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2 juillet 2025
MULTIPLE PHOTOS
DES MOUSTARCHIDINES S'EN PRENNENT AU QUOTIDIEN LES ÉCHOS
Le siège du journal a été vandalisé lundi par des partisans de Serigne Moustapha Sy, qui reprochaient à sa rédaction d'avoir affirmé que ce dernier avait été testé positif au coronavirus
Le siège du quotidien sénégalais Les Echos a été vandalisé lundi par des partisans d'un chef musulman et dirigeant de parti politique, qui reprochaient à sa rédaction d'avoir affirmé que ce dernier avait été testé positif au coronavirus, a appris l'AFP auprès de ce journal.
"Le matériel dans la salle de rédaction a été endommagé. Il s'agit de sept ordinateurs et d'un poste de télévision", a expliqué l'un des responsables du quotidien dakarois, Cheikh Oumar Ndao. Dans son édition de lundi, Les Echos avaient affirmé en Une que Serigne Moustapha Sy, figure de l'influente confrérie musulmane des tidianes et président du Parti de l'Unité et du rassemblement (PUR), avait été "terrassé par le Covid-19" et admis à l'Hôpital Principal de Dakar. Dans un communiqué, le secrétaire national de la jeunesse du PUR, Habib Ndiaye, a dénoncé des "mensonges éhontés" et affirmé que le président du PUR "est bien portant et se trouve quelque part sur la planète Terre en train de vaquer à ses occupations". Dénonçant une "campagne de déstabilisation", il prévient le journa l: "Laissez-le tranquille si vous voulez la paix (...) Un homme averti en vaut deux". Le communiqué ne mentionne pas l'attaque qui a visé la rédaction des Echos.
Selon le responsable du journal interrogé par l'AFP, "quatre à cinq" assaillants sont arrivés dans les locaux des Echos vers 13H00 (locales et GMT). "Ils ont demandé l'auteur de l'article sur Moustapha Sy, ont proféré des menaces et endommagé le matériel", a dit M. Ndao, en précisant avoir été interrogé sur cet incident par la gendarmerie.
Le Conseil des éditeurs et diffuseurs de la presse au Sénégal (Cdeps) a condamné dans un communiqué une "agression ignoble" et rappelé à l'Etat son "devoir de protéger les journalistes et les maisons de presse".
Le PUR avait présenté un candidat lors de la présidentielle de 2019, l'informaticien et universitaire Issa Sall, proche du mouvement religieux dirigé par Serigne Moustapha Sy, qui avait recueilli 4% des voix.
Le Sénégal a officiellement déclaré 10.386 cas de coronavirus, pour 211 décès. Des personnes contaminées ont dénoncé publiquement la "stigmatisation" dont ils ont été victimes lorsque leur maladie a été connue.
Le Sénégal, pays d'Afrique de l'Ouest très majoritairement musulman, figure à la 49e place du le classement de Reporters sans frontières sur la liberté de la presse, sur un total de 180 pays.
par Koulsy Lamko
TOUT DÉBOULONNER MAIS NE RIEN OUBLIER
EXCLUSIF SENEPLUS - Pendant la colonisation l’on pouvait être heureux de s’appeler les évolués, aujourd’hui l’on cultive l’empathie avec son bourreau au point de lui reconnaitre la vertu d’avoir attelé nos ancêtres à la construction des ponts
« Un homme arrive dans une église. On veut le baptiser. On lui dit « On te baptise aujourd’hui ». On prend sa tête et on met dans l’eau. Une fois, deux fois, trois fois. Quand on l’a retirée, on lui dit : « À partir d’aujourd’hui tu es baptisé. Ton ancien nom ? Tu n’es plus ton ancien nom. A partir d’aujourd’hui tu t’appelles David. Et tu ne dois plus boire de l’alcool.
Il arrive à la maison ; il ouvre son frigo, il prend une bière bien glacée. Il plonge dans l’eau : une fois, deux fois, trois fois. « A partir d’aujourd’hui tu ne t’appelles plus… bière. Tu t’appelles… jus d’orange. »
Et il boit.
Un humoriste sur RTI
L’on peut se réjouir que certains actes forts, certaines idées forces qui ont jalonné les processus de décolonisation dans nos pays, reviennent comme un leitmotiv, pour nous rappeler la nécessité et l’exigence d’un transfert intégral de nos souverainetés confisquées. Zaïrianisation, politiques de l’authenticité ayant pour corollaire le changement de prénoms au Tchad, au Togo, le défi sankariste couronné par le dé-baptême de la Haute Volta, etc. Et puis hier encore cette déferlante que soulève la tragédie de George Floyd… et qui parfois s’en prend aux monuments, aux statues, aux noms de rue, de villes, de places publiques… qu’elle s’efforce d’emporter. L’on serait tenté de regarder la vague haute moutonner simplement vers son extinction, sans coup férir. Et puis l’on hésite à se tenir ou non hors des rangs. Surtout que, de se pencher à nouveau sur le déboulonner-débaptiser s’apparenterait à enfoncer les portes ouvertes d’un débat inépuisable, tant il l’est que désormais il se nourrit de la bulle médiatique au point de sortir les politiques de leurs gonds. Il n’en demeure pas moins que les nouveaux contextes géopolitiques nous exhortent au débat. Déboulonner, ne pas déboulonner, débaptiser, ne pas débaptiser… Et voilà plantée la question « existentielle » ! Certes, elle n’est pas à l’abri de la complexité et davantage parce que la spectacularisation de l’obscène est devenue la panacée d’un monde à court d’inspiration et qui se laisse tenir en laisse par l’émotion… douteuse, parfois traitresse. A mon humble avis - puisqu’il s’agit d’opinion -, le dilemme ne devrait pas en être un. Et la question devrait plutôt s’énoncer en ces termes : que veut donc conserver la mémoire collective d’une communauté humaine, d’une nation, d’un empire, lorsqu’elle arpente les péripéties de son Histoire ? C’est de souveraineté qu’il s’agit, de Mémoire et d’Histoire.
D’emblée, il me faut avouer que je comprends difficilement la fougue des jeunes français, belges, anglais, ceux nés de l’immigration récente et qui veulent s’en prendre à la statue de Léopold II dans un patelin de Belgique, celle de Colbert au Sénat français, celle d’Edward Colston à Bristol. Ils devraient avoir adopté tous les fantômes de leur terre de naissance : l’Europe, s’ils ont décidé d’en faire partie !
Et parfois, les mauvaises questions, il faut ne pas éviter de se les poser ? Comment vouloir exiger des nations-criquets-pèlerins, issues d’une civilisation qui s’est construite sur le principe de la prédation systémique et qui au sortir d’un Moyen-âge brumeux lourd de superstitions, de famine, de surpopulation, de maladies, endémiques, qu’elles ne se fussent pas lancées dans l’aventure des conquêtes territoriales et razzias esclavagistes ? Comment attendre de ces nations-criquets-pèlerins qui pour mettre en œuvre leur révolution industrielle, ont eu besoin de matières premières, d’étendre leur marché, de secréter les lois du laisser-faire, qu’elles n’eussent pas été des modèles du gangstérisme ? Que dire donc de toute l’armada intellectuelle, ce que Nkrumah appelle l’Empire scientifique, qui par le biais de mythes têtus et doctrines, a jeté les fondations idéologiques très pérennes de toutes ces formes de domination ?… Comment veut-on que ces nations-criquets-pèlerins qui par deux fois ont entrainé l’Humanité entière dans leurs guerres byzantines chroniques et qui se gavent du négoce des armes, tout en continuant de détruire les autres peuples par tous les moyens de leur « intelligence » et de leurs nouvelles Bulles papales Onusiennes, ne vénèrent-elles pas les héros et hérauts de leur suprématie ? Pourquoi voudrait-on que français, belges, anglais, hollandais, etc., déboulonnent-ils de leur Mémoire barbare, une Histoire certes construite autour de la déprédation, mais qu’ils assument comme hauts faits de gloire puisqu’elle leur a procuré la pitance, les a enrichis et a consolidé leur hégémonie sur le monde ? Leur faire rendre gorge ? Faut pas rêver : la repentance, le pardon, le regret, la contrition, c’est évidemment une chausse-trape judéo-chrétienne, belle ruse qui lave le crime ! De Gaulle adulé n’en est pas moins comptable de l’extermination de centaines de milliers d’Algériens, de centaines de milliers de Biafrais, de trois cent mille militants de l’Union des Populations du Cameroun, de la fondation du système françafricain, des crimes économiques qui résultent de l’imposition du Franc CFA… Et la liste est longue.
En définitive, les gens en Europe sont souverains chez eux et les statues, les bustes, les monuments, sont parfaitement à leur place, là où ils ont décidé de les planter. Image, miroir, images kaléidoscopiques : c’est une question de reflet, de réfraction. Ces œuvres-là ne rappelleraient que mieux la cruauté nécessaire au Léviathan, si elles ne constituent pas en outre un panthéon de fantômes inspirateurs de nouveaux crimes bien d’aujourd’hui. Haro sur le vandale qui voudrait ruiner la mémoire glorieuse des autres !
Déboulonner, débaptiser, dégrader… Ah le cri du cœur : l’on en arriverait à dépeupler les nations esclavagistes et les empires coloniaux de toutes leur belle mise : l’archéologie des savoirs fondateurs de la mission civilisatrice de l’Occident et dont l’édifice idéologique a implanté la fabrique de la mélanophobie, de l’indigénat, du sujet, de la mentalité prélogique, de l’homme de couleur, du nègre primitif, du bon sauvage, de la Terra incognita... C’est dire tagger, noyer, dégrader, maculer de peinture rouge ou fouetter Voltaire, Humes, Beaumarchais, Montesquieu, Adam Smith, Bartholomé de las Casas, Napoléon, Renan, De Gobineau, Ferry, Hegel, Maupassant, Nicolas V, Sarraut, Kant, Colbert,… Victor Hugo dont l’ode au colonialisme continue de résonner si haut, si fort. …"Au dix-neuvième siècle, le Blanc a fait du Noir un homme ; au vingtième siècle, l’Europe fera de l’Afrique un monde. Refaire une Afrique nouvelle, rendre la vieille Afrique maniable à la civilisation, tel est le problème. L’Europe le résoudra." "Allez, Peuples ! Emparez-vous de cette terre. Prenez-la. A qui ? A personne. Prenez cette terre à Dieu. Dieu donne la terre aux hommes, Dieu offre l’Afrique à l’Europe. Prenez-la. »[1]
Oh oui ! J’entends déjà les appels à l’objectivité ! Bien sûr qu’il serait réducteur de limiter toute l’action d’un homme, illustre philosophe ou politique à un discours, un acte malencontreux singulier dans l’éventail vaste d’autres actions plus humanistes qu’il a pu poser. Bien sûr qu’il n’est pire cécité que celle de vouloir juger les gens d’hier à l’aune de nos jours d’hui et de convoquer morale ou éthique dans une perspective axiologique sentencieuse quand le champ des valeurs est multiple et divers… Bien sûr que beaucoup parmi eux ont été et continuent de marcher à nos côtés dans nos luttes de libération… Cela n’empêche pas de se poser les questions qu’on refuse parfois de se poser… comme : « Pourquoi donc les multiples associations internationales qui quotidiennement scrutent à la loupe le moindre mouvement en Afrique pour épingler leaders criminels et propriétaires des biens mal acquis ne traduisent-elles pas en justice les Bush pour leurs guerres dévastatrices en Irak ? Sarkozy et Bernard Henry Levy pour leur abominable guerre en Lybie ? Où donc ont disparu les avoirs libyens du temps de Kadhafi, estimés à de centaines de milliards de dollars ?...
La communitas, le grand leurre : en fait, le colon, il n’est jamais parti !
Mais pour nous africains, que donc nous racontent les boulevards Giscard d’Estaing, les interminables avenues Charles de Gaulle qui fendent nos capitales, en deux ? Quelles épopées de nos victoires nous chantent Leclerc et Eboué à quelques dizaines de mètres de l’Hôtel de Ville de Ndjamena ? Pierre Savorgnan de Brazza ? Et ce trio Léopold II, Albert Ier et Henry Stanley, tous bénis de la Monusco qui curieusement se découvre la responsabilité de les faire transférer au Parc du Mont N’galiema, et de les dresser haut, altiers, tournés vers le fleuve Congo et sous l’œil vigilant du bon piquet de gardes… Oublierait-on tout aussi aisément l’épisode du Régime de la Communauté, qui permettait au colonisateur de marquer le pas pour installer et « boulonner » ses gardes-chiourmes physiques et symboliques… avant que l’on en soit venu à obéir à l’injonction du Plan Marshall, lequel exigeait un territoire élargi de consommateurs solvables… donc les « indépendances chachacha » ? La bride ne fût lâchée que parce que le maître s’était assuré d’avoir solidement installé ses monuments dans la tête des colonisés, amarré ses accords de monopoles énergétiques et du continuum de l’occupation militaire, satisfait d’avoir défini à merveilles les contours de la dette coloniale dont le CFA est l’instrument sensible… jusqu’à ce matin encore.
Un clin d’œil à Mongo Béti qu’intéressent énormément les questions qu’on se refuse de poser : « Pourquoi nous a-t-on si longtemps pourchassés sur nos côtes, raflés jusque dans nos communautés de l’intérieur des terres, transportés au fond des cales, vendus à l’encan sur les marchés américains comme vil bétail, courbés sous le cruel soleil des plantations de coton, entassés et lynchés dans les ghettos de grandes villes industrielles, contraints aux travaux forcés sur les chantiers africains, assujettis à un système colonial inhumain d’abord, puis au pillage des firmes néocoloniales après les « indépendances », et aux dictatures que ces firmes sécrètent tout naturellement ? Pourquoi ? Parce que nous étions et sommes d’ailleurs toujours des sauvages à civiliser, des cannibales dont il convient de corriger les goûts pervers, des païens à convertir, des paresseux à transformer en producteurs »[2] Le colon s’en était-il allé ? Revient-il ? Oh que non ! Dans les faits, aux indépendances de nos pays, il n’y a jamais eu de véritable repli du colonisateur pour que l’on évoque sereinement le retour du colonial. L’on pourrait sans trop de risques souligner plutôt le phénomène de substitution frauduleuse de présence permanente avec de temps à autres des accès d’apparition de fantômes et d’ectoplasmes au seuil de la conscience. Dans le champ de la théâtralité, l’on parlerait de spectres, d’apparitions liminales. Des monuments coloniaux ? Il s’agit d’une espèce d’esthétique de la mémoire politique, qui revendique une certaine territorialité, une présence presque liminaire et convie à un genre de communitas perpétuel où les spectres sont légion au bal nocturne des sorciers. Si l’on en croit Jean-Louis Borloo, ancien ministre français : « Donc, nos destins sont liés… Et tout le monde s’en rend compte ! D’abord les liens avec l’Afrique, même inconscients, restent forts. Ensuite, on ne peut plus éviter le sujet. Pas besoin d’avoir fait des années d’études pour comprendre que, si l’Afrique ne se développe pas, les mouvements migratoires vont évidemment se poursuivre et s’intensifier. Ce n’est pas des centaines de milliers, mais des dizaines de millions de personnes qui voudront aller vers la lumière. Et si l’Afrique se développe, le marché au bout de la rue, avec ses 2 milliards de personnes, pourrait bien remplir les carnets de commandes de nos entreprises. Les grands dirigeants économiques français, ceux dont le métier consiste à définir des visions stratégiques, ont identifié un nid de croissance en Afrique. L’avenir de la France se joue en l’Afrique[3]… Mais oui, colonisés et colonisateurs, nous sommes les mêmes, n‘est-ce pas ? Nous parlons la même langue, nous adorons le même dieu barbu qui trône au milieu des anges, nous mangeons le même pain, buvons le même vin, arborons la même cravate, vénérons Aristote, Kant, Spinoza, Lamartine, Machiavel, Baudelaire, Shakespeare, Keynes, Marx, Hegel, le Fourrier des phalanstères ! Et lorsque le lien spirituel est établi entre les statues de Léopold II à Kinshasa, celui de Leclerc à Ndjamena, celui de Faidherbe à Saint-Louis, et quand à tout ce beau monde se joignent les entrelacs toponymiques des rues et avenues aux mille noms d’oiseaux, la monnaie fantôme de la colonie, etc. la Communauté resurgit. Les spectres s’installent autour du cercle des initiés dans le bois sacré : les rituels sont rodés. Que le même amour divin nous unisse ! Et vive la communitas ! C’est cathartique ! Nous en avons besoin pour combler l’absence, la disparition programmée des indépendances « chachacha » … Déprimant que l’on se refuse de sentir que « l’ocelot est dans le buisson, le rôdeur à nos portes, le chasseur d’hommes à l’affût, avec son fusil, son filet, sa muselière ; le piège est prêt, le crime de nos persécuteurs nous cerne les talons…! »[4]
Et si l’on épiloguait encore, l’on dirait que l’aurore rouge que l’on nous promet, n’a rien de boréal. Eh oui, chiche, le mondialisme sauce cube Maggi… Le tout homogénéisé politique, économique, culturel, transforme l’infinie diversité des « sujets pensants » en un bloc monolithique régi par la pensée unique eurocentrée. Et surtout nivelle un terre-plein sur lequel construire le nouvel ordre mondial : celui de la domination du capital, des grandes fortunes, de quelques illuminés lubriques décidés à en découdre avec notre Humanité. La zombification de l’Homme par le marché et le tout « intelligence artificielle », outils de la conquête du comportemental battent le plein. Bientôt nous ne serons tous que des consommateurs passifs et lobotomisés, pavloviens accrocs aux produits fastfood du marché abêtissant, incapables d’exercer la faculté de jugement et de réaction, tant la machine huilée avec ses gardes chiourmes, ses armées répressives, veille à ce qu’aucune liberté, aucune différence ne puisse s’exprimer. A l’Homme de fer succède aujourd’hui l’Homme transhumain et pour les siècles à venir, zombie métamorphosé par les dieux peu avenants, ceux du contrôle total de nos moindres gestes, de notre moindre pensée. Le nouveau challenge se logerait certainement dans cette autre confrontation supra coloniale.
Le Syndrome de Stockholm
Pour revenir à nos bustes et monuments en question, l’idéologie néocoloniale perpétue ardemment une sorte de Syndrome de Stockholm. C’est inscrit dans ses gènes. Hier encore pendant la colonisation l’on pouvait être heureux de s’appeler les évolués, aujourd’hui l’on cultive l’empathie avec son bourreau au point de le défendre becs et ongles, de justifier sa cruauté, de lui reconnaitre la vertu d’avoir eu la merveilleuse idée d’atteler nos ancêtres à la construction des ponts, des routes, des chemins de fer, le fouet sur l’échine. Parfois on leur a coupé les mains…, les mains de milliers d’hommes et de femmes pour toujours plus de sève d’hévéa… Drôle tout de même qu’il se trouve des africains défenseurs de monuments et statues de colons en Afrique. Tragique et comique à la fois ! Le tango des arguties et éloges se déploie ample : le monument document-pédagogique, sans lequel l’Histoire serait tronquée, le monument-témoin du bienfait de la colonisation civilisatrice, l’habitus confèrerait valeur à la statue de Faidherbe et de « son » pont ! Une seule statue de Faidherbe nous manque et Saint-Louis est dépeuplé ! On aime le colonisateur, l’on s’éprend de lui, l’on attend de lui qu’il nous aime, qu’il nous adoube, qu’il nous reconnaisse et pour cela l’on s’affuble de magnanimité, ce grand désir de fraternité christique qui lui tendrait l’autre joue lorsqu’il a déjà assené sa main d’acier sur la droite ! « Mais c’est à ce seul prix-là qu’on aura connu le développement ! » L’argument est très vigoureux : celui de l’illimitée dévotion du nègre à son bourreau. Beaucoup d’entre nous sont convaincus que sans la colonisation le continent n’aurait pas connu le développement que propose le monde moderne capitaliste - encore qu’il serait bien à propos de se demander où il commence, où il finit et s’il satisfait vraiment nos besoins vitaux - ; c’est méconnaitre l’Histoire du continent qui pendant des siècles a été au centre des échanges dans le monde et qui sans la rencontre avec l’Occident aurait sans doute connu d’autres formes de développement… Quant à la science, elle n’est ni du septentrion, ni du midi. Elle est de partout, même de nos moindres hameaux. Les résultats des recherches technologiques, scientifiques, les découvertes, nous appartiennent à tous. Ils sont l’aboutissement de processus historiques pendant lesquels, telle découverte succédant à l’autre s’est alimentée de la précédente. C’est l’usage que l’on en fait qui nous distinguerait, surtout quand des esprits malins en confisquent les secrets. Ici la question qui se pose est celle de la profondeur de la plaie. Oh la pertinence, un brin prémonitoire de Cheikh Anta Diop pendant la Conférence de Niamey : « l’aliénation culturelle finit par être partie intégrante de notre substance, de notre âme et quand on croit s’en être débarrassée, on ne l’a pas encore fait complètement. Souvent le colonisé, l’ex colonisé ressemble un peu à cet esclave du 19e siècle qui, libéré, va jusqu’à la porte puis revient à la maison parce qu’il ne sait plus où aller. Depuis le temps qu’il a perdu la liberté, depuis le temps qu’il a acquis des réflexes de subordination, depuis le temps qu’il a appris à penser à travers son maitre… »[5]
Et cet orage qui gronde : Panafricanisme au secours !
Au-delà des statues, des bustes coloniaux et des places et rues aux mille noms d’oiseaux, c’est la question de nos souverainetés qui se pose. Quand la mondialisation est anormalement gourmande : on brade nos territoires, nos aéroports, nos ports à tour de bras, l’on abandonne la gestion des eaux, de l’énergie, des communications, aux entreprises coloniales et multinationales sans foi, ni loi ; le vol lourd des cargos remplis de terres rares, l’extractionisme, l’on brandit le prétexte des réformes agraires par la réglementation des titres fonciers pour déposséder les communautés paysannes de leurs terres et ainsi en préparer la vente à la grande industrie agroalimentaire … Les roses et les tulipes d’Amsterdam se cultivent en Ethiopie, au Kenya. … et la liste est longue ! L’on abandonne « notre sécurité » aux armées étrangères dont le chapelet de bases militaires encercle le continent, nous étouffe, exactement comme au temps des forts et comptoirs du yovodah, la traite des esclaves. We can’t breath ! Tout, pour que la jeunesse debout clame « ya basta le Syndrome de Stockholm ! »
En 2001, André Blaise Essama, au Cameroun, était venu à bout de la statue de Leclerc qui trônait devant le palais du Gouverneur à Douala. Il lui a arraché la tête qu’il a transférée dans une plantation agricole et qui devait servir à des rites « pour libérer les camerounais de la domination française », et a laissé le buste gisant auprès du piédestal. Oh la geste épique et symbolique, à la fois politique : « J’ai cassé ce monument afin que le général Leclerc rejoigne la terre de ses ancêtres en Hexagone. Car je pense bien que sa place est certainement de ce côté-là. Cette place où trônait ce monument de la honte est désormais pour nous, la place de Um Nyobe, John Ngu Foncha, Martin Paul Samba, Douala Manga Bell et bien d’autres héros nationaux »[6] L’on a dit de lui qu’il était un déséquilibré mental. Pour sûr qu’il faut être un azimuté pour être logique et cohérent dans cette Afrique possédée par le Syndrome deStockholm. C’est ce mouvement de bascule que nous retrouvons difficilement sous nos tropiques ! Peut-être plus pour longtemps. Cette jeunesse panafricaine debout se réclame de ces hallucinés de l’azur qui n’ont pas besoin de permission pour déboulonner et rebaptiser, exiger la reconnaissance de leurs héros-résistants.
L’oubli fondamental qui sera fatal à l’Occident c’est d’avoir fait la sourde oreille à la nécessité de l’équilibre dans un corps quel qu’il soit. L’ubuntu ou la mâât le traduisent excellemment. Aimé Césaire dans sa façon ferme, effrontée et pugnace le résume parfaitement « c'est de votre maigreur que ces messieurs sont gras ». Six siècles de déséquilibre sont intolérables ! Et les retours du colonial et de l’impérialisme qui consistent à provoquer la destruction par proxy des communautés millénaires constituées, l’écosystème et la planète entière avec, ne pourra plus jamais assurer la prééminence d’une civilisation violente et décadente. Le déséquilibre est désormais rompu. La crise ne se colmatera plus par ces stratagèmes et leurres qui n’ont que trop longtemps duré. Il va falloir trouver un autre discours. A celui-là la jeunesse africaine voudra participer, et, même avec effronterie. Il y a bien longtemps, Emile Cioran a identifié le monstre : Chaque civilisation croit que son mode de vie est le seul bon et le seul concevable, qu’elle doit y convertir le monde ou le lui infliger ; il équivaut pour elle à une sotériologie expresse ou camouflée ; en fait, à un impérialisme élégant, mais qui cesse de l’être aussitôt qu’il s’accompagne de l’aventure militaire. On ne fonde pas un empire seulement par caprice. On assujettit les autres pour qu’ils vous imitent, pour qu’ils se modèlent sur vous, sur vos croyances et vos habitudes ; vient ensuite l’impératif pervers d’en faire des esclaves pour contempler en eux l’ébauche flatteuse ou caricaturale de soi-même.[7]
Les statues de colons, les monuments coloniaux, les avenues et places aux noms de colons, c’est dans nos têtes qu’ils sont érigés ; c’est aussi dans nos têtes qu’il faut les renverser, les déboulonner, les débaptiser…
Koulsy Lamko est universitaire, spécialiste du théâtre, romancier, dramaturge et poète. L’auteur Tchadien est un des grands noms de la littérature africaine contemporaine.
[1] Extrait du discours prononcé le 18 mai 1879, pendant le banquet commémoratif de l’abolition de l’esclavage par Victor Schœlcher.
MANSOUR CAMA, DÉFENSEUR D'UN SECTEUR ÉCONOMIQIUE NATIONAL DIGNE
Tout au long des travaux des Assises Nationales dont il a été, à côté d'Amadou Makhtar Mbow, un des principaux piliers il a, sans relâche, défendu les principes du patriotisme économique
J'éprouve une profonde tristesse avec la disparition brutale de Mansour Cama.
Militant engagé sur le front de l'indépendance économique de notre pays, il s'est battu pour la construction d'un secteur privé national agent indispensable d'un développement national véritable. Tout au long des travaux des Assises Nationales dont il a été, à côté d'Amadou Makhtar Mbow, un des principaux piliers il a, sans relâche, défendu les principes du patriotisme économique.
Il laisse en héritage les conclusions de cette expérience inédite dans notre histoire et dont la pertinence vient d'être encore démontrée par la crise du Covid-19.
Adieu cher ami !
Ton modèle d'humilité et de recherche passionnée d'une Afrique maîtresse de son destin économique continuera d'inspirer les jeunes entrepreneurs de notre cher continent que tu as tant aimé.
Repose en paix.
PAR Ibrahima Thioye
DES MURS D’INCOMPREHENSION AUX FENÊTRES DE CONNEXION BIENVEILLANTES
Les vices de népotisme et de corruption sont exacerbés dans nos sociétés par le lien étroit qu’ils entretiennent avec la vertu de réciprocité chère à notre système de valeur traditionnel
Cet article nous rappelle nos fragilités et mentionne quelques pistes de dépassement dont la plupart sont en lien avec la pensée systémique. Nous sommes sujets à l’erreur, aux illusions, à l’aveuglement et aux carences de toutes sortes. Ces insuffisances constituent le ciment des murs d’incompréhension qui s’érigent entre nous. Les quatre toxines (mépris, blâme, attitude défensive et dérobade) constituent les types de briques de ces murs. Une bonne compréhension de la configuration de ces murs devrait nous pousser vers l’humilité et la compassion. Celles-ci atteignent un bon niveau de perfection (pas la fine pointe), lorsqu’elles sont accompagnées par l’intégrité et l’assertivité. Nous pouvons également ouvrir des fenêtres qui nous permettent de dépasser (ou surmonter) ces murs. Elles ont pour noms : la courtoisie, l’autodiscipline et surtout la conscience d’une connexion élargie et bienveillante avec tous les habitants de la Terre.
Murs d’incompréhension
Quels sont les niveaux de ces murs d’incompréhension ? Dit autrement, quels sont ces éléments qui entretiennent et nourrissent l’incompréhension ? Sans prétendre à l’exhaustivité, nous en avons dénombré cinq que nous nommons RIFED :
- la (R)elativité du bien et du mal, des vertus et des vices,
- l’(I)nconscience de nos propres défauts et l’ «hyperconscience» de ceux des autres,
- la (F)orce des idées qui peuvent nous posséder,
- l’(E)cologie de l’action (pour utiliser un concept d’Edgar Morin),
- le (D)ilemme entre nos devoirs moraux.
R : relativité des vertus et des vices
Dans la sagesse populaire, un individu, doté de raison, sait parfaitement distinguer le bien du mal ou l’acte vertueux du comportement vicieux. Nombreux sont les penseurs qui réfutent cette thèse. Il y a une certaine relativité des vertus et des vices illustrée par cet exemple dont parle Aristote : pour un lâche, le courageux peut être perçu comme un téméraire ; pour un téméraire, ce même courageux peut être perçu comme un lâche. Cette relativité découle des différences de perceptions.
Pascal, le grand dialecticien, dit qu’il ne peut concevoir une vertu sans son complément (ou vertu opposée). A les examiner de près, on voit bien que vice et vertu sont complètement mêlés. Les penseurs systémiques confirment qu’on ne peut concevoir le vice sans la vertu. L’un, poussé au loin, produit l’autre. Quand l’un des termes s’actualise, l’autre se potentialise. La seule chose possible est de réduire, mais pas d’éliminer totalement l’un ou l’autre.
I : inconscience de nos défauts et «hyperconscience» de ceux des autres
Comme le dit l’adage : «Il voit la paille dans l’œil du voisin, mais pas la poutre dans le sien ». L’œil ne peut se voir. En général, nous sommes très objectifs vis-à-vis des autres et «hypersubjectifs» vis- à-vis de nous-mêmes. Nous sommes très détachés et utilisons toutes nos ressources pour observer, interpréter les actes des autres, mais nous sommes parfaitement indulgents vis-à-vis de nous-mêmes ; nous nous cajolons.
Qu’est-ce qu’une querelle ? Elle ressemble à un jeu d’acteurs qui entrent dans un cycle vicieux où chacun explique avec netteté le tort qu’il a subi, et qui justifie son comportement. La séquence commence toujours par ce que l’autre a fait. La personne est un centre de référence ultime qui connaît le bien et le mal. Elle voit parfaitement le tort qu’elle a subi, mais ignore royalement ou sous-évalue ce qu’elle a commis. Et comme les actes/paroles entrent régulièrement dans des cycles, nos actions peuvent être à la source de ceux-ci. Dans tous les cas, elles participent à l’entretien de ces cycles.
Sans nul doute, la tendance inverse existe. C’est le cas des personnes qui estiment qu’elles ont plus de défauts qu’elles en ont réellement. Leur acuité perceptive leur permet également de déceler les qualités des autres tout en sous-estimant les leurs.
F : Force des idées
Les idées nous possèdent autant que nous les possédons. La bonne illustration est celle de l’histoire de Bouki-l’hyène, qui avait menti en annonçant aux animaux qu’il y avait de la viande à un endroit précis de la brousse. Sitôt dit, les animaux s’enfuirent en direction de l’endroit indiqué par Bouki. Au bout d’un certain temps, ce dernier pensa que c’était vrai, et lui-même suivit la troupe. Lorsque les idées nous possèdent, nous devenons leurs prisonniers incapables de prendre du recul. Nous devenons des doctrinaires, des personnes fanatiques, des dogmatiques. Nous pensons détenir une vérité universelle et nous écartons de notre champ de conscience toute idée pouvant la remettre en cause.
Cela pose la question de l’illusion qui nous permet de supporter la difficile réalité, mais qui peut également nous aveugler complètement. Ce qui nous éclaire peut également nous aveugler. Les idées sont comme des virus. Lorsqu’elles nous pénètrent, elles ont souvent la force de réduire l’anxiété, de nous mettre en harmonie avec une certaine identité ou de nous préserver psychologiquement, mais elles peuvent également créer des impairs qui ont pour noms : l’aveuglement, l’hallucination, l’erreur, la bonne mauvaise foi, l’oubli sélectif etc.
E: Écologie de l’action
La corrélation n’est pas toujours parfaite entre une intention et son impact ou son résultat. Une intention peut aboutir au pire résultat, confirmant l’adage selon lequel «l’enfer est pavé de bonnes intentions». L’intention de nuire (ou d’écarter du pouvoir) également peut entraîner un effet contraire. Abdou Diouf, l’ancien président de la République, avait placé Ousmane Tanor Dieng à la tête du parti socialiste, le positionnant ainsi comme son dauphin. Cela a contribué aux différents déboires enregistrés par ce parti, y compris la défaite aux élections de 2000, remportées par Abdoulaye Wade. Ce dernier, s’est séparé de son ancien président de l’assemblée nationale, ouvrant ainsi, contre ses intentions, un boulevard à Macky Sall qui devint son challenger et son tombeur aux élections de 2012. L’ancien président du conseil, Mamadou Dia, avait à cœur la construction d’un État de droit arrimé aux valeurs républicaines et l’émergence économique du Sénégal. Très mal comprises, les actions posées dans ce sens (manquant peut-être de pédagogie) ont provoqué son éviction du pouvoir.
Toute action prise dans le jeu des interactions/rétroactions échappe aux intentions de son auteur. L’on n’est jamais sûr de la parfaite harmonie entre l’intention et le résultat de l’action.
Au niveau de l’interaction humaine, nous maîtrisons nos intentions, mais nous n’avons aucune prise sur l’impact chez le destinataire. L’action est donc un pari qui nécessite explications et pédagogie.
Même à supposer que nous ayons la possibilité de bien définir le bien, d’être objectif et de résister à la force des idées qui peuvent nous posséder, nos intentions ne sont pas toujours perçues comme telles.
D: Dilemme à propos de nos devoirs
A supposer que notre acteur soit conscient de tous les niveaux d’incompréhension évoqués plus haut, il en reste un qui a son importance. Comment régler le problème des contradictions entre ses différents devoirs ? On en dénombre plusieurs : devoirs égocentriques liés à sa préservation, devoirs génocentriques relatifs à sa famille, son clan, devoirs sociocentriques couvrant le champ complet de la société et nos devoirs envers tous les êtres vivants de cette planète et les générations à venir.
Les vices de népotisme et de corruption sont exacerbés dans nos sociétés par le lien étroit qu’ils entretiennent avec la vertu de réciprocité chère à notre système de valeur traditionnel. Nous avons tendance à sacrifier nos devoirs sociocentriques (fondées sur les valeurs républicaines) au profit de nos devoirs géocentriques.
Conscients de ces dérives qui montrent nos fragilités, nous devons faire des efforts pour ouvrir des fenêtres en nous appuyant sur l’humilité (woyof), la compassion (laabir), l’intégrité (ngor) et l’assertivité (fulla ak fayda).
Humilité et compassion sont deux vertus importantes, reconnues généralement pour contribuer largement à l’harmonie de toute société. Nous devons être indulgents vis-vis des autres (compassion) et accepter que la première personne qui peut être victime de ces insuffisances c’est d’abord nous-mêmes (humilité). Elles ont comme compléments naturels : l’intégrité et l’assertivité.
Fenêtres de connexions élargies et bienveillantes
L’humilité et la compassion sont-elles des vertus absolument bonnes ?
De mon point de vue : Non.
- l’humilité qui pousse la personne à accepter l’asservissement ou l’assujettissement n’est pas bonne ; idem pour celle qui anesthésie la personne et étouffe son potentiel de développement ou la possibilité d’accès à ses ressources ; la bonne humilité est accompagnée par l’assertivité ;
- l’humilité, poussée à un certain niveau, nous introduit dans une vie en prose, sans sel, sans poésie. Le meilleur humour consistant à rigoler (beaucoup de nous-mêmes et un peu des autres) lorsque nous devenons narcissiques, mégalomanes ou paranoïaques etc. L’action inventive et la créativité ont besoin de passion, d’ego surdimensionné ;
- la compassion pose problème lorsqu’elle ressemble à de la condescendance ;
- la compassion ne doit pas rimer avec l’apathie, l’anarchie ou le lasser-allez ; l’intégrité (dans sa dimension courageuse) lui apporte un complément.
Munis de tous ces éléments (compréhension de la fragilité humaine, humilité, compassion, assertivité et intégrité), nous pouvons facilement ouvrir des fenêtres qui vont nous habituer à la bonne action et ainsi surmonter les murs d’incompréhension. Je les nomme CAC :
(C)ourtoisie et respect,
(A)utodiscipline ou autoéthique,
(C)onnexion élargie ou reliance planétaire (au sens d’Edgar Morin).
C: Courtoisie et respect
Comme tout est cycle dans les interactions humaines, nous devons exiger de nous-mêmes le respect de nos semblables. En cela, nous devons nous appuyer sur la règle de platine plus puissante que la règle d’or : « ne jamais faire à l’autre ce qu’il ne souhaite pas qu’on lui fasse » « faire à l’autre ce qu’il souhaite qu’on lui fasse ». La courtoisie poussée jusqu’au respect est un apprentissage qui demande de l’écoute et de la compréhension. Ces trois instances forment un trio magique inséparable car on respecte mieux ce que l’on comprend et l’on comprend mieux après avoir écouté. Cette écoute doit mettre le focus sur les émotions et les besoins de l’autre.
A : Autodiscipline ou «auto-éthique»
Étant d’emblée un être soumis à l’erreur et aux aveuglements, la vigilance vis-à-vis de nous-mêmes peut nous aider à surmonter ces murs. Le premier réflexe est de changer de paradigme : apprendre à être plus objectif vis-à-vis de soi et plus subjectif vis-à-vis des autres. Comment puis-je faire pour être «hypersubjectif» vis-à-vis des autres et «hyperobjectif» vis-à-vis de moi-même ?
Il y a une difficulté, l’idée n’est pas de se sentir coupable systématiquement, ni de prendre tout sur soi. Mais la bonne démarche est de prendre sa juste part de responsabilité et de mettre l’accent sur cela. Quelle est ma part d’action qui contribue à entretenir le phénomène ? Comment puis-je agir dessus pour rompre le cycle vicieux ?
Comment puis-je concrètement changer ce paradigme ? C’est là qu’intervient cette autodiscipline :
auto-examen et auto-observation permanents, en surveillant son corps et le champ émotionnel résultant des différentes interactions que nous avons avec le monde extérieur ;
invitation au feedback, autocritique et réflexe d’apprentissage permanent,
«hypervigilance» sur les défauts qui nous gênent (ils peuvent être des projections de nos propres défauts), et ceux des nôtres (parents, génération, peuples etc.) qui existent probablement en nous à l’état latent ou potentialisé ;
conscients de tout ce qui a été évoqué plus haut, nous devons traquer les 4 toxines (mépris, blâme, attitude défensive et dérobade) qui constituent les types de briques que l’on retrouve dans les murs d’incompréhension ; elles s’emboîtent les unes dans les autres (mépris, blâme ou critique déclenchent la dérobade ou l’attitude défensive et vice versa) ; nous devons leur mener une lutte lucide et intelligente en cassant les boucles dans lesquelles elles s’insèrent; cela requiert une bonne capacité de communication ;
refuser toute forme de grossièreté, de rejet, d’exclusion ou d’humiliation ;
ériger l’intégrité en principe sur lequel se fondent nos pratiques de tous les jours ; à ce niveau, chacun doit mener le combat contre lui-même.
C : Connexion élargie et bienveillante ou «reliance» planétaire
Se relier à tous les êtres vivants de la planète Terre, voilà le type de connexion qui contribuera à l’harmonie générale. Il est facile à dire, mais difficile à mettre en pratique, car cela exige de notre part qu’on se départisse de tous les « centrismes » sectaires et élargir nos responsabilités et nos devoirs à l’égard de tous les autres habitants de la planète Terre. Cette première disposition est notre axe horizontal. Sur l’axe vertical, nous devons également développer les mêmes responsabilités et obligations vis-à-vis des générations futures.
Faire tomber les murs d’incompréhension en ouvrant des fenêtres de connexion élargies et bienveillantes, tel est le propos de cet article. Contrairement à la vision populaire, nous avons du mal à distinguer le bien et le mal. Nous sommes objectifs vis-à-vis des autres et «hypersubjectifs» vis-à-vis de nous-mêmes. Nous possédons des idées qui peuvent nous posséder. Nous subissons les contrecoups de l’écologie de l’action ; nous n’avons aucune certitude sur la cohérence entre nos intentions et les résultats de nos actions. Mépris et blâme suscitent attitude défensive et dérobade. Nous pouvons également nous retrouver dans des dilemmes à propos des devoirs moraux. Trois fenêtres peuvent cependant nous aider à surmonter ces difficultés. Elles s’appuient d’abord sur l’humilité, la compassion, l’assertivité et l’intégrité et ont comme noms : le respect, la courtoisie, l’ «auto-éthique» et la connexion élargie avec tous les êtres humains (axe horizontal), en prenant en compte également les générations futures (axe vertical).
LA NBA REPREND SA SAISON LE GENOU A TERRE AVANT DE SAUTER AU PANIER
omme ils en avaient pris l'engagement, les basketteurs évoluant dans la ligue nord-américaine ont décidé de profiter de leur retour sur les parquets, à l'intérieur de la bulle floridienne, pour afficher leur soutien au mouvement «Black Lives Matter»
ORLANDO — Genou à terre pendant l'hymne américain, joueurs, entraîneurs et arbitres de la NBA ont protesté contre les injustices raciales, jeudi, en marge des matchs Utah-New Orleans et Lakers-Clippers sonnant la reprise de la saison après quatre mois et demi d'interruption due au coronavirus.
Comme ils en avaient pris l'engagement, les basketteurs évoluant dans la ligue nord-américaine ont décidé de profiter de leur retour sur les parquets, à l'intérieur de la bulle floridienne, pour afficher leur soutien au mouvement «Black Lives Matter» dans le sillage de la mort de George Floyd, asphyxié lors de son interpellation le 25 mai à Minneapolis.
Ces derniers jours, les joueurs des 22 équipes qualifiées pour cette reprise très attendue du championnat, interrompu pendant plus de quatre mois à cause du coronavirus, se sont concertés pour agir à l'unisson.
Sur les parquets du HP Field House et de l'Arena, deux des trois salles de l'immense complexe ESPN World Wide of Sports où les matchs auront lieu à huis clos jusqu'à mi-octobre, le même instant solennel a ainsi été observé.
Les principaux acteurs des deux rencontres se sont d'abord tous rassemblés le long de la ligne de touche, revêtus du même t-shirt noir à manches longues avec écrit dessus «Black Lives Matter», des mots également peints sur le parquet au-dessus du logo de la NBA. Puis ils se sont agenouillés se tenant bras dessus dessous.
«Moment unique»
Reconnaissant «un moment unique dans notre histoire» sur CNN plus tôt jeudi, le patron de la NBA Adam Silver a décidé qu'aucune sanction ne serait infligée pour ces agenouillements.
«Je respecte l'acte unifié de protestation pacifique de nos équipes pour la justice sociale et, dans ces circonstances uniques, je n'appliquerai pas notre vieille règle exigeant que nous nous tenions debout pendant notre hymne national», a-t-il ensuite déclaré dans un communiqué juste avant d'assister, masqué en tribunes, au choc de Los Angeles entre les Lakers et les Clippers.
Ces deux derniers mois, les États-Unis ont été le théâtre de nombreuses manifestations contre l'injustice raciale et les brutalités policières après la mort de Floyd. Depuis, poser un genou à terre est devenu un symbole de contestation adopté par les manifestants, parmi lesquels de très nombreux sportifs professionnels.
Ce geste a été effectué pour la première fois par l'ancien joueur de football américain Colin Kaepernick en 2016, qui récolta pour cela les insultes de Donald Trump et s'est trouvé blacklisté en NFL.
Malgré l'appel de la star de Brooklyn Kyrie Irving à boycotter la reprise pour mieux se consacrer à lutte contre l'injustice sociale, la quasi-totalité des joueurs a décidé d'aller à Orlando où leurs prises de parole sur ce thème sont quotidiennes.
«Peace», «I'm a Man», «Equality»
Ainsi LeBron James a demandé que justice soit faite pour Breonna Taylor, une femme noire tuée par la police dans son appartement en mars, et demandé que «les officiers ayant commis ce crime soient arrêtés».
Contrairement à de nombreux autres joueurs, la vedette des Lakers n'a pas remplacé son nom sur son maillot par un slogan ou un message, comme l'a autorisé la ligue. Les deux stars des Clippers, Kawhi Leonard et Paul George, non plus.
La jeune vedette de La Nouvelle-Orléans, Zion Richardson, qui a lui choisi le mot «Peace» (paix), a déclaré que cette séquence d'agenouillement collectif «a été émouvante». «C'était important d'être tous ensemble, ici, comme un seul homme en train de faire quelque chose en quoi nous croyons».
L'arrière de Utah Mike Conley a opté pour «I'm a Man» (je suis un homme) et Rudy Gobert pour «Equality» (égalité). Comme un symbole, le pivot français a inscrit le tout premier panier du match, 141 jours après l'annonce de son test positif à la COVID-19 qui a entraîné la suspension de la saison.
Et il a aussi marqué les deux derniers points, deux lancers francs qui ont offert une victoire serrée pour le Jazz (106-104) aux dépens des Pelicans, désormais 11e à l'Ouest et dont la quête de la 8e place, qualificative pour les séries, se complique.
HARO SUR MAME MACTAR GUEYE
Une interview accordée le 30 juillet à un média en ligne par le responsable de l’Organisation islamique Jamra, a provoqué l’indignation des catholiques
La Croix Afrique |
Lucie Sarr |
Publication 03/08/2020
Au Sénégal, une interview accordée, le 30 juillet, à un média en ligne par Mame Mactar Gueye, responsable de l’Organisation islamique Jamra a provoqué l’indignation des catholiques.
Dans cet entretien disponible dans une vidéo désormais virale, ce responsable religieux musulman fustige une série télévisée intitulée « Infidèles » qu’il juge « immorale » et a tenu des propos jugés désobligeants à l’égard des chrétiens.
La célébration, le 31 juillet, de l’Aïd-El Kébir, communément appelé Tabaski au Sénégal, a été entachée par une polémique à connotation religieuse. Les catholiques ne décolèrent en effet pas car ils estiment que la veille de cette fête, Mame Mactar Gueye, le responsable de la célèbre organisation islamique Jamra leur a manqué de respect.
Dans une interview accordée à un média en ligne et diffusée le 30 juillet, Mame Mactar Gueye, s’en prend à la série télévisée « Infidèles » et à son réalisateur. Jusque-là rien d’étonnant puisque le chef de Jamra a déjà dénoncé, par le passé d’autres séries comme « Maîtresse d’un homme marié » de la réalisatrice Kalista Sy.
Dans son développement Mame Mactar estime que l’un des personnages principaux ne devait pas s’appeler Mame Diarra (qui aussi le nom de la mère du fondateur du mouridisme Cheikh Ahmadou Bamba et qui est une sainte, selon cette confrérie soufie sénégalaise). Il a ajouté que le réalisateur aurait pu appeler ce personnage, peu recommandable à ses yeux, « Françoise, Jeanne ou Brigitte ». C’est cette dernière phrase qui a soulevé le tollé chez les catholiques : prêtres et laïcs ont exprimé leur indignation sur les réseaux et exigé les excuses du fautif.
Indignation
« Vos propos reflètent les sentiments qui vous animent réellement à l’égard de la communauté chrétienne : intolérance religieuse, haine, mépris, manque d’amour et de considération », dénonce ainsi Adrien Mathurin Silva Barboza, catholique sénégalais. À ses yeux, cette attitude du chef de Jamra n’est pas isolée. « D’ailleurs vous n’êtes pas le seul dans cette nation à tenir ce genre de discours ou même à avoir des préjugés, d’autres avant vous, avaient tenus des propos aussi désobligeants que les vôtres à l’endroit des chrétiens ». En 2018, des propos analogues tenus pas le chanteur Pape Diouf à propos de la Jet-Setteuse ivoirienne Eudoxie Yao dont l’habillement (très sexy) serait « normal » puisqu’elle est chrétienne.
42 NOUVEAUX CAS, 2 DÉCÈS SUPPLÉMENTAIRES ET 63 GUÉRISONS
Ces nouvelles infections ont été détectées sur un échantillon de 946 tests, au cours des dernières 24h, soit un taux de positivité de 4,44 %, a précisé le directeur de la Prévention au ministère de la Santé, docteur El Hadj Mamadou Ndiaye.
Dakar, 3 juil (APS) - Le Sénégal a enregistré lundi 42 nouveaux cas de coronavirus, 2 décès supplémentaires et 63 guérisons.
Ces nouvelles infections ont été détectées sur un échantillon de 946 tests, au cours des dernières 24h, soit un taux de positivité de 4,44 %, a précisé le directeur de la Prévention au ministère de la Santé, docteur El Hadj Mamadou Ndiaye.
Faisant le point sur la situation du jour, Dr Ndiaye a signalé que parmi les personnes infectées figurent 36 cas suivis par les services sanitaires et 6 issus de la transmission communautaire.
Ces cas communautaires sont répartis entre Dakar (3), Kolda (1), Mbacké (1) et Ziguinchor (1).
El Hadj Mamadou Ndiaye a indiqué que 2 nouveaux décès liés à la Covid-19 ont été enregistrés dimanche, tandis que 37 cas graves sont pris en charge dans les services de réanimation.
Il a annoncé que 63 patients ont été contrôlés négatifs et déclarés guéris. L’état de santé des autres patients est stable.
A la date d’aujourd’hui, le Sénégal comptabilise 10 386 cas de covid-19 dont 6901 guéris, 211 décès et 3273 patients sous traitement, selon le ministère de la Santé et de l’Action sociale.
Par Bacca BAH
LA REPUBLIQUE ABIMEE
Est-ce que la République sous Wade est plus abîmée que celle sous son successeur Macky Sall ? Quels sont les faits que Abdou Latif Coulibaly décrit comme relevant d’une mal-gouvernance sous Wade qu’on ne retrouve pas aujourd’hui sous Macky Sall ?
J’ai emprunté ce titre à un journaliste qui avait l’habitude de faire des investigations sous le régime socialiste et surtout sous le régime libéral du Président Abdoulaye Wade. Abdou Latif Coulibaly, pour ne pas le nommer, a écrit un ouvrage publié par Les Editions Sentinelles en avril 2011, et intitulé : La République abîmée, Lettre à Abdoulaye Wade Yin ghou.
Dans cet ouvrage, il pointe du doigt la mal-gouvernance du Président Wade qu’il a comparé, à son temps, à une République abîmée, naufragée et piégée.
Est-ce que la République sous Wade est plus abîmée que celle sous son successeur Macky Sall ? Quels sont les faits que Abdou Latif Coulibaly décrit comme relevant d’une mal-gouvernance sous Wade qu’on ne retrouve pas aujourd’hui sous Macky Sall ? Je vais essayer, à travers quel - ques exemples, et à la lumière de la situation que nous vivons maintenant, de donner ma compréhension d’une République abîmée. Une République est abîmée lorsque les représentants du Peuple n’ont pas honte de s’insulter à longueur de journée dans les réseaux sociaux.
Une République est abîmée lorsque le président de L’Assemblée nationale a déclaré sans gêne qu’il est plus fidèle au président de la République qu’au Peuple sénégalais qui l’a élu : «Makki du ma gëne gore.» La République est abîmée lorsque les députés disent, sans honte, qu’ils sont les «députés du Président». La République est abîmée lorsqu’un Etat fait de sa priorité la construction de stades et d’arènes de lutte plutôt que d’écoles, d’universités et d’hôpitaux.
Une République est abîmée lorsque le président de la République viole la Constitution alors qu’il est censé en être le gardien suprême. Une République est abîmée lorsque les ministres et directeurs qui sont dans l’obligation de déclarer leur patrimoine refusent de le faire. Et personne ne pipe mot. Une République est abîmée lorsque son Président n’a pas honte de se dédire tout le temps. Une République est abîmée lorsque le Président se lève pour défendre son propre frère, accusé de corruption.
Une République est abîmée lorsque le président de L’Assemblée nationale déclare clairement qu’il fera tout ce que le président de la République lui demande de faire. Une République est abîmée lorsque le Président utilise le système judiciaire contre les opposants afin de les réduire à leur plus simple expression. Une République est abîmée lorsque les fonds politiques (la caisse noire) sont usés et abusés pour l’enrichissement d’une clientèle politique.
Une République est abîmée quand le Président croit avoir le droit de distribuer des terres de pauvres paysans, à des chefs religieux, à des multimilliardaires nationaux et étrangers, avec des titres fonciers à la clé. Une République est abîmée lorsque la démagogie prend la place de la pédagogie. Une République est abîmée lorsqu’elle est mise au service d’un clan et d’une famille. Une République est abîmée quand l’Ige, ce corps d’élite chèrement payé par le contribuable sénégalais, reste quatre bonnes années avant de produire des rapports sur l’état de la gouvernance. Et ces rapports compromettants pour certains, comme d’autres dossiers d’ailleurs, risquent d’être mis sous le coude.
Une République est abîmée quand les hommes politiques sont plus riches que des hommes d’affaires et entrepreneurs, alors la voie la plus rapide pour se faire beaucoup d’argent demeure celle de la politique. Une République est abîmée lorsque le Président trouve toujours des prétextes pour augmenter les nombres de députés, créer des institutions budgétivores sans aucune utilité pour les Sénégalais, dans le seul but de caser de la clientèle politique et les transhumants. Une République est abîmée lorsque le Président prend la Constitution comme un brouillon qu’il manipule à sa guise. Une République est abîmée lorsque les scandales, la corruption, la concussion, la transhumance, les slogans creux et le népotisme deviennent monnaie courante au point de ne choquer personne. Et enfin une République est abîmée lorsque celui qui l’incarne au plus haut niveau, le Président, travaille pour son ventre plutôt que pour l’Histoire.
La liste, bien sûr, n’est pas exhaustive, celles et ceux qui veulent vraiment avoir la liste complète de la mal-gouvernance sous le Président Sall, je leur recommande de lire La République abîmée de Abdou Latif Coulibaly. La seule chose à faire, c’est tout bonnement de substituer le nom du Président Wade pour celui du Président Macky Sall. Et le tour est joué. C’est avec un cœur meurtri que je garde toujours cet ouvrage, non pas parce qu’il y raconte des contrevérités, mais parce que nous sommes en train de vivre la même situation aujourd’hui.
Sinon pire. Latif, au cœur du pouvoir actuel, reste sourd et muet sur les dérives qu’il dénonçait jadis. J’ai acheté cet ouvrage un certain 23 juin 2011, devant l’Assemblée nationale au prix dix mille francs Cfa. Son prix m’importait peu, mais c’était parce que l’auteur est un journaliste que j’admirais, je n’ai pas hésité. Je l’admirais pour ses investigations, pour son courage et pour ses émissions en wolof sur Sud Fm diffusées les samedis matin en compagnie un communicateur traditionnel où il utilisait l’humour pour critiquer les politiciens
. Ce jour-là parmi les foules, j’ai vu des jeunes manifestants en crier : «Sama constitution, bu ku laal, bu ko jege ! Ou Goorgi deenaa, goorgi deenaa, suul nan koo», (Ne touche pas à ma constitution ! Le vieux est mort et on l’a enterré) quand j’ai vu un vendeur de journaux passer avec l’ouvrage en main, j’ai sauté sur l’occasion. Si ce Monsieur sortait cet ouvrage par ces temps qui courent, je ne l’accepterais même pas en cadeau, à plus forte raison de l’acheter à ce prix, tout simplement parce que j’ai l’intime conviction maintenant que Latif ne se battait pas pour des principes démocratiques, la justice sociale et l’équité pour tous. Il combattait un homme.
Pour terminer, je vous laisse lire ces dernières phrases tirées de la conclusion faite par Latif pour clore son ouvrage : «Nous avons écrit cet ouvrage autour de l’idée que si l’ambition que Abdoulaye Wade avait pour son pays a été plombée, c’est parce qu’il s’est livré à une véritable entreprise de mise en abîme de l’Etat et de la République en particulier. Ce livre peut être lu comme une chronique de la désagrégation de cette ambition.» (P : 220). Substituons le nom de Abdoulaye Wade par celui de Macky Sall et on ne verrait pas vraiment la différence ! N’est-ce pas mon journaliste d’investigation d’alors ?
Bacca BAH
Écrivain et professeur d’anglais au Lycée de Thiaroye
par Amadou Tidiane Wone
ET MAINTENANT MANSOUR
Les négociations autour du plan Sakho-Loum, la conquête d'un siège autour de la table des bailleurs de fonds pour faire entendre la voix d'un patronat de type nouveau, tout cela porte l'empreinte de Mansour
J'ai été un très proche collaborateur de Mansour Cama à la fin des années 1989 début 1990. Pour quelques années d'une rare intensité. C'était à l'époque du Plan d'urgence économique et des mesures drastiques et contraignantes des Institutions de Bretton Woods. Puis surviendra la dévaluation du Franc CFA et la prise de tas de mesures qui impacteront durablement la physionomie de l’économie de notre pays. Des années qui mettront au devant de la scène des chefs d’entreprise, nationalistes et déterminés à conquérir des bastions économiques et financiers encore aux mains du capital étranger. Mansour Cama m'avait recruté en qualité de Secrétaire Permanent de la CNES (Confédération Nationale des Employeurs du Sénégal). Avec bienveillance et pédagogie, il m'aura beaucoup appris. Surtout en matière de diplomatie de l'ombre et de capacité de persuasion. Mais aussi de mise en œuvre de stratégies complexes mais gagnantes.
A l'époque, des monopoles inadmissibles contribuaient à étouffer l'ardeur d'une nouvelle race d'opérateurs économiques. L'importation du riz était un monopole d'état sous l'emprise de la Caisse de Péréquation. Le sucre était un monopole exclusif de la Compagnie Sucrière Sénégalaise. L’importation de plusieurs produits était soumise à autorisation préalable. Plusieurs autres verrous administratifs ou politiques, affairistes ou claniques, assuraient à quelques privilégiés des rentes de situation.
C'est dans ce contexte que Mansour Cama et quelques-uns de ses amis décidèrent, dans un premier temps de quitter le CNP (Conseil National du Patronat) dont la CNES était l'un des syndicats de base. Babacar Diouf, Faycal Sharara, Cherif Mbodj, entre autres, constituaient le fer de lance de cette belle aventure. Car, ce départ du CNP va préciser les lignes de fracture entre un capital étranger (notablement français) et les ambitions légitimes d'un capital national mieux formé, plus informé et plus ambitieux. L'une des idées lumineuse de Mansour Cama et de ses amis aura été la mise en œuvre d'une alliance stratégique avec le secteur informel dont la force de frappe sociale est imparable. Et d'abord avec L'Unacois conduite par le président Dame Ndiaye, Serigne Dia Ndongo, Moustapha Diop, etc. Le GES de feu le président Alla Sene, L'Afac (Association des femmes commerçantes) conduite par Feue Adja Dior Diop, Oumou Salamata Tall et d'autres lionnes qui ont porté un combat épique contre tous les monopoles jusqu'à la victoire finale. La vision stratégique et l'entregent de Mansour Cama auront été au cœur de la prise de ces bastilles réputées inexpugnables.
Les négociations autour du plan Sakho-Loum, les alliances stratégiques avec les syndicats de travailleurs, la conquête d'un siège autour de la table des bailleurs de fonds pour faire entendre la voix d'un patronat de type nouveau, tout cela porte l'empreinte de Mansour. L'histoire lui en rendra justice.
Je vais m'en arrêter là. Car, dans le mot " Secrétaire», il y a deux mots : secret et taire.
D'autres parleront de son engagement citoyen et politique qui le poussera à s'impliquer à fond dans les travaux des Assises Nationales malgré son affection pour le président Wade qui le lui rendait bien. Nous en avons eu une belle illustration à l'occasion de la présentation des condoléances lors du rappel à Allah de son épouse Fama Sow…
J'ai donc mille et une raisons de témoigner et prier pour " Sama Grand" comme je l'appelais affectueusement. Qu'Allah lui pardonne tous ses péchés et lui ouvre grandement Les Portes de Sa Miséricorde Infinie.
Que la terre de Yoff lui soit légère. Aamiine.
«J’Y REFLECHIS… SANS TROP Y PENSER»
Le président de la Confédération africaine de football (Caf), Ahmad Ahmad, est toujours indécis à l’idée de se présenter pour un second mandat l’année prochaine.
Le président de la Confédération africaine de football (Caf), Ahmad Ahmad, est toujours indécis à l’idée de se présenter pour un second mandat l’année prochaine.
L’élection présidentielle de la Caf doit avoir lieu en mars 2021. Soit 4 ans après que le Malgache a détrôné de façon spectaculaire le dirigeant de longue date, Issa Hayatou. Ahmad, qui fait l’objet d’une procédure d’enquête de la Fifa pour des questions d’éthique, a indiqué qu’il prendra probablement sa décision tardivement et seulement après avoir demandé conseil à ses collègues. «Je prends toujours conseil auprès de toutes les parties prenantes du football africain. Une fois que ce sera fait, je pourrai dire si je me lance ou non», a déclaré le vice-président de la Fifa, à Bbc Sport Africa.
L’ancien président de la Fédération malgache a annoncé sa candidature pour 2017, quatre mois avant les élections, et juste une semaine avant leur date limite, disant qu’il avait décidé de se présenter après avoir entendu certains présidents de fédération appeler au changement. «Je n’exerce pas cette fonction par ambition personnelle.» a indiqué Ahmad. Qui ajoute : «Je le fais bien plus par motivation collective et actuellement. Même si j’y réfléchis un peu, je ne veux pas trop y penser. Je préfère mettre mon énergie dans les obligations auxquelles la Caf doit faire face ces jours-ci et qui sont très urgentes.» Depuis que le coronavirus s’est répandu dans le monde, la Caf - comme de nombreuses organisations sportives - est confrontée à un cauchemar logistique lorsqu’elle doit organiser des tournois reportés comme la prochaine Coupe d’Afrique des Nations. Elle est également en arbitrage avec Lagardère Sports, dont l’accord télévisuel et marketing d’un milliard de dollars a été annulé par la Caf en octobre dernier. Une décision qu’Ahmad impute à la réglementation anti-concurrence, mais qui pourrait coûter à son organisation des dizaines de millions de dollars en compensation à la société française.
Des stratagèmes de campagne déguisés ?
Alors qu’il réfléchit à son avenir, certains ont vu dans la décision prise ce mois-ci par la Caf d’augmenter les subventions annuelles de ses membres de 200 mille à 300 mille dollars comme une première étape dans la campagne de Ahmad. Mais le sexagénaire affirme que l’argent doit aider les Fédérations dans leur lutte contre les pertes financières causées par la pandémie de coronavirus. «Nous faisons un effort pour stabiliser nos finances à la Caf, mais en même temps nous aidons substantiellement les fédérations. Nous avons décidé de donner 300 mille dollars à chacune d’elles. Ce qui implique un engagement énorme de la part de la Caf à hauteur de 16,2 millions de dollars, mais c’est une obligation. Nous devons investir pour pouvoir espérer augmenter les revenus futurs», a-t-il déclaré.