuelle dans les curricula. « Je voulais vous dire d'une manière claire et nette qu'aujourd'hui, au niveau du ministère de l'Education nationale, il n'y a pas de changement de curricula, pas de module, pas de réforme envisagée ni aujourd'hui ni demain. Que cela soit clair!» insistait-il. Mieux, Mamadou Talla poursuivait en faisant savoir qu’il s'en tenait à ce qu'ils font au niveau des SVT (sciences de la vie et de la terre), au niveau de l'économie familiale et au niveau de la DSM (division contrôle médical).
Le ministre de l’Education s’était même mis dans les habits d’un donneur de leçon en faisant croire qu’on ne doit pas occulter nos valeurs culturelles et sociales. « Le Sénégal a ses réalités », insistait-il. Avant de renchérir en bon « trompeur » en ces termes : « Nous avons nos réalités religieuses, culturelles. On s'en tient à ce qui existe. Nous n'avons pas besoin d'aller dans ces directions. On ne réforme pas comme ça un curricula. On n’a pas envisagé de changer notre programme, il n’y a rien de nouveau, pas de changement, pas de nouveau module, pas de révision de programme. On s'en tient à ce qu'on a toujours fait (et) qui nous a donnés de bons résultats depuis 10 ans. » Malgré tout ce discours, Mamadou Talla ne faisait que tromper ses compatriotes. Et c’est en moins de 24 heures que les mensonges du Ministre de l’Education nationale ont été mis à nus. Car, un document qui a circulé, hier, sur les réseaux sociaux et dont nous avons eu copie, démontre le contraire.
En effet, l’arrêté en question, signé le 18 décembre 2020, mentionne que c'est bien lui le ministre qui a organisé cet "Atelier de restitution de la revue et de l'analyse de l'intégration de l'éducation de la reproduction dans les programmes scolaires au Sénégal" au Lamantin Beach hôtel avec le Consultant de l'UNESCO chargé de vendre l'intégration des nouvelles mutations de la sexualité moderne avec la promotion de l'homosexualité et de l'identité de genre.
Des rencontres sur la sexualité organisées en 2019 à Mbacké…
Des informations reçues auprès de certaines sources, enfoncent davantage le ministre de l’Education nationale. Car, selon ces dernières, un séminaire de formation sur l'éducation sexuelle et le genre a été organisé à Mbacké en juin 2019. Des collèges dont le Cem annexe du Lycée de Mbacké avaient été, à en croire ces dernières, ciblés pour une formation sur la sexualité. « L'objectif était de nous faire croire qu'on devait échanger avec les potaches sur la sexualité et le genre à l'école pour qu'ils ne représentent plus un sujet tabou », confient des sources qui révèlent qu’il y avait même des professeurs de Svt et d'économie familiale et sociale qui étaient cooptés pour subir une seconde formation sur le genre et l'éducation sexuelle à diourbel. En conclusion, le mensonge peut durer des jours, mais il ne durera pas une année...
«IL EST TRES TOT POUR APPRECIER LA QUESTION DE LA SUPPRESSION DES VILLES»
Cissé Kane Ndao, président du parti politique Alliance Démocratique pour la République (A.D.E.R), expert en décentralisation se prononce sur l’actualité politique nationale relative au dialogue politique et au projet de suppression des villes
Réalisée par Serigne Saliou Guèye |
Publication 31/12/2020
Cissé Kane Ndao, Président du parti politique Alliance Démocratique pour la République (A.D.E.R), expert en décentralisation se prononce sur l’actualité politique nationale relative au dialogue politique et au projet de suppression des villes.
Le Témoin : En tant que chef de parti politique, pensez-vous que le dialogue politique a répondu à vos attentes ?
Cissé Kane Ndao : Le dialogue politique est un acte républicain de haute portée citoyenne voulu par le Président de la République. La situation nationale marquée par le Covid et ses conséquences funestes commandait un sursaut national, et l’ensemble des acteurs politiques a bien saisi la gravité du moment et les enjeux liés au contexte, cause pour laquelle dans son écrasante majorité il a répondu à son invitation et y a participé de la plus belle des manières. Le Président Macky sall a appelé à une union patriotique et le dialogue politique aura été le cadre de rencontre qui a permis cette jonction des forces de tous bords pour s’unir autour de l’essentiel, ce qui aura débouché sur leur adhésion forte motivée par la prise en compte de l’intérêt supérieur de la Nation. Simplement, il convient de se rappeler que tout le monde est utile à la manœuvre, et il serait dès lors important de prêter attention à tous les acteurs politiques qui ont répondu positivement à ce dialogue. Sinon, les seuls résultats de ce dialogue risquent d’être l’émergence d’une nouvelle coalition politique plus qu’une union sacrée de toutes les forces vives pour redresser le Sénégal, alors qu’un consensus large s’est dégagé vers cet élan et chacun est prêt à jouer sa partition, à condition d’y être associé comme il se doit. Pour ce qui nous concerne, nous continuons de soutenir le Président Macky sall, et restons donc membres de la coalition présidentielle, encore plus déterminés à contribuer par notre leadership et notre expertise à la mise en œuvre de sa vision : bâtir le Sénégal de tous, pour tous.
Vous êtes expert de la décentralisation. Le mode de scrutin des maires est maintenant le suffrage universel direct. Est-ce réellement une avancée démocratique ?
Effectivement, c’est une avancée notoire car cela permet aux populations dès le début de savoir exactement qui est le candidat qu’ils vont choisir pour présider aux destinées de leurs localités respectives. Une élection a-t-on coutume de dire est un rendez-vous entre un homme et son peuple. Il est important donc que les électeurs sachent dès le moment où ils glissent leurs enveloppes dans l’urne avec qui ils signent un bail pour plusieurs années.
Croyez-vous normal qu’au Sénégal les élections locales soient toujours sujettes à des reports politiquement injustifiés ?
Notre pays a manifestement un problème de respect du calendrier républicain et cela ne date pas d’aujourd’hui. Les conséquences sont préoccupantes, car nombre d’exécutifs locaux qui ont fini leurs mandats perdurent à la tête de leurs collectivités territoriales par le pouvoir du décret présidentiel, ce qui leur ôte toute légitimité démocratique. Il s’y ajoute que certains de ces exécutifs locaux qui ont fini leurs mandats et squattent leurs postes par ce fait profitent d’une situation à laquelle certaines populations souhaitent mettre fin à la faveur des prochaines locales. Je ne dirais pas cependant que ces reports sont politiquement injustifiés, car les raisons qui président à cette situation de fait sont connues des sénégalais, parce que les autorités chargées de l’organisation de ces élections ont évoqué les causes de ces reports réguliers. C’est au peuple sénégalais de les apprécier, et d’en tirer les conséquences le moment venu.
Projet de suppression des villes : recul démocratique ou correction d’une incohérence territoriale ?
Le projet de suppression des villes est une question sur laquelle il est beaucoup trop tôt de se prononcer. Il a été évoqué par quelques acteurs du pouvoir et de l’opposition dans un contexte qui ne permet ni d’en appréhender les raisons ni de déterminer quels sont les changements que cela induira, et quelles seront les dispositions transitoires qui vont en découler. Même si l’on annonce la suppression des villes avec l’adoption prochaine par l’Assemblée nationale de la loi d’orientation pour l’aménagement et le développement des territoires qui consacrera la création de 10 métropoles dits d’équilibre, nous ne pouvons pas apprécier la suppression des villes que ces nouvelles dispositions vont consacrer sans en analyser les détails et les décrets d’application qui vont suivre. dès lors, il importe d’attendre que les autorités communiquent officiellement sur ce point, que l’on sache exactement quels sont les motifs à la base de l’abrogation de la loi portant création des villes. Nous aurons alors les éléments techniques d’appréciation qui pourront motiver notre position politique sur la question, et cela en connaissance de cause. Toute prise de parole supplémentaire serait ajouter à la polémique actuelle beaucoup plus de bruits encore, à un moment où le peuple sénégalais a d’autres préoccupations et que les défis de l’heure qui engagent le sort de toute la Nation commandent que nous ne nous laissions pas distraire par des polémiques qui ne figurent sur aucun agenda officiel, du moins pour le moment.
Si vous aviez à évaluer l’Acte 3 de la Décentralisation dans la gouvernance locale, quelle appréciation feriez-vous ?
La décentralisation est un processus irréversible inscrit comme principe intangible dans la constitution nationale. Elle est une vision dont la mise en œuvre requiert la maitrise d’un ensemble de facteurs comme la dynamique des territoires, leurs potentialités, leur histoire et tous les autres enjeux liés à la cohésion nationale. Elle commande aussi une réforme en profondeur de notre administration surtout celle territoriale, qui doit passer d’une administration de commandement à une administration de développement, pour, en parfaite collaboration avec les exécutifs locaux réussir à bâtir des territoires compétitifs et viables porteurs de développement durable. Tant que ces élus géreront la périphérie des compétences qui leur sont dévolues parce que l’Etat jacobin refuse de leur lâcher la bride et de respecter le principe de la libre administration qui les régissent véritablement, nous ferons du surplace. L’Acte 3 de la décentralisation est un processus inachevé, donc il ne peut ni être parfait ni atteindre les objectifs à l’origine de sa mise en œuvre en l’état actuel des choses. La fonction publique locale est toujours un chantier. Le statut de l’élu local aussi. Et que dire des pôles régionaux et des agences territoriales de développement en gestation ? A part la communalisation intégrale, il n’y a aucun chantier finalisé. A mon sens, nous gagnerions sans doute à faire revenir un ordre de collectivité locale supra, dont l’une des principales tâches sera l’aménagement du territoire, la planification du développement local, le pilotage des conventions de partenariat public réclamé par le président de la République en conseil des ministres il y a quelques années. Une loi d’orientation pour l’aménagement et le développement des territoires qui consacrera la création de 10 métropoles dits d’équilibre à Saint-Louis, Thiès, Touba, Mbour, Ziguinchor, Kaolack, Kolda, Tambacounda, Kédougou et Matam est sur la table de l’Assemblée nationale. Est-ce une avancée notoire ? L’avenir nous le dira très bientôt. Une meilleure répartition des compétences transférées serait indiquée en plus, une répartition différente de celle actuelle qui est une contrainte rendant extrêmement compliquée leur prise en charge adéquate par les collectivités territoriales, d’autant plus que leur transfert ne s’est pas accompagné de celui des ressources financières adéquates comme la loi y engage l’Etat. Les autorités viennent de finir l’évaluation de sa mise en œuvre de l’Acte 3, gageons qu’elles en tireront les leçons pour un meilleur parachèvement de la suite de sa mise en œuvre, au grand bonheur des populations.
QUEL AVENIR POUR L’AFP ET LE PS DANS BENNO ?
Auparavant premiers alliés de Macky Sall, Moustapha Niasse et Aminata Mbengue Ndiaye semblent aujourd’hui rétrogradés par le leader de l’Alliance pour la République au profit d'Idrissa Seck et d'Oumar Sarr, ses deux frères libéraux
« Isolés » depuis les retrouvailles d’une bonne frange de la famille libérale, Macky Sall-Idrissa Seck et Oumar Sarr en l’occurrence, l’avenir de l’Alliance des forces du progrès (Afp) et du Parti socialiste (Ps) dans Benno Bok Yaakar est en jeu. Une nouvelle redistribution des cartes politiques s’impose à la coalition Benno Bokk Yaakar…
Auparavant premiers alliés de Macky Sall, Moustapha Niasse et Aminata Mbengue Ndiaye semblent aujourd’hui rétrogradés par le leader de l’Alliance pour la République au profit de Idrissa seck et de Oumar Sarr, ses deux frères libéraux. En effet, depuis le ralliement de And suxali de Oumar sarr et de Rewmi de Idrissa dans la mouvance au pouvoir, les rapports de force ont changé au sein de la coalition Benno Bokk Yaakar. Le « chef » de la coalition présidentielle semble beaucoup miser aujourd’hui sur ses « frères » libéraux que sur alliés socialistes tels que Moustapha Niasse et Aminata Mbengue Ndiaye. Car, depuis quelques temps, Macky sall ne s’affiche qu’avec le leader dans les différentes manifestations officielles qu’il a présidées notamment la rencontre du CAMES et de la rencontre sur les technologies. Cela risque, selon le professeur Moussa Diaw, de provoquer une scission dans la majorité, notamment parmi les acteurs de cette coalition comme le Ps et l’AFP. « La question fondamentale est de savoir qu’elle est la finalité de ce rapprochement. S’agit-il d’une convenance idéologique formelle qui n’entame en rien la configuration de la majorité plurielle ? Ou bien d’un recadrage qui pourrait bousculer les relations avec des alliés tentés eux aussi par des regroupements d’affinités politiques. Il semble traduire des calculs purement politiques et conjoncturels dans une perspective électoraliste », pense l’enseignant chercheur en politique à l’Université Gaston berger de Saint-Louis, Moussa Diaw.
MOMAR DIONGUE : « Le Ps et l’Afp n’ont de l’avenir que dans Benno »
Les retrouvailles entre certains membres de la famille libérale semblent changer les rapports de force au sein de la majorité. Le Parti socialiste et l’Alliance des forces du progrès sont « mis à l’écart » depuis un bon bout de temps. Pour le professeur Moussa Diaw, si la tendance se confirme à travers une mise à l’écart dans les initiatives politiques « alors cela peut poser des problèmes de susceptibilités et de convenance. » Mais reste, selon lui, à observer le comportement des arrivants et de leurs actions dans la majorité conformément à la pluralité de sa composition et de la nécessité de préserver sa stabilité. Le journaliste Momar Diongue, lui, ne croit pas que Moustapha Niasse soit dans une logique maximaliste. Et même s’il reste leader du parti, il ne pourra plus se présenter à une élection présidentielle. Il dit aussi avoir comme l’impression que Aminata Mbengue Ndiaye soit dans une logique minimaliste. « Ils peuvent se complaire dans une logique d’ambition présidentielle. Tout dépend de l’ambition nourrie par ceux qui sont à la tête de ces partis. Ce sont des partis qui peuvent se complaire. Soit on est maximaliste c’est-à-dire qu’on a des ambitions pour se présenter aux prochaines élections. Soit on est dans une logique minimaliste c’est-à-dire qu’on se contente de rester dans Benno Bokk Yaakar sans bruit », soutient le journaliste Momar Ndiongue qui dit ne voir l’avenir de Aminata Mbengue Ndiaye et de Moustapha Niasse que dans Benno Bokk Yaakar.
Moussa Diaw : « Je ne crois pas que le PS et l’AFP vont accepter de se faire marginaliser sous le prisme d’une retrouvaille des libéraux »
L’Alliance des forces pour le progrès et le Parti socialiste risquent d’être les agneaux du sacrifice avec les retrouvailles de la famille libérale. Pour beaucoup, Idrissa Seck a plus de chance d’être le candidat de Benno à la prochaine joute électorale que le Ps ou l’AFP qui se sont dissous au sein de l’APR. Mais, l’enseignant chercheur en politique Moussa Diaw, lui, ne croit pas que le Ps et l’AFP vont accepter de se faire marginaliser sous le prisme d’une retrouvaille des libéraux. « De toute façon la confrontation idéologique n’aura pas lieu car Benno en tant que coalition est conçue sur une base élargie politiquement. Maintenant, reste la bataille de positionnement par rapport à des intérêts et des enjeux électoraux qui se dessineront prochainement », soutient le professeur Moussa Diaw. Le journaliste Momar Diongue estime malgré que certains membres de l’Afp veulent évaluer leur présence dans Benno en vue des échéances futures, rien ne va changer. « Vous avez entendu Pape Sagna Mbaye dire que l’Afp aura un candidat en 2024. Il dit également que si le Président Macky Sall se présente en 2024, il sera leur candidat. Vous voyez !» indique le journaliste qui pense que ces deux partis vont aller à l’encontre de Benno que si une frange beaucoup plus jeune fasse dans la dissonance et aller jusqu’au bout en exigeant d’avoir un candidat lors des prochaines échéances électorales.
Par Moussa KAMARA
INDISCIPLINE
Le port correct du masque, le lavage des mains au savon ou gel et d’éviter les rassemblements ; ces mesures simples correctement suivies peuvent sauver des vies. Alors qu’est-ce qui empêche les gens de s’y soumettre ?
Cette année a été terriblement morose pour les âmes charitables que nous sommes tant la dose de consternation a fini d’atteindre des pics inouïs. On aura tout à faire pour l’oublier et ce sera pratiquement impossible avec cette liste de morts qui ne veut guère se fermer.
Alors tant que faire se peut, notre intérêt est d’éviter et fuir ce maudit virus avec les moyens édictés par le corps médical. Le port correct du masque, le lavage des mains au savon ou gel et d’éviter les rassemblements ; ces mesures simples correctement suivies peuvent sauver des vies. Alors qu’est-ce qui empêche les gens de s’y soumettre ?
L’indiscipline de nos compatriotes est si évidente que ça désespèrerait nos forces de l’ordre de les contraindre à respecter les lois. Et malheureusement cette indiscipline n’est point spécifique aux jeunes ! On a vu et entendu des personnes au- dessus de tout soupçon invectiver les policiers, menacer pompeusement de les transformer en cafards s’ils s’essayaient à empêcher leur cérémonie et même d’envoyer des djinns au palais de la République.
Quand des personnes d’un âge certain se mettent à sortir ces inepties pour aussitôt les regretter quelques jours plus tard, elles ouvrent des boulevards aux plus jeunes pour fustiger, vilipender, saccager et détruire ce que la société a peiné à assoir. Avec le grand banditisme qui se développe tous les jours contre les agences de banque et les grands commerçants, nos forces de sécurité ont de quoi s’occuper plutôt que de se voir transformés en cafards. Cette pandémie que l’on espérait voir disparaitre en septembre ou octobre continue de sévir en aggravant les cas et en rallongeant les listes macabres.
Du premier cas venu de France détecté à Dakar qui s’était auto-confiné chez lui au cas de cet émigré rentré au pays et qui a contaminé sa famille, plus de quatre cents de nos compatriotes ont été terrassés par cette Covid19. Vouloir rentrer éperdument chez soi malgré les interdits démontre et révèle une terrible indiscipline. Ces indisciplinés notoires, au moment où ils accomplissent leurs actes insensés, sont sourds et aveugles, comme dans un état second. Et c’est souvent après avoir commis l’irréparable, qu’ils viennent se confondre en excuses devant le peuple. Qui pardonne souvent en feignant d’oublier.
Les milliards dépensés pour lutter contre cette pandémie ont fait le bonheur des uns et beaucoup de malheureux oubliés dans la distribution de ces biens alimentaires. C’était bien prévisible car le bonheur de tout un chacun est difficile à assurer. Même les batteurs de tamtam ont été servis là où des chauffeurs ont été omis. Un peuple éduqué est plus apte à se développer, à émerger, qu’un peuple indiscipliné et toujours grognon.
A l’année prochaine, sans Covid19 et à dieu ne plaise !