Naïf moi qui croyais que les débats de personnes étaient dépassés dans la famille Senghorienne !
Depuis la sortie du ministre Sérigne Mbaye Thiam, ceux qui devaient se taire ont repris du service. Malheureusement, pour s'inscrire à nouveau dans le mauvais côté de l’histoire. Parmi eux, des camarades très respectables. Du moins qui l’étaient, jusqu'à ce qu'ils procèdent à un choix déshonorant.
Ainsi, celui qui devait encourager les milliers de militants entrés au Parti Socialiste après sa perte du pouvoir en 2000, les décourage de continuer. Professeur, Vous me permettez ? Ne devriez-vous pas vous abstenir de nous inviter à faire nos preuves ? Etes-vous conscient que vos flèches décrochées en ce sens contre SMT sont destinées à toute la jeunesse. En le ciblant, vous avez atteint au cœur tous ceux qui ont choisi le Parti de Senghor par conviction. Faut-il militer depuis des millénaires pour avoir le droit de briguer la tête de notre formation politique ? Moi qui suis issu d'une petite commune, devrais-je être exclu de la compétition, même si la quasi-totalité de sa population a acheté la carte PS pour me soutenir ? Pourquoi insinuez-vous que le militant d'une grande coordination a le droit de briguer la tête du PS alors que celui d'une petite, non ?
Excusez le soldat de Keur Mandiebel d’avoir choisi de militer chez lui, auprès de ceux qui l’ont vu grandir. Cette fierté n’est pas à la portée de tous. Professeur, votre histoire de légitimité par la taille de la base est insensée. Sinon Aminata Mbengue Ndiaye qui est aujourd’hui à la tête du Parti n’y serait pas. Pour la simple raison qu’elle était battue lors des dernières locales à Louga.
Toutefois, cet argument, quand bien même il était recevable dans le passé, l'histoire récente vous contredit. S’il avait du sens, Macron n'allez pas envoyer en retraite anticipée tous vos anciens amis de l'international Socialiste en France.
Sans mandat ni fief, contrairement ceux que vous diaboliser. Professeur, permettez-moi toujours. Avez-vous oublié les arguments des perdants de 1996? Je pense que non. Vous les réchauffez jute opportunément pour faire mal. Et c'est préjudiciable à ce qui nous unit. Vous êtes sur les dangereux pas de Djibo Ka et de tous ceux qui critiquaient en 1996 le choix fait sur notre SG OTD. Lui dont les détracteurs avaient évoqué à tort, la base et l'ancienneté pour le décrédibiliser, sans succès. La suite a démontré qu’il était meilleur qu’eux.
Cher professeur, encouragez-vous les jeunes à faire que la politique et à ne pas avoir un métier ? Ne vous dérange-t-il pas de dire aux hauts cadres de 40 ans et plus que c'est inutile de venir au PS car il vous faudra autant de temps pour avoir de la légitimité ? Ça ne devrait pas être le cas. Mais c'est exactement ce que vous prônez avec vos attaques personnelles. Professeur, que diriez-vous à tous ces jeunes qui aspirent au changement ?
A ceux-là qui, face à l'immobilisme actuel, veulent travailler mais se heurtent à des directions fâchées avec le terrain ? Parviendrez-vous à leur faire accepter la perte de temps ? Certainement pas. Quel héritage laisserez-vous à ceux qui ont 13 ans et rêvent de diriger le Parti?
Aux jeunes cadres qui veulent massifier Vision. Aux responsables actuels du Parti qui veulent exercer des postes de ministres dans un gouvernement socialiste avant leur départ de ce monde ?Êtes-vous sûr quenepas aller aux renouvellements et maintenir l'intérim est la réponse adéquate ?
Votre position est déraisonnable. Cher professeur, vous avez failli à votre rôle d'enseignant. Vous avez violé la doctrine de la rationalité en débattant sur les personnes en lieu et place des idées. Vous qui, lorsque notre regretté SG était alité à Paris, êtes sorti pour vouer aux gémonies le Parti, un Parti que vous accusiez d'immobilisme, avez-vous subitement changé d'avis ?
Si oui, j'ose espérer que ce n'est pas en raison de votre nouveau poste de PCA. A vous tous qui, au lieu de débattre sur le fond, vous vous attaquez directement à un camarade, je me permets de douter de votre Tanorisme. Légitimement. L'utilisation de l'argument ad hominem, en rétorque n’arrive que quand le contradicteur est dans un désespoir absolu. J'ose croire que vous en faites usage par inadvertance. Sinon, ça vous rendrait tout petit.
Bien sûr cher professeur, je ne vous traite pas de petit. Vous êtes éminent. Mais votre argumentaire et posture sont bas. Vous me le permettez toujours? C'est petit. Et j'espère que c'est juste circonstancié. Que vous reviendrez à la raison afin de nous aider, nous qui vous érigeons en modèle, à avoir un débat sur le vrai sujet. Comme l'a fait Sérigne MbayeThiam, sans heurter personne, à ses risques et périls, courageusement.
Enfin Professeur, si SMT ne se prononçait pas sur les renouvellements qui le ferait ?Vous auriez dû prendre le leadership et faire entendre la voix du bas qui se bat, pour le progrès. Vous nous le deviez mais c’est lui qui l’a fait pour le bien du Parti. Qu’il en soit remercié. L’intérim ne peut pas être éternel. La léthargie qui s’installe ne doit pas durée. Nous n’avons pas droit à l’erreur. Par conséquent, j'invite les camarades qui veulent le changement, qui le réclament dans les couloirs, à le dire haut et fort. L'occasion est donnée à tous de s'exprimer sur leur vision de l'avenir du Parti. A chacun de clarifier ses choix. Nous sommes camarades. Nous devons oser le débat. Nous devons prendre position. Les Sénégalais nous écoutent et attendent nos mots. Ils ne veulent pas du silence. Un silence qui serait au mieux complice ou calculateur, dans ce contexte aussi décisif. Être responsable, c'est dire la vérité. Qu'elle dérange ou pas, l'essentiel est que ça honore.
Soutenir notre SG intérimaire c’est l’informer véridiquement, surtout, y compris ce qui ne va pas. Sinon les autres s’en serviront contre elle pour l’enterrer…définitivement, le Parti Socialiste avec. Chose que Tanor ne mérite pas. Nous attendons un débat sur le fond. Pas sur la forme ni le timing des ambitions légitimes et réclamées, encore moins sur les individus.
Amitiés Socialiste.
Malick Faye Liko
Porte-parole et membre de la direction collégiale de la Coordination France
LA JUSTICE ORDONNE LE TRANSFEREMENT DE KABUGA A LA HAYE
Actuellement détenu en France, Félicien Kabuga devait être remis à Arusha, en Tanzanie, pour y être jugé par le MTPI
Un juge du Mécanisme pour les tribunaux pénaux internationaux (MTPI) a ordonné, mercredi, le transfert à La Haye de Félicien Kabuga, "financier" présumé du génocide au Rwanda en 1994. Actuellement détenu en France, il est accusé de génocide et de crimes contre l'humanité.
Félicien Kabuga, soupçonné d'avoir été le principal financier du génocide rwandais, va être transféré dans une cellule de détention à La Haye dans l'attente d'un examen médical et de son procès devant le Mécanisme pour les tribunaux pénaux internationaux (MTPI), géré par les Nations unies, a annoncé l'ONU, mercredi 21 octobre.
Actuellement détenu en France, Félicien Kabuga devait être remis à Arusha, en Tanzanie, pour y être jugé par le MTPI, qui possède une division à Arusha et une à La Haye, pour génocide et crimes contre l'humanité.
La défense de Félicien Kabuga avait formulé une requête afin de demander qu'il soit transféré aux Pays-Bas et non à Arusha, "compte tenu de son âge, de sa santé fragile et de la présence de l'épidémie de Covid-19 en Tanzanie".
"Je considère qu'il existe des circonstances exceptionnelles et qu'il serait dans l'intérêt de la justice de modifier le mandat d'arrêt et l'ordonnance de transfert et d'ordonner que Kabuga soit transféré temporairement" à La Haye "pour un examen médical détaillé", a déclaré dans un document interne au MTPI le juge Iain Bonomy.
"Moins de risques", compte tenu de l'âge de Félicien Kabuga
Dans sa décision annoncée mercredi, le juge Iain Bonomy écrit notamment que la faible distance entre Paris et La Haye "représente moins de risques" pour Félicien Kabuga, âgé de 84 ans selon les documents judiciaires.
Le MTPI n'a pas précisé si un éventuel transfert à Arusha après cet examen médical pouvait être envisagé ou non.
"C'est une étape importante dans un processus complexe", a réagi auprès de l'AFP l'avocat Emmanuel Altit, conseil principal de Félicien Kabuga, se disant "très satisfait" de la décision du juge.
L'homme d'affaires rwandais, arrêté le 16 mai dernier en région parisienne, est notamment soupçonné d'avoir financé l'achat de machettes destinées aux miliciens extrémistes hutus lors du génocide, qui a fait au moins 800 000 morts, Tutsis et Hutus modérés, entre avril et juillet 1994.
par Yoro Dia
AVEC CONDÉ, LA DÉMOCRATIE GUINÉENNE PIÉGÉE
Condé qui est de la même génération que Wade en a tous les défauts sans en avoir la plus grande qualité : la démesure ou l’Hubris des Grecs. Cette démesure qui faisait que Wade était ambitieux pour lui-même et pour son pays
Wade un opposant au pouvoir, l’alternance piégée. Vous vous souvenez certainement du livre de Abdoulatif Coulibaly pendant le chaud été 2004. Le seul livre dans notre histoire à avoir fait tomber un gouvernement, à l’image du Watergate qui a fait tomber Richard Nixon. Je vous parle de ce livre parce que son titre, avec quelques petites modifications, s’applique à merveille à Alpha Condé, et on aurait «Condé, un opposant au pouvoir, la Guinée piégée».
Avec Condé au pouvoir, ce n’est pas seulement l’alternance qui est piégée, mais la Guinée. Condé qui est de la même génération que Wade en a tous les défauts sans avoir la plus grande qualité de Wade : la démesure ou l’Hubris des Grecs. Cette démesure qui faisait que Wade était ambitieux pour lui-même et pour son pays ; d’où sa hantise de sa place dans l’histoire et cette obsession de laisser sa trace et sa marque dans le béton et le goudron. Par contre, Condé n’a pas jamais eu d’ambition pour son pays, mais a toujours eu une immense ambition pour sa personne. Celle-ci, qui fait que l’on se croit homme providentiel, à la limite irremplaçable ; d’où cette quête du 3e mandat, et peut-être même d’un quatrième. Condé n’a pas les qualités de Wade qui ont permis de poser les jalons de l’émergence au Sénégal, mais en a par contre les défauts, dont le plus grand est cette gouvernance anachronique des années 1960-1970, avec les présidents à vie, alors que nous avons changé de génération et même de siècle.
Le Sénégal est sorti démocratiquement du piège du 3e mandat de Wade, grâce à deux facteurs qui manquent cruellement à la Guinée : un Etat solide, tellement solide que le système y est devenu plus fort que les acteurs, et surtout une société détribalisée et «déséthnicisée». La Guinée, par contre, a un Etat très fragile à cause du clivage ethnique entretenu et attisé par des politiciens entrepreneurs identitaires. Si Cellou Dalein gagne cette année, c’est parce qu’il sera sorti du piège identitaire dans lequel l’avaient enfermé ses partisans et Alpha Condé en 2010 en le faisant apparaître plus comme un chef de clan plutôt qu’un futur chef d’Etat. Condé a gagné en 2010 en instrumentalisant la peur d’une double hégémonie peule (économique et politique) et Cellou Diallo, qui était en plein péché d’orgueil, n’avait rien fait pour déconstruire cette peur. Résultat : Condé transforma le 2e tour en un référendum sur l’hégémonie peule et gagna les élections.
Dix ans après, Cellou semble avoir tiré les leçons de 2010 et les Guinéens ont pu se rendre compte que le clivage ethnique est un instrument politicien des entrepreneurs identitaires. Si la Guinée, qui était l’avant-garde du continent avec le Ghana, en est devenue l’arrière-garde, c’est en grande partie par la faute de ses dirigeants. Sékou Touré, paranoïaque comme Staline, cherchait des complots partout. S’il n’en trouvait pas, il les créait. Le Général Lansana Conté fut un accident, mais aussi une longue parenthèse d’immobilisme avant l’intermède du Dadis Show, qui annonça le film Condé qui, comme les mauvais films, sont interminables. Comme si dix ans de pouvoir ne suffisaient pas pour changer la face d’un pays. Il est en quête d’un troisième mandat qui est toujours un mandat proustien, car étant toujours consacré «à la recherche du temps perdu».
LES BESOINS DU SECTEUR DE LA MICROFINANCE DANS LE CADRE DE LA RELANCE ECONOMIQUE
Dans cet entretien, Zahra Iyane Thiam, ministre de la Microfinance, de l’Economie Sociale et Solidaire, renseigne que le secteur de la Microfinance injecte quasiment 30 à 35 milliards par mois dans l’économie nationale
A l’instar des autres secteurs, celui de l’économie sociale et solidaire n’a pas été épargné par la pandémie de covid-19. Mais il a été résilient, selon la ministre de la Microfinance, de l’Economie Sociale et Solidaire, grâce à l’appui conséquent de l’Etat à hauteur d’un milliard aux acteurs et aux 21 mutuelles isolées. Dans cet entretien accordé à «L’As», elle renseigne que le secteur de la Microfinance injecte quasiment 30 à 35 milliards par mois dans l’économie nationale. Aussi, le système financier décentralisé finance chaque année les Petites et moyennes entreprises et autres organisations à hauteur de 400 milliards. Elle affirme, dans le cadre de la relance économique, que les besoins du secteur tournent autour de 90 milliards. Zahra Iyane Thiam s’est également prononcée sur des questions politiques, notamment les prochaines Locales à la Sicap Liberté.
Quel est l’impact de la Covid19 dans la Microfinance et l’Economie sociale et solidaire ?
La covid-19 a eu comme conséquence l’arrêt total ou partiel de l’activité économique. Puisque pour endiguer la pandémie, le gouvernement avait pris des mesures qui ont impacté surtout les acteurs du secteur informel. Par exemple dans les zones rurales, les marchés hebdomadaires étaient des moments forts d’activités commerciales. Au niveau des services financiers décentralisés, il faut situer l’impact de la covid-19 à deux niveaux. Le premier se situe au niveau du système financier décentralisé à travers les institutions de Microfinance, et le second reste les cibles (acteurs, Ndlr). Pour ce qui est des institutions de Microfinance, nous avions fait une étude pendant la pandémie. Plusieurs difficultés ont été constatées même si, par ailleurs, le secteur a été résilient. Parce qu’il fallait d’abord gérer le portefeuille crédit, sécuriser l’épargne et gérer le remboursement du crédit. Donc, l’impact est réel à ce niveau-là. Au sein des institutions de Microfinance, nous avons deux catégories. Il y a les institutions dites articles 44 Uemoa et celles isolées qui sont des émanations d’initiatives locales, mais qui concentrent une cible importante. Là également, il fallait préserver l’activité de Microfinance. Les bénéficiaires des services de ces institutions de Microfinance pour le financement de leurs activités sont au nombre de 3,5 millions. Le secteur de la Microfinance injecte quasiment 30 à 35 milliards par mois dans l’économie nationale. L’impact de la Covid-19 y a été ressenti parce que certaines activités étaient à l’arrêt total. Aujourd’hui que nous parlons de relance économique, la première remarque est qu’il faut des ressources conséquentes à réinjecter dans le secteur de la Microfinance pour lui permettre de prendre une part active dans la relance. A la lumière des enseignements de la pandémie, nous nous rendons compte que nous avons des économies vulnérables.
Y a-t-il une stratégie de relance peaufinée par votre département ministériel ?
Nous avons fait le diagnostic du secteur, identifier des objectifs, fixer des objectifs et des défis notamment celui de la mise à disposition de ressources à longue durée à la Microfinance. Nous nous sommes rendu compte, à travers nos rencontres avec les acteurs, que le secteur a besoin d’être accompagné pour qu’il puisse mieux faire face à la réalité des besoins des bénéficiaires. Ainsi, les enjeux et défis du secteur de la Microfinance tournent autour de plusieurs points. On cite entre autres l’inclusion financière de la majorité de la population, le développement de mécanismes de financement innovants et participatifs, notamment la finance islamique, la participation adéquate au financement des activités des secteurs prioritaires du PSE, une contribution plus significative au financement de l’économie locale, l’ajustement du cadre réglementaire aux potentialités du secteur, la stabilisation et la sécurisation du secteur de la Microfinance, l’accès durable à des services financiers de qualité et sécurisés, viables et pérennes, l’articulation entre la Microfinance et les secteurs prioritaires du PSE, la rationalisation et/ou mutualisation des différents fonds d’appui à la Microfinance, l’institutionnalisation des cadres de concertation et d’harmonisation des interventions, la promotion d’un modèle de gouvernance centré sur la qualité, la mise en place d’un dispositif viable de renforcement des capacités institutionnelles du système financier décentralisé, la maîtrise de la technologie, notamment la digitalisation et la promotion de la finance inclusive responsable.
Où en êtes-vous avec la question du taux d’intérêt jugé élevé des systèmes financiers décentralisés ?
La question du taux d’intérêt des institutions de Microfinance revient souvent. Sur ce point, avec les effets néfastes induits par la pandémie de covid-19, il faut trouver des stratégies. Bien avant la pandémie de covid-19, dans le cadre de la validation de la lettre de politique sectorielle, nous avons convenu de trouver une orientation qui peut impacter sur les ressources financières qu’on met à la disposition des institutions de Microfinance. La pandémie a confirmé cette option. C’est pourquoi le chef de l’Etat a créé récemment le fonds national de la Microfinance (Fonamif) dont les objectifs tournent autour de services financiers et non financiers qui pourront permettre au système financier décentralisé d’offrir de meilleurs services adaptés aux réalités économiques de leurs bénéficiaires. Ce fonds pourra rendre plus accessible le crédit avec des taux d’intérêts allégés. Il pourra contribuer à solutionner plusieurs difficultés, notamment celle d’accès à des ressources longues et stables pour répondre aux besoins spécifiques des populations vulnérables et à leur réalité économique, l’insuffisance de mécanismes d’accompagnement en termes de renforcement des capacités et d’appuis divers, l’absence d’un mécanisme de sécurisation pour la gestion des nombreux risques auxquels sont exposés les systèmes financiers décentralisés (SFD), les taux d’intérêts débiteurs élevés pratiqués par les SFD, et l’absence d’un cadre unitaire d’harmonisation des SFD pour beaucoup plus d’impact et d’efficience dans les interventions. Il s’agit maintenant d’aller vers l’opérationnalisation de cet instrument très important qui existe dans plusieurs pays. Il faut noter qu’un atelier national avec l’ensemble des membres du secteur a été organisé pour diagnostiquer le secteur de la Microfinance et ensuite voir les nouvelles orientations.
A la suite de l’atelier, un comité technique a été mis en place pour approfondir la réflexion. On a eu à identifier les principales contraintes. La première, c’est l’accès des institutions de Microfinance au guichet de refinancement de la Bceao. Si les institutions de Microfinance avaient un accès direct au guichet de la Bceao en plus d’avoir accès à des ressources sur une longue durée, le taux d’intérêt allait baisser. Aujourd’hui avec la création du fonds pour la Microfinance, toutes ces questions peuvent y trouver des solutions. L’autre particularité du secteur est qu’il est sous-tendu par deux départements, à savoir le ministère de la Microfinance et le ministère des Finances et du Budget qui s’occupe de la règlementation. Maintenant, tout ce qui est de la réglementation du secteur se fait au niveau communautaire. D’ailleurs, c’est au niveau communautaire qu’on fixe le plafonnement du taux d’intérêt qui est de 24% dans l’espace monétaire. Ainsi, il nous faut un autre front au niveau communautaire pour régler le problème du taux d’intérêt. Mais au niveau interne, sur la base de nos échanges avec la Bceao, nous espérons qu’il y aura bientôt des avancées sur cette question.
Comment votre département ministériel va-t-il contribuer au PAPII ?
Il ne s’agit pas pour nous de réinventer la roue avec l’arrivée de la pandémie, mais de rester sur le Plan Sénégal Emergent (PSE) à travers le PAPII ajusté et accéléré à la lumière des enseignements de la pandémie. Si nous voulons que les populations consomment, il faut qu’on les mette dans des conditions d’entreprendre et de mener une activité économique. Tout le monde sait qu’au Sénégal, l’économie, c’est d’abord le secteur informel, c’est-à-dire les acteurs de l’économie sociale et solidaire. Donc, nous devons donner des moyens aux acteurs et les encadrer dans leurs activités. C’est cela le rôle de l’économie solidaire dans la relance. Nous allons faire en sorte que la contribution de l’économie sociale et solidaire à la production intérieure brute soit déterminante ; atteindre un niveau d’organisation où les représentants des acteurs de l’économie sociale et solidaire ont une influence réelle dans la définition et la mise en œuvre des politiques économiques ; transformer la démocratie sociale en réalité visible à tous les niveaux de représentation dans le secteur de l’Economie sociale et solidaire etc. Nous sommes en train de préparer les acteurs dans ce sens.
Votre tournée avant la pandémie, était-ce dans ce cadre ?
C’était une tournée pour la résilience des acteurs. Par exemples les mutuelles isolées comme celle de Podor qui a plus de trois mille membres qui s’activent dans la transformation de céréales… Il fallait alors permettre pendant la pandémie à ces groupements de poursuivre leurs activités. C’était une tournée nationale pour la résilience et la relance avec deux composantes, à savoir l’accompagnement des mutuelles isolées et la subvention directe aux acteurs. Le bilan définitif n’est pas encore stabilisé mais à la date d’aujourd’hui, nous avons injecté quasiment un milliard dans le cadre de la résilience des acteurs et des 21 mutuelles isolées. Le secteur a été soutenu par le gouvernement et il bénéficie d’une attention particulière du chef de l’Etat. Parce que dans sa politique, l’inclusion économique et sociale occupe une place prépondérante. On ne peut pas développer le pays en laissant en rade une frange de la population. C’est un marqueur de gouvernance chez le chef de l’Etat.
Les financements octroyés aux femmes sont-ils remboursables ?
Non ! Ce sont des subventions faites sur la base de plusieurs critères. D’ailleurs nous avons finalisé la loi de l’économie sociale et solidaire qui doit prendre en charge ces questions de fichiers. Puisque le défi est d’avoir des données fiables sur le secteur, notamment les acteurs, leur contribution dans l’économie nationale etc. Cependant, le refinancement des mutuelles isolées est remboursable.
Quel est le coût du financement des services financiers décentralisés aux organisations et petites et moyennes entreprises ou industries (PME/PMI) ?
L’encourt crédit du système financier décentralisé aux petites, moyennes entreprises et autres organisations envoisine les 400 milliards par an. Cela démontre l’importance du système financier décentralisé. Rien que l’année dernière, pendant la campagne agricole, le secteur financier décentralisé à travers les institutions de Microfinance a décaissé 55 milliards pour permettre aux paysans d’avoir des intrants, du matériel etc. Au Sénégal, nous avons un système financier décentralisé performent malgré les effets de la pandémie de covid-19. Le secteur a été résilient, mais il faut le soutenir. Pour sa relance, le besoin exprimé est environ de 90 milliards.
Les propos du député Aliou Demborou Sow ont choqué tout le monde même dans la mouvance présidentielle. Qu’en pensez-vous ?
Je pense qu’il y a des transformations sociologiques qui s’opèrent dans notre société et qu’il faut analyser. Si cela n’est pas fait, on peut avoir des surprises d’ici cinq ans, dix ans etc. Une démocratie obéit à des règles. Il y a des choses qu’on peut dire et d’autres non. Il faut qu’on reste sur les principes démocratiques et qu’on respecte la loi. Le Sénégal est une grande démocratie. Donc, il faut cultiver l’esprit de dépassement et l’unité du peuple. L’Alliance pour la République s’est prononcée sur l’affaire. Nous nous en tenons à ça.
Les du dialogue politique ont remis un rapport sur les 21 points consensuels et invitent le chef de l’Etat au respect de son engagement. Avez-vous espoir qu’il va approuver les points consensuels ?
Le dialogue est un exercice fréquent. Le fait que les acteurs politiques se retrouvent pour discuter du processus électoral est un exercice qui se fait après chaque élection. La particularité du dialogue national est que le cadre est beaucoup plus global avec plusieurs secteurs. 21 accords sont enregistrés sur les 28 points. C’est une prouesse. Puisque d’aucuns disaient que le dialogue ne sert à rien. Il y a eu de fortes avancées. Maintenant quel sera le sort de ces accords ? Je pense qu’il faut attendre la décision du président de la République, le commanditaire de ce dialogue. Mais je ne doute pas qu’il va valider tous les points consensuels.
Est-ce que vous allez briguer les suffrages des populations de Sicap liberté aux prochaines élections locales ?
Je pense qu’il faut d’abord préciser comment fonctionne la coalition Benno Bokk Yaakaar qui est composée de plusieurs sous coalitions et de personnalités. Ce qui nous a permis de conserver jusqu’à présent cette coalition dont la mort a été annoncée à plusieurs fois, c’est la concertation, le dialogue et les négociations au sein de nos partis et sous coalitions. Puisque si nous voulons être ensemble, il faut qu’on fasse des concessions. Pour nous, la candidature à la commune de Sicap Liberté revient à deux choses : attendre l’avis du parti et les directives de la coalition Benno. Il faut noter que c’est la coalition Benno qui dirige la commune. Aujourd’hui ma préoccupation, c’est d’élargir les bases du parti et de la coalition. Maintenant le choix du maire revient à la coalition et de son président. Cependant, tout acteur politique a une ambition. Mais cette ambition n’a de sens que lorsqu’elle prend en charge le collectif. Dès que vous êtes dans un parti, votre ambition se confond à celle du parti. Votre arrêté demandant à vos employés de retour de Magal de se confiner pendant 14 jours qui seront déductibles de leurs congés annuels a suscité la polémique.
Pourquoi êtes-vous revenue sur la décision ?
C’est un acte administratif. Maintenant le constat est qu’il a créé de l’émoi. Il était normal de clarifier ce que nous avons fait et peut être rappelé le contexte de cet arrêté. Vous voyez dans d’autres pays, c’est le (re)confinement des populations à cause de la covid19. C’était notre contribution à la lutte contre la covid-19 et qui nous vaut une reconnaissance mondiale. Mais en profiter pour dire que Zahra Iyane Thiam est contre une confrérie n’est pas acceptable.
IL Y A BIEN UNE TRAITE DE PERSONNES AU SENEGAL
La lutte contre la traite des personnes est loin d’être gagnée. C’est l’aveu de Mody Ndiaye, secrétaire permanent de la Cellule nationale de lutte contre la traite des personnes (CNLTP) au ministère de la Justice
La lutte contre la traite des personnes est loin d’être gagnée au Sénégal. C’est l’aveu fait par Mody Ndiaye, secrétaire permanent de la Cellule nationale de lutte contre la traite des personnes (Cnltp) au Ministère de la Justice, lors d’un atelier de planification stratégique 2021-2023 de trois jours ouvert hier à Saly.
La traite des personnes est une activité criminelle qui existe au Sénégal malgré les efforts consentis par l’Etat du Sénégal dans le programme de l’Organisation des Nations unies contre le crime et la drogue. C’est le constat triste fait par le secrétaire permanent de la Cellule nationale de lutte contre la traite des personnes (Cnltp) au Ministère de la Justice.
Lors d’un atelier de planification qui se tient depuis hier à Saly, Mody Ndiaye a soutenu que «la lutte ne fait pas trop de bruit mais il y a régulièrement des réseaux qui sont démantelés, des victimes qui sont protégées et des poursuites qui sont engagées. Malheureusement, ces poursuites sont très insidieuses car aucun pays n’a trouvé une solution définitive, mais les efforts poursuivis par l’Etat tendent à rendre plus difficile cette activité inhospitalière».
Toutefois, dans l’ensemble, le bilan de la lutte contre cette pratique criminelle reste positif. Car, explique-t-il, des efforts considérables ont été faits pour arriver à un tel résultat. «Le bilan de la traite est globalement positif. On accepte que la traite existe mais les victimes sont protégées et secourues. C’est un travail de longue haleine. Il y a un réseau qui a été démantelé et qui exploitait des jeunes filles », a soutenu M. Ndiaye.
Le Secrétaire permanent de la Cellule nationale de lutte contre la traite des personnes au Ministère de la Justice soutient que pour échapper à la vigilance des forces de l’ordre, il y a des personnes qui se cachent derrière la religion pour exploiter des jeunes à leur propre compte et amasser de l’argent. «Il y a des types de traite et d’activités de traite et ces personnes doivent être poursuivies et les victimes protégées. Il y a plusieurs autres formes car vous avez des gens qui se cachent derrière le manteau de la religion pour exploiter des enfants. Au sud-est, il y a l’exploitation des jeunes femmes dans les zones minières, la servitude domestique. L’esclavage est toujours d’actualité dans le monde et notre pays n’y échappe pas», a-t- il ajouté.
Revenant sur l’objectif de la rencontre, Mody Ndiaye estime que c’est un atelier de planification stratégique pour élaborer un plan d’action national de lutte contre la traite au Sénégal pour les années 2021- 2023. Pour lui, du fait que «la traite soit une forme de criminalité particulièrement violente qui bafoue la dignité des êtres humains et qui consiste en l’exploitation de l’être humain et qui prend des formes très variées, elle doit être éradiquée». D’ailleurs, les formes de traites les plus connues dans notre pays sont l’exploitation des femmes et des enfants, bref, les couches les plus vulnérables.
Pour plus d’efficacité, Mody Ndiaye soutient que depuis quelque temps, le gouvernement du Sénégal a mis en place un mécanisme de coordination des actions de lutte contre la traite qui regroupe un ensemble de ministères et d’acteurs de la société civile pour améliorer la stratégie de lutte contre la traite en vigueur depuis une quinzaine d’années.
DAKAR EST UNE ZONE À RISQUE
Le pire a été frôlé vendredi dernier sur la corniche Est de Dakar, plus précisément au niveau de l’emplacement des maisons surplombant l’hôtel Lagon 2
Suite à l’éboulement qui s’est produit vendredi dernier sur la corniche Est de Dakar ayant occasionné d’importants dégâts matériels, le ministère des Mines et de la Géologie a effectué hier une visite sur les lieux pour s’enquérir de la situation. A cette occasion, Ousmane Cissé, conseiller technique du ministre des Mines, a tiré la sonnette d’alarme en soutenant que Dakar est une zone à risque.
Le pire a été frôlé vendredi dernier sur la corniche Est de Dakar, plus précisément au niveau de l’emplacement des maisons surplombant l’hôtel Lagon 2. En effet, il s’y est produit l’éboulement d’un muret qui a occasionné des dégâts matériels. A la suite de cet incident, le ministère des Mines et de la Géologie a dépêché hier une équipe sur les lieux pour constater de visu la situation. A la tête de l’équipe, Ousmane Cissé (conseiller technique du ministre) a tiré la sonnette d’alarme pour indiquer que Dakar constitue une véritable zone à risque.
Selon Ousmane Cissé, «la zone du Cap-Vert est constituée de roches argileuses avec des limons dénommés limons de l’hôpital (ce sont des roches recouvertes d’une cuirasse latéritique qui peut de temps en temps constituer une épaisseur assez importante qui peut cacher l’ensemble des mouvements qui se situent dans le sous sol)». Ces roches basaltiques pour la plupart, composées d’argiles, de limons et qui présentent des intrusions volcaniques, occasionnent les risques d’éboulements tels que celui observé ce week-end sur la corniche Est.
Mieux, explique l’expert en géologie, «la nature a été clémente en nous avertissant». Mais de l’avis du géologue, il est important que des dispositions soient prises pour avoir une meilleure cartographie des risques associés à la géologie de la corniche de Dakar. Une cartographie de certaines zones à risques montre que tout le long de la corniche, les situations varient d’un endroit à un autre. «Au niveau des Mamelles, nous avons des roches volcaniques. Mais un affouillement se fait au bas des Mamelles avec des personnes qui sont en train d’exploiter les roches pour d’autres usages et qui fragilisent la base des Mamelles. Au bloc des Madeleines, en face de l’ancien Palais de justice, la plage se rétrécit, de même que la plage de Anse Bernard qui, aujourd’hui, a presque disparu», explique Ousmane Cissé. Et ce dernier d’alerter : «Ces phénomènes vont continuer. Et il peut arriver que dans la même zone, il y ait des éboulements et des glissements. Les Corniches Est et Ouest sont les zones les plus instables de Dakar.»
«IL FAUT UNE CAMPAGNE SISMIQUE ET GRAVIMETRIQUE LE LONG DE LA CORNICHE»
Afin d’éviter des calamités de ce genre à l’avenir, l’expert en géologie propose une campagne sismique et gravimétrique le long de la corniche pour examiner et identifier les zones d’instabilité. Sur le plan institutionnel, des dispositions ont été prises au niveau du Ministère, de l’avis du secrétaire général Ibrahima Guèye. Il annonce qu’une politique minière visant à intégrer une nouvelle innovation avec l’identification et la valorisation des géo sites est mise en place. Il s’agit d’un programme qui devrait s’étendre sur l’ensemble du territoire et qui, à terme, devrait nous permettre d’identifier l’ensemble des sites qui présentent des intérêts d’ordre géologique comme la corniche et qui devrait aussi nous permettre, dans un deuxième temps, de mettre en place des dispositifs de valorisation tels que les géo parcs, l’écotourisme.
ENA, CFJ, CES NOUVELLES FABRIQUES DE REVOLTES
Depuis quelque temps, les hauts fonctionnaires de l’administration sont au-devant de la scène au Sénégal et élèvent la voix pour bousculer la hiérarchie
Depuis quelque temps, les hauts fonctionnaires de l’administration sont au-devant de la scène au Sénégal et élèvent la voix pour bousculer la hiérarchie. Formés dans les plus grandes écoles à la suite d’un concours sélectif comme l’ENA ou le CFJ pour devenir des orfèvres de l’administration, ces cadres n’acceptent plus le conformisme qui était jadis consubstantiel à ces corps de l’Etat et se rebiffent de plus en plus pour se faire entendre.
En France, le Président Emmanuel Macron a annoncé la suppression de l’Ecole Nationale d’Administration (ENA). Pourquoi le chef de l’Etat français lui-même issu de la promotion Léopold Sedar Senghor de 2004 de cette grande école fondée en 1945 veut-il la supprimer ? A l’en croire, c’est pour bâtir quelque chose qui fonctionne mieux. Mais il est important de souligner que ce débat est un vieux serpent de mer au pays de Marianne. En effet, ce qui est reproché à cette école depuis quelques décennies, c’est d’être un établissement du pouvoir. On lui reproche également son manque de diversité et de mixité sociale. Cette école est un symbole de la technocratie et contribue à la reproduction des élites. Elle est une sorte de fabrique à former une technocratie un peu trop homogène, selon certains observateurs. Autrement dit, elle est une école de la pensée unique qui confirme ce que dénonçait le sociologue français Pierre Bourdieu en 1964 dans son livre «Les Héritiers» en considérant les énarques français comme les héritiers de la culture dominante. Presque une reproduction de celle de la France, l’ENA du Sénégal a formé depuis sa création en 1960 de hauts cadres de l’administration dont certains sont devenus des acteurs majeurs de la vie publique sénégalaise comme le président de l’Assemblée nationale Moustapha Niasse, le défunt secrétaire général du PS Ousmane Tanor Dieng , l’ancien Premier ministre Mamadou Lamine Loum, le ministre du Pétrole Mouhamadou Makhtar Cissé, le ministre des Affaires Etrangères Amadou Ba, le député et président du Pastef Ousmane Sonko. Ces cadres sont souvent perçus par les Sénégalais comme des élites qui entretiennent des connexions avec le pouvoir.
En général, ceux d’entre eux qui décident de faire de la politique sont souvent coptés voire enrôlés par le régime. Des fonctionnaires compétents et bien formés, mais qui s’adaptent et profitent souvent des «prébendes» du pouvoir. Une situation qui les déconnecte des réalités des populations, car formant une caste de riches même s’ils sont souvent issus de familles modestes, et sont arrivés au sommet grâce à la méritocratie. Même si une hirondelle ne fait pas le printemps, force est de constater que ces dernières années, des sortants de ces grandes écoles se dressent comme des voix discordantes, anticonformistes et antisystèmes.
Les cadres du Pastef, y compris leur président Ousmane Sonko, sont pour la plupart des anciens pensionnaires de l’ENA et veulent changer le «système». Sorti du Centre de Formation Judiciaire (Cfj) entité de l’ENA, le président de l’Union des Magistrats du Sénégal (UMS) Souleymane Téliko est un magistrat pas comme les autres. Actuellement, il est au centre d’une polémique qui n’a pas encore connu son épilogue. Certains de ses collègues pensent que les textes lui interdisent de commenter des décisions de justice comme il l’a fait sur le dossier de l’ex-maire de Dakar, Khalifa Sall. Mais le magistrat ne fléchit pas. Récemment, le président du tribunal d’instance de Podor Ngor Diop a refusé de suivre les injonctions de sa hiérarchie qui lui demandait de libérer un dignitaire religieux qu’il avait fait arrêter. Ce qui lui a valu une affectation considérée par plusieurs observateurs comme une sanction.
«LES GENS QUI REUSSISSENT LE CONCOURS DE L’ENA SONT LE PLUS SOUVENT ISSUS DE FAMILLES DEMUNIES ET ONT SUBI L’INJUSTICE»
Pourquoi ces hauts fonctionnaires ont de plus en plus une liberté de ton et mènent «l’insurrection» dans l’administration ? «Les jeunes fonctionnaires se révoltent pour dénoncer les injustices parce que le contexte mondial l’exige. Les gens sont ouverts d’esprit et pour moi, c’est la première chose qui pousse les gens à se révolter. Les gens savent ce qui se passe ailleurs», soutient sous l’anonymat un inspecteur des Impôts et Domaines sorti il y a quelques années de l’ENA. Ce dernier d’ajouter : «Les gens qui réussissent le concours de l’ENA sont souvent des gens issus de familles démunies. Ils ont toujours vu l’injustice qui prévaut au Sénégal et n’eût été ce mérite de réussir l’ENA, ils n’auraient jamais accédé à certains stades de décisions. Dans ce pays, les plus riches s’enrichissent, les gens qui sont au sommet font tout pour que leurs enfants puissent occuper certains postes». C’est pour toutes ces raisons qu’en intégrant l’ENA, explique cet énarque, certains sont animés de ce sentiment de révolte et veulent changer les choses. «Le pouvoir a tellement verrouillé le système que si vous n’êtes pas un des leurs, vous avez toutes les difficultés du monde pour accéder à certains postes de responsabilité», clame-t-il.
Poursuivant, il déclare : «La plupart des énarques ont fait l’école publique, donc leurs études ont été financées par le contribuable sénégalais. Ainsi en guise de reconnaissance, ils n’hésitent pas à se révolter contre certaines pratiques». Il estime que si leur génération laisse faire, le système va les engloutir à la longue. Dans la foulée, notre interlocuteur souligne aussi que les nouveaux énarques étaient déjà des révolutionnaires lorsqu’ils étaient à l’université. «Si Dieu vous donne la chance d’intégrer l’ENA, vous devez venir pour changer les choses. Le citoyen et le Sénégal sont au-dessus de toute chose. Le pays nous a tout donné. Donc pour moi, le fait de mettre en péril une carrière au profit des intérêts de toute une nation est important. Demain, nous devons léguer ce pays à nos enfants. Mais cela ne doit pas être un pays où il n’y aura pas de travail et de ressources naturelles », tranche notre interlocuteur qui est chef de service dans une des régions du pays. Issu de la banlieue, il est presque le seul de sa génération à devenir énarque et inspecteur des Impôts et Domaines. «Et pourtant, c’étaient des jeunes qui sont aussi valables que moi, mais les conditions n’étaient pas réunies pour leur garantir la réussite scolaire. Donc ce changement de paradigme au niveau de l’administration, c’est pour corriger certaines inégalités», dit-il.
«CETTE NOUVELLE GENERATION DE HAUTS FONCTIONNAIRES N’A PAS PEUR PARCE QU’ELLE N’EST PAS CONSTITUEE DE CARRIERISTES COMME AU TEMPS DE SENGHOR»
Enseignant en sciences politiques à l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis, Moussa Diaw souligne que cette génération de hauts fonctionnaires se positionne par rapport à la chose politique parce qu’il y a changement de génération et de mentalité. «C’est cet ensemble de facteurs qui contribue à cette situation. Ils ont une nouvelle conception de leurs responsabilités qui fait qu’ils prennent conscience du rôle qu’ils jouent dans leurs fonctions et aussi de la nécessité de prendre part au développement de l’Etat », explique Dr Diaw qui ajoute que leur niveau intellectuel leur a permis d’avoir des connaissances approfondies de l’action de l’Etat.Donnant les autres facteurs qui poussent ces jeunes cadres de l’administration à élever la voix au risque d’etre sanctionnés, le politologue indique : «Ce sont des intellectuels qui sont formés autrement. Ce ne sont pas des intellectuels moulés comme au temps du Président Senghor qui sont carriéristes. Ce ne sont pas des fonctionnaires carriéristes parce que les carriéristes sont généralement soumis à la volonté de l’Etat et respectent les hiérarchies». C’estla raison pour laquelle il considère qu’ils n’ont pas peur de sanctions parce qu’ils savent que dans tous les cas, ils réussiront dans la société. «Ayant été bien formés, ils ont un certain savoir-faire qu’ils peuvent faire valoir ailleurs qu’au sein de l’Etat », affirme Moussa Diaw.
LE COJOJ REAJUSTE SA FEUILLE DE ROUTE
Le comité d’organisation et la commission de coordination du CIO ont passé en revue la préparation en direction des JO Dakar 2026.
Le comité d’organisation des Jeux olympiques de la jeunesse et la commission de coordination du CIO ont fait le point sur la préparation en direction des JO Dakar 2026. Cette rencontre virtuelle, la deuxième du genre, a été une occasion pour présenter le nouveau plan et redéfinir la feuille de route en termes d’engagement, de mobilisation en perspective de 2026. Mais aussi pour le comité d’organisation des JOJ d’échanger avec les membres de la CIO et de ressortir les différents aspects liés à la préparation de Dakar 2026.
Le comité d’organisation et la commission de coordination du CIO ont passé en revue la préparation en direction des JO Dakar 2026. C’était au cours de la réunion virtuelle organisée avec les membres de l’équipe technique de ladite commission composée par des membres hier, mardi 20 octobre. Après la première session organisée en 2019 cette deuxième session était l’occasion de présenter le nouveau plan et la nouvelle vision suite au report des Jeux olympiques de la Jeunesse imposé par la pandémie de la Covid-19. Selon Ibrahima Wade, coordonnateur général des Jeux olympiques de la jeunesse «Dakar 2026», cette rencontre, a permis de mettre l’accent sur des axes beaucoup plus importants que sont l’engagement et la mobilisation de la jeunesse.
En d’autres termes, il s’agissait de redéfinir la feuille de route. «Le nouveau plan que l’on a présenté redéfinit la feuille de route et met l’accent sur des axes beaucoup plus importants que sont l’engagement et la mobilisation de la jeunesse. Il donne beaucoup plus de perspectives pour le marketing, de recherche de partenaires commerciaux. Mais aussi donne l’opportunité de poser les jalons d’un véritable plan de transformation au niveau des jeunes, au niveau du développement du sport. Le sport comme levier de transformation économique et social. C’est également les effets de la transformation au niveau des villes. Pour le projet «Dakar 2026» au niveau des villes de Dakar et Diamniadio et Saly, il faut se mettre au niveau et de faire un saut en avant», a-t-il souligné.
Dans cette voie, le président Wade n’a pas manqué de relever les autres aspects de la préparation des prochains JOJ. «Nous avons des jeunes athlètes et il est important de discuter ces aspects liés aux droits humains. Mais aussi des grandes infrastructures qui doivent accueillir les JOJ et que nous devrons réhabiliter. Mais aussi de petites infrastructures que nous devons, avec le soutien de l’Agence française de développement (AFD) mettre en place pour permettre aux collectivités locales une sorte de mise à niveau, de renforcement du portefeuille infrastructurel. Il y a également les aspects juridiques et légaux avec la présence d’éminents juristes notamment Me Seydou Diagne ou encore l’agent judiciaire de l’Etat, Antoine Diome. Nous sommes dans un contexte de mise en place d’un plan assez ambitieux de l’émergence du Sénégal», relève- t-il avant de réjouir du rythme dans la préparation et du satisfécit du CIO.
«EN 2022, NOUS SERIONS PRETS ; EN 2026, NOUS SERIONS DAVANTAGE PRETS»
«Ce qui est intéressant c’est de voir malgré le report, nous sommes dans un rythme beaucoup plus cadencé, plus accéléré. Mais la cadence continue. Le rythme est très accéléré. En 2022, nous serions prêts ; en 2026, nous serions davantage prêts. Nous en sortons très réconfortés. Nous avons eu beaucoup de satisfécits des membres du CIO et de la commission de coordination qui ont vu que nous avons énormément travaillé sous la direction et l’éclairage du président Mamadou Diagna Ndiaye et nous voyons que l’affaire porte ses fruits», soutient le président Ibrahima Wade, vice-président du CNOSS et président de la Fédération sénégalaise des Sports équestres.
DENI D’UNE REALITE
L’arrestation d’une bande d’homosexuels lors de la célébration d’un mariage à Sacré-Cœur, samedi dernier 17 octobre 2020, semble relever de l’extraordinaire.
L’arrestation d’une bande d’homosexuels lors de la célébration d’un mariage à Sacré-Cœur, samedi dernier 17 octobre 2020, semble relever de l’extraordinaire. Et pourtant, il existe des signes courants dans la société qui montrent que la pratique est bel et bien une réalité dans plusieurs contrées du Sénégal. En l’espace de quelques jours, plusieurs refus d’enterrement ont été notés à Touba pour cause de la supposée orientation sexuelle du défunt. Des cas sont aussi fréquemment rapportés par la presse.
Le président Macky Sall avait déclaré, d’un ton ferme, que le Sénégal n'est pas près de dépénaliser l'homosexualité, en 2014. Mieux, en 2018, il est allé plus loin, en disant que «l'homosexualité est contraire à la religion musulmane et tant que qu’il sera le président de la République (du Sénégal), l’homosexualité ne sera jamais permise». Une position réaffirmée lors de la visite du Premier ministre canadien, Justin Trudeau, qui en avait fait un des motifs de son voyage à Dakar en février 2020. «Ça, ce n’est pas possible parce que notre société ne l’accepte pas. La société, elle va évoluer, ça prendra le temps que ça prendra», a ajouté le président sénégalais. «Chaque pays a son propre métabolisme. On ne peut pas non plus demander au Sénégal de dire : “Demain, on légalise l’homosexualité, et, demain, c’est la gay parade», a-t-il ajouté, en référence aux «marches des fiertés» organisées dans d’autres régions du monde. «Seulement, les lois de notre pays obéissent à des normes qui sont le condensé de nos valeurs de culture et de civilisation. Cela n’a rien à voir avec l’homophobie. Ceux qui ont une orientation sexuelle de leur choix ne font pas l’objet d’exclusion», a-t-il déclaré.
D’ailleurs, au Sénégal, l’homosexualité est punie par l'article 319 du Code pénal, alinéa 3, issu de la loi no 66-16 du 12 février 1966. Celui-ci stipule qu’il sera puni d'un emprisonnement d'un à cinq ans et d'une amende de 100 000 à 1 500 000 francs quiconque aura commis «un acte impudique ou contre nature» avec un individu de son sexe. Si l'acte a été commis avec un mineur de 21 ans, le maximum de la peine sera toujours prononcé. L’homosexualité, un fait jugé contraire aux coutumes nationales, à la Constitution, un attentat à la pudeur pour certains et «acte contre nature» selon la loi et un exercice d’une «orientation sexuelle» pour d’autres, est donc une réalité sous nos cieux.
En novembre 2019, lors de la cérémonie officielle du Gamou de Tivaouane, le Khalife général, Serigne Babacar Sy Mansour, avait alerté que la propagation de l’homosexualité est inquiétante, tout en demandant au ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique de prendre les dispositions nécessaires contre la propagation du phénomène. L’arrestation de jeunes surpris en plein mariage à Sacré-Cœur, n’est donc qu’un simple fait qui démontre l’existence du phénomène, même si beaucoup se basent sur des croyances religieuses et culturelles pour justifier que ce sera impossible que l’homosexualité prospère dans le pays. Elle est aussi une pratique socialement réprimée au point que ceux qui la pratiquent se cachent ; ce qui fait que c’est donc évident qu’il n’est pas facile de cerner son ampleur.
Toutefois, à Touba, le Dahira Moukhadimatul Khidma a refusé l’enterrement de dépouilles au cimetière de Bakhiya, à plusieurs occasions, pour la supposée orientation sexuelle des défunts. Le mois de septembre passé, un professeur d’éducation physique a été arrêté par les éléments de la brigade de Gendarmerie de Mbour, après une plainte de l’un des parents des victimes. Il est accusé d’homosexualité et d’actes contre nature commis avec des enfants. L’affaire du formateur du centre Dakar- Sacré-Cœur est aussi un exemple. En février 2020, le formateur Olivier Sylvain est mis aux arrêts pour des faits similaires.
En cette période également, une affaire pareille avait été notée à Thiaroye où un jeune plombier a été surpris alors qu’il tentait de s’en prendre à un enfant. Le cas de Mouhamadou Habibou Gueye, détenu pour une affaire d’abus sur des mineurs en est aussi un autre exemple
L'ORIENTATION DE TOUS LES BACHELIERS DANS LE PUBLIC EST UNE DEMARCHE «INCONGRUE», SELON LE SUDES/ESR
Selon son chargé des revendications, Hady Ba, les universités publiques n’ont pas les capacités d’accueillir tous les bacheliers. Il pointe du doigt le déficit d’infrastructures et de personnel d’enseignement
L’orientation de tous les bacheliers, qui le souhaitent, dans les établissements d’enseignement supérieur publics ne sera pas si facile que ça ci l’on se fie au Sudes/Esr (Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du Sénégal/Section enseignement supérieur et recherche).
Selon son chargé des revendications, Hady Ba, les universités publiques n’ont pas les capacités d’accueillir tous les bacheliers. Il pointe du doigt le déficit d’infrastructures et de personnel d’enseignement.
Présidant avant-hier, lundi 19 octobre la cérémonie d’installation de la commission nationale chargée de la supervision et du suivi du processus d’orientation des bacheliers, le ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Cheikh Oumar Anne a annoncé que tous les bacheliers qui souhaitent étudier dans les universités publiques du pays, y seront orientés. Les établissements d’enseignement supérieur publics devront ainsi accueillir plus de 65 000 nouveaux bacheliers pour l’année universitaire 2020/2021. Cependant, l’orientation après le bac est une difficulté bien connue au Sénégal et cette année risque d’être particulière vu le nombre important de nouveaux bacheliers.
D’ailleurs, Cheikh Oumar Anne lui-même l’a rappelé, le « taux de réussite de 48,22% de cette année ne s’est pas produit depuis 1969 ». Pour le chargé des revendications du Sudes/Esr, Hady Ba, le ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation n’est tout simplement pas «sérieux». Pour cause, il souligne le déficit d’infrastructures et de personnel d’enseignement. «Depuis mars, le Sudes/Esr l’a rencontré, lui a dit qu’il fallait achever les infrastructures et recruter plus d’enseignants pour pouvoir assurer l’orientation de tous les bacheliers dans le public.
Le ministre se vante d’avoir recruté 200 enseignants, là où il faudrait entre 5000 et 7000 enseignants et là où le Sudes demande 500 enseignants par an pendant cinq ans. Aucune infrastructure n’est achevée. Des infrastructures qui auraient dû être achevées en 2009 ne sont toujours pas achevées à Ziguinchor. L’université Ahmadou Makhtar Mbow n’avance pas. Donc, absolument rien n’avance dans les infrastructures. Les recrutements sont ridicules et le ministre parle d’orienter tous les bacheliers. Ce qui nous fait penser que le ministre n’est pas quelqu’un de sérieux pour les problèmes de l’enseignement supérieur. Il ne s’en occupe pas. Ce sont des effets d’annonce», a martelé Hady Ba. Selon lui, les universités publiques n’ont donc pas les capacités d’accueillir tous les nouveaux bacheliers. Sur ce, il demande au ministre d’arrêter de «jouer», de «recruter» et de «construire» des infrastructures s’il s’engage à orienter tous les bacheliers dans les universités publiques.
A défaut, pense Hady Ba, les dysfonctionnements que connait déjà le secteur de l’enseignement supérieur, vont empirer. «Les étudiants seront en surnombre. On n’aura pas suffisamment d’enseignants pour faire les cours. C’est des problèmes purement physiques et on n’a même pas des endroits où mettre autant d’étudiants. On n’a pas suffisamment d’enseignants même quand on travaille du lundi au dimanche. Actuellement, à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, il y’a des enseignants qui travaillent du lundi au dimanche pour pouvoir assurer la reprise. Imaginez si on ajoute des étudiants ? Donc, ça veut dire que même si les gens travaillent du lundi au dimanche, ça ne va pas être suffisant», a tenu à préciser Hady Ba.
En effet, il faut aussi rappeler que Cheikh Oumar Anne en visite à Ziguinchor au mois de juin dernier avait pris l’engagement de ne pas orienter de nouveaux bacheliers à l’université Assane Seck de Ziguinchor pour l’année universitaire 2020/2021 dans les structures qui ne les souhaitent pas. Ce, à la demande du Saes (Syndicat autonome de l’enseignement supérieur). Que s’est-il alors passé entre temps ? Mystère et boule de gomme !