Le rapport de l’IGE 2019 qui a été remis au président de la République lundi a mis en exergue la vétusté des établissements pénitentiaires. En effet, l’étude montre que les établissements pénitentiaires ne répondent plus aux normes de l’urbanisme.
Les conclusions des vérifications de l’IGE dans les établissements pénitentiaires sonnent comme un cri du cœur de ces ‘’damnés‘’ de l’administration. Ainsi, dans le rapport de l’IGE, les vérificateurs soutiennent : « Les visites effectuées dans les établissements contrôlés révèlent une inadéquation de leurs locaux par rapport aux objectifs d’une bonne pratique carcérale, ainsi que diverses violations de la règlementation en matière d’attribution et d’occupation des bâtiments administratifs. »
Constaté à la Maison d’Arrêt et de Correction de Thiès, à la Maison d’arrêt de Rebeuss ainsi qu’à la Maison d’Arrêt pour Femmes de Liberté 6, le rapport note la vétusté et l’exigüité des locaux. Les bureaux du personnel aussi, d’après l’IGE, ont subi l’usure du temps. «Dans leur ensemble, les établissements pénitentiaires ne répondent plus aux normes d’urbanisme. La vétusté, l’humidité et les problèmes d’étanchéité auxquels ils sont confrontés exposent les personnels et détenus à des risques sérieux en matière de santé et de sécurité», renseigne le rapport. Le rapport rappelle que Rebeuss qui a une capacité théorique de 880 détenus dépasse 2000 pensionnaires.
L’ENFER DES CHAMBRES 3, 4, 9, 10 DE REBEUSS
Par ailleurs, il est important de relever, note le rapport, qu’il n’existe ni de norme universelle, ni de norme nationale déterminant la surface dont un détenu devrait disposer. «Néanmoins, se fondant sur une expérience acquise, signale l’IGE, à la faveur des missions effectuées durant des décennies dans les lieux de détention d’un grand nombre de pays, le Comité International de la Croix Rouge (CICR) a défini des spécifications pour l’aménagement des prisons», renseigne le rapport qui ajoute que ces spécifications fixent l’espace vital minimal pour un détenu en cellule collective à 3, 4 m2. Déplorant la précarité qui se trouve à Rebeuss, le rapport a indiqué que les chambres 3, 4, 9 et 10 de cet établissement sont illustratives du sureffectif carcéral. Chacune d’elles accueille, s’alarme le rapport, plus de 200 détenus.»
En respectant les spécifications du CICR, une chambre devrait avoir une surface de 680 m2 alors qu’aucune n’atteint 100 m2, fulmine l’IGE. Le rapport note aussi qu’il y a deux camps pénaux au Sénégal : celui de Kouta et celui de Liberté 6. Alors que ces deux établissements ont dépassé leurs capacités d’accueil (250 pour Koutal et 978 pour Liberté 6), d’après le rapport d’activités du ministère de la Justice de 2017. «L’augmentation des capacités d’accueil des camps pénaux existants et la construction de nouveaux deviennent dès lors un impératif», préconise le rapport de l’IGE de 2019.
«ON M’A REPROCHE D’AVOIR APPUYÉ LES PERSONNES INDIGENTES DE THIES»
Talla Sylla, maire de Thiès, avait reçu une mission de vérification de l’Inspection Générale d’Etat (IGE), venue fouiller la gestion de la mairie pour la période 2011- 2015, et le rapport a été produit en 2016
Cité dans le dernier rapport de vérification de l’Inspection Générale d’Etat (IGE), Talla Sylla, maire de la Ville de Thiès, a fait face à la presse hier, pour répondre aux accusations faites par les vérificateurs. Il soutient qu’on lui a reproché d’avoir d’avoir appuyé les élèves, les étudiants, les personnes indigentes de Thiès. Ce qui, selon lui, n’est pas dans les compétences de la ville.
Talla Sylla, maire de Thiès, avait reçu une mission de vérification de l’Inspection Générale d’Etat (IGE), venue fouiller la gestion de la mairie pour la période 2011- 2015, et le rapport a été produit en 2016. Donc pour l’essentiel, souligne Talla Sylla, la mission concernait la gestion de l’équipe précédente. En son temps, il indique avoir salué cette mission, car l’objectif de l’IGE est également d’identifier les sources des problèmes possibles, pour y apporter des solutions, afin d’améliorer la gouvernance. Il considère par conséquent que le fait de recevoir une mission de l’IGE en début de mandat, c’est quelque chose de bénéfique pour des mandataires. Mais dans les recommandations contenues dans le rapport, il lui est reproché la dépense de 20 millions Fcfa en fournitures scolaires, distribuées aux élèves des écoles élémentaires et franco-arabes. «Tout cela a été fait dans le cadre d’une démarche transparente impliquant tous les acteurs, mais aussi les autorités académiques et scolaires». Il s’y ajoute l’aide aux indigents. Toutes ces actions, selon les vérificateurs, ne sont pas des compétences de la ville. «Si ces aspects ne relèvent pas des compétences de la ville, il s’agit de compétences relevant de mes gènes», soutient Talla Sylla.
Etle maire de la cité du rail d’ajouter : «Vous ne pouvez pas m’enlever la compétence d’appuyer des citoyens thiessois etjusqu’ici, les gens restent devoir nous convaincre que la Ville de Thiès ne doit pas soutenir les élèves, les étudiants, les personnes indigentes. D’ailleurs, dans le cadre de cette pandémie, c’est ce que nous faisons et nous l’assumons. Il va falloir, dans l’évaluation de l’acte 3 de la décentralisation, faire évoluer les choses.»
Par ailleurs, Talla Sylla déploré le fait qu’un rapport de l’IGE non encore déclassifié puisse se retrouver sur la place publique. «Quand on est aux côtés du président de la République, on a l’obligation de comprendre sa mission, ses orientations, son engagement en faveur de ce pays et de les respecter. On ne doit pas se servir des institutions pour s’attaquer à des adversaires politiques ou à de futurs adversaires politiques. Je ne suis l’adversaire de personne, je suis un serviteur des Thiessois, je ne suis engagé dans aucun combat autre que celui qui concerne les Sénégalais, notamment en cette période de pandémie où nous avons besoin de renforcer les synergies, les dynamiques unitaires et communautaires», indique l’édile de Thiès.
A l’en croire, les éléments qui lui sont collés dans ce rapport ne représentent rien comparé à ceux qui concernent ses prédécesseurs. Il se dit honoré de lire dans ce rapport que le seul point qui concerne véritablement sa gestion, c’est une question de lecture et d’interprétation des dispositions du code général des collectivités territoriales.
En effet, la directive donnée dans ce sens est que le Maire ne devait plus inscrire dans le budget une dépense qui ne relevait pas, selon la lecture des vérificateurs, des compétences de la ville. Ladite directive s’adressait également au Préfet qui ne devait plus approuver un budget contenant des dépenses qui ne relevait pas des compétences de l’institution, et au Receveur Municipal de ne plus exécuter une dépense ne relevant pas des compétences de l’institution.
De notre point de vue, dit-il, notre engagement devant aller dans le sens du développement économique et social, il est incompréhensible qu’une mairie ne puisse pas faire du social. Pour étayer ses propos, le Maire de la ville de Thiès souligne que depuis juillet 2014, l’actuelle équipe de la ville s’est engagée dans un processus de gestion sobre et vertueuse.
Il poursuit : « Nous sommes engagés à donner corps à notre crédo ‘’éthique, transparence, efficacité, ouverture’’. C’est dans ce cadre que nous avons initié un certain nombre de pratiques, pour faire évoluer positivement l’acte 3 de la décentralisation. Nous savons qu’il y a beaucoup d’insuffisances dans le code général des collectivités locales, dans la mesure où beaucoup de dispositions nécessitent des décrets d’application, pour aller plus loin dans la mise en œuvre. » Au niveau de la ville de Thiès, dit-il, l’initiative a été prise de poser des actes plus que concrets, allant dans le sens de faire avancer les choses du point de vue de la bonne gouvernance. C’est ainsi que dès le 30 octobre 2014, des audiences publiques semestrielles sont initiées à dates fixes, c’est-à-dire chaque 30 octobre et chaque 30 avril.Il s’agit à chaque fois de rendre compte aux Thiessois qui sont les mandants du conseil de ville.
« Et même durant la pandémie, nous avons répondu à cet appel de la reddition des comptes et de la transparence, sur la base d’une formule compatible au contexte », note le Maire de Thiès.I l s’y ajoute qu’un conseil consultatif de la ville a été institué, avec 80 membres et comprenant les différentes catégories sociales de Thiès et présidé par Mouhamadou Moustapha Aïdara du Forum Civil.
«IL Y A UNE INDIGNATION SÉLECTIVE, CAR LES CHEVAUX ET LES ÂNES SONT QUOTIDIENNEMENT MALTRAITÉS »
Imam Moustapha Lo, président de l’association pour la protection des animaux, n’en reste pas moins sur sa faim sur les Oryx
Même s’il comprend la vague d’indignation soulevée par le traitement que le ministre Abdou Karim Sall a infligé aux gazelles oryx, le président de l’Association pour la Protection des Animaux, Imam Mamadou Moustapha Lo, n’en reste pas moins sur sa faim. Contacté au téléphone, il déplore la politique du deux poids deux mesures qui entoure cette affaire. D’autant que, soutient-il, les chevaux et les ânes sont quotidiennement maltraités dans notre pays.
La mort de deux gazelles oryx lors de leur transfert de Ranérou à la ferme privée du ministre de l’Environnement a profondément ému l’imam Mouhamadou Moustapha Lo par ailleurs président de l’Association pour la Protection des Animaux (Apa).
Toutefois, ce qui le choque davantage, c’est l’indignation sélective de certains Sénégalais concernant le traitement que subissent les animaux dans le pays. «Je condamne avec la dernière énergie ce qui s’est passé avec les gazelles Oryx, mais que les Sénégalais arrêtent de faire du deux poids deux mesures, car les ânes et les chevaux sont maltraités quotidiennement sans que personne ne pipe mot», peste le président de l’Apa avant d’avertir l’Etat : «Le Président Macky Sall est en train de remuer ciel et terre pour pour développer le Sénégal surtout avec son PSE, mais qu’il sache que l’émergence se fera avec la protection des animaux ou ne se fera pas.»
Invoquant le Coran et la tradition prophétique, l’imam Lo explique que même le fait d’immoler un bélier obéit à des règles. «On parle beaucoup des gazelles Oryx ces temps-ci, mais les ânes et les chevaux sont les animaux les plus maltraités au Sénégal», s’alarme l’activiste en faveur des animaux. Aussi, invite-t-il l’Etat à règlementer les heures de travail de ces équidés. «Car, c’est au Sénégal seulement qu’on voit des ânes ou des chevaux transporter des marchandises jusqu’à des heures tardives et c’est dommage», tonne Imam Moustapha Lo qui exhorte le gouvernement à créer une brigade chargée de contrôler l’anarchie et le laxisme notés dans l’utilisation de ces bêtes. «Autant on condamne l’acte du ministre Abdou Karim Sall, autant on dénonce l’indifférence du gouvernement concernant les maltraitances des ânes et des chevaux au Sénégal», renchérit le défenseur des animaux qui ajoute que les larmes de ces bêtes rendent infertiles les terres d’un pays.
ALY NGOUILLE NDIAYE TENTE DE DESAMORCER LA BOMBE DE NDENGLER
L’Etat commence à prendre très au sérieux la polémique autour du foncier qui met aux prises le Pdg de Sedima et des populations de Ndengler qui réclament 74 hectares à Babacar Ngom.
La polémique ne semble pas s’estomper dans le litige foncier qui oppose des populations de Ndengler au Président directeur général de Sedima, Babacar Ngom. Après la médiation non concluante du ministre Abdou Karim Fofana, le ministre de l’Intérieur s’est emparé du dossier. Aly ngouille ndiaye, à la tête d'une petite délégation composée de son collège de l'urbanisme, Abdou Karim Fofana et du préfet de Mbour or Talla Tine, s'est rendu à Ndengler et dans les villages environnants du site hier pour s’enquérir de la situation et désamorcer la bombe.
L’Etat commence à prendre très au sérieux la polémique autour du foncier qui met aux prises le Pdg de Sedima et des populations de Ndengler qui réclament 74 hectares à Babacar Ngom. Au lendemain de l’incident au cours duquel un vigile a dégainé une arme à feu en direction d’une délégation de parlementaires de l’opposition venus visiter le site litigieux, le ministre de l'Intérieur Aly Ngouille Ndiaye y a débarqué en catastrophe.
Accompagné de son collège de l'Urbanisme, Abdou Karim Fofana, il s’est rendu sur le site pour mener une petite enquête. Dans ce dossier, il y a une superposition du droit coutumier avec celui du droit positif sénégalais qu’il faut disséquer. Alors que Babacar Ngom dispose de tous ses papiers au plan strictement légal, les populations invoquent le droit coutumier. Il revient alors au gouvernement de s’assurer que le litige ne porte préjudice à certains paysans devant cultiver sur le terrain, mais aussi s’assurer que les paysans de Ndengler sont dans leurs droits au plan coutumier. C’est donc pourquoi, il a consulté les villages environnants. La délégation du ministre de l’Intérieur est arrivé sur les lieux vers 17 heures pour constater de visu la tension ambiante qui prévaut.
Flanqué de son collègue Abdou Karim Fofana qui avait tenté une médiation auparavant, il est allé plus loin en accordant une visite aux hameaux situés aux alentours du site litigieux. Sur place, d’après certaines sources, les villageois ont chargé l’industriel, indiquant que l'occupation des terres est antérieure à l'arrivée de Sedima dans la zone. Après cette randonnée sur des chapeaux de roues, la délégation gouvernementale a fait cap sur Mbour pour rallier Ndiaganiao et puis Ndengler à cause des routes impraticables.
Auparavant, la délégation a fait le tour des tranchées creusées et qui jusque-là ne sont pas encore refermées malgré les déclarations faites par les dirigeants de la Sedima. Il faut souligner que la délégation s'était égarée en cours de route, ce qui devrait alimenter les chroniques dans les chaumières où on invoquera sans doute le mystique. Finalement, c'est vers 21h qu'elle est arrivée au village où les attendaient des dignitaires pour une séance d’explications.
Par Moussa Diaw
LA DÉMOCRATIE ÉTOUFFÉE
L’espace public est dominé par un amoncellement d’affaires (y compris une boulimie foncière) dans lesquelles des responsables de l’exécutif sont cités sans pour autant attirer l’attention du président de la République
L’espace public est dominé par un amoncellement d’affaires (y compris une boulimie foncière) dans lesquelles des responsables de l’exécutif sont cités sans pour autant attirer l’attention du président de la République qui a concentré tous les pouvoirs et garde un silence radio alors que la République semble être atteinte à travers cette interaction entre espace public et espace politique. A cela s’ajoute ce que certains appellent «l’autre moyen de faire de la politique», c’est-à-dire la médiatisation des insultes qui, en réalité, étaient à usage strictement privé avant de se retrouver dans le paysage médiatique en mal de sensation. Le débat qui s’en est suivi, par média interposé, interpelle et renseigne doublement sur la personnalité et la médiocrité de certains leaders, autrement dit, sur «les Nuls qui nous gouvernent».
Dans leur registre de communication politique mal digérée, on a droit à des raccourcis du genre « les nominations sont politiques, il suffit d’avoir la confiance du Président ». Voilà une simplification de l’argumentation politique qui reflète l’état d’esprit de ceux qui ont la charge de prendre des décisions en notre nom et que nous devrions subir les conséquences de leur action politique. Alors se pose la question de compétence et de moralité eu égard à la répétition de dysfonctionnements observés ce dernier temps dans certains secteurs de la vie sociale et politique.
POURQUOI LA COMPETENCE EST SACRIFIEE ?
Un analyste politique n’a-t-il pas raison de parler « de marchandisation du politique » ? Les logiques politiques n’obéissent pas à des critères d’engagement, de croyances à des valeurs et principes démocratiques mais «l’agent politique » s’investit et accompagne le leader pour aboutir à une éventuelle victoire afin de récolter les dividendes à la hauteur des montants dépensés pour le soutien du candidat. C’est la raison pour laquelle dans cette guerre d’insultes on ressasse les millions dépensés qui n’ont pas été récompensés sous forme de nomination au poste de ministre, ministre-conseiller ou PCA.
Cette violence verbale n’est pas surprenante en considérant la trajectoire atypique des hommes partis de rien, sans diplômes ni expérience et qui se trouvent subrepticement propulsés à la tête d’un ministère ou d’une institution. Que peut-on attendre de ces hommes pour le développement de leur domaine de responsabilité ?
La réponse est évidemment rien car, la compétence si l’on se réfère à ce représentant du peuple ou député du président, n’est pas exigée ni références mais l’atout est de bénéficier des largesses du maître qui ne semble pas se préoccuper du sens de la responsabilité ou d’attachement à une quelconque morale dans les attributions de fonctions ministérielles. Il est donc évident qu’il n’y a pas d’obligation de résultats sauf quand il s’agit de joutes électorales.
En suivant cette logique comment parvenir à un Sénégal émergent en confiant de telles responsabilités à des personnes qui n’ont pas fait leur preuve en matière de gestion et de management. La responsabilité politique est assez sérieuse pour être confiée à des personnalités peu enclines à donner sens à leurs fonctions dans une République trop affectées par diverses affaires dont le dénouement n’est pas aisé. Alors faudra-t-il penser aux propos de l’ancien président américain (Barack Obama) qui considère que l’Afrique a besoin d’institutions fortes, et j’ajouterai aussi des hommes capables de les faire fonctionner au service des populations sans quoi la démocratie paiera un lourd tribut dans le choix des hommes pour la gouvernance politique, sociale et économique. Il n’est jamais trop tard pour corriger, tout dépendra de la volonté d’inscrire son action dans l’histoire du pays et de garantir la pérennité de la démocratie.
ENTREPRENDRE DES ACTIONS SIGNIFICATIVES
Nous devons relever des défis en agissant dans le sens du respect scrupuleux de nos institutions, des mécanismes de séparation de pouvoirs surtout dans le domaine de la justice en favorisant son autonomie pour lui permettre de jouer sa partition dans la consolidation des acquis démocratiques. De même, les modalités de choix des députés méritent d’être revues pour assurer une meilleure représentativité nationale et d’éviter qu’ils ne soient suspendus à la volonté d’un homme plutôt que d’œuvrer en direction de la prise en compte des préoccupations des citoyens.
Le rôle de l’Assemblée nationale est fondamental dans l’architecture de nos institutions notamment en termes de débats contradictoires, de contrôle de l’action de l’exécutif, d’initiatives en matière de politiques publiques et de propositions de lois. Elle ne peut se réduire en chambre d’enregistrement, de manœuvres partisanes et politiciennes. En effet, l’irruption du coronavirus a bousculé tous les agendas, au même moment elle introduit un consensus dans le paysage politique pour faire face à la propagation de la maladie par des mesures idoines. Il est vrai que la pandémie a surpris tout le monde y compris les grandes puissances mais elle apparaît comme un révélateur des errements et des erreurs d’orientations au niveau de la gouvernance économique et sociale.
Le multilatéralisme s’est effrité et les acteurs prédominants ont privilégié les démarches solitaires mettant en exergue les insuffisances des moyens et les infrastructures peu adaptées. L’urgence commande la solidarité nationale et internationale. Cependant, les leçons à tirer sont nombreuses, elles concernent la rigueur dans la gestion, le contrôle par les organes habilités et l’application, sans complaisance, de sanctions en cas de dérives avérées de la part de ceux qui évoluent dans une logique prédatrice. Aujourd’hui, le combat se situe dans cette nécessité d’assainir les finances publiques, de choisir et de s’entourer d’hommes compétents et dévoués, « non recyclés», à travailler pour soulager les souffrances de leurs concitoyens. Les Sénégalais attendent des changements majeurs aux fins de tourner la page des années d’incertitudes.
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
LE PS UN AN APRÈS TANOR
Aujourd’hui, le Parti Socialiste s’apparente à un arbre effeuillé, ébranché dont la seule partie visible est le tronc sec qui continue de tenir debout
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 15/07/2020
Il y a des personnalités qui resteront toujours gravés dans la mémoire de l’histoire politique de notre pays comme des monuments de la politique. Ousmane Tanor Dieng, qui a tiré sa révérence le 15 juillet 2019, fait partie de celles-là. Certes, nous n’allons pas, lors de ce premier anniversaire du décès du 3e grand leader du Parti socialiste, verser dans cette nécrolâtrie qui, hypocritement, pousse ceux de ce monde encore en vie à tresser des lauriers postmortem ressemblant en réalité à une couronne d’épines, pour les morts. Cela dit, il serait malhonnête de ne voir qu’en noir cet homme politique, OTD, qui a inscrit en lettres indélébiles son nom dans l’histoire du PS.
Pour analyser la trajectoire politique de Tanor qui a laissé un héritage difficile à gérer aux socialistes, un parti incapable de se réoxygéner depuis sa disparition, il faut remonter aux principaux dirigeants du PS qui, en des moments difficiles, ont su tenir stoïquement la barque brinquebalante dans une mer politique houleuse jusqu’en 2000. Et cela en dépit des coups de Jarnac et de Brutus.
Léopold Sédar a enfanté le Bloc démocratique sénégalais (BDS) le 27 octobre 1948 dans un contexte où la Section française de l’internationale ouvrière (Sfio) de Lamine Guèye, maire de Dakar, était très ancrée dans les zones urbaines. Ce parti politique grandira en opérant des fusions marquées par des changements de noms. Du BDS, il est devenu le BPS (Bloc populaire sénégalais) avant la naissance d’une nouvelle entité appelée Union Progressiste Sénégalais (UPS). Et en 1971, l’UPS ayant adhéré à l’Internationale socialiste, devient le Parti socialiste (Ps).
En 23 ans d’existence, les quatre dénominations du parti de Senghor correspondent à des mutations politiques qui se sont traduites par l’élargissement, l’ouverture ou la fusion avec d’autres entités. Le processus d’ouverture du Ps semble avoir connu un coup d’arrêt avec Abdou Diouf, lequel ne songea plus à élargir le parti à d’autres formations politiques. Le président Diouf, une fois à la tête du pays en 1981, s’est attelé à déconstruire la philosophie « expansionniste » de son prédécesseur. Au contraire, il s’adonna à des purges staliniennes au nom de la désenghorisation.
L’esprit de rassemblement, socle fondateur du PS, s’est estompé avec l’avènement de Diouf à la tête du PS. Et en 1996, les ébréchures du PS, constatées depuis le début des années 80, se muent réellement en fracture ouverte avec la fronde des légitimistes dont le chef de file est Djibo Ka. Tanor incarne la rénovation du Parti socialiste qui ne parvient plus, depuis 1984, à impulser de changements en profondeur dans son mode de fonctionnement et à proposer un projet politique en phase avec les attentes populaires. On attendait des orientations politiques et des axes programmatiques sous la supposée ère de rénovation socialiste, finalement on assista à des batailles de positionnement et à un déni du débat contradictoire ayant débouché sur des exclusions de militants de la première heure.
C’était mal parti pour Tanor qui, au lieu rabibocher un parti qui se déchire de jour en jour, faisait usage de la ligne de Diouf qui, en 1981, s’était échiné à enterrer les mammouths et les apparatchiks. Les barons, comme on les appelait. Djibo et ses affidés refusent l’hégémonie d’Ousmane Tanor Dieng imposée lors du « congrès sans débat » de 1996 où rien sur les nouvelles orientations politiques du PS n’a été débattu. Il finit par quitter pour créer l’Union pour le renouveau démocratique (Urd) en 1998. Un an plus tard, en 1999, Moustapha Niasse est exclu pour activités fractionnistes. Il créée l’Alliance des forces de progrès (Afp).
C’est le chant du cygne du PS en 2000 avec la défaite du président Diouf à la présidentielle. Une défaite qui a eu le mérite de révéler la véritable face de leader de Ousmane Tanor Dieng. Le capitaine est toujours le dernier à quitter le navire en naufrage. Quand le navire socialiste tangue dans une mer agitée par les vents de la transhumance, le capitaine Tanor tient solidement le gouvernail. Quelques seconds capitaines et chefs de quarts se rebellent et refusent de le reconnaitre comme le seul commandant à bord du navire socialiste mal en point. Il s’agit de Robert Sagna, Mamadou Diop, Souty Touré, Abdou Khadre Cissokho (qui a opéré un come-back rapide), Moustapha Kâ, Madia Diop, Amath Cissé et Abdoulaye Makhtar Diop qui claquent la porte pour prendre leur destin en main. Entre 2000 et 2012, Tanor peut s’enorgueillir d’avoir tenu tête au Président Wade jusqu’à la chute du régime du tombeur des socialistes.
Hélas, son style de management ne lui a pas permis de massifier le PS. L’érosion électorale s’est accentuée. De la présidentielle de 2000 (40 % des suffrages), en passant par 2007 (13%) jusqu’en 2012 (11%), le parti fondé par Léopold Sédar Senghor en 1948 semble être arrivé en fin de cycle. Le refus de passer la main à la jeune génération et de définir une ligne doctrinale claire à partir de 2012 et les enjeux collaborationnistes avec le parti au pouvoir semblent avoir eu raison du PS. Sa collusion avec le Président Macky au nom du « gagner ensemble et gouverner ensemble » a fini par plomber les ambitions de pouvoir du parti historique de Senghor.
La bataille fratricide entre un Khalifa Sall présidentiable et un Tanor souteneur de Macky à la présidentielle de 2019 a atrophié le Parti socialiste qui ne parvient plus à transcender ses contradictions internes. Toutefois, toutes ces contradictions et remous étaient nécessaires, voire indispensables, pour donner naissance à un nouveau PS, restructuré et conquérant. Mais Tanor et ses inconditionnels n’avaient pas compris cela. Quitte à faire emprisonner tous les opposants socialistes au président Sall avant de les exclure, quitte à sacrifier l’héritage des pères fondateurs, le patron socialiste ne démordait de son soutien fidèle et aveugle à Macky.
Ainsi le parti socialiste, qui est né dans le refus d’un suivisme aveugle en 1948, a fini par s’aligner les yeux fermés derrière le parti-biberon du président Macky Sall qui n’avait que quatre ans d’existence lorsqu’il accédait au pouvoir. La capacité de s’opposer a fini par place à la contrainte de soutenir. Et c’est au beau milieu de ce compagnonnage avec le régime de la deuxième alternance que Tanor s’est retiré de ce monde. Le legs n’est pas fructueux et les héritiers, embourgeoisés et enivrés par les voluptés du pouvoir, ne songent plus remettre leurs costumes d’opposants.
La traversée laborieuse du désert de 2000 à 2012 aura eu raison de cette désidéologisation du PS. Aujourd’hui, le Ps s’apparente à un arbre effeuillé, ébranché dont la seule partie visible est le tronc sec qui continue de tenir debout. Un tronc qui continuera sans doute à donner à la jeune génération l’espoir d’une régénération d’autres branches, d’autres feuilles et d’autres fruits qui feront germer un nouveau PS.
Que Ousmane Tanor Dieng continue de reposer en paix.
LE SOMMET DE LA FRANCOPHONIE, RICHARD ATTIAS ET LE MARCHÉ FICTIF
Le rapport 2017 de l’IGE dresse un portrait inquiétant de la gestion de la délégation générale à la Francophonie sous Jacque Abib Sy.
Le rapport 2017 de l’IGE dresse un portrait inquiétant de la gestion de la délégation générale à la Francophonie sous Jacque Abib Sy. Entre autres fautes, les inspecteurs ont dénoncé le contrat, pour un marché fictif, qui a été attribué à l’homme d’affaires marocain Richard Attias dans le cadre de l’organisation du 15e sommet de la Francophonie, à Dakar (Diamniadio) en novembre 2014.
Le marché, signé entre la Délégation générale à la Francophonie et au célèbre magnat de la pub, Richard Attias, a fait l’objet de deux avenants approuvés par l’autorité compétente. Le premier n’a pas d’incidence financière. Le second concerne la fourniture et l’installation d’un chapiteau de 2400 mètres carrés au niveau du CICAD. Un projet de troisième avenant concernant l’équipement et l’aménagement du Cicad n’a finalement pas été approuvé. Il a, selon les enquêteurs de l’IGE, été exécuté et payé par voie d’indemnisation.
Cette indemnisation, selon le rapport de l’IGE a été faite en l’absence de pièces justificatives précisant la nature des biens et services objet de la commande. De même, le rapport indique, la délégation générale à la Francophonie avait réservé la part belle des marchés de la francophonie aux entreprises étrangères alors que la législation lui faisait obligation de privilégier l’expertise nationale et communautaire. « L’analyse des marchés passés par la DGF fait ressortir que des marchés d’un montant de 60 milliards 486 millions 761 mille 849 francs Cfa, compte non tenu des avenants, ont été attribués à des entreprises non communautaires, suivant la procédure par entente directe », lit-on dans le rapport.
Toujours selon les enquêteurs, à la fin du sommet en novembre 2014, les services de la DGF se sont attelés, jusqu’en août 2015, avec l’aide d’experts recrutés pour les besoins, à régulariser les opérations de dépenses initiées à l’insu du Délégué général, pour se conformer aux dispositions de l’article 86 du règlement général sur la Comptabilité publique.
L’ETAT A AIDE LA SAP SA, CONCESSIONNAIRE DE LA CHARGE A L’ESSIEU, A DETOURNER L’ARGENT QUI LUI ETAIT DESTINE
La société concessionnaire du contrôle du gabarit, du poids et de la charge à l’essieu des camions, la SAP SA, a été épinglée par l’Inspection générale d’Etat dans les cas particuliers de malgouvernance
La société concessionnaire du contrôle du gabarit, du poids et de la charge à l’essieu des camions, la SAP SA, a été épinglée par l’Inspection générale d’Etat dans les cas particuliers de mal- gouvernance. Dans son rapport 2016, l’IGE pointe du doigt particulièrement la société SAP SA pour les faits de manipulation financière de haute voltige au détriment du Trésor public. Mais le intrigant, c’est que c’est l’Etat lui-même qui a aidé la SAP SA à mettre en place des stratagèmes pour détourner les amendes collectées !
Les limiers de l’IGE dans leur rapport 2016 ont indexé, dans les cas particuliers de mal gouvernance, la mise en œuvre du contrat de concession signé avec la SAP SA pour une durée de 20 ans. En application du Règlement n°14 /2005/CM/UEMOA relatif à l’Harmonisation des normes et des procédures de contrôle du gabarit, du poids et de la charge à l’essieu dans les Etats de l’UEMOA, le Sénégal a signé avec la SAP SA un contrat de concession dudit contrôle sous forme de contrat de Construction-Exploitation-Transfert (CET) pour une durée de 20 ans.
Selon les limiers de l’IGE, « à travers ce contrat, l’Etat du Sénégal a concédé à la SAP SA la responsabilité de la collecte des amendes prononcées en cas d’infraction à la charge de l’essieu.
Pour la répartition du produit des amendes, les dispositions de l’article 30 du contrat de concession prévoient que l’autorité concédante (Etat/MEFP/TRESOR) reçoit l’intégralité des amendes collectées selon la procédure décrite par l’article 35 dudit contrat, reverse 75 % au concessionnaire et en garde 25 %. Il a été relevé que le décret prévu à cet effet n’ pas été pris contrairement à l’argument développé par le ministre en charge des Infrastructures dans son courrier du 12 février 2015. Il a également été constaté que par lettre non datée n°03288/MEF/CAB/MDB reçue par la Direction générale de la Comptabilité publique et du Trésor le 11 mars 2014, le ministre de l’Economie et des Finances, en violation des dispositions de l’article 35 du contrat de concession, autorise le concessionnaire à domicilier les amendes collectées dans un compte ouvert en son nom dans une banque de la place et de procéder au reversement de la quote-part de l’Etat (25 % des amendes collectées) au Trésor public ».
Les auditeurs de l’IGE s’étonnent du fait que « la quote-part revenant à l’Etat sur le montant des amendes collectées au titre du contrôle de la charge à l’essieu, n’abonde pas pour l’instant les ressources destinées au financement de l’entretien routier ».
Les investigations de l’IGE ont fait apparaître que « les vérifications ont révélé qu’il a été recouvré à la date du 31 décembre 2013, tel qu’il ressort du courrier n°00092/EGS-YSN-DG/AFPSN/02 du 25 février 2015 de SAP SA, un montant de trois milliards 64 millions de frs sur lequel 25 % revenaient à l’Etat, soit près de 770 millions de frs. Sur cette part de l’Etat, seuls 310 millions de frs ont été effectivement versés à la suite d’un moratoire accordé par les services du Trésor à raison de 31 millions de frs par mois ».
D’après les hommes du Vérificateur François Collin, « au regard de la nature des recettes et du contrat de concession, cette situation est injustifiable. L’intégralité des recettes recouvrées au titre des amendes doit être reversée au Trésor Public, le concessionnaire n’étant que collecteur.
Ainsi le moratoire qui lui a été accordé par les services de l’Etat est donc sans fondement ».
Les fortes recommandations de l’IGE
En conséquence de ce qu’ils ont découvert, les auditeurs de l’IGE recommandent aux services de Abdoulaye Daouda Diallo « de faire prendre un décret fixant la clé de répartition des amendes prononcées en cas d’infraction sur la charge à l’essieu. De domicilier sans délai l’intégralité des amendes collectées dans les livres du Trésor, à charge pour cette administration de procéder à la répartition et au reversement des fonds reçus, conformément aux dispositions du contrat de concession ». « Demander à l’inspection générale des Finances de contrôler les modalités actuelles de perception et d’utilisation des fonds collectés au titre des amendes prononcées à l’occasion des contrôles à l’essieu par rapport aux dispositions du contrat de concession qui lie l’Etat à SAPSA » concluent les limiers de l’IGE.
«DANS LA LUTTE CONTRE LES INFRACTIONS NUMERIQUES, LA VOLONTE DU LEGISLATEUR SENEGALAIS LAISSE PLANER UN DOUTE SUR LA NOTION DE CYBERCRIMINALITE»
Thierno Amadou Ndiogou, enseignant et chercheur en droit commercial, en droit économique, en droit de la famille et en sciences criminelles, nous parle des diverses formes de criminalité en Afrique
Dr Thierno Amadou Ndiogou est un jeune juriste. Maître de conférences titulaire à la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de l’ucad, Dr Ndiogou est à la fois enseignant et chercheur en droit commercial, en droit économique, en droit de la famille et en sciences criminelles. Au Sénégal comme en France, il a eu à intervenir dans plusieurs séminaires et ateliers relatifs aux diverses formes de criminalité en Afrique. Et particulièrement au Sénégal où il nous fait le diagnostic de la politique criminelle à l’aune de la lutte contre la cybercriminalité.
Le Témoin : Après les assassinats ou meurtres de Fatoumata Matar Ndiaye à Pikine, Bineta Camara à Tambacounda, du commandant de brigade Tamsir Sané à Koumpentoum et autres, le recours à la peine de mort avait été agité par plusieurs associations islamiques et mouvements féministes. Pensez vous réellement que la peine de mort peut faire reculer la criminalité ?
Thierno Ndiogou : Non ! L’application de la peine de mort n’a jamais fait reculer la criminalité. Jusque-là, aussi bien au Sénégal que dans le reste du monde, aucune étude sérieuse n’a pas pu démontrer le contraire. Allez aux Usa, en Arabie saoudite, en Chine, en Iran et au Nigeria, par exemple, autant de pays où la peine capitale est exercée. On y enregistre pourtant une hausse fulgurante du taux de criminalité malgré les multiples condamnations à mort et les nombreuses exécutions en place publique ou en salle. Il est vrai qu’au Sénégal, le débat fait régulièrement surface au lendemain de chaque crime commis avec barbarie et sauvagerie. De là, je comprends parfaitement la position des partisans de la peine de mort. Souvent, ils réagissent sous le coup de la colère et du désir de vengeance. Seulement, il faut retenir et reconnaitre que la peine de mort viole le droit humain le plus fondamental qu’est le droit à la vie.
Et les victimes de crimes sauvages et leurs familles dans tout ça ?
Ecoutez ! Non seulement toute perte humaine est douloureuse, mais elle est à la fois déplorable et regrettable. Parce que la vie est sacrée ! Malheureusement, criminalité et humanité vont de pair. Car le crime, c’est un fait social voire un phénomène de société qui n’épargne aucune société humaine. Et tant qu’il y aura des hommes sur terre, il y aura toujours des homicides. Par contre, les forces de sécurité et de défense ainsi que la justice doivent se focaliser davantage sur la lutte visant à faire reculer le taux de criminalité, et surtout réduire les homicides volontaires c’est-àdire le fait de tuer une personne de manière volontaire, gratuite, délibérée ou intentionnelle. Au Sénégal, comme partout dans le monde, certains ont le sentiment que ces crimes perpétrés avec cruauté et monstruosité sont de nouveaux phénomènes. Non ! La naissance des réseaux sociaux et la floraison des journaux, radios et télévisions nous ont plongés dans cet état de fait et de sentiment d’insécurité alors que la société sénégalaise a toujours connu ce genre de crimes violents ou assassinats barbares. Un jour, lors de mes recherches, je suis tombé sur un titre d’un exemplaire du journal « Le Soleil » des années 80 intitulé : « Drame à Dalifort (Dakar), Amadou Woury égorgé sa femme comme un poulet ». De même que des exemplaires de « Le Témoin/Hebdo » des années 90 où l’on découvre des histoires de crimes passionnels, crapuleux etc. Juste pour vous rappeler que ces crimes violents ont toujours secoué notre société comme toute société des hommes.
Comment analysez-vous la politique criminelle au Sénégal à l’aune de la lutte contre la cybercriminalité ?
Je pense qu’il ne s’agit pas d’analyser mais plutôt de mener une réflexion sur la politique criminelle relative à la lutte contre la cybercriminalité. Aujourd’hui, nul ne peut contester que le développement de nouvelles formes de criminalité a fait bouger les lignes juridiques. Ce, face à une forte pression qui impose aux gouvernants d’innover, parfois dangereusement. Pour mieux camper le débat ou mener à bien la réflexion, il est utile de rappeler que la politique criminelle est considérée comme « science et art, explicative, préventive et répressive » du phénomène criminel. À cet effet, elle dépasse les champs d’action du droit pénal et de la procédure pénale mais elle peut les servir tous. Stratégie juridique et sociale fondée sur des choix de politiques publiques, la politique criminelle permet de répondre avec pragmatisme aux problèmes posés par la prévention et la répression de la criminalité. Mais ici, il est question de parler de la cybercriminalité. C’est dans cette perspective que le législateur sénégalais a réaménagé sa politique juridique et sociale pour dissiper le malaise du juge pénal et être en phase avec le combat mené par la communauté internationale contre la cybercriminalité. D’où le réaménagement issu de la loi n° 2008-11 du 25 janvier 2008 sur la cybercriminalité qui s’est caractérisé par l’élaboration d’une stratégie de modernisation des instruments de répression et par l’articulation d’une stratégie d’amélioration du processus de répression. Huit ans après, le législateur sénégalais a entendu corriger les tares originelles de son dispositif juridique en apportant des améliorations techniques importantes à la législation contre les cyber-délinquants. Ont été adoptées des dispositions relatives aux interceptions de correspondances téléphoniques ou émises par voie électronique. Ainsi, cette nouvelle législation sénégalaise s’articule autour d’une politique d’extension des pouvoirs des investigateurs grâce à une politique d’instrumentalisation des technologies de l’information et de la communication (TIC) à des fins probatoires.
Malgré la mise en place d’un arsenal pour lutter contre la cybercriminalité, certains avocats ne cessent de dénoncer un vide juridique dans certaines affaires liées aux infractions numériques. Leur position est-elle justifiée ?
Effectivement ! Car cette volonté du législateur sénégalais paraît cependant inachevée puisqu’il (Ndlr, le législateur) laisse planer un doute sur la notion de « cybercriminalité ». Mais, à l’analyse de l’exposé des motifs de la loi n° 2008-11 susvisée, il semble admettre que la cybercriminalité renvoie aux infractions commises dans les réseaux de télécommunication ou au moyen de ces derniers. Toutefois, une telle conception serait fort réductrice en ce sens qu’elle ne prend pas en compte les infractions commises contre les réseaux de télécommunication et elle n’inclut pas les infractions utilisant ces réseaux pour menacer ou tromper. Il est donc à espérer que d’autres projets de loi sur la cybercriminalité permettront de combler certains vides juridiques afin de trouver des réponses qui fassent autorité et satisfassent les uns et les autres.
Aujourd’hui, on constate que dans de nombreuses affaires criminelles, l’Internet est toujours au banc des accusés. Alors que la criminalité a toujours existé, bien avant l’ère numérique d’ailleurs !
Une bonne réflexion ! En réalité, Internet n’a pas seulement favorisé la perpétration d’actes de criminalité classique, il a également modernisé cette criminalité et donné naissance à de nouvelles infractions. C’est ce qui explique que l’analyse de l’organisation de la réponse méthodique contre la cybercriminalité au Sénégal, passe par l’articulation d’un véritable mouvement d’expansion du champ de la politique criminelle. En réponse à la problématique centrale, il convient de reconnaître une variété d’approches. Elles peuvent traduire des tendances négatives, positives ou mitigées. Cependant, la présente entreprise se propose d’explorer la physionomie de la stratégie juridique et sociale de lutte contre le phénomène de la cybercriminalité. La démarche débute par le constat d’une intensification de la politique criminelle. Elle se poursuit par les déficits de cette intensification. Donc, cette intensification doit se traduire en premier lieu par une portée élargie des mesures cyber-préventives, et en second lieu par le renforcement des mesures cyber-répressives.
Justement, vous nous parlez de mesures cyber-préventives mais y-a-t-il réellement une politique de prévention dans ce sens ?
D’abord permettez-moi de vous rappeler qu’au Sénégal, la stratégie de prévention de la criminalité sur Internet constitue un vaste sujet qui englobe de nombreux programmes et initiatives. Une grande variété d’infractions constitue la cible de cette prévention et différentes approches ciblent différents facteurs contribuant à la criminalité sur Internet. C’est ce qui explique que divers acteurs s’engagent fréquemment dans la prévention de la cybercriminalité. Cela inclut le Gouvernement sénégalais, les organisations non gouvernementales, la société civile, les volontaires, les activistes, le secteur privé et les citoyens. De même que la gendarmerie sénégalaise puisque ces deux dernières années, elle a mené des campagnes d’information et de sensibilisation dans les écoles pour protéger les enfants et leurs parents aux risques qu’ils encourent sur Internet et les réseaux sociaux. Vous voyez ! Tous ces acteurs jouent un rôle clé dans les stratégies et les mesures visant à réduire les risques de criminalité sur Internet et leurs effets néfastes potentiels sur les Sénégalais et la société sénégalaise. Donc, il convient alors de reconnaître que l’état du Sénégal est dans une logique d’élaborer une stratégie de prévention appropriée qui combine des réponses étatiques et sociétales.
Malheureusement sur le plan sociétal, les Sénégalais tombent toujours et « bêtement » dans les pièges numériques que leur tendent les cybercriminels…
Effectivement du fait que sur le plan sociétal, la cybercriminalité soulève des questions d’autant plus difficiles à résoudre qu’elle affecte toute une société globalisée. C’est pourquoi, les autorités publiques et les acteurs non étatiques ne cessent d’inviter à une culture de la cybercriminalité et ce, à travers la sensibilisation et la formation. Ces dernières, élargies à plusieurs couches de la population notamment les élèves et les enseignants, consistent à informer et à former non seulement sur les risques spécifiques qu’Internet présente, mais également sur les moyens de protection qui existent pour s’en prémunir. La sensibilisation peut s’articuler autour de quatre points : l’éducation aux médias, le rôle des parents, le rôle de l’école et la nécessité d’une collaboration entre le public et le privé.
ABY NDOUR CONDAMNEE À UN MOIS DE PRISON AVEC SURSIS
Poursuivie par les sculpteurs de la corniche et Atepa; la chanteuse Aby Ndour a été condamnée hier à une peine d’un mois de prison avec sursis et à payer des dommages et intérêts de deux millions de F CFA.
Poursuivie par les sculpteurs de la corniche et Atepa; la chanteuse Aby Ndour a été condamnée hier à une peine d’un mois de prison avec sursis et à payer des dommages et intérêts de deux millions de F CFA.
Alors qu’elle est sous le coup de deux procédures pendantes devant les tribunaux, la sœur de Youssou Ndour sait, désormais, qu’il va lui être très difficile d’exploiter son lieu de commerce sur la Corniche.
Poursuivie par l’architecte Pierre Goudiaby Atépa, qui a enclenché deux procédures à son encontre, une pour occupation illégale d’un espace public, le second pour diffamation suite à une vidéo où elle l’accuse de choses pas du tout catholiques, Aby Ndour était aussi poursuivie par ce même Pierre Goudiaby Atépa, soutenant cette foisci des sculpteurs sur pierre de la Corniche.
Lesquels reprochent à la chanteuse d’avoir fait déplacer leurs objets du site qu’ils occupaient. « C’est dans la nuit du 27 février qu’elle avait fait venir des engins et elle a transféré nos objets sans autorisation. Cela a causé la destruction de certaines de nos œuvres. Et c’est pour ce saccage qu’on avait saisi le tribunal correctionnel de Dakar pour dommage à la propriété immobilière d’autrui» ont annoncé les artisans très satisfaits de la décision rendue hier. Cette plainte, déposée le 24 mars dernier, avait fait l’objet d’un jugement il y a quelques temps. C’est à cause de la pandémie de covid-19, qui a perturbé le fonctionnement des juridictions, que le verdict avait tardé à être rendu.
Rendant son délibéré hier, le tribunal correctionnel de Dakar a condamné Aby Ndour à une peine d’un mois de prison avec sursis. Et au paiement de dommages et intérêts de deux millions de F CFA. Pour rappel, c’est dans l’attente de ce verdict que Aby Ndour avait, aussi, appris l’existence d’une procédure similaire devant le même tribunal de Dakar.
Et cette fois-ci, c’est Pierre Goudiaby Atépa, l’Ageroute et la Perle qui sont les initiateurs de la procédure tentant à l’expulser de sa « place à jus ». Cette affaire dans laquelle les parties civiles sont Pierre Goudiaby Atépa, Ageroute et l’association la Perle devait être appelée au tribunal le 6 juillet, donc 4 jours après la fameuse vidéo d’Aby Ndour. Mais, pour dépayser le dossier, le tribunal qui devait juger cette affaire d’expulsion conformément à l’arrêté préfectoral qui interdit toute construction sur ce lieu stratégique, l’a renvoyé au 20 juillet prochain.