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16 juillet 2025
CANCÉREUX À L'AGONIE
Confiné par le coronavirus, le ministère de la Santé ne semble s’intéresser qu’au nombre de morts et de cas dû à cette nouvelle maladie. Pendant ce temps, les cancéreux, avec leurs familles, continuent de souffrir atrocement dans leur coin
Confiné par le coronavirus, le ministère de la Santé ne semble s’intéresser qu’au nombre de morts et de cas dû à cette nouvelle maladie. Pendant ce temps, les cancéreux, avec leurs familles, continuent de souffrir atrocement dans leur coin. A cause des mesures restrictives et des difficultés de trouver un rendez-vous à l’hôpital, certains ne parviennent plus à poursuivre leur traitement.
Abdoulaye Diouf Sarr serait-il devenu le ministre en charge du coronavirus ? Depuis le début de cette pandémie, on a l’impression qu’on ne meure que de cette maladie au Sénégal. Des ressources humaines et financières colossales ont été mobilisées en un temps record, pour lutter contre la Covid-19. Souvent au détriment d’autres pathologies parfois bien plus graves, qui emportent plus de vies, ruinant beaucoup de familles.
Fatou Diouf¨a le cœur meurtri. Sa tante souffre du cancer. Et voilà cinq longs mois qu’elle n’arrive pas à décrocher un rendez-vous pour son traitement. ‘’Imaginez un malade du cancer, sans aucun traitement depuis janvier’’, témoigne la nièce très étreinte par l’amertume. Avant d’ajouter : ‘’On ne fait qu’essayer de stabiliser ses problèmes cardiovasculaires. Mais son état santé se dégrade de plus en plus. C’est vraiment très difficile. Nous espérons vivement en finir bientôt avec cette crise pour qu’elle puisse décrocher son rendez-vous.’’
En fait, la bonne dame était convoquée le 7 mai dernier à l’hôpital Dalal Diam de Guédiawaye. C’était pour prendre les mesures pour sa radiothérapie. Hélas ! Elle va devoir prendre son mal en patience. Son rendez-vous a été renvoyé sine die. ‘’Ils ne nous ont pas donné les motifs. Ils ont juste promis de nous rappeler ultérieurement. Sans plus de détails’’, confie Mlle Diouf. Ainsi furent brisés tous leurs espoirs de rencontrer enfin un médecin. Et la malade de continuer de souffrir dans son coin, sous les yeux de sa famille impuissante.
Perte de revenus, peur d’attraper le coronavirus, difficultés liées au transport
Elles sont par dizaines, les familles de personnes atteintes de cancer qui peinent sérieusement à soulager leurs malades, en ces temps de pandémie de coronavirus. La fréquentation des structures de prise en charge a drastiquement baissé. Rien que pour le Centre international de cancérologie de Dakar, une bonne partie de la clientèle a été perdue. Car, renseigne le Dr Abdoul Aziz Kassé, 80 % de la clientèle de cette structure privée provenait de la sous-région. Avec la fermeture des frontières, tout ce beau monde se retrouve dans des difficultés énormes pour rejoindre leur médecin.
Hormis cet obstacle, plein d’autres se dressent devant les cancéreux qui ont toutes les difficultés du monde pour subir correctement leur traitement. Pour Modou Fall, le problème est double. En plus des nombreuses difficultés pour décrocher une autorisation de voyager en vue de rallier sa structure de soins, il a aussi la trouille de choper le coronavirus. Ce qui est en partie dû à la communication autour de la nouvelle maladie contagieuse. La soixantaine révolue, il développe : ‘’On dit que le coronavirus attrape plus les personnes âgées. Moi, en plus d’être vieux, j’ai le cancer et j’ai aussi le diabète. C’est pourquoi, je ne veux pas me rendre dans les hôpitaux. J’attends que la crise passe.’’
Revenant sur la baisse de la clientèle, le Pr. Kassé explique que cela pourrait être lié à plusieurs facteurs. En sus de ceux qui ont été mentionnés, il invoque des facteurs économiques. ‘’Un malade m’a dit qu’il ne peut pas venir, parce qu’il n’a pas d’argent. Il arrivait à honorer ses rendez-vous, grâce au soutien d’untel ou d’untel autre membre de sa famille. A cause de la crise, il a perdu ses revenus. Il y a aussi le cas d’un autre patient que je suivais au centre. Il a fini son traitement par radio-chimiothérapie, le 12 février, mais jusqu’à présent, il n’arrive pas à être opéré, faute de moyens. C’est un marchand qui n’arrive plus à avoir des recettes. Tous ces gens sont obligés d’attendre’’.
Des patients traités qui ne guérissent pas à cause de la qualité douteuse des médicaments indiens
En ces temps de pandémie, les cancéreux sont confrontés à un supplice sans fin. Quand, par extraordinaire, ils parviennent à décrocher un rendez-vous, il y a les ruptures de médicaments qui se dressent contre leur prise en charge. Selon le Pr. Kassé, depuis le début de la crise, les malades peinent à avoir certains médicaments. ‘’J’ai remarqué que, quand nous prescrivons certains médicaments à certains malades, ils ont du mal à les trouver sur le marché. Parfois, ils font le tour des pharmacies sans rien voir. Nous avons même eu à requérir qu’une dame achète un médicament du Mali, puis de la Côte d’ivoire pour le faire venir via DHL. Vous vous rendez compte !’’.
Outre les ruptures, la qualité des médicaments disponibles au Sénégal est également très douteuse, si l’on en croit le Dr Kassé. ‘’Nous voyons, dit-il, des malades qui sont soignés avec ces génériques indiens, qui n’ont pas de chute de cheveux, pas de problème au niveau des ongles, pas de vomissement, aucune complication liée à une chimiothérapie normale. En définitive, on se rend compte qu’ils ne guérissent pas. Est-ce que réellement, dans ces médicaments indiens, il y a la molécule ? Est-ce que réellement, il y a la quantité de produits suffisants ? Je pense qu’il faut arrêter’’.
Pourtant, en 1978 déjà, renseigne le Pr. Kassé, il y avait la Sipoa qui fabriquait des médicaments génériques. Selon lui, cette industrie a été tuée par des Sénégalais. L’administration aurait fait peser tellement de charges que ce n’était plus rentable. Une autre multinationale allemande a repris l’usine, mais sans succès. ‘’Actuellement, l’Inde et le Maroc achètent en Chine la poudre de ces médicaments, ils vont fabriquer des comprimés et injections et viennent les déverser au Sénégal. Sans contrôle de qualité, sans rien. Pourquoi on n’est pas capable de faire la même chose et d’avoir de la qualité pour nos malades et même pour desservir la sous-région ? Les îles du Cap-Vert le font. Pourquoi ce n’est pas possible au Sénégal qui le faisait en 1978 ?’’, s’indigne le cancérologue. Non sans rappeler qu’il y a quatre ans, il a été en Allemagne pour voir un groupe de Sénégalais en vue de faire la même chose. Mais le projet a été stoppé net par des fonctionnaires, à cause de querelles de leadership.
Des familles ruinées
Par ailleurs, corona ou pas corona, les cancéreux sont habitués aux supplices de toutes sortes. Quand un membre de la famille chope la méchante maladie, c’est le cauchemar pour tous les proches. Fatou Diouf ne démentira certainement pas cette assertion. La jeune entrepreneure a dû renoncer à beaucoup de projets pour accompagner sa tante. Un impact incalculable sur son travail, sur sa vie. Triste, mais la foi en bandoulière, elle se confesse : ‘’Je ne peux te dire combien de contrats cela m’a fait perdre. Parfois, j’emmenais mon ordinateur avec moi à l’hôpital, dans l’espoir de profiter du temps d’attente. Mais c’est quasi impossible. Car quand elle s’assoit, il faut qu’elle s’adosse à quelque chose. Et c’est sur moi. Il en est ainsi de 6 heures à 17 heures parfois.’’
La prise en charge des personnes atteintes de cancer, selon elle, est désastreuse. A Le Dantec, le service est plein tout le temps, et dès l’aube. Il n’empêche, Fatou loue la bravoure des blouses blanches, mais décrie la situation de la structure. ‘’Je dois dire que je suis admirative des médecins. De véritables héros. Mais les moyens sont dérisoires. L’hôpital est dans un dénuement total. En plus du malade entre tes bras, tu dois courir à gauche et à droite pour avoir des chaises roulantes, une place pour garer sa voiture… C’est difficile’’, lâche-t-elle, un brin dépitée.
A ce calvaire, il faut ajouter le coût financier exorbitant. ‘’En deux temps, trois mouvements, témoigne Mlle Diouf, cela te prend des millions qui partent pour des analyses à faire chaque semaine ou chaque quinze jours. Pour ma tante, ils avaient dit qu’elle serait peut-être opérée. Ensuite, ils sont venus dire qu’elle va faire une chimiothérapie, avant de nous dire qu’elle est trop fragile pour un traitement. Car elle a aussi des problèmes cardiaques. Finalement, ils ont opté pour une radiothérapie’’.
Revenant sur le montant du traitement, le Pr. Kassé essaie de donner une idée. Si un membre de votre famille doit faire une radiothérapie, explique-t-il : c’est une biopsie 46 000 F, un scanner 100 000 F, une IRM 160 000 F, un bilan biologique 46 000 F CFA… Et arrivé jusqu’à la chimiothérapie 3 500 000 F, la radiothérapie 2 700 000 F CFA… ‘’D’où est-ce que vous allez tirer tout ça ? Mais vous êtes complètement ruiné. Non seulement vous êtes ruiné, mais vous ruinez toute la famille. Vous allez y mettre vos économies, vos biens, tout pour soigner votre malade. Parce que le système de solidarité est limité à l’échelle familiale’’.
Selon lui, il urge de mutualiser les ressources à l’échelle nationale pour soulager tous les malades. En plus des cotisations, il estime que l’Etat devrait davantage taxer des produits comme la cigarette, l’alcool, les produits alimentaires transformés…
Quand l’Etat peine à compter ses malades et morts du cancer
En attendant les mesures draconiennes pour soulager les familles et les malades, le cancer continue de faire des ravages aussi bien au Sénégal que dans le monde. Il résulte des statistiques d’organismes internationaux spécialisés que le cancer a tué plus de 3 millions de personnes, depuis le début de l’année, soit beaucoup plus que le coronavirus (chiffres du 23 mai).
Au Sénégal, en l’absence d’un effort de l’Etat, ne serait-ce que pour compter les malades, il faut se référer aux chiffres l’Organisation mondiale de la santé. Et selon ladite organisation, chaque année, 10 700 cas de cancer sont diagnostiqués dans le pays pour 7 500 nouveaux décès ; soit 30 nouveaux cas de cancer et 21 décès chaque jour.
Invoquant ces chiffres, le Pr. Kassé déclare : ‘’Imaginez, un seul instant, qu’on se mette à la radio ou à la télévision, tous les matins, pour dire : depuis ce matin, nous avons enregistré 30 nouveaux cas de cancer ; depuis ce matin, nous avons 21 nouveaux décès par cancer… C’est sûr que cela créerait une véritable psychose chez les populations. Je ne discute pas de la communication sur le coronavirus, encore moins la stratégie… Je dis juste que si on faisait la même chose pour les maladies infectieuses, le sida, le cancer, le diabète, les maladies cardiovasculaires… cela serait, à coup sûr, contreproductif. Mais pour le coronavirus, je ne sais pas si c’est approprié ou pas ; les responsables s’en chargent.’’
A en croire le cancérologue, il faut certes se mobiliser pour lutter contre le coronavirus qui se propage très vite et qui tue. Mais il ne faudrait pas non plus oublier les autres pathologies. Selon lui, l’Etat, à travers une implication personnelle du chef de l’Etat, a fait des efforts très importants, mais leur mise en application souffre d’une incohérence absolue. Parmi ces efforts, il y a l’achat de trois machines de radiothérapie, la gratuité des vaccins (hépatite et papyloma), la gratuité dans la chimiothérapie… souligne-t-il, non sans préciser : ‘’Sauf qu’on lui a acheté des médicaments indiens qui ne marchent pas.’’
LE DISCOURS VISIONNAIRE DE MALCOLM X EN AFRIQUE
En 1964 lors du sommet de l’OUA au Caire, il tentait de sensibiliser ses « frères africains » aux discriminations vécues par les Afro-Américains. Un discours qui préfigurait l’émotion africaine ressentie, 56 ans plus tard, autour de l’affaire George Floyd
En 1964, lors du sommet de l’OUA au Caire, Malcolm X tentait de sensibiliser ses « frères et soeurs africains » aux discriminations vécues par les Afro-Américains. Un discours qui préfigurait l’émotion africaine ressentie, 56 ans plus tard, autour de l’affaire George Floyd…
Six jours après le meurtre de Georges Floyd, cet Afro-Américain de 46 ans, père de deux enfants, mort étouffé sous le genou d’un policier blanc de Minneapolis, le président de la commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, condamnait fermement ce « meurtre survenu (…) aux mains d’agents des forces de l’ordre » et présentait « ses plus sincères condoléances à la famille du défunt ainsi qu’à tous ses proches ».
Dans le même texte, le Tchadien rappelait qu’en 1964, l’Organisation de l’unité africaine – ancêtre de l’UA – avait adopté une résolution contre les discriminations raciales, aussi bien en Afrique du Sud, qu’en Rhodésie ou aux États-Unis.
Concernant les Etats-Unis, l’OUA rappelait alors que « l’existence de pratiques discriminatoires est un sujet de profonde préoccupation pour les États membres de l’OUA », exhortant « les autorités gouvernementales des États-Unis d’Amérique à intensifier leurs efforts pour assurer l’élimination totale de toutes les formes de discrimination fondées sur la race, la couleur ou l’origine ethnique. »
Durant ce sommet de juillet 1964, Malcolm X, le leader emblématique de la lutte pour les droits et la dignité des Afro-Américains, avait été invité, en tant qu’observateur, pour tenir un poignant plaidoyer panafricain sur les discriminations dont étaient alors victimes, sur l’autre rive de l’Atlantique, les Afro-Américains.
Un discours radical et visionnaire que Jeune Afrique exhume aujourd’hui :
Excellences,
L’Organisation de l’unité afro-américaine m’a envoyé afin d’assister à cette conférence historique du Sommet africain, en tant qu’observateur, afin de représenter les intérêts des 22 millions d’Afro-Américains dont les droits humains sont quotidiennement violés par le racisme des impérialistes américains.
L’Organisation de l’unité afro-américaine a été créée par un échantillon représentatif de la communauté afro-américaine d’Amérique et elle est calquée, aussi bien par la lettre que par l’esprit, sur l’Organisation de l’unité africaine.
Tout comme l’Organisation de l’unité africaine a appelé tous les dirigeants africains à surmonter leurs différences et à s’unir autour des mêmes objectifs, pour le bien commun de tous les Africains, l’Organisation de l’unité afro-américaine a appelé, en Amérique, les dirigeants afro-américains à surmonter leurs différences et à trouver des terrains d’entente à travers lesquels ils pourraient travailler ensemble, pour le bien commun des Afro-Américains.
Étant donné que ces 22 millions d’Afro-descendants résident maintenant en Amérique, non par choix, mais uniquement par un cruel accident de notre histoire, nous croyons fermement que les problèmes africains sont nos problèmes et que nos problèmes sont des problèmes africains.
Nous croyons également qu’en tant que chefs des États africains indépendants, vous êtes les bergers de tous les peuples africains, partout dans le monde, qu’ils se trouvent encore sur la terre-mère ou qu’ils aient été dispersés outre-mer.
Certains dirigeants africains présents à cette conférence ont laissé entendre qu’ils rencontraient suffisamment de problèmes pour avoir à se préoccuper de la question afro-américaine.
Avec tout le respect que je dois à ces prises de position, que je respecte, je dois vous rappeler à tous qu’un bon berger laissera chez lui 99 moutons qui sont en sécurité pour aller secourir celui qui s’est perdu et qui est tombé entre les griffes du loup impérialiste.
Chiens policiers vicieux
En Amérique, nous sommes vos frères et sœurs, perdus depuis longtemps. Et si je suis ici, c’est uniquement pour vous rappeler que nos problèmes sont vos problèmes. Alors que les Afro-Américains se réveillent aujourd’hui, nous nous trouvons sur une terre étrangère qui nous a rejetés. Et, tel le fils prodigue, nous nous tournons vers nos frères aînés pour obtenir de l’aide. Nous prions pour que nos supplications ne tombent pas dans l’oreille d’un sourd.
EXCLUSIF SENEPLUS - Sur la chaise de transfusion, j’ai essayé d’être le plus positif possible - Le cœur léger et ouvert - En unité avec l’univers - NOTES DE TERRAIN
Samedi 30 mai 2020. Il n’est pas prévu que je sorte aujourd’hui. Les deux jours précédents, il a fait chaud. Très chaud. Et j’ai beaucoup marché. Plusieurs fois dans la rue, j'ai ôté mon masque en tissu. Tellement l’air était sec, la chaleur pesante. Du reste, je n’ai rien à faire dehors, d’urgent ou d’obligatoire ce week-end. Je vais profiter de la fraîcheur de l’appartement, et continuer la lecture critique de Jeremy Rifkin. C’était le programme. Je m’y suis attelé. De 9 heures à 12 heures. Seules deux conférences de travail, très brèves, ont entrecoupé la séance. Il n’était pas non plus prévu d'ouvrir Twitter. Le samedi est un jour de break sur les réseaux sociaux. Mais voilà, j’ai abdiqué.
La technologie n’a pas seulement changé nos modes de vie. Elle nous rend esclaves. Tentés en permanence par le clic. Indisponibles à la pleine conscience. Happés par une curiosité insatiable et délirante. Qu’est-ce que nous cherchons sur les réseaux sociaux ? Très peu de ce qui augmente l’esprit. J’ai consulté Twitter, par manque de contrôle. Y avait-il des choses intéressantes ? Beaucoup de tweets sur les Etats-Unis. Quelques informations sur la situation du jour, concernant le Covid-19 au Sénégal. Les mêmes centres d’intérêt. Les mêmes rengaines. Les mêmes influences. Les névroses. Les mégalomanies. Les grandes frustrations. On pourrait très facilement faire une archéologie sociale. En parcourant attentivement les messages sur les réseaux sociaux.
Il serait même aisé de tirer quatre ou cinq conclusions solides : des convenances débilitantes ; une médiocrité spirituelle ; une bourgeoisie bouffonne, une disposition à la courtisanerie ; un manichéisme total. Si l’on observe en profondeur, on se rend compte que les mêmes forces d’inertie, qui agissent depuis longtemps sur le corps social et l’exposent à tous les jougs, continuent leur travail de sape, en s’emparant de la technologie. Il faut y voir clair. Si l’on regarde les choses de près, qu’est-ce qui fait tendance ? Un vieil esprit, au fond réactionnaire. En examinant les forces qui nous modèlent, nous parvenons à comprendre notre mouvement en tant que peuple. Nos ressorts psychologiques. Et ainsi, pouvons-nous répondre à cette question : pourquoi sommes-nous dans une situation sociale si mauvaise ?
En scrollant, je suis tombé sur un post qui appelait à un don de sang. Une urgence. Un patient avait besoin d’un donneur spécifique. Je répondais au profil recherché. J’ai envoyé un message à la personne qui a écrit le message, pour lui demander si un donneur a été trouvé. Elle a répondu, quelques minutes plus tard. Des volontaires se sont manifestés. J’avais déjà embarqué dans le premier taxi que j’ai aperçu dans la rue. Une vieille Renault. La carcasse rouillée à l’extérieur, poussiéreuse à l’intérieur. Direction le Centre national de transfusion sanguine. À bord, le chauffeur m’a expliqué qu’il avait entendu à la radio, le matin, qu’il y avait une pénurie de sang. Il m’a demandé si j’allais faire un don. J’ai répondu par l’affirmative.
- Dieu te le rendra.
- Amiin !
Mais il ne s’agissait pas de cela. Ce n’était ni pour une récompense divine, ni par élan altruiste pur que je le faisais. C’était juste une exigence. Un impératif catégorique. En réalité, je ne voulais pas bouger ce samedi matin. En voyant le message sur Twitter, je me suis représenté mentalement un homme mourant, victime d’accident. Quelque part, dans une salle triste de Dantec ou de Principal. Où j’ai quelquefois séjourné. Quel enfer ! Va savoir pourquoi mon imagination est allée aussi loin ! Dès que cette image a surgi, j’ai pensé : « Si tu ne te lèves pas immédiatement pour y aller, ce sera une non-assistance à personne en danger. » Ce jugement moral m’a soulevé de mon siège. Je suis arrivé au Cnts, très vite. La circulation était fluide.
À l’accueil, deux personnes agréables m’ont donné une fiche à remplir. J’ai été ausculté. Puis deux autres formalités ont été suivies. On m’a enfin donné une poche de sang vide, et désigné une salle pour l’opération. La femme qui m’a piqué manquait de délicatesse. Elle faisait son travail, mécaniquement, sans empathie. Vraisemblablement, elle voulait rentrer. Elle était un peu agacée, par le défilé de donneurs, qui continuait. Sur la chaise de transfusion, j’ai essayé d’être le plus positif possible. Le cœur léger et ouvert. En unité avec l’univers. Pour que le sang que je partage puisse être aimant et généreux. J’ai médité sur l’interdépendance. Le sang qui coule dans mes veines est le fruit de nombreuses interactions. Les globules blancs, les globules rouges, le plasma et les plaquettes constituent les produits finis de labeurs. Qui dépassent ma personne et enjambent les frontières.
Au-delà de son caractère vital pour l’organisme, le sang est la moisson d’une collaboration dont les liaisons sont isolées. Le pain que j’ai mangé, ce matin. Le kinkéliba absorbé. L'eau de source embouteillée des plateaux de Diass, avec laquelle je me suis désaltéré. Le riz thaïlandais avalé, hier. Mes veines accueillent les fruits de laboureurs inconnus. Qui sont parfois à des milliers de kilomètres. C’est pourquoi le sang que je donne, qui contient la chaleur de mon être, ne m’appartient pas exclusivement. C’est l’intelligence de l’univers qui a voulu que j’en sois le dépositaire. J’espère que ce sang sera équilibré. Calme. Pour que les nutriments qu’il transporte soient les levains de la guérison. Et qu’il nourrisse utilement les entrailles de ce frère ou de cette sœur, anonyme. C’est une prière. Amiin !
Retrouvez sur SenePlus, "Notes de terrain", la chronique de notre éditorialiste Paap Seen tous les dimanches.
Les villageois ont enfreint l'interdiction qui leur avait été signifiée la veille de manifester, ce qui a conduit la gendarmerie à intervenir, a dit son porte-parole
Des heurts ont mis aux prises des villageois protestant contre la pénurie chronique d'eau courante avec des gendarmes samedi au Cap Skirring (sud du Sénégal), ont dit la gendarmerie et les médias. Un porte-parole de la gendarmerie a indiqué que les troubles dans cette localité de Casamance n'avaient pas fait de blessé et que les gendarmes avaient dispersé les manifestants à l'aide de gaz lacrymogène alors que les médias, citant des témoignages locaux, ont fait état de blessés et de l'emploi de balles réelles.
Les villageois ont enfreint l'interdiction qui leur avait été signifiée la veille de manifester, ce qui a conduit la gendarmerie à intervenir, a dit son porte-parole. Il a rapporté des jets de pierres et des pneus incendiés. Seize personnes, dont quatre instigateurs présumés des troubles, ont été interpellées, a-t-il dit. Les manifestants entendaient protester contre l'absence d'eau courante qu'ils réclament depuis des années.
Le Cap Skirring, à l'extrémité sud-ouest du Sénégal, est une avancée de terre dans l'Atlantique et une destination touristique prisée des étrangers, notamment des Français, pour ses plages.C'est aussi le nom du village qui s'est développé avec l'installation d'un Club Méditerranée, de nombreux hôtels et d'un aéroport. Cependant, les retombées de l'activité pour les villageois sont saisonnières et limitées par le modèle touristique. L'activité a été sévèrement affectée par la pandémie de coronavirus.
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ENQUÊTE SUR L'EVOLUTION DU CORONAVIRUS EN AFRIQUE
Du Cameroun à l'Afrique du Sud, en passant par la Tunisie, le Sénégal et Madagascar, comment se passe le déconfinement ? Enfin, qu'en est-il de la distanciation sociale ?
Alors que la pandémie de Covid-19 poursuit lentement sa progression en Afrique, nos correspondants ont réalisé une série de reportages et d'entretiens à travers le continent. Du Cameroun à l'Afrique du Sud, en passant par la Tunisie, le Sénégal et Madagascar, ils ont enquêté sur l’évolution de la pandémie. Les pays africains résistent-t-ils mieux que les autres au coronavirus ? Comment se passe le déconfinement ? Enfin, qu'en est-il de la distanciation sociale ?
- Au Cameroun, l’impossible distanciation sociale dans les bus bondés de Yaoundé, la capitale. Reportage de Marcel Amoko
- En Afrique du Sud, pays sans marchés à ciel ouvert, les supermarchés sont au cœur de la propagation du Covid-19. Reportage de Caroline Dumay
- Au Sénégal, rencontre avec le docteur Abdoulaye Bousso, directeur des opérations d’urgences sanitaires. Il fait le point sur l’évolution de la maladie dans son pays et à travers le continent. Entretien réalisé par Sarah Sakho.
- En Tunisie, l’heure est au déconfinement. Notre correspondante Lilia Blaise s’est rendue à Bizerte, Sousse et Tunis, la capitale.
- A Madagascar, le virus et les mesures restrictives affectent les petits commerçants et font plonger leurs revenus. Reportage de Gaëlle Borgia.
LES DROITS DE L'HOMME BAFOUÉS EN AFRIQUE À L’ÈRE DU CORONAVIRUS
Là où l’histoire est marquée par les violences politiques et la relative impunité des forces de l’ordre, des citoyens ont été tués par la police pour non-respect des règles du confinement et de l’état d’urgence sanitaire
Blog du Monde Diplo |
Sabine Cessou |
Publication 31/05/2020
Les décrets de couvre-feu et de confinement décidés fin mars en Afrique se sont soldés dans certains pays — peu nombreux, il faut le souligner, sur les 54 que compte le continent — par des abus des droits humains. La crise des droits humains par temps de pandémie paraît par ailleurs globale et n’a rien de spécifique à l’Afrique. Sur le continent, on peut néanmoins relever que là où l’histoire est marquée par les violences politiques et la relative impunité des forces de l’ordre, des citoyens ont été tués par la police pour non-respect des règles du confinement et de l’état d’urgence sanitaire.
Au moins 18 exécutions extra-judiciaires ont été dénoncées par la Commission des droits de l’homme du Nigeria dans les quinze premiers jours du « lockdown » — soit plus de morts au 24 avril aux mains de la police que de patients tués par le coronavirus (12 personnes).
En Afrique du Sud, l’interdiction de vente d’alcool, décidée par le gouvernement pour éviter les rassemblements pendant un confinement strict, a entraîné des brutalités de l’armée, déployée en masse, qui ont fait au moins huit morts.
Des citoyens tués pour non-respect du confinement
Au Kenya, six personnes ont péri dans les dix premiers jours du couvre-feu, décrété le 27 mars. Abattues sur des marchés ou en rentrant de leur travail. La police kényane a également assassiné un adolescent de 13 ans qui se trouvait sur son balcon, avec ses frères et sœurs.
En Ouganda, deux ouvriers du bâtiment ont été tués le 26 mars par la police, pour avoir roulé en taxi-moto à la périphérie de la capitale, Kampala. Une interdiction de circulation de voitures privées avait été instaurée. Sur les marchés, des commerçants ont été battus et fouettés, tandis qu’au Rwanda voisin, des dizaines de personnes étaient arrêtées, dont quatre blogueurs dénonçant des abus après le « lockdown » du 22 mars.
Le ministère de la Santé et de l’action sociale a annoncé ce dimanche, 110 nouvelles contaminations au Coronavirus, portant le total à 3645 depuis le début de la pandémie dans le pays.
Dakar, 31 mai (APS) - Le ministère de la Santé et de l’action sociale a annoncé ce dimanche, 110 nouvelles contaminations au Coronavirus, portant le total à 3645 depuis le début de la pandémie dans le pays.
Sur 1024 tests virologiques, les 110 sont revenus positifs, soit un taux de 10,74 pour cent, a indiqué le directeur de cabinet du ministère de la Santé Docteur Alyose Waly Diouf.
Il s’agit de 98 cas contacts suivis et de 12 cas issus de la transmission communautaire, a précisé Dr Diouf.
Les cas communautaires sont identifiés à Grand Yoff (4), Guédiawaye (2), Yoff (1), Yarakh (1), Diamaguène (1), Ouakam (1), Touba (2), a-t-il ajouté.
Il a signalé que 40 patients ont été testés négatifs donc guéris, portant le nombre total à 1.801.
Un nombre de 14 malades sont dans les services de réanimation dans les hôpitaux, a-t-il fait savoir.
A ce jour, le Sénégal comptabilise 3.645 cas, dont 1.801 guéris, 42 décès, un évacué et 1.801 sous traitement dans les hôpitaux, selon le directeur de cabinet du ministère de la Santé.
MOUSSA NDIAYE RACONTE SON 31 MAI 2002
L’ancien international sénégalais, Moussa Ndiaye, se souvient avoir joué le match de sa vie contre la France le 31 mai 2002 en Coupe du monde à Séoul en Corée du Sud.
Dakar, 31 mai (APS) – L’ancien international sénégalais, Moussa Ndiaye, se souvient avoir joué le match de sa vie contre la France le 31 mai 2002 en Coupe du monde à Séoul en Corée du Sud.
L’ancien attaquant rappelle avoir été titularisé en attaque sur le flanc droit des Lions lors de ce match d’ouverture contre les Bleus, champions du monde en 1998. On lui avait demandé de bloquer le couloir gauche de la France pour empêcher au défenseur Bixente Lizarazu de monter pour faire des centres ou passer le ballon à l’attaquant Thierry Henry.
"Je n’avais pas de doute que j’allais réussir haut la main ce qu’on avait mis en place parce qu’à la base, j’avais une formation de défenseur central", a rappelé l’ancien pensionnaire de l’académie Aldo Gentina.
"C’est là-bas qu’on m’avait fait monter parce qu’à la base, j’étais un défenseur central et c’est pourquoi je n’ai pas eu du mal à m’insérer dans le système de jeu mis en place par (Bruno) Metsu (ancien sélectionneur national) pour ce match", a-t-il ajouté dans un entretien téléphonique avec l’APS.
L’ancien joueur de l’AS Monaco et de Sedan dans l’élite française dit qu’il n’avait pas eu "peur" et savait que cette rencontre pouvait changer sa vie.
Et justement, Moussa Ndiaye qui devait faire son trou sur le Rocher, estime avoir vécu ce prêt et ce transfert vers Sedan comme "une injustice" et il y avait une volonté de se montrer contre ses anciens coéquipiers monégasques.
"Dans cette équipe de France, il y avait d’anciens coéquipiers monégasques à savoir (Fabien) Barthez, (Thierry) Henry, (David) Trézéguet et (Emmanuel) Petit", rappelle Moussa Ndiaye, soulignant que Lilian Thuram était aussi un ancien joueur de Monaco.
"Nous avions décidé de nous battre et tirer la couverture à nous", a-t-il dit soulignant que dans le camp sénégalais, il y a cinq autres anciens monégasques, Tony Sylva, Salif Diao, Amdy Faye, Souleymane Camara et lui-même.
"Nous ne pouvons pas nourrir de complexe vis-à-vis d’eux malgré les titres qu’il avait gagnés, Mondial 1998 et Euro 2000", s’est souvenu Moussa Ndiaye.
Selon lui, les joueurs sénégalais ont débuté "le match à 100 à l’heure", et n’ont jamais levé le pied jusqu’au coup de sifflet final.
A la fin du match, a-t-il fait savoir, c’est à l’hôtel que les Lions se sont rendus compte de l’étendue de leur performance notamment en voyant les images venues de Dakar.
‘’A l’hôtel, tout le monde était dans un état second et personnellement, je me suis dit que je venais de réussir le match de la vie", s’est-il souvenu. Moussa Ndiaye précise toutefois que lors de la rencontre contre le Nigeria (1-1 à Dakar) en 2000, il avait réussi à élever son niveau de jeu.
"Le Nigeria de l’époque, c’était quelque chose mais c’était peut-être dû au fait que c’était en Afrique et les deux matchs en éliminatoires et en phase finale de la CAN (1-2) étaient moins médiatisés en Europe comparés au match d’ouverture d’une Coupe du monde", a-t-il expliqué.
A Dakar en éliminatoires et contre la même équipe en phase finale de la CAN 2000 à Lagos, l’attaquant sénégalais se souvient avoir fait de grosses performances.
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MORT DE GEORGE FLOYD AUX ETATS-UNIS, UN TOURNANT ?
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L'HYDROXYCHLOROQUINE TOUJOURS PLÉBISCITÉE EN AFRIQUE, MALGRÉ LES CONTROVERSES
Adopté en Afrique depuis le début de la pandémie, le fameux « protocole Raoult », mêlant chloroquine et azithromycine, continue à être utilisé dans de nombreux pays, en dépit des mises en garde de l’OMS suite à l’étude publiée par « The Lancet »
Jeune Afrique |
Marième Soumaré |
Publication 31/05/2020
La riposte ne se sera pas faite attendre. Moins d’une semaine après la publication, dans la prestigieuse revue scientifique The Lancet, d’une étude mettant en cause l’efficacité de l’hydroxychloroquine contre le coronavirus, l’infectiologue Didier Raoult publiait de nouveaux résultats pour défendre son traitement.
« Un diagnostic précoce, un isolement précoce et un traitement précoce avec au moins trois jours d’HCQ-AZ permettent d’obtenir un résultat clinique et une contagiosité nettement meilleurs chez les patients atteints de Covid-19 que les autres traitements », conclut l’étude. Elle s’appuie sur la prise en charge clinique de 3737 patients, dont la majorité (81,7%) ont été traités avec le fameux procédé HCQ-AZ : la combinaison hydroxychloroquine-azithromycine.
Quelques jours plus tôt, le professeur français démolissait l’étude de The Lancet, qu’il qualifiait de « foireuse ». Cette dernière dénonce l’inefficacité de ses molécules et le risque d’augmentation de l’arythmie cardiaque des patients.
« Comment voulez-vous qu’une étude faite avec des big data change ce que nous avons dit ? […] La question est plutôt de savoir s’il existe une dérive des journaux de recherche médicale […], dans lesquels la réalité tangible est tordue d’une telle manière qu’à la fin, ce qui est rapporté n’a plus rien à voir avec la réalité observable », avançait Didier Raoult.
Ces pays qui ne renoncent pas
Et l’infectiologue français n’est pas le seul à être monté au créneau pour critiquer les résultats publiés par The Lancet. L’épidémiologiste marocain Jaâfer Heikel, qui évalue à plus de 94 % le taux de guérison dans la région de Casablanca, a réagi à l’étude et en a soulevé les « limites ».
« Attention, il faut bien comprendre que ce n’est pas une étude clinique mais une analyse de registres de données de différents hôpitaux et pays. C’est évidemment une publication importante qu’il faut considérer pour ce qu’elle vaut : ni plus ni moins», a-t-il fait remarquer. Le Maroc, qui est l’un des premiers pays à avoir adopté le protocole Raoult, et qui revendique un taux de guérison de 60 %, continuera donc bien à utiliser ce procédé pour soigner ses malades.
À en croire l’équipe de Didier Raoult, le Bénin, le Cameroun, le Sénégal, la Guinée, le Congo et la RDC n’y renoncent pas non plus. D’autres pays, comme le Nigeria, l’Algérie, la Tunisie ou le Togo, se sont officiellement prononcés pour défendre l’utilisation de la combinaison HCQ-AZ.