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6 juillet 2025
LU BEES PAR RENÉ LAKE ET OUSSEYNOU NAR GUEYE
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FAIDHERBE, MACKY, MACRON ET ANDREW JACKSON
EXCLUSIF SENEPLUS – Le délit d’offense au chef de l’Etat n’a pas de place en démocratie surtout quand il est appliqué à la tête du client – Faidherbe ici, Andrew Jackson là-bas, les symboles de l'oppression sont déboulonnés
Lu Bees, (Quoi de neuf ?) avec René Lake à Washington et Ousseynou Nar Gueye à Dakar.
De Dakar, notre éditorialiste pointe cette "arme nucléaire", inutilisable de ce fait même, que sont les poursuites pour délit d'offense au chef de l'État, à la lumière de celles classées sans suite et qui ont fait "pschit" contre le commissaire à la retraite Boubacar Sadio, après sa lettre ouverte incendiaire à l'endroit de Macky Sall. Il analyse aussi le traitement à la tête du client réservé aux contempteurs de président.
De Washington, René Lake observe que le mouvement Black Lives Matters ne fléchit pas, et gagne la planète entière, dans une revendication antiraciste mondialisée qui refuse désormais jusqu'aux symboles célébrant les racistes d'hier. Même la statue d'un président américain, Andrew Jackson (1829-1837), est en voie d'être déboulonnée de son piédestal un peu partout aux USA.
Et dans cette guerre de la symbolique, les demi-dieux de tous les sport ne sont pas en reste et s'illustrent en mettant le genou à terre en hommage à George Floyd, sans plus désormais encourir les foudres de leurs ligues.
Lu Bees est un partenariat audiovisuel entre Seneplus et Tract.sn. La réalisation et le montage de votre talk hebdomadaire du mercredi sont assurés par Boubacar Badji.
Cette mémoire ne sera jamais entachée ou dénaturée par des groupes d’usurpateurs, en quête de gloire indue, car absents, dans leur grande majorité de cet épisode marquant de notre Histoire politique - DÉCLARATION DE BBY
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration de BBY, à propos de la date commémorative du 23 juin 2011.
« A l'occasion du 23 juin, la coalition BBY, consciente de la nécessité de la pérennisation de la commémoration de l'événement et de la transmission aux jeunes générations des valeurs sous-jacentes à ces mouvements qui nous ont valu autant de liberté et de victoire, rappelle et appelle à plus de vigilance, à plus d'unité et de solidarité pour toujours faire face aux défis qui se posent à nous et qui aujourd'hui s’articulent autour de la pandémie de la Covid-19.
23 juin date historiquement mémorielle au Sénégal et partout dans le monde à travers notre diaspora qui avait participé de fort belle manière, avec une exceptionnelle mobilisation, au combat citoyen contre un pouvoir résolument engagé à bafouer totalement notre démocratie et son processus libre au point de mettre en danger les fondamentaux de notre République.
Le peuple sénégalais, debout comme un seul homme, dans une remarquable impulsion patriotique et citoyenne, a su annihiler la volonté d’un pouvoir mû par une volonté inopinée de fouler aux pieds notre charte fondamentale, afin de faire respecter, au prix de maints sacrifices, les Principes de l’Etat de Droit et des Valeurs de la République.
Certains ont payé cet engagement patriotique de leur vie comme ce fut le cas pour Mamadou Diop dont la mémoire doit être entretenue pour servir d’exemple aux jeunes générations. C’est ici l’occasion, au nom de la nation, de lui rendre avec ses compagnons martyrs un vibrant hommage.
Ni le bruit et les odeurs des lacrymogènes jetés de manière intempestive dans la Zawya Hadj Malick Sy et la Cathédrale du Souvenir africain, profanation sans limite de nos lieux de culte, ni les agressions physiques criminelles n’ont pu venir à bout de la détermination citoyenne des femmes, et des Jeunes des Partis Politiques et des Organisations de la Société Civile résolument engagés dans ce combat pour la défense du peuple et de ses intérêts.
Incontestablement, le 23 Juin 2011 était le point de départ pour l'accession du peuple au pouvoir en 2012. C'est ainsi qu'entre les deux tours des élections présidentielles de 2012 naquit la grande et vivace coalition BBY avec l'engagement sans faille de tous les candidats, fruit du M23 qui est parvenu à souder les Forces de rupture autour de l'essentiel, du nouvel ordre prioritaire et de nouvelles responsabilités historiques. L'alternance était devenue une nécessité impérative, incontournable, pour tous les Républicains et démocrates de notre pays.
Aujourd’hui, de longues années après cette mobilisation citoyenne des plus herculéennes de notre histoire récente, nous saluons avec déférence tous les acteurs de ce mouvement du 23 juin (M23) et manifestons notre honneur et fierté d’y avoir participé, aux premières lignes de front. Et, pour rappel, n'eût été la sagesse des dirigeants du M23, et le discernement de nos chefs religieux, toutes obédiences confondues, notre pays allait sombrer dans le chaos.
En ce jour mémorable, BBY, notre grande coalition exprime toute sa fierté. Car, ses composantes les plus illustres, Jeunes, Femmes et responsables, avec le président Macky Sall, tous les autres leaders et militants anonymes, ont été parmi les grands artisans de cette bataille politique et citoyenne historique.
Les acteurs fondateurs, et animateurs du M23, malgré des tentatives de récupération de militants de la vingt-cinquième heure qui veulent opposer le M23 au régime actuel, sont pour l’essentiel aux côtés du président Macky Sall, pour concevoir et bâtir, ensemble, un pays prospère, de tous et pour tous !
Il nous plaît, dès lors, de rappeler à la mémoire de la nation les rôles éminents joués par des hommes, aujourd’hui disparus et à qui il faut rendre hommage, comme Ousmane Tanor Dieng, Charles Gueye, Amath Dansokho qui, avant qu'on fasse du siège de la RADDHO le siège du M23, avait mis son domicile à la disposition des acteurs du Mouvement. Hommage également à tous les disparus qui étaient montés au front ce 23 juin 2011.
Cette mémoire vivante du 23 Juin 2011 résistera à l’usure du temps et sera pour longtemps encore, l’une des plus belles pages du M23, grand livre de la République du Sénégal. Belle et admirable, cette mémoire ne sera jamais entachée ou dénaturée par des groupes d’usurpateurs, en quête de gloire indue, car absents, dans leur grande majorité de cet épisode marquant de notre Histoire politique.
Les vaines tentatives de parvenus et les cris stridents de néo-politiques mus par une volonté incompressible de plonger notre pays dans l’instabilité ne pourront point nous dévier de notre voie pour de manière inlassable poursuivre la lutte afin de vaincre le coronavirus et de développer ce pays en vue de le hisser sur les rampes de l'émergence. »
par Bara Diokhané
THIAROYE-MORLAIX 44
L’histoire devra retenir que le 11 Novembre 1944, alors que le navire Circassia transportait vers Thiaroye sa cargaison de victimes expiatoires/martyrs, une agression armée eut lieu à Morlaix, contre des soldats Africains, frères d’armes et ex-prisonniers
A la Libération, un contingent d’ex-prisonniers de guerre originaires de l’AOF (Afrique occidentale française) devait quitter le port de Morlaix le 5 novembre 1944 pour arriver le 21 novembre 1944 à la caserne de Thiaroye, en périphérie de Dakar, et y être démobilisés. Selon la réglementation en vigueur (circulaire du 21 octobre 1944), les rapatriés devaient percevoir un quart de leur solde de captivité avant embarquement, et les trois-quarts restants à Thiaroye. Près de 2000 ex-prisonniers de guerre devaient embarquer. Des prisonniers de guerre d’un genre inédit, car ayant été détenus dans les camps dits “Frontstalags” installés par les Allemands sur le territoire Français occupé, et placés sous la garde de forces… Françaises. Le 5 Novembre 1944, jour du départ du navire Britannique Circassia vers Dakar, 315 soldats Africains parmi les ex-prisonniers de guerre, refusèrent d’embarquer sans percevoir leurs soldes totales. Ces 315 soldats Africains, venus libérer la France, et furent parqués comme des bêtes à Morlaix, dans des espaces entourés de barbelés Ils y encoururent des traitements inhumains et dégradants, infligés par les forces françaises qui les gardaient. La commission d’un odieux crime de guerre s’ensuivit, et bien décrit par le journal L’Aurore, dans l’ article au titre évocateur suivant: «11 Novembre sanglant à Morlaix: cent gendarmes tirent sur des Sénégalais désarmés” Deux mille Sénégalais récemment délivrés de camps de concentration et groupés à Morlaix attendaient depuis quelques jours leur départ pour l’Afrique. Après plus de quatre ans de captivité, leur arriéré de solde était très important, aussi en attendaient-ils le paiement avec fébrilité. La plupart furent réglés sauf 325 d’entre eux, cantonnés au quartier de la Madeleine. Le jour du départ arriva et ces 325 infortunés refusèrent d’embarquer avant d’avoir été alignés en solde, disant qu’ils ne voulaient pas être dupes comme leurs pères, qui en 1918 après avoir versé généreusement leur sang pour la France, étaient rentrés au pays sans solde, que depuis ils attendent toujours. Nos braves bamboulas restent inflexibles et inséparables dans leur résolution et le bateau partit sans eux. (…).
Vendredi, l’arrivée insolite d’un fort contingent de gendarmes harnachés et armés en vrais guerriers excita quelque peu la curiosité populaire. (…). Vers cinq heures du matin, l’attaque commença. Des gendarmes pénétrant dans la bauge-dortoir intiment à tout le monde de sortir illico en joignant le geste à la parole empoignant les hommes en caleçon ou à demi vêtus pour les faire sortir de force. Ce réveil surprise ne fût pas du goût des Sénégalais qui, les premiers moments de stupeur passés, comprirent le genre de brimades et de provocations dont ils étaient l’objet. (…) Tout à coup dans la nuit claqua un coup de feu. Ce fut le commencement du drame: qui avait tiré? D’après la version officielle ce serait un Sénégalais? Mais nous nous refusons d’y croire, car ils étaient venus désarmés de leurs camps et ils ne possédaient que quelques baïonnettes-souvenirs dont ils n’avaient pas fait usage. (…) Ce fut la fusillade générale… Entre temps les maisons du voisinage furent assiégées par les gendarmes pour en faire sortir les Sénégalais que les habitants hébergent par charité (…). Triste aube du 11 novembre, disent les habitants de ce paisible et populaire quartier qui furent réveillés par le vacarme.»
Dans une lettre conservée précieusement par sa Marraine de Guerre en date du 14 Novembre 1944 le Tirailleur A.A, survivant de Morlaix avait écrit: “J’ai de la chance de n’avoir pas été tué par les balles de mitrailleuses des gendarmes et FFI qui ont ouvert le feu sur nous durant la nuit. .. “Il y a plus de 10 jours que nous étions à Morlaix. Ils nous avaient dit d’embarquer sur le bateau, mais nous ne voulions pas partir sans paiement auparavant. Maintenant ils nous gardent comme des prisonniers de guerre. Nous couchons par terre, il fait froid, pas de couverture. Et ce sont les FFI qui nous gardent!” Le rapport officiel des autorités françaises fit état d’un bilan de 7 blessés parmi les soldats Africains, mais l’ampleur de l’attaque, la violence des méthodes utilisées, le compte-rendu des media, et le témoignage écrit du soldat rescapé lui apporte une cinglante contradiction. La même contradiction que sur les rapports officiels du massacre de Thiaroye 44, perpètre juste après les tragiques événements de Morlaix 44- lesquels avaient fait état de 35 morts, ramenés, des décennies plus tard à 70 morts par le Président François Hollande en personne! La condition de la levée de ce doute serait l’administration de la preuve irréfutable par la France que tous les 315 soldats, détenus à Morlaix comme des prisonniers de guerre malgré la fin de la guerre, et malgré leur statut de soldats de l’armée française, a Morlaix, y compris les 7 blessés, avaient été tous payés et rapatriés vers leurs destinations finales en Afrique. A défaut, l’histoire devra retenir que le 11 Novembre 1944, alors que le navire Circassia transportait vers Thiaroye sa cargaison de victimes expiatoires/martyrs, une agression armée eut lieu à Morlaix, contre des soldats Africains, frères d’armes et ex-prisonniers de guerre. Cette agression armée nocturne sur des hommes en plein sommeil, suivie d’actes de séquestration, de traitements dégradants et d’humiliation constitue un crime de guerre et un crime de trahison, au sens du droit international.
NGOR RÉCLAME SON PATRIMOINE FONCIER
Les populations demandent la restitution de plusieurs de leurs terres. Elles estiment que le site de l’aéroport Léopold Sédar Senghor, leur revenant de droit, doit être une zone d’extension pour leur commune devenue exiguë
Le débat sur les spoliations foncières continue. A Ngor, les populations demandent la restitution de plusieurs de leurs terres. Elles estiment que le site de l’aéroport Léopold Sédar Senghor, leur revenant de droit, doit être une zone d’extension pour leur commune devenue exiguë.
Le littoral de Dakar, la bande côtière de filaos, Yoff, la forêt de Mbao, Ouakam et maintenant Ngor. Toutes ces zones font l’objet d’un tollé foncier occupant les médias, depuis début juin. Au village de Ngor, les populations réclament un site de recasement sur le site de l’aéroport Léopold Sédar Senghor. Elles estiment que cette zone, appartenant au patrimoine de Ngor, devrait aujourd’hui abriter des équipements publics et des activités économiques, cela en raison de la promiscuité et de la précarité qui règnent dans la commune. ‘’L’étendue du saccage des terres et les résultats de la dérive spéculative dans le domaine foncier ont produit une redistribution de celles-ci au détriment des anciens propriétaires légitimes, des petits et moyens ménages agricoles et des communautés’’, déclare le porte-parole du chef de village Bamar Samba.
En plus de cette question, se pose un autre problème relatif à un lotissement en cours sur une bande traversant les communes de Yoff, Ngor et Ouakam. ‘’Il s’agit de 62 hectares sur l’axe sud-nord reliant ces trois communes. Nous avons vu l’arrêté du ministère de l’Urbanisme approuvant le lotissement. Et jusqu’à présent, nous ne sommes pas invités à la table de négociations pour voir ce qui doit revenir à Ngor, à Yoff et à Ouakam. Personne ne nous a rien dit. Pourtant, cette zone fait partie de notre territoire communal. La bande part de la banque BOA de Ouakam jusqu’à l’aéroport. A cette heure, les jeunes de Ngor devaient être en plein sit-in sur ce site, mais nous les avons calmés pour, avant tout, nous faire entendre des autorités, en espérant qu’elles écouteront nos revendications’’, explique-t-il.
De ce volet, émerge une autre équation plus ancienne, soulevant le tracé et la gestion des frontières entre les communes de Yoff, Ngor et Ouakam. Une vieille doléance qui n’a toujours pas connu de solution. ‘’Ce lotissement va créer des conflits entre ces trois communes, parce qu’il s’est référé à un découpage où l’aéroport est du côté de la commune de Ouakam, alors qu’il se trouve sur les terres ancestrales de Ngor. Les autorités de l’époque, lorsque feu Djibo Ka était ministre de l’Intérieur, ont fait un découpage maladroit sur les frontières des trois communes qu’on dénonce depuis des années’’.
Il poursuit : ‘’Les habitants de Ouakam savent très bien que, traditionnellement, leur commune s’arrête à la mosquée de la Divinité, mais on l’a poussée jusqu’à la banque BOA. La commune de Yoff est limitée par le restaurant Le Virage. Aucun habitant de Ouakam ne peut prétendre avoir un droit coutumier sur cette partie de ces terres. Entre nous, nous savons où se trouvent nos frontières, mais administrativement la situation est toute autre. Et le plan de lotissement tel que libellé veut dire que si jamais un Ngorois est attributaire d’un lot dans cette bande, il se trouverait sur le territoire de Ouakam. Donc, vu sous ce plan, c’est comme si on nous a sortis de l’assiette foncière de l’aéroport. Aujourd’hui, une bonne partie de notre assiette foncière se trouve à Ouakam, alors que ce sont des terres ancestrales des populations de Ngor. Nous demandons à l’Etat de régler ce problème’’, poursuit le porte-parole du jour.
‘’Nous sommes victimes d’un rétrécissement continu’’
A Ngor, on réclame le droit de jouir d’un patrimoine foncier communautaire spolié. Les doléances du jour semblent être le résultat d’une longue attente sans satisfaction. Au fond, les Ngorois espéraient voir un jour s’arrêter une boulimie foncière qui date de la période coloniale. En 1943 déjà, les colons ont construit, après une réquisition, un aéroport sur 864 hectares, pour le transport des troupes. Et Bamba d’ajouter : ‘’Nous avons des documents qui l’attestent. C’est aux ancêtres de notre chef de village que les colons ont demandé des terres. Nous étions en période de guerre. Donc, qui dit réquisition reconnaissait le droit de propriété de l’occupant. Cela n’a rien à voir avec la loi de 1964 qui annulait toute prétention sur une terre.’’
En 1968, survient le remembrement des Almadies sur 450 hectares. Mais une fois le lotissement terminé, des parcelles de 500 à 1 000 mètres carrés ont été attribuées à des personnalités sénégalaises et même étrangères, en 1973. La même année, le domaine de la foire de Dakar (70 ha) a été réquisitionné et l’ile de Ngor a fait l’objet d’une attribution de baux sur 15 hectares. Une autre réquisition a vu le jour en 1973, pour la construction de la piste Mermoz-Tonghor de l’aéroport Léopold Sédar Senghor ainsi que la bande verte autour. ‘’C’est la partie ouest de l’aéroport qui était non aedificandi ; on l’a attaquée et déclassée, et le massacre a continué jusque vers l’est, au niveau de virage, jusque dans les années 1980. Les zones de Tundu Rya et Warar ont été occupées jusqu’à Yoff’’, précise Bamar Samba.
En outre, l’année 2006 a enregistré la réquisition des champs de tirs des Mamelles (27 ha) et le début du partage des terres du domaine aéroportuaire. Pour les populations de Ngor, c’en est trop. ‘’De 1943 à nos jours, nous sommes victimes d’un rétrécissement continu. D’année en année, à la suite de différentes opérations de démembrement et d’expropriation confinant finalement les populations dans un espace exigu à forte densité d’habitation, Ngor est devenu, au bout du compte, un ilot dans des zones résidentielles (17). Nous attirons l’attention de l’Etat, car ce sont les terres de nos ancêtres qu’on donne à des spéculateurs, des amis, en ignorant les vrais propriétaires. Une population qui vit a besoin d’espace. Qu’en sera-t-il de l’avenir de ces jeunes qui sont là ? Vu le contexte actuel, nous sommes à l’aise pour parler et conseiller ceux qui n’en sont pas encore victimes. Nous sommes les plus concernés par ce débat sur le foncier, parce que c’est ici que cela a commencé’’, déplore-t-il.
L’exiguïté actuelle, l’absence d’aménagement de ce village érigé en commune en 1996 ont créé plusieurs conséquences. La densité de la population est devenue plus forte, le banditisme et la consommation de drogue s’accroissent. La baie de Wassiya, zone de reproduction halieutique, est gravement atteinte par la pollution des canaux des eaux pluviales, sans compter le pillage des océans. Ce qui a eu un fort impact sur leur activité principale : la pêche. Le Sénégal faisait pourtant partie des pays à mers très poissonneuses. Aujourd’hui, les autochtones ont perdu leur mode de vie traditionnel et toutes ces modifications n’ont pas bénéficié de politiques d’accompagnement.
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L'HISTOIRE N'EST JAMAIS SCELLÉE
Pour Mamadou Diouf, historien, responsable à l'université Columbia de New-York, le débat sur l'héritage des symboles de la colonisation participe d'une volonté d'ouvrir le récit historique à d'autres façons de voir le monde
Les symboles de la colonisation font polémique aujourd'hui. Le journal de TV5MONDE donne la parole aux intellectuels africains pour débattre de cette question qui éclate après le drame de la mort de George Floyd aux Etats-Unis.
L'HISTOIRE RESTE CELLE DES BLANCS
Pour l'historienne Françoise Verges, refuser de retirer des statues, comme l’a affirmé le président Emmanuel Macron, montre que la République française est coloniale
Dans plusieurs pays européens - mais aussi aux Etats-Unis comme cela a été le cas récemment à San Francisco - les statues et monuments représentant des figures du colonialisme et de la traite d’esclaves sont devenus la cible des manifestants contre le racisme.
Ce n’est pas le cas en France, le président Emmanuel Macron a déclaré le 14 juin dernier que la "République ne déboulonnera pas de statue".
Françoise Verges, historienne et politologue, ancienne présidente du Comité national pour la mémoire et l'histoire de l'esclavage, considère pour sa part que refuser de retirer des statues montre que la République française est coloniale alors que selon elle, l'histoire est en permanence revisitée.
IL FAUT DÉMINER LA CASAMANCE, AU SENS PROPRE COMME AU FIGURÉ
Avec l’accélération du processus de réintégration des populations déplacées en Casamance, l'Etat entend refermer le chapitre le plus sombre de son histoire postcoloniale. Mais ne place-t-il pas la charrue avant les bœufs ?
Le Sénégal méridional a enregistré, en ce mois de juin, une série d’accidents causés par des mines antichars. L’un d’eux a même coûté la vie à deux Jambaar (soldats sénégalais), à Bissine, dans le département de Ziguinchor. Ces incidents coïncident avec la décision des autorités sénégalaises de repeupler les villages laissés à l’abandon par leurs habitants dans les années 1990, au plus fort d’un conflit quasi-larvé de basse intensité qui perdure depuis décembre 1982.
Le MFDC [Mouvement des forces démocratiques de Casamance] apparaît plus que jamais structurellement affaibli. Ses chefs historiques, Sidi Badji, fondateur de l’aile militaire Atika et Diamacoune Senghor, premier secrétaire général, sont décédés. Son unité stratégique et politique en lambeaux, son discours et ses thèmes mobilisateurs sont de moins en moins audibles auprès d’une jeunesse qui a cédé aux sirènes de la migration irrégulière.
La saignée migratoire, observée dans toute la Casamance, est symbolique de la mutation de cette région qui ne disposait pas d’une véritable tradition de mobilité internationale, contrairement à la vallée du fleuve, au Sénégal oriental, et depuis le tournant de la décennie 1980 – 1990, au bassin arachidier.
Rébellion et micro-agressions
Pour autant, la capacité de nuisance du MFDC n’est pas définitivement annihilée. Jean-Claude Marut, l’un des meilleurs spécialistes du conflit, n’a certainement pas tort d’affirmer : « Le rapport de force entre l’État et le MFDC a évolué de telle manière que toute action militaire de la rébellion ne peut pas aller très loin […] Mais les rebelles sont tout de même assez armés pour pouvoir mener des opérations symboliques. »
Ces dernières années, les différentes factions du mouvement se rendirent responsables « d’opérations symboliques » sur des cibles militaires, humanitaires et civiles. Si les tueries de Diagnon en novembre 2011 et de Boffa-Bayotte en janvier 2018 cristallisent toutes les attentions et rappellent les heures sombres du conflit, elles sont loin d’épuiser la micro-virulence des groupes armés casamançais : démineurs et coupeurs de bois enlevés ou lynchés, banditisme sur les axes routiers, etc.
Des opérations inopinées, décousues et erratiques, tel semble le destin auquel est désormais réduit le MFDC, à mille lieues de ses coups d’éclat comme à Babonda et Mandina Mancagne, respectivement en 1995 et 1997.
Le déminage, un besoin urgent
Inciter les populations à un retour dans leur contrée d’origine est une excellence nouvelle a priori. Cela favorisera l’éclosion d’une économie locale et mettra un terme à près de trente ans, pour certains, d’instabilité sociale et d’errance dans des pôles sécurisés comme Goudomp, Adéane, les périphéries de Ziguinchor, voire en Guinée-Bissau et en Gambie. Toutefois, la multiplicité des incidents récents – trois en l’espace de dix jours – a de quoi inquiéter et laisse présumer que le travail en amont n’a pas été rondement mené.
Dès lors qu’une sécurisation complète des zones n’a pas été effectuée à quoi bon précipiter le retour des populations ? S’agit-il de faire passer le Sénégal aux yeux des partenaires et investisseurs étrangers comme un îlot de paix dans un océan d’instabilité ? Toutes ces hypothèses sont valablement envisageables.
Une chose est urgente : le déminage doit impérativement reprendre. Le retour réussi des populations fera incontestablement des émules, mais l’échec de leur intégration ne ferait que compromettre les efforts jusqu’ici consentis pour en finir avec le conflit.
ONG ET SOCIÉTÉ CIVILE, UNE RIPOSTE AU COVID-19 À LA HAUTEUR ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Comment la société civile est-elle aidée sur le terrain ? Quel soutien aux minorités et personnes vulnérables, dont les prisonniers et les enfants talibés en cette période épidémique ?
Ce numéro de "Tract...et Plus" reçoit Ibrahima Aïdara, directeur adjoint de l'ONG Osiwa, active dans la sous-région ouest-africaine et dont le siège est à Dakar pour évoquer la riposte au Covid-19 de son ONG et plus généralement de la société civile. L'investissement dans la réponse à la pandémie n'est-elle pas faite au détriment du soutien aux programmes traditionnels d'intervention en faveur des organisations (associations, médias) ?
L'honorable Soukeyna Ndiaye Bâ, ex-ministre connue pour son implication dans la microfinance, est l'invité éditorialiste de l'émission. Les débatteurs abordent aussi le serpent de mer de la question récurrente du retrait de la rue des enfants dit talibés.
"Tract...et Plus", une émission en partenariat entre SenePlus et Tract.sn. Réalisation et montage par Boubacar Badji.