Le chef de l'État ivoirien Alassane Ouattara a été investi samedi candidat de son parti à la présidentielle d'octobre, qui s'annonce très tendue. Aux dizaines de milliers de ses partisans réunis au stade d'Abidjan, il a promis une victoire par "KO".
Le président ivoirien Alassane Ouattara a été officiellement investi samedi 22 août à Abidjan candidat de son parti à la présidentielle d'octobre, où il briguera un troisième mandat jugé inconstitutionnel par ses opposants.
"Je vous investis ce 22 août comme candidat du RHDP [Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix] à l'élection présidentielle du 31 octobre 2020", a déclaré Henriette Diabaté, première vice-présidente du parti au pouvoir, devant des dizaines de milliers de partisans rassemblés au stade Houphouët-Boigny. Debout à ses côtés, le président Ouattara lui a ensuite donné des accolades.
UNE DÉLÉGATION DE LA CEDEAO RENCONTRE LA JUNTE ET IBK
Elle doit s'entretenir avec le président déchu Ibrahim Boubacar Keïta et avec les dirigeants de la junte qui l'ont poussé à se retirer du pouvoir.
Une délégation ouest-africaine conduite par l'ex-président nigérian Goodluck Jonathan est arrivée samedi à Bamako, au Mali. Elle doit s'entretenir avec le président déchu Ibrahim Boubacar Keïta et avec les dirigeants de la junte qui l'ont poussé à se retirer du pouvoir.
Une délégation ouest-africaine est arrivée samedi 22 août à Bamako, où elle doit s'entretenir avec les dirigeants de la junte et rencontrer le président déchu Ibrahim Boubacar Keïta, quatre jours après le coup d'État militaire qui l'a renversé. La délégation, dépêchée par la Communauté des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) "pour assurer le retour immédiat de l'ordre constitutionnel" et conduite par l'ancien président nigérian Goodluck Jonathan, a atterri en début d'après-midi à l'aéroport de la capitale malienne, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Elle a été reçue à sa descente d'avion par le colonel Malick Diaw, numéro 2 du Comité national pour le salut du peuple (CNSP), l'instance mise en place par les militaires pour diriger le pays, et par le porte-parole de la junte, Ismaël Wagué.
Aboutir à "quelque chose de bon pour le pays"
Goodluck Jonathan s'est dit confiant que les discussions permettraient d'aboutir à "quelque chose de bon pour le pays, bon pour la Cédéao et bon pour la communauté internationale".
La délégation doit s'entretenir dans l'après-midi avec les dirigeants du CNSP, qui ont poussé le président Keïta, dit "IBK", au pouvoir depuis 2013, à annoncer sa démission dans la nuit de mardi à mercredi.
UN NOUVEAU PLAN D’ENVOL POUR AIR SENEGAL
Lors d’une réunion qu’il a présidée, Macky Sall a donné des directives pour la relance de la compagnie actuellement secouée par la pandémie liée au coronavirus
Secouée par la pandémie liée au coronavirus, Air Sénégal bat de l’aile. Mais le chef de l’Etat, Macky Sall tient à sa relance. Lors d’une réunion qu’il a présidée, ce vendredi, au palais de la République, il a noté que, dans ce contexte de crise, la relance sur 2020-2023 du secteur aérien nécessite une adaptation de la situation économique de la compagnie, de sa flotte, des destinations et de son business plan. À cet effet, le président de la République a donné des directives pour un nouveau plan d’envol et d’investissement ajusté.
Par Ousseynou Nar Gueye
MALI : LA "SOLUTION DE CONTINUITE" CONTRE UNE ARMEE "PUTSCHOGENE"
Les militaires putschistes maliens ont eu droit à un formidable bain de foule, hier vendredi 21 août, avec des milliers de leurs compatriotes venus les acclamer sur la Place de l’Indépendance, à Bamako
Les militaires putschistes maliens ont eu droit à un formidable bain de foule, hier vendredi 21 août, avec des milliers de leurs compatriotes venus les acclamer sur la Place de l’Indépendance, à Bamako. Les habitants de la "Mare au Crocodiles" ("Bamako", en bambara) fêtaient ainsi « la victoire du peuple » qu’est, selon eux, la « démission militairement assistée » du désormais ex-président IBK. Cette manifestation populaire "spontanée" s’est tenue, en fait, à l’instigation du M5-RFP, le Mouvement du 5 juin – Rassemblement des Forces Patriotiques, qui avait déjà, lors des trois derniers mois, fait venir des milliers de Maliens pour exiger le départ sans condition d’IBK. La figure morale du M5-RFP, l’imam Mahmoud Dicko, qui ne sera pas « sali la bouche » en prenant garde de ne jamais demander le départ d’IBK (mais plutôt celui de son Premier Ministre Boubou Cissé) a coupé court hier aux supputations qui lui prêtait un destin d’Ayatollah régnant bientôt sur le Mali, en indiquant que "sa mission est terminée" et qu’il "retourne dans les mosquées".
« Votre mission est terminée, imam Dicko ? » C’est bien la preuve par l’aveu, aveu absurde car trop tardif, que vous ne vouliez pas autre chose que le départ forcé du président IBK. Mais votre « religiosité » vous interdisait de vous dire clairement votre opposition frontale à un pouvoir en place, les dirigeants étant toujours "choisis par Dieu", n’est-ce pas ? Bon, la duplicité de l'imam Dicko n’est pas notre sujet.
Pour en revenir à nos moutons, oui, drôle de putsch ‘‘à suffrage populaire’’ que celui de ce mardi 18 août 2020, dans la succession de coups d’Etat qu’a connu le Mali depuis 60 ans. Car l’armée malienne est clairement putschogène : 1968, 1991, 2012 et 2020. Elle a aussi donné un président de la République galonné au pays, le général précédemment putschiste ATT, qui auréolé de la gloire d’avoir fait chuter « le dictateur » Moussa Traoré en 1991, reviendra élu dans les urnes, succédant en 2002 à Alpha Oumar Konaré, le seul président à ne pas avoir été « putsché ». Auparavant, ATT aura organisé une conférence nationale et les élections qui auront porté Konaré à Koulouba, y gagnant le surnom de "soldat de la démocratie". Hier vendredi, en plus de pustchogénie, l’armée malienne s’est aussi laissé aller à faire admirer sa télégénie : le colonel Malick Diawara, numéro deux de la junte, a volontiers pris la pose, tout sourire, devant les caméras des photographes de l’AFP, enlacé pas ses frères d’armes et encerclé par la foule nombreuse.
Mais le rôle primordial d’une armée n’est-il pas d’abord de défendre l’intégrité du territoire ? "Les putschistes maliens sont fêtés comme les vainqueurs d’une élection démocratique", me fait remarquer ce matin un journaliste de mes relations. Alors que des territoires entiers du pays ne sont pas sous l’impérium de la République, contrôlés qu’ils sont par des bandes armées terroristes (ou djihadistes, c’est selon). Quelles solutions à la ‘putschogénie’’ d’une armée malienne qui sans cesse « perd le nord » ? il y a une : virer du pays Barkhane, la Minusma, Takuba et compagnie, pour que les militaires maliens aient à s’occuper de leur véritable mission, qui est de combattre l’ennemi et les envahisseurs, y compris intérieurs. C’est là la solution de continuité. Comme le lecteur le sait sans doute, contrairement à ce qu’il semble vouloir dire, le terme "solution de continuité" signifie "rupture, interruption qui se présente dans la continuité de quelque chose de concret ou d’abstrait". Cette expression vient du vocabulaire de la chirurgie : la solution de continuité, par exemple pour une fracture : il n’y a plus de continuité dans l’os, dans le sens où il est rompu.
La force française Barkhane (5100 soldats) depuis janvier 2014, la Minusma onusienne (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali , 15000 hommes dont 12 000 militaires) depuis avril 2013 ; la Mission de formation de l’Union européenne au Mali (EUTM) depuis janvier 2013 avec 600 militaires ; la Mission de soutien aux capacités de sécurité intérieure maliennes (EUCAP Mali) depuis janvier 2015 avec 200 agents ; la Task Force européenne Takuba (« Sabre ») initiée en juin 2019 et dont les effectifs devraient atteindre 300 militaires….Toutes ces forces armées étrangères ne devraient-elles pas prendre congé du Mali, afin que les FaMA (Forces armées maliennes » cessent de « perdre le nord », dans tous les sens du termes ? D’autant que ces forces militaires étrangères présentes sur le sol malien ne peuvent manifestement pas empêcher le désordre de s’ajouter au désordre.
Il est urgent que l’armée malienne se consacre à combattre l’ennemi (même si ennemi intérieur) pour ne plus avoir le loisir que lui laisse manifestement l’oisiveté qui est son lot, alors qu'elle est suppléée dans sa mission cardinale de protection (et de reconquête) du territoire national par les forces étrangères : fomenter des coups d’Etat tous les quatre matins. Le peuple malien qui fête, euphorique, les tombeurs d’IBK n’en sera sans doute pas d’accord, j’imagine bien. Mais c’est seulement là, peut-être, la preuve que le peuple n’a pas toujours raison. Il faut sauver le soldat malien de ses penchants naturels. Occupons les FaMA, qui, depuis la farcesque prise de pouvoir par le capitaine Amadou Haya Sanogo en 2012, ont sacrément amélioré leur art du coup d’Etat, étant de moins en moins brouillons dans l’exécution de pronunciamento. Tous au front, dans le Nord !
Ce sera là le chantier le plus urgent du prochain président civil du Mali. Car, il faudra bien finir par en élire un. Aussi belles que "le peuple" puisse trouver les tenues militaires, elles ne sont pas faites pour la parade au pouvoir.
Ousseynou Nar Gueye
Fondateur-éditeur de Tract.sn
JE VEUX REPRÉSENTER LE SÉNÉGAL AUX JO DE TOKYO
La boxeuse sénégalaise Khadija Timéra, championne 2019 de la zone 2 Afrique, a exprimé, samedi, son souhait de se qualifier aux prochains Jeux olympiques de Tokyo, lors du tournoi de rattrapage prévu à Paris
Louga, 22 août(APS) - La boxeuse sénégalaise Khadija Timéra, championne 2019 de la zone 2 Afrique, a exprimé, samedi, son souhait de se qualifier aux prochains Jeux olympiques de Tokyo, lors du tournoi de rattrapage prévu à Paris (France).
‘’Mon ambition est de me qualifier pour les Jeux olympiques. Nous attendons l’accord du Comité olympique international pour les qualifications mondiales qui vont se dérouler à Paris. Je souhaite me qualifier là-bas pour représenter le Sénégal à Tokyo’’, a-t-elle dit.
S’exprimant lors d’une visite du nouveau bureau de la Fédération sénégalaise de boxe à Louga, elle a insisté sur sa volonté de contribuer au développement de la boxe sénégalaise et faire connaître le Sénégal à travers sa discipline sportive.
Khadija Timéra a obtenu sa première sélection en équipe nationale en 2019, via un test de qualification. La même année, en juillet, elle avait participé aux championnats d’Afrique de la zone 2 à Praia (Cap-Vert) et remporté la médaille d’or dans la catégorie super mouche (moins de 51 kg).
Pour sa deuxième sélection, elle prit part aux Jeux africains de Rabat (Maroc), où elle avait été éliminée en quart de finale.
En février 2020, à Dakar, elle participa pour sa troisième sélection au tournoi qualificatif des Jeux olympiques et perdit en quart de finale contre l’Ouganda.
‘’Il y a eu beaucoup de difficultés sur le parcours des boxeurs durant l’entrainement et la préparation à ces jeux. Quand nous avons les qualifications aux JO à Dakar et que nous ne parvenons à qualifier aucun athlète, c’est vraiment négliger le potentiel que nous avons’’, a-t-elle regretté.
Finançant ses propres préparations aux Etats-Unis et à Londres, Khadija Timéra, qui est juriste d’affaire, espère avec la nouvelle équipe fédérale une meilleure organisation de la discipline afin que le Sénégal puisse répondre présent aux prochaines échéances internationales.
Selon la diplômée en droit de l’Université de Berkeley en Californie (Etats-Unis), l’Afrique a besoin de leaders et le Sénégal ‘’a le potentiel pour guider que ce soit dans le sport ou en politique’’.
‘’Les JO sont devenus un moyen d’aider les pays à compétir et rayonner. Certains l’ont compris et mettent tout le budget dans le sport pour apporter le maximum de médailles, faire connaître leur pays et apporter des fonds internationaux pour financer l’éducation’’, a-t-elle expliqué.
Passionnée de boxe depuis son enfance, elle estime que le Sénégal a ‘’une grosse marge de manœuvre au niveau du sport et dans la boxe’’.
‘’Représenter le Sénégal a toujours été un rêve pour moi. J’ai toujours voulu faire de la boxe, mais mon entourage masculin m’en a dissuadé, parce que considérant que c’est un sport pour homme’’, a-t-elle fait savoir. Aujourd’hui, elle dit pratiquer ce sport pour valoriser la femme sénégalaise et la femme noire.
‘’C’est difficile en tant que femme de boxer et d’être dans le haut niveau, mais ça aide à prendre confiance et à se connaître. Il y a beaucoup de gens qui cherchent la compétition chez les autres alors que la compétition c’est en soi’’, fait-elle valoir.
DANSOKHO, UN HOMME À L’EXISTENCE "AUSSI PLEINE
Le Parti de l’indépendance et du travail (PIT) a eu une pensée pour son leader historique Amath Dansokho, dont le premier anniversaire du rappel à Dieu sera commémoré dimanche
Dakar, 21 août (APS) – Le Parti de l’indépendance et du travail (PIT) a eu une pensée pour son leader historique Amath Dansokho, dont le premier anniversaire du rappel à Dieu sera commémoré dimanche, l’occasion de rendre hommage "à cet excellent camarade dont tout atteste qu’il a eu, pour son pays, une existence aussi pleine qu’utile".
Le PIT se refuse à "verser dans une glorification qu’Amath aurait été le tout premier à rejeter", mais tient à rendre "hommage à cet excellent camarade dont tout atteste qu’il a eu, pour son pays, une existence aussi pleine qu’utile".
"Pour le PIT, l’héritage que DANSOKHO a laissé aux générations présentes doit être préservé. A tout prix ! Il s’agit, pour tous ceux qui se mêlent de politique, d’avoir le sens des priorités, de développer celui de l’écoute, d’être attentifs au sort des plus faibles", écrivent ses responsables dans une déclaration parvenue à l’APS.
"Il s’agit, également, d’apprendre à bâtir des convergences autour du socle que représentent les intérêts du plus grand nombre parce que, hors de là, aucune initiative politique ne peut prospérer dans la durée", peut-on lire.
"En cette période particulière durant laquelle le Sénégal, à l’instar de la quasi-totalité des autres pays du monde, fait face à une séquence inédite qu’impose la pandémie de la Covid 19, la figure d’Amath se révèle particulièrement précieuse", font-ils valoir.
Selon le PIT, le souvenir de son défunt leader historique peut "conforter les Sénégalais à continuer à chercher, ensemble, les meilleures solutions afin de faire face" à cette pandémie, il peut tout autant "leur permettre de tirer les meilleures leçons de ce qui se donne à voir dans la quasi-totalité des pays voisins".
Le PIT estime qu’Amath Dansokho avait été inspiré, sa vie durant, par "la conviction que l’action politique, en lieu et place de péjorer les conditions de vie des peuples, devrait plutôt contribuer à inventer des solutions les meilleures pour améliorer le sort du plus grand nombre".
La démarche politique du défunt était également basée sur le fait qu’il n’y a "pas grand intérêt à se recroqueviller sur soi, en pensant que toute différence est égarement, danger, menace", souligne le PIT. Il évoque une autre conviction politique d’Amath Dansokho selon laquelle il "n’y a pas de difficultés que l’engagement, la constance, la rationalité et l’opiniâtreté ne puissent résoudre".
"Parce qu’il avait cette foi en bandoulière, Amath DANSOKHO, des décennies durant, a été au cœur de la vie politique nationale. Avec lui, le Sénégal est allé de l’avant dans sa capacité à dénouer les problèmes politiques les plus aigus, des crises dont certaines profondes, menaçant la stabilité nationale et la légendaire convivialité des sénégalais", lit-on encore.
161 NOUVELLES CONTAMINATIONS, LES CAS CONTACTS REPASSENT DEVANT
Les cas contacts suivis sont ainsi repassés au-dessus de ceux dont on ignore la source de la transmission, mettant fin à une tendance marquée ces derniers jours par une prépondérance des cas communautaires.
Dakar, 22 août (APS) - Le Sénégal a recensé 161 nouvelles contaminations au nouveau coronavirus et quatre nouveaux décès liés à cette maladie au cours des dernières 24 heures, a annoncé samedi le directeur de la prévention, Dr El Hadj Mamadou Ndiaye.
Le taux de positivité s’élève à 10, 73 %, a indiqué le Dr Ndiaye selon qui 1.552 tests ont été effectués.
Les 161 nouveaux cas confirmés sont composés de 100 contacts suivis et de 61 autres issus de la transmission communautaire, a-t-il précisé en présentant le bilan quotidien de la pandémie.
Les cas contacts suivis sont ainsi repassés au-dessus de ceux dont on ignore la source de la transmission, mettant fin à une tendance marquée ces derniers jours par une prépondérance des cas communautaires.
Par ailleurs, le nombre de patients guéris a bondi, comparé à la veille, avec 168 nouvelles guérisons.
Cependant, 38 autres patients se trouvent toujours dans les services de réanimation.
Depuis l’apparition de la maladie, le 2 mars dernier, 12.850 cas confirmés ont été recensés au Sénégal. Sur ce nombre total de malades enregistré depuis le début, 8.333 ont été déclarés guéris, tandis que 266 autres sont décédés. Ainsi, 4.250 patients sont encore sous traitement.
Voici les communes ou quartiers ayant enregistré des cas communautaires : Ziguinchor (13), Saint-Louis (6), Bignona (3), Dakar-Plateau (3), Kaolack (3), Maristes (3), Ouakam (3), Sicap Baobab (2), Guédiawaye (2), Kolda (2), Liberté 6 (2), Sicap Amitié (1), Bambey (1), Bounkilling (1), Gibraltar (1), Gossas (1), Guinguinéo (1), Joal, (1) Kédougou(1) , Keur Ndiaye Lô (1), Mamelles (1), Mbao (1), Médina (1), Nioro (1), Parcelles Assainies (1) , Rufisque (1), Sacré-Cœur (1), Sicap Foire (1), Touba (1) et Vélingara (1).
Par Mamadou Bamba NDIAYE
UNIR LE MALI ET NON LE PUNIR
Certes, l’événement de mardi dernier mérite parfaitement le qualificatif de coup d’État militaire. Mais on peut aussi, à juste titre, l’appeler une révolution
Il convient de saluer la position assez modérée du Sénégal dans la question des sanctions de la Cedeao contre le Mali. Certes, l’événement de mardi dernier mérite parfaitement le qualificatif de coup d’État militaire. Mais on peut aussi, à juste titre, l’appeler une révolution. Une mobilisation populaire ponctuée par l’intervention des soldats qui prennent le pouvoir seuls ou en association avec des civils, c’est ce qu’on appelle une révolution sous tous les cieux.
Presque toutes les révolutions sont des coups d’État militaires mais l’inverse n’est pas vérifié. Par exemple, le renversement de la IVème République française par le général De Gaulle n’a rien eu d’une révolution populaire. Si le coup d’État militaire est condamnable au nom de la démocratie, la révolution, elle, est une manifestation directe de la volonté populaire.
Alors, inutile de se gargariser de mots. La révolution-coup d’État est le principal mécanisme permettant l’alternance au pouvoir dans l’histoire du Mali comme du Burkina voisin. Il en sera ainsi tant que l’objectivité et la crédibilité des processus électoraux ne seront pas assurées.
Dans ces conditions, au-delà même des sanctions à lever le plus tôt possible, la Cedeao ne devrait pas s’interdire au Mali ce qu’elle avait parrainé au Burkina au moment de la chute de Compaoré. Elle devrait laisser le président Ibk aller se reposer et accompagner une transition aussi courte et consensuelle que possible vers des élections transparentes et une nouvelle gouvernance du Mali. Aider le Mali plutôt que de punir son peuple.
Aujourd’hui, les citoyens ouest-africains attendent de leurs chefs d’État non pas une intervention armée favorisant des affrontements fratricides, mais plutôt une mutualisation des capacités politiques et militaires pour éradiquer le terrorisme et recouvrer notre souveraineté sécuritaire. Ils ne veulent pas non plus de querelles intestines reflétant la proximité plus ou moins grande avec telle ou telle puissance extra-africaine. Ils veulent la coopération et une stratégie commune avec tous les États voisins, y compris l’Algérie, le Maroc et la Mauritanie.
Quant au Mali et au Sénégal, le temps est peut-être venu d’oser tirer un bilan définitif de l’éphémère Fédération du Mali en vue de penser la refondation de notre patrie commune.
Mamadou Bamba NDIAYE
Ancien député
Secrétaire général du Mps/Selal
Par Fodé Sarr
FAIDHERBE, LE STATUT ET LA STATUE
La statue de Faidherbe fait partie des vestiges surannés d’une époque d’anomie et elle doit, au mieux, rester dans un musée - Sa présence dans l’espace public n’aide pas à apaiser notre mémoire
On ne peut pas enseigner aux jeunes les ignominies que Faidherbe a fait subir aux populations pendant la colonisation et, en même temps, ériger une statue qui magnifie ses services rendus aux Sénégalais. Les déclinaisons de nos historicités doivent être en cohérence avec nos enjeux imaginaires et pédagogiques. La statue de Faidherbe fait partie des vestiges surannés d’une époque d’anomie et elle doit, au mieux, rester dans un musée.
Le débat sur la problématisation des rapports souvent ambigus que certaines sociétés contemporaines entretiennent avec leur passé colonial est revenu avec une nouvelle acuité renforcée par la résurgence des mouvements antiracistes et les débats de souveraineté nationale. Même si ce débat n’est pas nouveau et est souvent remis dans l’actualité par la dictature de l’évènementiel, – ici le meurtre raciste de Georges Floyd aux États-Unis – il pose cependant des enjeux importants qui sont toujours d’actualité. De tels enjeux se déclinent dans la conservation ou non des vestiges historiques problématiques dans nos espaces publics. Comment appréhender ce passé et, au-delà de ce que l’historiographie a consigné dans les manuels, qu’est-ce que la mémoire doit conserver et transmettre ? Quelle place donner à la représentation de ces évènements dans les espaces publics ? Au Sénégal, les résidus de cette colonisation demeurent et nourrissent en ce moment un débat clivant sur la statue de Faidherbe à Saint-Louis et partant sur les enjeux de conservation et de transmission des séquences de ce passé.
Enjeux mémoriels
Les communautés humaines s’appliquent toujours à se forger une connaissance d’elles-mêmes par différents moyens. Cette démarche de représentation, cette saisie à la fois synchronique et diachronique de soi passe aussi par la mémoire qui permet de maintenir cette continuité de l’être en liant le passé au présent. La gestion du passé, des mémoires et des historicités est faite selon des modalités particulières propres aux peuples qui contrôlent la manière dont ils appréhendent et ordonnent le sens – dans son acception de direction et de signification – de leur rapport au passé. Ils construisent leur récit qu’ils peuvent décliner et prolonger dans le domaine de leur patrimoine culturel, toponymique et mémoriel dans un espace public en conformité avec leurs enjeux symboliques et imaginaires. Le récit mémoriel, individuel ou collectif, choisit les évènements qu’il veut retenir, il est en constante mutation et est toujours déterminé par le présent qui renouvelle son sens. Il s’inscrit dans un processus permanent de construction et de reconstruction des évènements passés dans une mise en récit modalisée, voire subjective. Ses représentations peuvent s’exprimer dans des formes symboliques – des statues et monuments érigés dans l’espace – à travers lesquelles elles se structurent, se définissent et se concrétisent.
Alors, dans une simple tentative de compréhension, on peut être confronté à un souci d’intelligibilité quand on essaie d’appréhender la présence de la statue de Faidherbe à Saint-Louis. Comme on peut aussi difficilement comprendre la position de celles et ceux qui pensent que se débarrasser de ces symboles résiduels insupportables de ces périodes de la colonisation efface l’histoire. Ce qu’on comprend en revanche est que l’histoire constitue une science et elle est faite par les historiens dont l’objet d’études reste le passé. Elle procède par des méthodes, des recherches et des investigations, elle se structure dans le temps long et n’arrête pas de s’écrire. La statue ne fait pas l’histoire et son déboulonnement ne réécrit pas l’histoire même si on comprend par ailleurs que, pour les historiens, le présent est toujours un vestige pour demain. L’ordonnancement scientifique et la mise en récit du passé ne se mesurent pas à l’aune des statues érigées ou non dans l’espace public. Alors, la question qu’on doit se poser est celle-ci : pourquoi devrait-on ériger une statue à l’honneur de Faidherbe ? Quel est le statut de Faidherbe dans notre récit mémoriel ?
Le statut
L’histoire crédite à Faidherbe une présence au Sénégal de 1854 à 1865 (avec quelques années d’absence) comme gouverneur ; il fait partie de l’histoire de ce pays, c’est indéniable ; il a aussi laissé une mémoire douloureuse – cela aussi est indéniable – que l’espace public ne peut pas continuer de pérenniser. Sans vouloir entrer dans le conflit entre l’histoire et la mémoire, il est important de souligner que la figure clivante de Faidherbe s’inscrit dans des historicités plurielles avec des lignes de fractures narratives importantes dont le point de rencontre, pour nous, demeure le l’origine de cette historicité : le Sénégal.
Le récit de valorisation de la figure de grandeur, de grand combattant qui a rendu des services à sa nation n’est pas celui des Sénégalais. Les prédicats d’exemplarité, de modèle, d’homme de culture qui a apporté aux peuples colonisés les bienfaits de la civilisation française, le digne représentant de la France en Afrique, décoré plusieurs fois à la Légion d’honneur par son pays, ne peuvent pas être nos énoncés malgré tout le bien que Senghor a dit sur Faidherbe.
Ce qui importe par ailleurs, c’est le récit mémoriel, le ressenti que nous avons de cette séquence temporelle, faite de violence, d’exploitation et de subordination. Sous nos cieux, la séquence narrative de sa présence est différente, voire dichotomique. Faidherbe était un gouverneur de la colonie, raciste et violent, qui n’a pas hésité à tuer des communautés, brûler des villages et exploiter économiquement le Sénégal pour les intérêts de la France. Sans vouloir revenir sur les crimes de ce dernier, parce que largement documentés par l’historiographie, dans ce récit, il a été un administrateur de la colonie, un assassin, un pyromane, un pilleur et un bourreau. Faidherbe n’est pas notre héros et il ne doit pas être célébré, encore moins être honoré par une statue. Sa présence dans l’espace public n’aide pas à apaiser cette mémoire. La place qu’il occupe dans notre mémoire collective ne peut pas et ne doit pas lui octroyer le statut de modèle référentiel. Il ne mérite pas une statue. Les déclinaisons toponymiques et patrimoniales de ce récit de soi doivent aussi donner une importance à la cohérence pédagogique.
La statue
Au-delà de sa présence décorative dans l’espace public, la statue a une charge symbolique et donc évocatrice. Quand on décide d’ériger une statue dans l’espace public, il y’a une signification qui y est investie. La statue postule une posture, un énoncé, un récit et son érection est toujours surdéterminée. Elle met en valeur, elle vise à visibiliser une figure, une idée, un fait ou un état d’esprit. Sa présence dans l’espace physique travaille la cristallisation des mémoires et la construction des imaginaires. La statue décline et prolonge des récits sur le passé et son érection doit être structurée dans une pédagogie cohérente surtout quand on sait que les lieux de mémoire reflètent la cohérence du récit de soi.
La statue permet l’actualisation de la figure de ces personnages pétrifiés dans le granite, le béton ou le cuivre en faisant de l’espace un lieu de mémoire qui donne un visage public à une figure historique. Par sa permanence dans l’espace public, elle peut être un outil mémoriel qui permet de conserver, raviver et garder les souvenirs qu’on veut pérennes. Elle peut avoir une fonction pédagogique dans la transmission d’une mémoire exemplaire.
Elle peut par ailleurs être contreproductive si elle est en conflit avec les récits mémoriels de la communauté d’autant plus qu’elle évoque des souvenirs douloureux. En l’occurrence, elle peut même brouiller la construction d’intelligibilité sur le passé. On ne peut pas enseigner aux jeunes les ignominies que Faidherbe a fait subir aux populations pendant la colonisation et, en même temps, ériger une statue qui magnifie ses services rendus aux Sénégalais. Quid de la cohérence pédagogique ?
La défense de la statue, drapée sous les oripeaux d’une ouverture à la pluralité narrative de Ndar, occulte tout l’enjeu symbolique et politique de ce problème. On ne peut pas célébrer quelqu’un qui était venu, dans la violence, coloniser, assujettir et exploiter. On ne peut pas ériger une statue de colon dans l’espace public si on sait tout ce que la colonisation a fait subir aux populations. Le métissage et le dialogue ne peuvent pas occulter les agissements meurtriers de cette personne qui n’était ni dans la pluralité ni dans la nuance. Cette statue est un vestige suranné d’une époque d’anomie et elle doit, au mieux, rester dans un musée. Sa présence dans l’espace public est fondamentalement malsaine et politiquement insupportable. La polyphonie s’accommode très mal de la mémoire douloureuse, rappelée violemment par cette figure en surplomb sur Ndar et sur d’autres narrations plus structurantes qu’elle étouffe.
Déboulonner la statue de Faidherbe, c’est donc confronter le passé dans ce qu’il a de répugnant en refusant de célébrer un sanguinaire aux antipodes de la co-humanité. Ce faisant, on tente aussi d’apaiser des mémoires douloureuses. En déboulonnant, on tente de déconstruire et de ruiner le surcroit d’idéologie colonialiste qui accompagne l’idée de son inscription dans l’espace public. Déboulonner la statue, c’est sortir des imaginaires ancillaires emprisonnés dans le miroir aliénant du regard de l’autre et construire par là même des espaces d’altérité décolonisés. Pour rester dans la métaphore de la pluralité narrative de Ndar, déboulonner, c’est aussi tenter d’ouvrir des voies pour entendre d’autres voix en promouvant des mémoires combattantes inscrites dans la fierté et la valorisation des héroïnes et héros qui se sont distingué.e.s dans la bravoure et le courage. On déboulonne pour sortir du délire de l’autre en refusant, comme le remarque Boubacar Boris Diop, de nous fasciner devant nos bourreaux. Déboulonner, c’est finalement s’inscrire dans une posture plus globale de décolonialité et de revendication d’une souveraineté nationale effective.
Par Louise Ouimet
QUE S’EST-IL PASSE AU MALI MARDI LE 18 AOUT 2020 ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Cela ressemblait à une mutinerie plus qu’à un coup d’état - Les militaires devraient s’entendre sur les critères de sélection d’un président qui assurerait une transition civile avec une feuille de route claire et ambitieuse
De hauts gradés de l’armée malienne ont quitté le camp militaire de Kati situé à 15 km de Bamako, la capitale du pays, pour se rendre à Bamako et ont arrêté le Président, le Premier ministre, ainsi que les ministres en exercice. Depuis quelques semaines, le gouvernement est composé d’un noyau limité de ministres fidèles au Président : Affaires étrangères, Sécurité, Défense, Administration territoriale, Justice et Finances. A première vue, cela ressemblait à une mutinerie plus qu’à un coup d’état bien orchestré.
Il faut souligner que l’armée malienne, les FAMas comme ils sont appelés, ont beaucoup à se plaindre du gouvernement. Déjà en 2012, le coup d’état avait pour origine des bas gradés de l’armée qui en avaient marre de ne pas être équipés pour affronter les terroristes au nord du pays. Depuis, de nombreux efforts ont été consentis, ils sont mieux formés, mais tous savent que des sommes importantes destinées à l’équipement militaire ont été détournées, alors que l’insécurité s’est complexifiée et la zone à couvrir significativement agrandie. La veille du coup, le Président a limogé le chef de la garde présidentielle – mais celui-ci n’apparaît pas aux côtés des putschistes.
Le président a donné sa démission tard en soirée, entraînant celle de son gouvernement et la dissolution de l’Assemblée nationale. Les élections législatives de mars-avril 2020 ont allumé la contestation populaire qui avait commencée lors de l’élection présidentielle en 2018 (deuxième mandat du Président Keita).
La population a acclamé les militaires. Le mouvement de contestation du M5, regroupement de partis politiques et de la société civile qui demandait un changement profond de gouvernance impliquant le départ du Président Keita, se dit prêt à travailler avec les militaires. L’Iman Dicko, autorité morale de la contestation, a déclaré qu’il pouvait désormais retourner prier dans sa mosquée.
La CEDEAO (Communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest) qui avait à ce jour échoué à réconcilier les positions du gouvernement et de la contestation du M5, s’est empressée de condamner avec vigueur ce coup d’état, réclamant la libération des prisonniers, imposant de fortes sanctions et fermant les frontières et tout transfert monétaire. Toute la communauté internationale, soit l’Union africaine, les Nations Unies, la France bien entendu, ainsi que le Canada ont condamné ce coup. Par contre, le Conseil de Sécurité des Nations Unies n’a pas réussi à émettre une condamnation formelle, empêchée par la Russie et la Chine.
II y a lieu de se questionner sur la position et le rôle de la communauté internationale. Ce coup aurait pu être évité si la CEDEAO ne s’était pas entêtée à maintenir le Président Keita au pouvoir, alors qu’en 2014 au Burkina Faso, Blaise Compaoré avait été pressé de démissionner. Pourquoi la CEDEAO se tait-elle sur les candidatures d’Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire et d’Alpha Condé à un troisième mandat qui leur est interdit par leur constitution ? Pourquoi la communauté internationale supporte-t-elle la candidate de l’opposition en Biélorussie au détriment du président qui a probablement fraudé les élections ? Mais en Afrique, les présidents mal élus sont toujours supportés.
Qu’ont dit les putschistes ? Dans une conférence de presse très tôt ce mercredi 19 août, ils ont demandé à toute la société civile et aux partis politique de les rejoindre afin de mettre en place rapidement un gouvernement de transition qui devra mettre fin à la corruption et donner au Mali la possibilité de mieux se gouverner. Le Colonel Assimi Goîta qui est le Président du Comité National pour le Salut du Peuple a rencontré les Secrétaires généraux des ministères pour leur demander de mettre le Mali au-dessus de tout et d’assurer la continuité de l’état.
Les prochains jours seront déterminants et riches en développements. Un coup d’état militaire est la plus mauvaise façon de changer de gouvernement et n’est pas acceptable. L’ex- Président et ses ministres doivent être libérés et traduits en justice lorsque justifié. Les militaires devraient s’entendre sur les critères de sélection d’un président qui assurerait une transition civile avec une feuille de route claire et ambitieuse pour restaurer l’état de droit, la sécurité et les services publics, et surtout éliminer la corruption. Des élections libres et transparentes devront être organisées à la fin de cette transition et ne devraient pas être précipitées.
Louise Ouimet est ancienne ambassadeure du Canada au Mali (2001-05) et au Burkina Faso (1995-97)