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8 octobre 2025
FORUM DE L'EAU: UN PREMIER PARTENARIAT PRIVE
Le Secrétariat Exécutif du 9ème Forum de l’Eau, sous la direction de M. Abdoulaye Sène a procédé à la signature d’une convention de partenariat avec le groupe Africa Pipe Industries
Le Secrétariat Exécutif du 9ème Forum de l’Eau, sous la direction de M. Abdoulaye Sène (Secrétaire Exécutif et Co-Président du Comité International de Pilotage du 9ème Forum mondial de l’eau), a procédé, ce mardi 10 novembre à 16h à la sphère ministérielle Ousmane Tanor Dieng de Diamniadio1, à la signature d’une convention de partenariat avec le groupe Africa Pipe Industries, représentée par son CEO M. Al Hassan Bouzeliffa.
Introduit par M. Cheikh Tidiane Fall, chargé de Communication du Forum, M. Abdoulaye Sène - en souhaitant la bienvenue à M. Bouzelifa tout en le remerciant avec ses collaborateurs -, a tenu de « rappeler que pour relever le défi de l’organisation et de la contribution scientifique et technique, le Secrétariat exécutif, suivant les instructions du Chef de l’Etat, a déroulé un processus de consultation et de mobilisation de l’ensemble des parties prenantes ». Alors, « c’est dans ce cadre qu’il y’a eu des échanges entre nos équipes pour élaborer le Protocole de partenariat assorti d’un Plan d’action. A cette occasion, vous avez manifesté un grand intérêt pour le Forum qui aura lieu à Dakar du 21 au 26 mars 2022, et surtout votre engagement à contribuer à sa réussite », a indiqué le Secrétaire exécutif.
Le prochain Forum mondial de l’eau qui sera ancré sur les principaux défis du pays hôte le Sénégal, mais aussi de l’Afrique et du monde, trouve déjà des structures organisées relavant le défi du partenariat et du développement. Sur le plan national et international, M. Sène nous informe que beaucoup d’acteurs ont concrétisé leur engagement pour la réussite de ce grand événement prévu en 2022. Et les institutions et sociétés que sont l’Assemblée Nationale, Union des Associations des Elus Locaux du Sénégal, Mairie de Diamniadio, SONES, SEN’EAU, ONAS, SDE et OFOR, OLAC, SAED « ont toutes manifesté leur détermination d’être des acteurs de premier plan pour que le Sénégal relève le défi de l’organisation et de la participation au Forum ».
« Magreb Pipe Industries, première société de fabrication d’équipements hydraulique à intégrer le cercle des partenaires du 9e Forum de l’Eau »
Mais, la présence de Magreb Pipe Industries (MPI), première société de fabrication d’équipements hydraulique à intégrer le cercle des partenaires du Forum, « est cependant d’une très grande importance et particulière car marquant le début du partenariat avec une société qui entend se positionner comme un des fleurons de l’industrie sénégalaise et ouest africaine », tient à souligner M. Abdoulaye Sène. Ce dernier nous fait noter que MPI « est en train d’implanter au Sénégal, avec un partenaire local, une usine de fabrication de tuyaux, dénommée Africa Pipe Industries (API), pour desservir toute la région ouest africaine et au-delà ». Il évoquera les relations privilégiées, entre le Sénégal et l’Algérie, dans différents domaines, ce qui illustre pleinement « des vertus de la coopération, l’une des grandes priorités du Forum que le Sénégal accueille au nom de toute l’Afrique ».
Parce que « le Forum de Dakar a l’ambition d’être celui des réponses concrètes, ce qui passe forcément par l’implication des fournisseurs de produits et d’équipements », MPI avec API viennent alors à point nommé avec surtout sa spécialisation « dans la construction de systèmes de canalisation armée de fibres de verre (PRV) ». MPI apporte également « des solutions et des équipements pour que les sociétés de service puissent assurer leur mission au bénéfice des populations. Pour les systèmes hydrauliques, il est essentiel de disposer d’un réseau de canalisation étanche et durable à même de véhiculer les liquides sans interruption dans des conditions d’humidité, d’eau salée, de sol contaminé ou de produit corrosif » et ses « équipements (Tuyaux, raccords et joints) permettent de répondre à cette exigence, surtout dans des conditions d’exploitation aussi difficiles que celles d’Afrique sub-saharienne », a révèlé M. Sène.
Cette expertise des représentants de MPI est un quitus pour intégrer les Groupes consultatifs de la préparation du contenu du Forum, en particulier ceux concernant les priorités « Sécurité de l’eau et de l’assainissement », « eau et développement rural » et « outils et moyens ».
M. Al Hassan Bouzelifa prendra la parole pour dire que le 9e Forum de l’Eau qui se tiendra en Afrique et "pas n’importe où" au Sénégal est "un rendez-vous impossible à rater » et de répondre doublement parce qu'il s'agit d'événement sur l'eau mais aussi une organisation entre les mains de "frères sénégalais".
Après 10 ans de travaux, d'activités, le groupe Magreb Pipe Industries a décidé d'élargir ses embranchements et s'exporter en Afrique. "Alors quoi de plus naturel d'être en premier au Sénégal, un pays frère, un pays daccueil avec qui nous entretenons de bonnes relations", soutient Al Hassan Bouzelifa. Qui dit que lui même étant basé ici au pays de la Téranga trouve toujours un bonheur sans fin. Pour cela, Al Hassan est à la fois "sénégalais, algéro-sénégalais et fier de l'être".
Cest pourquoi, avec ce Forum de l'eau - axé sur le thème : ’’La sécurité de l’eau pour la paix et le développement’’ - cest l'occasion donné pour montrer au monde "qu'on sait l'organiser, qu'on sait mettre le doigt sur les choses importantes, sur les grand projets", a déclaré M. Bouzelifa. Et l'Afrique aujourdhui, selon l'Algéro-sénégalais, a besoin d'eau d'où l'importance de mettre en avant toutes ces réalisations, ces capacités et compétences.
Pour Bouzelifa, une chose est sûre: tous le projets qui existent dans le monde sont liés à la toyauterie. Parce qu'il faut toujours acheminer, évacuer.
Il ne terminera pas son speech sans surtout parler de cette grande ambition de créer en terre sénégalaise et plus précisément à DIASS, en partenariat avec l’APIX, une Usine de fabrication d’une gamme de tuyaux et d’accessoires en nouvelles technologies PRV (Polyester renforcé en fibre de verre), une technologie de dernière génération pour le transport et la distribution de l’eau plaçant de facto le Sénégal en leader de cette technologie dans la sous-région.
ET DIEU CREA LES «JAKARTA» POUR LES JEUNES GENS
Le reporter du « Le Témoin » a fait une tournée dans quelques régions du Sénégal pour constater la pauvreté dans ces contrées
L’émigration clandestine refait surface avec son lot de drames en mer. Des dizaines de jeunes gens auraient péri dans le chavirement de leurs pirogues. L’émoi est grand partout dans le pays. Le reporter du « Le Témoin » a fait une tournée dans quelques régions du Sénégal pour constater la pauvreté dans ces contrées.
Pour celui qui vient de quitter Dakar en cette fin du mois d’octobre, le climat de la ville de Kaolack pourrait paraitre plus clément malgré la chaleur qui y prévaut. Cette chaleur, plutôt que de pousser la population à trouver refuge dans les concessions, semble au contraire les précipiter dans les rues tellement la vie est animée. Normal, nous sommes dans une villecarrefour, ancienne capitale du Bassin arachidier. Une situation géographie privilégiée dont aurait pu profiter la jeunesse en termes d’opportunités économiques et d’emplois. Hélas, il n’y a pratiquement rien dans cette vaste ville qui pourrait occuper cette jeunesse. Des entreprises qui ne tiennent plus et qui ont du se débarrasser de leurs employés. Dès l’entrée de la ville, le visiteur est accueilli par une nuée de motos Jakarta. C’est en fait la seule activité qui occupe les jeunes qui y trouvent un moyen pour être utiles à leur famille. Ces motos noient d’ailleurs la présence des taxis qui supportent mal cette concurrence jugée déloyale. « Nous sommes fortement concurrencés par les Jakarta. Mais on ne lâche pas prise puisqu’on arrive à gagner correctement notre pain », indique un conducteur de taxi.
Assis à califourchon sur sa moto garée à côté d’une clinique, le garçon guette les clients. « Je gagne ma vie avec cette moto. Je n’ai pas le choix. Nous n’avons pas d’autres alternatives. Les politiciens ne font que mentir. Tu as constaté que presque nous (Ndlr : jeunes) tous conduisons des Jakarta. Cette moto, j’ai pu l’acquérir grâce à un prêt », lâche Ibrahima avant de conduire votre serviteur vers sa destination. Dans cette ville qui fut la capitale arachidière et qui a connu une époque florissante, le chômage des jeunes est visible à l’œil nu. C’est impressionnant de voir toute une jeunesse sans activité au coin de chaque quartier autour du thé.
A Tambacounda, ca canicule est telle que les gens fuient la rue pour chercher refuge dans les maisons ou sur les berges du fleuve. L’image de la ville est la même qu’à Kaolack. L’activité principale des jeunes est de conduire des motos Jakarta pendant que les taxis broient du noir. Il est même rare de voir un taxi en bon état. « Nous n’avons que cet emploi. Quand je vois des gens nous dire que la conduite de moto Jakarta n’a pas d’avenir, cela me fait mal au cœur. Qu’est-ce que les gens veulent en fait ? Qu’on prenne les pirogues ou bien qu’on reste chez nous sans rien faire et attendre ? Les autorités devraient avoir honte de voir que la principale activité des jeunes dans toutes les régions du Sénégal est constituée par la conduite des motos Jakarta », confie un jeune jakartaman d’une vingtaine d’années. Comme Kaolack, Tambacounda aurait pu tirer profit de ses potentialités pour développer son économie et occuper les jeunes à travers des emplois salariés. Quant aux femmes de la ville, elles s’investissent dans de petits commerces comme la vente de sandwichs. Et jusque tard dans la nuit, elles sont devant leurs tables attendant des clients noctambules dont les voyageurs qui arrivent tardivement dans la ville.
A voir toutes ces femmes occuper les abords de la route nationale pour leur petit commerce ne rapportant pratiquement rien, on éprouve de la peine. Fatiguées, les traits tirés, certaines dorment même assises. « Je suis une mère de famille. Je ne peux pas tout attendre de mon époux. Tout ce que je gagne ici, c’est pour mes enfants. C’est difficile et risqué de rester jusqu’à ces heures tardives dehors, mais nous n’avons pas le choix », dit Khady en haussant les épaules tout en servant ses clients installés sur un table banc. De l’autre côté de la route, les jeunes sont toujours là assis sur leurs motos et guettant des clients. « Sincèrement, nous ne dormons presque pas. Car, les clients arrivent jusqu’au petit matin. Notre vie se résume à conduire ces motos », confie le jeune Mamadou.
Le paradoxe de Kédougou : riche en or mais à la population miséreuse !
Le plus grand paradoxe reste cependant Kédougou. Dans cette ville pourtant capitale d’une région minière, la situation de la jeunesse est même pire qu’à Kaolack ou Tambacounda. Dans cette grande ville située au bord d’un fleuve, les jeunes sont partagés entre la conduite des motos Jakarta et la recherche de l’or dans les sites d’orpaillages traditionnels appelés « diouras ». Une quête effrénée qui n’est pas toujours synonyme de succès. D’où son lot de désillusions qui fait que certains, pour échapper à la misère ambiante, plongent dans l’alcoolisme.
Les femmes vont vivre des familles
Dans la célèbre contrée appelée « Manda Douane », à quelques poignées de kilomètres de Vélingara, les femmes ne sont pas encore au rythme de la surenchère de nos pittoresques marchés. Dans ce coin perdu et pas comme les autres, les marchandises s’écoulent à bas prix. Le décor est planté. Celui-ci est la preuve vivante que ce sont les femmes qui nourrissent le monde. Plusieurs dames mais aussi des petites filles y gagnent leur pain et certainement font vivre des familles entières. J’y suis arrivé dans la nuit à 4h du matin. Et ces braves femmes étaient encore debout à cette heure dans l’attente d’improbables clients. Debout et proposant leurs marchandises tout en distillant aux alentours de gracieux sourires. Remplissant les lieux de cette chaleur bien féminine.
Le véhicule à bord duquel nous voyagions était dans l’obligation, comme tous les autres d’ailleurs, de passer la nuit à cause de la fermeture du passage. Ces braves dames accourent de partout dès qu’elles aperçoivent une voiture. Elles l’envahissent avec le refrain «sukar on» «sukar» (sucre en Peul Fouta). Elles vendent également des bonbons et du lait concentré en boîte. Généralement, toutes les marchandises qu’elles proposent proviennent de la Gambie où elles les achètent dans les boutiques. On sanctionne les fraudeurs, et pourtant, dans ces boutiques de « Manda Douane », tout est légalisé. A Kolda, l’activité économique se déroule comme partout ailleurs au centre-ville. On peut s’aventurer à dire qu’il y a plus de mille Jakarta qui circulent dans cette région. Preuve du chômage endémique qui a poussé tous ces jeunes à enfourcher des motos. Une circulation indescriptible, des taxis qui broient du noir. Mais parviennent quand même à se faire quelques clients. Les bus Tata s’imposent petit à petit face au diktat des Jakarta. C’est pareil à Sédhiou où la ville est déserte.
A part les Jakarta, les jeunes désœuvrés sont assis autour du thé et passent leur temps à discuter de tout et de rien. Cela presque tous les jours, a confié un jeune de la ville qui ne vit que de ce que rapporte sa moto. « Nous n’avons pas d’autres boulots. On se contente de ce travail. Nos autorités ne sont là que pour elles-mêmes et leurs familles », dit le bonhomme désespéré.
A Ziguinchor, même chose qu’ailleurs. Dans chaque rue presque, il y a un petit garage créé par les Jakartamen. « Ce sont des arrêts Jakarta. On est organisé comme dans les gares. Nous nous battons ici pour sortir de nos difficiles conditions de vies », nous confie un jakartaman. Tranches de vie de jeunes et femmes de quelques régions de l’intérieur du pays. Des régions dépourvues d’entreprises susceptibles de donner du travail à cette jeunesse qui vit dans une extrême pauvreté.
NOUS MANQUONS TERRIBLEMENT D’UN SECTEUR INDUSTRIEL QUI PERMETTRAIT A BEAUCOUP DE PERSONNES DE TROUVER DU TRAVAIL
Même s’il faut reconnaitre que l’Etat, qui avait promis un million d’emplois à Pikine, a mis quand même en place des stratégies pour pallier à ces difficultés. On peut citer des projet comme PRODAC, les formations comme l’Onfp », selon Maissa Babou
« Les services du secteur tertiaire comme les banques et les assurances ou la téléphonie ne peuvent pas quand même pas absorber 50 à 100 mille jeunes qui arrivent tous les ans sur le marché du travail. C’est donc pour cette jeunesse-là des situations exécrables. Même s’il faut reconnaitre que l’Etat, qui avait promis un million d’emplois à Pikine, a mis quand même en place des stratégies pour pallier à ces difficultés. On peut citer des projet comme PRODAC, les formations comme l’Onfp etc. » a indiqué Pr Maissa Babou.
Les raisons de l’échec de la politique de l’employabilité des jeunes
Toutefois, l’économiste dit ne pas comprendre le fait que ceux qui sont formés ne puissent pas trouver d’emplois par la mise en place de ces structures comme une réponse sociale. « Le souci économique sénégalais n’engendre pas d’emploi. Cela dit, nous manquons terriblement de l’existence d’un secteur industriel qui permettrait à beaucoup de personnes de trouver du travail. Il faut noter non seulement le dysfonctionnement des entités, la non coordination et l’échec fatal au tour des scandales de PRODAC et de la Der. On peut aussi ne pas comprendre que ceux qui sont formés ne trouvent pas d’emplois à travers ces structures. Il y a une chaine que l’Etat n’a pas sécurisée avec l’ensemble de ces agences-là qui coûtent énormément et qui, dans le fond, ne sont pas efficaces. Parce qu’il fallait lier les formations aux financements. Et donner des financements à un organe qui les mettrait à la disposition des projets porteurs. Si on était dans cette dynamique-là, on pourrait même faire des projets locaux de développement dans les départements et essayer de retenir tout ce monde qui rêve de migrer vers les pays occidentaux. Mais les jeunes n’y croient plus. Parce que les politiciens ne font que parler. Quand l’Oit dit que nous avons 48 % de chômeurs, je crois que ceci peut expliquer cela. Donc il y a un échec des politiques mises en place par le régime et qu’il faudrait forcément rectifier pour essayer de retenir ces gosses à la maison » a-t-il-ajouté.
«Il fallait miser sur le développement agricole local pour produire des emplois»
D’après Maïssa Babou, la croissance économique du Sénégal est fondée sur le secteur tertiaire qui est saturé, incapable de produire un stage. A l’en croire, le système financier, les banques ne financent pas. Ces dernières demandent des garanties que personne ne peut donner quelle que soit la pertinence du projet « L’emploi ne se décrète pas. L’emploi est corrélativement un maillon du dynamisme économique. S’il y a un mouvement économique, s’il y a de l’animation économique, s’il y a une croissance inclusive, on devrait pouvoir sentir ce mouvement social en même temps que le mouvement économique. Malheureusement, notre croissance ne produit même pas un stage. Parque c’est une croissance fondée sur des services qui sont saturés comme les banques, assurances et téléphone. Nous ne disposons pas d’un agro-business, c’est-à-dire une production agricole à grande échelle. C’est ce que le PRODAC devait faire et qu’il n’a pas fait. Si on avait ce développement agricole au niveau régional, on pourrait peut-être enclencher sur de l’agro-industrie. Parce que s’il y a une grande production, ça favorise une transformation locale. Ce qui permettrait de générer beaucoup d’emplois » a conclu l’économiste Pr Maïssa Badou.
NOUVELLE TENUE DE L’ARMÉE DE TERRE
Une couleur «vert-bouteille» qui s’harmonise avec le monde militaire
L’Armée de Terre a changé de tenue. Les célèbres et mythiques « Saharienne » et « Numéro 2 » de couleur kaki sont remplacés par des tenues « vert-bouteille ». Une couleur qui s’harmonise avec celle des tenues que portent toutes les armées du monde.
Pour montrer ô combien le changement des fameuses tenues kaki de l’Armée de Terre vient à son heure, « Le Témoin » vous renvoie à l’Ecole de guerre de Washington-Dc (Usa) où l’ancien Cemga Cheikh Guèye avait été admis au Hall Of Fame du National Défense University (Ndu). Dans presque toutes les cérémonies militaires et banquets auxquelles assistaient, outre les généraux et officiers des armées américaines, des attachés militaires de pays européens, arabes mais aussi de Chine, l’alors chef d’état-major général des armées sénégalaises se distinguait de par ses tenues kaki et « gris-perlé ». Pendant ce temps, presque tous les officiers généraux du monde arboraient des tenues « vert-bouteille ». Une anecdote pour montrer que, dans toutes les armées de terre au monde, c’est la couleur « vert-olive » ou « vert-bouteille » qui est de mise de nos jours. Ce, aussi bien dans les états-majors (tenue de travail) que dans les cérémonies militaires.
Adieu le kaki !
Il a fallu 60 ans après l’indépendance pour que l’Armée s’harmonise avec le monde militaire en remisant au placard la bonne vieille tenue de couleur « kaki » pour la remplacer enfin avec l’uniforme « vert ». Selon un officier de l’Armée, il y a lieu de préciser que cette nouvelle tenue est aussi celle des services (Intendance, Matériel, Transmission, Génie et Santé). « Les écoles militaires (Ecole de l’air, Enoa, Ensoa, Prytanée militaire etc.) ne sont pas concernées par ce changement car elles gardent toujours leurs tenues traditionnelles » précise notre interlocuteur.
Inutile de vous dire que le président de la République Macky Sall, chef suprême des Armées, a validé avec fierté la nouvelle tenue sur présentation du ministre des forces armées, Me Sidiki Kaba. Justement pour parler de tenue, le capitaine Maixent Dacosta est allé plus loin pour la tailler sur mesure. « Parce que la tenue contribue au prestige de l’Armée et la stricte correction est exigée justifiant ainsi la fierté et le respect que l’uniforme doit inspirer. A l’instar des Armées de Mer et de d’Air qui ont eu à changer leurs uniformes, l’Armée de Terre vient de s’inscrire dans la même dynamique » explique le gestionnaire de l’Etablissement Habillement des armées dans la revue « Armée-Nation ».
Et le capitaine Dacosta de souligner que le changement de tenue de l’Armée de Terre intervient dans un contexte d’uniformisation des tenues à l’échelle mondiale. « Car, la couleur verte est plus adaptée pour un personnel évoluant dans un environnement chaud. Mieux, le choix porté sur le tissu vert découle du rejet de l’ancien dû au caractère salissant du tissu hérité de la période avant indépendance qui conserve, avec sa doublure, chaleur et sueur.
Si les personnels de l’Armée de l’Air et de la Marine nationale se distinguent facilement par leurs couleurs, tel n’est pas le cas pour le personnel de l’Armée de Terre et les services qui partagent le tissu kaki clair avec ceux de l’administration territoriale. C’est dans un souci de se singulariser des autres corps de l’Administration publique que l’armée de Terre a opté pour ses nouveaux apparats » explique notre officier de l’habillement, histoire d’aller faire exposer le célèbre « kaki » colonial au musée des armées.
UNE POLITIQUE MIGRATOIRE À VAU-L'EAU
Quatorze années et des programmes à la pelle n’ont pas permis aux régimes de l’ex-président Wade et de celui de son successeur Macky d’apporter une solution à l’équation de l’émigration irrégulière. Les maux de la crise de 2006 ont perduré jusqu’en 2020
Les services d'urgence espagnols ont annoncé, lundi, que plus de 1 600 migrants africains sont arrivés, ce week-end, sur les côtes des îles Canaries. Samedi, plus de mille personnes ont débarqué à bord d'une vingtaine de pirogues dans les îles de Grande Canarie, Tenerife et El Hierro. Dans la matinée de dimanche, c’est plusieurs autres bateaux, avec quelque 600 personnes à bord, qui ont été pris en charge sur cet archipel espagnol situé au large des côtes nord-ouest de l'Afrique.
Ces dernières arrivées reflètent un rythme d'une ampleur inédite depuis plus d’une décennie, faisant craindre une nouvelle crise d’une ampleur comparable à celle de 2006, durant laquelle, selon ‘’El Pais’’, plus de 31 000 candidats à l'immigration avaient atteint les Canaries.
Le Sénégal, tristement célèbre pour sa grande participation à cet exode massif de la jeunesse africaine, revit une situation similaire, 14 années plus tard. Ces dernières semaines, le phénomène du "Barça ou Barsakh" ("Barcelone ou la mort"), poussant des jeunes à prendre la mer pour l’Espagne, est reparti à la hausse. Entre le 14 octobre et le 7 novembre, c’est 1 765 personnes en provenance du Sénégal qui ont été accueillies dans au moins trois îles de l’archipel, selon un décompte de la militante des droits humains Helena Maleno Garzon. Ceci, en ne tenant pas compte des chiffres officiels annoncés par la Direction de l’information et des relations publiques des armées (Dirpa) qui affirme qu’en un mois, la marine nationale a intercepté et remis aux services de police 527 candidats à l’émigration illégale.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, une analyse de la situation qui avait poussé les jeunes Sénégalais à s’aventurer dans l’émigration clandestine, montre qu’en 2020, rien n’a changé. Les raisons évoquées en 2006 restent toujours d’actualité, malgré le changement de régime, pour expliquer cette fuite de la force de travail du pays vers l’Occident.
‘’Les gens sont pauvres. (…) Il y aura d'autres départs’’
‘’Ce que l'on voit en 2020, c'est que ce sont surtout les pêcheurs d’ici qui s’en vont pour les îles Canaries, parce qu'ils n'ont plus de poissons à pêcher. Des bateaux internationaux sont au large et nous pillent. Les gens sont pauvres. Je pense que dans les trois prochains mois, il y aura d'autres départs. Et cette fois, la mer sera moins calme [à cause des conditions météorologiques moins favorables, NDLR]’’, prédisait, il y a deux semaines, sur la plateforme Infomigrants, Moustapha Diouf, Président de l’Association des jeunes rapatriés (Ajrap). Son présage semble se réaliser. Dans les médias sénégalais, plus de 480 migrants sont annoncés morts dans des accidents de pirogues en direction de l’Espagne.
Son association, créée en 2007, regroupait déjà des personnes ayant tenté l’émigration par les pirogues. Si la qualification est passée de ‘’clandestine’’ à ‘’irrégulière’’ en 2020, les motivations qui l’avaient poussé à tenter de quitter à tout prix le Sénégal incitent toujours les jeunes à tenter l’aventure.
Dans un document présenté comme une ‘’exigence partielle de la maîtrise en science politique’’ de l’université du Québec à Montréal, Mylène Coderre-Proulx a produit, en 2013, une étude intitulée ‘’Incidence des politiques migratoires de l'Union européenne sur la gestion migratoire en Afrique de l'Ouest : le cas de la politique étrangère espagnole au Sénégal’’.
Analysant la crise migratoire de 2006, élément de base de ses recherches, l’étudiante canadienne écrit : ‘’Les départs depuis les côtes sénégalaises concernent essentiellement les populations des zones côtières. Ceci s'explique, entre autres, par la crise du secteur de la pêche artisanale. En effet, les accords de pêche entre la République du Sénégal et la Communauté européenne de 1997 et 2002 ainsi que certains permis de pêche octroyés illicitement durant le mandat du président sénégalais Abdoulaye Wade (Greenpeace, 2012) auraient facilité la venue de chalutiers étrangers et l'exploitation massive des ressources halieutiques.’’
Elle ajoute qu’un ‘’récent rapport du Pnud (Programme des Nations Unies pour le développement) confirme la paupérisation du secteur de la pêche artisanale au Sénégal et évalue à plus d'une centaine de bateaux battant pavillon étranger essentiellement des régions de l'Europe et de l'Asie (Pnud, 2010 : 62)’’.
Les licences de pêche, le mal qui persiste
Malgré les espoirs placés en Macky Sall, après son élection en 2012, les mêmes pratiques sont encore dénoncées par l’ONG de la protection de l’environnement. Pratiquement, tous les ministres qui se sont succédé à la tête du département de la Pêche au Sénégal ont été accusés d’avoir signé, dans l’illégalité, des licences de pêche en faveur de navires industriels étrangers. Ceci, malgré les alertes sur la surexploitation de la ressource dans les eaux sénégalaises. Dernièrement, c’est l’actuel ministre de la Pêche et de l’Economie maritime qui est pointé du doigt, pour avoir ‘’ouvert’’ la voie aux ressources halieutiques sénégalaises à des bateaux chinois. Accusations dont l’ONG affirme détenir des preuves. Le 9 octobre, Greenpeace a dénoncé dans un rapport l’attribution non-transparente de licences de pêche à des navires industriels qui surexploitent les ressources sénégalaises.
Comme en 2006, la conséquence se ressent sur la pêche artisanale dont dépend désormais plus de 600 000 Sénégalais. La raréfaction des produits halieutiques est désignée par tous les pêcheurs, principale composante des migrants irréguliers, comme instigatrice de leur projet d’émigration en Europe où ils espèrent trouver de meilleures conditions de vie. D’autant plus que cette crise du secteur de la pêche artisanale rend disponibles des capitaines de pirogue en quête de revenus et maîtrisant la navigation en haute mer.
Mylène Coderre-Proulx poursuit son analyse de la crise migratoire de 2006 et remarque que ‘’le recul des indicateurs macroéconomiques a eu un impact tangible sur les conditions de vie de la population sénégalaise et a estompé l'espoir de changement suscité par l'arrivée du gouvernement de Wade en 2000. La déception, née de l'absence de création d'emplois et d'une situation économique qui s'est détériorée, pousse plusieurs Sénégalais à voir dans l’émigration la seule opportunité possible’’.
De Wade à Macky, les mêmes déceptions sur les politiques d’emploi
Cette image du Sénégal sous l’ancien régime revient aujourd’hui avec insistance, à travers le manque d’emplois. Malgré les programmes annoncés pour lutter contre le chômage endémique des jeunes (Der, Fongip, etc.), une amélioration trop peu importante est notée. La politique politicienne s’engouffrant dans ces projets, cela aboutit à des détournements des fonds et d’objectifs. Avec son expérience, Moustapha Diouf l’avait aussi vu venir : ‘’Ce qu'il se passe ne m'étonne pas. Cela fait des années que je dis sur tous les médias du monde que des pirogues repartiront, parce qu’ici, les gens sont fatigués. Même si le trajet depuis Dakar fait plus de 1 400 km. Ça ne va pas s’arrêter, tant qu’il n’y aura pas de projets pour nos jeunes. Il y a toujours eu des départs organisés depuis Thiaroye-sur-Mer. Entre 2006 et 2019, le phénomène n'a pas cessé.’’
De 2006 à 2020, la sensibilisation sur les pesanteurs sociales a été négligée. L’étudiante canadienne faisait ressortir des réalités de l’époque que tous les reportages sur la recrudescence de ce phénomène observent encore. ‘’Les premières arrivées réussies, relatait-elle, ont un effet fulgurant chez les candidats à l'émigration restés au Sénégal. Les appels téléphoniques d'un frère, un ami ou un parent arrivés sains et saufs à destination ont rendu ce périple migratoire plus envisageable. Les récits d'immigration réussie en Europe et les transferts d'argent qui l'accompagnent insèrent une logique d'association entre réussite économique et migration dans la population sénégalaise. Ceci crée un imaginaire migratoire où désormais le clandestin est celui qui brave la mer, la faim et la soif, celui qui risque sa vie pour atteindre un objectif noble, celui d'accéder au marché du travail et de chercher à sortir sa famille de la pauvreté (Ba et Ndiaye, 2008)’’.
Il faut aussi noter qu’en 2005, le gouvernement Zapatero avait entamé la régularisation de 600 000 migrants en Espagne dont 30 000 Sénégalais, suscitant un effet d'appel d'air. Cette même situation a été observée en 2020, avec la crise de la Covid-19 en Europe. En Italie, par exemple, le ministre de l’Agriculture avait annoncé, en mai dernier, que son pays allait régulariser 200 000 sans-papiers ‘’pour sauver nos récoltes et l’agriculture’’.
Plus de 1 300 milliards de francs CFA obtenus des Européens pour lutter contre le phénomène au Sénégal
En 2006, la crise avait débouché sur un accord de réadmission conclu entre le gouvernement espagnol de Zapatero et celui du Sénégal dirigé par Abdoulaye Wade. Cela avait permis le rapatriement de 4 600 et 5 000 Sénégalais. L’histoire va sans doute se répéter. Face à cette explosion des arrivées de migrants, la commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, en visite dans l'archipel espagnol, vendredi, a déclaré qu’il ‘’est important à présent d'augmenter les retours vers les pays d'origine et de transit’’. Un sujet sur lequel la Commission et l'Espagne travaillent.
Au Sénégal, où la réponse apportée à l’émigration irrégulière a montré ses limites, de plus en plus d’organisations de la société civile appellent à un audit des programmes de lutte contre le chômage des jeunes. Le Forum civil demande aux autorités de ‘’rendre compte des milliards injectés pour lutter contre le phénomène’’.
À l'occasion de la visite, à Dakar du Premier ministre français Edouard Philippe, le 17 novembre 2019, la France et le Sénégal avaient également renouvelé leur coopération dans la lutte contre les migrations irrégulières. Plus de 1 300 milliards de francs CFA (2 milliards d’euros) ont été distribués au Sénégal depuis 2007.
MACKY SALL ENGAGE LES FORCES DE DEFENSE ET DE SECURITE CONTRE LE TRAFIC DE BOIS
En Casamance, un million d'arbres ont été abattus illégalement, soit un tiers des forêts de la région, selon l'Institut d'Etudes de Sécurité de Dakar
Le chef de l’état est très préoccupé par le trafic illicite de bois qui sévit au Sénégal, notamment en région casamançaise au niveau de nos frontières avec la Gambie. Présidant hier au camp dial diop la 16èmeédition de la Journée des forces armées commémorée cette année sous le thème «forces armées et protection des frontières», Macky Sall a engagé toutes les unités à stopper cette traite illicite qui menace les ressources forestières du pays. en outre, après avoir déposé une gerbe de fleurs à la mémoire des soldats décédés au combat, le président de la république a baptisé trois nouvelles promotions.
La question est devenue une énigme à laquelle il faut des réponses urgentes. En effet, le trafic illicite de bois, notamment en région sud au niveau des frontières entre le Sénégal et la Gambie, en plus d’être une menace écologique, risque de saper les relations de bon voisinage entre les deux pays. Souvent, des Organisations non gouvernementales ou de défense de l’environnement alertent sur la coupe abusive des arbres dans cette région.
En Casamance, un million d'arbres ont été abattus illégalement, soit un tiers des forêts de la région, selon l'Institut d'Etudes de Sécurité de Dakar. C’est pourquoi, dans le but de sauvegarder les ressources forestières, le Chef de l’Etat a appelé en termes clairs tous les corps de défense et de sécurité à s’ériger en bouclier contre le phénomène du trafic illicite de bois. «C’est dans le même état d’esprit que nous devons rester mobilisés pour mettre fin au trafic illicite de bois qui décime nos forêts du sud. Je vous y engage. Nous ne pouvons rien céder dans la lutte contre ce fléau qui détruit notre biodiversité et appauvrit nos populations », a commandé le Chef suprême des armées qui se dit prêt à les appuyer pour arrêter cette hémorragie.
Poursuivant, le Chef de l’Etat a annoncé l’installation de nouvelles unités le long de nos zones frontalières et la gendarmerie sera renforcée dans ses missions de sécurité aérienne, maritime, fluviale et ferroviaire. Il en est ainsi, dit-il, du déploiement des nouvelles unités terrestres dans le cadre du Tableau des Effectifs et de Dotations-horizon 2025, avec la mise sur pied des 32e et 34eBataillons d’infanterie et la création en cours des 33e et 36e Bataillons. A cela s’ajoute, selon Macky Sall, l’implantation de nouveaux bataillons et unités. Avant d’indiquer que ce dispositif va être complété par la présence de patrouilleurs de haute mer qui sera d’ailleurs consolidée par l’acquisition de nouveaux patrouilleurs.
Tous ces efforts de maillage du territoire national s’inscrivent dans une stratégie cohérente d’une meilleure prise en compte des menaces émergentes et de protection des frontières qui revêt aujourd’hui, fait il savoir, de nouvelles dynamiques. Il s’agit pour le Chef de l’Etat de faire face aux menaces liées à la cybercriminalité, au terrorisme et autres crimes transfrontaliers. Par ailleurs, il a engagé les Forces de défense et de sécurité à poursuivre la coopération avec les pays amis et voisins dans le cadre d’activités conjointes de surveillance et de bon voisinage. Le Chef de l’Etat s’est en outre félicité de l’implication des forces de défense et de sécurité dans la gestion de la pandémie de Covid-19. « Si, à ce jour, notre pays a réussi à gérer au mieux cette grave pandémie, au point d’être cité en exemple par des sources indépendantes, nous le devons en partie à l’engagement sans faille de nos Forces de défense et de sécurité », a fait remarquer le Président Sall.
«LE MILITAIRE INCAPABLE D’OBEIR N’EST PAS DIGNE DE COMMANDER»
A l’occasion de la Journée, le Chef de l’Etat a baptisé trois promotions notamment de l’Ecole Nationale des Officiers d’Active (ENOA), de l’Ecole Militaire de Santé (EMS) et de l’Ecole des Officiers de la Gendarmerie Nationale (EOGN). Le président de la République a placé le baptême des trois promotions des écoles d’officiers sous le sceau du symbole de l’excellence et de la vitalité des Forces armées.
Pour la 52ème promotion de l’Ecole Militaire de Santé, elle porte le nom de feu le Médecin-Général de brigade Boubacar Wade, ancien Directeur de l’hôpital Principal de Dakar, décédé le 4 septembre 2020. Le Chef de l’Etat a désigné le Colonel Sylvain Ghana Ngom comme parrain de la 39ème promotion de l’Ecole Nationale des Officiers d’Active. Et enfin, la 13ème promotion des cours de formation de l’Ecole des Officiers de la Gendarmerie Nationale porte le nom de feu le Lieutenant Patrick Bayandounga Sagna.
S’adressant aux trois promotions, le Chef de l’Etat a fait observer que le bon soldat, c’est d’abord dans l’âme et que sa valeur intrinsèque réside dans le mental et le moral. « La force d’une Armée et des soldats qui la composent, c’est avant tout la discipline, le commandement et l’obéissance. Le vrai militaire, c’est d’abord celui qui sait obéir, pour mieux apprendre à commander ; et que le militaire incapable d’obéir n’est pas digne de commander », inculque Macky Sall aux différents récipiendaires.
MALICK GACKOU SE HEURTE AU REFUS DES JEUNES DE SON PARTI
La montagne a accouché d’une petite souris. Ceux qui désiraient être édifiés sur le ralliement ou non de Malick Gackou à la mouvance présidentielle n’ont qu’à déchanter.
Même si la clameur l’annonce dans la mouvance présidentielle, Malick Gackou devra convaincre les jeunes de son parti qui visiblement ne veulent pas de son retour auprès de Macky Sall. Ils l’ont fait savoir hier, lors de la cérémonie de don de kits de maternité de la fondation Maternité solidaire dirigée par le leader du Grand parti au poste de santé de Djiddah Thiaroye Kao.
La montagne a accouché d’une petite souris. Ceux qui désiraient être édifiés sur le ralliement ou non de Malick Gackou à la mouvance présidentielle n’ont qu’à déchanter. Même si la rumeur de son retour avait atterri à la place publique, Malick Gackou se heurte au refus des jeunes de son parti de suivre les traces de son ex-mentor Idrissa Seck qui a rejoint le gouvernement lors du dernier remaniement. « Nous restons dans l’opposition, nous n’irons pas au pouvoir », clamaient les jeunes du Grand Parti venus assister à la cérémonie de don de kits de maternité au poste de santé de Djiddah Thiaroye Kao.
Pour Maham Fall, porte-parole des jeunes du Grand Parti de cette localité, beaucoup pensent que Malick Gackou suivra les pas d’Idrissa qui a rejoint le Macky. Mais que nenni ! dira le jeune garçon qui estime que la jeunesse joue un rôle important dans le Grand Parti et que par ricochet, « le président Malick Gackou devra s’entretenir avec nous avant de donner son aval à Macky Sall ».
De l’avis du coordonnateur des jeunes, les retrouvailles entre le président Macky Sall et le leader du Rewmi relèvent de la pure combine et Malick Gackou ne va pas tomber dans ce piège. Prenant la parole, le leader du Grand Parti a eu droit à des clameurs hostiles. « On dit non au ralliement », criaient les amis de Maham Fall.
Semblant prêter une oreille attentive aux jeunes de son parti, l’ancien ministre des Sports de soutenir que c’est un message fort que viennent de lancer les jeunes de Djiddah Thiaroye Kao et qu’« il faut écouter les jeunes ». Il se réjouit de l’engagement de ces jeunes qui, dit-il, sont déterminés à servir leur pays à leur manière. « Je suis content d’avoir les points de vue des jeunes de Djiddah Thiaroye Kao et c’est important. Et je ne peux que saluer leur engagement à mes côtés », arbore l’ancien compagnon de Macky Sall. Il a, en outre, invité ces jeunes à plus de sérénité et de retenue. « Je suis venu à Djiddah Thiaroye Kao pour protéger les femmes en parlant de la mortalité maternelle qui est une thématique triste qui me touche personnellement. Je ne suis pas venu ici pour faire de la politique », a laissé entendre Malick Gackou aux jeunes de son parti qui semblaient être catégoriques dans leur position.
Évoquant la cause noble qui les a réunis, le leader du Grand Parti dira qu’il ne peut parler de politique dans l’enceinte d’une structure médicale. « Quand nous serons dans la fora politique, chacun aura toute la plénitude d’exprimer son point de vue parce le Grand Parti est un parti démocratique », dira t-il à ces jeunes pour calmer les ardeurs. A en croire Malick Gackou, ceux qui veulent être éclairés sur sa position le seront très prochainement. « Je vous inviterai dans un autre endroit pour parler de la politique », a-t-il dit face à la presse.
Par ailleurs, Malick Gackou n’a pas manqué de tirer la sonnette d’alarme face à l’ampleur que prend la mortalité infanto-juvénile dans les pays au Sénégal, où chaque quatre heures, une femme meurt en donnant la vie. « C’est dans ce cadre que s’inscrit cette action de la fondation Maternité solidaire que j’ai initiée et qui a pour objectif d’aider les femmes à accoucher dans des conditions adéquates », a martelé le leader du Grand parti. Qui vient de doter le poste de santé de Djiddah Thiaroye Kao d’un lot de 2 500 kits de matériels pour la maternité.
30.000 PALÉTUVIERS DANS LA RÉSERVE NATURELLE COMMUNAUTAIRE DE PALMARIN
L’évènement a mobilisé 110 planteurs dont des femmes des GIE "Martyr" de Palmarin et "Mbogga Yaay" de Joal, de jeunes volontaires, des membres du comité de gestion de la réserve naturelle communautaire
Dakar, 11 nov (APS) – Le groupe Sonatel annonce avoir planté, en collaboration avec l’association "Nébéday" et les populations locales, 30.000 propagules dans la réserve naturelle communautaire de Palmarin (Fatick) et l’aire marine protégée de Joal (Mbour).
Un communiqué transmis à l’APS informe que cette activité de reboisement qui entre dans le cadre de l’opération "1.000.000 d’arbres" initiée pour lutter contre le réchauffement climatique et ses conséquences néfastes sur l’environnement s’est déroulée en octobre.
L’évènement a mobilisé 110 planteurs dont des femmes des GIE "Martyr" de Palmarin et "Mbogga Yaay" de Joal, de jeunes volontaires, des membres du comité de gestion de la réserve naturelle communautaire et des agents de Sonatel et de "Nébéday", renseigne la source.
Elle ajoute qu’"en 5 ans de collaboration avec l’association ‘Nébéday’, la Sonatel a aidé à planter 103.300 palétuviers dont 10.000 en 2016, 21.200 en 2017, 16.800 en 2018 et 25.300 en 2019".
Ce reboisement vient renforcer la série de mesures initiées par le Groupe Sonatel allant dans le sens de créer une conscience environnementale auprès des populations par l’éducation et la sensibilisation sur l’importance de la protection de l’environnement, et de la préservation de la biodiversité, lit-on dans le communiqué.
NOUS CONTINUERONS A NOUS BATTRE POUR QU’IL Y AIT UN MAXIMUM DE PARTIS DANS LE GOUVERNEMENT
Le président Macky Sall est averti. Le PLD n’est pas une glace qui va se dissoudre dans l’Alliance pour la République
Le président du parti des Libéraux et des démocrates (Pld) And Suqali Omar Sarr se veut clair dans son rapport avec le régime de Macky Sall. L’actuel ministre des Mines qui faisait face à la presse hier a estimé que leur entrée dans le nouveau gouvernement est une suite logique du dialogue national, mais il est hors de question que leur parti soit phagocyté par l’Apr.
Le président Macky Sall est averti. Le PLD n’est pas une glace qui va se dissoudre dans l’Alliance pour la République. Pour le tout nouveau ministre des Mines et président du bureau provisoire du PLD Suqali, leur participation à un gouvernement d’union nationale ne sera pas pour eux une antichambre pour adhérer définitivement à l’APR. Devant les militants de cette formation politique qui se sont réunis hier à leur toute nouvelle permanence qui porte le nom du panafricaniste ghanéen Kwamé Nkrumah, le ministre Omar Sarr a précisé d’emblée les contours de leur alliance avec le président Macky Sall. Dans une ambiance des grandes fêtes il déclare : « Nous ne pouvons pas adhérer à l’APR car nous sommes une spécificité nationale et nous devons défendre cette spécificité. » A l’en croire, s’il y avait unanimité avec tout ce que fait l’APR, ils allaient carrément adhérer à ce parti du président Macky Sall.
L’ancien bras droit de Me Abdoulaye Wade souligne dans la foulée que s’ils étaient sûrs qu’ils ne pourraient pas donner leur position ouvertement sur les affaires du gouvernement, ils n’allaient pas y entrer. Restant toujours dans le même sillage, il soutient : «Nous sommes les acteurs principaux du dialogue national depuis de longues années. Nous avons pensé qu’il fallait réunir les politiques autour de l’essentiel. Nous avons un programme qui n’est pas le programme de l’APR mais nous avons autour de ce programme essayé de trouver un consensus. Et même à l’intérieur, nous continuerons à nous battre pour qu’il y ait un peu plus d’élargissement, qu’il y ait un maximum de partis dans le gouvernement parce qu’il représente toute la nation. Notre entrée dans le gouvernement ne doit pas être une surprise, nous, les combattants du dialogue national. » Il signale aussi qu’elle a été faite de concert avec le directoire de son parti. Il y avait, fait-il remarquer, un accord unanime du directoire pour aller dans le gouvernement et s’il y avait une autre décision aussi, nous aurions en toute démocratie respecté cela.
«NOUS PENSONS QUE CE QUI A ETE FAIT AVANT ET APRES NOUS AU PDS, C’EST POUR KARIM WADE»
Manifestement très en colère contre son ancien mentor Abdoulaye Wade, le ministre Omar Sarr est revenu sur son exclusion du PDS. « Nous avions pensé dans un premier temps élargir le PDS, nous pensions que nous pouvions le faire mais vous avez vu les péripéties. Moimême j’ai été exclu du PDS, les autres ont été rétrogradés. Nous pensons que ce qui a été fait avant et après nous, c’est pour Karim », regrette-t-il avant d’ajouter à propos de Me Abdoulaye Wade : «Nous ne sommes pas d’accord avec sa manière de considérer un parti. » Interpellé aussi sur la CREI, il a indiqué qu’en effet, il était sur la première liste des personnalités qui devaient répondre. « Mais je n’ai jamais été inquiété », rassure le ministre Omar Sarr.
Sur ses activités politiques à Dagana, il a affirmé qu’il est aujourd’hui dans le gouvernement et compte travailler avec tous les membres de l’APR dans cette localité, citant notamment le ministre déchu Mouhamadou Makhtar Cissé. Faisant en outre un appel à ses anciens frères libéraux du PDS, il soutient que son parti compte rapidement sur l’adhésion de l’ensemble des leaders qui ont été déçus de leur compagnonnage avec le président Abdoulaye Wade. « Ils pourront se reconnaître dans le parti et on pourra construire une grande alliance qui regroupe tous les libéraux », espère le nouveau collaborateur de Macky Sall.
par Jean-Louis Corréa
LA SONKOÏSATION DES ESPRITS
L’apparition de nouvelles figures politiques a largement contribué à une prise de conscience d’une frange de la population. Si cette évolution est salutaire par le recentrement qu’elle opère sur nous-mêmes, il s’en infère des démérites
“Douter de tout ou tout croire sont deux solutions également commodes, qui l'une et l'autre nous dispensent de réfléchir.” H. POINCARÉ
Pardonnez-moi ce néologisme, mais il me semble qu’une nouvelle trajectoire de penser gagne le Sénégal, un mode nouveau prenant appui sur plusieurs phénomènes. Des figures politiques inusitées et inéprouvées, de nouveaux agirs sociaux, un lien social remembré par l’effet des TIC et une conscience nationale exacerbée à la fois cause et effet des constats préalablement dressés.
Comment une société peut-elle être amenée à penser d’une telle façon pendant des décennies et subitement en changer pendant tout autant de temps ? Une société peut penser que la peine de mort est une parfaite régulatrice du phénomène criminel, que la colonisation est un bienfait. La même société, des années plus tard, révisera son point de vue sur la peine de mort, décrètera que la colonisation est abjecte. De la même manière des personnages historiques peuvent être adulées pendant un temps, persécutées pendant un autre.
Si la mort, en tant que phénomène individuel, n’apporte que tristesse et désolation, d’un point de vue démographique, elle emporte un changement de générations. Mais ce dernier n’engendre pas systématiquement un déplacement des idées, certaines sociétés étant capables d’un conservatisme inégalé, d’une certaine imperméabilité aux vents du changement.
La notion d’épistémé de Foucault, entendue comme « les connaissances et conceptions propres à un groupe social à un moment précis, singulier », permet de saisir les déplacements de conceptions en cours dans une société donnée. Les facteurs explicatifs des mutations du contenu des catégories conceptuelles d’une société sont à trouver dans l’évolution technologique, les capacités de diffusion de masse, l’uniformisme des dires, des agirs, l’existence de centres de diffusion de lieux communs de la pensée et de façonnage du prêt à penser. D’un point de vue politique, cela se traduit souvent par une révolution ou une évolution, d’aucuns préférant la notion de progrès social.
Permettez-moi cet enjambement des faits sociaux, il me semble que de tous ces facteurs, toutes choses étant égales par ailleurs, l’apparition de nouvelles figures politiques (Ousmane Sonko, Guy Marius Sagna et même Barthélémy Diaz) a largement contribué à une prise de conscience d’une frange de la population. Si cette évolution (ce n’est pas une révolution) est salutaire par le recentrement qu’elle opère sur nous-mêmes (sénégalais et africains), il s’en infère des démérites. Les objets et les contenus des débats ont changé, évolué souvent à marche forcée, par une certaine persistance à inscrire certains points à l’ordre du jour de l’agenda du débat national.
Ce que je nomme la sonkoïsation des esprits est moins l’action d’un homme pour faire évoluer les schèmes généraux de pensée que la réunion de cette occurrence avec une véritable révolution, celle du numérique. On ne saurait comprendre le déplacement perceptible des idées sans l’association de ces différents phénomènes. La sonkoïsation des esprits est plus la conjonction de l’action de plusieurs personnages et d’un contexte, que l’agissement d’une singularité, Ousmane Sonko, il en serait plus le symbole que l’incarnation totale et épuisée. Cette évolution idéelle présente des vices et des vertus.
Les vices d’un changement perceptible
L’avènement d’Ousmane Sonko et alii a engendré une libération de la parole publique. Des sujets entendus, notre rapport à la France, la présence dans notre économie des grands groupes industriels étrangers, notamment français, le Franc CFA, notre rapport à l’histoire du Sénégal et à certains personnages historiques (L. S. Senghor, Mamadou Dia, Abdoulaye Wade) ont connu un déplacement du point de consensus et des déconstructions.
Sur notre rapport à la France, le Franc CFA et la quasi préférence des groupes étrangers, notamment français, le discours est plus qu’utile et nécessaire, par la souveraineté du ton et la rupture qu’il opère six décennies après nos indépendances nominales. Les différentes élites africaines n’ayant pu, su ou voulu se défaire des cordes de l’impérialisme et du néo-colonialisme.
Par contre, sur l’histoire et certains personnages historiques, l’indulgence, le relativisme, prenant en compte le temps et l’époque, auraient pu éviter certains jugements hâtifs et conclusions téméraires. Une analyse convoquant l’épistémé aurait permis de relativiser les attitudes, les décisions prises en contexte de présence et de domination sur les plans militaires, politiques et conceptuels.
Les idées changent, ceux qui les ont défendu à une époque en changeraient certainement à une autre, le contexte et les éléments d’appréciation n’étant pas identiques. La culture de l’indulgence, de l’apaisement dans notre rapport à l’histoire et à ses personnages est un défi par des temps où l’exercice favori est l’enjambement de l’histoire, sa manipulation, la confusion entre l’Histoire et les histoires, l’Histoire, les mythes, épopées et autres littératures orales. Il n’est qu’à voir les difficultés liées à l’élaboration d’un récit national, pour s’en convaincre.
De ce point de vue, la sonkoïsation des esprits est à l’œuvre. Elle est souvent faite de raccourcis mentaux, d’heuristique de disponibilité. Rabâchée par les moyens des réseaux sociaux et une certaine dictature de la discourtoisie, où l’on parvient à identifier tous les ingrédients d’une vérité au forceps, pour ne pas dire vérité de salon.
Dans ce contexte, il n’est pas exagéré de parler de foisonnement « d’experts » et de « professeurs » à la petite semaine, friands de théories du complot, rendus populaires par les médias sociaux, avec la grande prétention de prendre ses idées pour des pensées. Si des magistrats ne se pensent pas lanceurs d’alerte, summum de l’incongruité, d’autres sont délateurs, réglant des comptes mais pas les bons.
La culture des réseaux sociaux fait que l’on adhère à des idées, à un parti politique comme l’on entre dans un groupe WhatsApp, par affinité, amitié, par un lien social préexistant. Paradoxalement, les réseaux sociaux engendrent un cloisonnement des idées, seuls se parlent, se suivent ceux qui partagent les mêmes points de vue. L’intolérance politique et religieuse grandit en raison du groupement et de la fermeture des échanges et du partage. On échange et ne partage qu’avec son groupe d’affinité, les idées contraires engendrant des antagonismes, si ce n’est l’avènement du prêt à penser. Plus l’information est disponible moins elle sert à s’élever, seul intéresse ce qui est utile à renforcer ses propres convictions. Le partage s’est accentué quantitativement cependant que qualitativement, il ne suscite pas une meilleure culture de l’encommun, du sens.
Le modèle du réseau social n’est pas applicable à l’organisation politique en ce qu’il génère une nouvelle forme de dictature préjudiciable aux acteurs politiques dont le personnel (sympathisants et adhérents) est essentiellement composé de digital native ou natif numérique.
De la sonkoïsation des esprits s’infère une libération de la parole, une nationalisation des sentiments et du discours, un désenchantement généralisé, en cela ce contexte présente aussi des vertus.
Les vertus d’un phénomène identifiable
Deux vertus essentielles, pour illustrer notre propos. Le franc CFA et la présence des entreprises étrangères, notamment françaises. La sonkoïsation des esprits a la vertu cardinale d’autoriser une libération de la parole sur le destin du Sénégal, arrimé à une ré-investigation de notre passé, en vue d’envisager un futur dégagé des scories de la dépendance. Des questions entendues ont refait surface non pas seulement sur un ton guerrier et cavalier mais structurées autour d’éléments de discussion de fond, de qualité. Elles peuvent être caricaturées par le recours à la formule « dégagisme ». Mais on ne saurait refuser d’entendre les arguments des tenants de ce courant « dégagiste » en se cachant derrière l’apprêté du propos ou l’absence de circonvolution de propositions illustrant une certaine radicalité.
La résurgence du débat sur le Franc CFA est à mettre au crédit de Sonko et alii. Ce débat doit être posé, discuté et des décisions urgentes prises. Le Franc CFA, symboliquement, est une opprobre, une offense de plus à nos aïeux victimes de l’esclavage. Il est de notoriété publique que cette monnaie et l’institution qui l’émet, la BCEAO, sont les héritières, de la Banque du Sénégal (BDS), par le décret du 21 décembre 1853, dont le capital de 230 000 Francs a été constitué par l’indemnisation versée au propriétaire d’esclaves (prélèvement du 8ème), suite à l’abolition, par la France, de l’esclavage, en 1848. La BDS a évolué jusqu’à donner naissance à la BCEAO et à la forme actuelle du Francs CFA que l’on connait. Ne serait-ce que pour cela, sans engager un débat technique sur les risques éventuels d’une sortie de cette monnaie coloniale, obtenir la fin de l’émission du Franc CFA sur les territoires d’Afrique est la seule indépendance qui vaille de lutter pour. Rien ne justifie le maintien de ce lien, les arguments économiques sont spécieux, manifestes d’une peur, d’un tropisme ou d’une nostalgie d’une élite nationale remplaçante de l’élite coloniale sans la bienveillance qui va avec. En tant qu’africains francophones, notre maintien dans le Franc CFA construit et contraint notre imaginaire, nos univers des possibles, contrairement à nos homologues anglophones.
De la même manière, le débat sur la présence des entreprises françaises au Sénégal est fondamental, puisqu’elle permet de revisiter la théorie du Pacte colonial. Ce fameux pacte avait pour ambition de créer une relation commerciale monopolistique entre les colonies et la métropole et de s’accaparer de la plupart « des gains résultant de leurs échanges ». L’idée du Pacte colonial était de maintenir les colonies dans une dépendance économique pérenne qu’illustrent parfaitement les fameuses cartes des matières premières de l’Afrique coloniale. Les mêmes familles, les mêmes entreprises, depuis la colonisation, tiennent les rênes de l’économie nationale.
À revenir aux entreprises françaises, ce n’est pas en soi leur présence qui gêne qu’un sentiment de faveur ou de contrôle toujours persistant. Des efforts ont été faits pour renforcer la présence des privés nationaux dans le contrôle des activités économiques mais de nombreuses résistances subsistent. Celles-ci sont le fait de politiques qui, pour des raisons inavouées, ont renoncé à porter ce combat.
La promesse de Sonko et alii aux jeunesses sénégalaises est celle d’une indépendance avérée, aux plans politique et économique. Une telle promesse est lourde de conséquences du point de vue de notre alignement et de nos alliances au niveau mondial. Avec qui bâtir de nouvelles alliances ? Sur quelles bases ? L’autarcie ne pouvant être une option de politique de développement. Alors, il sera nécessaire de ne pas avoir le seul « dégagisme » comme horizon politique, tout en évitant de sortir d’un asservissement français pour se projeter dans un autre fut-il chinois ou turque.
La bipolarisation récente de la scène politique sénégalaise, à cause de la concentration des partis politiques historiques, va intensifier les ruptures discursives déjà identifiées et favoriser un débat de fond. Parce qu’en définitive, l’intérêt premier de Sonko et alii est qu’ils apportent une rhétorique, des catégories et des sujets nouveaux ou sur lesquels un regard nouveau est jeté. Il appartiendra, afin d’asseoir une véritable débat démocratique, de se hisser à hauteur des exigences du moment afin d’apporter une véritable contradiction qui n’est pas que réfutation.
Quand les lignes idéelles bougent, c’est par les idées que l’on répond, ni par la contrainte ou la violence. Le constat est véritablement celui d’une sonkoïsation des esprits.
Pr. Jean-Louis Corréa est Agrégé des facultés de droit, Laboratoire de recherche en sciences sociales LARSES
Membres du Comité Scientifique et pédagogique de l'Ecole doctorale Espaces, Sciences et Humanités