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11 septembre 2025
COMBIEN DE MÉDECINS PAR HABITANTS AU SÉNÉGAL ?
Le média américain USA Today a déclaré que le pays a environ 7 médecins pour 100 000 habitants. Les données du ministère de la Santé les plus récentes indiquent pourant le contraire
Africa Check |
Azil Momar Lo |
Publication 15/11/2020
Le 30 septembre 2020, le président sénégalais a évoqué les performances de son pays dans sa gestion de la pandémie de la Covid-19, dans une vidéo diffusée sur Facebook et Twitter.
Macky Sall y mentionne que « le Sénégal a été cité pour occuper la deuxième place au monde (…) sur la manière dont nous avons géré la pandémie ».
Les efforts consentis par le Sénégal dans la gestion de la crise sanitaire ont valu au pays la deuxième place dans une récente analyse, publiée par le site d’informations américain USA Today, qui porte sur la manière dont 36 pays ont géré la pandémie.
En comparaison avec d’autres pays plus développés comme les Etats-Unis, le Sénégal a fait beaucoup mieux selon ladite analyse publiée le 6 septembre 2020.
« Il s’agit du Sénégal, un pays d’Afrique Occidentale (…) qui compte environ sept médecins pour 100 000 habitants », lit-on notamment (traduit de l’anglais).
La même affirmation a été également relayée dans un article de BBC News Afrique .
Quelle est la source de cette donnée ?
Africa Check a interrogé Deirdre Shesgreen, reporter à USA Today pour les affaires étrangères et auteure de l’analyse susmentionnée. Elle dit s’être basée sur ces données de la Banque Mondiale.
Il s’agit du ratio de médecins pour 1 000 habitants s’étalant sur la période 1960-2017. Et pour 2017, le Sénégal avait 0,069 médecins pour 1 000 habitants.
Les chiffres s’appuient sur des statistiques de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur les personnels de santé, des données de l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE), complétées par des données nationales, comme le souligne le document.
Ce que disent les données de l’OMS
Africa Check a contacté la Banque Mondiale pour davantage d’explications sur les données qu’elle a utilisées. Aby Touré, chargée des relations extérieures pour la Banque Mondiale nous a envoyé ce lien du site de l’OMS à travers lequel nous avons trouvé ces données portant sur le ratio nombre de médecins pour 10 000 habitants de différents pays.
Les données concernant le Sénégal portent uniquement sur les années 2004, 2008, 2013, 2015, 2016 et 2017. Et pour cette dernière, le nombre de médecins pour 10 000 personnes au Sénégal est de 0,691 (0,69), soit un nombre total de 1 066 médecins répertoriés.
C’est donc le même ratio que l’on trouve dans les statistiques de la Banque Mondiale susmentionnées concernant l’année 2017, étant donné que 0,069 médecins pour 1 000 habitants équivalent à 0,69 médecins pour 10 000 habitants, d’après le statisticien de l’association des assureurs du Sénégal El Hadji Diop contacté par Africa Check. Cela équivaut également à 6,9 médecins pour 100 000 habitants. Ce qui n’est pas loin des 7 médecins pour 100 000 habitants évoqués par USA Today.
Nous avons demandé des explications à l’OMS et avons également cherché à savoir si l’organisation dispose de données plus récentes et plus exhaustives. Collins Boakye-Agyemang, conseiller en communication à l’OMS, Bureau régional pour l’Afrique, nous a suggéré de nous rapprocher du ministère sénégalais de la Santé.
Le chargé de communication senior à la Banque Mondiale, Mademba Ndiaye, nous a également fait la même recommandation.
« La Banque mondiale ne fait pas une enquête indépendante sur les statistiques de la santé au Sénégal, nous nous fions aux enquêtes du ministère de la Santé et des agences officielles comme l’ANSD », nous explique-t-il, soulignant tout de même que la Banque Mondiale « analyse les méthodes utilisées pour s’assurer de la crédibilité des résultats ».
Seuls les médecins du public sont répertoriés par le ministère de la Santé
Au Sénégal, le ministère de la Santé et de l’Action sociale ne recense que les médecins du public. Nous le soulignions déjà dans cet article de juillet 2020 portant sur une déclaration du président sénégalais sur le nombre de médecins au Sénégal; la Division de la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (Dgpec) dudit ministère nous indiquait qu’on compte 1 651 médecins dans le public.
Le président de l’Ordre National des Médecins du Sénégal, Dr Boly Diop, a également confirmé que le ministère de la Santé ne recense que les médecins exerçant dans le public.
« Actuellement au Sénégal on tourne autour de 3 000 médecins », ceux du public et du privé « confondus », souligne Dr Boly Diop, qui ajoute que les chiffres de l’Ordre des médecins sont « plus complets » que ceux du ministère de la Santé, car « nous répertorions tous les médecins, ceux du public comme ceux du privé ».
Il a également souligné qu’à ce jour « il y a 2 706 médecins inscrits régulièrement à l’Ordre des médecins du Sénégal ».
Des problèmes pour recenser les médecins du privé
« La collecte des données du privé est un véritable problème à résoudre », explique le chef de la Division de la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences du ministère de la Santé et de l’Action sociale, Moussa Diamanka.
« Les seules données disponibles ont été collectées en 2017 et validées en 2018. Les chiffres disponibles du privé, selon lui, posent un vrai problème de crédibilité d’où la non prise en compte de ces données ».
En plus de cela, pèse « le soupçon de doublons (qui) fait que nous évitons de prendre en compte ces données », indique Moussa Diamanka.
10 médecins pour 100 000 habitants en 2018, selon le ministère de la Santé
Moussa Diamanka nous a envoyé ce tableau extrait de l’annuaire statistique des Ressources Humaines 2018.
Le tableau indique que sur une population de 15 726 037 habitants, il y a 1 médecin pour 10 000 habitants, avec un total de 1 618 médecins répertoriés au Sénégal. Selon le statisticien El Hadji Diop, 1 médecin pour 10 000 habitants correspond à 10 médecins pour 100 000 habitants.
Interrogé sur la différence entre le chiffre contenu dans le tableau (1 618) et celui qu’il avait communiqué à Africa Check en juillet 2020 (1 651), M. Diamanka explique que cela peut être dû à des départs à la retraite, à des démissions, des mises en disponibilité (surtout vers les ONG et autres partenaires) ainsi que la migration vers des pays plus attrayants en rémunération. « L’irrégularité des recrutements aidant, les recrues sont souvent des régularisations de contractuels ou vacataires ».
NON-DITS ET MAL-DITS DE L'ÉTUDE DE LEGS-AFRICA SUR L’AUTOROUTE À PÉAGE
EXCLUSIF SENEPLUS - S’il y a une partie sur laquelle il faut tirer, c’est nos investisseurs nationaux qui n’ont jamais cru à ce projet, certainement pas SENAC S.A qui jusqu’ici, a respecté à la lettre les clauses du contrat signé avec le Sénégal
Les quotidiens d’informations du vendredi 13 et samedi 14 novembre 2020, sont largement revenus sur l’étude commanditée par Legs-Africa de mon ami Elimane Kane, et réalisée par un autre ami, le Dr Bamba Diagne. Ladite étude porte sur une évaluation socio-économique et environnementale de l'exploitation de l'autoroute à péage Dakar-Diamniadio-AIDB. Aux termes de cette étude, il serait décelé ‘’un sérieux manque à gagner pour l’Etat du Sénégal’’ et une entreprise, Eiffage, pointée du doigt comme un bourreau. Attention, les gars. Attention chers amis.
Sur l’autoroute à péage, il y a eu beaucoup de désinformation et il y a eu beaucoup d’idéologisme. Beaucoup de désinformation sur les aspects financiers, parce que des propos déclarés sur cette autoroute-là, sont souvent tronqués et escamotés à dessein. Parce que l’on ne va pas souvent jusqu’au bout de l’information. Beaucoup d’idéologisme, parce que surfant sur la vague du sentiment anti-français, alors que s’il y a à blâmer, ce n’est point la France (ni d’ailleurs un autre) mais nous-mêmes, parce que nous nous offrons à la mondialisation bien plus que nous nous ouvrons à la globalisation.
Pour mieux comprendre ce qui se joue sur l'autoroute à péage Dakar-Diamniadio-AIDB, il faut nécessairement rembobiner le film de l’histoire, c’est-à-dire revenir sur comment ce projet de concession Partenariat Public Privé (PPP) a été monté, et dans quel contexte ? Pour s’apercevoir qu’on devrait même saluer l’audace et l’ingéniosité du président Wade et remercier l’investisseur (Eiffage) qui a eu à prendre un risque financier (énorme) qui a fini par payer. Et l’Etat du Sénégal, du point de vue du budget, devrait même s’estimer heureux, eu égard à ce qui se passe en Côte d’Ivoire avec le pont-péage Henri Konan Bédié à Abidjan, dont le coût d’investissement est d’un peu plus de 176 milliards FCFA pour une concession sur 30 ans (2015-2045), avec un trafic de 80.000 véhicules par jour, qui est de la même nature et de la même logique économico-financière que l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio-AIDB d’un coût d’investissement de 147 milliards FCFA, pour une concession de 30 ans (2009-2039) et avec un trafic de 90.000 véhicules par jour.
Les investisseurs nationaux sénégalais à côté de la plaque
D’abord, parlons économie et finance et plus précisément de cadre juridique et institutionnel qui a encadré cette concession de PPP. L’entreprise Eiffage n’exploite pas l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio. Eiffage est l’actionnaire principal (100%) de la société d’exploitation de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio-AIDB, dont la société de gestion créée à cet effet et comme le stipule la loi CET ‘’Construction-Exploitation-Transfert’’ de 2014-13, s’appelle ‘’Société d’Exploitation de la Nouvelle Autoroute Concédée (SENAC)’’. Et les actifs de la société Eiffage sont totalement et complètement dissociés des actifs de la société SENAC S.A, qui est la société de projet de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio. Telle est la teneur de la loi portant sur les Partenariats Publics Privés, qui sont une des modalités de Délégation de service public, à côté de l’affermage et de la régie intéressée.
En 2009, quand le président Abdoulaye Wade lançait le projet de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio, beaucoup de sénégalais disaient, encore un éléphant blanc du président Abdoulaye Wade. Personne n’y avait cru, sauf le président Wade lui-même et quelques personnes averties. D’ailleurs, conformément à la loi CET de 2004 et abrogé en 2014 par la loi n°2014-09, instituant les PPP au Sénégal, vingt pour cent (20%) du capital de la société de projet, société exportatrice de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio, en l'occurrence Senac S.A, devaient revenir et étaient réservés aux privés nationaux sénégalais, en raison de 10.000 FCFA par action. Le président Wade avait appelé le secteur privé national sénégalais, personne n’a répondu favorablement. Personne n’avait été intéressé à mettre le plus petit des FCFA, au capital de financement de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio. Au point que l’Etat du Sénégal, au bout de deux ans, en 2011, a finalement cédé les 20% à l’actionnaire majoritaire (Eiffage), conformément à la loi C.E.T sur les PPP. C’est ainsi et comme cela, que l’investisseur privé qu’est Eiffage, est devenu investisseur principal et opérateur exclusif de la société de projet SENAC S.A, exploitante de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio.
L’investisseur Eiffage a risqué et son risque a payé
Sur le montage financier en question de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio- donc de la société de projet SENAC S.A, son coût d’investissement est de 148 milliards FCFA dont les 41% (61 milliards FCFA) ont été mobilisés par l’investisseur privé Eiffage contre 59% (87 milliards FCFA) par l’Etat du Sénégal, sous forme de subvention d’investissement, pour réduire le coût moyen pondéré du capital (baisser le coût du capital des fonds propres de la Société SENAC S.A), dans une optique de faire baisser le coût des tarifs de passage sur l’autoroute, aux bénéfice des usagers. Sinon, ce serait bien au-dessus des tarifs actuellement en vigueur en empruntant l’autoroute à péage. D’ailleurs, c’est en raison de la subvention à l’investissement consentie par l’Etat du Sénégal (61 milliards FCFA), que le périmètre de l’autoroute à péage commence dès la Patte d’oie. Et la concession de PPP entre la société de projet SENAC S.A et l’Etat du Sénégal, dure sur 30 ans (2009-2039), avec un partage des bénéfices entre l’Etat du Sénégal et la société de projet Senac S.A, à partir de la 15ème année d’exploitation (en 2024). Sur le business plan de la concession PPP qu’est l’autoroute à péage, le seuil de rentabilité du projet avait été projeté après la 25ème année d’exploitation. Mais, voilà, au bout de 12 ans d’exploitation de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio-AIDB (2009-2020) avec un trafic de 90.000 véhicules par jour, les investissements de l’unique opérateur, Senac S.A, devraient atteindre l’effet de levier (le retour sur investissement) déjà en 2024. Ainsi, l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio-AIDB est donc très rentable, au point que dit-on, la concession de PPP Autoroute à péage Dakar-Diamniadio-AIDB entre l’Etat du Sénégal et la société de projet SENAC S.A, est l’une des plus réussies de tous les projets PPP dans le domaine des infrastructures en Afrique de l’Ouest.
Autoroute à péage, l’un des modèles de concession PPP les plus réussis dans le domaine des infrastructures en Afrique de l’Ouest
Eh oui, que voulez-vous ? Que voulons-nous ? L’investisseur Eiffage a pris un risque énorme. L’investisseur Eiffage s’est endetté auprès d’un groupe de prêteurs privés composé d’IFC, de la BAD, de la BOAD et de la CBAO. L’investisseur Eiffage a investi. L’investisseur Eiffage a risqué et l’investisseur Eiffage a gagné. Tout simplement. Quand d’autres investisseurs ont rongé leurs freins. C’est la loi du business et le business n’est pas un secours catholique encore moins de la philanthropie. S’il y a une partie sur laquelle il faut tirer, c’est nos investisseurs nationaux qui n’ont jamais cru à ce projet, mais pas certainement la société de projet SENAC S.A qui jusqu’ici, a respecté à la lettre les clauses du contrat de concession de PPP qui la lie à l’Etat du Sénégal. Et mieux, SENAC S.A, opérateur et société de projet de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio, a fait et réalisé (le tronçon Diamniadio-AIDB, l’éclairage public, barrière de clôture), bien plus que le contrat initial, grâce à des avenants signés d’un commun accord avec l’Etat du Sénégal.
‘’La clause de rendez-vous’’ pour se rattraper
Ce qu’il y a lieu de dire, c’est que si Abdoulaye Wade avait été soutenu par son secteur privé national sénégalais, si le président avait flairé, nul doute que l’immense économiste qu’il est, aurait certainement fait autrement, peut-être donner une concession sur 15 ou 20 ans. Et les finances publiques de l’Etat du Sénégal, peuvent s’estimer heureuses, si le chef de l’Etat l’économiste Abdoulaye Wade, n’avait pas fait un bon engineering financier, en levant l’option d'une subvention d’investissement en lieu et place d’une subvention d’exploitation comme c’est le cas en Côte d’Ivoire avec le pont à péage Henri Konan Bédié (HKB) qui coûte chaque année, un montant 10 milliards FCFA au trésor public ivoirien. Parce que les ivoiriens ont refusé de payer 1000 FCFA au péage, au point que le gouvernement a dû subventionner le tarif du péage à hauteur de 500 FCFA et les autres 500 FCFA sont payés par les usagers. Finalement, le gouvernement ivoirien s’est rabattu sur une taxe sur le carburant pour pouvoir mobiliser et payer chaque année à l’opérateur qui exploite le pont à péage HKB, les 10 milliards FCFA représentant le montant total de sa subvention à payer à la SOCOPRIM (Société Anonyme de Construction du Pont Riviéra Marcory), qui a pour actionnaires : Bouygues Travaux Publics, Total CI, PAIDF, l'Etat ivoirien et la BNI (Banque Nationale d'Investissement).
Ce qui reste à faire pour l’Etat du Sénégal, c’est peut-être de faire jouer ce qu’on appelle ‘’la clause de rendez-vous’’, avec à la clé, (1) la possibilité de négocier une baisse des tarifs, (2) l’ouverture du capital et (3) l’éclairage publique. D’autant plus que la société exploitante, SENAC S.A, semble être dans les dispositions de céder les 20% du capital social, aux investisseurs nationaux sénégalais, qui, s’ils sont encore et toujours frileux, peut être racheteés par la Fongip, la Fonsis ou la Caisse de dépôt et de consignation (CDC). Une chose est sûre et certaine : pour l’Autoroute à péage Dakar-Diamniadio, si l’action coûtait 10.000 FCFA en 2009, aujourd’hui en 2020, au vu du seuil de rentabilité financière et de profitabilité économique, l’action coûtera au minimum, 100.000 FCFA. Voire plus.
Siré Sy est fondateur du Think Tank Africa WorldWide Group, économiste-planificateur, spécialiste en Finance et Gestion publique
LA CHRONIQUE HEBDO DE PAAP SEEN
LA RONDE DES CHIENS
EXCLUSIF SENEPLUS - Les chiens ne se battent pas pour des idéologies, pour des croyances. Ou par brutalité éclairée, pour modeler les actes et les pensées de leurs semblables. La violence des chiens n’a aucune conscience - NOTES DE TERRAIN
Mercredi 11 novembre 2020. Le spectacle aurait pu être plus ravissant. Mais l’atmosphère était abîmée par la pollution. Le paysage obstrué par des débris de toutes sortes. Une nuée de papillons voltigeait sous le ciel déprimé. Dans une sorte de ballet sans chorégraphie. Plusieurs d’entre eux se sont posés sur le fer forgé du balcon. L’envie ne manquait pas, d’en saisir un, de le contempler de plus près. Puis de le laisser décoller à partir du creux de ma main. Comme dans les temps insouciants de l’enfance, où l’on s’amusait, en capturant papillons et criquets. Je suis resté raisonnable. Je me suis appuyé sur l’accoudoir du balcon. Pour mieux observer les échappées de ces insectes fragiles.
Le temps était sec. Un air chaud éclaboussait des vapeurs, en petites bouffées. Le soleil flambait généreusement. Un temps indolent, à se languir d’ennui. Ce n’était pas la même température, ni le même climat qu’hier. L’apparition des papillons et cette chaleur pénétrante annonçaient-elles le début d’une nouvelle saison ? Ou signalaient-elles les premières vagues de l’Harmattan ? En tout cas, les herbes qui avaient colonisé le parking à moitié abandonné, juste en bas, tombent en ruine. Elles raidissent. Comme si, conscientes de perdre leurs souffles, elles se donnent un dernier défi : partir avec légèreté, pour fertiliser d’autres vies minuscules et insignifiantes.
Le spectacle des papillons avait totalement capté mon attention. Pourtant, devant mes yeux absents, une autre scène faisait frémir l’équilibre de l’Univers. Elle se passait sous l’immeuble. Une meute de chiens avait fait halte. Des mâles. Ils haletaient. Ils étaient six. Ces chiens étaient tous maigrichons. Ils se tenaient en ordre dispersé. Cette meute avait-elle un chef ? Rien, dans leur formation, ne pouvait le confirmer. Un animal, cependant, était plus audacieux que les autres. Il s’est détaché du groupe pour aller se mettre à l’abri. Tout près des mécaniciens qui s’occupaient d’un SUV bleu. Une Peugeot. Il est reparti avec la meute, quand celle-ci a repris le petit trot. Quelque chose, ici, attire les chiens, c’est sûr. Dimanche dernier, devant la porte de l’immeuble, deux chiens s’étaient paresseusement allongés. Un troisième dormait tranquillement adossé à la roue d’une voiture garée juste à côté.
Hier encore, un groupe de chiens avait attiré mon attention. Une femelle. Trois mâles. La femelle marchait en avant. Elle était suivie par un chien. Ce dernier avait une robe différente de celles de ses compères, couleur noir cassé. Il boitillait. Sa patte arrière droite était manifestement amochée. Mais il avait la tête relevée, bien droite. Le museau menaçant. Derrière, les deux autres chiens les talonnaient à une courte distance. Arrivée devant le parking désaffecté, la chienne s’est arrêtée. Elle a commencé à renifler. Puis, elle est entrée dans le parking. Continuant à flairer, partout. Le mâle, clopinant, ne l’a pas lâchée. Il s’est même rapproché d’elle, de plus près. En tête-à-tête. Et a commencé à remuer la queue. Il lui reniflait, maintenant, les parties génitales. La chienne n’était pas offusquée, par les agissements du coquin. Elle continuait sa vadrouille.
L’un des chiens resté à l’écart, après quelques minutes d’hésitation, s’est engouffré, à son tour, dans le parking. Le dernier mâle était resté sage, à l’extérieur. Debout sur ses deux pattes avant. Dans une position d’alerte. Il semblait n’avoir aucune soif d’ambition. Tel un figurant patient, qui attend qu’on lui attribue un rôle. Il avait meilleure mine que ses congénères. Une allure moins sauvage. Son pelage était magnifique. Sa robe était marron ; une longue rayure noire traversait sa poitrine. Un cri de sommation sortit du parking. C’était le mâle noir qui houspillait, à la vue du troisième larron. Sa gueule, gravement ouverte, laissait apparaître des canines menaçantes. Ce n’était pas suffisant pour décourager son adversaire, qui s’est mis à aboyer, lui aussi. Ils étaient tous les deux agressifs, mais se tenaient à une distance respectable.
J’ai quitté le balcon, sur ces entrefaites. Sans attendre le verdict de ce combat, qui promettait d’être âpre. La violence, pour ces chiens de la rue, est naturelle. Pour survivre, pour satisfaire leurs besoins, ils doivent se battre tout le temps. Mais à la différence des hommes, ils ne se battent pas pour des idéologies, pour des croyances. Ou par brutalité éclairée, pour modeler les actes et les pensées de leurs semblables. La violence des chiens n’a aucune conscience. Elle n'est pas délibérée. D’ailleurs, les chiens, lorsqu’ils sont domestiqués et qu’ils acquièrent un savoir-vivre minimum, sont souvent des animaux d’une bonté infinie. Un peu à la différence des chats. Qui sont des animaux vicieux. C’est pourquoi, je ne comprends pas les rôles attribués, dans notre culture, au chien et au chat.
Pourquoi le chien détient-il les « clefs de l’enfer » et le chat celles du paradis ? Cette légende est difficile à vérifier dans la réalité. Tant les chiens sont fidèles et compatissants. Et les chats, souvent, mesquins et ingrats. L’explication est peut-être à trouver dans la mythologie grecque. Où des cerbères sont les gardiens de l’enfer. En tout cas, la merveilleuse Cookie que j’ai connu au soir de sa vie, ainsi que les chiens qui habitaient chez des amis d’enfance, dont le père était gendarme au Cynogroupe, n’avaient rien des monstres méchants qui habitent l’enfer. Ils n’étaient pas des chiens de compagnie, comme on en voit dans les films. Mais ils étaient adorables de fidélité, et rien de démoniaque ne transpirait dans leurs caractères.
Au Sénégal, nous n’aimons pas vraiment les animaux. Notre relation aux chiens est faite de peur et de férocité. Les malheureux sont condamnés à une vie d’errance. Les enfants aiment les pourchasser, à coups de pierre. Parfois, les chiens des rues tombent gravement malades. Dans des états pathétiques. Nous les ignorons, et passons devant eux, sans une once de compassion. Une fois, j'observais un vieux chien pouilleux, qui passait à côté d’un groupe de jeunes hommes. Il traînait difficilement son corps enlaidi et affamé. Des vers avaient envahi le coin de sa gueule. C’était moche. C’était triste. Pendant qu’il s’en allait tranquillement, un gars lui a jeté une brique. Le hurlement rauque du chien était bouleversant. Pourquoi cette violence gratuite ? J’ai détourné le regard. Il n'y avait de toute façon rien à faire. Ce n’était qu’un chien après tout. Même le mouton, notre seul vrai animal de compagnie, nous finissons par l’égorger.
Retrouvez sur SenePlus, "Notes de terrain", la chronique de notre éditorialiste Paap Seen tous les dimanches.
AUGUSTIN SENGHOR OFFICIALISE SA CANDIDATURE, LUNDI
La Fédération sénégalaise de football informe que son président Augustin Senghor va officiellement annoncer sa candidature à la présidence de la Confédération africaine de football
Dakar, 15 nov (APS) – La Fédération sénégalaise de football informe que son président Augustin Senghor va officiellement annoncer sa candidature à la présidence de la Confédération africaine de football (CAF), lundi en conférence de presse.
Cette rencontre avec la presse est prévue à partir de 11h au siège de la FSF, indique un communiqué parvenu à l’APS.
Augustin Senghor a confirmé samedi les informations parues dans la presse faisant état de sa candidature à l’élection à la présidence de la CAF qui aura lieu le 12 mars prochain à Rabat (Maroc).
Quatre autres personnalités du football africain ont annoncé leur candidature. Il s’agit du président sortant, Ahmad Ahmad, des présidents de la Fédération mauritanienne de football, Ahmed Yahya, de celui des Mamelodi Sundowns d’Afrique du Sud, Patrice Motsepe et de l’ancien président de la Fédération ivoirienne de football, Jacques Anouma.
DÉCÈS DE BALLA GAYE, ANCIEN CHAMPION DE LUTTE AVEC FRAPPE
Balla Gaye, ancien champion de lutte avec frappe, est décédé ce dimanche à son domicile de Guédiawaye dans la banlieue dakaroise, suite à une longue maladie, ont rapporté plusieurs médias.
Dakar, 15 nov (APS) – Balla Gaye, ancien champion de lutte avec frappe, est décédé ce dimanche à son domicile de Guédiawaye dans la banlieue dakaroise, suite à une longue maladie, ont rapporté plusieurs médias.
Un des acteurs majeurs de la lutte avec frappe des années 90, il a été l’un des premiers retraités des arènes sénégalaises à ouvrir une école de lutte.
Cette école produira plus tard un Roi des Arènes, en la personne d’Oumar Sakho surnommé Balla Gaye 2 en hommage à son mentor.
Dans la phase active dans la lutte, le défunt était membre de l’écurie Walo.
LE SENEGAL SE QUALIFIE
L’équipe nationale de football du Sénégal a battu ce dimanche celle de la Guinée Bissau (1-0) et se qualifie pour les phases finales de la CAN 2022 prévue au Cameroun.
Dakar, 15 nov (APS) – L’équipe nationale de football du Sénégal a battu ce dimanche celle de la Guinée Bissau (1-0) et se qualifie pour les phases finales de la CAN 2022 prévue au Cameroun.
Sadio Mané a marqué l’unique but de la rencontre (82e mn) sur un exploit individuel et permet aux Lions de pouvoir participer en 2022 à leur 16e Coupe d’Afrique des Nations.
Avec cette victoire obtenue ce dimanche au stade du 24 Septembre de Bissau l’équipe du Sénégal se retrouve avec 12 points en quatre journées d’éliminatoire de la CAN.
Le Sénégal ne pouvant plus en théorie être rattrapé par ses poursuivants à savoir le Congo Brazaville crédité de 6 points avant la quatrième journée, la Guinée Bissau, trois points en quatre journées et Swattini zéro points en trois journées.
INDÉPENDANCES AFRICAINES, OÙ EN EST LA DÉCOLONISATION DES ESPRITS ?
L'historienne Françoise Vergès et le journaliste Antoine Glaser, évoquent les heurs et malheurs de l'Afrique postcoloniale ainsi que le bilan du processus de décolonisation qui reste un « work in progress » (« travail évolutif »). Entretiens croisés
Françoise Vergès (1) est historienne, chercheuse, titulaire de la chaire « Global South » à la Fondation Maison des sciences de l’homme, à Paris. Antoine Glaser (2) est politologue, journaliste spécialiste de l’Afrique. Ils sont auteurs de plusieurs ouvrages consacrés à des thèmes qui vont de la politique en Afrique aux questions liées à l’esclavage et la colonisation, en passant par les relations France-Afrique. Interrogé à l'occasion du 60e anniversaire des indépendances africaines, le duo évoque au micro de RFI les heurs et malheurs de l'Afrique postcoloniale ainsi que le bilan du processus de décolonisation qui reste un « work in progress » (« travail évolutif »). Entretiens croisés.
RFI : Les indépendances furent un moment de joie et de fête pour les populations africaines. Que sait-on de leurs attentes et de leurs espérances?
Antoine Glaser : Seuls les historiens qui ont travaillé sur cette période peuvent répondre à cette question. Et encore ! Peu de choses ont été écrites. Cela dit, il faut se resituer dans la démographie de l’époque, avec 3,5 millions d’habitants en Côte d’Ivoire (plus de 30 millions aujourd’hui, NDLR), 3,2 millions au Sénégal, 5,1 millions au Cameroun, pas plus de 500 000 habitants au Gabon… Dans tous ces pays avec une très faible urbanisation, la proclamation d’indépendance n’a souvent concerné que les cercles de l’administration, à l’exception des pays où des mouvements d’indépendance anticolonialistes étaient déjà structurés. Il semble toutefois qu’il y ait eu plus d’enthousiasme à cette indépendance dans les anciennes colonies britanniques et portugaises que dans les anciennes colonies françaises. Il suffit de lire les proclamations des chefs d’État du « pré carré » français en 1960 pour s’en convaincre. La plupart remercie la République française de sa générosité. Le plus caricatural est le président gabonais Léon Mba, qui exprime sa gratitude profonde au général de Gaulle, « champion de l’Homme noir et de la Communauté franco-africaine », dit-il. Une déclaration qui tranche avec celle du Congolais Patrice Lumumba, qui relève qu’il ne faudra jamais oublier que l’indépendance du Congo a été conquise par la lutte. Cette différence dans les réactions s’explique en grande partie par l’approche assimilationniste de la colonisation française qui avait fait miroiter l’idée d’une communauté de destins entre l’Afrique et la France. Cette idée avait été confortée par l’intégration de leaders africains dans la structure de pouvoir en France, avec notamment Senghor et Houphouët-Boigny siégeant dans le gouvernement français.
Françoise Vergès : Pour les populations africaines, l’indépendance marque la fin d’un système qui les réduisait à des êtres sous-humains, des sous-citoyens. Cette souveraineté durement acquise leur permet de se retrouver pleinement dans leur existence. On assiste, avec ces indépendances, à un renversement de la perspective selon laquelle il y aurait, d’une part, une humanité qui compte et, d’autre part, une humanité composée de sous-hommes qui ne compte pas, qu’on peut trafiquer, qu’on peut vendre, qu’on peut acheter. « Et maintenant, nous sommes là », proclamait Patrice Lumumba dans son discours lors de la cérémonie de l’accession du Congo à l’indépendance, le 30 juin 1960. C’est sans doute cette présence réaffirmée de l’Afrique qu’on avait si longtemps reniée et qu’on ne peut plus désormais effacer malgré le sang qui va couler et les turbulences postcoloniales qui donne sens au combat historique pour l’indépendance dans les pays colonisés.
La crise du Congo, qui a éclaté en 1960 dans la foulée de l'accession à l’indépendance de cette ancienne colonie belge, n’a-t-elle pas d’emblée démontré que cette décolonisation était tout sauf une libération ?
F.V. : Je distinguerais l’indépendance de la décolonisation, qui est un processus dont les débuts remontent aux premières luttes anticoloniales et à la prise de conscience qu’il faut en finir avec le colonialisme et le statut colonial. La décolonisation est un très long processus historique, culturel, qui touche la politique, mais aussi les domaines de l’économie, l’art, les langues... En Afrique, ce processus de la décolonisation est passé par des phases successives, notamment les conférences nationales, l’émergence des mouvements de la jeunesse et de la société civile. Le processus se poursuit aujourd’hui avec les revendications pour la décolonisation des esprits, des enseignements, des institutions et la demande d’une indépendance réelle.
A.G. : Chaque indépendance a eu sa particularité. Avec ses ressources minières exceptionnelles, l’ancien Congo belge a tout de suite été l’un des enjeux majeurs de la rivalité entre les États-Unis et l’Union soviétique. Sans vrais moyens, la Belgique a très vite été hors-jeu, en particulier après la sécession de la riche province du Katanga par Moïse Tshombe et l’assassinat de Patrice Lumumba le 17 janvier 1961. Après l’arrivée au pouvoir de Joseph-Désiré Mobutu, c’est la CIA américaine qui est à la manœuvre. L’opération franco-marocaine de Kolwezi en mai 1978 contre les « Katangais » soutenue par les Cubains était déjà une opération de « guerre froide » pour empêcher les soviétiques d’avoir accès au cobalt congolais. Ceci dit, le maréchal Mobutu avait une certaine marge de manœuvre pour gérer le pays à sa guise. À la fin des années 1970, il a même laissé croire aux Zaïrois qu’ils étaient désormais totalement « décolonisés » en lançant une opération de « zaïrianisation » : le franc congolais est remplacé par le « zaïre », Léopoldville devient Kinshasa, suppression des noms chrétiens, l’abacost (« à bas le costume ») remplace le costume occidental, certaines mines sont nationalisées au profit du premier cercle du « maréchal ». Au début des années 1980, Mobutu Sese Seko (Mobutu le guerrier) est l’un des hommes les plus riches de la planète.
Quels sont les principaux acquis des indépendances africaines ?
A.G. : Le premier acquis des indépendances africaines des années 1960 a été l’accès pour un certain nombre de pays à la gestion de leurs États. Mais c’est une indépendance limitée car, à peine sortie de la colonisation, l’Afrique est devenue un enjeu géostratégique entre les deux blocs : l’Est et l’Ouest. Les indépendances africaines ont été en grande partie octroyées sous la pression des deux vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale : les États-Unis et l’Union soviétique. Au sortir de la guerre, les Américains et les Soviétiques ont fait pression sur les colonisateurs afin de pouvoir remplacer l’ordre colonial et installer rapidement un nouvel ordre mondial. Les Africains ont donc dû rapidement choisir leur camp entre puissances coloniales et poursuite d’une politique postcoloniale comme dans le « pré carré » français ou soutien soviétique à des mouvements de libération en contrepartie d’une zone d’influence. Dans un deuxième temps, l’acquis des indépendances africaines a été la solidarité entre mouvements de libération, comme entre l’Algérie et l’Afrique du Sud.
F.V. : Les indépendances ont quand même transformé la carte du monde. Tout d’un coup, on a vu les pays africains prendre leur place à l’Assemblée générale de l’ONU. Ils ont fait entendre la voix de l’Afrique à la tribune du monde. Rétrospectivement, cela peut paraître un développement mineur, mais il ne l’est pas totalement, même si les voix des pays africains sont souvent instrumentalisées par les grandes puissances. Il n’en reste pas moins que la présence des États africains à l’ONU leur a donné une marge de manœuvre qu’ils n’avaient pas auparavant. Par ailleurs, sans les indépendances, il n’y aurait eu ni l’Organisation de l’Union africaine, devenue l’Union africaine depuis 2002, ni les organisations régionales qui, de l’aveu même des pays membres, jouent un rôle majeur dans l’évolution démocratique de l’Afrique. Et bien sûr, tout le travail autour de l’unité du continent, de l’abolition des frontières héritées du colonialisme, les solidarités Sud-Sud, n'aurait pas été possible sans la fin de la mainmise politique de l'Europe sur le continent.
LE MASSACRE DE THIAROYE S'INVITE À L'ASSEMBLÉE NATIONALE FRANÇAISE, MAIS...
Faut-il qu'il y ait une chaîne humaine autour des fosses communes à l'endroit du massacre pour que cessent enfin ces arrangements avec l'Histoire d'un massacre d'Africains venus se battre en France contre l'ennemi et qui ont réclamé leur solde ?
Le Blog de Mediapart |
Armelle Mabon |
Publication 15/11/2020
L'Assemblée nationale a évoqué le massacre de Thiaroye. Mais nos espoirs ont été déçus par la lecture du rapport. Un premier pas a été fait mais il faut bien regarder l'histoire et comprendre cette révélation sur les fosses communes.
Lorsque j'ai découvert le discours à l'assemblée nationale devant la ministre des armées du député Philippe Michel-Kleisbauer remplacé, pour cause de covid-19 par un collègue, j'ai senti une profonde satisfaction avec une lueur d'espoir tout en étant gênée par la présentation d'hommes démobilisés avant le massacre.
Trois historiens ont été auditionnés sur ce fait historique dans le cadre de l'avis fait au nom de la commission Défense nationale et des forces armées sur le projet de loi de Finances pour 2021 pour les crédits « Anciens combattants, Mémoire et Liens avec la Nation » : Pascal Blanchard, Martin Mourre et moi-même. Choisir d'évoquer Thiaroye 44 démontre un certain courage politique et je remercie Philippe Michel-Kleisbauer d'avoir osé mettre en lumière ce massacre de tirailleurs sénégalais ex-prisonniers de guerre commis par l'Armée française le 1er décembre 1944.
Martin Mourre a publié un livre entièrement consacré à Thiaroye : Thiaroye 1944 Histoire et mémoire d'un massacre colonial, PUR, 2017. Pascal Blanchard, dans son ouvrage co-dirigé avec Nicolas Bancel et Sandrine Lemaire Décolonisations françaises La fin d'un Empire, éditions de La Martinière, 2020, deux pages illustrées sont consacrées au massacre de Thiaroye. Pour ma part, j'ai transmis au député le chapitre entièrement revu et renommé « Thiaroye : un mensonge d'Etat » de mon livre Prisonniers de guerre « indigènes » Visages oubliés de la France occupée, La Découverte, réédité en 2019.
Une écoute sélective et dangereuse pour l'Histoire
A la lecture du rapport, j'ai compris, une fois encore, que les politiques écoutaient un historien médiatique mais qui ne fait aucune recherche, ni fouille d'archives et non les historiens qui ont passé des heures et des heures et même des années à éplucher tant et tant d'archives, à retrouver les témoins et les familles et à questionner les sources permettant de s'approcher d'une vérité sur ce massacre prémédité présenté comme une rébellion armée dans les archives consultables.
Une fois de plus, après le discours de François Hollande le 30 novembre 2014, le pouvoir politique a escamoté un rendez-vous avec l'Histoire en reproduisant dans ce rapport, les grossières erreurs commises par Pascal Blanchard. Il est facile de constater le privilège accordé à cet historien grandement cité alors que le travail de Martin Mourre n'est pas évoqué et que, pour ma part, le député cite mes propos de 2012 évidemment obsolètes puisque j'ai repris la recherche sur Thiaroye en 2012.
Je suis donc amenée à signaler toutes les erreurs alors que ce rapport ne peut être corrigé et est donc diffusé en l'état sans que nous ayons pu en faire une lecture préalable.
Concernant le récit, il n'y avait que des originaires de l'Afrique occidentale française (AOF) et donc pas de Centrafricains, pas de Tchadiens, pas de Gabonais et pas de Togolais. Par contre les Guinéens ont été oubliés alors qu'ils étaient très nombreux.
Pour une raison que j'ignore, Pascal Blanchard se méprend complètement sur le « blanchiment » malheureusement suivi par le député :
Après leur libération, il est décidé de les démobiliser, notamment pour une opération de « blanchiment » des troupes françaises .
Il n'a jamais été décidé de les démobiliser comme le prouve un courrier du 2 octobre 1944 du directeur des Troupes coloniales, le général Ingold, au ministre des Prisonniers de Guerre : « Les militaires indigènes coloniaux ne doivent être en aucun cas démobilisés même à titre provisoire avant d'être arrivés dans leur colonie d'origine ». Il n'y a donc pas eu d'avance sur prime de 1500 francs versée en octobre 1944. Le traitement était tout autre pour les ex-prisonniers de guerre nord-africains.
Dans un rapport officiel de l'Assemblée nationale, les martyrs de Thiaroye sont désormais présentés comme étant démobilisés avant le massacre ce qui induit qu'ils n'étaient plus militaires mais des civils. Dans ce cas, le massacre de Thiaroye est un crime contre l'humanité et le ministère des armées doit clarifier ce point.
Quant à l'opération de « blanchiment », en aucun cas les ex-prisonniers de guerre n'étaient concernés puisqu'ils ne combattaient pas dans l'Est de la France après le débarquement de Provence. Je joins un extrait de la lettre du général de Gaulle au général Eisenhower qui montre que ceux qui ont été victimes du « blanchiment » ont été dirigés vers le midi et non à Morlaix.
Dans son documentaire « Décolonisations, du sang et des larmes », diffusé le 6 octobre sur France 2, Pascal Blanchard a été encore plus loin dans la désinformation et la tromperie du grand public puisqu'il présente les hommes de Thiaroye comme ayant fait le débarquement de Provence.
Je constate que le député reprend ce que j'ai écrit dans mon ouvrage notamment les 315 tirailleurs sur 1950 qui ont refusé d'embarquer à Morlaix pour n'avoir pas perçu le quart de leur solde de captivité conformément à la règlementation en vigueur. Pour les 400 qui auraient refusé d'embarquer à l'escale de Casablanca, j'ai apporté la preuve que cette information était mensongère et je regrette que Philippe Michel-Kleisbauer la passe sous silence. Les autorités ont diminué le nombre de rapatriés au départ (1280 à la place de plus de 1600) pour camoufler le nombre de victimes. C'est un mensonge d'Etat car les ordres sont venus du gouvernement provisoire pour falsifier les faits et non de quelques hommes nostalgiques du Maréchal Pétain et du régime de Vichy. Un de ces officiers a été puni mais pour quelles raisons le ministère des armées refuse obstinément de donner le libellé du fait matériel pour lequel il a été puni alors que rien ne l'interdit pas même l'amnistie ?
QUATORZE NOUVEAUX CAS ET UN DÉCÈS AU COURS DES DERNIÈRES 24 HEURES
Le docteur Ndiaye a dans le même temps déploré un décès lié à la maladie, le 328e depuis l’apparition de la maladie, le 2 mars dernier. Il a également fait état de la guérison de 9 patients.
Dakar, 15 nov (APS) – Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a déclaré ce dimanche 14 nouvelles contaminations de Covid-19 et un décès lié à la maladie du nouveau coronavirus.
Ces infections proviennent de tests virologiques réalisés sur 862 individus et répartis : 14 cas contacts suivis par les services sanitaires et autant de cas communautaires, a expliqué le directeur de la Prévention.
Faisant le point sur la situation de l’épidémie dans le pays, le docteur El Hadji Mamadou Ndiaye a souligné que les cas de contaminations de source inconnue avaient été localisés dans les localités de Fatick (1), de Mbour (1), et d’autres quartiers de Dakar, notamment Liberté 6 (1), HLM Grand Yoff (1), Ouest Foire (1), Niary Tally (1) et Mermoz (1).
Le docteur Ndiaye a dans le même temps déploré un décès lié à la maladie, le 328e depuis l’apparition de la maladie, le 2 mars dernier. Il a également fait état de la guérison de 9 patients.
A ce jour, 15.793 cas positifs de Covid-19 ont été déclarés dans le pays dont 15.16 guéris 328 décès 48 patients sous traitement, d’après les données du ministère de la Santé et de l’Action sociale.
par Jean-Baptiste Placca
RAWLINGS, UNE ETOILE NOIRE AU FIRMAMENT
À présent qu’il n’est plus, l’on peut oser affirmer que Jerry John Rawlings incarnait véritablement un type de leadership et de patriotisme plutôt rares, dont auraient tant besoin bien des peuples, aujourd’hui, en Afrique
Il avait tout pour être un homme heureux. Mais le Chairman, éternel insatisfait, rêvait de toujours mieux pour son peuple. Désormais, son destin appartient à l'Histoire.
Jerry John Rawlings est décédé, ce jeudi 12 novembre 2020. Son pays, le Ghana, le pleure. Nombre d’Africains aussi. Car, dites-vous, c’est l’Afrique toute entière qui est en deuil. Ici même, vous l’avez souvent cité en exemple. Qu’incarnait-il de si particulier pour que sa disparition soit vécue comme une perte pour tout le continent?
À présent qu’il n’est plus, l’on peut oser affirmer que Jerry John Rawlings incarnait véritablement un type de leadership et de patriotisme plutôt rares, dont auraient tant besoin bien des peuples, aujourd’hui, en Afrique. Peu de dirigeants, sur ce continent, ont eu le privilège de voir leur pays rayonner, en ayant conscience que cela n’aurait simplement pas été possible, sans eux. Certes, l’économie du Ghana peut toujours subir des intempéries de conjoncture. La démocratie ghanéenne peut même, à l’occasion, être ébranlée par quelques secousses telluriques. Mais l’édifice ne risque pas de s’effondrer de sitôt. Car, les fondations ont été bâties pour résister au temps. C’est ce que prédisait Jerry John Rawlings, en répondant à la journaliste américaine Diane Sawyer, dans l’émission « 60 minutes », affirmant que si, d’aventure, il venait à se retrouver au pouvoir au Ghana, le diable en personne ne pourrait se permettre ce qu’il veut, mais devra se plier à ce qu’attend de lui le peuple de ce pays. Davantage que la détermination farouche qu’on lui connaissait, il fallait au Chairman un leadership visionnaire, pour annoncer, avec une telle certitude, en 1992, que le Ghana, définitivement, allait s’imposer comme une démocratie exemplaire, et une économie aux bases plutôt saines.
C’est donc, en somme, une affaire d’institutions…
Oui. D’institutions, mais c’est dans les mentalités qu’a été bâtie cette œuvre. Et, depuis vingt ans, l’alternance, pour les Ghanéens, n’est plus un simple mot. Avec leur bulletin de vote, ils savent même pouvoir congédier les dirigeants dont la gestion économique ne leur convient pas, ou les déçoit. Le pays, actuellement, s’achemine vers une élection présidentielle, et pas une manifestation violente au tableau, pas un mort. Mieux, s’il venait à être réélu, le 7 décembre prochain, Nana Akufo-Addo jamais n’oserait toucher à la Constitution pour, dans quatre ans, s’offrir un éventuel troisième mandat.