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1 juillet 2025
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LA COLERE COUVE A BAMAKO MALGRÉ L'APPEL DE L'IMAM DICKO
Plusieurs quartiers de Bamako étaient encore secoués par des rassemblements spontanés d'opposants, dimanche, quelques heures après l'appel au calme lancé par l'imam à la tête de la coalition demandant un changement de pouvoir au Mali.
Plusieurs quartiers de Bamako étaient encore secoués par des rassemblements spontanés d'opposants, dimanche, quelques heures après l'appel au calme lancé par l'imam à la tête de la coalition demandant un changement de pouvoir au Mali.
Le bras de fer entre le pouvoir malien et les partisans de la coalition d'opposition continuait dans les rues de Bamako, dimanche 12 juillet, malgré les appels au calme lancés dans l'après-midi par l'imam Mahmoud Dicko. Ce dernier, figure centrale de la coalition d'opposition dite du 5-juin, avait appelé ses partisans à ne "pas tomber dans le piège de la violence" après deux jours de troubles sanglants.
Les correspondants de l'agence AFP à Bamako faisaient néanmoins état de regroupements spontanés de centaines de personnes dans la rue, tandis que des axes importants étaient coupés par des barrages ou des pneus brûlés. Un tribunal et un siège de quartier du parti présidentiel, symboles du pouvoir, ont également été saccagés selon les mêmes sources.
Pas de confrontation directe entre Bamakois et forces de sécurité tirant à balles réelles comme les jours précédents, mais une situation volatile lourde de menaces.
LES VÉRITÉS DE TELIKO
Devant le Jury du dimanche, le président de l’Union des magistrats du Sénégal, s’est prononcé, sans langue de bois, sur le fonctionnement de la Justice.
Devant le Jury du dimanche, le président de l’Union des magistrats du Sénégal, s’est prononcé, sans langue de bois, sur le fonctionnement de la Justice. Souleymane Téliko révèle à qui veut l’entendre que toutes les conditions ne sont pas réunies pour que la Justice puisse exercer son indépendance. Cela, poursuit-il, c’est un problème d’équilibre des pouvoirs.
Selon lui, dans l’articulation des rapports entre la Justice et l’exécutif, il y a deux impératifs qu’il faut tenir en compte. Le premier, c’est de reconnaitre à l’exécutif tous les pouvoirs, toutes les prérogatives nécessaires à l’organisation du secteur de la Justice. Le second impératif, c’est de faire en sorte que l’exercice de ce premier pouvoir dévolu à l’exécutif ne conduise pas à remettre en cause l’indépendance de la Justice.
« Et c’est là où il y a un problème au Sénégal. Le premier, c’est le parquet. Tel que s’est fait, le ministre a la possibilité de s’immiscer dans les affaires judiciaires. Le parquet est une autorité judiciaire qui a des attributions juridictionnelles, qui peut ordonner des arrestations, requérir le mandat de dépôt, exercer des voies de recours qui maintiennent la personne en détention. Quand vous mettez une telle autorité sous la subordination de l’exécutif, indirectement vous donnez à l’exécutif la possibilité d’avoir une influence sur le traitement des affaires judiciaires. Donc , aujourd’hui le ministre peut, par instruction écrite, demander au parquet de requérir dans tel ou tel sens. Cela est une entorse aux principes de la séparation des pouvoirs », a expliqué le président de Chambre à la Cour d’appel de Thiès.
A son avis, cette situation de subordination du parquet a deux conséquences dommageables. D’abord, elle permet l’immixtion de l’exécutif dans le traitement des affaires judiciaires. Et ensuite, il nuit à l’image de la Justice toute entière. Cette subordination, renchérit-il, fait peser sur le parquet et par ricochet sur toute la justice un soupçon permanent et de collision avec l’exécutif. « Nous avons sollicité une réforme dans ce sens qui consiste à modifier le Code de procédure pénale et à enlever toutes les dispositions qui permettent à un ministre de la Justice de donner des instructions dans telle ou telle affaire. Le ministre de la Justice devrait se contenter de donner des circulaires pour tracer les grandes lignes de la politique pénale et laisser à chaque procureur le soin de décider librement du traitement des affaires judiciaires »
S’agissant du Conseil supérieur de la magistrature ,Souleymane Téliko plaide pour la modification de sa composition. « Ce que nous avons proposé c’est que ce conseil soit dirigé par des magistrats. Que l’exécutif ne puisse plus siéger au sein Conseil supérieur de la magistrature. Rien ne justifie la présence du ministre de la Justice au sein du Conseil supérieur de la magistrature », explique-t-il. Et d’ajouter : « Pour la composition aussi, nous avons sollicité une proportion plus importante de membres élus. Nous estimons simplement que pour les attributions, le pouvoir de proposition devrait revenir aux membres du Conseil. Aujourd’hui, c’est le ministre qui propose aux postes de nomination ».
LE CORPS D’UN JEUNE HOMME RETROUVÉ, DEUX AUTRES PORTÉ DISPARUS
Un jeune âgé d’une vingtaine d’années est mort noyé à la plage de Thiaroye Sur Mer, une localité située dans le département de Pikine
Un jeune âgé d’une vingtaine d’années est mort noyé à la plage de Thiaroye Sur Mer, une localité située dans le département de Pikine, banlieue dakaroise. Ils étaient trois jeunes disparus depuis, hier, samedi, dans les eaux de cette plage. Mais, c’est un seul corps qui a été retrouvé, ce dimanche.
Selon des témoins sur place, le corps sans vie de ce jeune était exposé en attente des sapeurs-pompiers pour son acheminement à l’hôpital. Ils veulent aussi que les sapeur-pompiers continuent la recherche pour retrouver les deux autres corps.
Les habitant de Thiaroye Sur Mer n’ont pas manqué d’interpeller les autorités pour le renforcement de la sécurité au niveau des plages en ce début de l’été qui coïncide avec une forte fréquentation des plages par les jeunes. « On ne peut pas comprendre dans un pays, que les jeunes, qui sont l’avenir de demain, soient laissés dans des situations pareilles. Qu’ils meurent comme des mouches dans la mer. Nous demandons au ministre de l’Intérieur, garant de la sécurité publique et les collectivités locales de prendre leurs responsabilités », a indiqué, Abdou Samath Diouf, membre de la plate-forme nationale pour la réduction des risques et des catastrophe.
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LES ENFANTS CACHÉS DE LA FRANCE COLONIALE
Durant la période coloniale, plusieurs milliers d’enfants issus de relations entre des colons et des Africaines sont abandonnés par leur père et arrachés à leur mère. Sur décision du Gouverneur de l'AOF, ils sont séparés du reste de la société
Durant la période coloniale, plusieurs milliers d’enfants issus de relations entre des colons et des Africaines sont abandonnés par leur père et arrachés à leur mère. Sur décision du Gouverneur général de l’Afrique Occidentale Française, ces "métis des colonies" sont séparés du reste de la société et placés dans des orphelinats.
À travers des témoignages inédits, France 24 retrace l’histoire oubliée de ces enfants cachés de la Nation, dépourvus de leur filiation et en quête de reconnaissance.
Regardez notre documentaire exceptionnel de 27 minutes.
par Mary Teuw Niane
COVID19, REMOBILISER LA POPULATION
Au moment où nous devrions nous attendre à une augmentation importante du nombre de dakarois testés, nous notons une baisse du nombre de personnes testées durant les quatre dernières semaines. Que se passe-t-il ?
La pandémie de la covid19 continue son expansion en Afrique, à un rythme lent, mais soutenu. Alors que le 15 juin dernier, les cas testés positifs en Afrique, représentaient vingt-neuf (29) cas sur mille (1000) testés positifs dans le monde, aujourd’hui le continent est à quarante-trois (43) cas testés positifs pour mille (1000) cas positifs dans le monde. Au niveau du nombre de décès liés à la covid19, l’Afrique passe de quatorze (14) à vingt-deux (22) par rapport à mille décès liés à la covid19 dans le monde. Avec, aujourd’hui, une meilleure connaissance de la pandémie, une population africaine très jeune, un taux de létalité de 2.3%, l’Afrique est encore relativement peu touchée par la maladie. Cependant, les décideurs africains, les africaines et les africains doivent commencer à s’inquiéter, à populariser et à renforcer les mesures barrières, à anticiper sur l’équipement des plateaux techniques des infrastructures de santé, à assurer la protection du personnel du système de santé qui est en première ligne donc particulièrement vulnérable. Certains pays africains arrivent à la limite des capacités de leur système hospitalier. Ils s’exposent ainsi à une hausse du taux de létalité.
Le Sénégal a vu son taux de létalité passer de 1.2 % le 15 juin 2020 à 1.8% aujourd’hui soit une hausse de cinquante pour cent (50%) en un mois. Les cas positifs sont passés, dans la même période, de 5173 à 8135, soit une hausse de 57% en un mois. Ces chiffres montrent l’accélération du rythme d’expansion de la pandémie dans notre pays. La conséquence naturelle en est la détérioration des conditions de prise en charge des personnes testées positives. Il en ressort l’augmentation continue du taux de létalité qui se rapproche de plus en plus du taux moyen africain. Dans ces conditions, il est surprenant et difficile de comprendre la réduction quasi constante, d’une semaine à une autre, du nombre tests par semaine, de la semaine du 1er au 6 juin 2020 avec 8112 tests à la semaine du 6 au 12 juillet 2020 où ce nombre tombe à 6007 tests soit une réduction de 26% des tests entre ces deux semaines. La question des tests est critique dans la prévention et la gestion de la pandémie covid19.
Au moment où nous devrions nous attendre à la création de centres de prélèvement volontaires de proximité dans la région de Dakar pour une augmentation importante du nombre de dakarois testés, nous notons une baisse du nombre de personnes testées durant les quatre dernières semaines. Que se passe-t-il ? Manquons-nous de kits de dépistage de la covid19 ? Ou bien les autorités de la santé ont-elles pris la décision de réduire le nombre de tests réalisés par semaine ? Enfin, a-t-on changé de stratégie ? Il est essentiel, comme le recommande l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), de multiplier les tests pour isoler les personnes positives pour mieux protéger les personnes vulnérables susceptibles d’atteindre le stade grave de la réanimation.
C’est l’occasion d’encourager l’Institut Pasteur de Dakar à accélérer la fabrication des kits de dépistage rapide. Le démarrage, à Dakar, de la production à grande échelle de ces kits sera une grande avancée pour le Sénégal et l’Afrique.
La maladie est toujours là, contagieuse et expansive. Les questions environnementales, de cadre de vie, d’occupation ou d’accaparement irréguliers des terres rythment notre quotidien, nos semaines et nos mois. Les injures ordurières de cette semaine n’ont pas encore fini de nous émouvoir, de nous révolter et de nous assommer que la violation de l’article 25-2 de la Constitution à travers le prélèvement d’oryx dans le Ranérou par de très hautes autorités de l’État a fini de nous amener à nous poser cette question dramatique et pathétique : qu’avons-nous fait au bon Dieu pour que le ciel nous tombe sur la tête ?
Les sénégalaises et les sénégalais ont un besoin atavique de faire confiance à leurs institutions, de les voir jouer pleinement leur rôle de garant de la justice, de l’égalité, de la transparence, de l’équité, de la défense des plus faibles parmi eux et de l’illustration de nos meilleures valeurs de civilisation. Les sénégalaises et les sénégalais sont presque résignés, ils sont dans l’attente d’un vœu d’une bonne délivrance, d’un sursaut de confiance dans un futur proche et possible, d’un réveil heureux d’un sommeil empli de cauchemars. Le président de la République avait pu, lors de son discours du 15 mars 2020, unir et mobiliser nos concitoyennes et concitoyens autour du combat contre la covid19. Les sénégalaises et les sénégalais ont, à nouveau, besoin d’une parole forte, rassurante, engagée et mobilisatrice, de décisions justes et réconfortantes, d’une remobilisation pour combattre la covid19 et, enfin, de confiance, pour se réengager sur la voie de la construction de l’émergence économique, sociale et culturelle.
Unis et engagés, nous vaincrons !
LE SHINE TO LEAD TALK
LES DISPOSITIFS SANITAIRES D'ACCOMPAGNEMENT DES JEUNES FILLES
Shine to Lead a réuni vendredi 10 juillet 2020, plusieurs panélistes dont : Caty Fall Sow du Fonds mondial contre le VIH, Djeynaba Aboubakry Diop, entre autres, autour d'une session live abordant l'accompagnement sanitaire des filles
EXCLUSIF SENEPLUS - Nous voulons changer la société, car nous sommes secoués par le devenir de l'Homme. Nous devons maintenant matérialiser nos vœux et assumer notre engagement militant - NOTES DE TERRAIN
Notre discussion aurait pu rester dans le domaine du privé. Nous nous connaissons depuis cinq ans, maintenant. Et savons, à peu près, ce que l’un ou l’autre pense et croit. Nous avons passé de longues heures, autour du thé, grignotant des cacahuètes grillées, dans ton salon, ou le mien, avec d’autres camarades à débattre sur le monde. Sur le Sénégal et sur l’Afrique particulièrement. Car nous portons « un amour tyrannique de l’Afrique ». Émotionnellement préoccupés par le sort du continent, nous sommes devenus des camarades. Dans le sens politique, et aussi amical. Cette précision, pour dire qu’il y a un socle, intellectuel et fraternel qui nous lie. Il trouve sa justification dans le parti pris moral et idéologique, nous concernant. Ces premiers mots, pour aussi témoigner de notre éthique de la transparence.
Nous ne nous cachons pas pour exprimer nos idées, et nos vœux de changement social. La politique, pour nous, est un espace de conflit des idées. Et non le lieu d’assouvissement des passions rances et de la kleptocratie. Nos divergences, sur le fond, sont minimes. Même si elles ont eu raison, plusieurs fois, de notre prétention commune de « transformer la société ». Je dis cela car, depuis cinq ans, notre processus de maturation politique stagne. La vérité, c’est que notre esprit de dépassement a été mis à mal, plusieurs fois, lorsqu’il s’est agi de débattre et de délibérer sur certaines questions.
Nous n’avançons pas, camarade. Car, et ton mot est juste, il arrive que chacun s’accroche à sa « pureté idéologique ». C’est la maladie universelle de la gauche. C’est aussi, là, l’histoire des partis progressistes au Sénégal. Des flancs du PAI originel, dont vingt-deux hommes et une femme, voulaient déployer, le 15 septembre 1957 à Thiès, « les ailes de la Démocratie » et voir fleurir « l’hymne de liberté sur la terre d’Afrique », plusieurs mouvements politiques allaient émerger. Une division qui a sonné le glas des mouvements révolutionnaires dans notre pays. Le RND s’est aussi fissuré avec le bannissement de son aile gauche porté à l’époque par Me Babacar Niang.
Que faire ?, as-tu demandé. D’abord, dépasser certains clivages inopportuns. Les progressistes, partout, s’écharpent, jusqu’à orchestrer leur propre faillite, sur des sensibilités ou sur de simples thèses doctrinales. Qui, si elles sont parfois essentielles, ne doivent pas faire oublier la mission. S’engager dans un humanisme de combat. Annoncer l’espérance aux laissés-pour-compte. Reconstruire les solidarités. Consolider les fraternités. Augmenter la conscience des citoyens. Libérer la société de tous les jougs. Voilà le principal. Pour rendre tout cela possible, il faut nous poser les bonnes questions, en ayant toujours en tête l’esprit de compromis.
Proposer autre chose. Comment construire un corpus idéologique et doctrinal, sans nous confiner dans le dogmatisme ? Le patrimoine du PAI et du RND est éloquent. Nous sommes d’accord. Mais quelles idées y cueillir ? Comment articuler ces idées avec le temps et l’esprit de la société ? Par ailleurs, nous puisons encore, majoritairement, dans un lexique importé les mots de notre discours. « Gauche », « extrême droite », etc. Dans notre environnement civilisationnel, ces projets politiques n’ont pas de correspondance. Et donc, ne résonnent pas dans l’oreille sociale. Je vois déjà les cyniques et les réactionnaires se féliciter de nous voir dire des mots étrangers. Et s’éclater sans vergogne. Ils savent que nous sommes en retard, ou peut-être en avance sur l’horloge social.
La question de l’ancrage culturel sera importante au moment de la praxis. Les paradigmes qui nourriront notre discours vont déterminer, en grande partie, nos victoires. Il nous faut imaginer notre geste politique à partir de nos imaginaires. De notre substrat culturel. Un mouvement progressiste africain doit trouver sa source dans la très riche cosmogonie du continent. L’évolution des consciences politiques passera par le réarmement de valeurs issues de la psyché collective. Par le réinvestissement des vertus civilisationnelles latentes. Par l’établissement d’un contrat de confiance avec le peuple. Par la découverte des idéalismes oubliés. L’instrument intellectuel majeur du socialiste demeure le matérialisme dialectique. En quoi est-il pertinent dans la société africaine du 21e siècle ?
La politique est aussi un lieu d’apprentissage. Un espace de coopération. Notre objectif n’étant pas de perpétuer un système vertical et directif, nous devons nous écarter des schémas traditionnels. Il nous faut développer des initiatives endogènes. Et tenir compte de la médiation culturelle. De la réalité extérieure directe. En dialoguant, en créant, dans la langue du peuple, les idées du changement positif. Nous ne nous ferons pas comprendre si nous fleurissons notre discours de concepts éloignés de notre socioculture Si la gauche sénégalaise s’est effondrée, c’est aussi parce qu’elle était incomprise. Voilà la tâche ardue, qui est de devoir réinventer la roue, d’adapter les idées à notre environnement.
Nous forgerons les idées-forces de la civilisation humaniste, d’obédience africaine, en écoutant le pouls de nos sociétés. Il ne s’agit pas ici de comparer les valeurs d’une civilisation ou d’une autre. Nous prenons partout ce qui participe à la démocratie spirituelle et à la dignité des femmes et des hommes. Car, comme le rappelle si justement Cheikh Anta Diop : « Aucune pensée, aucune idéologie n'est, par essence, étrangère à l'Afrique qui fut la terre de leur enfantement. C'est donc en toute liberté que les Africains doivent puiser dans l'héritage intellectuel commun de l'humanité, en ne se laissant guider que par les notions d’utilité, d’efficience. » Nous n’avons pas à nous justifier de ce que nous sommes : des humanistes, partisans de la fraternité entre les peuples. Nous n’avons pas, non plus, à avoir de la gêne en nous réclamant des idées de « vieux camarades », d’ailleurs. Ou même à nous inspirer de nos contemporains qui vivent dans d’autres aires civilisationnelles. La bibliothèque de l’humanité n’appartient à personne. Surtout si elle contient une littérature fraternelle, solidaire et émancipatrice.
Je sais, aussi, que nous n’avons pas le temps. La grande machine continue de broyer les vies et nous a imposé la perversité d’un ordre barbare. Mais pour une transformation sociale à la hauteur des saccages, il faut un inventaire réaliste et intransigeant. Une méthodologie, une conscience-propre. Le travail de réflexion précède toujours celui de l’action. Ensuite, les deux, dans une boucle rétroactive, doivent s’alimenter. Il n’est pas question, même dans l’urgence, d’oublier de penser radicalement le changement. Et je le dis, comme je le pense, l’internationalisme viendra après l’unité nationale et continentale. Si nous voulons obtenir la confiance des masses, nous n’avons pas d’autres choix. Il nous faut trouver une voie authentique, africaine.
Cela ne veut pas dire pour autant, intolérance, xénophobie ou racisme inversé. Et tu as raison de le souligner, notre engagement ne tolérera jamais la bigoterie. Nous serons intraitables avec ceux qui, perturbés par le système, déversent leurs idées saugrenues et sectaires dans les esprits en formation. Nous voyons, d’ailleurs, que le panafricanisme, cette grande promesse révolutionnaire, est aujourd’hui manipulé par les mystificateurs et les vendeurs de haine. Il est choquant, pour reprendre, Gramsci, « de voir un point de vue critique (...) devenir le monopole de cerveaux étroits et mesquins. » À ce sujet, il nous incombe de sonner l’alerte. Le repli et la bigoterie menacent aujourd’hui cette grande valeur africaine : l’hospitalité. Or, pour nous, l’Afrique est la Terre-mère. Toujours accueillante pour tous les enfants de la planète. Les turpitudes des autres ne doivent pas avoir raison de notre force d’âme.
Nous devons, cependant, commencer l’action, être prêts à prendre rendez-vous avec les banlieues et le monde rural. Car la vie suit son cours et l’espace est occupé par d’autres qui n’ont pas nos préoccupations. L’abaissement national, comme tu dis, n’a que trop duré. Je suis d’accord avec toi, quant à la nécessité d’une « guérilla patiente ». Il faut amorcer le mouvement, et commencer à travailler le corps social, plongé dans une torpeur terrifiante. Pour devenir hégémonique, il nous faut, tout de suite, bâtir de nouvelles stratégies, ainsi que des méthodes neuves, qui vont fortement influencer les esprits. C’est l’idée de la « révolution passive », développée par Gramsci. Qui prône que toute transformation a d’abord lieu au « niveau moléculaire ». Et qu’il faut dans ce sens, engager une « pression lente et irrésistible » sur la société.
Ce n’est pas forcément dans la lutte pratique, entre forces antagoniques, qu’il faut mettre toutes les énergies. Les lignes de front doivent se multiplier, dans une conflictualité permanente et générale. Tu as évoqué les intellectuels, les étudiants, les artistes. Il faut investir toutes les manifestations intellectuelles. Des outils sont à notre disposition. Les médias modernes, qu’il faut utiliser. L’art dans toutes ses formes, à exploiter. Il s’agira aussi de multiplier des actions culturelles de choc. De mettre en place des initiatives locales et alternatives. Je parle, ici, de l’idée d’insurrection, qui ne peut marcher que si les « insurgés » parviennent, par la séduction patiente et intelligente, par des coups d’éclats fréquents, à s’introduire dans le cœur des femmes et des hommes. La confiance est un long travail de compréhension, de pédagogie et de communication influente.
Nous trouverons « les armes miraculeuses » dans notre capacité à imaginer de nouveaux cadres d’action et de distribution de la pensée. Dans notre détermination à engager le processus de transformation sociale. Avec rigueur, discipline, et solidarité. Tu as cité un certain nombre d’enjeux, qui seront les mots-clés de la résurrection des progressistes du Sénégal. J’ai retenu l’écologie, le féminisme, la souveraineté, la justice, la nation, le progrès humain et social, le service public, la liberté. À ces mots-clés, j’ajouterai l’intégration et le fédéralisme. L’Afrique ne pourra sortir du « lumpen-prolétariat », qu’en se déconnectant de ce centre dominant et hégémonique. Qui le maintient dans un système écocide, tout en le laissant végéter dans les limbes de la misère et du « sous-développement ».
Le panafricanisme, comme idée d’émancipation, n’est plus révolutionnaire. Je le disais plus haut, les manipulateurs s’en sont emparés. Mais, en tant que projet politique, le panafricanisme reste, pour nous, un horizon de vérité. Voilà, cher Hamidou, les efforts de projection que nous devons faire. Nous voulons changer la société, car nous sommes secoués par le devenir de l'Homme. Nous devons maintenant matérialiser nos vœux et assumer notre engagement militant. En reprenant le terrain perdu. En posant les bases doctrinales de nos convictions politiques. En restant ferme sur les principes, sans jamais perdre notre esprit de dépassement. En prenant en compte les déterminants culturels. En demeurant créatif et généreux dans notre engagement. En pensant la complexité du monde et la place de l’Afrique dans celui-ci.
Au moins quatre civils ont été tués dans les troubles sanglants en cours à Bamako, sans aucune garantie qu'une nouvelle concession du président à la contestation n'apaise le climat quasiment insurrectionnel qui règne dans la capitale malienne
Bamako a été le théâtre samedi d'une deuxième journée et d'une nuit de violences entre Bamakois et forces de sécurité tirant à balles réelles selon de nombreux témoignages. Quatre civils, dont deux mineurs de 15 et 17 ont trouvé la mort, a indiqué à l'AFP un responsable des urgences d'un grand hôpital sous le couvert de l'anonymat en raison de la sensibilité de la situation.
Les affrontements ont été particulièrement durs autour de la mosquée où prêche celui qui est considéré comme la tête pensante de cette contestation, l'imam Mahmoud Dicko. L'entourage de cette personnalité très écoutée et bête noire du pouvoir a diffusé des vidéos difficiles qui s'apparentent à des images de guerre. Elles montrent au moins deux hommes visiblement morts baignant dans leur sang et d'autres perforés par des projectiles, ainsi qu'une grande confusion d'hommes s'agitant dans ce qui est selon l'entourage de M. Dicko les bureaux de l'imam. Des coups de feu claquent à distance par saccades régulières, sans que les tireurs puissent être identifiés."Vous êtes en train de tuer les Maliens, dans la mosquée, (à) balles réelles. La mosquée est en feu", s'écrie un homme dans l'une de ces vidéos qui n'ont pas pu être identifiées indépendamment par l'AFP.
Dans un climat propice à toutes les rumeurs, les fidèles de l'imam redoutaient apparemment qu'il ne soit arrêté à son tour, comme l'ont été depuis vendredi plusieurs leaders de la contestation, et ont affronté les forces de sécurité.
- A qui la faute -
Des affrontements ont aussi été rapportés près de la maison de la présidente de la Cour constitutionnelle, Manassa Danioko, l'un des personnages publics qui focalisent la colère. Des images circulant sur les réseaux sociaux montrent au moins un homme apparemment mort. Dans d'autres quartiers, des hommes ont dressé des barrages, incendié des pneus et se sont livrés au saccage. La capitale, préservée en temps normal par les violences jihadistes et intercommunautaires qui endeuillent le nord et le centre du pays, est la proie depuis vendredi de ses troubles civils les plus graves depuis des années. Au moins trois personnnes ont été tuées vendredi, et des dizaines d'autres blessées. Ces violences découlent de tensions sans cesse croissantes depuis les législatives de mars-avril. Une coalition hétéroclite de leaders religieux, de personnalités du monde politique et de la société civile s'est agglomérée autour de l'imam Dicko pour porter la protestation. Ce mouvement dit du 5-Juin canalise une multitude de mécontentements dans l'un des pays les plus pauvres du monde: contre la dégradation sécuritaire et l'incapacité à y faire face après des années de violence, le marasme économique, la défaillance des services de l'Etat, ou encore le discrédit répandu d'institutions suspectes de corruption.
Vendredi, le mouvement est entré selon ses mots en "désobéissance civile", frustré par les réponses successives du président à des exigences fortes: dissolution du Parlement, démission des juges de la Cour constitutionnelle, formation d'un gouvernement dont il nommerait le Premier ministre et, au bout du compte, départ du président.Le mouvement dit être pacifique et accuse le pouvoir des violences.
- Alliés et voisins inquiets -
Plusieurs de ses leaders ont été arrêtés depuis vendredi. Les autres semblent se cacher. Le contrôle que le mouvement exerce encore sur la contestation n'est pas clair. La décision de la Cour constitutionnelle d'invalider une trentaine de résultats des législatives passe pour un élément déclencheur de la contestation.Samedi soir, dans sa quatrième allocution en un mois, le chef de l'Etat a annoncé la dissolution de la Cour constitutionnelle et le remplacement prochain de ses neuf juges. Il a aussi ouvert la voie à des législatives partielles là où la Cour constitutionnelle a invalidé les résultats, suivant en cela les recommandations d'une mission de bons offices des Etats ouest-africains.
L'escalade en cours alarme en effet les alliés du Mali, inquiets d'un élément déstabilisateur de plus dans un pays confronté au jihadisme et à une série de défis majeurs, dans une région elle-même tourmentée. M. Keïta, 75 ans, président depuis 2013 et réélu en 2018, a réitéré son offre de dialogue et assuré que le prochain gouvernement, en cours de constitution, serait "consensuel, composé de cadres républicains et patriotes et non de casseurs et de démolisseurs du pays". Cependant, aucune de ses ouvertures jusqu'alors n'a fait retomber la fièvre, au contraire.
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OBJECTION AVEC FATIME RAYMONNE HABRE
L'ancienne première dame du Tchad, autrice du livre "Afrique debout", passe en revue les obstacles qui plombent le développement du continent, au micro de Baye Omar Guèye
L'ancienne première dame du Tchad, autrice du livre "Afrique debout", passe en revue les obstacles qui plombent le développement du continent, au micro de Baye Omar Guèye.
3 NOUVEAUX DÉCÈS ENREGISTRÉS, 121 CAS DÉTECTÉS, RETOUR DES CAS IMPORTÉS
A ce jour, 8135 cas ont été déclarés au Sénégal dont 5446 guéris, 148 décès et 2540 sous traitement dans les différents centres prévus à cet effet.
Alors que la situation semblait se stabiliser, trois nouveaux décès liés au coronavirus ont été enregistrés, ce dimanche. Ce qui porte le bilan à 148 morts. Sur les 1108 tests réalisés, 121 sont positifs, soit un taux de positivité de 10, 92%. Les cas positifs sont répartis comme suit : 96 cas contacts , 1 cas importé de l’aéroport Blaise Diagne et 24 issus de la transmission communautaire entre Thiès, Mbour, Dakar-Plateau, Saint-Louis, Maristes, Pikine, Guediawaye, Diamagueune, Keur Massar, Liberté 6, Ouakam, Yoff, Mbao, Bignona.
65 patients ont été déclarés guéris et sortiront d’hospitalisation. 32 cas graves sont toujours admis dans les services de réanimation.
A ce jour, 8135 cas ont été déclarés au Sénégal dont 5446 guéris, 148 décès et 2540 sous traitement dans les différents centres prévus à cet effet.