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3 juillet 2025
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
CETTE CHIENLIT QUI FAIT CARBURER L’APR
Les digues de la vertu et du respect ont sauté sous le règne de Macky Sall. La gestion sobre et vertueuse dont se prévalait le président est un leurre. Toutes les félonies sont désormais permises au palais et à l’hémicycle
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 07/07/2020
Insultes, injures, invectives, insanités… Voilà ce qui rythme la vie de la République. Des audios ordurières signées Moustapha Cissé Lo font le tour de la toile et alimentent toutes les discussions des Sénégalais. Yakham Mbaye et Farba Ngom sont les principaux destinataires de ces coups en dessous de la ceinture. Les grossièretés déversées par l’alors vice-président de l’Assemblée nationale n’ont pas laissé indifférent le premier magistrat du pays, Macky Sall, qui n’a pas tardé à activer la très couchée commission de discipline de son parti, l’Alliance Pour la République (APR).
Sentence capitale des bourreaux aux ordres du président : Moustapha Cissé est exclu des rangs de l’APR. Cela suffit-il pour mettre une croix sur cette affaire Moustapha Cissé Lo ? Que non ! Au-delà de leur caractère graveleux, le premier vice-président de l’Assemblée nationale soulève des questions de fond qui remettent en cause la gestion sobre et vertueuse sur laquelle on reviendra. En attendant, il est permis de signaler que cette exclusion remet en cause l’égalité de traitement au sein de l’APR. Ce pour quoi Cissé Lo est aujourd’hui exclu de l’APR n’est que la suite d’une longue chaine d’insultes qui ont été proférées à l’égard d’honnêtes citoyens dont le seul tort est de ne pas partager les schèmes de pensée du président Macky Sall.
Dans le passé, en effet, mais toujours sous l’actuel régime, il y avait eu un enregistrement audio dans lequel le premier vice-président de l’Assemblée nationale a tenu des propos insultants à l’endroit de Serigne Abdou Fatah Mbacké, fils du défunt khalife Serigne Fallou Mbacké. L’absence de réaction de l’APR et de la justice avait incité les talibés outrés de Serigne Fatah à laver l’honneur de leur marabout entaché par des insanités débitées avec une violence verbale orageuse rare. Ainsi, des troupes d’illuminés avec à leur tête Sokhna Maï Galass, sœur de Serigne Abdou Fatah, n’avaient pas hésité un seul instant à brûler des maisons et une boulangerie de Cissé Lo.
Sonko, le plus insulté…
Mais Serigne Abdou Fatah Falilou n’a pas été le seul à être traité de tous les noms d’oiseaux par « El insultor ». Le leader de Pastef, Ousmane Sonko, en a pris pour son grade lui aussi. Sous les vivats d’approbation de ses « frères » de l’APR. En effet, au moment où les Sénégalais s’indignaient massivement des insultes déversées par Cissé Lo sur Ousmane Sonko, ses camarades de l’APR le portaient au pinacle et approuvaient ses exactions discursives licencieuses. De tous les leaders politiques du Sénégal, Ousmane Sonko a été le plus insulté par les apéristes. Et cela avec l’onction de l’Apériste en chef qui se délecte de la crucifixion de ses opposants politiques. Et depuis que Moustapha Cissé Lo a attaqué le ministre de l’Agriculture à l’Assemblée parce qu’il n’aurait pas reçu un quota de semences digne de son rang, c’est le désamour avec Yakham Mbaye. Lequel n’a pas tardé à dénoncer la mafia Lo qui a acquis, contrairement à ce que soutient l’alors président du parlement de la Cedeao, une quantité considérable d’intrants agricoles. D’après Yakham, « pour son propre compte, Moustapha Cissé Lô a obtenu 4 101 tonnes ainsi composées : 3 000 tonnes d’engrais ; 600 tonnes de semences de niébé ; 500 tonnes de semences d’arachide ; 01 tonne de semences de pastèque.
D’autre part, après ces 4 101 tonnes, il est revenu à la rescousse pour exiger et obtenir deux autres marchés de 430 tonnes qu’il disait devoir réserver à ses protégés. Dans le détail, ce sont 165 tonnes de semences niébé et 265 tonnes d’engrais. Ces 430 tonnes, Cissé Lo les a acquis en concoctant deux listes comportant 98 supposés producteurs qu’il dit être ses protégés ». Et le DG du Soleil de révéler que ces 98 supposés producteurs sont « pour l’essentiel, des membres de la mafia Lo ». Après cette accusation gravissime, il s’était ensuivi, sous les yeux amusés du président de l’APR, une véritable guéguerre entre les deux responsables beige-marron avant la signature d’un cessez-le-feu. Mais les premiers mis en cause dans cette dernière affaire d’insultes massives qui a valu au « fou du roi » son exclusion de l’APR, ce sont bien les usagers des réseaux sociaux et les portails d’information qui ont mis en ligne ou partagé les insultes de l’ancien président du Parlement de la Cedeao. Certes le principe de la liberté d’expression est inaliénable, mais il est du devoir des utilisateurs (des responsables surtout) des réseaux sociaux et des sites de ne pas propager des propos déplacés, outrageants, insultants de certaines personnalités politiques lorsque leurs messages peuvent jeter le discrédit sur des citoyens ou sur les institutions de la République.
La promotion de l’insolence !
Si l’APR regorge d’insulteurs professionnels, il n’en reste pas moins qu’« El insultor » n’a pas d’égal dans son attitude extravagante. Quand une grande gueule comme lui méprise ses contradicteurs, bafoue sans cesse les lois de la République pour quelqu’un censé les voter, il provoque en conséquence la colère des citoyens outrés et indignés. Cissé Lo sème la chienlit, exacerbe les querelles partout où il passe. Le nom du premier vice-président de l’Assemblée nationale de la 13e législature restera à jamais collé à tout ce qu’il y a d’effronterie et de grossièreté. Il véhicule l’image d’un terroriste verbal qui n’hésite même pas à s’en prendre au président de son parti, par ailleurs président de la République du Sénégal. Une vidéo où il insultait Abdoulaye Wade un peu avant l’élection présidentielle de 2012 circulait sur la toile. Aujourd’hui comme un remake, les propos insultants débités contre ses propres frères de parti ne font que révéler la véritable nature de l’homme.
Sous le magistère de Wade, il avait dégainé un pistolet le jour où Oumar Sarr, alors proche d’Idrissa Seck, était éjecté de son fauteuil de président du Conseil régional de Diourbel. Non seulement la justice avait fermé les yeux sur cet acte grave mais pire le premier magistrat de la République de l’époque, en l’occurrence Abdoulaye Wade, avait félicité paradoxalement Cissé Lô pour son courage mortel. Si aujourd’hui, Cissé Lo en est arrivé à occuper une place de choix dans le bureau de l’Assemblée nationale au point de violer la loi sur la parité et d’usurper à Yetta Sow la place de premier vice-président et à avoir occupé des fonctions législatives supranationales (Parlement de la CEDEAO), il ne le doit pas à son niveau intellectuel mais seulement à son tempérament volcanique et à son insolence proverbiale. Les digues de la vertu et du respect ont sauté sous le règne de Macky Sall. Le Sénégal est devenu un pays contrasté où la gestion sobre et vertueuse dont se prévalait Macky Sall est devenue l’exact contraire. La preuve, le Palais, l’hémicycle et l’APR sont transformés en foires d’empoigne où toutes les félonies et mesquineries sont permises.
Des élus du peuple, tels des gladiateurs ivres, se crêpent le chignon, s’insultent, s’invectivent, se dénigrent sans vergogne au vu et au su du peuple sénégalais. Ces bassesses notées dans un seul camp politique souillent à foison l’image de marque de notre pays. Hélas, de pareilles dérives ont l’heur de toujours sonner l’hallali d’un régime. La fin du pouvoir socialiste était marquée par trahisons, des rebellions et des exclusions. Celle du PDS n’a pas échappé aux travers qui ont perdu le régime de Diouf. Et voilà Macky sur la même trajectoire !
ENTRE CISSE LO ET MACKY SALL, UNE GUERRE D’USURE SANGLANTE DÉCLENCHÉE
Pour Moussa Diaw, la décision d’exclure le député du parti présidentiel annonce une fin de règne non préparée avec des rivalités qui vont s’accentuer
Moustapha Cissé n’est plus membre de l’APR (Alliance Pour la République), le parti du président de la République. Il a été exclu hier sur ordre de ce dernier. Une exclusion qui pourrait constituer une « prise de risques » pour Macky Sall et son parti, qui vont devoir faire face à la colère de l’ancien président du Parlement de la Cedeao, capable de déclencher « une guerre sanglante ».
Il est beaucoup trop tôt pour enterrer Moustapha Cissé Lô. Membre historique de l’Alliance pour la République, Moustapha Cissé Lô a été exclu hier lundi 06 juillet 2020 par les instances du parti au pouvoir.
Sous la houlette de Abdoulaye Badji, la Commission de discipline de l’APR, disant se baser sur les articles 3, 4, 14, 19, et 20 des statuts de cette formation mais aussi sur les articles 25 et 26 du règlement intérieur, a scellé le sort du « rebelle ». « Constatant l’attitude du camarade Moustapha Cissé Lo dont les propos, empreints d’une indécence que récusent la morale et la bienséance sociale, ont fini de heurter la conscience des populations, Constatant la propension de camarades du Parti à s’épancher dans les médias par des propos injurieux ou calomnieux ; Attendu que par ces faits, ils entachent gravement l’image du Parti.
Par ces motifs, la commission de discipline, après avoir délibéré, à l’unanimité : Prononce l’exclusion définitive de Moustapha Cissé Lo des rangs de l’Alliance pour la République. » La sentence se veut sans appel. La commission de discipline n’a pas manqué d’avertir fermement tout membre de l’APR qui adopterait des comportements et des propos à même de ternir l’image de ce parti ou de jeter le discrédit sur les institutions de la République qu’il subirait le même sort que le « rebelle » Moustapha Cissé Lô. Une décision qui traduit un malaise au sein de l’APR et qui serait, aussi, « symptomatique » de la situation des partis qui ne sont pas structurés voire qui n’ont pas, selon le professeur Moussa Diaw, de code de conduite entre autres. « Ces individus ou personnalités s’engagent derrière quelqu’un pour avoir, une fois au pouvoir, des retours. Ce qui est dommage. On les appelle partis politiques mais ce sont des associations qui regroupent différents individus de la société avec leurs comportements, leurs éducations… », explique l’enseignant- chercheur à l’université Gaston Berger de Saint-Louis.
Pr Moussa Diaw : « Cissé Lô sera le perdant dans ce face-à-face »
Toujours selon Pr Moussa Diaw, cette décision d’exclure Moustapha Cissé Lô annonce une fin de règne non préparée. A l’en croire, des rivalités vont s’accentuer au sein du parti présidentiel. « Chacun essaie de se positionner. Tout cela parce que le parti n’est pas structuré et aussi du fait que le président de la République joue en même temps le rôle de chef de parti. Cette situation coïncide aussi avec le fait qu’il n’y a plus de Premier ministre. Le Président est obligé de gérer directement le pays mais également son parti qui n’a pas de numéro 2. »
A la question de savoir si Moustapha Cissé Lô pourra gagner son combat contre Macky, le « politologue » pense que même si le candidat à la mairie de Dakar va perdre ce face-à-face, il pourra peut-être faire un baroud d’honneur. Selon notre interlocuteur, l’ancien président du Parlement de la Cedeao ne pourra pas résister à la toute puissance du président de la République et de ses affidés. Quoi que Cissé Lô fera, il perdra, selon lui.
Le Pr Moussa Diaw est toutefois d’avis que, dans cette affaire d’insultes, Moustapha Cissé Lô n’est pas le seul à incriminer. « Et apparemment, il y aura des poursuites judiciaires. Comment Cissé Lô va-t-il apprécier cette réaction ? va-t-il se laisser faire ? Fera-t-il des révélations lors de la bataille judiciaire ? Est-ce que ce n’est pas stratégie pour ouvrir d’autres voies ? Mais cela dépendra du soutien qu’il aura », développe l’enseignant-chercheur à l’université Gaston Berger de Saint-Louis. Il se dit convaincu qu’aucun membre du parti au pouvoir n’osera afficher son soutien à Moustapha Cissé Lô par peur d’être sabré par le chef de ce parti qui n’est autre que le chef de l’état. « Comme vous le savez, les élections (Ndlr, présidentielles) sont encore loin. Donc, nul ne va accepter de manifester publiquement son soutien à Cissé. Il risque d’être seul dans ce combat », conclut notre analyste… Macky Sall est sur une pente dangereuse. Il devra se méfier de la réaction de son désormais « ex-ami » Cissé Lô, qui « n’est pas homme à se laisser dicter sa conduite »...
LE PARTAGE DE «BOUKI» DES CHEFS DE QUARTIER
Décidément, la République des copains et des coquins a été déclinée au niveau des communes qui sont devenues elles aussi l’apanage des mêmes copains et coquins, même dans le malheur avec la présence de la pandémie de la covid-19.
Dans le cadre de son dispositif Force covid19, une enveloppe de 69 milliards a été décaissée par l’etat en vue d’assister les populations démunies en denrées alimentaires. Hélas, dans la commune de Diamaguene-Sicap Mbao, plutôt que de servir les indigents, c’est à un véritable partage de « Bouki » que l’on a assisté ! Les chefs des différents quartiers ont chacun reçu un quota destiné à une famille de 20 personnes. Leurs amis et proches se sont retrouvés avec le double de ce que devrait recevoir une famille indigente normale. S’agissant des critères de sélection, les sénégalais qui n’ont pas fait plus de dans dans les quartiers de la commune ont été considérés comme des étrangers. De ce fait, ils n’ont pu bénéficier de l’aide alimentaire. en outre, des familles de 16 personnes voire plus et qui sont dans le besoin, ont été écartées sans aucune explication. Le Témoin sert de mur de lamentations aux malheureux.
Décidément, la République des copains et des coquins a été déclinée au niveau des communes qui sont devenues elles aussi l’apanage des mêmes copains et coquins, même dans le malheur avec la présence de la pandémie de la covid-19.
Dans la commune de Diamaguene-Sicap- Mbao, la distribution de l’aide alimentaire est émaillée d’une grande injustice. En effet, aucune transparence n’est de mise dans le cadre de la répartition des vivres destinés aux familles. Du moins, selon des ayants droit s’estimant injustement écartés. Des chefs de différents quartiers de ladite commune ont chacun reçu un quota représentant l’équivalent d’un kit destiné à une famille de 20 personnes. Ce qui apparait comme un véritable scandale. « Rien n’est transparent dans la distribution des denrées alimentaires. Il y a des gens qui ont reçu deux fois plus qu’ils ne devraient recevoir. Ce, au moment où d’autres n’ont reçu aucun grain de riz, parce qu’ils n’entretiennent pas de bonnes relations avec le chef du quartier. Moi, je n’ai rien reçu sous prétexte que je suis étranger alors que j’ai fait plus de trois ans dans le quartier » s’étrangle de colère Cheikh Fall, un habitant du quartier. Ce qui fait que dans le quartier de Darou Minam 2, beaucoup de chefs de famille particulièrement nécessiteux n’ont rien reçu. Ils ont ainsi été victimes de clientélisme et népotisme qui auraient été érigés en règle dans le quartier.
Au domicile du chef de quartier où nous nous sommes rendus, celui-ci dont l’épouse est la « badiénou gokh », n’était pas en mesure de répondre à nos questions, prétextant avoir travaillé en groupe et qu’il revient au maire de répondre aux récriminations de ceux qui ont été oubliés dans la distribution. Au niveau de la distribution, renseignent nos sources, une bande de copains se paie le luxe d’avoir deux à trois sacs de riz chacun.
Mamadou Lamine Diédhiou, un jeune navigateur en chômage depuis trois mois, a été écarté de la liste des bénéficiaires au motif qu’il a un emploi. « Le chef du quartier, Amade Diouf, a lui-même fixé les règles. Je lui ai personnellement demandé les raisons de ma mise à l’écart et il m’ a dit que c’est parce que je suis navigateur », fait savoir le quadra qui peine à trouver le diable pour lui tirer la queue tout en se désolant que, dans ce quartier, le chef et son épouse se comportent en faiseurs de rois.« Mes voisins ont reçu deux à trois sacs de riz sans compter le sucre, l’huile et les pâtes.
Pour ce qui est du chef de quartier, son épouse figure également sur la liste des bénéficiaires. Ce qui fait que cette famille a reçu plus qu’elle ne devrait avoir. Quant à l’imam du quartier, qui a une seule épouse avec un nombre raisonnable d’enfants, il a reçu trois sacs de riz en plus des autres denrées. Ce, sans compter la part réservée aux amis proches du chef de quartier.
La famille Faye compte 16 membres. Le vieux a perdu la vue alors que ses enfants vivent de débrouille. Plutôt que d’être aidée, cette famille a été tout simplement écartée », fait savoir notre interlocuteur. « « Nous, enseignants du privé, avons beaucoup souffert de la pandémie. Personnellement, je me suis déplacé pour voir le chef et son adjoint afin de discuter sur l’aide alimentaire. Ils étaient réfractaires. Nous sommes ainsi allés voir le sous-préfet. Il y a lieu de souligner que, dans le comité directeur mis en place, chaque membre doit prendre 10 responsables de famille. Le plus souvent, ils ne prennent que leurs parents et leurs amis. Le sous-préfet nous avait rassurés, mais nous n’avons rien reçu », se plaint Souleymane Badji, un instituteur dans une école privée. Ce qui fait dire aux familles exclues de la distribution qu’une véritable mafia tourne autour de la distribution des denrées alimentaires avec un partage de « Bouki » au niveau de cette commune de Diamaguène-Sicap Mbao.
L’APR, HORIZON 2024
Quel enjeu se dessine derrière cette sanction qui frappe Cissé Lo, compagnon de route du président Macky Sall dans son ascension vers le pouvoir ?
Suite à une énième sortie au vitriol teintée d’insanités et d’accusations à l’encontre de hauts responsables de l’APR, le tonitruant Moustapha Cissé Lô vient d’être exclu du parti au pouvoir par une commission de discipline réunie hier sur instruction du président Macky Sall. Quel enjeu se dessine derrière cette sanction qui frappe ce compagnon de route du président Macky Sall dans son ascension vers le pouvoir ? Les observateurs de la scène politique ont décrypté ce regain de tensions qui entache gravement la gestion du pouvoir en place.
C’est acté ! Moustapha Cissé Lô, l’ancien président du Parlement de la CEDEAO et deuxième vice-président de l’Assemblée nationale, a été exclu du parti présidentiel hier lors d’une réunion de la commission de discipline de l’APR. Un conclave tenu dans la foulée du tintamarre suscité par la publication des fameux « messages privés» dans lesquels le parlementaire abreuvait d’injures ses « frères » de parti notamment Yakham Mbaye et Farba Ngom. Le tout, sur fond d’accusations de détournement de deniers publics dans divers marchés attribués par un Etat dont il était jusqu’à hier un des principaux piliers. Son exclusion constitue la deuxième à laquelle procède le parti au pouvoir après celle de Moustapha Diakhaté, ancien chef de cabinet du président Macky Sall après avoir dirigé le groupe de la majorité à l’Assemblée nationale.
Spécialiste de la communication politique, le journaliste Bakary Domingo Mané voit en cette polémique, les prémices d’un long et palpitant feuilleton politique qui va continuellement marquer ce dernier mandat du chef de l’Etat Macky Sall. « On est en train d’assister au début des remous nés des frustrations de militants de la première heure. Ce qui, quelque part, s’explique par l’absence de cadre d’expression au sein de la formation politique au pouvoir mais aussi par un sentiment d’être mis à l’écart dans la gestion du pays au profit des nouveaux arrivants. Cette situation risque de perdurer avec d’autres sorties en vue dans la mesure où l’APR souffre d’un manque de structuration. Une structuration avec des instances qui, si elles se réunissaient régulièrement, auraient permis à Moustapha Cissé Lo d’avoir un espace où vider sa bile », a expliqué Domingo Mané.
Poursuivant son analyse de cette guéguerre qui règne au sein de l’Alliance pour la République, le journaliste estime que c’est toute la gestion du président qui est en train d’en pâtir. L’enseignant en communication politique ajoute : « Face à ces dérives, Macky Sall est actuellement dans une situation très inconfortable. Du fait de la pandémie du coronavirus qui sévit dans le pays, notre économie est complètement à terre. Et si, au lieu de se concentrer sur les vrais préoccupations des Sénégalais, il prête le flanc en donnant de l’importance aux problèmes internes de son parti, ça va être le comble des incohérences. La façon dont son parti est managé en ce moment laisse la porte ouverte à d’autres dérives qui se profilent à l’horizon » prédit le responsable du Cored. Pour illustrer son propos, il fait remarquer que, dans le communiqué annonçant l’exclusion de Moustapha Cissé, les potentiels fauteurs de troubles au sein du parti présidentiel sont avertis en filigrane.
ASSANE SAMB, ANALYSTE POLITIQUE : « MACKY SALL N’A PAS APPRIS DU SYNDROME DU PDS »
Selon le spécialiste en sciences politiques, le doyen Assane Samb, tous ces tiraillements qui secouent en interne le parti au pouvoir ne sont rien d’autre que la résultante d’une guerre de succession. Hélas, estime-t-il, il s’agit là du même schéma qui a précipité la chute du PDS à l’époque. « C’est le syndrome PDS qui guette actuellement l’APR. Et Macky Sall n’a pas assez tiré les leçons du syndrome PDS. Dans ce parti, Abdoulaye Wade était la seule constante or une personne ne peut pas être une constante. Quand vous créez un parti, il vous faut mettre en place des instances démocratiques fortes. On parle de la posture radicale de Cissé Lo mais il y a des responsables beaucoup plus frustrés que lui qui attendent seulement le bon moment pour se dévoiler », avertit l’analyste politique qui entrevoit une probable déstabilisation de l’APR par des ténors en rébellion. « Il y a des non- dit dans ces bisbilles. Les gens ne peuvent pas se réveiller et s’insulter gratuitement sans qu’il y ait des motifs réels et pleins d’enjeux. Aujourd’hui, beaucoup de responsables du parti présidentiel pensent que Macky Sall est en train de mettre en orbite des personnalités pour le remplacer. Des personnalités dont l’éventuelle mise en selle et qui ne les arrange pas. Et c’est un des facteurs qui sont en ce moment à l’origine des frustrations », ajoute Assane Samb, cet observateur de l’échiquier politique. D’ailleurs, explique-t-il pour étayer son propos, dans la plupart de ses sorties, Cissé Lo ne vise pas directement le chef de l’Etat mais c’est plutôt certains ténors du parti qu’il prend pour cibles.
MOMAR THIAM, EXPERT EN COM « CES INSULTES, C’EST LE DEGRE ZERO DU LANGAGE POLITIQUE !»
Expert en communication, le docteur Momar Thiam s’est penché sur les « audios pamphletistes » à l’origine de l’exclusion de Moustapha Cissé Lo des rangs du parti au pouvoir. A en croire l’ancien conseiller en communication du président Abdoulaye Wade, c’est le degré zéro du langage politique qui a fait des émules sur les réseaux sociaux à travers les insanités proférés par un si haut responsable de la dimension de Moustapha Cissé Lo. Par ailleurs, estime l’expert en com’, au-delà des différends crypto-personnels, l’auteur des injures a prononcé quelques phrases qui doivent interpeller la justice. « En cernant les contours de son discours, l’ancien président du Parlement de la CEDEAO a lancé deux à trois phrases chocs relatives à la gestion du marché des semences et celui du Ter (Train express régional). Sur ce, dans un pays normalement constitué avec une justice qui se respecte, le procureur devrait immédiatement s’autosaisir sur cette affaire surtout que les révélations émanent d’une haute personnalité », a décrypté Momar Thiam qui, dans la même grille de lecture, voit des accusations de magouilles portées à l’encontre du chef de l’Etat par un parlementaire. Et pas n’importe lequel !
UN ECRIVAIN EVOQUE LA CHALEUR HUMAINE DU SANDAGA DE SON ENFANCE
Sandaga, avec ses couleurs et son architecture soudano-sahélienne évoquant l’habitat de la dynastie des Askia, était ‘’un lieu de refuge’’ rempli de ‘’chaleur humaine’’, se rappelle M. Samb.
Le marché Sandaga, dont le projet de réhabilitation est en débat au sein de l’opinion, garde une place particulière dans l’imaginaire des Dakarois, comme l’écrivain Mamadou Samb, qui évoque ce patrimoine à travers ses souvenirs d’enfance fortement imprégnés de la chaleur et des senteurs de cette espèce de souk en plein centre de Dakar.
Sandaga, avec ses couleurs et son architecture soudano-sahélienne évoquant l’habitat de la dynastie des Askia, était ‘’un lieu de refuge’’ rempli de ‘’chaleur humaine’’, se rappelle M. Samb. Dans un entretien avec l’APS en août 2019, il avait rappelé que ses souvenirs d’enfance sont rythmés en partie par les activités commerciales de son père au sein de ce centre d’affaires dakarois. ‘’Ce marché presque centenaire était un imposant bâtiment de trois niveaux, avec une structure particulière largement calquée sur l’architecture soudano-sahélienne’’, se souvient l’écrivain lorsqu’on lui parle du projet de rénovation de centre commercial. Un projet porté par le ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique. L’écrivain sénégalais a vécu une enfance bercée en partie par cet important centre commercial situé en plein cœur de DakarPlateau, le quartier des affaires et de l’administration publique, siège de la quasi-totalité des institutions sénégalaises, dont la présidence de la République et l’Assemblée nationale.
S’agissant du marché Sandaga, M. Samb se rappelle que c’est là qu’il venait aider son père, El Hadji Mor Samb, délégué des commerçants, à écouler ses marchandises. ‘’Les murs de couleur ocre et artistiquement sculptés du marché Sandaga étaient attrayants et se distinguaient nettement du paysage environnant. Ils ne laissaient personne indifférent’’, rappelle Mamadou Samb. Selon ses souvenirs, en termes de couleur, le marché semblait n’avoir d’égal que les bâtiments du service de l’hygiène et de l’école élémentaire El Hadji-Malick-Sy, située en face de la RTS, la Radiotélévision sénégalaise. ‘’Les gens n’allaient pas au marché Sandaga pour uniquement faire des achats. Le marché était, par moments, un lieu de refuge’’ pour de nombreux Dakarois, ‘’des mendiants aux clochards en passant par des gens qui n’avaient pas de personnes avec lesquelles discuter’’, raconte M. Samb. ‘’Tout était disponible sur place, avec une organisation et une hiérarchisation toute particulière chez les vendeurs, les veilleurs de nuit et les agents de nettoiement’’, se rappellet-il, ajoutant que certains Dakarois se levaient le matin pour aller flâner à Sandaga, où elles étaient en contact avec cette ‘’chaleur humaine’’ que l’espace marchand semblait être l’unique pourvoyeur.
Sandaga, un brassage culturel…
Mamadou Samb se souvient également du ‘’brassage culturel extraordinaire’’ qu’il y avait entre les Sénégalais, les Guinéens, les Maliens, les Dahoméens (du Dahomey, l’actuel Bénin), les voltaïques (de la Hautevolta, devenue Burkina Faso) et les ressortissants d’autres pays. Ses souvenirs vont jusqu’au sous-sol du marché, où étaient stockées toutes sortes de marchandises. Le rez-de-chaussée était réservé aux vendeurs des denrées alimentaires. Mais pas seulement. C’est là qu’il fallait se promener pour trouver des marchandises d’un genre un peu particulier, l’encens par exemple, selon M. Samb. Le premier étage du marché, ainsi que le second, étaient destinés aux étals aménagés pour la viande et les légumes. C’est à ce niveau aussi que se trouvaient les restaurants et les gargotes dont les propriétaires cuisinaient à la maison pour ensuite vendre au marché. ‘’C’est bien plus tard, dit l’écrivain, que l’on a commencé à cuisiner sur place, avec toutes les conséquences que cela engendre.’’ La terrasse du bâtiment commercial était le lieu de convergence des troupes de danse venues de plusieurs pays, se rappelle Mamadou Samb dont la mémoire prend aussi en compte l’espace réservé à la vente de papier à usage d’emballage, au rez-de-chaussée.
‘’On allait à Sandaga pour apprendre à vivre’
Le plastique utilisé pour l’emballage n’existait pas encore à Sandaga, selon lui. Le coin réservé à la vente de papier s’est par la suite mué en librairie et abritait un kiosque à journaux. C’était aussi le lieu de convergence des hommes et femmes qui savaient lire, qui étaient friands de vieux journaux étrangers. ‘’On se présentait devant les étals pour fouiller dans le tas et choisir des revues et des livres dont les prix n’étaient jamais fixes’’, rappelle Mamadou Samb. Selon ses souvenirs, les lecteurs avaient aussi la possibilité de lire des journaux sur place, de les revendre ou de les troquer avec d’autres.
L’auteur du roman ‘’Le regard de l’aveugle’’ (Editions Salamata, 2008) se souvient de ses séances de lecture à la lueur des lampadaires. C’est là que Mamadou Samb se gavait des aventures de ‘’Blek le Roc et le petit trappeur’’, de ‘’Zembla le roi de la forêt’’, de ‘’Kid le cow-boy’’, d’‘’Astérix le Gaulois’’, etc. Des livres qui, dit-il, ont influé son cursus scolaire et académique, notamment sa candidature au concours d’entrée à l’Ecole normale supérieure (l’actuelle Faculté des sciences et techniques de l’éducation et de la formation, de l’Université Cheikh-Anta-Diop de Dakar), dans les années 1970. ‘’A cette époque-là, les parents ne laissaient pas les enfants aller flâner. Tous les mercredis soir, les samedis et les dimanches, on allait à Sandaga pour apprendre à vivre, à commercer et à communiquer avec les autres’’, se souvient le jeune écolier, qui assurait le secrétariat des commerçants du marché Sandaga, une tâche confiée à son père.
Le lauréat du Grand Prix des lycéens en 2011 estime que le marché Sandaga d’aujourd’hui n’a rien de celui qu’il a connu durant sa jeunesse. ‘’Le marché a perdu son charme depuis longtemps’’, dit-il, se désolant de la ‘’désorganisation’’ actuelle. Il évoque également le coup de sifflet donné quotidiennement à 17 h 30 pour marquer la fin des activités commerciales et la fermeture du marché.
Le signal sonore marquait en même temps l’arrivée des agents chargés de balayer et de nettoyer ‘’à fond’’ le marché, selon M. Samb. L’architecture de ce marché dont il connaissait les coins et recoins comme sa poche devrait être préservée, plaide-t-il. ‘’Je pense que l’on doit garder l’architecture à l’identique, avec des outils modernes.
Autrement, ce serait fade et sans l’esprit Sandaga’’, prévient-il, s’opposant au ‘’projet’’ présenté par le ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique, en vue de la rénovation du centre commercial construit en 1933. ‘’On va garder la même architecture du bâtiment principal, construire une esplanade, parce que Sandaga doit respirer. Et on va construire un centre commercial de cinq étages et enlever toutes les cantines’’, a assuré le ministre de l’Urbanisme, Abdou Karim Fofana. ‘’Pourra-t-on reconstruire ce trésor extraordinaire que constituait Sandaga ?’’ se demande Mamadou Samb, sans cacher son pessimisme.
Par Serigne Mbaye Dramé (APS)
LE PCA DES ADS VILIPENDE A LA CDP
La Commission de protection des données personnelles (CDP) a publié l’avis trimestrielN° 02-2020 qui couvre les mois d’avril-mai-juin de la situation actuelle de la protection des données personnelles au Sénégal.
La Commission de protection des données personnelles (CDP) a publié l’avis trimestrielN° 02-2020 qui couvre les mois d’avril-mai-juin de la situation actuelle de la protection des données personnelles au Sénégal. En effet Ladite Commission informe avoir examiné plusieurs dossiers et recueilli 12 plaintes.
49 dossiers dont 36 déclarations et 13 demandes d’autorisation et 12 plaintes : tel est le bilan issu de l’avis trimestriel de la Commission de protection des données personnelles (CDP) qui couvre les mois d’avril, mai et juin parvenu hier à L’AS.
A en croire l’avis du CDP, les plaintes sont liées à l’usurpation d’identité, la demande de suppression d‘images illustrant un article de presse et le piratage du compte Gmail d’une entreprise privée, des enregistrements illicites. A titre d’exemple, le document rapporte qu’un membre du Conseil d’Orientation de l’Agence des Aéroports du Sénégal a transmis un signalement à la CDP mettant en cause le Président de ladite agence pour des faits d’enregistrement de paroles prononcées lors des réunions dudit Conseil, sans information ni consentement préalables des participants.
En réponse à la demande d’explication de la CDP, selon le même document, le mis en cause précise : « Pour les mêmes faits, j’ai été convoqué et entendu par la Section de Recherche de la Gendarmerie suite à une plainte près le Procureur de la République. Je m’inscris en faux contre de telles allégations et je n’ai jamais enregistré qui que ce soit lors de sessions de ce Conseil. » La Cdp signale en outre 5 affaires liées à des arnaques sur Internet.
Et, explique la source, en application des articles 431-19, 379 et 363 bis de la loi n°2016-29 du 08 novembre 2016 modifiant le Code pénal, la CDP, ajoute le document, a recommandé aux différentes victimes de porter plainte à la Division Spéciale de la Cyber sécurité (DSC) de la Police aux fins de recherche des auteurs. Le même document renseigne que les organes de presse en ligne n’ont pas été épargnés par ces plaintes.
A en croire l’Avis, les sites (Sanslimites.com, viepeople.net dakarchaud.com, dakarxibar.com li mamettitv.com, samarew.com , buzzclicinfo, dakar92.com, dakarplus.com metrodakar.com) sont attaqués par le Cabinet. Maître C. A. N, représentant légal de la Dame D. D, a transmis à la CDP une plainte relative à une demande de suppression de photos de sa cliente, utilisées pour illustrer des articles de presse. La plaignante, d’après la source, précise que « contre toute attente, à la place de sa sœur R., citée régulièrement par les sites d’informations en ligne, c’est l’image en photographie de la requérante qui est affichée en illustration alors qu’elle n’est aucunement liée à cette affaire de drogue dure.
Après réception des courriers, ajoute le CDP, le processus de suppression est en cours pour certains organes de presse. « Et d’autres publications ont choisi de remplacer la photo visée par une autre photo plus appropriée », dirontles collègues d’Awa Ndiaye. L’avis rapporte par ailleurs que la Direction de la Communication et des Relations publiques de la CDP a effectué une veille en ligne sur les aspects qui touchent à la protection des données dans la gestion de la pandémie.
Ainsi, d’après la source, elle a signalé, et partagé avec la Direction des Affaires juridiques, de la Conformité et du Contentieux de la Commission, plusieurs applications et initiatives qui collectaient des données personnelles.
A titre illustratif, signale la Cdp, le traçage des cas communautaires par le Ministère de la Santé et de l’Action sociale, la publication d’articles de presse en ligne sur des victimes du coronavirus. A cela s’ajoute, poursuit la commission d’Awa Ndiaye, l’application ‘’samacasierjudiciaire’’, l’applicationadd-on lancée par Google et Apple sur le traçage, l’application StopCovid de la France, le dispositif de collecte des données des passagers par le Ministère des Transports terrestres, la nouvelle application de la gendarmerie, «GenNote », signalée par la société civile ; et aussi, révèle la Cdp, le formulaire de collecte des données de la Mairie du Plateau de Dakar qui demande des informations telles que le bureau de vote aux bénéficiaires de l’aide alimentaire initiée par le Chef de l’État, dans le cadre du Plan de contingence contre la pandémie.
«LES MALADES DE LA COVID DE ZIGUINCHOR CONFRONTES A UN PROBLEME D’OXYGENE»
La situation de l’hôpital de Ziguinchor dans ce contexte de Covid-19 préoccupe le Secrétaire général du Syndicat Unique des travailleurs de la Santé et de l’Action Sociale (Sutsas), Mballo Dia Thiam.
La situation de l’hôpital de Ziguinchor dans ce contexte de Covid-19 préoccupe le Secrétaire général du Syndicat Unique des travailleurs de la Santé et de l’Action Sociale (Sutsas), Mballo Dia Thiam. Selon le syndicaliste, ledit Centre hospitalier rencontre d’énormes difficultés dont le problème d’oxygène au niveau du centre de traitement de la Covid-19.
A en croire le Secrétaire général du Syndicat unique des travailleurs de la Santé et de l’Action Sociale (Sutsas) Mballo Dia Thiam, les malades de covid-19 rencontrent d’énormes difficultés.
Selon M.Thiam le centre de traitement des malades de covid-19 a un sérieux problème d’oxygène. « C’est vrai le centre de traitement est excentré par rapport à l’hôpital. Il y a un générateur d’oxygène à l’hôpital et ceux qui travaillent pour le CTE approvisionnent le centre au moyen de bonbonnes d’oxygènes », laisse til entendre.
Il souligne que cette situation, ne facilite pas la tâche des travailleurs. Il fallait, d’après lui, un raccordement pour rendre le centre autonome. D’autant plus, rappelle-t-il, le centre est choisi comme centre pilote pour toute la région du sud. Donc, indique t-il, le centre aurait du être équipé avec tous les accessoires qu’il faut », malheureusement, dira le syndicaliste, ce centre souffre d’un déficit de lits de réanimation et des problèmes de respirateurs. « Et malgré l’alerte du professeur Seydi, ce problème n’est toujours pas résolu » se désole le Secrétaire général de Sutsas.
Le Secrétaire général du Syndicat Unique des travailleurs de la Santé et de l’Action Sociale (Sutsas) informe par ailleurs que, à Saint-Louis les malades atteints d’insuffisance rénale chronique, rencontrent à un manque criard de machine.
Selon le syndicaliste, malgré les efforts de l’Etat, il n’y a toujours pas de machines suffisantes. Pour lui, l’offre est très insuffisante par rapport à la demande. De plus, il renseigne qu’il y a des appareils qui ne fonctionnent pas. En outre, dans ce contexte de la pandémie, d’après lui, les malades d’hémodialyses rencontrent problème de transport faisant qu’ils ont des difficultés, pour rallier l’hôpital.
A cet effet, souligne M. Thiam, l’ambulance de l’hôpital avait pris la charge d’aller chez ces malades et de les ramener, alors que, s’indigne t-il, l’hôpital ne pourrait pas le supporter. « L’hôpital peut assurer les séances d’hémodialyses par rapport à tout ce qui est lié à la prise en charge mais le fait de prendre en charge le transport aller et retour pose un véritable problème » laisse t-il entendre.
Le SG de Sutsas interpelle a ce titre le Ministre du développement communautaire, de l’équité sociale et territoriale, Mansour Faye par ailleurs Maire de Saint –Louis. «Il est interpellé à trois niveaux pour régler cette question qui relève du domaine social »
Mieux , dira t-il, « et même sur le remboursement de la dette de couverture maladie universelle (Cmu) parce que signale M.Thiam, c’est son département ministériel qui gère l’agence de la couverture maladie universelle (acmu). Et de ce point de vue, souligne le SG Du Sutsas, il doit faire face à la dette hospitalière ».
«FARBA NGOM, YAKHAM MBAYE ET CISSE LO VONT FINIR EN PRISON APRES LE REGNE DE MACKY»
Le maire socialiste de Ndoulo, Kany Bèye, est choqué par les propos injurieux tenus par des responsables du régime
Le maire socialiste de Ndoulo, Kany Bèye, est choqué par les propos injurieux tenus par des responsables du régime. Des injures diffusées dans les réseaux sociaux et qui ont valu à Moustapha Cissé Lo, d’être exclu de l’Alliance Pour la République (Aps). Pour Kany Bèye, qui dit ne pas être surpris, Farba Ngom, Yakham Mbaye et Moustapha Cissé Lo iront en prison après le règne de Macky Sall.
«Ces comportements dignes de vrais sauvages démontrent que ceux qui nous gouvernent ne sont pas dignes d’être au sommet de l’Etat. Très peu de Sénégalais sont surpris par l’attitude des gens qui entourent Macky Sall. En vérité, Farba Ngom, Yakham Mbaye et Moustapha Cissé Lo ne méritent même pas d’être chefs de quartier dans ce pays», a martelé, hier, le maire de Ndoulo, Kany Bèye. Mais pour lui, la faute incombe en partie aux Sénégalais qui n’ont pas su faire les bons choix. «Les Sénégalais ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes parce qu’ils ont élu des gens incapables de diriger ce pays. Les Sénégalais n’ont pas encore assez de maturité pour distinguer les hommes capables de conduire les destinées de cette Nation. Jadis, les vrais hommes d’Etat se distinguaient facilement, même en apparence. Mais aujourd’hui, vous avez envie de vomir quand on vous présente un ministre, un député, un ambassadeur ou un quelconque autre responsable. C’est pitoyable», fulmine-til avant d’ajouter : «Moustapha Cissé Lô n’a surpris personne. Comment croire en quelqu’un qui a voulu manger à toutes les sauces servies par les différents régimes ? C’est un homme sans vergogne qui a été au Parti socialiste (Ps), ensuite au Parti démocratique sénégalais (Pds) et maintenant à l’Alliance pour la République (Apr).
Cissé Lo a été le premier à me dire au Point-Chaud, sur le Boulevard de la République, que Macky Sall mettrait Khalifa Sall en prison si ce dernier osait se présentait à l’élection présidentielle», s’indigne Kany Bèye d’après qui Yakham Mbaye serait atteint de déficiences mentales. «Quant à Yakham Mbaye, ce n’est pas un homme normal. Il ne jouit pas de toutes ses facultés mentales. Il n’est même pas journaliste. C’est grâce à Cheikh Tidiane Dièye qu’il est entré dans la presse. Tous les membres de sa famille étaient des socialistes. Le grand frère de Yakham Mbaye, Cheikh Yama Mbaye, était à Paris en même temps que moi», renseigne-t-il.
Kany Bèye d’ajouter : «Pour Farba Ngom qui ne mérite même pas d’être un planton. Il démontre que Macky Sall est entouré par des gens sans vergogne. Mais il y a un adage qui dit : ‘’dis-moi qui tu fréquentes et je te dirai qui tu es’’. Farba Ngom, Yakham Mbaye et Moustapha Cissé Lo peuvent s’insulter et proférer autant d’insanités qu’ils veulent, parce qu’à la fin du règne de Macky Sall, ils finiront tous en prison.»
«A L’APR, IL N’Y A AUCUNE IDEOLOGIE PERMETTANT DE CRISTALLISER LES MOBILISATIONS»
Suite à l’exclusion de Moustapha Cissé Lo, «L’AS» a contacté l’Enseignant-chercheur en Sciences politiques à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, Moussa Diaw, pour comprendre ces frictions au sein du parti présidentiel
Suite à l’exclusion de Moustapha Cissé Lo, «L’AS» a contacté l’Enseignant-chercheur en Sciences politiques à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, Moussa Diaw, pour comprendre ces frictions au sein du parti présidentiel. Monsieur Diaw a ainsi indiqué qu’il n’y a aucune idéologie à l’APR, aucune référence permettant de cristalliser les mobilisations.
«L’AS» : Deux caciques de l’APR, Moustapha Diakhaté et depuis hier Moustapha Cissé Lo ont été exclus par les leurs. Cela n’annonce-t-il pas la fin d’un cycle politique pour le parti présidentiel ?
Moussa DIAW : Je n’irais pas jusque-là. Mais cela traduit un malaise à l’intérieur du parti. Ce qui est symptomatique de rivalités entre les différents leaders, des ambitions contradictoires et les enjeux de pouvoir, compte tenu de la situation et les possibilités d’accéder à des positions leur permettant d’accéder à des ressources. Mais cela augure quand-même un avenir incertain. Parce qu’on sait que c’est un parti relativement jeune qui n’a pas été structuré. Le Président Macky Sall n’a pas eu de temps d’organiser son parti, d’organiser un congrès et de structurer les instances. C’est pourquoi on assiste à une situation de conflictualité à l’intérieur du parti, de dénigrement. Parce que c’est un parti qui rassemble des personnalités venant d’horizons divers. C’est un agrégat d’individus qui sont mus par des intérêts politiciens. Ils ont une conception de la politique qui est celle de penser qu’on va s’enrichir ou qu’on peut avoir une consécration sociale et économique à travers une activité politique. C’est un parti qui redistribue des postes et également des ressources. Ce qui crée des tensions, des rivalités, des positionnements des uns et des autres. Et c’est dans cette guerre-là qu’apparaît justement le cas Moustapha Cissé Lo avec ses dérives verbales, son francparler et son tempérament difficile à maîtriser. Cette situation-là est aussi favorisée par le fait que le Président cumule les fonctions de président de la République et de chef de parti. Ce qui le met en première ligne parce que généralement d’ailleurs, cette position-là est souvent critiquée parce qu’on pense que quand on est président de la République, on joue le rôle d’arbitre. Donc, le parti n’a pas de numéro 1 ni de numéro 2. Et c’est ce qui explique d’ailleurs qu’il y ait des conflits de positionnement entre les leaders dans certains départements. Et aujourd’hui, normalement, c’est le dernier mandat du président de la République et cela va aiguiser les appétits des uns et des autres et va renforcer les dissensions au sein de l’APR.
Est-ce que ces dérives ver- bales ne traduisent pas une déliquescence des mœurs po- litiques au Sénégal ?
Oui tout à fait. Cette légèreté dans les propos etle vocabulaire utilisé traduit un manque de considération par rapport à la fonction et par rapport même à des gens qu’on a élus. Et cela traduit aussi le fait que le recrutement se fait n’importe comment. Ce sont des personnalités qui n’ont aucune compétence et qui sont dans ces positions parce qu’ils soutiennent une personne. Donc, ils ne sont pas mus par l’attachement à une idéologie, à des valeurs morales, et à une éthique. A l’APR, il n’y a aucune idéologie, aucune référence permettant de cristalliser les mobilisations autour de cet enjeu-là. Ce qui fait que les gens viennent de façon volontaire rien que pour accéder à des positions de pouvoir. Et ceux qui sont aujourd’hui concernés malheureusement par ce discours-là, cette violence verbale, sont dans le même cas. S’il y avait une unité autour d’un projet, d’une idéologie, on aurait dépassé ces contradictions de personnes. Parce que ce qui les lie serait plus fort que ce qui les différencie. Mais on n’assiste pas à cela aujourd’hui malheureusement. On influence et on est dans des réseaux pour se rapprocher du leader pour pouvoir obtenir des positions. Lesquelles positions contribuent justement à leur ascension sociale et économique de par leur proximité du pouvoir. Donc, c’est ça la conception qu’on a au sein de ces formations. Dans les vraies démocraties, on s’engage politiquement pour soutenir les positions du leader pour avoir un sens élevé de l’Etat, de la responsabilité et être au service des citoyens. Mais si on regarde ce qui passe actuellement, il est évident que les citoyens sont désabusés. Ces gens ternissent l’image des hommes politiques. En effet, dans un contexte particulier de lutte contre la pandémie, on note la guéguerre au sein du parti présidentiel pour des histoires de positionnement ou de redistribution de ressources ou de rivalités de personnes.
Au-delà des insultes, Moustapha Cissé Lo a fait des révélations de taille sur la gouvernance et la gestion de certains projets. Ne devrait-il pas y avoir une auto saisine du Procureur pour éclairer certaines choses ?
Normalement, c’est ce qui devrait se faire dans un Etat où il y a une vraie séparation des pouvoirs. Mais généralement ici, malheureusement, le Procureur agit sur instruction. Il y a une confusion des rôles. Et il n’y a pas une vraie séparation des pouvoirs dans sa pratique. C’est l’Exécutif qui influence le Judicaire. Et c’est un peu problématique, dans ce cas précis, qu’il y ait une auto saisine du procureur de la République. Peut-être que cela pourrait se faire. Mais en temps normal, dans un Etat démocratique, quand on tient ces propos, le lendemain, vous êtes convoqués par la Justice pour en savoir davantage sur ce que vous dites, la véracité des propos et les preuves pour faire de telles allégations. Mais ici, on est dans un contexte où la séparation des pouvoirs est un peu difficile à réaliser. Et il est très rare qu’il y ait cette saisine de la Justice pour pouvoir tirer au clair les propos de Moustapha Cissé Lo. Mais peut-être que cela pourrait se faire. On ne sait jamais. De toute façon, on verra quelles sont les positions des uns et des autres ; est-ce qu’il y a vraiment une volonté de clarifier les choses et d’éviter de telles exagérations, de telles dérives verbales qui n’augurent pas un bon avenir du politique dans ces formations. Tout dépendra de la volonté des uns et des autres, soit de clarifier le jeu, soit de tourner la page et de penser à autre chose.
Par Cheikh KANTé
NUL N’EST ECONOMISTE S’IL EST PROTECTIONNISTE
Cette pauvreté de l’Afrique, inacceptable sur le plan éthique dans ce 21ème siècle finissant, est la résultante de politiques économiques inadaptées, mises en œuvre depuis les Indépendances, et qui engendrent un ensemble de comportements
La conviction du ministre en charge du Suivi du Plan Sénégal Emergent (PSE) est qu’on ne peut asseoir le développement d’une Nation à partir des rentes attendues des matières premières. Dans un éditorial retentissant paru dans le dernier numéro du magazine Tam Tam de l’émergence, Dr Cheikh Kanté explique que l’Afrique doit nourrir les Africains, et les décideurs africains doivent mettre en place un financement efficient du système social, pour arriver à une croissance durable, mais également inclusive et équitable.
A quelque chose malheur est bon. L’homme, sage, sait tirer du malheur et des épreuves de salutaires leçons pour l’avenir. La moralité de ce proverbe, en usage déjà au XVIIème siècle, est que souvent le malheur affermit l’expérience de l’homme de bien et a une influence certaine sur l’état de son âme. La crise de la COVID 19, qui affecte profondément tous les systèmes productifs et la croissance économique de nos pays, a renforcé ma conviction qu’un malheur procure parfois quelque avantage imprévu. Cette pandémie inédite nous offre, en effet, l’opportunité d’initier un débat objectif etlarge, afin d’évaluer nos politiques, et d’analyser les perspectives essentielles qu’il nous faut réinventer et réaliser. Pour nous relever de cette situation lourde de dangers, et mettre en œuvre les transformations structurelles qui s’imposent, nous devons bâtir une vision stratégique et consensuelle, soutenue par des politiques économiques et sociales réalistes. Au demeurant, on ne peut asseoir le développement d’une Nation à partir des rentes attendues des matières premières. L’Afrique doit nourrir les Africains, et les décideurs africains doivent mettre en place un financement efficient du système social, pour arriver à une croissance durable, mais également inclusive et équitable. La problématique des priorités africaines, pour une croissance inclusive et durable qui doit nous mener vers l’émergence, doit être reconsidérée sur le plan individuel et collectif, en tirant la leçon des apprentissages de la crise que nous vivons aujourd’hui. Il s’agit d’une question de dignité, de souveraineté, et de volonté politique qui doit se fonder sur l’amour de sa patrie, et du Continent. L’équation est pourtant simple : comment sortir le paysan, l’éleveur et le pêcheur africains de la pauvreté, et les mettre en situation de nourrir l’Afrique ? La résolution de cette équation est fondamentale, et la COVID 19 a bousculé nos certitudes et mis à nu nos multiples fragilités sectorielles, individuelles et collectives. Le Coronavirus a bouleversé les bases mêmes de l’humanité, et nous a fait prendre conscience que les immenses richesses naturelles dont dispose l’Afrique doivent être exploitées par les Africains.
FACE A L’AFRIQUE, LA SOLIDARITE INTERNATIONALE A TOUJOURS ETE TIMIDE
Notre continent ne doit plus être cette gigantesque arène de prospérité où s’affrontent les gladiateurs occidentaux, et où se côtoient les espérances d’émergence des populations africaines et les désespoirs qu’engendrent la faim, les guerres et le terrorisme. Face à l’Afrique, la solidarité internationale a toujours été timide. La communauté internationale promet et prend des engagements qu’elle peine à respecter. Depuis la Conférence Internationale sur le financement du développement de Monterrey, en Mars 2002, en passant par la Déclaration de Rome, en 2003, celle de Paris, en 2005, et l’importante Déclaration d’Accra, en 2008, qui confirmait toutes ces mesures par l’ « Agenda d’Accra pour l’action», les engagements des pays donateurs pour favoriser le financement du développement de l’Afrique n’ont jamais, ou très peu, été suivis d’effets. La Déclaration de Doha de Décembre 2008, tout comme les engagements de Doha de 2013, suite à l’Examen mutuel de l’efficacité du développement en Afrique, examen initié par les décideurs africains et les Partenaires au développement pour financer une croissance inclusive en Afrique, sont restés lettre morte, obligeant certains de nos pays à revoir leurs ambitions à la baisse, et à s’endetter pour financer leurs plans de développement. La dette vis à vis de l’Afrique est lourde et inique. Elle remonte à l’esclavage et à la colonisation qui ont institutionnalisé une pauvreté chronique et structurelle. On ne doit pas fonder la stratégie de croissance inclusive d’un pays sur une rente attendue des matières premières.
La COVID19 a confirmé que la malédiction des matières premières, connue sous le concept de « Durch disease», est une pathologie qui peut s’étendre par contamination à d’autres secteurs comme le tourisme, le secteur informel, le commerce, les transports aérien, terrestre et maritime, les transferts de la diaspora, entre autres. La chute vertigineuse du prix du baril de pétrole, résultant de la crise sanitaire, en est une preuve palpable. Les pays comme l’Angola, l’Algérie, le Nigéria, la Guinée équatoriale, entre autres, sans oublier les petits producteurs comme la Côte d’Ivoire, le Congo, le Tchad, le Gabon, le Ghana, et le Kenya ont vu leurs planifications bouleversées et leurs rêves brisés. De multiples programmes d’investissement sont rangés dans les tiroirs, à l’image des projets gaziers et miniers, dans des pays comme le Mozambique, l’Afrique du Sud, la RDC et la Zambie. Selon les estimations des professionnels du secteur, le pétrole et le gaz naturel devraient être durablement affectés. Les pays africains ne produisent pas assez pour nourrir leurs populations, et procèdent à des importations massives de denrées de première nécessité qui pèsent négativement sur leurs balances commerciales.
L’AUTOSUFFISANCE ALIMENTAIRE DOIT ETRE UNE PRIORITE
La production locale est souvent découragée par l’importation des produits subventionnés, en provenance des pays industrialisés, qui inondent les marchés africains. Plusieurs filières prometteuses comme le coton, le riz, le maïs, l’arachide, la tomate, le lait et produits dérivés, la viande, les fruits et légumes, entre autres, ne résistent pas à ces produits subventionnés et meurent, accroissant la misère dans nos villes et campagnes africaines. Il est plus facile, à court terme, d’importer que de produire.
Par ailleurs, les «commissions» enrichissent certains individus, et des taxes importantes renflouent les caisses des Etats. Les objectifs de développement agricole doivent être corrigés et doivent prendre en compte les questions cadastrales et le statut foncier, les intrants, les semences, la motorisation et la mécanisation, les infrastructures de stockage et de conservation, l’organisation des marchés pour une bonne distribution, la formation du capital humain et les prix, l’autonomisation des femmes et la responsabilisation des jeunes. Dans ce processus, le commerce intra-africain, encore trop faible (moins de 15%), doit jouer un rôle important par le biais des programmes communautaires.
Cette pauvreté de l’Afrique, inacceptable sur le plan éthique dans ce 21ème siècle finissant, est la résultante de politiques économiques inadaptées, mises en œuvre depuis les Indépendances, et qui engendrent un ensemble de comportements sociaux, culturels et politiques. Cette pauvreté institutionnelle rejoint quelque part la définition du philosophe français Michel Onfray. Dans son ouvrage « Politique du rebelle, Traité de résistance et d’insoumission», Paris, Grasset 1997, il distingue trois cercles centrés sur la pauvreté : le premier qui correspond à celui des damnés (la tribu des mendiants qui ne survit que grâce à l’aumône); le second cercle correspond à celui des éprouvés (malades, délinquants, clandestins et refugiés); enfin le dernier cercle correspond à celui des exploités (emplois précaires, déplacés, prolétaires et paysans sans terre ou éleveurs sans troupeaux). Les conséquences économiques de la COVID19 nous permettent de mieux comprendre la position anglaise du protectionnisme.
L’économiste britannique, William Nassau Senior, «un des plus grands économistes anglais de son temps» et héritier d’Adam Smith, soutient que : «Nul n’est économiste s’il est protectionniste ».Evidemment, vivant comme ses contemporains dans un monde profondément protectionniste, ce n’était ni un blâme, ni même un reproche. Il se cantonnait à expliquer sa conviction profonde que l’économiste doit favoriser le libre- échange, et en faisant baisser les prix, il améliore le pouvoir d’achat des populations. Par contre, le protectionniste, en empêchant la concurrence, avantage certains secteurs au détriment des consommateurs.
Dans la logique économique qui motive son raisonnement, le rôle de l’économiste est de concevoir les politiques qui améliorent la situation globale de la population. Dans ce cadre, le protectionniste est celui qui choisit de favoriser une partie de la population au détriment de l’autre. Son raisonnement n’est pas faux. Les décideurs anglais de l’époque connaissaient bien ces théories économiques, mais avaient courageusement choisi de défendre leur production nationale de blé, pour plusieurs raisons : d’abord, pour garantir le pouvoir, la richesse et le statut social des Nobles, propriétaires terriens, ensuite, pour s’assurer qu’en cas de nouveau blocus continental, comme celui mis en place par Napoléon 1er, l’Angleterre serait en mesure de nourrir sa population. Cette observation empirique pose le problème épistémologique du fondement d’une décision et, au-delà, pose le débat, toujours d’actualité, de la perception de l’économiste face au discernement du décideur politique.
L’économiste développe sa logique en termes de coûts de production et de pouvoir d’achat, le décideur politique prend sa décision en considérant d’autres paramètres. C’est bien le sens que je donne au bien-fondé des décisions du Président Macky Sall, soutenues par une logique cartésienne d’organisation et de méthode. Il découle de ces postulats que l’économiste ne doit pas influencer l’action du décideur par ses théories, mais il doit lui fournir tous les outils et les moyens d’analyser la situation, de prendre les actes utiles pour les populations, et d’évaluer les conséquences de ses décisions.
Par transposition expérimentale, et analysant les conséquences de la pandémie COVID 19 sur l’Afrique, il est aisé de noter un taux élevé de dépendance globale des économies africaines, à tous les niveaux. Si cette crise inédite se prolongeait, l’Afrique pourrait connaître une asphyxie généralisée, engendrant la famine, d’autres pandémies, des ré- voltes et bouillonnements sociaux indescriptibles. Il est donc urgent de repenser et de promouvoir des politiques essentielles, susceptibles de réaliser pleinement le potentiel de développement de nos pays. La cause de la sous-performance économique de l’Afrique doit être analysée, afin de faire revenir nos pays sur le chemin d’une croissance économique durable.
L’ELEVAGE SENEGALAIS ET LE PSE
Ainsi, avant la mise en œuvre du Plan Sénégal Emergent (PSE), le sous-secteur de l’élevage a souffert de l’absence d’une démarche participative, et d’une volonté politique forte d’allouer à ce secteur des ressources suffisantes, sur la base d’une concertation institutionnalisée et d’un dispositif de participation plus ancrée dans le groupe socio-culturel des acteurs à la base. Les acteurs privés, producteurs et organisations intéressés ont, en effet, rarement été impliqués dans la définition des programmes et réformes qui devaient les conduire à se mobiliser autour d’objectifs dynamiques de croissance et de productivité. C’est pourquoi, dans la définition du Programme National de Développement de l’Elevage (PNDE), les consultations à la base, au niveau des communautés rurales, ont été privilégiées. Cette démarche nouvelle a permis de construire un consensus avec tous les acteurs, validé au cours d’un atelier, en juin 2013. Au Sénégal, l’élevage contribue largement à la réduction de la pauvreté. En 2018, il est évalué à hauteur de 4,4% du PIB national, et il compte pour 25%de la valeur ajoutée de l’agriculture.
Cette activité touche 28,2% des ménages, dont 73,9% en milieu rural, et 26% en milieu urbain. L’essentiel des enjeux de ce sous-secteur porte sur la qualité et la quantité des différentes productions animales, la sécurisation des systèmes pastoraux et agropastoraux, l’approvisionnement régulier des marchés des industries animales et leurs développements, la santé animale et la professionnalisation du secteur.
Depuis les indépendances, les politiques de promotion du sous-secteur peuvent se résumer en dix (10)temps forts :
- 1970 : Période des grands projets du Ferlo : PDESO et SODEP (Projet de commercialisation du bétail suivant une stratification des productions animales par zones) naissance en zone pastorale, réélevage en zone agropastorale et embouche en périurbain ;
- Années 1980 : Plans d’ajustement structurel et nouvelle politique de forages ;
- Fin des années 1980 : Création de ré- serves sylvo- pastorales et déclassement concomitant de superficies importantes comme Déaly, Boulal, MBéggé etc., en faveur d’exploitants agricoles ;
- Années 1990 : Création du PAPEL (projet d’appui à l’élevage) et mise en place des Unités Pastorales (UP),Ranchs et Fermes modernes, Projets de Laiteries Industrielles comme Nestlé ;
- 2004 à 2008 :Nouvelle initiative sectorielle pour le développement de l’élevage avec la promotion de fermes privées, mise en place du Centre d’impulsion et de Modernisation de l’Elevage (CIMEL), création du Fonds d’appui à la stabulation (FONSTAB);
- 2008 : Crise alimentaire et restructuration du MEL, intégration de la CDMST : gestion axée sur le résultat(GAR);
- 2009 :Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance (GOANA);
- 2011 : Plan National de Développement de l’Elevage (PNDE), suivi d’une relecture en 2013 ;
- 2014 : préparation de la loi foncière et rédaction et discussion du code pastoral ;
- 2015 : Mise en œuvre du projet d’appui au pastoralisme au Sahel (PRAPAS) 2015-2017.
CONCLUSION
Sans aucun doute, le PSE a fortement contribué à renforcer la dynamique de générations de politiques en matière d’élevage. Les résultats probants obtenus sont en parfaite adéquation avec la priorité accordée par le Président Macky Sall à cette activité importante, en étroite interaction avec l’agriculture.