VERS UNE MAJORITÉ ABSOLUE POUR CONDÉ AU PREMIER TOUR
Selon l'addition des résultats des seules circonscriptions de l'intérieur, le président sortant l'emporte avec plus de 2,4 millions des voix sur environ 3,9 millions d'exprimés, distançant Cellou Dalein Diallo (environ 1,2 million de suffrages)
Les résultats préliminaires mais quasiment complets de la présidentielle guinéenne publiés par l'organe en charge des élections créditent le sortant Alpha Condé de la majorité absolue dès le premier tour, dans un contexte de vives tensions et de contestation de la régularité du scrutin.
La Commission électorale nationale indépendante (Céni) a publié jeudi soir les résultats de l'élection de dimanche dans 17 nouvelles circonscriptions sur le territoire national, en plus des circonscriptions l'étranger. Seules trois circonscriptions manquent encore (une en Guinée, deux à l'étranger). Les 37 circonscriptions de l'intérieur dont la Céni a communiqué les résultats depuis mardi représentent plus de cinq millions des 5,41 millions d'inscrits. La Céni n'a pas procédé à un cumul et n'a pas déclaré de vainqueur. Mais selon l'addition des résultats des seules circonscriptions de l'intérieur, M. Condé l'emporte avec plus de 2,4 millions des voix sur environ 3,9 millions d'exprimés, distançant son principal challenger, Cellou Dalein Diallo (environ 1,2 million de suffrages).
Douze candidats en tout étaient en lice. Les dix autres se partagent les miettes électorales.L'éventualité d'un troisième mandat consécutif de M. Condé, 82 ans, a provoqué pendant un an une contestation dans laquelle des dizaines de civils ont été tués, faisant craindre une éruption autour du vote, dans un pays coutumier des confrontations politiques sanglantes. Des violences ont en effet éclaté après le vote, faisant une dizaine de morts selon les autorités, au moins 19 selon M. Diallo.
M. Diallo, battu par M. Condé en 2010 et 2015, a proclamé sa victoire lundi en invoquant le travail mené par son parti pour faire remonter les données du terrain et ne pas s'en remettre aux organes officiels, la Céni et la Cour constitutionnelle, inféodées au pouvoir selon lui. M. Diallo a dénoncé une "fraude à grande échelle" en cours selon lui pour falsifier les résultats.Ceux-ci doivent encore être proclamés par la Céni et validés par la Cour constitutionnelle.
par Bara Diokhané
LE BILLET DE DJIBRIL
Plus d’une décennie après l’avènement du 21è siècle et me retrouvant à mon bureau à Dakar, mon attention est attirée par une boite contenant des documents, que j’ouvre. Que vois-je ? Le billet New York-Detroit-New York au nom de Djibril, qui avait disparu
Quelques mois à peine après mon installation en 1997 dans mon nouveau bureau à New York, j’avais reçu un message :
“J’ai le bonheur d’espérer te voir, à l’aller comme au retour”
C’est, en ce qui nous concerne, un assainissement du temps qui suit”.
Ce message cryptique émanait de Djibril Mambeti Diop, dont le film Hyénes devait être projeté à l’Université de l’Etat de Michigan.
“Je demanderai à l’agence de voyage de te remettre mon billet d’avion New York-Detroit-New York, que je viendrai récupérer chez toi une fois à New York.”
Je vivais encore à Dakar durant la production de “ Hyénes”, un événement que Djibril, dans son génie et sa générosité, avait élevé au niveau d’une oeuvre, non seulement de collaboration, comme tout film l’est en principe, mais aussi d’une dynamique communautaire, qui impliquait tous ses proches. Me concernant, il me remit un jour, en plein tournage, trois pages du scénario du film, où il était question du jugement final de Drahmane Dramé, victime expiatoire de la vengeance de Lingeer Ramatou, la richissime. Il m’invita à lire soigneusement le texte, et de lui donner mons avis d’avocat que je ne tardais pas à lui livrer :
“Je crois que Dramane Dramé a quand même le droit d’être défendu car la défense est un droit absolu”.
Satisfait de mon observation, il me fit une tape amicale, ou plutôt, une caresse sur la joue gauche : ‘Merci mon cher maître !. Hyénes c’est, aussi, ton film.”
Dans le casting du film figurait Billy Kongoma, connu à Dakar-Plateau et à Gorée comme le roi de l’Assiko, chef d’orchestre des supporters de l’équipe de football du Sandial. Billy était également le chef du Squatt de la rue Vincens, un endroit malfamé qui accueillait toutes sortes d’individus sans domicile ni statut.
Une complicité particulière existait entre Billy et Djibril, au point que, durant la production du film, Djibril dormait parfois au fameux Squatt, tout près de la Cour de son ami Joe Ouakam, question de s’acclimater, parmi les gueux qui apparaissent dans son film.
Un jour Billy me dit :’Tu sais, ton ami Djibril Diop Mambety, c’est moi qui l’ai formé.”
Ah bon ? Rétorquai-je avec des yeux incrédules.
“Tu lui demanderas dès que tu en auras l’occasion”.
Bien entendu, je ne manquais pas de rapporter à Djibril les paroles insensées, qui pour moi n’étaient qu’une blague. A ma grande surprise, Djibril donna raison à Billy !
“C’est vrai ce que Billy t’a dit, car c’est lui qui m’a fait monter sur une planche pour la première fois de ma vie. C’était á l’occasion d’une representation de ballets africains à Pikine…Mais je suis sûr qu’il ne t’a pas raconté toute l’histoire…Le salaud ne m’avait pas rémunéré, et j’ai du faire le trajet retour Pikine-Colobane à pied !
Dans le film, c’est Billy qui joue le rôle de chef des gueux. Mais sa proximité insoupçonnée avec le réalisateur lui octroyait une fonction importante, car il possédait cette “ascendance” doublée de pure affection qui lui permettait de “canaliser” les humeurs et moments de tension sur le plateau.
Mais Billy avait des rapports très heurtés avec la femme suisse, appelons la Lorraine P, qui était productrice executive du film, et qui donc contrôlait les finances trop étroitement au goût de Billy, dont les invectives envers la pauvre dame, dans une langue qui lui était étrangère, mais dont elle soupçonnait l’hostilité à son égard, commençaient à la “stresser.”
Pour lui remonter le moral, je l’invitais dans des endroits huppés de Dakar, loin des gueux de Billy. Et la production difficile de “Hyenes” fut heureusement menée à bon terme.
L’apparence frêle du longiligne Djibril m’avait frappé d’emblée à son arrivée à New York. Conscient de mon choc, il m’informait qu’il était atteint d’un cancer de la gorge. Nous nous rendons le soir au restaurant La Pravda, un endroit huppé de Soho. L’endroit est plein, mais il y a une table avec l’inscription “Reserved”, vers laquelle Djibril se dirige dans sa démarche majestueuse. Dès que nous prenons place, des employés arrivent, nous indiquent le signe, nous demandant poliment mais fermement de libérer la table réservée.. Suivant la scène de loin, le manager de l’endroit s’approche, et intervient en demandant aux employés de nous laisser tranquillement occuper la table.
Le lendemain de cette soirée mémorable, Djibril devait prendre un vol pour aller à l’Université de Michigan. Je vais le chercher à l’appartement de Soho qu’un ami cinéaste avait gracieusement mis à sa disposition. Nous prenons un petit déjeûner, et allons à mon bureau afin que je lui remette son billet d’avion New York- Detroit-New York. Coup de théâtre! Le billet a disparu ! Introuvable ! Je mets tout sens dessus sens dessous sans succès. Je me résous à remettre $150 à Djibril, montant de l’amende dont il devra s’acquitter à l’aéroport.
Nous nous revoyons à son retour à New York, et la première chose qu’il fait est de me remettre $150…”Ils ne m’ont pas fait payer l’amende à l’aéroport.”
“Alors retournons à la Pravda pour un bon diner !”, lui dis-je. Nous parlons de sa complicité avec les peintres Ibou Diouf et Mor Faye. Djibril avait beaucoup apprécié la retrospective que j’avais organisée sur l’oeuvre de Mor Faye, qu’il avait bien connu, contrairement à moi. Il me promet de m’envoyer dès son retour une belle photo où il est avec Mor Faye, Ibou Diouf, et Alvin Ailey, prise à l’occasion d’une réception en l’honneur du chorégraphe américain à l’ambassade des USA.. Mais précise t-il, il faudra faire une copie de la photo, et me la retourner, car cette photo appartient à ma mère.
Arrivé le moment du retour de Djibril sur Dakar, je pressentais qu’on ne se reverrait plus. Lui aussi d’ailleurs, qui me remit des enveloppes qui contenaient plein de documents. “Garde ça avec toi.”
Je n’ouvris ces enveloppes que bien plus tard, après que j’eus appris son décès. Elles contenaient les documents contractuels de toute sa filmographie, jusqu’au dernier film, “La Petite Vendeuse de Soleil” qu’il n’avait pas eu le temps de monter. Je découvrais un Djibril organisé et conscient des enjeux économiques du cinema, car il avait mis sur pied sa propre société de production dénommée Maag Dann.
A New York, je reçois l’information que le festival du Film de Berlin de l’année 1999 qui annonce en grandes pompes la première mondiale du film posthume, La Petite Vendeuse de Soleil. Quelque chose me dérange dans l’annonce : aucune mention n’est faite dans le générique du film de Maag Dann. A la place, un autre nom…
Je plonge dans les documents contractuels que Djibril m’avait légués et me rends compte que sa société Maag Daan était bel et bien productrice du film.
De New York, j’appelle le directeur du festival de Berlin pour lui signaler l’anomalie qui lèse les droits de Djibril, mais il m’envoie sur les roses…
Le lendemain, je reserve une place et me rends à Paris où je rencontre Wasis et Teemour, frère et fils de Djibril, et leur notifie ma volonté de me rendre à Berlin, accompagné de Teemour, qui n’était même pas invité. J’ai averti mon collègue et ami Hans Georg Tillmann, un avocat allemand, de mon arrivée à Berlin, et du motif de ma visite.
A la sortie de l’aéroport de Berlin, il y a une file de belles voitures Mercedes avec chauffeurs qui sont à la disposition des festivaliers. Suivi de Teemour, nous nous installons dans l’une d’elles, et demandons au chauffeur qui s’exécute, de nous déposer à la direction du festival, afin de signifier notre opposition à toute projection du film avec un générique biaisé. Au courant de notre présence dans ses lieux, en compagnie d’un avocat allemand, le directeur du festival reconnait la légitimité de notre démarche, et propose un arrangement amiable, et décide de nous octroyer des badges d’invités, et de donner la parole à Teemour lors de la projection du film. Le communiqué que je rédige pour préserver les droits de Djibril et de Maag Dann est distribué à tous les spectateurs par une hôtesse du festival à l’entrée de la salle de projection.
Teemour fils et héritier légitime de Djibril sera désormais aux commandes.
Bien sur, je rends compte á Joe Ouakam, qui m’adresse une lettre, de sa belle plume :
‘Mon ami Djibril avait poussé sa manie de tout vouloir rêver jusqu’au bout de son étant-soi. Comme tu le sais, je souffre encore de son absence, parce que je le connaissais plus que tous les autres, pour l’avoir accompagné dans le refus, et à l’abri des regards, jusqu’au palais de la République. Je me sens rassuré parce que je sais, en lisant ta correspondance, que tu prends sérieusement la mission qu’il t’avait confiée, à quelques heures de son départ. C’est bien. Tu as su, en bon cadet, décrypter le message. Alors, Johan, n’oublie pas que le Samba Lingeer qu’il fut a fait la part des choses depuis fort longtemps. Lucide, il a refusé l’endormissement des hommes par les moyens stupides de l’art politique. Ne s’est-il pas situé au-delà des intrigues somnambulesques d’artistes au cours de cérémonies officielles d’ouverture et de cloture ? Tu le sais, il était pour le film qui continue de tourner. Alors plus tu feras d’efforts pour démêler les trois axes du problème, mieux ça ira pour la succession et la mémoire.”
Retour triomphal de Berlin à New York, où les organisateurs du New York African Festival rendent hommage à Djibril à l’Université de New York, et me font l’honneur de m’inviter. Convié á prendre la parole, j’appelle Bineta Ndiaye, la mère de Djibril, pour demander quel est le message qu’elle souhaiterait que je transmette à la cérémonie d’hommage. Ses mots furent :
“Seul Dieu connaissait Djibril. Mais j’ai bon espoir pour son au-delà, car beaucoup de mendiants et de personnes handicapées l’ont accompagné vers sa dernière demeure. Il était généreux avec sa famille et avec les petites gens.” J’avais là le canevas pour mon discours, axé sur l’humanitarisme de Djibril.
Nous étions encore au vingtième siècle.
Sur la note qui accompagnait la belle photo qu’il m’avait promise et envoyée de Dakar, Djibril avait écrit
“Maman, qui aime cette photo de ses enfants en pousse, te bénit”
Bien entendu, je renvoyais la photo originale à sa mère, après en avoir fait une copie.
Plus d’une décennie s’est écoulée depuis l’avènement du vingt et unième siècle et me retrouvant à mon bureau à Dakar, mon attention est attirée par une boite en carton contenant des documents.
J’ouvre la boîte, ouvre une chemise et que vois-je? Le billet New York-Detroit-New York au nom de Djibril, qui avait disparu à New York ! J’en fis un collage, intitulé Voyage de l’Eléphant Ailé” en hommage, que Joe Ouakam intégra dans son exposition “Le Congès de Minuit organisée dans sa Cour mythique durant la Biennale des Arts.
VIVES TENSIONS EN GUINÉE EN ATTENDANT LES RÉSULTATS OFFICIELS
Les jeunes dressent des barricades, renversent des poubelles, allument des feux et harcèlent à coups de pierres policiers et gendarmes qui ripostent à l'aide de moyens anti-émeute, voire de frondes, et très souvent à balles réelles
La banlieue de Conakry a de nouveau été le théâtre jeudi de tirs et de heurts entre partisans du candidat Cellou Dalein Diallo et forces guinéennes, quatre jours après une présidentielle dont les résultats officiels se font attendre, ont rapporté des journalistes de l'AFP et des témoins.
Différentes villes de Guinée, à commencer par la capitale, sont en proie depuis lundi à des violences qui ont fait une dizaine de morts selon les autorités, au moins 19 selon M. Diallo.
Les tensions qui ont précédé le scrutin pendant des mois ont été avivées après le vote par la proclamation unilatérale de victoire par M. Diallo, les soupçons de fraude et la publication par les autorités de résultats partiels très favorables au président sortant, Alpha Condé.
L'éventualité d'un troisième mandat consécutif de M. Condé, 82 ans, a provoqué pendant un an une contestation dans laquelle des dizaines de civils ont été tués, faisant craindre une éruption autour du vote, dans un pays coutumier des confrontations politiques sanglantes.
Les affrontements se sont poursuivis jeudi à Conakry, dans les quartiers de Cosa, Nongo, Sonfonia ou encore Wanindara, mais aussi en province.
"Nous n’avons pas fermé l'œil de la nuit à cause des détonations, des tirs nourris.On a l'impression que nous sommes dans un pays de guerre", a dit à l'AFP un habitant de Sonfonia, Mamadou Moussa Bah.
"Les enfants en bas âge sont traumatisés pendant que leurs aînés sont dans la rue, affrontant violemment les forces de l’ordre", a-t-il dit.
- Sous scellés -
Des journalistes de l'AFP qui se sont approchés de ces zones dangereuses ont décrit des rues habituellement très animées et à présent désertées, des détonations au loin confirmant les affrontements en cours.
Les jeunes dressent des barricades, renversent des poubelles, allument des feux et harcèlent à coups de pierres policiers et gendarmes qui ripostent à l'aide de moyens anti-émeute, voire de frondes, et très souvent à balles réelles selon de nombreux témoignages.
Le camp de M. Diallo accuse celui de M. Condé de se livrer à une "fraude à grande échelle" pour conserver le pouvoir à tout prix.
M. Diallo, battu par M. Condé en 2010 et 2015, a proclamé sa victoire lundi en invoquant le travail mené par son parti pour faire remonter les données du terrain et ne pas s'en remettre aux organes officiels, inféodés selon lui.
L'animosité et la méfiance ont été accrues par le dispositif policier déployé depuis mardi autour de chez M. Diallo qui se dit maintenant "séquestré", par une opération de police menée mercredi contre les bureaux de son parti et des résultats partiels publiés par la commission électorale.
Le ministre de la Sécurité Albert Damantang Camara a confirmé que les locaux du parti avaient été placés "sous scellés" en vertu d'une procédure judiciaire ouverte parce que "des messages contraires à l'ordre public et à l'unité nationale ont été diffusés".
Quant au dispositif mis en place autour de chez M. Diallo, il a invoqué des "raisons de sécurité", sans plus de détails.
- Exode -
La commission électorale, quant à elle, a rendu publics depuis mardi soir les résultats dans 20 des 38 circonscriptions que compte le pays, représentant 2,28 millions d'électeurs potentiels sur un total de 5,41 millions d'inscrits.
Ces résultats ne permettent pas de se prononcer sur l'issue du vote.Mais, avec plus de 59% des scrutins exprimés, ils accordent une très large avance à M. Condé sur M. Diallo, qui ne recueille qu'un peu plus de 31%, selon un calcul provisoire de l'AFP.
M. Diallo revendique 53% des voix.Il a dénoncé dans un communiqué des "falsifications massives", des disparitions "inexplicables de procès-verbaux", ou encore des manipulations de taux de participation.
Le doute subsiste quant au moment où la commission publiera un résultat final.
En province, les villes de Pita, Labé et Mali ont également connu des heurts.
"Beaucoup de nos parents sont allés dans les villages, ils ont préféré aller se réfugier là-bas", a dit à l'AFP Marwana Soumanoh, chaudronnier à Pita (centre), accusant les forces de l'ordre d'exactions.
Le maire de Mali (nord), Abdoulaye Fily Diallo, a pour sa part dénoncé les agissements des soldats du bataillon d'infanterie local, "qui rentrent en ville et tirent n'importe comment, effraient tout le monde" et ont fait plusieurs blessés selon lui.
KAAW CHEIKH
Le réalisateur sénégalais, Moe Sow, retrace le parcours de l’écrivain et homme d’Etat Cheikh Hamidou Kane, 92 ans, à travers un film documentaire
Dakar, 22 oct (APS) - Le réalisateur sénégalais, Moe Sow, retrace le parcours de l’écrivain et homme d’Etat Cheikh Hamidou Kane, 92 ans, à travers un film documentaire consacré aux convictions de l’auteur de "L’Aventure ambiguë", son regard sur le monde actuel et sur le devenir du Sénégal et de l’Afrique.
D’une durée de 52 minutes, ce film intitulé "Kaaw Cheikh’’ (oncle Cheikh) a été projeté à Dakar, à l’Institut supérieur des arts et de la culture (ISAC).
Il propose des va-et-vient sur la vie de ce descendant de Alpha Ciré Kane de Matam, "un homme qui a marqué son temps et la vie sociale, politique et économique de son pays, le Sénégal, et de son continent, l’Afrique", dit de lui le journaliste Mamadou Ibra Kane, un des producteurs exécutifs du film.
Le cinéaste s’attarde, dès l’entame du film, sur une époque matérialisée par un vieux poste radio et une télévision d’époque diffusant tour à tour un entretien accordé par l’écrivain au journaliste, dans lequel le premier revient sur la genèse et le contenu de ses deux livres ayant marqué son parcours littéraire à savoir "L’Aventure ambiguë", un classique publié en 1961 et traduit en plusieurs langues, et "Les gardiens du temple" (1995).
Le documentaire "Kaaw Cheikh" est un film biographique qui incite, dans le même temps, à la découverte du terroir de Cheikh Hamidou Kane, la région de Matam et la zone du fleuve Sénégal, symbole de l’enracinement de tous les "Foutankés".
Cette incursion dans cet univers culturel déterminé justifie le rappel constant de la filiation de Cheikh Hamidou Kane par son griot de naissance, le musicien et chanteur Samba Ciré Guissé, dont le récit est ponctué de la voix permanente du chanteur pulaar Baaba Maal, un choix qui contribue à faire de la musique un personnage central dans le film.
Le film se veut aussi une fenêtre sur des évènements marquants de la vie politique du Sénégal postindépendance, notamment la crise de 1962 dont Cheikh Hamidou Kane fut un témoin important.
Il donne sa version des faits sur cette crise politique, comme l’ont fait d’autres avant lui, dans par exemple "Président Dia" (2012) du réalisateur Ousmane William Mbaye, un document historique qui a contribué à une meilleure compréhension des enjeux de l’époque et même d’aujourd’hui, à travers la confrontation entre le premier président du Sénégal indépendant, Léopold Sédar Senghor, et le président du Conseil Mamadou Dia.
Ce dernier, accusé d’avoir voulu perpétré un coup d’Etat, fut arrêté, jugé et mis en prison avant d’être élargi quelques années plus tard.
Cheikh Hamidou Kane ayant pris parti pour ce dernier, démissionne de la Fonction publique depuis Monrovia où il était affecté à l’ambassade du Sénégal au Libéria.
Le film est aussi agrémenté de témoignages recueillis lors de la célébration des 90 ans de l’auteur et du colloque organisé en son honneur en 2018 sur le thème "Cheikh Hamidou Kane. Questions d’avenir".
L’intérêt du film tient aussi au fait que des personnalités de renom y sont revenues sur leurs liens avec l’écrivain, comme l’historien guinéen Djibril Tamsir Niane, compagnon de longue date de Cheikh Hamidou Kane.
Il compte aussi sur la valeur des témoignages de proches de l’écrivain - le ministre Abdoulaye Elimane Kane, philosophe et écrivain lui aussi, ses enfants -, et surtout de ses lecteurs situés dans des pays d’outre-Atlantique et qui s’identifient à Samba Diallo, personnage principal de son célèbre roman ’’L’Aventure ambigüe’’.
Le documentaire "Kaaw Cheikh", qui s’appuie sur une démarche pédagogique, tente de lever un coin du voile sur les convictions politiques de Cheikh Hamidou Kane, qui a toujours cherché à savoir "comment lier le bois au bois ?". Il essaie également de traduire son regard sur le monde d’aujourd’hui et le devenir du Sénégal et de l’Afrique.
Moe Sow a déjà produit un film sur le mythique groupe de musique sénégalais "Xalam" et compte sortir un autre sur le batteur Doudou Ndiaye Coumba Rose, autant de projets comptant pour son entreprise d’archivage de la mémoire culturelle du Sénégal.
"Je favorise en tant que cinéaste d’archiver notre histoire. Les autres viennent nous les prendre, nous sommes assis dessus et restons là à faire des séries et autres. Il faut que l’on documente notre propre histoire, il faut que les jeunes puissent voir ces histoires, puisqu’ils ne lisent pas beaucoup", indique le cinéaste.
par Tierno Monénembo
LA TECHNIQUE DU PREMIER COUP K.O
Opposer les ethnies et falsifier les fondements juridiques ne suffit pas pour s'accaparer la miraculeuse friandise. Il faut aussi juguler la Commission électorale, la Cour constitutionnelle et toutes les autres machines à tricher
La vie politique s'appauvrit en Afrique. Le personnel vieillit. Le débat se tribalise. Les Constitutions partent en lambeaux. Autant de portes ouvertes pour le djihadisme qui avance.
Mais pour notre plus grand bonheur, le vocabulaire politique s'enrichit. À Abidjan et à Conakry, où les mots fleurissent dans les rues, les bordels, les académies de bière et non sous la Coupole, on dit « dès que dès que » ou « kaba-kaba » en lieu et place du mot investiture. Les personnalités de ce monde ne se convient pas pour tenir un tête-à-tête mais pour « se têter ». S'éterniser au pouvoir s'appelle faire du « koudaïsme » et ce satané troisième mandat qui fait tant jaser, « la pénible rallonge du té mouna yé mouna (« pas d'eau, pas d'électricité » en langue soussou) ». Cette fête des mots version tropicale bat son plein jusque sous les lambris des palais
« Coup K.-O. » pour la démocratie
Alpha Condé, Alassane Ouattara et les autres ne disent plus « victoire au 1er tour » mais « premier coup K.-O. ». Par les matraques ou par les urnes, chez nous, la course électorale reste avant tout un combat de gladiateurs où tous les coups sont permis. Nos démocrates à nous se gaussent des principes et des règles. Ils sont là pour gagner et ils gagneront coûte que coûte. Le public et l'arbitre n'ont qu'à se le tenir pour dit.
Ces petits malins savent que les mots ne sont jamais que des mots ; que la démocratie n'a rien de sacré. Ses textes ne sont que des chiffons de papier que l'on brûle ou rature selon son gré. Rien pour les retenir ! Ces ronds-de-cuir de la Communauté Internationale bougonneront pour la forme et les émeutiers des bas-quartiers retourneront dans leurs bouges aux premiers cliquetis de mitraillettes.
MACKY FAIT LA LEÇON AUX MUNICIPALITÉS SUR LA GESTION DU FONCIER
Le président a déconseillé aux maires ce jeudi, d’octroyer des terres sans justification valable. ’On ne peut pas (…) laisser durer cette situation’’, a insisté le chef de l'Etat en parlant du bradage du patrimoine foncier des collectivités territoriales
Le président de la République a déclaré jeudi considérer la terre comme ‘’le plus gros risque de conflit’’ au Sénégal, en raison des nombreux litiges fonciers qui lui parviennent.
‘’Nous devons [nous atteler] à la gestion de la question sensible du foncier. C’est le sujet qui fâche. C’est un sujet que nous devons aborder, et sérieusement. Je peux vous dire, en tant que président de la République, que la question foncière reste le plus gros risque de conflit dans ce pays’’, a déclaré Macky Sall.
En dirigeant les travaux de la Journée nationale de la décentralisation (JND), à Diamniadio (ouest), le chef de l’Etat a dit recevoir ‘’au quotidien 20 à 50 dossiers brûlants’’ portant sur des litiges fonciers.
Il faut, en raison de la complexité de la gestion des terres, concilier ‘’tradition et modernité’’, mais aussi ‘’les besoins locaux et les intérêts nationaux’’, a-t-il ajouté, affirmant que le décret pris en septembre dernier, concernant l’affectation et la désaffectation des terres du domaine national, va dans ce sens.
Macky Sall a déconseillé aux maires, dont beaucoup prennent part aux travaux de la JND, d’octroyer des terres sans justification valable.
‘’On vous les a confiées parce que vous êtes des maires’’, leur a-t-il dit, les invitant à ne pas ‘’prendre les terres de [leur] commune’’, pour ‘’les distribuer au premier venu’’.
‘’On ne peut pas (…) laisser durer cette situation’’, a insisté le président de la République en parlant du bradage du patrimoine foncier des collectivités territoriales.
Il a exhorté ces dernières à ‘’défendre les intérêts de la communauté nationale’’ et à éviter la ‘’privatisation’’ du patrimoine foncier national.
‘’Beaucoup de projets risquent d’être plombés par (…) l’occupation des sols sur des bases qui ne reposent sur rien du tout’’, a averti Macky Sall.
‘’Il est vraiment temps de mettre fin aux abus dans l’attribution des terres du domaine national, tout en facilitant la satisfaction des besoins pour l’agriculture, l’agroindustrie. Je suis déterminé à mettre fin à cette spéculation foncière…’’ a-t-il insisté.
par Cheikh Tidiane Dièye
SALES TEMPS POUR LA CEDEAO
Nous sommes dans la CEDEAO du club des chefs d’État. Guinée, Mali, Côte d’Ivoire, Nigeria, etc. ça suinte de partout et si nous n’y prenons garde, tout risque de s’écrouler, plus tôt qu’on ne le croit
L’Afrique de l’Ouest, notre grande et belle région, est sens dessus-dessous. On n’a pas fini d’épiloguer sur les graves crises politiques et sociales qui minent plusieurs pays de la région et causent des dizaines de morts, qu’un autre problème, économique cette fois-ci, vient s’ajouter à nos défis.
La Côte d’Ivoire vient en effet de signer un accord de partenariat économique (APE) avec la Grande Bretagne. Cet accord négocié à la hâte, sans en informer les structures compétentes de la CEDEAO, est calqué sur le modèle de l’APE intérimaire qu’elle a signé avec l’Union européenne. Nul ne peut comprendre cet empressement à signer cet accord alors que la Grande Bretagne elle-même n’a pas encore trouvé un accord avec l’UE pour organiser les conditions de leurs échanges commerciaux.
De surcroît, avec l’Union douanière déjà fonctionnelle dans la CEDEAO, aucun pays ne devrait plus se donner le droit de s’engager unilatéralement dans un accord commercial sans que ce dernier ne soit porté par la CEDEAO.
Enfin, alors que les effets de l’APEi de la Côte d’Ivoire avec l’UE sur le commerce intra-régional n’ont pas encore fini d’être documentés et que les implications de la mise en œuvre de la Zone de libre échange continentale (ZLECAf) n’ont pas révélé tous leurs secrets, voilà qu’un pays aussi important que la Côte d’Ivoire se lance dans une fuite en avant que rien ne saurait justifier.
Pour de nombreux dirigeants africains, hélas, l’intégration n’est qu’un slogan répété à longueur de sommets et de conférences pour être dans l’ère du temps. Ils n’y croient pas. L’intérêt national, pour ne pas dire l’intérêt personnel, prime sur tout le reste.
La CÉDÉAO est en train d’être détruite lentement, mais sûrement, par ses dirigeants. Et aucun mécanisme ne permet aux peuples de donner leurs avis. Le rêve de la CEDEAO des Peuples à la place de la CEDEAO des États s’est mué en cauchemar. Nous sommes dans la CEDEAO du club des chefs d’État. Guinée, Mali, Côte d’Ivoire, Nigeria, etc. ça suinte de partout et si nous n’y prenons garde, tout risque de s’écrouler, plus tôt qu’on ne le croit.
Je n’ai jamais cru aux théories du complot que des forces extérieures fomenteraient contre l’Afrique, lequel expliquerait tous nos problèmes. Je crois en revanche qu’il existe de véritables stratégies mise en œuvre par des États, des groupes d’intérêts politiques et financiers étrangers, ayant de solides relais et complices locaux qui leur ouvrent nos portes. Et nos dirigeants, s’ils ne sont pas les complices de ces intérêts, ne font rien contre eux par manque de vision, d’intelligence stratégique et souvent de courage.
Voilà pourquoi nous sommes tous en danger.
THIONE SECK CONDAMNÉ À PAYER 19,5 MILLIONS FCFA
Alioune Badara Sène avait saisi le tribunal de commerce de Dakar pour réclamer au lead vocal du Raam Daan, des arriérés de loyers et des indemnités d’occupation
19,5 millions de francs CFA, c’est le montant que le chanteur Thione Seck doit payer à Alioune Badara Sène propriétaire du « Penc Mi ». Qui avait saisi le tribunal de commerce de Dakar pour réclamer au lead vocal du Raam Daan, des arriérés de loyers et des indemnités d’occupation. Ainsi, le juge a encore tranché en défaveur de l’artiste.
Mais, cette affaire est loin de connaître son épilogue. Pour cause, expulsé de « Penc Mi » au mois de mars dernier, par le tribunal des référés, Thione Seck avait saisi la justice pour demander le montant qu’il avait éjecté pour réfectionner la boîte de nuit. Il estimait ses dépenses à 200 millions de francs CFA. Cette affaire est pendante devant la justice.
LE PLAN DECENNAL CONTRE LES INONDATIONS VA SE POURSUIVRE
Macky Sall, a réaffirmé, jeudi, à Diamniadio, l’ambition de l’Etat de poursuivre le programme décennal de lutte contre les inondations, notamment à Keur Massar, en vue notamment de préserver des eaux de pluies cette zone de la grande banlieue dakaroise.
Dakar, 22 oct (APS) - Le président de la République, Macky Sall, a réaffirmé, jeudi, à Diamniadio, l’ambition de l’Etat de poursuivre le programme décennal de lutte contre les inondations, notamment à Keur Massar, en vue notamment de préserver des eaux de pluies cette zone de la grande banlieue dakaroise.
"Nous allons poursuivre le programme décennal de lutte contre les inondations. Nous venons d’en faire l’évaluation, nous en sommes à 506 milliards de francs CFA depuis 2012. Il nous faut aller au-delà des 760 milliards de francs CFA qui ont été programmés", a-t-il dit en présidant la Journée nationale de la décentralisation (JND).
Le programme décennal de lutte contre les inondations va démarrer à Keur Massar, dans la grande banlieue dakaroise, a indiqué Macky Sall, précisant que les appels d’offres ont été déjà finalisés.
Dans ce cadre, le Projet de gestion des eaux pluviales et d’adaptation au changement climatique (PROGEP), de concert avec les ministères des Collectivités locales, de l’Assainissement et de l’Eau, ainsi que l’Office national de l’assainissement (ONAS), "va s’atteler pour qu’au moins d’ici l’hivernage prochain, quelle que soit la quantité d’eau dans la zone, Keur Massar soit sauvée des eaux", a fait savoir le président Sall.
Il a demandé la poursuite de ce programme dans d’autres localités du Sénégal, pour notamment libérer les voies et exutoires des eaux pluviales.
"Nous avons beaucoup fait sur les inondations, 506 milliards de francs CFA. Il en faut beaucoup si nous voulons régler le problème", a insisté le président Sall.
Il a demandé la fin de l’occupation de certaines zones d’eau et lacs, dans lesquels des populations s’installent après remblaiement des sites en question, donnant l’exemple du Technopole.
"Ce combat est celui des collectivités locales avant d’être celui de l’Etat", a-t-il dit, avant d’interpeller les maires sur la question des autorisations de construire, qu’il qualifie de ’’permis de complaisance".
"On a beau travailler, on a beau faire, si on continue de laisser les gens faire ce genre de pratiques, notre bilan, à la fin, ne sera pas reluisant", a souligné Macky Sall.