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28 juin 2025
ENTRE INCOHERENCES ET DYSFONCTIONNEMENTS
De l’absence d’infrastructures dans les régions en passant par une pluralité d’acteurs qui ne parlent pas un même langage, les inondations sont gérées avec un désordre qui n’a pas manqué d’intriguer les parlementaires.
Les conclusions de la mission d’information de l’Assemblée Nationale sur le plan décennal de lutte contre les inondations (Pdli) mettent à nu de nombreux manquements qui ne riment pas avec une gestion efficiente d’un phénomène aussi préoccupant que les inondations. De l’absence d’infrastructures dans les régions en passant par une pluralité d’acteurs qui ne parlent pas un même langage, les inondations sont gérées avec un désordre qui n’a pas manqué d’intriguer les parlementaires.
INFRASTRUCTURES ABSENTES DANS CERTAINES ZONES, VÉTUSTÉ DE SYSTÈMES D’ASSAINISSEMENT, DÉFAUT D’ENTRETIEN : Le plan décennal étale ses failles
«Dans le cadre du Plan décennal de lutte contre les inondations (Pdli) dans sa phase moyen et long terme, (2012-2022) les perspectives dans le département de Thiès sont la construction de 6 km de canaux, la station de pompage, l’extension du réseau avec le prolongement du canal Keur Mame El Hadj, drainage des eaux pluviales du point bas au quartier Aiglon, reprofilage du dalot du point bas de Jules Sagna et le redimensionnement de la capacité du dalot de Sampaté. Le coût prévisionnel de ces projets est arrêté à 3 milliards F CFA. Aussi, il est prévu un projet de 200 logements sociaux dans la commune de Nguinth. Aucun de ces travaux énumérés n’a encore démarré», souligne le document de l’Assemblée Nationale. Le rapport indique que c’est au niveau communal où des travaux ont été véritablement effectués, notamment la construction d’une station de pompage à Keur Ablaye Yakhé par le programme Promovilles. Le coût prévisionnel de ces projets est arrêté à 3 milliards FCFA.
Toujours dans la région de Thiès, la plus grande partie de la ville de Tivaouane ne dispose pas d’un réseau d’assainissement des eaux pluviales et la morphologie de certains quartiers ne favorise pas l’évacuation naturelle des eaux vers les exutoires. À cela s’ajoute l’occupation irrégulière et non planifiée dans plus de 40 quartiers de Tivaouane et environ. Une situation favorisée par l’absence de plan directeur d’urbanisme et d’assainissement à jour.
Pour la commune de Joal, dans le cadre de la phase moyen et long terme du Programme décennal, il est prévu la réalisation de 5600 mètres linéaires de canal de drainage des eaux pluviales pour un montant de 1. 909.000.000 FCFA dont les travaux n’ont pas encore démarré. Il était aussi prévu dans le cadre du plan Jaxaay, un projet de construction de 100 logements il y a de cela 15 ans et jusqu’ici les travaux n’ont pas encore démarré.
Dans la commune de Fatick, les services techniques de l’Onas ont déploré l’état de vétusté des caniveaux de drainage réalisés depuis 2005 et l’incivisme des populations qui font des branchements clandestins pour évacuer leurs eaux usées et les ordures ménagères dans le réseau destiné aux eaux pluviales obstruant ainsi le système d’évacuation. L’entretien des ouvrages destinés à l’assainissement est confié aux mairies, mais celles-ci ne disposent pas de moyens suffisants pour assurer l’entretien et l’exploitation de ces ouvrages. Par ailleurs, les bassins réalisés à Peulga et au quartier Émetteur ne recueillent que les eaux ruisselantes, les eaux stagnantes doivent être pompées ou évacuées par hydrocureurs.
Le département de Foundiougne n’est pas pris en compte dans le cadre du plan décennal de lutte contre les inondations. A Tambacounda, le rapport établit que la région ne bénéficie pas des projets du Plan décennal. Les seuls ouvrages d’assainissement qui existent sont obtenus grâce aux réalisations de Promovilles et de l’Ageroute. De même, la région ne dispose pas de réseau d’assainissement, pour l’évacuation des eaux usées et pluviales sauf un embryon de réseau localisé à la sortie de la ville. Les zones inondées dans la commune de Ziguinchor sont essentiellement dues à la vétusté des ouvrages existants (l’exemple du canal de korentas construit en 1965).
A Sédhiou, le Pdli dans ses phases d’urgence ainsi que celles à court et moyen terme n’est pas intervenu dans la région. En revanche, dans la phase moyen-long terme (2017-2022), il a été effectué des réalisations de caniveaux d’évacuation des eaux pluviales de 2100 mètres linéaires pour un coût estimé à environ 1.800.000.000 FCFA. Les travaux ont démarré en 2018 et sont toujours en cours et le niveau de réalisation est de 64% représentant 207.971.310 FCFA. Le montant des travaux à comptabiliser au titre du Programme décennal de lutte contre les inondations (Pdli) pour l’évacuation des eaux pluviales dans la ville de Sédhiou est évalué à 1 207 971 310 FCFA, soit un très faible taux de 0,16%.
PLURALITÉ DE DIRECTIONS, DIFFÉRENCE DANS LES MONTANTS INJECTÉS, APPELATION NON IDENTIQUE DU PLAN DECENNAL : Pagaille dans la gestion
L es différentes directions auditionnées par les parlementaires révèlent avec aisance la pluralité des entités impliquées dans la gestion des inondations. L’absence de coordination notoire car les structures sont rattachées à des ministères différents. Aussi, les chiffres donnés çà et là différent. Par exemple, le bureau d’information gouvernemental (Big) a estimé le financement de la Matrice d’actions prioritaires (Map) à titre de l’année 2010 à 1,800 million alors que le ministre de l’eau de l’assainissement parle de 1 980 000 000 FCFA.
Dans le rapport de l’Assemblée Nationale, le département de Serigne Mbaye Thiam, indique que la Map a été consolidée par la réunion interministérielle et validée en Conseil des Ministres, pour ce montant global. La pluralité dans la démarche se lit aussi dans la déclaration du ministre de l’urbanisme et du logement selon le ministre de finances qui a signalé que pour le volet assainissement son département, à travers le Projet d’achèvement des programmes de construction et de réhabilitation d’édifices de l’Etat, a démarré en 2012 ; le Projet Spécial Banlieue et en 2013 ; le Programme d’Assainissement des Eaux Pluviales de Rufisque, le tout pour un coût global de 5.418.743.210 F CFA alors qu’à côté, il y’a l’Office national de l’assainissement du Sénégal (Onas) qui a dépensé plus de 77 milliards.
Recevant les députés, le directeur de l’Office national du Sénégal, Lansana Gagny Sakho est lui aussi revenu sur la pluralité d’acteurs qui interviennent dans le secteur de l’assainissement. Il soutient ainsi qu’aussi bien l’Onas, Promovilles, l’Apix et que l’Ageroute font de l’assainissement. Et pourtant à la réalisation d’un ouvrage, toutes ces structures demandent à l’Onas d’assurer la gestion. Or, cette gestion demande des ressources d’exploitation qui ne sont toujours au rendez-vous. Selon lui, il faudrait désigner un seul acteur qui serait responsable de la réalisation et de la gestion des ouvrages d’assainissement. Ainsi, s’il y a des difficultés, seule cette structure devra répondre.
En effet, la multiplicité des acteurs pose beaucoup de problèmes. A propos des recommandations et des observations à faire sur la problématique des inondations au Sénégal, le ministre des finances a remarqué des manquements dans la coordination de l’ensemble des activités dans ce domaine. Sur ce, il a rappelé que le Pdli concerné pour l’essentiel le ministère de la restructuration des zones d’Inondations (Mrzi) de l’époque, ensuite le ministère de l’urbanisme, des finances et de l’Intérieur qui devraient jouer leur partition dans la réalisation du programme. Malgré cela, toutes ces structures n’avaient pas la coordination qu’il fallait à ce niveau. D’ailleurs, c’est ce qui justifie cette année, que dans le cadre de la gestion de lutte contre les inondations, l’essentiel des activités a été attribué à l’Onas et les collectivités territoriales, entre autres. Au regard de ces éléments, il a estimé qu’à l’avenir, il serait nécessaire de mettre en place une bonne coordination avec l’expérience de l’Onas, en invitant dans la gestion les autres ministères sectoriels ainsi que la mise à niveau des infrastructures de lutte contre les inondations. Au cours de la mission, l’occasion a été donnée aux députés de noter qu’il y a trois appellations données à ce plan selon les acteurs. Il s’agit du Plan décennal de lutte contre les inondations, Programme Décennal de lutte contre les inondations et Programme décennal de gestion des inondations. Pour les députés cela constitue une source de confusion.
OCCUPATION DES ZONES HUMIDES, INSTABILITÉ INSTITUTIONNELLE DES STRUCTURES, DÉFAILLANCE DANS LE LOTISSEMENT : Ces manquements à l’origine des inondations
Selon la Direction générale de l’urbanisme et de l’architecture, la principale cause des inondations est la forte pression démographique sur un espace géographique souvent limité fait que les populations se sont installées sur des zones humides, impropres à l’habitat comme les zones d’évacuation des eaux de pluie, lit majeur des fleuves. Il y’a aussi l’instabilité institutionnelle qui règne sur la gestion des inondations, éclatée entre plusieurs structures, est un facteur aggravant des inondations. C’est la raison pour laquelle, il importe de remettre en place l’Office national de lutte contre les inondations qui avait été créé par décret, a recommandé le directeur de l’urbanisme et de l’architecture. Il a aussi estimé que la gestion des inondations doit être centralisée autour d’une structure pérenne et inclusive qui s’occupe des inondations au quotidien et non attendre l’approche de l’hivernage pour agir. S’agissant des inondations à Dakar notamment à Keur Massar, qui ne bénéficie pas actuellement d’un système d’assainissement car, il n’a pas encore été pris en compte dans le cadre du Programme décennal de Lutte contre les Inondations (Pdli). La raison tient au fait que Keur Massar ne faisait pas partie de la catégorie des zones inondables.
A ce niveau, il faut noter que les problèmes ont commencé avec la densification des habitations qui a pour corollaire la surpopulation de Keur Massar et l’obstruction des voies naturelles d’écoulement des eaux. Ce phénomène a accentué la pression exercée sur la nappe phréatique et la reconstitution des anciens lacs (Lac de Mbeubeuss par exemple). De l’avis de la direction générale de l’urbanisme pour régler le problème et cela est valable également pour Jaxaay 2 et Tawfekh, il faut libérer les exutoires des eaux, faire un plan d’aménagement et réaliser les ouvrages hydrauliques comme à Dalifort, Maristes, Guédiawaye, Pikine irrégulier Sud. En ce qui concerne Jaxaay 1, il faut noter que l’aménagement n’a pas été terminé et il n’y a pas de système d’assainissement. A cela s’ajoute, les désagréments causés par les nouvelles routes construites et qui sont au-dessus du niveau de terrassement, alors que cela aurait dû être le contraire.
80% DES LOTISSEMENTS SONT FAITS SUR LA BASE D’UNE PROCÉDURE DE RATTRAPAGE
Le problème des lotissements résulte de plusieurs facteurs. Cependant, dans l’exécution du lotissement, certains promoteurs ne respectent pas souvent les prescriptions techniques fixées. Les maires et l’Administration n’ont pas souvent le même agenda. Ces derniers ont un mandat limité ; ce qui fait qu’ils n’ont pas le temps d’attendre la signature des arrêtés d’autorisations de lotir dont l’instruction peut dépasser parfois le temps d’un mandat. C’est l’une des raisons qui font que beaucoup de lotissements sont réalisés sans autorisation. Aujourd’hui, 80% des lotissements sont faits sur la base d’une procédure de rattrapage c’est-à-dire des lotissements non autorisés qu’il faut régulariser parce que les populations ont investi d’importantes sommes d’argent et qu’il faut leur permettre de jouir de leur investissement. Il importe également de noter le manque de formation de certains maires, leur solitude dans l’exercice de leur mission et l’absence de services techniques compétents, pour les accompagner. Tout ceci fait que par moments, ils agissent par méconnaissance ou incompréhension des dispositions légales et réglementaires qui encadrent leur activité. Il faut, dès lors, un renforcement des capacités techniques et professionnelles du personnel des collectivités territoriales.
FINANCEMENT DU PLAN DÉCENNAL DE LUTTE CONTRE LES INONDATIONS ESTIME À 767 MILLIARDS : Seuls 291 milliards ont été mobilisés
Le ministère des finances a indiqué aux députés que globalement le plan décennal de lutte contre les inondations (Pdli) comportait un montant prévisionnel arrêté à 766 988 450 362 FCFA. Cependant, seul un montant total d’environ 291 milliards de FCFA a été investi sur la période 2012-2020. Il a aussi précisé que ce montant n’inclut pas les investissements réalisés par des structures autonomes à travers des projets comportant des volets de gestion des eaux pluviales. Il s’agit, selon lui, de l’Apix dans le cadre de la réalisation du Ter, de l’Ageroute (Route Dinguiraye-Nioro, Keur Ayib, Programme Spécial Touba), de l’Agetip et de Promovilles.
Dans le rapport, il est aussi indiqué aux députés que l’Etat n’a pas réalisé seulement 291milliards dans la lutte contre les inondations. Ce montant est décaissé exclusivement à partir du ministère des Finances, nonobstant la réalisation d’autres projets qui étaient en cours, notamment quelques externalités positives permettant d’avoir des aménagements et des réalisations au niveau de certains sites. Dans le même ordre d’idées, il a aussi indiqué que la source de financement de ce montant est répartie entre 143 750 000 000 FCFA de financements extérieurs et 147 250 000 000 FCFA de ressources internes.
Par rapport au taux de paiement, il a précisé à l’intention des députés que le montant des 291 milliards a été entièrement et effectivement payé dans le compte des ayants droits, et qu’il n’existe pas des impayés dans ce montant mobilisé. Sur ce, il a rappelé qu’il y a deux procédures de paiement au niveau du trésor, à savoir les avances de démarrage et les décomptes. S’agissant de la question relative à une partie du financement n’ayant pas été mobilisée, il est d’avis qu’absolument à ce jour, seulement 291 milliards sur les 766 988 450 362 FCFA du montant global du programme a été mobilisé et intégralement payé. Le Ministre a rappelé que, par moment, l’Etat est amené souvent à faire des changements de priorités.
A cet égard, il a donné pour cette année l’exemple de la pandémie de la Covid19 qui a obligé l’Etat à un inversement de la hiérarchie de ses priorités, notamment avec les dépenses de santé qui sont aujourd’hui prioritaires. Le document remis à la mission par le ministère des finances et du budget, comptabilise une dépense totale de 291 338 984 746 F CFA soit un taux de réalisation de 38 % à deux ans de la fin du programme.
pafr Henriette Niang KANDé
POLITIQUE DU BIKINI
Si la mort semble parfois la seule solution au mal de la jeunesse qui s’embarque dans des pirogues (presqu’)en chantant, c'est parce que le gouffre où elle précipite son désarroi est celui de l'existence
La jeunesse ! Sophocle a dit d’elle, que «c’est le temps de toutes les révoltes. Elle grandit dans un domaine qui n’est qu’à elle, où ni l’ardeur du ciel, ni la pluie, ni les vents ne viennent l’émouvoir». Ronsard confiait qu’ : «il faut la cueillir avant de la voir flétrir». Se remémorant ses vingt ans, Nizan avertissait qu’il ne laisserait «personne dire que c’est le plus bel âge de la vie.»
En 1965, s’adressant à la nation, à l’occasion du 5ième anniversaire de son accession à la souveraineté internationale, Léopold Sédar Senghor, s’était livré à une passe d’armes avec cette couche sociale dont il disait : « Je sais bien qu' il y a parmi cette jeunesse, comme dans toutes les jeunesses du monde, des malades mentaux ou moraux, des déracinés, livrés au vagabondage et à la délinquance juvéniles. Je sais même qu'il y a, parmi les privilégiés, des zazous de l’intellectualisme, téléguidés de l’étranger »,
Quelques décennies plus tard, son successeur, Abdou Diouf, l’avait tout simplement qualifiée de « malsaine ». Se voulant plus magnanime en arrivant au pouvoir en 2000, Maître Wade avait demandé à « ceux qui n’ont pas de travail de lever la main » tout en leur promettant de leur en trouver. Lasse d’attendre Godot, cette jeunesse se résolut à monter dans des pirogues pendant que celui qui lui avait tant promis, contemplait dans sa glace, l'image prétendument sans tache, qu'il laisserait à la postérité.
Depuis quelques années, si la mort semble parfois la seule solution au mal de la jeunesse qui s’embarque dans des pirogues (presqu’) en chantant, c'est parce que le gouffre où elle précipite son désarroi est celui de l'existence. La famille qui se délite si elle existe encore et où l'on a du mal à se parler ; l'école, d’où l'on sort sans métier, les copains qui partagent sans aide l’envahissant sentiment d'inutilité ; l’ailleurs qui est, dans les cerveaux, un cocktail qui nourrit les plus beaux volcans d'enthousiasme, des feux d'artifice d’imagination qui peuvent désorienter l’esprit qui pousse vers un grand saut qui est lui aussi plein de dangers.
En 1964 déjà, quatre ans seulement après notre indépendance, le président Senghor déclarait dans son adresse à la nation : « Je n'ignore pas les problèmes que posent les jeunes chômeurs et les mineurs mendiants ou vagabonds. Pour les résoudre, les chantiers-écoles seront multipliés et des centres d’accueil et d’orientation ouverts. Un fonds de solidarité a été créé à cet effet , qui fera appel à l'aide internationale».
Sous le président Abdou Diouf, les solutions à l’emploi s’étaient par contre essentiellement limitées au chômage des cadres, des diplômés de l’enseignement supérieur, négligeant, par conséquent ceux de niveau intermédiaire et autres déscolarisés. L’erreur était là parce le nombre des diplômés de l’enseignement supérieur constituait la part la moins importante des jeunes chômeurs. Quant au Plan REVA (Retour vers l’Agriculture) de Maître Abdoulaye Wade, il n’a pas fait rêver beaucoup de jeunes à qui il était destiné, parce que nés et grandi en ville. Il y a également le fait que l’agriculture n’a pas été valorisée.
Les promesses, Macky Sall, ne s’est pas privé d’en faire aux 200 000 jeunes diplômés des universités et écoles de formation qui rejoignent chaque année, le marché de l’emploi. Il s’est enorgueilli en 2014, deux ans après qu’il est devenu président de la République, d’avoir recruté 5500 agents dans la Fonction publique et enrôlé 10000 jeunes dans l’Agence à la Sécurité de Proximité. Ces mesures, loin de l’engagement solennel qu’il avait pris, ressemblent aujourd’hui, à un coup d’épée dans l’eau et sont très loin de la promesse de 100.000 emplois par an. Lui aussi, à grand peine à résoudre cette question vitale de l’emploi des jeunes. C’est donc ainsi, que de Léopold S. Senghor à Macky Sall, de gouvernements « socialistes » à gouvernements « libéraux », en matière de politiques d’emploi des jeunes, le Sénégal dérive. Si ce n’était que cela ! Il y a aussi lieu de se demander pourquoi, de la période de l’indépendance à aujourd’hui, une des particularités sénégalaises est cet extraordinaire « désir d’ailleurs ».
Thomas Fouquet (anthropologue à l’Ehess Paris) la résume parfaitement. « L’un des faits peut-être parmi les plus marquants et caractéristiques du Sénégal contemporain : sa très remarquable extraversion. L’expression désigne le rapport intense qu’une grande partie de la population sénégalaise – surtout sa composante jeune- entretient avec l’extérieur et, singulièrement, avec les mondes occidentaux ».
Si le rapport est assurément historique, il est également imaginaire et même fantasmatique et ne peut pas être réduit qu’à des considérations strictement économiques, même si elles sont décisives. Des émigrés voient, écrites par les parents, amis, voisins, sur les pages de leur « cahier de retour au pays natal », leur « réussite », distançant largement ceux qui ont « fait des études » et autres professionnels et experts en tous genres, sur le secteur d’un prestige social, qui s’apprécie en sommes d’argent envoyées à la famille, au nombre de pèlerinages payés, en maisons construites et aux montants des dots versés lors des promesses de mariage, en voitures au volant desquelles, on conduit, mais surtout on se conduit. On part pour revenir certes, mais on rêve de revenir différent, dans son propre regard, mais surtout dans le regard de ceux qui sont restés, pour voir son nom grandi par le fait d’avoir pu se sortir de la masse de ceux qui n’ont pas pu.
Dans ce pays qui est une terre de départ, les émigrés font l’objet d’une grande considération et l’impact sur les mentalités est important, et un individu méprisé peut brusquement connaître un transfert parmi l’élite du social. De plus en plus, on constate que les jeunes, chômeurs ou pas ne sont pas les seuls à rêver d’ailleurs, et que les profils sociodémographiques des migrants ont également évolué. Des travailleurs à faible revenu, des petits commerçants, des enseignants, des femmes portant leur(s) enfants, sont eux également, candidats à l’émigration clandestine, nous faisant nous interroger, au regard des sommes qu’ils misent (de 600 mille francs à trois millions) sur le fait de savoir s’ils sont les plus pauvres, puisqu’ils disposent au moins de cette épargne. Faut-il ignorer les réseaux « d’entraide » ? Non. Si quelques parents sont en général les premiers « complices » au départ de leurs enfants, le choix du pays de destination est motivé par la présence, là-bas de contacts familiaux qui promettent au futur émigré, un travail, souvent au noir.
La massification du phénomène de migration trouve une explication dans les réseaux de passeurs, véritables nouveaux entrepreneurs de la migration, qui organisent un véritable commerce de migrants en exploitant à fond, toutes les possibilités qu’offrent les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Si les premières vagues se sont heurtées aux grilles de Ceuta et Melilla, après avoir affronté le désert, d’autres ont pu profiter du chaos libyen, pour échouer à Lampedusa en Italie.
La presse sénégalaise s’est fait l’écho des drames qu’ont vécu ceux qui n’ont pu arriver à destination parce qu’emprisonnés, ou vendus comme esclaves. Ceux qui en échappent, quelques fois renvoyés au pays, dans des conditions que même des bêtes ne supporteraient pas, rentrent, traumatisés à vie, mais surtout honteux de n’avoir pas pu. Malgré les risques réels, la focalisation pousse les plus « fous » à retenter l’aventure, en toute connaissance de cause.
Face à l’ambiguïté de nos dirigeants, les mesures prises depuis quelques années pour stopper les migrations clandestines ont échoué. Les pays de destination qui ont « aidé » à la surveillance des côtes n’ont pas vu les flux arrêtés. Les messages des campagnes de sensibilisation, sans véritables actions concrètes n’ont pas porté, et les discours moraux, souvent litières d’objectifs politiques font très peu cas de la complexité des situations. Depuis quelques semaines qu’un nouveau gouvernement, fruit flamboyant d’un brouillage politique, a été formé, c’est le mutisme total concernant ces drames quotidiens de la migration clandestine qui connait un extraordinaire regain. Un gouvernement qui, d'emblée, devrait convaincre, remobiliser, impressionner, est l'objet de toutes les plaisanteries possibles et, assailli de saillies, loin de réunifier les énergies, ne fait que fédérer les déceptions, les rancœurs, les doutes et les désespérances. Indifférents à la notion d'intérêt général et incapables d'influer sur le réel, certains des plus hauts responsables de notre pays se sont « résignés » à ne jouer que leur carte personnelle en étant le personnage central d’une pièce de théâtre. Fût-elle une tragédie. Même la journée de deuil national organisée sur les réseaux sociaux n’a pas ému. Si aujourd’hui on peut compter les vrais acteurs politiques, au pouvoir, comme ce qui reste de l’opposition, le prestige de la politique s’émousse et sa respectabilité se meurt.
A l’image de ces 480 candidats à l’émigration, dont la mer est devenue le funérarium. Etat à la fois social et serial killer. On nous rebat les oreilles avec un gouvernement labyrinthique de « combat », composé de ministres à contre-emploi, dans lequel d’aucuns rencontrent d’autres qu’ils détestent, déjà noyé par le tout frais président du Conseil Economique Social et Environnemental, qui a subitement retrouvé ses esprits, pour vraisemblablement décorer un pluralisme anémié.
Savourant les délices d’initié politique, il explique à la limite que même s’il n’aurait pas voulu, la « station » lui serait quand même échue, lui qui, après une longue réflexion, fruit d’une vendange tardive, conscient de former un beau couple avec lui-même, se rend compte que le Sénégal hoquette, que l’ascenseur social est en panne, que l’Etat est en jachère et la République en friches. Quand la République devient un empilement d’assiettes sur une table de café où on invite quelques gens à venir déguster et que d’autres font le pied de grue en attendant leur tour, reproduisant ainsi de véritables alliances de coquins, d ’où sortent quelques brêles, qui visage chafouin, viennent nous exposer et expliquer tous les slogans creux en nous faisant croire que tout est transparent. Et comme me le dit quelqu’un pétri d’humour : « On vit une constante « politique du bikini » qui donne l’impression de tout dévoiler mais cache l’essentiel de ce qu’elle prétend montrer » !
QUAND MACKY INDISPOSE SA MAJORITÉ
La décision du président Sall de reconfigurer sa majorité est en passe de susciter encore plus de frustrations au niveau de ses alliés depuis 2012
L’implosion de certaines coalitions politiques de l’opposition, provoquée par le ralliement au camp du pouvoir du président du parti Rewmi, Idrissa Seck, et de l’ancien numéro 2 du Parti démocratique sénégalais, Oumar Sarr, pourrait rejaillir sur la coalition majoritaire Benno Bokk Yaakaar. En effet, la décision du président Sall de reconfigurer sa majorité est en passe de susciter encore plus de frustrations au niveau de ses alliés depuis 2012. Et davantage quand ceux-ci (Ps et Afp), qui ont toujours eu du mal à conjuguer avec Idrissa Seck, voient ce dernier être crédité par la maitre du jeu, Macky Sall, d’autant voire plus de privilèges qu’eux avec 2 ministères et une présidence d’institution (Cese). D’où l’installation subreptice d’un véritable climat de malaise au sein de la majorité qui voit les fruits de la victoire de 2019 captés par certains de ses anciens adversaires. Par la grâce de Macky Sall !
C’est un secret de polichinelle, le remaniement ministériel opéré par le président de la République, Macky Sall, le 1er novembre dernier prendra des mois voire des années avant de livrer tous ses enseignements sur l’échiquier politique national.
Même si certains observateurs de la scène politique, partant de la dislocation de certaines coalitions de partis d’opposition (Jotna et Idy 2019) au lendemain de ce remaniement ministériel qui a consacré le retour aux affaires du président du parti Rewmi, Idrissa Seck, et l’arrivée dans l’attelage gouvernemental de l’ancien numéro 2 du Parti démocratique sénégalais, Oumar Sarr, semblaient tirer des conclusions à la faveur du régime en place au détriment de l’opposition, tout porte à croire cependant que rien n’est joué d’avance concernant ce dossier.
Qui plus est, l’opposition sénégalaise risque de ne pas être seule à subir l’impact du revirement de l’ancien candidat de la coalition Idy 2019 arrivé deuxième à l’issue de la présidentielle de février 2019 dernier et plus l’entrisme de ces Libéraux dans le gouvernement. Et pour cause, avec l’arrivée de ces deux anciens frères libéraux du chef de l’Etat, en l’occurrence Idrissa Seck et Omar Sarr dans le camp du pouvoir, la coalition majoritaire en place, jusqu’ici dominée par le trio Alliance pour la République (parti du président de la République) et ses deux principaux alliés que sont le Parti socialiste (Ps) de la présidente du Haut conseil des collectivités territoriales, Aminata Mbengie Ndiaye, et l’Alliance des forces de progrès (Afp) du président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, est partie pour connaitre un véritable bouleversement avec à la clé certainement une redistribution des cartes.
Une reconfiguration dont le processus semble déjà enclenché par le président Sall lui-même au moment de procéder à la formation du dernier gouvernement. La preuve : sa décision d’octroyer à son nouvel allié, Idrissa Seck, autant de privilèges que le Ps : deux postes ministériels et une présidence d’institution et plus que l’Afp alors que ces deux formations d’obédience socialiste ont fait depuis 2012 de nombreux sacrifices au profit de la survie de la coalition majoritaire Benno Bokk Yaakaar.
Lors de la dernière présidentielle, au nom de leur alliance avec l’Apr dans Benno, les directions des deux formations politiques avaient toutes renoncé à présenter des candidatures pour soutenir celle de l’actuel chef de l’Etat. Une position qui avait par ailleurs poussé certains responsables de ces deux formations qui n’étaient pas d’accord avec cette ligne à quitter le navire pour suivre leur propre chemin politique.
Principal gain politique : l’accueil du président du parti Rewmi, Idrissa Seck, et d’Oumar Sarr dans l’attelage gouvernemental va permettre au président Macky Sall de renforcer son poids électoral dans le sens où il va désormais disposer entre ses mains des cartes pouvant l’aider à asseoir sa domination sur des localités où il avait toujours éprouvé de la difficulté à gagner à l’image entre autres de Thiès et Dagana ou encore Touba, du fait de la proximité que les deux responsables ont avec ces localités. Cependant, il reste que ce nouveau mariage n’est pas sans risque sur la cohésion de Benno Bokk Yaakaar où les partis politiques comme le Ps, l’Afp ou encore la Ligue démocratique, pourraient tout simplement décider les prochains jours revoir le compagnonnage avec Macky Sall.
KÉEMTAAN GI – VIVRE
Ce pays n’est pas seulement une somme de paradoxes, il recèle également les germes de flagrantes incongruités. Mais pourquoi donc tout ce tintamarre ? L’heure n’est-elle pas au travail face à une jeunesse déboussolée que des esprits bienpensants présentent comme suicidaire ? Le mot de trop ? Bien entendu, ces jeunes gens suicidaires n’ont pas les mêmes problèmes existentiels que ces messieurs et dames à la vie bien veloutée et qui rotent pendant que d’autres cherchent de quoi se mettre sous la dent. Des messieurs et dames qui mènent une vie pépère sans savoir rien faire de leurs mains puisque ayant tout à leur service, même pour ouvrir des portes. C’est dit ! Les portes de l’enfer seront ouvertes à nos desperados qui seront brûlés dans la géhenne. En plus d’avoir vécu l’enfer sur terre, bien sûr. S’ils meurent en mer, tant pis, ils n’avaient qu’à rester au pays et subir. Subir les pesanteurs socioculturelles, subir le regard du voisin. Subir la misère alors qu’on est bardé de diplômes. Il nous faut porter un autre regard sur ces jeunes gens qui ne ne se suicident pas mais rêvent tout simplement d’une vie meilleure que celle de chiens qu’ils mènent à crever la dalle dans un pays où tous les horizons sont bouchés. Ils veulent vivre et retrouver une dignité qu’on leur dénie dans leur propre pays. Exister. Tout simplement ! Kaccoor Bi
ILES CANARIES ARRIVÉE, HIER, DE DEUX PIROGUES SÉNÉGALAISES
Dans l’édition du «Témoin» d’hier, Moustapha Sow, président de l’Association des Sénégalais des Iles-Canaries, avait alerté le gouvernement sénégalais afin qu’il prenne leurs responsabilités pour freiner les départs massifs et exagérés des pirogues vers les côtes espagnoles. A travers cette interview exclusive, Tapha Sow s’était dit convaincu que si les Espagnols se révoltent, tous les migrants sénégalais, voire africains, seront massacrés dans les Iles Canaries. Et aucun homme noir n’échappera à la vindicte populaire puisqu’ils seront coincés dans des territoires entourés d’eau et ne pourront donc fuir nulle part. Un signal d’alerte qui ne semble pas avoir eu les effets escomptés. Pour preuve, hier mardi, nous rapporte-t-on, deux pirogues ont réussi à tromper la vigilance des bateaux espagnols de surveillance maritime et les patrouilleurs de la marine sénégalaise pour rejoindre clandestinement les Iles-Canaries. Malgré les consignes du président Macky Sall de boucler nos frontières maritimes ! Selon certaines indiscrétions, les passagers clandestins se faisaient passer pour des pêcheurs en ralliant la pirogue (par groupe de dix) prépositionnée en haute mer. Une fois le nombre de passagers atteint, la barque a pris le large avant de faire cap vers les côtes espagnoles pour un voyage risqué de sept (07) jours. « Certains rescapés nous soufflent que plusieurs morts ont été enregistrées au cours du voyage avant que les corps soient jetés en mer pour éviter tout état de putréfaction à bord » se désole A. Diop joint depuis Tenerife par « Le Témoin ».
CESE IDY PREND FONCTION CE JEUDI
Jamais une institution de la République n’avait été autant au cœur de l’actualité médiatique que le Conseil économique, social et environnemental (CESE) qui va enfin recevoir aujourd’hui son nouveau président Idrissa Seck. Ce dernier, selon les services de com de son parti Rewmi, sera installé ce jeudi à l’occasion d’une séance solennelle à laquelle vont participer tous les membres du Cese. Idrissa Seck va enfin dérouler puisque la secrétaire générale de l’institution, Dr Anta Sané, a fini de nettoyer la maison. Les « boys Mimi Touré » ont subi la furie du Dr Anta Sané qui a pourtant été nommée par l’ancienne Premier ministre. Ne voyez dans cette précision rien du tout, mais en tout cas, son tour viendra avec Idy rek. Hier, nous faisions cas d’un rapprochement entre Idy et Aminata Tall qui ferait que des proches de cette dernière seraient appelés à un retour sur les lieux. Notamment l’ancien secrétaire général de Aminata Tall, M. Ibrahima Thioye, et Abdou Fouta Diakhoumpa. Certains sites ont annoncé aussi de nouvelles nominations. D’après “Actusen.sn”, l’ancien Sage de la présidence Birame Thiam, est bombardé à la tête de la Direction administrative et financière (Daf). L’actuel secrétaire général de l’Adm, Mamadou Wade, est nommé au poste de secrétaire général adjoint. La Direction du cabinet est confiée à Malick Guèye. D’autres nominations sont attendues après l’installation d’Idrissa Seck ce jeudi 19 novembre 2020, à l’auditorium du Conseil économique social et environnemental.
RACKET À LA CBAO MARISTES ?
L’ancien journaliste et ex-chef du desk « Economie » du Soleil, Amadou Fall, raconte les péripéties qu’il a vécues avec la banque Cbao. « Le 12 septembre dernier, j’ai perdu ma carte bancaire, au sortir d’un des supermarchés de ma cité. Le surlendemain, j’ai été faire opposition auprès de ma banque, la Cbao Maristes. Cela m’a coûté 5850 FCFA. Je me suis dit que c’était quand même cher payé, pour juste quelques lignes de code ou clics sur un terminal. J’ai, dans la lancée, demandé le remplacement de la carte perdue. L’opération m’a été facturée 20.000 FCFA. Là, c’était vraiment pas donné. Mais, comme il doit certainement en être ainsi, suivant les règles de la banque, je n’ai pas rechigné. Mon premier problème est que cela fait deux longs mois que je cours derrière ce sésame » écrit l’ancien directeur des Rédactions du Soleil sur sa page Facebook. « Une nouvelle carte m’avait, dans un premier temps, été délivrée. Mais... sans le code qui va avec. Il m’a fallu attendre plus d’une semaine, pour enfin recevoir ce code. Je n’étais pas au bout de mes peines ! Quand je me suis précipité sur le guichet automatique, afin de faire un retrait, grandes furent ma surprise et ma désolation de voir la machine m’annoncer froidement : «Votre demande ne peut pas être exécutée - Fonction indisponible» ! C’était le samedi 7 novembre. Après d’interminables tripatouillages, on en arriva à la conclusion que la carte n’était pas aux normes. Il me fut signifié qu’une demande de correction et de reproduction allait être adressée aux niveaux compétents et qu’il me faudra encore attendre, au moins une quinzaine de jours. Retour à la Cbao Maristes le jeudi 12 novembre, non pas pour la carte puisque je savais à quoi m’en tenir, mais pour faire un retrait par chèque. Nouvelle surprise : le guichetier me dit que mon chèque et tout le reste du gros carnet duquel il a été tiré sont périmés ! C’est la première fois de ma vie que j’ai entendu pareille incongruité ! Et pourtant, un mois plus tôt, j’avais émis un chèque d’égal montant. Il a été bel et bien tiré sans problème à l’agence Cbao de Tivaouane » témoigne Amadou Fall qui affiche toute sa désolation du mépris des services bancaires de la Cbao. Et dire que nos amis marocains de la Cbao-Groupe AttijariWafa Bank prétendent avoir la meilleure banque de la place ! Si c’est vrai, ce qu’on peut plaindre les clients des autres banques !
À PROPOS DE LA CBAO MARISTE...
Restons toujours avec nos amis banquiers pour dire que c’est seulement hier que la Cbao a eu l’élégance de prendre en compte les préoccupations de son client Amadou Fall. « J’ai reçu, ce mardi matin, un appel téléphonique de la part d’une des responsables de la CBAO Maristes. Elle m’a fait savoir et assuré que : - la Banque me présente des excuses, pour tous les désagréments que j’ai subis, en tant que client, - le renouvellement de ma carte a été diligenté, et que le document ne va pas tarder à me parvenir, et «gratuitement» - l’erreur sur ma carte vient des services compétents de la Banque et ne peut donc pas m’être imputée - en conséquence, tout chèque de guichet que je serai amené à émettre, avant la mise à disposition de ma nouvelle carte, ne me sera pas facturé - les frais que j’ai dû payer sur le chèque de guichet émis dernièrement me seront remboursés En définitive, les choses sont en train de rentrer dans l’ordre. Je vous remercie toutes et tous, pour votre soutien » écrit le doyen Amadou Fall. Seulement ce dernier a eu la possibilité d’écrire pour décrire son drame. Mais il y a combien d’Amadou Fall victimes de pratiques bancaires à la limite du racket dans notre pays et qui n’ont guère où se plaindre ? La Banque centrale de l’Afrique de l’Ouest qui devait jouer ce grand rôle de régulation du système préfère, hélas, laisser les clients à la merci des toutes-puissantes banques. Des clients qui peuvent s’estimer sauvés, tout de même, puisque avec la nomination à l’Observatoire de la Qualité des Services financiers de deux éminents « médiateurs » de la trempe d’Amadou Kane Diallo et Banda Diop… sûr que les banquiers vont trembler !
RAPPORT MO IBRAHIM LE SÉNÉGAL ENTRE DANS LE TOP 10 AFRICAIN
Les progrès du Sénégal sous Macky SALL loués par le Rapport Mo Ibrahim. Dans son édition 2020, l’indice de la Fondation Mo Ibrahim, qui a été revu en améliorant et en complétant ses indicateurs, place le Sénégal dans le cercle restreint du TOP 10 Africain. Le Sénégal conserve jalousement sa position privilégiée dans ce classement en gagnant encore 3 points à l’Indice dans le registre des réformes du PREAC III de l’environnement des affaires et des droits de l’homme. La très bonne gestion de la pandémie de la Covid 19 (qui n’a pas été prise en compte) et les progrès visibles dans l’équité territoriale vont sans doute encore améliorer d’avantage le score du Sénégal en matière de gouvernance dans le cycle en cours. L’indice Mo Ibrahim de la gouvernance en Afrique (IIAG), réalisé par la fondation du milliardaire anglo-soudanais Mo Ibrahim, est devenu une institution, qui se donne pour mission de promouvoir la bonne gouvernance en Afrique.
Audition de la Gendarmerie sur l’affaire des talibés de Gounass
Les choses bougent à Gouloumbou. «L’As» avait révélé l’humiliation dont avaient fait l’objet des fidèles du marabout de Médina Gounass de retour de champs. Pour avoir jeté des peaux de bananes, des gendarmes de la brigade de Gouloumbou avaient arrêté des fidèles avant de leur demander de se gifler entre eux. Ce qui avait mis le marabout dans tous ses états. Eh bien ! La Gendarmerie qui tient à la bonne conduite de ses éléments a ouvert une enquête pour tirer cette affaire au clair. Des sources de «L’As» renseignent que les enquêteurs ont entamé hier les auditions. L’équipe envoyée par Général Diouf le haut commandant en second de la Gendarmerie a entendu hier les jeunes malmenés qui ont confirmé les faits et décrit les tortionnaires. Affaire à suivre..
Parricide à Sandiara
Le village de Sinthiou Godaguène s'est réveillé dans l'émoi et la tristesse. Un fait rare s'est produit dans ce hameau niché dans la commune de Sandiara (Ndlr, département de Mbour), mardi dans la matinée. Le nommé Godel Sène a tout simplement égorgé son père Latyr. Après avoir commis son forfait, il s'est rendu au champ pour informer ses frères de son crime odieux. «J'ai égorgé mon père», a-t-il dit à son frère. Selon des témoins, le jeune homme ne jouit pas de toutes ses facultés, mais personne n'avait pensé qu'il en arriverait à cette extrémité. Le meurtrier a été arrêté par les éléments de la brigade de gendarmerie de Sandiara où il est gardé à vue pour les besoins de l’enquête. La dépouille de Latyr Sène est évacuée au centre de santé de Grand Mbour.
Khalifa Sall lance l’opération de récupération des socialistes
Sans tambour ni trompette, Khalifa Sall va l’assaut du parti socialiste qui est à la croisée des chemins. L’ancien responsable socialiste a lancé l’opération de récupération des socialistes qui sont pour la plupart orphelins de leur secrétaire général, Ousmane Tanor Dieng. Il y a de fortes chances que Khalifa Sall récupère les nombreux socialistes en hibernation pour plusieurs raisons. D’ailleurs, il a rendu visite hier à l’artiste Haby Ndour qui a quitté le parti récemment après le décès de son mentor Tanor Dieng. Sans doute d’autres socialistes frustrés sont sur la ligne de mire de Khalife Sall au moment où Aminata Mbengue Ndiaye et Serigne Mbaye Thiam se livrent à des ‘’querelles’’ pour le contrôle de l’appareil politique.
Incendie au domicile de Khoureychi Thiam
Un incendie s’est déclaré hier au domicile de l’ancien ministre et maire de Makacolibatang, Khoureychi Thiam. Même s’il n’y a pas eu de perte en vie humaine, les dégâts matériels sont importants. L’édile de Makacolibang qui se trouvait à l’étranger a rappliqué pour assister sa famille qui est sous le choc.
Le PUDC lève plus 100 milliards pour sa 2e phase
Après une pause à cause d’un problème de financement, le Programme d'Urgence de Développement Communautaire (Pudc) a repris ses activités de plus belle. Le problème de fonds est dépassé. Puisque le programme, pour sa deuxième phase, a déjà levé un financement de plus 100 milliards Fcfa. La Banque Islamique de Développement (Bid) a débloqué 36,478 milliards FCFA, la Banque Africaine de Développement (BAD) 45,295 milliards Fcfa. Tandis que la Saudi Fund Dev (FSD) a dégagé 24,136 milliards Fcfa. Il faut souligner que le budget du programme s’élève 300 milliards Fcfa sur quatre années.
Me Moussa Bocar Thiam prend service à l’AJE
On n’en a pas encore fini avec les cérémonies de passation de service. Hier, l’ancien Agent Judiciaire de l’Etat (AJE), Antoine Felix Diome, a passé le témoin à son successeur, l’avocat et maire de Ourossogui, Me Moussa Bocar Thiam. Pour rappel, Antoine Félix Diome est promu ministre de l’Intérieur à la faveur du dernier remaniement gouvernemental.
Le coût des marchés publics au 3e trimestre est de 271,114 milliards
La pandémie de la covid-19 n’a pas pour autant impacté les marchés publics, surtout durant le troisième trimestre. En effet, pendant cette période, le service public a passé des marchés d’une valeur de 271,114 milliards F Cfa répartis entre 813 marchés. Les marchés passés par appels d’offres ouverts sont estimés à 203,124 milliards, soit 75%, les appels d’offres restreints sont à 7,100 milliards, soit 3%, les marchés par entente directe s’élèvent à 24,909 milliards soit 9%, les demandes de proposition 9,303 milliards, soit 3%, les avenants font 21,653 milliards, soit 8% et les Drp ouvertes sont estimées à 5,023 milliards, soit 2%. En se référant à la classification des marchés, on se rend compte que les travaux constituent le gros lot. Le coût des marchés de travaux est 211,717 milliards soit 78%, les fournitures 32,923 milliards, les services courants 15,136 milliards, soit 6% et les prestations intellectuelles 11,336 milliards, soit 4%.
24,909 milliards de marchés passés par entente directe
Restons avec le rapport trimestriel de la direction centrale des marchés publics (Dcmp) qui estime les marchés passés par entente directe à 24,909 milliards soit 9%. En effet, 21 marchés publics ont été passés par entente directe, selon le document. Le constat est que la Société Nationale des Eaux du Sénégal (SONES) s’est particulièrement distinguée durant ce trimestre dans ce mode de passation. Au total, les marchés par entente directe de la Sones s’élèvent à 2,251 milliards. Il s’agit de deux marchés de branchements sociaux et de fourniture et d'extension de réseaux en PVC qui sont tous attribués à Sen’Eau. Le premier marché concerne une pose de 7 397 branchements sociaux d’un coût de 773 780 666 F CFA et le second est la pose de 20 000 branchements sociaux pour 1 477 400 120 F CFA. Pour l’achat de semoirs mono rang à traction animale, le ministère de l’Elevage a passé en juillet un marché par entente directe de 111 557 200 F CFA à Sismar. La Senelec a usé également de ce mode de passage de marché pour la fourniture et l’installation d’équipements pour la remise en état du moteur PIELSTICK pour un coût de 3,713 milliards F CFA. Le marché est attribué à Man Energy Solutions Sénégal Sarl. La liste des structures publiques qui ont usé de ce mode de passation de marché n’est pas exhaustive.
54 appareils d’endoscopie réceptionnés par Abdoulaye Diouf Sarr
Tirant les leçons de la pandémie de covid-19, le gouvernement a commencé à mettre en œuvre les recommandations pour le relèvement du plateau médical. Hier, le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, a réceptionné dans le cadre de la lutte contre la Covid19 54 appareils d’endoscopie pour un coût total de 1,185 milliard. Il s'agit de 03 colonnes de cœlioscopie, 05 colonnes d’endoscopie haute et basse, 03 colonnes urologiques, 06 colonnes de fibroscopie, 34 colonnes de vidéo colposcopie, 02 Microscopes opératoires 3D et une colonne d'endoscopie neuro chirurgie avec craniotomie. Il faut souligner que l’endoscopie est une technique utilisée dans le domaine de la médecine pour diagnostiquer ou opérer sans ouvrir l’organe du patient. Selon le ministre de la Santé, cette technique a des avantages énormes dans le domaine de la médecine. Puisqu’elle évite les risques d’infections, raccourcit le temps d’hospitalisation et réduit les cicatrices sur le corps du patient après une opération chirurgicale. Abdoulaye Diouf Sarr annonce l’arrivée d’un autre lot de matériels.
L’UE finance le Reprosoc à hauteur de 550 000 Euros
Officiellement lancé hier, le projet de Renforcement de la Société Civile pour une Politique de Protection Sociale Efficace au Sénégal (Reprosoc) a bénéficié d’une subvention d’un montant de 550 000 euros octroyée par l’Union Européenne (UE). Cet appui financier est destiné à quelques unes de ses composantes, en l’occurrence le consortium Cicodev-LartesGrdr. Il s’agit exactement des Consommateurs et le Développement (Cicodev), du Laboratoire d’Analyse des Transformations économiques et sociales (Lartes) et de Migration-Citoyenneté et Développement (Grdr). Le Reprosoc qui est un projet d’envergure nationale s’étendra sur une durée de 36 mois (2020 -2022) et couvre 5 départements (Rufisque, Ranérou, Fatick, Matam, Sédhiou). Les bénéficiaires sont les populations en situationde vulnérabilité au Sénégal. Et le projet sera centré sur trois thématiques principales : la Couverture maladie universelle, les vulnérabilités alimentaires en milieu scolaire et la Bourse de sécurité familiale. A souligner que le Reprosoc a été lancé hier, par le représentant du ministère du Développement communautaire, de l'Équité sociale et Territoriale, en présence du représentant du ministre des Collectivités territoriales, du Développement et de l'Aménagement des Territoires.
POUR L’INTÉGRATION DU CIVISME FISCAL DANS LE COMPORTEMENT DU CONTRIBUABLE
’’La bonne culture fiscale ne peut se réaliser qu’avec une sensibilisation, une communication avec les contribuables mais également, intégrer le civisme dans le comportement du citoyen’’ a notamment dit Momar Diop
Dakar, 17 nov (APS) – L’instauration d’une culture fiscale doit passer par la sensibilisation des contribuables dans le but de parvenir à une intégration du civisme fiscal dans le comportement du citoyen, a soutenu mardi à Dakar, un responsable de l’Observatoire de la qualité des services financiers (OQSF).
’’La bonne culture fiscale ne peut se réaliser qu’avec une sensibilisation, une communication avec les contribuables mais également, intégrer le civisme dans le comportement du citoyen’’ a notamment dit Momar Diop, président du Conseil d’orientation de l’OQSF.
’’L’impôt est comme une cotisation pour les actions de la communauté’’ a-t-il ainsi fait valoir lors d’une session de formation sur ’’l’éducation financière, le civisme fiscal et l’entrepreneuriat’’ dédiée au collectif des journalistes spécialisés en économie.
Momar Diop a dans ce cadre appelé à l’intégration du civisme fiscal dans le comportement du citoyen, lequel devant être considéré comme un client et non un contribuable, afin que l’impôt soit perçu comme ’’une solidarité nationale’’.
Il a estimé que le défi principal doit reposer sur la formalisation du secteur informel afin d’élargir l’assiette fiscale.
’’La formalisation est une faiblesse par rapport à notre économie. Il faut instaurer un contrat de confiance entre l’administration et le contribuable. Il faut l’établir pour pouvoir inculquer ce civisme’’, a fait noter Diop en assurant au passage qu’il appartenait aux décideurs de promouvoir cette confiance.
Il a rappelé que le bureau de la Stratégie et du suivi de la direction générale des impôts et des domaines (DGID) avait mis en place une typologie de la norme fiscale consistant à regrouper toutes ces contributions fiscales dans des paniers fiscaux.
’’C’est un impôt de synthèse qui consiste à la contribution globale fixe, a expliqué, le président du conseil d’orientation’’, a commenté Momar Diop.
Le président du Conseil d’orientation a ajouté : ‘’L’Etat, à travers la DGID, a déployé des efforts considérables en termes de restructuration, d’ouverture, de simplification des procédures, de visibilité’’.
Selon lui, il s’agit de gagner la confiance du citoyen quant à l’intégrité de l’administration fiscale.
Le président du Conseil d’orientation de l’OQSF a, par ailleurs, évoqué la question de la pression fiscale correspondant au montant total des recettes recouvrées, exprimé en pourcentage, le taux que représente l’impôt dans le produit intérieur brut (PIB).
’’On peut consolider l’impôt en jouant sur l’élargissement de l’assiette fiscale vers d’autres contribuables mais, cela nécessite un effort de sensibilisation par rapport aux administrations fiscales’’ a-t-il expliqué.
par Abdoulaye Bathily
JOB BEN SALOMON, MARABOUT NÉGRIER ET ESCLAVE AFFRANCHI (4/6)
EXCLUSIF SENEPLUS - En plus des esclaves et de la gomme, l'or occupait une place de choix dans les rivalités des puissances maritimes en Sénégambie. Les missions confiées à Yuba Jallo entraient aussi dans le cadre des convoitises anglaises pour l'or
On comprend dès lors l'acharnement des Anglais à vouloir contrôler les sources de la gomme. Or l'hégémonie française en Sénégambie mettait en péril leurs efforts. Grâce à ses comptoirs d'Arguin, de Portendicke et aux escales du fleuve Sénégal, zone exclusive de traite de la gomme, la Compagnie du Sénégal été devenue le principal fournisseur de gomme en Europe. Elle détenait un monopole de fait sur la distribution de ce produit. Vers 1720, la bourgeoisie française, effrayée par les progrès du grand commerce maritime et des manufactures anglaises, lançait une vaste opération de sabotage de l'économie anglaise. Les négociants de Rouen, Bordeaux, Nantes et la Rochelle qui formaient le groupe le plus actif dans le commerce colonial qui avait fait la fortune de leurs villes, imposèrent un embargo sur les fournitures de gomme à l'Angleterre et à la Hollande. En 1718 la Compagnie du Sénégal, avec l'appui du gouvernement royal, fit racheter par ses agents tous les stocks de gomme existant en Europe. Elle les bloqua ensuite pour provoquer artificiellement une pénurie de ce produit devenu indispensable. L'accaparement des stocks par la compagnie du Sénégal permit à cette dernière de rehausser considérablement le prix de la gomme. Jusque vers 1760 les manufactures anglaises souffrirent d'une crise provoquée par les « disettes de gomme » du Sénégal.
Les importations de la Royal Africain Company baissaient graduellement. Cette baisse provoqua même l'effondrement de la compagnie anglaise en 1755.
Les Anglais réagirent très vivement contre l'embargo français. D'une part la Royal Africain Company encourageait dès les années 1730 des tribus Maures à exploiter les forêts d'acacia qui se trouvaient entre le Bundu et le royaume du Jolof dans la zone semi-désertique du Ferlo. La compagnie anglaise espérait ainsi contrôler le nouveau débouché, d'autant que cette zone était plus facile d'accès à partir des comptoirs de la Gambie que ceux du Sénégal. C'est là une autre raison qui explique l'intérêt des Anglais pour les entreprises de Yuba Jallo. Mais la gomme du Ferlo était de qualité médiocre et, de plus, la production de cette zone était largement en dessous des besoins anglais. Les manufacturiers anglais multipliaient leur pression sur la chambre des communes pour qu'elle prît toutes mesures utiles pour préserver les fournitures normales des gommes du Sénégal. Après le traité de Paris, en 1763, qui mettait fin à la guerre coloniale dite de Sept ans (1756-1763), les manufacturiers anglais obtinrent satisfaction avec la cession du Sénégal à Angleterre.26
En plus des esclaves et de la gomme, l'or occupait une place de choix dans les rivalités des puissances maritimes en Sénégambie. Depuis l'antiquité classique jusqu'à la « découverte » de l'Amérique, l'or du Soudan (Afrique au Sud du Sahara) a joué un rôle majeur dans l'histoire monétaire des civilisations du bassin méditerranéen. Il a contribué de façon décisive à la prospérité de ces civilisations.27 C'est le contrôle des sources du métal jaune qui fut l'un des principaux objectifs des « Grandes découvertes » et qui amena les européens à s'établir sur les côtes d'Afrique.
La découverte des mines d'or et d'argent d'Amérique avait depuis le XVIe siècle entraîné un afflux considérable de métaux précieux en Europe au point de reléguer l'exportation africaine au second rang. Mais cette évolution coïncidait avec un essor sans précédent du commerce international et n'aboutit pas, par conséquent, à étancher la soif de métal précieux qui constituait un handicap à l'expansion de l'économie mercantile de plusieurs pays d'Europe occidentale. Au début du XVIIIe siècle le papier monnaie venait tout juste de faire son apparition. Mais il rencontrait encore la méfiance et l'hostilité aussi bien de certains secteurs du capitalisme commercial que des populations. Ainsi, en France, l'expérience de spéculation financière sur la base du papier monnaie lancée par Law échouait-elle lamentablement en 1723.
En ces temps où l'or exerçait un rôle prépondérant dans les échanges, la Sénégambie, en tant qu'une des sources de ce métal, entrait nécessairement dans les préoccupations stratégiques des grandes puissances coloniales. En Sénégambie les placers aurifères étaient situés dans le triangle formé par le cours supérieur des fleuves Sénégal et Niger et la rivière Falémé. L'or était extrait des alluvions des cours d'eau ou des mines (Bambuk, Buuré). Le Bundu, patrie de Yuba Suleyman Jallo, était précisément situé aux portes de ces placers. Bien qu'au XVIIIe siècle la production d'or de cette zone semble avoir été beaucoup moins importante que celle d'autres régions (Ashanti -Ghana actuel- par exemple), elle n'en constituait pas moins un objet de rivalité entre l'Angleterre et la France. La Compagnie du Sénégal et la Royal africain Company étaient convaincues qu'en prenant en main la direction de l'exploitation des mines elles arriveraient à augmenter sensiblement leur rendement, ou en tous cas à dépasser la production locale qu'elles jugeaient insuffisante. C'est là une autre raison qui avait incité la Compagnie du Sénégal à fonder des comptoirs permanents dans le royaume de Galam (Gajaaga). Quant aux Anglais, dès le début du XVIIe siècle, ils avaient lancé plusieurs tentatives de pénétration dans la zone des mines d'or. La plus importante de ces tentatives fut celle de Richard Jobson en 1620. Ce dernier ne réussit pas à aller au-delà des chutes de Barakunda en Gambie.28 C'est seulement en 1689 qu'une mission anglaise, la mission de Cornelius Hodge, arrivait dans le Haut Sénégal, mais elle revint sans avoir abouti à des résultats concrets.29 Les missions confiées à Yuba Jallo entraient aussi dans le cadre des convoitises anglaises pour l'or de la Sénégambie.
La question de la traite dans l'histoire de la Sénégambie
L'analyse des problèmes liés à la biographie de Yuba Jallo vient de nous révéler l'importance de la traite européenne dans l'histoire de la Sénégambie dans la première moitié du XVIIIe siècle. Les historiens sont unanimes à reconnaître que la traite a été le phénomène qui a le plus influé sur l'évolution du continent noir. S'appuyant sur des principes moraux, ils condamnent tous l'esclavage. Toutefois dans leurs travaux scientifiques, ils formulent des jugements différents, voire opposés, quant aux conséquences de la traite sur les sociétés africaines. A quelques nuances près, les jugements des auteurs contemporains peuvent être rangés en deux grandes catégories. La première école qui regroupe la majorité voit dans la traite le facteur principal du déclin de l'Afrique et de son retard sur les autres continents. Les historiens de cette école30 avancent très souvent la thèse d'une dépopulation massive de l'Afrique à la suite de l'esclavage atlantique pour étayer leur jugement. Mais leur argumentation repose sur des données quantitatives la plupart du temps incertaines.
La deuxième école, toute récente, est formée par des historiens anglo-saxons dont le plus en vue est P. D. Curtin. Celui-ci, au terme d'une enquête très minutieuse dans les archives en Europe, en Afrique et en Amérique sur le nombre d'esclaves « exportés » par le continent noir durant la traite atlantique, aboutit à la conclusion que les chiffres traditionnellement avancés sont exagérés. Selon lui, l’Afrique n’aurait pas exporté plus de 9,5 millions d'individus pour toute la période, jusqu'à l'abolition de l'esclavage (XVIe – XIXe siècles) : les conditions de la navigation atlantique à cette époque n'auraient pas permis aux européens d'en importer plus vers les Amériques. Par ailleurs, en objection à la thèse de la dépopulation massive du continent, il suggère que l'introduction de plantes nouvelles comme le manioc, le maïs, la banane, etc., en Afrique grâce aux liaisons entre ce continent et l'Amérique à partir des relations de traite, a dû contribuer au bien-être des populations africaines et par conséquent agir dans le sens d'une croissance démographique.31 Enfin, il affirme que l'impact de l'esclavage fut très limité dans le temps sur les sociétés africaines, puisque, dès l'abolition de l'esclavage, les sociétés ont fait preuve d'une adaptation rapide aux nouvelles conditions économiques.
La plupart des thèses de P.D. Curtin sont reprises et élaborées par J. D. Fage. Ce dernier se fonde sur deux arguments principaux pour réfuter les thèses de la première école.32 Après avoir montré que les régions les plus touchées par l'esclavage (Golfe du Bénin, côte Congo- Angola) sont paradoxalement parmi les régions les plus peuplées de l'Afrique d'aujourd'hui, il conclut que l'esclavage n'a pas eu les effets démographiques négatifs que l'on prétend – se basant sur l'essor consécutif à la traite d'une part et, d'autre part, des Etats puissants comme les royaumes d'Oyo (Nigeria actuel) et du Dahomey dont l’ascension est liée au commerce atlantique, il estime que la traite a exercé dans l'ensemble une influence historiquement positive sur le destin de l'Afrique.33
A suivre le 24 novembre prochain...
Texte préalablement paru en 1978 dans la collection "Les Africains" de Jeune Afrique qui a autorisé SenePlus à le republier.
26. sur cette guerre de la gomme entre Français et Anglais, voir A Delcourt. La France et les établissements français au Sénégal 1713-1763, Mémoire IFAN N°171952, pp. 179-185.
27. Cf. F. Braudel. La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II. Ed. 1966. Vol I. 422-32.
28. Richard Jobson, The Golden trade or a discovery of the river Gambia, and the golden trade of the Aethiopians, Londres, 1963.
29. Th. G. Stone « The journey of Cornelius Hodge in Senegambia 1689–1690 ». English Historical Review, 1924. pp. 89-95.
30. Parmi ceux-ci on peut citer J. Suret-Canale, Afrique Noire : Géographie, civilisations, histoire, vol. 1, 1961 ; W. Rodney, A History of the Upper Guinea Coast 1545-1800, Oxford, 1970 ; J. Ki- Zerbo, Histoire de l’Afrique noire, Paris 1972, pp. 208–225 ; B. Barry, Le royaume du Waalo, Paris 1972.
31. P. D. Curtin, The Atlantic Slave Trade. A census, The University of Wisconsin Press, 1969, p. 268.
32. Ibid., p 270.
33. J.D. Fage, A History of West Africa, Cambridge, 1969, chap. VI
PLUS DE 80 QUARTIERS IMPACTÉS
Le liquide précieux ne coule plus des robinets depuis quelques jours dans certains quartiers de Dakar. Une situation pénible pour les populations de la capitale. Le Directeur de la communication de Sen’Eau, Ndiaya Diop s’est prononcé sur cette situation.
Le liquide précieux ne coule plus des robinets depuis quelques jours dans certains quartiers de Dakar. Une situation pénible pour les populations de la capitale. Le Directeur de la communication de Sen’Eau, Ndiaya Diop s’est prononcé sur cette situation.
« Nous suivons plus de 380 quartiers mais, nous avons identifié 83 quartiers dont la desserte est relativement déstabilisée. Ces quartiers ne reçoivent pas d’eau 24/24 », a expliqué Ndiaye Diop, qui rassure qu’un système de surveillance a été mis en place pour apporter des correctifs nécessaires à cette situation. Ce, afin qu’aucun quartier ne reste 24h sans alimentation. Selon Ndiaya Diop, Sen’Eau comprend les complaintes des citoyens. C’est la raison pour laquelle, jure-t-il, la société chargée de la production et la distribution de l’eau potable en zones urbaines et péri-urbaines au Sénégal travaille afin que tout le monde puisse être servi.
Pour sa part, Me Masokhna Kane, avocat et défenseur des consommateurs, estime que Sen Eau a échoué. Car, à son avis, avec la SDE la situation était moins grave. « Avec l’arrivée de Sen Eau, on attendait que la distribution de l’eau à Dakar s’améliore. Mais, nous constatons que tel n’est pas le cas », regrette Me Kane soutenant que tout le monde se plaint. Poursuivant son argumentaire, le consumériste ajoute : « L’Etat a fait beaucoup d’investissements supplémentaires dans le secteur de l’eau, mais le problème reste entier. Il y a un manque d’eau grave qui est en train de généraliser et Sen Eau est impuissant à régler le problème ».
Mais, pour son directeur de la communication, Sen’Eau n’est là que depuis dix mois. Ce qui fait qu’on ne peut pas le comparer à la SDE qui a fait 23 ans de service. « Ce n’est pas possible », martèle-t-il. « Sen’Eau a un contrat de 15 ans et un moins d’un an, elle ne peut pas dérouler tout son programme d’investissement », dit-il. Mieux, il rejette l’argumentaire selon lequel la société de distribution d’eau n’assure pas la mission qui lui est confiée. « Depuis que Sen’Eau est là, nous avons fait un bond en avant. Nous tendons vers le point de satisfaction totale des populations. La demande est certes forte mais nous allons satisfaire les demandes des populations dans un horizon proche », rassure-t-il.