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4 juillet 2025
DUEL AU SOMMET POUR LA DIRECTION DU CESTI
Depuis le 31 juillet, date de clôture de la liste des candidats, la bataille de la direction du Cesti oppose Cousson Traoré Sall, directrice sortante à Mamadou Ndiaye, directeur des études. Focus sur les programmes des deux candidats
Ibrahima Ba et Mamadou Oumar Kamara |
Publication 07/08/2020
C’est un duel au sommet pour la direction du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti), la prestigieuse école sénégalaise, créée en 1965, qui forme des journalistes de plusieurs pays. Depuis le 31 juillet, date de clôture de la liste des candidats, la bataille de la direction du Cesti oppose Cousson Traoré Sall, directrice sortante à Mamadou Ndiaye, directeur des études de l’école de formation de journalistes. Dans cette opposition de visions, d’intérêts, nous vous proposons un focus sur les programmes des deux candidats.
Cousson Traoré Sall, candidate à sa propre succession
A la tête de la direction du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti) depuis 2017, Cousson Traoré Sall compte briguer un second mandat afin de poursuivre ses projets. Elle a dévoilé son programme pour les trois prochaines années.
La course pour la direction du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti) est lancée depuis le 14 juillet, date de la publication de l’appel à candidatures pour l’élection du Directeur de cette prestigieuse école de formation en Journalisme de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. A quelques jours de la clôture de la liste des candidats, fixée au 31 juillet 2020, la directrice sortante, Cousson Traoré Sall, a décidé de briguer un second mandat après avoir exercé un premier de 3 ans (2017-2020).
A l’heure du bilan, Mme Sall peut s’enorgueillir d’avoir été à l’origine de plusieurs réalisations. Parmi celles-ci, la mise en place d’un « meilleur cadre de travail avec l’électrification, sur fonds propres, du nouveau bâtiment du Cesti, conformément à la recommandation du Conseil d’établissement lors de sa dernière rencontre, et l’installation de climatiseurs, de tableaux et de vidéos projecteurs ». S’y ajoute la reprise « intégrale de l’étanchéité du bâtiment, aux mois d’août et septembre 2019 ». La directrice sortante dit également avoir dirigé les travaux d’aménagement d’un espace vert devant le nouveau bâtiment pour améliorer le cadre de vie de l’école. Sur le plan pédagogique, le Cesti s’est ouvert au monde extérieur en développant la formation continue avec le Fonds d’appui de l’État à la presse, en partenariat avec le ministère de la Communication, le Cdeps et le Synpics. « Le Cesti organise, sur demande, des sessions de formation « à la carte » destinées aux professionnels dans le domaine du journalisme mais aussi de la communication. « Le Cesti a réussi à terminer la formation d’une centaine de journalistes béninois à Cotonou, après une pause de quatre ans », explique Mme Sall dans un document de présentation de bilan et de perspectives. Outre cela, de « nouveaux modules ont été introduits dans la formation des journalistes pour répondre aux exigences et aux spécificités de l’environnement médiatique».
Perspectives
Les activités pédagogiques avec l’Ong Oxfam America, la formation en « journalisme de solution » avec l’Organisation internationale pour les migrations (Oim) font partie des acquis de l’établissement ces dernières années. Une fois réélue pour un second mandat à la direction du Cesti, Cousson Sall Traoré compte poursuivre cette dynamique axée sur la politique de création de nouvelles filières professionnelles et de modernisation des équipements pédagogiques. Elle propose la mise en place de Licences professionnelles en journalisme scientifique, en journalisme culturel ou en journalisme de sport ; mais aussi en multimédia qui prendra en charge le web journalisme enseigné au Cesti depuis 2007, en journalisme mobile ou en journalisme de bases de données (database journalism).
Dans son programme, cette enseignante au Cesti depuis décembre 2000 compte aussi travailler à l’introduction des langues nationales dans la formation, en partenariat avec la Direction de l’alphabétisation et des langues nationales, de l’enseignement à distance, à la sauvegarde des archives de l’école à travers sa numérisation, au renforcement des partenariats stratégiques…
Mamadou Ndiaye, le challenger féru de changement
Le 17 juillet 2020, Mamadou Ndiaye a rendu officielle sa candidature à la direction du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti). Dans son programme intitulé «Une nouvelle dynamique pour faire gagner le Cesti», il ambitionne de redorer l’image d’excellence de l’école et d’épouser les exigences des mutations actuelles.
Mamadou Ndiaye, directeur des études du Cesti depuis 2017, brigue la direction de l’école de journalisme de l’Ucad, occupée depuis cette date par Cousson Traoré Sall. Cette dernière s’est aussi déclarée pour un second mandat, à la suite de son challenger. « Face aux conflits récurrents qui secouent notre institut depuis 2 ans, j’ai pensé modestement pouvoir servir de recours pour rassembler la famille du Cesti. Il faut tous les segments et les diplômés pour faire face aux défis liés à un environnement concurrentiel et aux nouveaux enjeux de la formation des journalistes, consécutifs aux transformations disruptives occasionnées par les technologies. Il nous faut donc nous rassembler et élargir le cercle de réflexion. Ce qui nous a manqué ces trois dernières années», explique M. Ndiaye, qui place «la concertation et la négociation» au cœur de son projet.
Dans son programme pédagogique, il a l’ambition de matérialiser les projets de la Licence professionnelle en production audiovisuelle et de celle en communication, du Master en journalisme économique et de celui en journalisme de sport. Il a aussi le projet de création de Masters en journalisme numérique et en journalisme culturel. Il est aussi question de mettre en place la formation à distance. Mamadou Ndiaye estime que le Cesti peut s’inspirer du contrat de performance de l’Ucad et des recommandations de la Concertation nationale sur l’avenir de l’enseignement supérieur, en plus de l’expérience de sa participation à la Télévision numérique des Savoirs-Afrique (Tns-A).
Interdisciplinarité et collaborations
Le docteur en Sciences de l’information et de la communication envisage, en plus des relations du Cesti avec les entreprises de presse, l’ouverture au secteur privé et aux organisations de la société civile. Cette démarche vise notamment l’insertion professionnelle des étudiants dans la vie active et la mise œuvre de son programme de formation. Comme premier jalon dans ce sentier, Mamadou Ndiaye prévoit de s’appuyer sur un « Service de la stratégie et des relations avec les entreprises » dont les missions sont de développer des partenariats avec le secteur productif et d’élaborer un travail de veille sur les besoins et attentes des entreprises. Le second jalon consistera à accompagner les étudiants souhaitant devenir auto-entrepreneurs ou travailleurs indépendants à travers des formations et orientations spécifiques.
Pour la recherche, le candidat Mamadou Ndiaye compte relancer les publications « qui font la vitrine du Cesti ». La mobilité des enseignants et des étudiants sera effective dans le cadre de conventions avec des écoles membres du Réseau mondial francophone des centres de formation et écoles en journalisme, en plus du renforcement de la documentation et l’accès aux dernières publications et aux productions scientifiques payables en ligne. M. Ndiaye prévoit également la création d’un cadre de loisirs et de restauration ainsi que le renouvellement du parc informatique et des outils de production. Il augure, par ailleurs, l’instauration de nouvelles pratiques, « telle la tenue annuelle d’une conférence budgétaire à l’interne pour évaluer les besoins de tous les services ».
RETOUR DES MALADES À L'HÔPITAL
Nous sommes loin des premières semaines de la pandémie, quand les directeurs d’hôpitaux pleuraient une baisse drastique des recettes, faute de patients
Après la psychose des premières semaines de la pandémie, les malades chroniques, avec la levée des restrictions liées à l’état d’urgence, ont repris le chemin des hôpitaux. Mais le tribut risque d’être lourd pour certains patients, surtout les cancéreux.
L’affluence reprend. Les hôpitaux débordent. Hier, à l’hôpital Aristide Le Dantec, c’était le rush. D’après les patients rencontrés, il en est ainsi depuis le mois de juillet. Nous sommes loin des premières semaines de la pandémie, quand les directeurs d’hôpitaux pleuraient une baisse drastique des recettes, faute de patients.
Chez les cancéreux, c’est la croix et la bannière pour décrocher un rendez-vous. ‘’Il faut attendre 3 à 4 mois’’, renseigne cet accompagnant, rencontré juste à la sortie de l’hôpital. Son dernier rendez-vous, relève-t-il, remonte au mois d’avril. ‘’Je suis venu avec ma mère. Nous, nous n’avons jamais déserté l’hôpital. On a toujours honoré les rendez-vous. La dernière fois, il y avait moins de monde. Mais actuellement, j’ai constaté qu’il y a, à nouveau, de l’affluence dans presque tous les services’’.
A l’intérieur, sur l’aile est de cette mythique structure hospitalière, se trouve l’Unité de cardiologie interventionnelle. Ici, il règne un calme de cimetière. Malgré l’anxiété ambiante, les patients gardent leur sérénité. Chemise blanche sur un pantalon noir, Mouhamed raconte sa chance : ‘’J’ai pu avoir un rendez-vous grâce à ma sœur qui a des connaissances dans le service. Sans cela, on m’avait dit qu’il fallait attendre des jours pour voir un médecin. Là, j’attends ma mère qui est à l’intérieur. Nous sommes là depuis 9 h.’’
L’horloge affiche 14 h passées de quelques minutes. Henriette, la trentaine, teint noir, vient de sortir de son face-à-face avec le médecin. Hospitalisée à quelques jours de la Tabaski, elle est revenue pour honorer un rendez-vous. Elle témoigne : ‘’Je suis venue depuis ce matin. Il y avait du monde. Je me sens beaucoup mieux maintenant. Avant la Tabaski, j’ai beaucoup souffert. J’ai même été hospitalisée. Mais il y a ici un personnel très compétent qui s’est bien occupé de moi. Maintenant, ça va beaucoup mieux.’’
Derrière, elle laisse une vingtaine de personnes. Pendant que les uns attendent leurs malades, les autres guettent impatiemment leur tour pour se faire consulter. Dehors, le ballet des visiteurs et des ambulances se poursuit. A quelques mètres du bâtiment estampillé ‘’Néphrologie, dialyse et transplantation rénale’’, un véhicule médicalisé vient de se garer. Deux hommes en combinaison, lunettes et gants bien en place, font sortir avec minutie de l’ambulance une malade. Tout porte à croire qu’il s’agit d’une personne atteinte de Covid-19. La bonne dame, la cinquantaine révolue, a l’air stoïque sur sa chaise roulante. La scène se déroule sous le regard inquisiteur des visiteurs.
En face, sous un grand arbre, sont massés quelques visiteurs. Amadou Diallo attend son épouse qui vient tout juste d’accoucher. A l’instar d’Henriette, il n’a pas du tout constaté une baisse de l’affluence. Bien au contraire. ‘’En tout cas, à la maternité, tout se passe normalement. Je constate aussi qu’il y a du monde dans les autres services. Aussi, le corps médical s’occupe bien des patients. Vraiment, on ne sent pas trop de différence’’, souligne le résident du village lébou de Ouakam.
Les cancéreux paient le lourd tribut
Juste à côté, c’est le service Néphrologie. Assis tranquillement sur les bancs, à l’intérieur de ce qui fait office de salle d’attente, Amadou Ba attend les résultats de ses analyses. Agé d’une quarantaine d’années, vêtu d’une chemise à rayures assortie d’un pantalon sombre, il revient sur sa dure journée. ‘’Je suis arrivé ici vers les coups de 8 h. J’ai déjà effectué mes analyses. Là, j’attends les résultats. C’est vrai que l’attente est longue, mais je pense que j’en ai plus pour longtemps. Les rendez-vous, parfois c’est deux mois, parfois trois’’. En ces temps de pandémie, lui ne voit pas de difficultés particulières. ‘’C'est vrai qu’à un moment, il y a eu des réticences. Les gens avaient peur. Aussi, les déplacements étaient difficiles. Mais les gens reviennent. Peut-être qu’ils ont compris que leur maladie est bien plus grave que le coronavirus’’, dit-il souriant. Avant d’enchainer : ‘’Si on ne vient pas, notre état empire. Il n’y a donc pas de raison de ne pas honorer les rendez-vous. La prise en charge se passe bien dans l’ensemble. On n’a pas de problème particulier.’’
A l’hôpital Abass Ndao, le constat est identique. A en croire le docteur Arona Diop, les activités ont repris leur cours normal. ‘’Aux premières heures de la pandémie, l’hôpital avait pris la décision de suspendre les consultations dans certains services comme l’ophtalmo. Parce qu’on ne maitrisait pas tous les paramètres. Mais après quelque temps, nous avons décidé de lever ces mesures. Après la levée, certains malades eux-mêmes évitaient de fréquenter l’hôpital. Je sais que la comptabilité avait déploré une chute vertigineuse des recettes. Mais là, les choses reviennent, peu à peu, à la normale’’.
Cela dit, ces semaines, voire ces mois restés sans prendre en charge les malades chroniques n’ont pas été sans dégâts. Surtout chez les cancéreux où les conséquences peuvent être dévastatrices. Par exemple, une source médicale est revenue sur le cas de cette patiente qui vient d’un pays de la sous-région. ‘’Elle avait fini sa chimiothérapie au mois d’avril. Normalement, elle devait être opérée au mois de mai. Avec la fermeture des frontières, elle ne pouvait venir. En quatre mois, sa tumeur s’est développée. Et là, les médecins sont obligés de lui couper son sein’’.
Au service Urologie de l’hôpital Le Dantec, le chef de service confie qu’il y a une affluence quasi normale. ‘’On a à peu près le même nombre de malades qu’avant. Maintenant, il faut gérer les files d’attente pour la chirurgie, parce que pendant longtemps, les gens ne venaient pas. Ce qui fait qu’on se retrouve avec de longues files d’attente’’.
Pour ce qui est des effets secondaires, il estime qu’ils sont pour l’essentiel bénins. ‘’Il faut savoir que l’attente n’est jamais bonne pour une maladie chronique, surtout pour une maladie aiguë. Mais les risques sont surtout chez les personnes atteintes de cancer. Pour les diabétiques et chez nous, on a des effets secondaires mineurs comme les infections, par exemple’’, renseigne le Dr Ndoye.
CONCILIER TRAVAIL ET ALLAITEMENT, UNE GAGEURE POUR LES MÈRES AU SÉNÉGAL
Avec l’avancée de l’emploi des femmes, la pratique de l’allaitement maternel exclusif a tendance à diminuer, surtout en milieu urbain
Le Monde Afrique |
Théa Ollivier |
Publication 07/08/2020
Ventre arrondi sous sa longue robe verte, Aïssatou, 24 ans, entre dans la salle de consultation gynécologique du poste de santé de Grand Médine, un quartier populaire de Dakar. Les vérifications de routine effectuées, Ramatoulaye Diouf Samb, la sage-femme principale, demande à la jeune mère si elle a entendu parler de l’allaitement maternel exclusif, sans eau, durant les six premiers mois du nourrisson. « Je l’ai pratiqué avec mon premier enfant car je l’emmenais sur mon lieu de travail. Il est maintenant en très bonne santé. J’espère pouvoir faire de même avec mon second, si mon employeur actuel me le permet », répond Aïssatou, qui travaille comme domestique.
Au Sénégal, où six enfants sur dix souffrent d’anémie et où un tiers des décès néonataux sont liés à une sous-alimentation, 99 % des femmes allaitent leurs bébés, mais seulement 42 % sans ajout d’eau, comme le recommande l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Responsable de la division nutrition et alimentation du ministère de la santé, la docteure Maty Diagne Camara se bat pour changer les pratiques et rappelle combien « l’allaitement maternel exclusif assure un bon départ de croissance de l’enfant ».
Les bienfaits du lait maternel sont multiples pour la mère, qui expulse rapidement le placenta, jouit d’une contraception naturelle pendant six mois et voit se réduire les risques de cancer de l’utérus. Pour l’enfant, ce lait contient des nutriments faciles à digérer et l’aide à lutter contre les maladies infectieuses et respiratoires. Mais si ce discours passe bien, il se heurte aux modes de vie. « Avec l’avancée de l’emploi des femmes, la pratique de l’allaitement maternel exclusif a tendance à diminuer, surtout en milieu urbain », note Maty Diagne Camara.
L’eau fragilise le système intestinal
Dans son poste de santé de Grand Médine, vêtue de sa blouse rose à rayures et masque sur le nez, Ramatoulaye Diouf Samb tente de sensibiliser un maximum de mères. « J’ai eu un déclic en voyant une grand-mère donner de la bouillie à un bébé de 2 mois pendant que la maman était au travail », se souvient avec dépit la sage-femme, qui rappelle que donner de l’eau ou de la bouillie fragilise le système intestinal du nourrisson.
LE MINISTRE DE L’INTÉRIEUR ANNONCE DE NOUVELLES MESURES
Le ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye a annoncé vendredi, avec effet immédiat, l’obligation du port de masque et l’interdiction des rassemblements et manifestations dans les lieux recevant du public notamment dans la région de Dakar
akar, 7 août (APS) - Le ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye a annoncé vendredi, avec effet immédiat, l’obligation du port de masque et l’interdiction des rassemblements et manifestations dans les lieux recevant du public notamment dans la région de Dakar, qui enregistre à elle seule quelque 8.085 personnes infectées à la COVID-19.
S’exprimant lors d’une conférence de presse, le ministre de l’Intérieur a déclaré que ’’les récalcitrants à ces nouvelles mesures encourent des sanctions allant d’une amende pécuniaire à une peine d’emprisonnement ferme d’un mois tel que prévu par le Code des contraventions.’’
’’Ces sanctions seront soumises à l’appréciation de l’agent verbalisateur’’, a-t-il indiqué.
Le ministre de l’Intérieur a par contre écarté l’idée d’un nouveau confinement, précisant que ’’ces nouvelles mesures issues du dernier Conseil des ministres et du Conseil présidentiel sur la riposte de la Covid-19, vont s’étaler sur un mois dans un premier temps avant de faire l’objet d’une évaluation.’’
Parlant des lieux d’application de ces mesures, il a cité ’’les plages, les terrains de jeux, les salles de spectacles, les lieux de commerce et de travail, mais aussi les cérémonies familiales qui débordent sur la voie publique.’’
Après Dakar qui comptee la grande majorité des contaminations, il a également noté que ’’le virus se propage largement dans les régions de Thiès, Diourbel et Ziguinchor". Ces trois régions et la capitale "enregistrent plus de 95% de cas sur les 10.175 que compte le Sénégal à la date du 5 août.’’
Il a déploré le relâchement noté dans l’observance des mesures barrières (port du masque, lavage des mains, distanciation physique) depuis la levée des restrictions mises en place pour lutter contre la maladie, avant d’inviter les jeunes à une prise de conscience sur cette question.
Selon lui, ’’sur 213 décès, seulement 10 ont été notés dans la tranche des moins de 40 ans", ce qui selon lui montre que ’’les jeunes par moments asymptomatiques, constituent des vecteurs de transmission de la maladie auprès des personnes vulnérables qui en meurent.’’
Le ministre de l’Intérieur estime donc que sur ces statistiques, ’’(…) la désinvolture et l’irresponsabilité sont à bannir, car dangereuses pour soi et les autres’’.
AUDIO
L'AFRIQUE DE L'OUEST EST DANS UNE TRÈS MAUVAISE POSTURE
Course au troisième mandat, réforme de l'Eco-Fcfa, crise sécuritaire, contexte de pandémie et ses corollaires... L'analyste politique René Lake, dit toute son inquiétude et interroge le rapport au pouvoir des élites africaines, au micro de Sud FM
C'est un René Lake profondément inquiet qui s'est exprimé sur les antennes de Sud Fm ce vendredi. Pour l'analyste politique, la course au troisième mandat engagée en Côte d'Ivoire et très probablement en Guinée, est un mauvais présage pour la sous-région ouest-africaine. Il en veut pour preuve, les nombreux défis : sanitaire, sécuritaire et économique, à relever dans un contexte de pandémie du coronavirus et de la lutte contre le djihadisme.
"Les systèmes politiques et la société ne sont pas favorables au jeu démocratique. Il faut poser la question du rapport au pouvoir d'une certaine élite", regrette René Lake, qui évoque par ailleurs, la réforme du Fcfa dont la France ne semble pas vouloir s'écarter.
PLAIDOYER POUR UNE BONNE GOUVERNANCE ÉCOLOGIQUE
Le directeur de Enda énergie, Sécou Sarr, a plaidé, vendredi, la promotion d’une bonne gouvernance écologique pour régler davantage les questions liées à l’environnement et l’éco-citoyenneté.
Saly-Portudal (Mbour), 7 août (APS) – Le directeur de Enda énergie, Sécou Sarr, a plaidé, vendredi, la promotion d’une bonne gouvernance écologique pour régler davantage les questions liées à l’environnement et l’éco-citoyenneté.
"On ne peut pas arriver à une bonne gouvernance écologique si on ne traite pas la question de citoyenneté qui constitue le pilier des transformations qu’on met en perspectives’’, a-t-il notamment dit.
M. Sarr s’exprimait au démarrage d’une formation sur l’environnement et la citoyenneté au profit de journalistes et autres communicateurs basés dans le département de Mbour, à l’initiative de Enda-énergie
"L’éco-citoyenneté est pour nous un aspect fondamental, et qu’il faut aller aujourd’hui vers un changement de comportement pour le mieux-vivre ensemble et pour améliorer l’emprunt écologique de chaque citoyen", a-t-il ajouté.
Selon lui, il y a déjà six ans, en partenariat avec le gouvernement du Sénégal, Enda-énergie a lancé le processus pour la mise en place de l’Entente intercommunale de la Petite-Côte.
Ce projet, a expliqué Sécou Sarr, "a permis à cinq communes du département de Mbour de s’entendre dans le cadre d’une intercommunalité autour de deux questions transversales : l’érosion côtière dont le changement climatique et la gestion durable des déchets".
UN CHIFFRE RECORD DE 82 CAS COMMUNAUTAIRES ANNONCÉ
Le Sénégal a enregistré vendredi 172 nouveaux cas de coronavirus dont 82 issus de la transmission communautaire, alors que de nouvelles annonces sont attendues dans la lutte contre la pandémie.
Dakar, 7 août (APS) - Le Sénégal a enregistré vendredi 172 nouveaux cas de coronavirus dont 82 issus de la transmission communautaire, alors que de nouvelles annonces sont attendues dans la lutte contre la pandémie.
Ces nouvelles infections ont été détectées sur un échantillon de 1711 tests réalisés au cours des dernières 24h, soit un taux de positivité de 10, 05%, a précisé le directeur de la Prévention au ministère de la Santé, docteur El Hadj Mamadou Ndiaye.
Faisant le point sur la situation du jour, Dr Ndiaye a signalé que parmi les personnes infectées figurent 90 cas contacts suivis par les services sanitaires et 82 autres issus de la transmission communautaire, des contaminations à la source inconnue.
El Hadj Mamadou Ndiaye a annoncé que 2 nouveaux décès liés à la Covid-19 ont été enregistrés jeudi, tandis que 39 cas graves sont pris en charge dans les services de réanimation.
Il a annoncé que 85 patients ont été contrôlés négatifs et déclarés guéris. L’état de santé des autres patients est stable.
A la date d’aujourd’hui, le Sénégal comptabilise 10 887 cas de covid-19 dont 7186 guéris, 225 décès et 3475 patients sous traitement, selon le ministère de la Santé et de l’Action sociale.
OUATTARA JOUE SA CRÉDIBILITÉ
Il espérait laisser à la postérité l'image d'un économiste bâtisseur qui avait pacifié la Côte d'Ivoire après une longue crise meurtrière : sa candidature à un troisième mandat contesté par l'opposition risque fort de ternir son image
Alors qu'il avait clairement laissé entendre depuis plusieurs années qu'il ne ferait pas de troisième mandat, et qu'il avait publiquement passé la main à son Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, représentant à 61 ans la "nouvelle génération" selon lui, M. Ouattara, 78 ans, a finalement "reconsidéré sa position" après le décès subit de ce dernier, invoquant un "cas de force majeure".
Pour le politologue ivoirien Jean Alabro, "Ouattara livre le combat de trop.Le passage en force sur la Constitution, sur les conditions du scrutin ne présage rien de bon".
Pour justifier sa décision de se représenter, le chef de l'Etat a avancé un argument souvent répété par le parti au pouvoir, invoquant "le risque que tous nos acquis (depuis 2011) soient compromis", "le risque que notre pays recule dans bien des domaines".
Car il se targue d'avoir redressé la Côte d'Ivoire, meurtrie par une décennie de crise dans les années 2000, et qui a connu sous ses deux mandats une croissance économique record, saluée par la communauté internationale.
"Pendant mes neuf années de gestion, nous avons placé la Côte d'Ivoire sur une trajectoire irréversible de développement, Nous avons pacifié le pays, ramené la paix et la sécurité sur l'ensemble du territoire", a-t-il souligné dans son discours jeudi, vantant l'économie ivoirienne comme "l'une des plus dynamiques au monde".
Selon lui, "quatre millions d'Ivoiriens sont sortis de la pauvreté" entre 2011 et 2018.
Mais ses détracteurs critiquent un "technocrate international sans âme", sans volonté sociale et ayant instrumentalisé la justice contre ses opposants, échouant à réussir la "réconciliation" après la crise des années 2000.
L'opposant Pascal Affi N'Guessan, candidat à la présidentielle d'octobre, a récemment dénoncé une "croissance appauvrissante" de l'économie ivoirienne engendrée par M. Ouattara, pour souligner son manque de portée sociale.
- alliés devenus opposants -
En 2011, le président Laurent Gbagbo ayant refusé de reconnaître sa défaite dans les urnes, Alassane Ouattara était arrivé au pouvoir par les armes, grâce au soutien de l'armée française, ancienne puissance coloniale, et de la rébellion du Nord.
Il avait hérité d'un pays scindé en deux depuis 2002, aux tensions intercommunautaires à fleur de peau, à l'économie minée par les violences et les sanctions internationales.
Né le 1er janvier 1942 à Dimbokro (centre), Alassane Ouattara a accompli la majorité de sa scolarité au Burkina Faso voisin.
Issu du nord du pays majoritairement musulman, il a longtemps été le symbole de la crise identitaire qui a déchiré la Côte d'Ivoire.
Marié à une Française, il entre en 1968 au FMI et devient en 1983 vice-gouverneur de la BCEAO, dont il sera plus tard gouverneur.
En 1990, il est nommé Premier ministre par le président Félix Houphouët-Boigny, fonction qu'il exerce jusqu'à la mort du "Vieux" en 1993.
Redoutant ses ambitions, le camp du nouveau président Henri Konan Bédié tente de prouver l'inéligibilité de Ouattara, accusé d'être d'origine burkinabè.Commence ainsi un débat empoisonné sur l'"ivoirité", un concept nationaliste qui a participé à la montée des tensions communautaires.
Lors de la présidentielle de 2000, la candidature de Ouattara est ainsi rejetée pour "nationalité douteuse".Après un putsch manqué en 2002, la partition de la Côte d'Ivoire s'impose avec un sud tenu par le camp du président Laurent Gbagbo et un nord rebelle pro-Ouattara.
Sous la pression internationale, Laurent Gbagbo valide en 2005 la candidature Ouattara à la présidentielle, scrutin reporté jusqu'en novembre 2010 et suivi d'une crise qui fera plus de 3.000 morts.
Une offensive finale permet à "ADO" d'accéder au pouvoir le 11 avril 2011. Sa réélection triomphale en 2015 - plus de 83% des voix au premier tour - met fin à l'incessant débat sur sa légitimité.
Pour briguer son troisième mandat, M. Ouattara ne pourra compter que sur son parti, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP).
Ses ex-alliés, le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) d'Henri Konan Bédié, et l'Union pour la démocratie et la paix en Côte d'Ivoire (UDPCI) de l'ancien ministre Abdallah Albert Mabri Toikeusse, militent désormais dans l'opposition, et leurs deux leaders vont affronter M. Ouattara à l'élection le 31 octobre prochain.
par Amadou Tidiane Wone
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EXCLUSIF SENEPLUS - Des pistes de recherche auraient pu servir à préparer l’après Covid et à anticiper une éventuelle résurgence de la maladie. Au lieu de s’égarer dans des sujets bateau tels que la dette, Macky aurait fait œuvre utile pour le Sénégal
Gouverner ou régner ? Sous nos tropiques, la question ne se pose même pas ! Nos « chefs » d’Etats, même élus pour un mandat limité dans le temps, accèdent au pouvoir pour le garder. Par des tours de passe-passe de moins en moins inspirés, ils tordent le cou à la Constitution, modifient le code électoral, embastillent les opposants les plus en vue et mettent en route le rouleau compresseur de la corruption pour aplanir toutes les aspérités sur leur chemin peu glorieux. Cela tient, mais en partie seulement, d’un héritage culturel de notre passé ante-colonial. Mais il s’y ajoute que, la plupart des dirigeants africains depuis les indépendances ont une fâcheuse tendance à la jouissance du pouvoir plutôt qu’à servir les populations. Ils confondent allègrement le bien commun à leur patrimoine personnel. Ils estiment ne pas devoir rendre des comptes et vivent comme si tout leur était dû. Et c’est, essentiellement pour se garantir une impunité et protéger leurs arrières qu’ils s’accrochent désespérément au pouvoir pour ne pas finir pendus. Cette anomalie…qui se normalise ( !) est l’un des disfonctionnement majeur de nos institutions héritées de la colonisation. Théoriquement « Républiques » et « démocratiques » la plupart des États africains sont des monstres institutionnels, défigurés au gré des caprices des gouvernants du moment. Avec pour seule préoccupation la conservation à tout prix du pouvoir envers et contre tous. Cela explique que la plupart des gouvernants ne nourrissent pas de rêves grandioses pour leurs peuples. Ils se contentent, tout au plus, d’administrer la misère et de surveiller les bons points des agences de notation internationales qui les manipulent au gré des intérêts géopolitiques et économiques de leurs tuteurs occidentaux. Conséquence, même lorsque l’Afrique a des raisons de relever la tête, la paresse intellectuelle des dirigeants ne lui trouve pas les stimuli pour un nouveau départ, les leviers pour un nouvel essor. A cet égard, un seul exemple : la pandémie du Covid-19, contre toute attente, semble donner à l’Afrique, jusqu’ici, le beau rôle : alors même que des superpuissances et des grandes puissances sont à genoux, leurs systèmes de santé chahuté, leurs populations stressées, leurs économies exsangues, les pays africains semblent contenir l’expansion de la maladie. Miracle ? Forces surnaturelles ou prédispositions physiques ? Ou, tout simplement retard au démarrage ! Les dirigeants africains ne se posent pas les bonnes questions et, hélas, développent même une forme d’insouciance qui ne les met pas à l’abri d’un retour de bâton sévère.
Le sujet ici est le suivant : quelle initiative rationnelle et scientifique a été prise pour chercher à comprendre les causes réelles qui pourraient expliquer que l’Afrique ne soit pas devenu un cimetière à ciel ouvert, en dépit du dénuement voire de l’inexistence de son système de santé ? Malgré les conditions de vie désastreuses de ses populations et la porosité de ses frontières ouvertes à tous les vents ?
Voilà bien un momentum qu’aurait pu saisir le président du Sénégal, par exemple, pour réunir à Dakar une centaine de chercheurs et de spécialistes réputés à travers le monde, pour analyser, confronter les expériences, et élaborer une stratégie d’identification et de valorisation des avantages comparatifs qui nous auront protégés de la pandémie. Devons-nous cette résilience à notre environnement, à notre ADN, à nos aliments ? Des pistes passionnantes de recherche auraient pu servir à préparer l’après Covid et à anticiper sur une éventuelle résurgence de la maladie. Au lieu de s’égarer dans des sujets bateau tels que la dette africaine, le président Macky Sall aurait fait œuvre utile pour le Sénégal, l’Afrique et le monde. Il aurait permis à la science d’avancer d’un cran. Gouverner ne se réduit pas à distribuer des sacs de riz ! L’esprit et les intelligences ont aussi besoin de nourriture. En l’occurrence, l’occasion est belle et à saisir pour remotiver nos chercheurs et nos praticiens et redonner la parole à une Afrique du Savoir et de la Science.
Au demeurant, des équipes pluridisciplinaires de psychologues, d’anthropologues, de sociologues et de psychiatres devraient commencer à s’interroger sur les conséquences que ne manqueront pas d’avoir, sur notre manière de vivre ensemble, toutes les « mesures barrières » qui remettent en cause la vie à l’africaine ! Nos nombreuses cérémonies familiales et la promiscuité qui semblait en être le levain. Le Covid aura remis en question tout cela. En plus du port obligatoire du masque qui ajoute à la distanciation, il y a la peur panique de la maladie entretenue par l’OMS et les médias mainstream. Nos populations développent, de plus en plus, une forme de méfiance entre voisins qui mine profondément les fondements séculaires de nos nations. Ces mutations, qui touchent en profondeur nos manières d’être et de vivre ensemble, auront des conséquences sur notre tissu social. Il faut les anticiper, les analyser et se donner les moyens de canaliser les énergies négatives qui pourraient en découler. Gouverner, c’est prévoir...
Malheureusement, et faute de leadership inspiré, nos pays se contentent de subir les événements. Aucune stratégie communautaire de prise en charge de ces problématiques ne semble à l’ordre du jour. Par ailleurs, le « fighting spirit » indispensable pour l’identification et l’atteinte d’objectifs supérieurs n’est pas insufflé dans notre système éducatif. Le sauve qui peut est la règle. A tout prix. Changer de vie, changer sa vie et celle de ses semblables doivent devenir les moteurs de la jeunesse, les baromètres de l’excellence. Valoriser le volontariat et les travaux d’utilité publique doit donner un sens au don de soi et à l’engagement communautaire.
Aux aînés de se demander si, sur ces chantiers, les devoirs ont été rendus. Il n’est jamais trop tard pour bien faire !
Par Moubarack LO et Amaye SY
L’EMERGENCE DU SENEGAL A L’EPREUVE DE LA COVID-19, QUELS SCENARII POUR 2023 ?
La pandémie Covid-19 provoque tout à la fois un choc sanitaire terrible et une crise économique mondiale.
La pandémie Covid-19 provoque tout à la fois un choc sanitaire terrible et une crise économique mondiale. Selon le FMI, l'économie mondiale connaîtrait, en 2020, «sa pire récession depuis la Grande Dépression », dépassant celle de la crise financière mondiale de 2008-2009. Pour sa part, l’Afrique subsaharienne a enregistré au cours des 3 mois se terminant en mai 2020, un niveau de contraction de l’activité économique jamais connu.
Dans l’UEMOA, selon les estimations, la croissance économique de l’Union devrait chuter de près de la moitié pour l’année 2020. Le Sénégal subit lourdement les conséquences économiques et sanitaires de la pandémie Covid-19. Avec 10.715 cas confirmés enregistrés au 6 août 2020, les infections continuent d’augmenter jour après jour, à un rythme qui ne faiblit pas (triplement en deux mois), de même que le taux de décès qui a quasiment doublé entre le 1er juin et le 6 août 2020, passant de 1,1% à 2,08%. Et, aujourd’hui, l’incertitude est le mot qui convient le mieux pour décrire l’évolution future de la Covid-19 dans le monde en général, et au Sénégal en particulier.
Sur le plan économique, les premiers indicateurs disponibles pointent vers un fort ralentissement de l’économie sénégalaise. Pour l’année 2020, le taux de croissance du PIB projeté par le Gouvernement est fortement revu à la baisse (à 1,1%, contre 6,8% précédemment), tout en le maintenant positif, grâce aux effets attendus du Plan de résilience économique et sociale (PRES) et du Plan de relance économique qui doit être publié dans les prochains jours. Il n’empêche qu’à moyen terme, de grosses inquiétudes pèsent sur la mise en œuvre réussie de la seconde phase du PSE (2019- 2023). A cet effet, le Bureau de Prospective Economique (BPE) a effectué un travail exploratoire permettant de dessiner des scenarii d’évolutions possibles de la trajectoire d’émergence du Sénégal à horizon 2023, en identifiant les facteurs de succès associés à la dynamique la plus favorable.
De fait, cette trajectoire est tout aussi incertaine que l’est l’évolution de la situation sanitaire. Au demeurant, le diagnostic du Sénégal sur la base de la théorie et des indices d’émergence établis par Moubarack LO (Harmattan 2017) révèle qu’en 2018, le pays réalise une performance relativement satisfaisante dans l’indice synthétique d’émergence économique (ISEME) et se hisse pour la première fois dans la catégorie des pays dits « pré émergeants ».
Toutefois, la dynamique future sera tributaire du scénario sanitaire et des choix de comportement des acteurs nationaux : Etat, Secteur privé et ménages. L’analyse des comportements possibles de ces trois acteurs selon le scénario sanitaire a permis de définir des hypothèses économiques prospectives desquelles découlent trois scénarii d’émergence.
Dans Scénario 1 (« Le PSE est remis sur les rails »), le contexte sanitaire est celui du scénario vert de fin rapide de la Covid-19 au Sénégal. Il y est anticipé une croissance moyenne de 6% par an entre 2019 et 2023 (soit un taux moyen d’environ 8% entre 2021 et 2023, sachant l’acquis de 2019 et 2020) et le taux de pauvreté passerait de 37,8% en 2018 à 31,88% en 2023. Le contexte international et africain est favorable à la fois sur les plans sanitaire, économique, politique et sécuritaire. Les capacités de mobilisation des ressources et de dépenses de l’Etat sont conformes aux prévisions du PSE 2. L’investissement du secteur privé, soutenu par la mise en œuvre des réformes par l’Etat, le maintien de la motivation et de la productivité des travailleurs, renforce la dynamique enclenchée durant la phase 1 du PSE. Le score ISEME du Sénégal enregistre un bon de 6 points par rapport au celui de 2018, pour atteindre 0,57 sur un total possible de 1, permettant au Sénégal d’envisager de devenir un pays émergeant dès 2025, profitant du démarrage de l’exploitation du pétrole et du gaz. Toutes les dimensions de l’ISEME réalisent de fortes avancées.
Dans le Scénario 2 (« Le PSE est partiellement mis en œuvre »), le contexte sanitaire est celui du scénario jaune de poursuite modérée des infections et des décès liés à la Covid-19. La croissance économique moyenne ressort à 4% par an entre 2019 et 2023 et le taux de pauvreté passe de 37,8% en 2018 à 35,6% en 2023. Les capacités de mobilisation des ressources et de dépenses de l’Etat sont moyennement conformes aux prévisions du PSE 2. L’investissement du secteur privé ralentit par rapport à sa dynamique d’avant crise. Les réformes de l’Etat sont partiellement mises en œuvre et le contexte sanitaire affecte la motivation et la productivité des travailleurs. Le score ISEME du Sénégal affiche un léger progrès en 2023 (0,53 contre 0,51 en 2018) à la faveur de la hausse de performances dans les dimensions « richesse inclusive » et « transformation structurelle ».
Dans Scénario 3 (« Le PSE est déréglé »), le contexte sanitaire est celui du scénario rouge d’aggravation de la Covid-19. La croissance économique moyenne se situe à 1% par an entre 2019 et 2023 et le taux de pauvreté augmente, passant de 37,8% en 2018 à 39,2% en 2023. Les capacités de mobilisation des ressources et de dépenses de l’Etat sont faibles relativement aux prévisions du PSE 2. L’investissement du secteur privé interrompt brutalement sa dynamique d’avant crise. Les réformes de l’Etat sont faiblement mises en œuvre et le contexte sanitaire affecte fortement la motivation et la productivité des travailleurs. Le score ISEME du Sénégal affiche un recul en 2023 (0,44 contre 0,51 en 2018). Pour garantir le succès du scénario favorable (PSE remis sur les rails), les actions suivantes sont attendues :
•L’Etat devra mener un important effort d’investissement et de réformes pour permettre la matérialisation de ce scénario ;
•Dans le domaine des infrastructures, les investissements de la phase 1 du PSE devront être poursuivis pour soutenir activement et efficacement le secteur productif ;
•Dans le domaine de l’agriculture, les efforts devront être renforcés pour augmenter la productivité. Les investissements dans le domaine de l’agriculture pourraient concerner entre autres la mise en œuvre des agropoles, le renforcement des actions de modernisation du matériel agricole et des semences dans le programme agricole, la promotion de nouveaux entrepreneurs jeunes avec l’appui d’instruments de financement comme la DER ;
•Dans le secteur de l’industrie, l’Etat devra accélérer la mise en œuvre des plateformes industrielles, des agropoles et des paris industriels prévus dans la phase 2 du PSE. L’Etat pourrait envisager d’aligner les exigences d’exportations assignées aux entreprises dans les différentes Zones Economiques Spéciales et promouvoir l’import-substitution dans ces zones ;
•Dans les secteurs sociaux, l’Etat devra accentuer ses actions pour garantir une croissance économique inclusive et soutenable, en veillant à relever fortement les indicateurs dans le secteur de l’éducation et de la santé, y compris au niveau désagrégé par zone géographique et selon le genre ;
•Dans le numérique, l’Etat devra soutenir l'élargissement de l'accès et de l'utilisation des services numériques, en particulier de l'Internet haut débit, pour promouvoir l'esprit d'entreprise, l'inclusion financière et le développement d'une économie numérique inclusive ;
•En matière de réformes, le scénario favorable anticipe la mise en œuvre des réformes ambitieuses prévues dans la seconde phase du PSE. Elles porteront principalement sur l’environnement des affaires, la fiscalité, l’énergie, l’Administration publique, le système éducatif et l’économie numérique ;
•Du côté du secteur privé, l’investissement privé devra se poursuivre et renforcer sa dynamique haussière, appuyé par les reformes et les investissements de l’Etat, la croissance du financement bancaire, le dynamisme des marchés intérieurs et extérieurs, la santé et la productivité préservées des travailleurs. Cette expansion de l’investissement devra aller de pair avec une préservation de l’emploi voire sa hausse.
En définitive, le succès du PSE 2 suppose de réussir trois étapes.
La première étape consiste à sauver le tissu économique de la faillite, en lui accordant un appui rapide ciblé. Ce fut l’objet du PRES dont l’exécution a démarré en avril 2020 et qui a permis de mobiliser d’importantes ressources au niveau international ainsi qu’un moratoire pour le remboursement de la dette publique. Ces ressources ont été affectées à la santé, aux ménages et aux secteurs économiques les plus durement touchés par la pandémie.
La deuxième étape, et le deuxième temps de la stratégie économique d’adaptation à la Covid-19, va être enclenchée avec la mise en œuvre imminente du Plan de Relance qui a pour objectif de favoriser, entre 2020 et 2021, le redémarrage de l’activité économique ralentie par le choc Covid-19, en convainquant le secteur bancaire local à jouer sa part dans le financement des investissements et du fonds de roulement du secteur privé. Elle se manifestera par un taux de croissance légèrement positif en 2020 (au moins 1,1%) et au moins égal à 5% en 2021.
La troisième étape, celle du grand rebond, aura pour ambition de remettre pleinement sur pied le Sénégal sur la trajectoire de l’émergence, en portant, dès 2022, les taux de croissance économiques à des niveaux supérieurs à 8% par an sur la durée. Elle exigera de repenser le plan d’actions du PSE et de définir un « nouveau modèle de développement national » qui consolide les grands choix stratégiques à long terme du PSE, tout en identifiant de nouveaux moteurs de croissance et de nouveaux débouchés, au niveau intérieur et africain, pour les produits locaux. Ce faisant, le Sénégal aura réussi à transformer la crise Covid-19 en opportunité pour se réinventer.
Par Moubarack LO
Directeur général du Bureau de Prospective Economique (BPE)
et
Amaye SY, expert sénior au BPE