SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
28 août 2025
DES ORGANISATIONS SYNDICALES S'INSURGENT CONTRE LA HAUSSE DES PRIX
Lors d’une conférence de presse, la CSA, l’UNCS et le RUSP ont lancé un appel à l'État pour stabiliser les prix des produits de première nécessité à l’approche du Ramadan et du Carême.
iGFM- (Dakar) Dans le cadre de leurs programmes d’activités, les organisations que sont : la Confédération des Syndicats Autonomes du Sénégal (CSA), l’Union Nationale des Consommateurs du Sénégal (UNCS) et le Réseau des Usagers du Service Public (RUSP), ont fait face à la presse ce mardi sur le thème : « Propositions de mesures urgentes contre la hausse des prix à la veille du ramadan et du Carême et la campagne de lutte contre l’insécurité dans ERP ».
Selon ces différentes organisations que sont l’UNCS, le RUSP et la CSA une période sensible du mois de ramadan et de carême à venir et qui se caractérise par une augmentation de la consommation des ménages. C’est le moment, malheureusement que choisissent les commerçants véreux pour procéder à une augmentation des prix en provocant des pénuries par la rétention des produits les plus prisés. C’est pourquoi, le RUSP, la CSA et l’UNCS ont cru bon de prendre les devants et de tirer sur la sonnette d’alarme en appelant l’État à se pencher véritablement sur une ce phénomène récurrent.
L’État doit stabiliser les prix durant cette période d’une manière permanente avec un contrôle régulier et des mesures efficaces et immédiates. Pour le RUSP, la CSA et l’UNCS, un certain nombre de denrées de premier nécessité comme le riz, le sucre, la tomate, l’huile, le gaz, l’oignon et la pomme de terre entre autres produits doivent faire l’objet d’une attention particulière sur toute l’étendue du territoire national.
Dans cette perspective, le RUSP, la CSA et l’UNCS demandent la convocation d’urgence du Conseil National de la Consommation pour arrêter de commun accord la structure des prix et discuter avec les acteurs afin d’établir des tarifs qui seront appliqués sur l’ensemble des 14 régions et 46 départements du Sénégal avec des mesures d’accompagnements suivantes : la mise à la disposition des 100 véhicules réceptionnés par le président Macky Sall en octobre 2023 et affectés au ministère du commerce ; la relance du concept salutaire et efficace « des volontaires de la consommation », associer les associations de consommateurs agrées, avec une représentativité au moins dans la majorité des 14 régions et des 46 départements pour rendre réellement efficace le travail d’accompagnement sur le terrain du service public.
L’utilisation du réseau postal pour la distribution des produits de première nécessité destinés aux détaillants ou boutiques de références, tout cela dans un délai raisonnable et avant le démarrage du ramadan et du carême, avec un affichage obligatoire des prix retenus. Une application stricte des mesures prises à cet effet.
Sans douter un seul instant, de la volonté des autorités gouvernementales, notamment de celle du ministre de l’Industrie et du commerce de répondre favorablement à nos interpellations.
Autre point abordé par ces organisations syndicales, ’insécurité actuelle qui prévaut dans de nombreux établissements recevant du public. Et qui faute de contrôle permanent et régulier échappe à la vigilance des pouvoirs publics.
Les restaurants, les hôtels, les bars, les fast-foods, les musées, théâtres, les gares qu’elles soient maritimes ou ferroviaires, les établissements de santé publique ou privée, les établissements scolaires privés ou publics, les marchés les magasins sont aussi autant de lieux qui se développent sans assurance pour protéger les usagers et leurs biens en cas d’incidents ou d’accidents. Environ 70% des établissements recevant du public ne sont pas assurés contre les risques pouvant toucher des tiers.
Une autre enquête organisée par l’Observatoire de la Qualité des Services Financiers a révélé que les sujets qui devaient être obligatoirement assujettis à une assurance ne le sont pas dans leur grande majorité. Et c’est pour cela, en partenariat avec le régulateur des services financiers, les acteurs que sont les assureurs, les courtiers et le ministère des finances sous le couvert de la direction des assurances, à l’issue de la présentation des résultats de l’enquête nationale auprès des populations non assurés (ENPNA-2023) qui a eu lieu lors de l’atelier des 06, 07 et 08 juin 2024, le RSUP, la CSA et l’UNCS ont décidé de lancer une campagne nationale pour assurer tous lieux accueillant du public.
Ce projet est en voie de finalisation pour être soumis à l’Observatoire de la Qualité des Services Financiers et des acteurs et ils pensent qu’il sera mis en œuvre pour réduire sensiblement les risques dans ces différents établissements recevant du public.
MIGRATION CIRCULAIRE, UN LEVIER POUR DES DÉPARTS SÉCURISÉS ET ENCADRÉS
Invité de l’émission L’ANTINOOR sur la RTS, Moussa Seydou Diallo, chef de la division migration au ministère du Travail, a souligné l’importance d’encadrer les départs pour éviter les drames liés aux migrations irrégulières.
Moussa Seydou Diallo, chef de la division migration au ministère du Travail, de l’Emploi et des Relations avec les Institutions, était l’invité de l’émission L’ANTINOOR sur la RTS. Il a abordé la question de l’émigration circulaire entre le Sénégal et l’Espagne, un mécanisme qui vise à offrir aux jeunes des opportunités de migration sécurisées et organisées.
Selon M. Diallo, la migration n’est pas un problème en soi, mais un droit consacré. « Ce que le gouvernement peut faire, c’est d’améliorer les conditions socio-économiques pour permettre à ceux qui souhaitent rester de le faire, tout en facilitant des voyages sûrs, ordonnés et réguliers », a-t-il expliqué. Il estime que la migration circulaire constitue une alternative viable pour dissuader les jeunes de prendre des routes clandestines et dangereuses.
Moussa Seydou Diallo a partagé des statistiques révélant l’ampleur du phénomène migratoire irrégulier. Entre janvier et octobre 2024, 64 embarcations ont quitté les côtes sénégalaises en direction des Îles Canaries. Au total, 34 162 personnes ont atteint ces îles, selon le ministère de l’Intérieur. Entre janvier et début novembre 2024, 35 762 migrants en provenance de l’Afrique de l’Ouest sont arrivés aux Îles Canaries, soit une augmentation de 12 % par rapport à la même période en 2023.
Le Data Hub Center de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) a dénombré 957 disparus sur la route de l’Atlantique au cours de cette période. De plus, 30 999 Sénégalais sont entrés en Europe en situation irrégulière entre 2017 et 2023.
M. Diallo a précisé que l’objectif du gouvernement n’est pas d’empêcher les jeunes de partir, mais plutôt d’encadrer et d’encourager des migrations légales et sécurisées. « Il est nécessaire d’adopter une politique nationale de migration », a-t-il déclaré.
Il a également souligné le besoin urgent d’une politique nationale de l’emploi. Un programme avait été conçu pour la période 2017-2020, mais il n’a jamais été validé politiquement. « Aujourd’hui, nous travaillons pour que le Sénégal dispose enfin d’un document de politique nationale de l’emploi », a-t-il conclu.
Cette démarche vise à proposer des solutions durables à la crise migratoire tout en répondant aux aspirations des jeunes Sénégalais à une meilleure insertion économique et sociale.
EMPLOI DES JEUNES, UN CHERCHEUR APPELLE À BÂTIR UNE START-UP NATION
François Joseph Cabral a souligné l’urgence de créer un environnement propice à l’emploi des jeunes qualifiés et à l’innovation. Une transformation qui passe, selon lui, par une refonte du système éducatif.
Le directeur du Laboratoire de Recherche sur les Sciences de la Croissance et coordonnateur scientifique du Consortium pour la recherche économique et sociale (CRES), François Joseph Cabral, a invité, mardi, les autorités à changer de paradigme, en créant les conditions d’émergence d’une ‘’start-up nation’’ permettant ainsi aux jeunes d’avoir un travail qualifié.
‘’Il s’agit pour l’État de créer un environnement pour qu’il y ait assez de jeunes qualifiés afin d’inverser la tendance’’, a-t-il déclaré lors de la présentation de son livre intitulé: ‘’Sénégal, quand la trajectoire de croissance de l’économie +disqualifie+ les qualifiés’’.
L’expression ‘’start-up nation’’ ou ‘’nation start-up’’ en français est un concept vantant la volonté d’un gouvernement de créer les conditions d’un pays prospère, faisant émerger de nombreuses entreprises innovantes, des entrepreneurs, notamment dans le domaine du numérique.
Sur 180 pages présentées en 7 chapitres, l’auteur de ‘’Sénégal, quand la trajectoire de croissance de l’économie +disqualifie+ les qualifiés’’ met l’accent sur les ‘’individus qui ne sont jamais allés à l’école, ou s’ils y sont allés, l’ont abandonnée très tôt’’.
‘’La seconde étape, c’est de mettre en place les ingrédients pour aller vers ce que j’appelle un pays start-up, une nation start-up, qui fasse que les jeunes qui sortent de l’École supérieure polytechnique à Dakar, de l’Institut supérieur de management, ou ailleurs, tirent leurs semblables’’, a indiqué le professeur François Joseph Cabral.
Selon lui, la recherche de travail, étant dominée par des non qualifiés, ‘’rencontre une offre qui est également dominée par des gens n’ayant jamais fait l’école ou l’ayant abandonnée très tôt ».
Face à cette situation, ‘’deux horizons temporels’’ sont à prendre en compte, selon le chercheur qui se demande ce que les pouvoirs publics et le privé peuvent-ils faire à court terme pour arriver à cette ‘’start-up nation’’ qu’il appelle de ses vœux.
‘’Nous avons un bassin de jeunes technophiles très bons. Nous avons également une diaspora qui est dominée par des gens très qualifiés, qui opèrent dans les multinationales de la technologie’’, a-t-il fait observer.
Relevant, par ailleurs, un ‘’dysfonctionnement’’ né d’une ‘’trajectoire de croissance disqualifiante’’ au Sénégal, le coordonnateur scientifique du CRES estime qu’il y a ‘’urgence à réinventer le modèle éducatif sénégalais et à faire du pays une société de savoirs.
Pour y parvenir, l’auteur de ‘’Sénégal, quand la trajectoire de croissance de l’économie +disqualifie+ les qualifiés’’, préconise dans son livre l’émergence d’une économie tournée vers l’innovation, à l’instar de beaucoup de pays asiatiques sortis du sous-développement.
LE MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION FACE AU DÉFI DE L’AUTONOMIE
La suspension des financements de l’USAID met en difficulté plusieurs programmes du ministère de l’Éducation nationale, notamment ceux liés aux langues nationales. Le ministre Guirassy a souligné l’urgence de repenser le modèle de financement.
La suspension des financements de l’USAID a des conséquences directes et lourdes pour le ministère de l’Éducation nationale. Lors du comité de pilotage du Projet d’Amélioration des Performances du Système Éducatif (PAPS), le ministre Moustapha Guirassy a exprimé ses préoccupations face à l’arrêt du soutien financier américain, notamment pour les activités liées aux langues nationales, un domaine crucial pour la performance scolaire des élèves.
Moustapha Guirassy a souligné : « Nous sommes en train de vivre les conséquences de cette décision… Cela nous interpelle tous. C’est la question de la souveraineté. »
En effet, cette décision place le Sénégal dans une situation délicate, où le financement de certains programmes vitaux dépendait jusque-là de l’aide extérieure.
Face à ce défi, le ministre a réaffirmé la nécessité de revoir le modèle de financement du système éducatif. « Nous devons tout faire pour que le financement soit assuré par l’État lui-même », a-t-il insisté.
Dans cette optique, un réajustement des priorités nationales et une restructuration des projets en fonction des besoins internes sont désormais sur la table. Le ministère invite ainsi tous les acteurs à repenser le financement des activités éducatives pour garantir l’autonomie du secteur à long terme.
QUAND TU GAGNES TU ES FRANÇAIS, MAIS QUAND TU PERDS, ILS T’ENLEVENT TON PASSEPORT…
Patrice Evra n’est pas né dans l’Hexagone. Sénégalais d’origine, l’ancien capitaine des Bleus est revenu sur son choix et sur la réaction de certains supporters tricolores. Confidences.
Comme de nombreux joueurs passés par l’Equipe de France, Patrice Evra n’est pas né dans l’Hexagone. Sénégalais d’origine, l’ancien capitaine des Bleus est revenu sur son choix et sur la réaction de certains supporters tricolores. Confidences.
La force de l’Equipe de France de football, et ce depuis des décennies, c’est sa diversité. En effet, dans leur histoire, les Bleus ont pu s’appuyer sur le talent de nombreux joueurs nés à l’étranger. C’est par exemple le cas de Luis Fernández, Espagnol naturalisé qui a accompagné Michel Platini dans les premiers grands succès de la sélection.
Champion du monde 98 et champion d’Europe deux ans plus tard, Patrick Vieira est lui né à Dakar au Sénégal, tout comme l’ancien capitaine Patrice Evra. S’ils ont fait le bonheur des supporters tricolores, avec du recul, ne regrettent-ils pas leur choix de représenter la France au détriment de leur pays de naissance ? La question a été posée à «Tonton Pat» par Carré : «On me demande souvent si je ne regrette pas de ne pas avoir choisi le Sénégal. Déjà, quand tu es joueur, on te demande de choisir entre ton papa et ta maman. Ma maman est Française, mon papa est Sénégalais. Je me suis concerté avec eux et ils m’ont dit qu’ils seraient heureux de me voir en Equipe de France. J’ai choisi la France, et je ne le regrette en aucun cas», a déclaré le Franco-Sénégalais. Qui ajoute : «Quand tu es jeune, tu ne le comprends pas, mais ce choix est politique. Donc j’ai déjà dit à des jeunes nés au Cameroun, au Sénégal ou au Congo de faire bien attention au moment de choisir entre la France et le pays d’origine. Quand tu gagnes tu es Français, mais quand tu perds, les gens t’enlèvent ton passeport et tu es Sénégalais.» Patrice Evra a porté fièrement le maillot de l’Equipe de France et son brassard de capitaine, même si tout n’a pas été parfait sous son règne. Leader de la rébellion à Knysna en 2010, l’arrière gauche ne regrette rien, même s’il connait les pièges de la binationalité chez les Bleus. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il conseille aux jeunes de bien réfléchir avant de choisir.»
Une position qui n’enlève en rien à son amour pour l’Hexagone : «Je suis fier d’être Français, je suis fier d’être Sénégalais. Quand je vais au Sénégal, je me sens comme à la maison, et quand je suis en France, je me sens comme à la maison également. Je ne peux pas choisir entre papa et maman.» Patrice Evra a connu de beaux succès en Equipe de France qui ont renforcé son amour pour le pays, mais aussi des échecs qui ont entraîné des réactions vives d’une partie du public. Quoi qu’il en soit, impossible de choisir entre son père et sa mère.
LA CAMPAGNE COMMERCIALE ARRACHIDIERE 2024-2025 UN FIASCO
La campagne de commercialisation arachidière 2024-2025, lancée officiellement le 5 décembre dernier sur l’ensemble du territoire national, n’a pas répondu aux attentes des producteurs et autres acteurs qui s’activent dans cette filière...
La campagne de commercialisation arachidière 2024-2025, lancée officiellement le 5 décembre dernier sur l’ensemble du territoire national, n’a pas répondu aux attentes des producteurs et autres acteurs qui s’activent dans cette filière dans la région de Kaolack, longtemps considérée comme le bassin arachidier du Sénégal, a constaté l’APS sur le terrain.
Le secrétaire général du Cadre de concertation des producteurs d’arachide (CCPA), Sidy Bâ, rappelle que la Direction de l’analyse, de la prévision et des statistiques agricoles (DAPSA) avait estimé la production de l’année dernière à 1,5 million de tonnes.
Pour cette année, «la production d’arachide est estimée entre 700 et 800 000 tonnes, ce qui reste d’ailleurs à confirmer , a-t-il précisé, soulignant des risques de « baisse drastique » des revenus des producteurs.
Si certains producteurs et paysans de la région de Kaolack indexent la « mauvaise qualité » des semences et engrais, M. Bâ pense le contraire pour ce qui est de l’engrais, mettant en cause surtout l’arrêt pluviométrique survenu à un moment critique de la production, entre le 25 août et les 12 et 25 septembre et le niveau de fertilité des terres. Selon le secrétaire général du CCPA, au mois d’août, il a été enregistré à Gandiaye, pas moins de 200 mm de pluies, alors qu’au mois de septembre, la pluviométrie se situait à plus de 300 mm.
«De fortes pluies qui causent plus de dommages que d’effets qui peuvent booster la production », a-t-il souligné. « Cette année, la campagne de commercialisation de l’arachide est assez particulière puisqu’il y a moins d’acheteurs par rapport aux années précédentes et un seul huilier dans le marché, la SONACOS (Société nationale de commercialisation des oléagineux du Sénégal) », a-t-il fait observer.
Selon lui, le prix au producteur indiqué par le Comité national interprofessionnel de l’arachide (CNIA) et validé par l’Etat n’est pas respecté, parce que les producteurs bradent leurs graines à des prix inférieurs à celui indiqué. « Aujourd’hui, les graines d’arachide sont vendues dans les marchés à 225 francs CFA, mais de manière clandestine. D’ailleurs, il y a eu quelques arrestations dans différentes localités du pays. Ce qui fait que, même s’ils vendent leurs produits, ils le font en cachette », a-t-il souligné.
Cette situation, ajoute Sidy Ba, a fait que les revenus des producteurs d’arachide ont « fortement baissé » par rapport aux années passées « parce qu’une bonne partie des points de collecte n’est pas opérationnelle. Ce qui fait que les opérateurs privés stockeurs (OPS), qui étaient dans la filière, n’ont pas d’argent pour s’engager dans cette campagne », a-t-il fait noter. Il ajoute que les exportateurs qui étaient actifs dans la commercialisation des graines d’arachide sont « invisibles », impactant « considérablement » la bonne campagne de commercialisation.
Le gouvernement a fixé à 305 francs CFA le prix du kilogramme d’arachide pour la nouvelle campagne de commercialisation dudit produit agricole, soit une hausse de 25 francs par rapport à la précédente campagne où il était fixé à 280 francs CFA.
Le blocage de l’exportation des graines mis en cause
Parmi les causes de cette campagne de commercialisation jugée « mauvaise », certains acteurs de la filière pointent du doigt le blocage, par les nouvelles autorités, de l’exportation des graines d’arachide qui, pourtant, faisait l’affaire des producteurs et autres exportateurs.
« S’il y avait assez d’acheteurs, avec la présence des autres huiliers qui étaient là, on n’allait pas connaitre cette campagne qui, il faut dire, n’est pas des meilleures. Il y a beaucoup de leçons à tirer et, probablement, l’Etat du Sénégal, à travers le ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage, tirera les leçons qu’il faut », espère Sidy Bâ.
Soulignant que les rendements sont « assez faibles », il pense que cette donne « inédite » est due, « certainement », aux effets néfastes du changement climatique avec son lot de désagréments dont l’irrégularité de la pluviométrie, la non prise en compte, par les producteurs et autres paysans de l’information climatique dans la planification de leurs activités agricoles, entre autres phénomènes à analyser par les chercheurs et spécialistes du développement agricole.
Il cite l’Agence nationale de l’aviation civile et de ka météorologie (ANACIM), l’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA), les ingénieurs et techniciens du ministère en charge de l’Agriculture, aussi bien au niveau central que celui déconcentré, pour « booster » les rendements agricoles, surtout dans cette partie centrale du Sénégal communément appelée « Bassin arachidier ». « L’autre constat fait durant l’hivernage de 2024, c’est que, maintenant, il pleut beaucoup plus en septembre qu’en août. Les pluies qui tombent au mois de septembre causent beaucoup de dégâts chez les producteurs », a fait remarquer Sidy Bâ.
La dissolution du CNIA réclamée
Le président de l’association Aar Sunu Moomeel (Préserver notre patrimoine), Bassirou Bâ, réclame lui, la dissolution du CNIA et son remplacement par une structure « capable de mieux défendre les intérêts » des acteurs de la filière arachidière.
« Les paramètres utilisés ne sont pas régulièrement évalués et corrigés, l’estimation des coûts de la main-d’œuvre et la valorisation de la main-d’œuvre familiale ne sont pas totalement prises en compte lors de la fixation du prix de l’arachide par le gouvernement », a déploré Bassirou Bâ.
D’après lui, le seuil de sauvegarde fondé sur la valeur du travail ne rémunère pas réellement l’effort du producteur. C’est pourquoi son organisation réclame la suppression de la subvention des semences d’arachide et le renforcement de celle des engrais, l’ouverture des frontières en vue d’une meilleure commercialisation de l’arachide et la suppression du prix plancher.
Pour sa part, Sidy Bâ, également porte-parole du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (CNCR), s’oppose « catégoriquement » à la suppression du Comité national interprofessionnel de l’arachide, estimant, toutefois, qu’il doit être dirigé par un producteur d’arachide qui connait mieux les réalités de cette filière. « Malheureusement, lors de la dernière assemblée générale, on l’a confié à un opérateur semencier stockeur », a dit M. Bâ, membre du CNIA.
Les coopératives communautaires, « normalement » une affaire exclusive des acteurs
Par rapport à l’ambition des nouvelles autorités du pays de mettre en place des Coopératives agricoles communautaires, le président du CRCR de Kaolack invite les pouvoirs publics à s’appuyer sur l’existant, estimant que l’initiative de telles structures est « une affaire exclusive » des acteurs agricoles. Cette initiative doit être laissée à l’appréciation des « véritables acteurs » du secteur, a dit le syndicaliste agricole, Ibrahima Thiam de Médina Niassène, dans la commune de Keur Madiabel.
« Les autorités sénégalaises doivent laisser la primeur aux organisations professionnelles d’agriculteurs et autres acteurs du monde rural. Les paysans sont partie prenante dans le dispositif de planification et de développement agricole, il faut leur donner l’occasion de s’exprimer et de s’affirmer dans cette dynamique enclenchée par les nouveaux tenants des pouvoirs exécutif et législatif », a-t-il soutenu.
Selon lui, dans l’étape de Koungheul, dans la région de Kaffrine (centre), lors de la campagne électorale des élections législatives anticipées du 17 novembre 2024, le Premier ministre, « très rassurant », avait promis de rendre au pays et au producteur agricole leur souveraineté.
»Nous sommes des citoyens apolitiques qui n’œuvrons que pour le développement économique et sociale de notre pays, nous réclamons plus d’attention de la part de nos autorités », a lancé M. Thiam qui constate que l’agriculture est en train de mettre d’envoyer des producteurs au chômage. « Il n’est pas du devoir de l’Etat de créer des coopératives, il doit encourager les initiatives communautaires qui existent et les soutenir. Beaucoup d’initiatives ont été créées par l’Etat mais n’ont abouti à rien ; c’est le cas du syndicat +Japandoo+, parce que le Président Abdoulaye Wade est allé au Canada où il a vu comment les producteurs sont organisés et a décidé de créer des syndicats forts », a rappelé, à son tour, Sidy Bâ, le porte-parole du CNCR.
La Société coopérative du groupement inter-villageois des producteurs agricoles (SCOP) de l’arrondissement de Ngodji a été créée depuis cinq ou six ans. Et elle parvient, tant bien que mal, à régler les problèmes de ses membres à travers la distribution d’engrais et de semences, l’organisation de sessions de formation et du matériel agricole subventionné et vendu à ses membres, a fait savoir M. Bâ.
« Si l’Etat crée des coopératives à la place des véritables acteurs, il va déstabiliser les initiatives déjà créées par des paysans et gérées par des paysans eux-mêmes. Et des investisseurs dans l’agro-business vont s’immiscer dans ce secteur et continuer à faire leurs affaires sur le dos des paysans et autres producteurs agricoles », a-t-il alerté.
D’après lui, le ministre de l’Agriculture, de la souveraineté alimentaire et de l’élevage doit mettre la pédale douce, en se concertant avec les organisations professionnelles, en se basant sur l’existant, le renforcer et encourager les autres à intégrer cette dynamique d’organisation communautaire.
Les tentatives de rencontrer un responsable de l’usine Lyndiane de la SONACOS sont restées vaines, de même, qu’un entretien avec le responsable intérimaire de la Direction régionale du développement rural (DRDR) de Kaolack, Samba Gaye, et du président du Collectif des producteurs et exportateurs de graines d’arachide (COPEGA), Habib Thiam, malgré nos multiples et incessantes interpellations physiques et téléphoniques.
LE MAIRE DEVOILE LES METHODES DES PREDATEURS
Escroquerie foncière à Palmarin - Il s’agit de cibler des terres qui sont dans le domaine national pour les affecter dans le domaine public maritime et domaine public fluvial pour contourner la mairie
Le torchon brûle entre François Ndiaye, père de Maxime Jean Simon Ndiaye, ancien secrétaire général de la présidence sous Macky Sall et la municipalité de Palmarin. Le maire de Palmarin, Mame Singui Sarr, est monté au créneau pour dénoncer «les manœuvres mafieuses d’un groupuscule qui a permis de spolier des citoyens en contournant la commune». Il menace de saisir la justice.
C’est une méthode sophistiquée. Un mode opératoire bien réfléchi qui consiste à déposséder des citoyens de la commune de Palmarin de leur terres. Il s’agit de cibler des terres qui sont dans le domaine national pour les affecter dans le domaine public maritime et domaine public fluvial pour contourner la mairie.
Les documents en poche, l’acquéreur François Ndiaye qui n’est personne d’autre que le père de Jean Maxime Simon Ndiaye, ancien SG de la Présidence de la République, leur réattribue les terres à l’insu de la mairie. Pire, le bénéficiaire est accusé de harceler et d’intimider les propriétaires en les trainant devant la justice. Cette attitude du sieur Ndiaye a fini par révolter le maire de Palmarin qui s’est porté avocat des victimes et de la municipalité qui a été bernée dans la procédure pour entrer dans ses droits. A l’occasion d’une conférence de presse, Mame Singui Sarr a dénoncé le fait que le sieur Ndiaye soit mêlé dans deux litiges fonciers. «Nous avons des infos qui prouvent l’existence d’un réseau organisé au sein de certains services administratifs pour favoriser des détournements fonciers. Comment une parcelle du domaine national peut-elle devenir soudainement un domaine maritime avant d’être reclassé pour servir des intérêts privés ? Pour satisfaire la demande de François Ndiaye, le domaine public a été déclassifié pour être un domaine privé maritime», a fustigé l’édile de Palmarin.
Grâce à ses investigations, le maire a récupéré, le 29 janvier dernier, le décret 20 23 1775 qui met en évidence une fraude massive orchestrée par le sieur Ndiaye avec la complicité de certains services de l’Etat. D’ailleurs dans cet élément, Mame Singui Sarr conteste formellement l’existence d’une enquête commodo incommodo qui est pourtant mentionnée dans les documents que possède le sieur Ndiaye. Dans ce dossier opposant Sophie Mbissine et François Ndiaye, le litige concerne une partie du domaine national situé à Palmarin revendiquée simultanément par François Ndiaye et Sophie Mbissine Sarr.
Le 1er juillet 2021, le tribunal de grande instance de Fatick, dans son jugement, avait statué en déclarant qu’aucune des deux parties n’avait un titre valablement reconnue sur ces terres etle 9 février 2024, le tribunal deKaolack a déclaré Sophie Mbissine Sarr coupable d’occupation illégale. La dame a été reconnue coupable de destruction de bien sur la base d’un constat d’huissier contestable parce que le mur n’est pas dans le domaine maritime il est sur la route donc sur le domaine national. Elle a été relaxée de voie de fait et condamnée pour 2 mois avec sursis et 2 millions d’amende de dommages et intérêts.
M. Ndiaye parvenant à imposer son diktat jusqu’à contourner la mairie a poussé l’édile de Palmarin a dénoncé ces fausses transactions foncières. Sur le même périmètre, poursuit-il, le 1er octobre 2016, un acte prétendument signé par Mme Patricia Lopez représentante de la famille Padou et François Ndiaye pour 20 mille euro sur un terrain du domaine national a été signé alors que la mairie n’a pas été impliquée. Cette manœuvre frauduleuse a permis de passer cette parcelle dans le domaine maritime avant qu’elle ne revienne miraculeusement au domaine national.
FRANÇOIS NDIAYE MELE A UN AUTRE CONTENTIEUX FONCIER
Dans une autre affaire, le même François Ndiaye est en contentieux avec le nommé Amon Bèye. En 2013, il y a eu la délibération N04AF2013 qui avait fait l’objet d’un arrêté préfectoral (069AF Sp signé par le sous-préfet de l’arrondissement de Fimela). Le 11 novembre 2022, la commune de Palmarin a désaffecté et réaffecté la surface en faveur d'un Amon Bèye. D’ailleurs ce document a permis à Amon Bèye de déposer un bail. Malgré ces démarches administratives, en septembre 2020, François Ndiaye a soudainement demandé une autorisation d’occuper sur plusieurs parcelles dont celle attribuée à Amon Bèye. Le 02 juin 2020, El Hadji Mamadou Diao (Mame Boye Diao) directeur des domaines, a transmis la demande de François Ndiaye pour 5 parcelles du DPM et du DPF au bureau de Fatick. Le 25 février 2022, le ministre des Finances et du Budget signe l’arrêté n°37-31 autorisant à François Ndiaye d’occuper une parcelle de 9 000 m² à titre précaire révocable et en 2023, M. Ndiaye a bénéficié des dizaines d’hectares à Palmarin. «Comment un terrain qui a suivi toutes les procédures légales attribué à Amon Bèye peut-il être attribué à François sans aucune justification et sans aucune procédure préalable à la mairie ?», a fustigé le maire qui promet de faire un recours en annulation pour mettre fin à la spoliation foncière des prédateurs fonciers.
LA DEPUTE MARIEME MBACKE DECHIRE LE CODE DE LA FAMILLE
La député Marième Mbacké a soulevé une question cruciale concernant l’autorité parentale et ses implications pour les mères divorcées.
La député Marième Mbacké a soulevé une question cruciale concernant l’autorité parentale et ses implications pour les mères divorcées. Dans une question écrite adressée au ministre de la Justice, la député a mis en lumière les difficultés que rencontrent de nombreuses femmes, en particulier celles de la diaspora sénégalaise, face à une législation souvent perçue comme déséquilibrée
La député Marième Mbacké met les pieds dans le plat. Elle est d’avis que la loi sénégalaise actuelle confère une autorité parentale presque exclusive au père, ce qui peut devenir un véritable outil de pression dans les cas de divorce. «Les mères divorcées, souvent responsables de la garde des enfants, devraient avoir la possibilité de signer les documents nécessaires au voyage de leurs enfants mineurs. Cependant, il existe des situations où les pères utilisent leur autorité parentale pour nuire à leurs ex-conjointes et, par extension, à leurs propres enfants.», a-t-elle écrit dans une question écrite adressée au ministre de la Justice. Cette situation, selon elle, est particulièrement préoccupante pour les femmes vivant à l’étranger qui sont souvent confrontées à des refus arbitraires de signature pour les autorisations de voyage. «Les femmes de la diaspora sénégalaise nous ont souvent interpellés sur ces questions. C'est pourquoi, sans adopter une perspective féministe, nous vous prions de reconsidérer cette mesure», a-t-elle affirmé.
Le député a donc appelé à une révision du code de la famille, plaidant pour un modèle qui favoriserait la co-responsabilité entre les parents dans l’exercice de l’autorité parentale. «Le père, en tant qu'autorité morale au sein de la famille, ne pose pas de problème, mais il est important que les deux parents puissent donner leur consentement aux voyages de leurs enfants. Pour remédier à cette situation, ne serait-il pas opportun de réviser le code de la famille ? Quelles seraient les mesures que vous comptez prendre pour trouver des solutions à ce problème ?» a-t-elle demandé au ministre de la Justice. Marième Mbacké a également suggéré l’instauration de mécanismes de médiation afin de résoudre les conflits liés à l'autorité parentale, soulignant l’importance d’un règlement amiable dans l’intérêt supérieur de l’enfant.
L’OPPOSITION ENTRE PRAGMATISME ET RÉSIGNATION
Après la défaite cinglante aux législatives anticipées, les partis traditionnels tentent de s'unir pour survivre. Une nouvelle coalition se dessine, rassemblant l'APR, la Ligue Démocratique et d'autres formations historiques. Le défi s'annonce colossal
Le nouveau régime jouit d’une légitimité incontestable matérialisée par ses victoires spectaculaires à la présidentielle de 2024 et aux législatives anticipées qui ont suivi. Depuis, il est difficile pour l’opposition de revenir au-devant de la scène politique. aujourd’hui, elle est obligée de faire un bloc ou de disparaître.
Il faut avoir beaucoup de cran pour affronter le nouveau régime incarné par Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko. Ces derniers jouissent d’une légitimité incontestable avec pratiquement 55% de l’électorat sénégalais.
Aimés par les masses populaires, les leaders Patriotes ont une bonne assise politique sur toute l’étendue du territoire. Et il serait extrêmement difficile que des systèmes de contrepouvoir les décrédibilisent aux yeux de l’opinion. Parce que tout simplement, les gens leur accordent un délai de grâce. Mieux, ils n’ont pas encore commis d’erreurs monumentales, impardonnables.
Tout ceci étant, l’opposition aura du mal à faire vaciller l’actuel régime. La preuve, aux dernières élections législatives, une large coalition de l’opposition a vu le jour avec des partis comme l’APR, et Rewmi. Cette plateforme appelée “bloc des libéraux et démocrates” (BLD) - Takku était composée de 40 membres particulièrement des partis et autres mouvements nés des flancs du Parti démocratiquement sénégalais (PDS). A noter que celui-ci n’y faisait pas partie. La stratégie de l’opposition à l’époque, c’était de créer des blocs d’opposition au gouvernement, d'abord idéologiques et ensuite plus tard de blocs électoraux en direction des élections législatives. C’est ainsi qu'à la veille des élections législatives, la coalition dirigée par le PDS dénommée Wallu a noué une alliance avec BLDTakku. Malgré cela, PASTEF les a battus à plate couture aux législatives anticipées de novembre 2024.
Aujourd’hui, l’opposition essaye encore de former un nouveau bloc pour faire face au pouvoir. Le journal “Les Echos” a annoncé lundi dernier la création prochaine d’un nouveau front de l’opposition réunissant le bloc libéral conduit par l’Alliance pour la République (APR), des partis de gauche dont la Ligue Démocratique (Ld) et le Parti International du Travail(PIT) mais aussi Taxawu Sénégal, le Parti socialiste (PS) et l’Alliance des Forces progrès (AFP). Non sans préciser que le PDS ne fera pas partie de ce front.
FPDR, Mankoo wattu Senegal, FRN : ces coalitions politiques sous Macky Sall
Quoi qu’il en soit, l’opposition est obligée de faire bloc au risque de périr. Surtout que le nouveau régime a démarré la traque des membres de l’ancien régime. Une plateforme politique solide permettrait ainsi de riposter politiquement sur le terrain et d’allumer des contrefeux. Ces derniers consistent à épier de près la gouvernance du régime pour exploiter politiquement la moindre faille. Seul hic, on se demande si tous les membres de cette coalition accepteront de mener la riposte en ce qui concerne la traque lancée par le régime Diomaye.
En tout cas, des organisations de ce genre ne sont pas nouvelles sous les cieux sénégalais. Sous Macky Sall, dès la prise de pouvoir, de nombreuses coalitions politiques avaient vu le jour. On se rappelle le Front Patriotique pour la Défense de la République (FPDR) et plus tard Manko Wattu Sénégal. Cette dernière avait d’ailleurs réussi à imposer dans l’espace public le débat sur le caractère léonin de certains contrats pétroliers et gaziers signés entre le Sénégal et des sociétés étrangères. Dans une lettre ouverte, la plateforme politique avait interpellé à l'époque le président Macky Sall à faire toute la lumière sur l’implication de son frère dans l’affaire de la découverte du pétrole et du gaz. On se rappelle également le Front de résistance nationale (FRN) qui regroupait les grands partis de l'opposition, des mouvements citoyens, et des organisations sociales. Le FRN combattait principalement le parrainage citoyen. Non sans s’attaquer au bilan de Macky Sall en termes de gouvernance.
L’AMNISTIE SOUILLÉE ?
La décision du gouvernement d'accorder une enveloppe de 5 milliards de Fcfa en guise d’assistance financière aux ex détenus et aux autres victimes des manifestations politiques de la période 2021 à 2024 suscite des vagues dans l’espace public
La décision du gouvernement d'accorder une enveloppe de 5 milliards de Fcfa en guise d’assistance financière aux ex détenus et aux autres victimes des manifestations politiques de la période 2021 à 2024 suscite des vagues dans l’espace public. Elle semble souiller la loi d’amnistie souhaitée par Sonko et compagnie.
5 milliards FCFA. C'est l'enveloppe que le gouvernement a décidé de casquer pour apporter une assistance aux 2 172 ex-détenus et aux 79 victimes des manifestations politiques de mars 2021 à février 2024. Ainsi, chaque famille de personne décédée va recevoir 10 millions de FCFA. A cette enveloppe, il sera assorti entre autres mesures de l'admission au statut de pupille de la Nation pour les orphelins mineurs. La famille va avoir accès aux bourses de sécurité familiale, à une couverture sanitaire universelle, une carte d’égalité des chances. Une allocation de 500 000 francs sera aussi accordée pour les ex-détenus. Cette batterie de mesures entérinées par le Gouvernement par le biais de la ministre des Solidarités intervient après une controverse sur une somme de 108 millions de Fcfa qui a été accordée à d’“ex-détenus politiques” qui réclamaient un processus d'indemnisation inclusif, transparent et équitable. Cette assistance accordée aux victimes suscite une levée de boucliers. « Dans un État de droit, toute indemnisation découle de l'existence d'un responsable et d'une victime dûment identifiés par une décision de Justice», a constaté l'ancien ministre d'Etat sous Abdoulaye Wade, Babacar Gaye qui se demande : «Par quelle gymnastique, en l'absence de décision judiciaire à laquelle une telle mesure doit être adossée, l'Etat devrait-il verser aux militants de Pastef autant d'argent tiré des deniers publics ?».
Dans le même registre, le magistrat démissionnaire, Ibrahima Hamidou Dème, s'inquiète de son côté d'une “patrimonialisation de l’Etat”. Il constate que le clientélisme tant décrié ces dernières années, persiste de plus belle avec la gouvernance Pastef. L’Etat de droit, selon lui, c’est avant tout la soumission de l’Etat à la loi. Or, fait remarquer Ibrahima Hamidou Dème, aucune loi, aucune jurisprudence ni même aucune logique ne peut justifier que des personnes poursuivies par la justice bénéficient de la qualité de victimes et soient indemnisées sans décision judiciaire
Dans le même ordre d'idées, Me Moussa Diop dénonce une procédure en porte-à-faux avec les règles de bonne gouvernance. “La bonne gouvernance dans la Rupture voudrait qu'une indemnisation des victimes avec des deniers publics soit faite par voie judiciaire et non politique. Ce qui se fait est en porte-à-faux avec ce pourquoi nous nous battions. Allons-y directement vers l'abrogation promise de la loi d'amnistie avec une Assemblée nationale mécanique et sans fuite en avant pour identifier les véritables victimes qui ne se limitent pas à des militants du Pastef”, a-t-il noté.
QUID DE LA REVISION PARTIELLE ANNONCEE DE LA LOI SUR L’AMNISTIE ?
Du côté du pouvoir, le député Amadou Ba, membre de la mouvance présidentielle Pastef, a fait une précision. Selon le juriste, les familles endeuillées, les blessés et les ex détenus vont recevoir une assistance et non une indemnisation. Cette indemnisation viendra, dit-il, avec le règlement définitif de la loi d’amnistie
Dans un post, l'ancienne Première ministre de Macky Sall devenue alliée du Pastef a partagé son avis tranché sur la question. D'après Aminata Touré, aucune indemnité ne sera jamais suffisante pour effacer la douleur d’une mère qui a perdu son enfant. À l'en croire, l’Etat ne fait que reconnaître cette peine par une compensation financière symbolique. Elle a enfin demandé à ce que “les responsables de ces tueries soient traduits en Justice”
«J'invite l'Etat à revoir sa méthode”, a déclaré, hier, Boubacar Seye, membre du collectif des victimes des émeutes politiques, sur le micro de nos confrères de la chaîne 7tv. Il faut dire que le dossier des émeutes politiques de mars 2021 à mars 2024 fera tache. Et sa gestion par les nouvelles autorités sera scrutée de près. Car, le parti au pouvoir Pastef alors dans l'opposition, en apportant ses soins aux manifestants, avait de facto, revendiqué leur appartenance dans sa formation politique. Toutefois avec son arrivée au pouvoir, la formation des “Patriotes” semble être prise dans leur propre jeu politique.
Donc, le soubassement du dossier est éminemment politique. C'est pourquoi, le président du Pastef, Ousmane Sonko, s'était engagé à rendre justice aux victimes et aux détenus. Outre l'assistance apportée aux manifestants, il avait, en ce sens, décidé d’abroger la loi sur l’amnistie votée en mars 2024 couvrant les faits liés aux violentes manifestations politiques dans la période de mars 2021 à février 2024. Mais, lors de sa déclaration de politique générale, le 27 décembre 2024, à l’Assemblée nationale, le patriote en chef du Pastef avait varié sur sa position. Il avait fait état d'un projet de loi rapportant la loi d'amnistie. D'ailleurs, lors de la séance devant les députés, il était obligé de s'expliquer sur l'utilisation du verbe rapporter plutôt qu'abroger. Sonko a estimé qu'elle découle de la volonté d'extirper de la loi, ce qui ne doit pas en faire partie.
Toujours est-il que la méthode du gouvernement risque de souiller la procédure. Puisqu’en décidant d'accorder une réparation aux victimes et ex détenus avant même que la justice ne se prononce sur les faits pour lesquels ils ont été poursuivis, le Pouvoir s'est emmêlé les pinceaux.