EXCLUSIF SENEPLUS - Aux partisans de la réforme monétaire de tourner le débat vers nos propres dirigeants car la France elle n’y est plus. Rien n’empêche nos Etats de tracer leur propre voie. A défaut, ce sera l’esclave libéré qui ne veut pas partir
Le parlement français a ratifié la réforme du FCFA qui met définitivement fin aux malentendus, permettant, comme nous le disions dans notre tribune « FCFA : Débat Clarifié, Victoire d’Etape », d’entrer dans les débats de fond intra-africains. C’est-à-dire, quelle parité nous voulons pour notre monnaie, car il ne reste dans notre coopération avec la France qu’une parité fixe sur l’euro du fait de notre propre choix et si et seulement si nous ratifions à notre tour cet accord.
A présent donc, pour les opposants au FCFA, il ne reste qu’un seul sujet de débat, celui de la parité. La libre convertibilité du compte courant de notre balance des paiements est universelle à tous les pays, la libre convertibilité du compte capital de la balance des paiements de l’UEMOA n’existe avec aucun pays y compris la France, nos réserves de change ne seront plus au trésor français, et nous n’aurons plus de représentant français dans nos instances de politique monétaire. Nous devrons élaborer un cadre de coopération et d’échange d’information du fait de la parité fixe si et seulement si nous ratifions l’accord approuvé par le parlement français.
Cela veut essentiellement dire que si nos Assemblées nationales ne retiennent pas ce que la France a ratifié, notre relation de parité monétaire avec la France sera terminée. La garantie hypothétique de notre parité par un accord entre la France et notre banque centrale peut ne pas être actée dans la mesure où nos réserves de change suffisent à garantir notre parité. Nous demandons donc aux partisans de la réforme monétaire de tourner le débat vers nos propres dirigeants car la France elle n’est plus dans le débat.
De facto, le mutisme de nos autorités est en soi un acte. Si aucun de nos parlements ne bouge, le FCFA tel que nous l’avons connu est totalement mort dans la forme et dans le fond, la France n’y étant plus. Les symboles qui restaient n’ont jamais été importants, mais en les enlevant, rien n’empêche nos états de tracer leur propre voie. A défaut, ce sera l’esclave libéré qui ne veut pas partir. J'imagine qu'il n'en sera rien puisque nous parions et soutenons un ECO flexibilisé de l’UEMOA qui devrait exister dans un avenir proche.
Librement.
par Fanny Pigeaud
VIDEO
UNE RÉFORME DU FRANC CFA OUEST-AFRICAIN POUR SAUVEGARDER LE PRÉ CARRÉ FRANÇAIS
Retour sur les nombreux arguments développés par le député communiste Jean-Paul Lecoq pour démontrer à l'Assemblée nationale française que cette réforme ne changera rien et que le franc CFA va contre les intérêts des peuples africains
L’Assemblée nationale française a adopté ce 10 décembre le projet controversé de réforme du franc CFA ouest-africain – qui doit encore être soumis au Sénat et devra être signé par les pays africains concernés. Le communiste Jean-Paul Lecoq a développé de nombreux arguments pour démontrer que cette réforme ne changera rien et rappeler que le franc CFA va contre les intérêts des peuples africains.
L’Assemblée nationale française a adopté le 10 décembre le projet controversé de réforme du franc CFA d’Afrique de l’Ouest, qui concerne huit pays. Sur 73 députés votants, il y a eu 57 voix pour, 8 voix contre (groupe Gauche démocrate et républicaine/ France Insoumise) et 8 abstentions (le PS fait partie des abstentionnistes).
En début de séance, le communiste Jean-Paul Lecoq, rappelant que le sujet était « fondamental pour des dizaines de millions de personnes », a présenté une motion de rejet préalable qui n’a pas été retenue. « Cette monnaie, assumez-le, correspond aux intérêts des classes supérieures africaines tournées vers l’extérieur et des multinationales qui travaillent en euro ; pour les peuples et pour les PME africaines, elle peut être un véritable boulet. Votre majorité défend les intérêts des classes aisées et des multinationales en toutes circonstances et en tout lieu », a-t-il notamment dit, soulignant que la réforme proposée ne changeait rien sur le fond.
Le député s’est interrogé à propos de la manière dont s’est préparée cette réforme : « La méthode confirme la condescendance de la France vis-à-vis de ces pays. » Le nouvel accord monétaire qu’elle propose a été « négocié dans le plus grand secret par une poignée de personnes à Paris et à Abidjan », a lui-même reconnu le rapport de la commission des Affaires étrangères sur ce projet de loi.
« L’ordre dans lequel s’effectuent les ratifications » du nouvel accord monétaire est en soi « suspect », a aussi estimé Jean-Paul Lecoq : « Pourquoi la France est-elle le premier pays à ratifier cet accord, alors qu’en toute logique elle aurait dû attendre que les pays directement concernés l’aient fait d’abord ? »
Le verbatim de ses interventions lors de cette séance du 10 décembre est à lire ci-dessous.
Ses propos sont à mettre en lien avec ceux du député communiste Paul Cermolacce (d’ailleurs cité par Jean-Paul Lecoq) tenus devant l’Assemblée nationale le 19 juillet 1961, au sujet des « accords de coopération » conclus par la France avec la Côte d’Ivoire, le Dahomey, la Haute-Volta et le Niger et qui concernaient entre autres la monnaie et donc le franc CFA :
« Ces accords, négociés avec de grandes difficultés, constituent un nouveau compromis visant à maintenir, par des moyens détournés, l’essentiel des privilèges colonialistes, tout en s’efforçant de sauver la face aux yeux des peuples en cause. C’est bien là la marque de leur fragilité. Ce pseudo-libéralisme, dont on tente de parer la politique gaulliste, ne résiste pas aux faits. Il est en contradiction flagrante avec les prises de position du Gouvernement français sur les problèmes coloniaux, qu’il s’agisse des débats à l’Organisation des Nations unies, ou bien encore des questions algériennes. Les peuples d’Afrique, croyez-nous, ne sont pas dupes ; ils ne sont pas non plus crédules à l’égard de certains dirigeants africains qui se font les auxiliaires du colonialisme nouvelle forme ; ils aspirent à une véritable indépendance sans restriction ni arrière-pensée ».
Soixante ans séparent l’intervention de Paul Cermolacce et celle de Jean-Paul Lecoq et la problématique reste la même… Stupéfiant !
On attend maintenant la réaction des députés des huit pays ouest-africains concernés par ce projet d’accord monétaire. Ils sont restés jusqu'ici bien silencieux et le flou demeure sur les modalités de signature de cet accord monétaire par leurs pays (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo).
Compte rendu intégral des interventions dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale de Jean-Paul Lecoq, député communiste, au sujet du projet de loi portant sur la réforme du franc CFA, le 10 décembre 2020
Discours motivant la motion de rejet préalable du projet de loi portant réforme du franc CFA :
Jean-Paul Lecoq. C’est à regret que je me tiens ici pour défendre cette motion de rejet préalable du projet de loi autorisant la ratification de l’accord de coopération entre la France et les États membres de l’Union monétaire ouest-africaine – vous avez fait un lapsus, monsieur le ministre délégué, en parlant de l’Union économique et monétaire, qui ne recouvre pas exactement la même réalité. J’aurais en effet aimé croire qu’une réforme du franc CFA – initialement appelé, ne l’oublions pas, franc des colonies françaises d’Afrique – serait l’occasion d’un débat approfondi entre tous les pays concernés et d’un véritable changement en profondeur de nos relations économiques et politiques avec les pays de l’Afrique de l’Ouest francophone.
Pourtant, rien ne s’est passé ainsi. Sur le fond, cette réforme n’a pas été faite pour changer quoi que ce soit ; sur la forme, la méthode confirme la condescendance de la France vis-à-vis de ces pays – si l’on ne change rien, pas besoin de concertation.
Personne n’était au courant de l’annonce de la réforme, en décembre 2019, par Emmanuel Macron à Abidjan. Seul son acolyte ultralibéral Alassane Ouattara en avait connaissance, lui qui avait été installé par les chars français en 2011 et qui est le champion toutes catégories de la multinationale Afrique à forte composante française, lui qui vient d’ailleurs de s’arroger un troisième mandat inconstitutionnel, au prix d’une répression implacable de ses opposants.
Bastien Lachaud. Il a raison !
Jean-Paul Lecoq. Quant aux autres partenaires de l’UMOA qui gère le franc CFA, à savoir le Bénin, le Burkina Faso, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Togo et le Sénégal, ils n’étaient même pas informés ; pas plus que ne l’était le gouverneur de la BCEAO, qui pilote cette monnaie.
Lorsque Emmanuel Macron a expliqué le sens de la réforme en décembre dernier, à Abidjan, il a dit : « j’ai souhaité pouvoir mettre à plat l’ensemble des sujets pour écrire une page nouvelle […] de notre histoire commune ». L’idée ne lui a donc pas été soufflée par les États membres de l’UMOA, comme on veut nous le faire croire, ce matin encore ; c’est encore et toujours Jupiter qui a décidé seul.
Or un changement de monnaie, si l’on respecte un tant soit peu les peuples concernés, aurait dû faire l’objet d’un chantier démocratique, transparent et ouvert, quitte à être long. Prenons notre exemple : en 1992, lorsque la Communauté européenne a choisi de devenir l’Union européenne et de passer à l’euro, il y a eu, en France, un référendum sur les enjeux du passage à la monnaie unique, sept ans plus tard, avec un calendrier précis. Peu importe ce que l’on pense du résultat, force est de constater qu’au moins sur la méthode, les choses étaient plus démocratiques.
Ici, que nous propose-t-on ? Uniquement, la ratification d’un accord de coopération, sans même le calendrier de mise en place de l’eco. L’ordre dans lequel s’effectuent les ratifications est en soi suspect : pourquoi la France est-elle le premier pays à ratifier cet accord, alors qu’en toute logique elle aurait dû attendre que les pays directement concernés l’aient fait d’abord ? Notre parlement aurait ainsi pu tenir compte des débats démocratiques suscités par cette réforme chez les peuples en question. C’est un non-sens complet d’avoir procédé autrement, non-sens qui justifierait à lui seul que l’on rejette ce texte – ce que vous avez encore la possibilité de faire.
N’oublions pas en effet que l’on parle ici de monnaie, c’est-à-dire d’une institution politique et économique absolument fondamentale, puisque c’est elle qui permet à une zone de déterminer et de piloter son économie en se fixant des objectifs de développement.
Cette réforme du franc CFA va-t-elle permettre à l’UMOA de piloter ses taux de change afin de favoriser ses exportations où ses importations ? Va-t-elle laisser aux pays de la zone le choix de s’adosser à une monnaie plutôt qu’à une autre ? Va-t-elle leur permettre de piloter l’inflation, les taux d’intérêt, le poids de la dette ? Non. Rien ne changera, et le cordon ombilical qui relie le franc CFA à la zone euro va perdurer, au travers de l’arrimage à l’euro, de la liberté des transactions et de la convertibilité illimitée entre les deux monnaies, ce triple lien permettant à toute multinationale qui fait du commerce dans la zone monétaire du franc CFA de voir ses investissements sécurisés sur le long terme, de convertir en euros ses profits réalisés en francs CFA, puis de rapatrier ensuite ces capitaux vers la zone euro.
La parité fixe euro-franc CFA ne pose certes aucun problème à ceux qui travaillent en euros, mais c’est beaucoup plus compliqué dans tous les secteurs où la monnaie de référence est le dollar : l’euro – et donc, avec lui, le franc CFA – varie tous les jours face au dollar, et lorsque les taux de change sont trop volatiles, des secteurs entiers de l’économie peuvent perdre leur compétitivité du jour au lendemain – nous en avons fait l’expérience avant le passage à l’euro. L’Agence française de développement – AFD – avait d’ailleurs tiré la sonnette d’alarme il y a quelques années, en indiquant que la parité fixe avait été l’un des principaux facteurs de l’effondrement du secteur du coton au Burkina Faso. Retenons les leçons de l’histoire !
Il pourrait donc être dans l’intérêt de certains pays de s’arrimer à d’autres monnaies que l’euro, mais le système favorise le lien entre zone euro et zone CFA, entravant de ce fait le commerce entre les membres de l’UMOA ou de la CEDEAO. Cela explique que, cinquante ans après les indépendances, l’Europe soit encore le premier partenaire commercial de la plupart de ces pays, alors que le commerce intracontinental représente moins de 15 % de leurs échanges – le sujet doit vous parler, monsieur le ministre délégué ! Ce chiffre signe l’échec véritable du franc CFA et justifierait à lui seul que cette monnaie soit remisée au placard de l’histoire.
Il n’y a, au sein de l’UMOA, aucun mécanisme de solidarité, aucun marché unique, aucune union politique ; aucun intérêt économique non plus à adopter une monnaie unique dont rien ne dit qu’elle bénéficiera à chacun de ses membres.
Comparons à nouveau avec la zone euro : malgré une très forte intégration économique et un commerce intense entre les États membres, nous savons tous que son fonctionnement n’est pas évident. Mais là, il s’agit d’une union monétaire sans autre forme d’union. Lorsque l’on ne maîtrise pas sa politique monétaire et que l’on ne peut pas laisser filer l’inflation pour diminuer la dette, le seul outil pour se désendetter, en cas de crise, est la diminution des dépenses publiques – cela nous parle ici aussi. Comme dans l’Union européenne, le programme est l’austérité à perpétuité. Le rôle du franc CFA dans la situation économique et sociale catastrophique des États membres de l’UMOA est à étudier avec sérieux, même s’il n’en est évidemment pas l’unique facteur, nous en sommes d’accord.
Regardons la situation d’un point de vue historique : dans les années 1980, le Fonds monétaire international – FMI – et la Banque mondiale ont saigné les pays d’Afrique de l’Ouest. Les fameux plans d’ajustement structurel ont, avec la complicité du club de Paris, détruit ces États en pleine construction, les ont rendus dépendants des cours des matières premières, les ont obligés à tout privatiser et à réduire le plus possible les dépenses publiques. Ils avaient promis un renouveau économique qui n’est jamais arrivé.
Évidemment, ces cures d’austérité n’ont jamais fonctionné et l’endettement des pays est resté très élevé. Le franc CFA a empêché ces pays d’utiliser l’inflation pour se désendetter. Ceux-ci ont donc continué à diminuer leurs dépenses publiques pour les porter à des niveaux totalement inacceptables pour leur population. Voilà l’origine de leur crise ! En effet, cette politique a produit des systèmes éducatifs totalement dégradés, des systèmes de santé inefficaces et des salaires si faibles dans la fonction publique qu’ils ne peuvent empêcher la corruption.
Face à ces situations, l’aide publique au développement – APD – ne suffit pas à remonter la pente : la pauvreté et les inégalités explosent, le chômage devient de masse, des millions de jeunes sont touchés par le désespoir et l’exil contraint se développe. Le pire, c’est que même avec l’APD, la zone CFA est encore perdante. Tous les pays de l’UMOA figurent dans la liste prioritaire de l’AFD ; une partie importante de notre APD est donc dédiée au déploiement de programmes, dont certains consistent à construire des infrastructures. Or qui est favorisé lorsqu’il s’agit de gagner des marchés dans une monnaie arrimée à l’euro ? Nos multinationales, bien sûr ! Le métro d’Abidjan offre un exemple funeste de ce genre de projets,…
Marc Le Fur, rapporteur pour avis de la commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire. Vous préférez les Chinois ?
Jean-Paul Lecoq. …que le sénateur communiste Pierre Laurent a récemment dénoncés. Le chantier a été confié, à la suite d’immenses pressions du pouvoir français et sans appel d’offres, à un consortium d’entreprises françaises, à un prix astronomique. La transformation du franc CFA en eco ne changera en rien ce système.
Les trois choses qui vont changer sont le nom, la possibilité pour la BCEAO de déposer ses réserves de change ailleurs qu’au Trésor français et l’absence de Français dans la gouvernance de la zone monétaire – et encore. L’étude d’impact du projet de loi affirme que la fin de l’obligation de réserve de change au Trésor français ne modifiera absolument pas la tutelle monétaire. En revanche, cette disposition allégera le coût supporté par la France, qui n’aura plus à rémunérer les avoirs déposés sur le compte dédié ; voilà qui en dit long sur l’état d’esprit de ses auteurs !
Jacques Maire, rapporteur. C’est petit comme argument, très petit !
Jean-Paul Lecoq. Quant à l’absence de Français dans la gouvernance de la zone monétaire, la lecture attentive de l’article 4 de l’accord commande de la nuancer. En effet, il dispose qu’une personnalité indépendante et qualifiée sera nommée par le conseil des ministres de l’UMOA, en concertation avec la France, pour siéger au comité de politique monétaire de la BCEAO – je ne reprendrai pas ici l’interpellation de Mme Roselyne Bachelot cette semaine.
La France sort donc par la porte pour mieux revenir par la fenêtre. L’objectif de la France vis-à-vis de l’UMOA est clair : faire taire les critiques populaires sur le franc CFA par une réforme plus que minimaliste.
Le nom de la nouvelle monnaie est une tartufferie comme j’en ai rarement vu. Eco est le nom du projet de monnaie unique de la CEDEAO, communauté économique qui englobe tous les États de l’UMOA, ainsi que le Cap-Vert, la Gambie, le Ghana, la Guinée, le Liberia, le Nigeria et la Sierra Leone. La CEDEAO, ou ECOWAS en anglais, avait choisi le diminutif de son acronyme anglais pour nom de sa future monnaie. Nous avons affaire à une OPA hostile sur l’eco de la CEDEAO. L’objectif de la France vis-à-vis de la CEDEAO est clair : couper l’herbe sous le pied du projet monétaire de cette zone et imposer son eco comme un fait accompli, afin d’étendre l’influence de sa monnaie à tous les États membres de la CEDEAO. Le rapport de notre commission énonce clairement cet objectif, puisqu’on y lit à la page 22 : « Le fait que le changement de monnaie solde un héritage controversé est susceptible de générer une dynamique politique […]. Il peut permettre à d’autres pays, aujourd’hui extérieurs à l’UMOA, de rejoindre l’eco ».
Les pays concernés n’ont pas du tout apprécié cette visée de la France. Le Nigeria, poids lourd de la CEDEAO, a évoqué l’implosion de la zone si la réforme du franc CFA était mise en œuvre. Plusieurs États ont officiellement condamné cette initiative. Vouloir imposer l’eco à l’ensemble de la CEDEAO est une stratégie très dangereuse. L’exécutif français prend le risque d’une crise diplomatique dans cette zone déjà en proie à de fortes tensions.
L’objectif absolu s’agissant de la CEDEAO devrait plutôt être le renforcement des États, de leurs services publics et de leur économie : ces politiques seules seraient susceptibles d’offrir aux populations des perspectives de vie et de travail sur place.
Rodrigue Kokouendo, suppléant Mme Marielle de Sarnez, présidente de la commission des affaires étrangères. C’est ce qui est fait déjà en partie.
Jean-Paul Lecoq. Ces politiques seules seraient à même de lutter efficacement contre le terrorisme, qui ronge toute cette zone. Avec cette stratégie du chaos, la France affaiblit la CEDEAO. Or celle-ci est l’appui de l’Union africaine dans la politique de convergence économique et financière, et de développement d’une union douanière visant à créer des intérêts économiques communs dans la région et, surtout, à mettre en place une devise commune. Affaiblir la CEDEAO, c’est affaiblir le relais de l’Union africaine pour l’intégration régionale ; c’est affaiblir le multilatéralisme africain. Serait-ce là votre objectif ? Je ne peux pas y croire : vous parlez si souvent de multilatéralisme !
Voulons-nous être complices de cette stratégie de classe ? Que l’on me comprenne bien : je ne penche pas pour le très libéral projet eco de la CEDEAO, mais je constate que le Gouvernement français s’est invité dans ce débat pour en perturber le cours. Cette monnaie, assumez-le, correspond aux intérêts des classes supérieures africaines tournées vers l’extérieur et des multinationales qui travaillent en euro ; pour les peuples et pour les PME africaines, elle peut être un véritable boulet. Votre majorité défend les intérêts des classes aisées et des multinationales en toutes circonstances et en tout lieu.
Nous, députés communistes, nous opposons à cette réforme précisément parce que nous défendons, en toutes circonstances et en tout lieu, les plus précaires et les peuples. Pour cela, il faut un véritable renouvellement. L’exécutif français ne doit pas imposer sa volonté en faisant pression sur des dirigeants africains. Il est insultant de dicter à des pays indépendants leur politique monétaire et économique. Cette politique ne fait qu’alimenter le sentiment anti-français. Avec cette réforme, nous sommes à mille lieues de ce qu’il faudrait faire pour réparer et construire des relations respectueuses de coopération d’égal à égal entre nos pays et nos peuples.
Jacques Maire, rapporteur. Pompier pyromane !
Jean-Paul Lecoq. Il faut se poser la question de l’intérêt d’une telle réforme pour les peuples. À l’occasion de ce travail, nous n’avons rien trouvé qui aille dans ce sens : cette réforme n’est pas faite pour eux – eux qui pâtiront de ses mauvais côtés. Cette hypocrisie n’a que trop duré : il faut rejeter ce texte et repartir à zéro. Cette motion de rejet préalable vous en offre la possibilité : soutenez-la pour entamer un processus véritablement démocratique ! (M. Christian Hutin applaudit.)
Explication de vote concernant la motion de rejet préalable :
Jean-Paul Lecoq. Pour appuyer mon propos, je vais vous montrer que tous mes arguments figurent déjà dans le rapport de la commission.
À propos du manque de concertation, je vous invite à relire la page 26. À la page 21 est indiqué que la convention de garantie entre la France et la zone CFA n’est toujours pas conclue, ce qui prouve que nous votons sur une réforme qui n’est pas ficelée. Concernant les problèmes économiques que pose la réforme, le rapport pointe les mêmes faiblesses que celles que j’ai exposées. Plusieurs passages, aux pages 10, 12 et 13, indiquent que les entreprises multinationales et la frange aisée des populations sont favorisées par le franc CFA, alors que les PME locales et les populations pauvres en souffrent, surtout à cause des hauts taux d’intérêt et des coûts de production induits par la valeur élevée du franc CFA. En lisant ces pages, on se demande vraiment pourquoi vous vous félicitez de cette réforme, qui ne changera rien pour les peuples.
S’agissant de l’ambition défendue par Paris d’étendre l’eco à toute la CEDEAO, le rapport ne fait aucun mystère : aux pages 6 et 23, il indique que le franc CFA peut servir d’embryon à la future monnaie unique ouest-africaine. Les pages 22 et 23 montrent les tensions diplomatiques créées dans la CEDEAO par l’annonce précipitée de la réforme. Ce que j’ai indiqué à propos de la stratégie du Gouvernement français, consistant à prendre de vitesse la réforme monétaire de la CEDEAO pour tenter d’étendre à toute la zone une version quasi identique du franc CFA, figure dans le rapport.
Au-delà des problèmes de fond, la méthode n’est pas bonne : il aurait fallu au minimum laisser les parlements directement concernés s’exprimer avant nous. Je vous propose de rejeter dès maintenant le projet de loi. Peut-être pourrions-nous ensuite, et seulement ensuite, reprendre nos débats en fonction de ce qui se sera dit dans les parlements africains.
Intervention générale concernant le projet de loi portant réforme du CFA :
Mme la présidente. La parole est à M. Jean-Paul Lecoq.
Michel Herbillon. C’est un véritable festival !
Jean-Paul Lecoq. J’en ai encore à dire !
Franck Riester, ministre délégué. Encore ?
Michel Herbillon. C’est sa troisième prise de parole !
Bruno Fuchs. Il s’auto-allume !
Jean-Paul Lecoq. La relation de la France avec l’Afrique francophone ne pourra pas être assainie tant que les dirigeants de notre pays n’auront pas mis de côté leur obsession de l’influence politique et économique sur cette zone. La réforme que vous proposez est une nouvelle illustration de cette obsession…
Bruno Fuchs. Ça, c’est vrai !
Jean-Paul Lecoq. …et elle est aveugle aux dangers qu’elle pourrait faire naître.
La zone monétaire du franc CFA s’appelle « Union monétaire de l’Ouest africain » ; elle est composée du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée-Bissau, du Mali, du Niger, du Sénégal et du Togo. Tous ces pays font également partie d’un ensemble plus large : la CEDEAO, c’est-à-dire la Communauté économique des États de l’Ouest africain, qui compte en outre le Cap-Vert, la Gambie, le Ghana, la Guinée, le Liberia, le Nigeria et la Sierra Leone.
Or les quinze États qui composent la CEDEAO ont pour objectif de converger économiquement, et entre autres, depuis des années, de travailler à une monnaie unique. Il n’y a pas de hasard : depuis 2019, la mise en place de cette monnaie unique de la CEDEAO s’accélère, et elle a reçu un nom, l’eco ; pourtant, en décembre 2019, sans que les membres de la CEDEAO, ni même les autres membres de l’UEMOA, ne soient au courant, Emmanuel Macron, président français, et Alassane Ouattara, président ivoirien, ont annoncé la mise en place de l’eco à l’échelle de la seule UMOA, en remplacement du franc CFA.
Cet eco-là ressemble à s’y méprendre au franc CFA, mais ignore totalement les critères retenus par la CEDEAO pour sa monnaie. Comme le dit l’économiste sénégalais Ndongo Samba Sylla, « une abolition du franc CFA aurait nécessité au moins, symboliquement, la fin de l’accord de coopération monétaire entre la France et les pays de l’UEMOA ». Or tel n’est pas le cas.
Alors pourquoi une réforme d’une telle ampleur a-t-elle été subitement proposée, sans concertation ? J’avancerai deux explications.
La première, c’est sans doute l’accélération du calendrier de réforme de la CEDEAO ; la peur française de perdre notre influence en Afrique de l’Ouest s’est alors réveillée, et les dirigeants français ont choisi de torpiller le projet de la CEDEAO, comme l’a dit l’économiste sénégalais Demba Moussa Dembelé. Mais cette stratégie a créé de très vives tensions diplomatiques, au sein de la CEDEAO – entre les pays utilisateurs du franc CFA et les autres –, mais aussi entre la CEDEAO et la France. Le président nigérian a même brandi la menace de dislocation de la CEDEAO. Cette stratégie de la tension est loin d’être innocente. C’est Justin Koné Katinan, ancien ministre ivoirien, qui l’explique le mieux : pour maintenir son influence en Afrique de l’Ouest, la France n’a que deux solutions, « soit avoir l’entièreté de la zone CEDEAO sous son contrôle grâce à sa monnaie, soit, à défaut, la désintégrer pour sauvegarder son espace, butin de son passé colonial ». Il n’y a pas de quoi être fier !
La deuxième explication, c’est la volonté de briser, au sein de l’UEMOA, « l’élan patriotique des Africains quant à la reconquête de leur souveraineté monétaire », selon les mots de l’économiste Séraphin Prao. Casser la dynamique naissante de l’eco, casser la dynamique anti-franc CFA qui émerge dans les sociétés civiles de l’UEMOA : voilà le pourquoi de la précipitation.
Au-delà du débat économique, on le comprend, c’est la sauvegarde du pré carré qui est en jeu. Or la politique de la terre brûlée engagée par cette réforme pourrait s’avérer très dangereuse ; prendre le risque d’un retour de flamme dans un espace géopolitique en proie à tant de dangers est totalement irresponsable. Cette irresponsabilité s’explique par l’histoire : cette réforme ne fait que poursuivre la fuite en avant entamée depuis le premier jour de la décolonisation.
D’ailleurs, le 19 juillet 1961, ici même, à l’occasion du débat sur le traité créant l’UMOA, le député communiste Paul Cermolacce disait : « les peuples d’Afrique […] aspirent à une véritable indépendance, sans restriction ni sans arrière-pensée. Vouloir aller contre ce courant, c’est aller à de nouveaux déboires. Nous nous refusons à cautionner votre politique. Notre position est claire : nous sommes pour de véritables rapports de coopération qui ne peuvent se concevoir et être durables sans une totale indépendance. » Il allait jusqu’à critiquer le fait que certaines élites africaines étaient corrompues par la France pour mieux faire accepter au peuple les décisions impopulaires exigées par Paris. Cela n’existe heureusement plus aujourd’hui – Raymond Devos ajouterait : « quoique ». Force est de constater que, soixante ans après cette intervention, nous voyons encore quotidiennement dans cette zone de l’Afrique les déboires dont parlait ce député communiste.
Le groupe de la Gauche démocrate et républicaine appelle donc à voter contre ce projet de loi, en espérant que cette fois-ci, le pouvoir entendra sa mise en garde.
Explication de vote sur l’ensemble du projet de loi portant réforme du franc CFA :
Jean-Paul Lecoq. Mes chers collègues, il me semble important d’insister encore sur le sujet tant il est fondamental pour des dizaines de millions de personnes, et tant il est délicat pour notre Parlement d’en débattre, puisqu’il ne concerne pas directement le peuple français. Les contours de la nouvelle monnaie reprendraient presque totalement ceux du franc CFA, notamment les trois principaux critères que sont la parité fixe avec l’euro, la garantie de conversion illimitée entre l’euro et l’eco, et la liberté de mouvement des capitaux entre les deux zones monétaires. Ces critères monétaires favorisent les multinationales travaillant avec l’euro et les classes africaines aisées, au détriment de l’emploi, de l’industrialisation et du dynamisme des PME locales. Le maintien de ces caractéristiques pour l’eco va donc à l’encontre des revendications des classes populaires d’Afrique de l’Ouest, victimes du chômage de masse et de la faiblesse du tissu économique, qui veulent depuis longtemps en finir avec cette monnaie issue de la colonisation française.
En même temps, la réforme de l’eco proposée par Paris entre en conflit avec la volonté de la CEDEAO de mettre en place une monnaie unique, l’eco CEDEAO. Cette stratégie a créé une très forte tension au sein de la CEDEAO qui a l’impression de se faire voler sa réforme par Paris.
Christian Hutin. Absolument !
Jean-Paul Lecoq. C’est une stratégie tout à fait volontaire : l’exécutif français veut couper court aux exigences de la réforme de la zone monétaire CFA par une réforme minimale qui supprime, notamment, le nom de la monnaie, afin d’empêcher une réforme monétaire de la CEDEAO qui mettrait en danger ses avantages économiques en Afrique de l’Ouest.
Une structure monétaire inchangée, une réforme précipitée au bénéfice des multinationales européennes, la volonté d’affaiblir le projet monétaire de la CEDEAO pour en prendre la place : tous les éléments sont réunis pour que la réforme ne fasse qu’empirer la situation actuelle. Je vous invite à voter contre le projet de loi.
LA VÉTUSTÉ DES PONTS AU SÉNÉGAL
Sur le tronçon Ziguinchor-Diouloulou, les usagers alertent les autorités du danger que représentent ces ouvrages qui peuvent céder à tout moment. En cas de catastrophe, c'est toute l'économie de la sous-région qui sera frappée, en plus des dégâts humains
En Afrique de l'Ouest, une série de ponts menaçant ruine représentent un danger pour les population et le trafic de marchandises. Reportage au Sénégal.
Les différents ponts sur la route de la Cédéao qui relie la Gambie à la Guinée-Bissau via la Casamance au sud du Sénégalse trouvent aujourd'hui dans un état de dégradation qui fait peur aux usagers.
Ces ponts ont été construits par la France durant la période coloniale, tandis que d’autres ont été bâtis au début de l'indépendance du Sénégal. Les habitants qui empruntent ces infrastructures demandent au gouvernement sénégalais de s’en occuper pour éviter une catastrophe.
Sur le tronçon Ziguinchor-Diouloulou, les usagers ont déjà alerté les autorités sénégalaises du danger que représentent ces ouvrages qui peuvent céder au passage des camions.
Ousmane Thiam, un transporteur rencontré au pont Emile Badiane, à l'entrée de Ziguinchor, nous a fait part de son inquiétude.
''Par rapport à la vétusté des ponts au niveau régional, prenons l'exemple qui est là près de nous : le pont Emile Badiane qui a été inauguré en 1978. Normalement on doit réparer ce pont ou même le refaire parce que l'heure est grave. Ce pont peut, à tout moment, conduire à une catastrophe. Et puis, il y a les ponts de Baïla et de Diouloulou… il y a trois ponts que l'Etat du Sénégal devrait refaire''.
Risques pour l'économie
Notre interlocuteur souligne qu'en cas d'effondrement d'un des ponts sur cet axe, c'est toute l'économie de la sous-région qui sera frappée, en plus de la catastrophe humaine :
''S'il y a une catastrophe, il y aura un problème. La position de ces ponts est très importante car ils se trouvent sur une route Cédéao. Cela peut freiner l'économie du Sénégal, de la Guinée-Bissau ou de la Guinée-Conakry parce que tous les véhicules de marchandises passent sur ces ponts''.
Mamadou Sarr, un réparateur de moteurs de pirogues travaillant sous ce pont, indique que la vétusté des garde-fous constitue un véritable danger pour la vie des populations riveraines :
''Les garde-fous ne sont pas du tout bons, ils exposent les populations au danger. Parce que si une voiture heurte ces garde-fous et tombe sur nous, elle va nous tuer.''
Un camion de marchandises est d'ailleurs tombé du pont il y a deux ans, car les garde-fous avaient cédé, ce qui avait entraîné sa chute dans le fleuve, faisant trois morts parmi les passagers.
À noter que nos tentatives d'avoir des explications des responsables de l'Ageroote chargée des infrastructures routières au Sénégal sont restées vaines. Les deux responsables du bureau de Ziguinchor sont absents, nous a assuré la secrétaire de ce service.
MIMI TOURÉ SERT UNE CITATION DIRECTE À TOUSSAINT MANGA
Aminata Touré traine Toussaint Manga en justice. L’ancien Premier ministre a servi une citation directe au député libéral pour propos calomnieux.
Aminata Touré traine Toussaint Manga en justice. L’ancien Premier ministre a servi une citation directe au député libéral pour propos calomnieux. Selon une note de sa cellule de communication, Toussaint Manga devrait répondre lundi pour les accusations portées contre Mimi Touré, jeudi, à l’Assemblée nationale.
« Dans sa déclaration calomnieuse d’aujourd’hui à l’Assemblée nationale, le député Toussaint Manga déclare que Mimi Touré aurait acheté récemment une maison de milliards. Pour son information, tous les biens immobiliers de Aminata Touré au Sénégal et aux Etats Unis figurent dans sa déclaration de patrimoine de 2012 et réactualisée en 2019 lors de sa nomination au CESE », fait savoir la cellule de communication de l’ancien ministre. « Son domicile qu’elle a rejoint depuis an et demi figure dans sa déclaration de patrimoine de 2013. Pour votre gouverne, sachez que Mme Aminata Touré est légalement propriétaire depuis 1993 à l’âge de 31 ans et aux USA depuis 15 ans », précise la note parvenue à emedia.sn. Laquelle demande à Toussaint Manga de ne pas se cacher derrière son immunité parlementaire quand la citation lui sera envoyée, lundi.
VISITE VIRTUELLE DE LA MAISON OUSMANE SOW
La maison du sculpteur et plasticien a rouvert ses portes à Dakar. Mais pendant le confinement, la direction a mis au point une visite virtuelle. Découverte
La maison du sculpteur et plasticien Ousmane Sow a rouvert ses portes à Dakar. Mais pendant le confinement, la direction a mis au point une visite virtuelle qu'a pu tester notre envoyée spéciale permanente au Sénégal.
FINTECH ET PHILATÉLIE DE LUXE POUR SAUVER LA POSTE SÉNÉGALAISE
Des années de gabegie ont transformé l’opérateur public en gouffre financier. Pour le relancer, il faut revoir ses missions et procéder à un dégraissage. Il serait dommageable que ce patrimoine historique créé en 1893, en vienne à mourir
Jeune Afrique |
Ousseynou Nar Gueye |
Publication 11/12/2020
Abdoulaye « Bibi » Baldé, actuel directeur général de la Poste du Sénégal, nommé en avril 2019, en a paradoxalement été le ministre de tutelle, en tant que ministre de la Communication, des Télécommunications, des Postes et de l’Économie numérique, dans le gouvernement nommé en septembre 2017.
Le retour de son directeur général est révélateur du surplace et de l’arriération des méthodes de travail et du cœur de métier de la société nationale. La structure crie à l’asphyxie, réclamant à l’État le paiement de créances d’un montant de quelques dizaines de milliards de F CFA. Plus exactement une redevance qui s’élève à 42 milliards de F CFA (64 millions d’euros). L’actuel ministre de l’Économie numérique et des Télécommunications vient d’indiquer que cela serait fait dans les meilleurs délais.
Toutefois, il y a fort à parier que cela ne changera rien au déficit structurel de la Poste, société obsolète qu’il est urgent de réorienter dans l’exercice de ses missions et de privatiser. Ou de fermer définitivement. L’ironie veut que, au moment où elle réclame une redevance à l’État, la Poste du Sénégal doive plus de 150 milliards de F CFA à ce même État, notamment au titre de sa dette sociale.
Léthargie et état comateux
Le fait que des pères et mères de famille travaillent dans cette structure parapublique exclut, comme option du gouvernement Sall, sa suppression pure et simple. Reste à la réorienter dans ses missions et contenus de produits et services. La Poste pense avoir des usagers à une époque où il n’existe que des clients, que l’on doit traiter comme tels, comme des rois donc. Tant en matière de rapidité et de qualité du service que dans le caractère innovant de ces mêmes services. Autrement, ils votent avec leurs pieds et leur portefeuille, et vont voir ailleurs.
Les « vaches à lait » que constituaient le télégramme et le mandat postal sont morts de leur belle mort. Plus personne n’achète de timbres à l’heure du courriel. La téléphonie a été sortie de la Poste depuis 1987, par la création de la Sonatel, extrayant de cette structure les joyaux de sa couronne. La léthargie et l’état comateux de la Poste ne datent donc pas d’aujourd’hui.
Sous le régime du président Abdoulaye Wade, en 2004, dans le cadre du PPIP (Projet de promotion des investissements privés) financé sur demande du gouvernement par la Banque mondiale, l’un des volets de ce programme consistait en l’appui à la reconversion et à la réorientation de la Poste, alors déjà en déficit structurel. Il y a seize ans.
C’était avec stupéfaction que nous avions appris, à Paris, la mort de Williams Sassine. La perte demeure et demeurera inestimable parce que cet enfant de Guinée est sinon le meilleur, en tout cas un des illustres romanciers africains de sa génération
Pour rendre hommage à un des meilleurs écrivains africains, le Guinéen William Sassine, Makhily GASSAMA a fait appel à un genre particulier : « Le Nègre que je suis, dit-il, a la chance de pratiquer deux méthodes critiques : soit il fait appel au moule classique, fondé sur la rigueur dite « scientifique », soit il opte pour le moule traditionnel africain, volontairement panégyrique, qui est celle de nos aèdes. Cette dernière pratique a presque les mêmes composantes que l’élégie. C’est bien ce moule que le critique littéraire et ancien ministre de la Culture du Sénégal utilise ici pour rendre hommage au grand écrivain guinéen, mort le 9 février 1997».
Mon ami, compatriote de Sassine, le dramaturge Ahmed Tidjani Cissé, le regretté ministre de la Culture, m’a raconté une anecdote fort piquante, que voici - qui n’a pas besoin de commentaire :
« Quatre jours avant sa disparition, le petit iconoclaste, ployant sous la chape de la grandeur et de l’incompréhension, se pointe un soir chez moi pour me proposer la rédaction d’une pièce de théâtre à deux, mais chacun œuvrant dans la solitude du créateur démiurge ! Celui d’entre nous deux qui estimera qu’il en a marre de naviguer à vue sur des pages infinies de l’écriture vient voir l’autre et lui présente sa partition. Les deux textes se « marient » pour le pire et pour le meilleur. Ensuite on trouve un metteur en scène pour faire jouer la pièce.
- Mais Sassine, le thème, les personnages, les actes… ?
- T’occupe pas, petit politicien. Le thème, c’est l’actualité du mensonge, du stupre, de la vente de l’Afrique à l’encan…
- Et les personnages ?
- C’est vous les voleurs de l’argent du peuple, c’est moi… [à l’époque Ahmed T. Cissé était député] Allez, petit, au boulot et tout de suite. Mon ami Sassine tourne le talon et me laisse dans la tourmente de celui qui doit écrire la moitié d’un texte de théâtre sans aucune idée de la manière dont l’autre va procéder. Quatre jours plus tard la radio annonce son départ… pour toujours »…
C’était avec stupéfaction que nous avions appris, à Paris, par une dépêche de l’historien guinéen Djibril Tamsir Niane, la mort de Williams Sassine. La perte demeure et demeurera inestimable parce que cet enfant de Guinée est sinon le meilleur, en tout cas un des illustres romanciers africains de sa génération. Mais, dit-on, un génie ne meurt pas : il vit à travers chaque mot, chaque image, chaque page de son œuvreii; il est en communion avec ses lecteurs de génération en génération. Dialogue dynamique. Dialogue constructeur. Dialogue éternel.
Bonjour donc, Williams Sassine !
Tu es né dans ce beau pays qui constitue moins un « scandale géologique » qu’un scandale historique ; plaise au Ciel que ses enfants s’en souviennent quotidiennement ! La Guinée, qu’on ne s’y trompe pas, c’est d’abord l’homme et son génie : Soundjata Keita, Soumaoro Kanté, Almamy Samory Touré, Alpha Yaya Diallo, El Hadj Omar Tall du Sénégal, Salim Karamba Diaby dit Karamoko-le-Grand de Touba au Fouta Djallon, Karamoko Fanta Mady de Kankan, sans parler de ces autres saints et érudits de l’Islam parmi les plus illustres du continent, qui y ont semé, chacun avec son génie propre, des grains qui finiront bien par germer pour nourrir l’Afrique de demain. Vois-tu, d’un côté, les grands bâtisseurs d’empires et de royaumes, aux ambitions démesurées, qui rêvaient déjà de l’unification du continent africain et Soundjata - lui, toujours lui, grand dans ses desseins, magnanime dans ses gestes ! -, admirait et jalousait les ambitions de conquête d’Alexandre le Grand, connu alors sous le nom de Dioulou Kara Naïni, « l’avant-dernier conquérant »iii de l’univers alors que l’invincible Empereur du Mali en était, disait-on, « le septième et dernier conquérant ». Ces « enfants noirs » étaient audacieux, téméraires et fiers de leur continent et de leur race.
Almamy Samory n’avait-il pas emmuré à mort son fils aîné, le vaillant Karamoko, héritier présomptif de sa gloire, qui osa vanter, à son retour de France, devant lui, - lui l’Almamy, le Simbon du Mandé ! -, oui, il osa vanter, sous son regard chargé d’éclairs, la puissance de la civilisation française, de la civilisation technicienne ? Et de l’autre côté ? Là, des éminents érudits, peu connus des générations des « Indépendances », des poètes et des poétesses talentueux, des intellectuels qui méritent d’être mieux connus sur le continent ; car l’étude attentive de leurs œuvres aurait la vertu, te disais-je sans la moindre hésitation, de nous rendre certainement moins arrogants, mais plus humbles et plus responsables - nous autres intellectuels sortis de l’Ecole étrangère, « bedonnants de diplômes »iv inefficaces, ridiculement fiers d’un savoir que nous ne réussissons pas à digérer pour l’assimiler et le mettre en pratique au service de notre continent. Je sais que tu en avais toujours voulu à nous autres, citoyens des « Indépendances », qui n’avons pas su être à la hauteur de la tâche. Je sais que tu te sentais « malade du présent », de notre présent, que tu pensais que « douter d’aujourd’hui, c’est apprendre à avancer à coups de révoltes »v .
Je soutenais, devant la puissance lucide et tranquille de tes accusations, que nous ne sommes rien de moins qu’une courte parenthèse dans l’histoire du continent, que nous bénéficions, aussi fragiles qu’elles soient, de quelques circonstances atténuantes, que l’Afrique renaîtra, que la grande Afrique sera… Un vulgaire conte de fée ? Que non ! J’étais sérieux. Que sais-je encore ? Je sais aussi que tu as sincèrement pensé et audacieusement écrit : « Je rassemblerai tous les malheureux et ensemble nous réinventerons le bien et le mal, la justice, l’égalité »vi. Vaste tâche, Williams Sassine ! Tâche titanesque, noble héritier de l’Empereur Soundjata Keita - le redoutable Simbon, le légendaire chasseur-guerrier du Mandé -, l’héritier de Soumaoro Kanté - le téméraire et terrifiant Roi-Sorcier !
Te souviens-tu, Williams plusieurs fois assassiné par nos cruautés et par notre insouciance d’anciens colonisés - honteusement irresponsables - et par notre arrogance et notre barbarie de nouveaux parvenus, héritiers des colonisateurs de nos terres et de nos âmes, te souviens-tu de mes propos dans la fraîcheur du soir, sous un ciel qui réveille l’envie de « cueillir les étoiles »vii, comme dit si bien un de tes personnages ? Je te parlais des grands bâtisseurs de Guinée et je te disais que sur cet humus fertile, ont poussé d’éminents hommes de culture et de grands artistes : outre les érudits arabophones, je citais, parmi les contemporains et parmi tant d’autres, Fodéba Keita, Laye Camara, Sori Kadian Kouyaté, Ibrahima baba Kaké, Djibril Tamsir Niane, Alioum Fantouré, Tierno Monénembo, toi-même, Williams Sassine. Je sens encore ton sourire moqueur à l’annonce de ton nom. Pourtant, tu n’as cultivé que l’excellence dans les Lettres africaines. Aussi, appartiens-tu à la race des seigneurs, toi qui n’as jamais su tricher. Ton pays est béni, ajoutais-je. Quel mortel oserait soutenir le contraire sans provoquer le courroux de ces saints du Fouta Djallon et de Kankan qui reposent dans la fertile terre de Guinée ? Ah oui, nous parlions de Dieu ou, plus exactement, je te parlais du Créateur ! Je te parlais de ce merveilleux pays que constitue le Sénégal à travers son histoire, où le dialogue entre les hommes, entre les ethnies, entre les races, entre les religions est loin d’être une fiction : il est une réalité palpable quotidiennement. Et profondément indigné par l’art d’exciter et d’instrumentaliser les identités ethniques par les acteurs de la scène politique de ton pays, je te disais et redisais sans cesse ce magnifique verset de la Sourate II du Coran, qui prêche la tolérance -, quelle émouvante tolérance ! - : « Certes, ceux qui croient et ceux qui suivent la religion juive, et les chrétiens, et les sabéens, en un mot quiconque croit en Dieu et au jour dernier et qui aura fait le bien : tous ceux-là recevront une récompense de leur Seigneur ; la crainte ne descendra point sur eux, et ils ne seront point affligés ».
Ce verset est sans ambiguïté : oui, tous ceux qui savent qu’ « il n’y a point d’autre dieu que Lui, le Vivant, l’Immuable » sont dans la même barque, une barque qui navigue sous pavillon divin. Voilà ce que mon pays, depuis des siècles, à travers les vicissitudes de l’Histoire, a compris et voilà pourquoi les fidèles de la confession la plus répandue, fermement soutenus par leurs Ulémas, ont osé placer à la tête du jeune Etat sénégalais un enfant issu de la minorité religieuse et ethnique. Oui, premier chef d’Etat de notre jeune République ! Pourquoi cet enfant précisément ? Parce qu’il était grand non pas par la taille, mais par l’esprit et par le cœur, parce qu’il était patriote, parce qu’il était juste, parce qu’il était un infatigable bâtisseur. Quelle clairvoyance ! C’est là toute la grandeur de ce peuple du Sahel. Noble geste. N’est-ce pas beau comme une œuvre d’art ? Et tu souriais, tu souriais toujours.
NOTES
i Il s’agit, ici, d’un hommage rendu à William Sassine après le colloque de la Sorbonne du 2 avril 1997, que j’ai eu l’honneur de présider. La première version de ce texte se retrouve dans mon ouvrage: Politique et poétique au sud du Sahara, abis éditions, Dakar, 2013.
ii Principales œuvres de Williams Sassine, écrivain guinéen : Romans : Saint Monsieur Baly, 285 pages, 1973 ; Wirriamu, 210 p., 1976 ; Le jeune homme de sable, 220 p., 1979 ; L’Alphabète, 1982 ; Mémoire d’une peau, 1998. Conte : Zéhéros n’est pas n’importe qui, 1994. Théâtre: L’Afrique en morceaux, 1994 ; Légende d’une vérité, 1995.
iii Dioulou Kara Naïni est la déformation mandingue de Dioul Kara Naïn ; c’est le nom donné à Alexandre le Grand par les musulmans. Dans toutes les traditions du Manding, on aime souvent comparer Soundjata à Alexandre. On dit qu’Alexandre fut l’avant-dernier conquérant du monde et Soundjata le septième et dernier conquérant, cf. Djibril Tamsir Niane, Soundjata ou l’épopée mandingue, Présence Africaine, Paris, 1960.
iv L. S. Senghor, Poèmes, Editions du Seuil, Paris, 1984. v Williams Sassine, Le jeune homme de sable, Présence Africaine, Paris, 1997, pages 97 et 108. vi Id., page 102. vii Le jeune homme de sables, page 93, ibid.
LE SENEGAL RATE SON AUTOSUFFISANCE EN RIZ, LE MINISTRE MOUSSA BALDE ACCUSE LES EXPERTS
Le gouvernement avait pour ambition de faire atteindre le Sénégal l’autosuffisance en riz en 2017. Mais l’échec a été manifeste
Le gouvernement avait pour ambition de faire atteindre le Sénégal l’autosuffisance en riz en 2017. Mais l’échec a été manifeste ! Dans une posture de mea culpa flagrant, le ministre de l’Agriculture, Moussa Baldé s’est lancé hier dans un long argumentaire pour justifier une telle situation qui lui a été rappelée par les journalistes au cours de son face à face avec la presse.
« Comment avions nous décidé qu’il nous fallait 600.000 tonnes ? Les experts, en particulier la FAO, considèrent qu’en moyenne le sénégalais consomme 90 kilogramme de riz blanc par mois. Et si on prend la population sénégalaise en 2017 par rapport à ce taux, on devrait produire 1 million de tonnes de riz blanc. Donc environ 1600.000 tonnes de riz en 2017 » a t- il allégué en sourcillant. Et évidemment, a reconnu le ministre, « ce chiffre a évolué puisque la population a elle aussi évolué ». Comme qui dirait que ces experts n’ont pas eu l’idée de prendre en considération cette évolution démographique dans leurs projections !
Le ministre de l’Agriculture d’enchainer : « Ce programme voudrait qu’on produise environs 1 à 2 millions de tonnes de riz dans la vallée du fleuve Sénégal, et 600.000 tonnes de riz pluvial ». Autres justificatifs de l’échec de cette politique agricole annoncé en fanfare au lendemain de l’arrivée du président Macky Sall au pouvoir en 2012, le ministre de l’Agriculture d’expliquer que la SAED (Société d’aménagement et d’exploitation des terres du Delta et de la vallée du fleuve Sénégal) n’a pas vocation à produire du riz. Son département ministériel aussi ajoute-t-il n’a pas vocation à produire du riz.
La production, selon lui, c’est la vocation des producteurs. « Nous, notre rôle est d’encadrer et d’organiser l’espace rural pour que toutes les conditions d’équipement soient réunies pour une production optimale. Or le premier facteur est le fait qu’on a du mal à faire une double culture intégrale. Celle-ci voudrait que si on produit par exemple pour cette année 50.000 hectares ; en contre saison qu’on puisse aussi arriver à atteindre cette quantité », a avoué M baldé d’après qui, l’autre difficulté réside notamment sur l’après contre saison à savoir le temps pour le producteur de vendre son riz, de payer ses dettes et le temps pour lui de se tourner vers la saison pluviale.
MAHMOUT SALEH, UN TROTSKYSTE POLITIQUEMENT CONTESTÉ
Plusieurs fois, les mauvaises langues l’ont déclaré « fini », en disgrâce mais à chaque fois, il s’est relevé, se montrant plus fringant que jamais. Retour sur le parcours de ce personnage clivant, considéré comme l'éminence grise du président Macky Sall
Discret mais rusé, Mahmoud Saleh est considéré comme la matière grise du président de la République sur le plan politique depuis 2009. Ce, même s’il est accusé de « comploteur » par ses détracteurs. Retour sur le parcours politique du trotskyste politiquement contesté par ses camarades de parti.
Mahmout Saleh a des origines libanaises mais il est né au Sénégal. « Il est un Saleh de Dahra mais sa mère est de Mbour. Il a vécu à Saint-Louis où il a été éduqué dans les valeurs sociétales de l’ancienne capitale.
En bon Saint-Louisien, il est un homme très courtois et cultivé » a révélé d’emblée Elimane Racine Sy avec qui il a cheminé depuis les années 1990. Selon notre interlocuteur, l’actuel directeur de cabinet politique du président Macky Sall a taquiné la politique dans les années 70 alors qu’il fut étudiant à bordeaux. « Il a milité à l’Association Générale des Etudiants Sénégalais (Fean) en France, pour ensuite au début des années 80, participer à la lutte pour la défense des centrales syndicales autonomes dont l’Udts et l’Uden» explique Ousmane Diop, chef de cabinet de Mahmout Saleh.
Sur le plan politique, plusieurs fois, les mauvaises langues l’ont déclaré « fini », en disgrâce mais à chaque fois, il s’est relevé, se montrant plus fringant que jamais. « Il a toujours cherché le consensus au point de soutenir le Groupe Ouvrier Révolutionnaire (Gor), la naissance de la Ligue Communiste des Travailleurs (Lct), de l’Union pour le Renouveau Démocratique (Urd) ensuite la fondation de l’Urd / Fal, du Nouveau Parti (Np) avant d’adhérer à l’Alliance Pour la République (Apr) » a remarqué Ousmane Diop. Très enclin dans des principes, il avait décidé, en 2000, de tourner le dos à feu Djibo Kâ (Urd) qui, lors de l’entre deux tours de la présidentielle, a alors pris l’engagement de soutenir Abdou Diouf. Avec d’autres hommes de valeur tels Amadou Doudou Sarr, Mbaye Diouf, Abdourahmane Touré etc, Mahmout Saleh a préféré battre campagne pour le candidat Abdoulaye Wade qui finit par remporter le scrutin et instaurer la première alternance politique au Sénégal. Il sera récompensé plus tard par un poste de Pca de la Sénégalaise de Réassurances (SenRe), puis ministre conseiller auprès du Président de la République, ministre Conseiller, ministre d’Etat, directeur de cabinet politique avant de devenir récemment directeur de cabinet du Président sous le magistère de Macky Sall.
Un fin politicien
Fidèle parmi les plus fidèles compagnons de Macky Sall, ses sorties dans la presse sont calculées pour ne pas gêner son mentor. Très écouté par le locataire de l’Avenue Léopold Sédar Senghor qui lui prête une oreille attentive, Mahmout Saleh est considéré par ses détracteurs comme fin politicien. « Longtemps auprès du président Macky Sall, Mahmoud Saleh, n’a jamais trahi, ni abandonné son patron et fidèle compagnon de longues années. Osons le dire, on ne l’a jamais entendu exiger quoi que ce soit ni directement, ni indirectement. A la différence de beaucoup d’acteurs politiques qui sont prompts à verser dans le chantage médiatique à la minute où leurs intérêts sont menacés », a ajouté Ousmane Diop. Selon ce dernier, cet homme d’État émérite, travailleur, silencieux, au parcours riche en expérience n’hésite pas à aller aux charbons pour donner corps et âme la vision du Président Macky Sall. « C’est pourquoi, il dérange souvent de par sa rigueur et son abnégation » a encore martelé son chef de cabinet.
Robuste tel un Robin des bois, le tout nouveau directeur de cabinet du Président de la République reste et demeure à chaque fois solide dans ses bottes parce que toujours préoccupé essentiellement de sa mission. « Les tintamarres médiatiques ne l’ont jamais ébranlé parce qu’assez aguerri au point de comprendre que celui qui s’engage dans la politique doit s’attendre à tout, y compris les coups et les meurtrissures. Qu’il tonne, ou qu’il pleuve Mahmoud Saleh demeure aussi fidèle en amitié qu’en politique (…) Le choix du président Macky Sall de faire de lui son directeur de cabinet n’est pas anodin. On peut l’interpréter de plusieurs manières. Prendre un homme de confiance comme Mahmoud Saleh à ses côtés montre combien ce nouveau remaniement s’inscrit dans une dynamique constructive d’innovations, de transformations, de réalisations et de changements nécessaires à l’accélération de l’émergence du Sénégal dans la paix, la sécurité, la stabilité, et la prospérité. Il y a un grand espoir pour le Sénégal de voir Mahmoud Saleh dans cette posture. C’est un homme qui connaît le pays d’abord pour l’avoir parcouru mais aussi pour son long et riche cursus politique. Ce serait trop prétentieux de dire qu’il est celui qui maîtrise le plus l’appareil d’État mais reconnaissons-lui d’être pleinement un homme d’État » a pesté Ousmane Diop.
Poursuivant, il prie pour que Mahmout Saleh ait le temps et les moyens nécessaires d’accompagner le Président Macky Sall dans l’accomplissement de sa grande mission pour le Sénégal. « Qu’il sache (et il le sait déjà) que les mauvaises langues vont se dénouer ; mais avec la force de caractère qu’on lui connaît, il ne reculera point. Ce patriote en homme aguerri et courageux qui a traversé le désert avec le président Macky Sall a toujours placé au - dessus de tout l’intérêt supérieur de la nation. Sa patience et son endurance le prouvent. Dans la disette comme dans le succès, Mahmoud Saleh est resté le même : un compagnon fidèle » a-t-il conclu.
Et si Macky voulait la peau du trotskyste Saleh ?
Sa nomination au poste de directeur de cabinet politique du président de la République a soulevé l’ire de certains apéristes et d’autres politiciens qui proclament que le monsieur n’a pas le profil de l’emploi. Selon ces détracteurs, il faut être de la hiérarchie A pour occuper ce poste. D’ailleurs, Mame Mbaye Niang a, lors de son passage à l’émission matinale de la Radio Futur Média il y a de cela une semaine, maintenu le flou sur le parcours académique de Saleh. « Mahmoud Saleh est directeur de cabinet avant il était directeur de cabinet politique. Il n’a qu’à rester à sa place. S’il déborde, il m’entendra », prévenait d’emblée le jeune Mame Niang qui, pourtant, était considéré comme un des jeunes de Saleh et lui et Bara Ndiaye de la Maison de la Presse. « Bara Ndiaye et Mame Mbaye Niang ont toujours été des jeunes éclaireurs de Mahmoud Saleh. C’est eux que l’actuel directeur de cabinet politique de Macky envoyait aux fronts pour s’attaquer à ceux à qui on prêtait des ambitions présidentielles dans le parti », rappellent nos interlocuteurs qui ont voulu garder l’anonymat. Mais, qui n’ont pas manqué d’affirmer que si aujourd’hui Mame Mbaye Niang va jusqu’à attaquer ouvertement Mahmoud Saleh que l’on considérait comme l’oreille du Chef de l’Etat, c’est parce que quelque chose a changé. « C’est Macky Sall qui est derrière les attaques de Mame Mbaye Niang contre Mahmoud Saleh. Il se passe qu’il n’a plus besoin de lui après avoir réussi à lui faire faire les sales boulots. Il a eu ce qu’il voulait de lui, maintenant il envoie Mame Niang pour le charger en prétextant son parcours académique », soutiennent nos sources. Lesquelles se demandent comment Mame Mbaye Niang a su que Macky serait trompé sur le parcours académique de Mahmoud Saleh. « Les attaques répétitives de Mame Mbaye Niang ont une explication. Si Macky ne l’avait pas actionné, il n’oserait nullement s’attaquer à Mahmoud Saleh », estiment-elles. Des proches de Saleh, eux, pensent que Macky Sall sait ce que Mahmout Saleh représente auprès de lui. « Je crois que Mahmout Saleh a le profil de l’emploi et n’a pas à répondre à Mame Mbaye Niang. Il n’est pas au même niveau politique que lui. Macky Sall sait ce que Mahmout Saleh représente auprès de lui. Cependant, je m’interroge sur le silence du Président surtout après les attaques de Mame Mbaye Niang » a relevé en conclusion Racine Sy.