Il était un pilote de l’armée de l’air, né en 1948. Il était le responsable de la formation des hélicoptères de manœuvre, de liaison et d’observation de l’Opération Fodé Kaba 2, en 1981. En effet, cette opération d’une grande envergure s’est matérialisée par l’implication de l’armée sénégalaise afin de débarrasser la Gambie des putschistes. En fait, Kukoi Samba Sanyang avait perpétré un coup d’Etat contre Dawda Jawara et retenu en otage la famille du Président gambien pendant que celui-ci était à Londres où il assistait au mariage du prince Charles.
Plus d’une centaine de parachutistes sénégalais ont été largués en Gambie durant cette opération dont les péripéties sont relatées dans le livre du colonel Mbaye Cissé, « Opération Fodé Kaba II, Des diambars dans le vent ».
Fodé Kaba 2 a permis le rétablissement constitutionnel en Gambie
C’est au cours de cette mission lancée le 1er août 1981 que le capitaine Mame Andalla Paul Sory Cissé a perdu la vie, dans un accident d’hélicoptère. Il n’aura vécu que 33 ans, mais a laissé une belle image dans l’aviation militaire sénégalaise. Il est souvent cité en exemple pour son esprit de sacrifice. Ainsi, c’est en 1993 que la base de l’armée de l’Air de Ouakam a pris le nom du capitaine.
AMADOU FALL, LE RACCORDEUR DES CIVILISATIONS
A 65 ans, cet ancien instituteur est un connaisseur de l’histoire et de la culture casamançaises. Après avoir « rampé » jusqu’au doctorat, il a soutenu, en 2011, une thèse sur les baïnouks
Idrissa Sané et Seydou Ka et Moussa Sow |
Publication 19/08/2020
A 65 ans, cet ancien instituteur est un connaisseur de l’histoire et de la culture casamançaises. Après avoir « rampé » jusqu’au doctorat, il a soutenu, en 2011, une thèse sur le thème « La conception de l’être et de l’au-delà dans l’Égypte pharaonique et chez les peuples des rivières du Sud : exemple les baïnouks, les balantes, les diolas, les mankagnes », sous la direction de l’égyptologue Aboubacry Moussa Lam (Ucad).
Ses yeux semblent fatigués. Mais, l’homme dégage plutôt bonne mine dans son élégante chemise rouge-noire assortie d’un chapeau et d’une écharpe blanche que lui avait offert son ami Lamine Kéba Sonko, ancien champion de javelot, à l’occasion d’une fête organisée par l’Association mondiale des couples quarantenaires. Lui, n’a pas réussi à franchir ce cap symbolique en couple. Après trente ans de mariage, sa première épouse, originaire de Kaguitte, a brutalement demandé le divorce. Un épisode amer qu’il a encore du mal à digérer. On le sent dans sa voix. De cette première union sont nés trois enfants, dont une fille mariée et vivant actuellement à Atlanta, aux Etats-Unis.
Depuis, il s’est remarié. « C’est (donc) mon épouse (actuelle) qui m’a conseillé de m’habiller ainsi », explique-t-il, en réponse à notre compliment sur son look. En pays animiste, Amadou Fall ne serait jamais habillé en rouge-noir, couleurs réservées au roi. En effet, le rouge est le symbole de la puissance, de la royauté. « Les adeptes de la religion traditionnelle, comme on en trouve encore en Casamance, ne s’habillent jamais en rouge, parce que cela diminue la puissance du roi, c’est source de calamités », explique Amadou Fall. L’homme est un connaisseur de l’histoire et de la culture casamançaises. Une connaissance nourrie par la passion pour cette belle région. « Quand on aime quelqu’un ou quelque chose parce… c’est qu’on n’aime pas assez. Moi, j’aime la Casamance sans savoir pourquoi », justifie-t-il. Il a consacré toute sa vie à scruter ce « miroir paléo-ancestral » qu’est la Casamance. « Depuis 1990, j’enquête sur les peuples et l’histoire de cette région », dit-il. Une persévérance dont le couronnement a été la soutenance, en 2011, d’une thèse de doctorat sur le thème « La conception de l’être et de l’au-delà dans l’Égypte pharaonique et chez les peuples des rivières du Sud (Casamance) », sous la direction de l’égyptologue Aboubacry Moussa Lam (Ucad). Un travail de raccordement des civilisations qu’il poursuit à travers divers chantiers.
Cependant, Amadou Fall estime que rien n’est encore fait en matière de recherche dans cette région, notamment sur le paléolithique, une période encore peu connue en Afrique de l’Ouest. « La Casamance est un trésor anthropologique », résume-t-il. C’est pourquoi l’historien est en colère contre les gouvernements qui se sont succédé à la tête du Sénégal depuis l’indépendance, parce qu’ils n’ont « pas mis assez de ressources pour connaître notre histoire, notre culture ». Il juge anormal qu’il n’y ait pas un musée digne de ce nom en Casamance. Idem pour les autres régions.
En plus de sa casquette d’universitaire – il est vacataire à l’Université Assane Seck de Ziguinchor dans trois départements : histoire, sociologie et tourisme –, Amadou Fall est un grand passionné de la radio. Depuis 1995, il est une voix familière des ondes (Dunya, Walf Fm, Rsi) et a animé plusieurs conférences sur la crise casamançaise. Par ailleurs, il est le président du comité scientifique du Bureau organisation pour la revalorisation du patrimoine baïnouk (Borepab). A ce titre, il contribue modestement à documenter l’histoire de ce peuple. « De la Falémé à Diogué, toute la région naturelle de Casamance est imbibée de culture baïnouk », soutient-il. C’est d’ailleurs, ajoute-t-il, l’extrême humanité des baïnouks, les premiers à s’installer dans la région, qui a fait de la Casamance un « kaléidoscope humain ». Lui-même en est une belle illustration. Il est baïnouk du côté de sa mère (une Coly de Niamone) et diola du côté de son père (un Badji de Thionk Essyl), et compte une grand-mère peule (de la famille El Hadji Omar Foutiyou Tall). Son nom de famille actuel, Fall, remonte à la conversion de sa famille à l’islam. « À l’époque, quand quelqu’un se convertissait à l’islam, on lui faisait croire qu’il devait également abandonner, en plus de son prénom, son nom de famille pour celui de son convertisseur », explique-t-il. Il donne ainsi la clé pour comprendre ce qui paraît une anomalie, ou en tout cas une curiosité, en Casamance : des diolas qui se nomment Ndiaye, Fall, Diop, Guèye, Sarr, Diouf ou Diallo…
Au-delà d’être une synthèse du Sénégalais – sur le plan ethnique –, Amadou Fall est aussi un citoyen de l’Afrique tout court. Il est né en 1955 à Abidjan, en Côte d’Ivoire, où son père, douanier, était affecté. Le papa décédé très tôt, il a grandi à Dakar auprès de sa maman infirmière. Une trajectoire personnelle qui a sans doute forgé son caractère et a fait de lui « un panafricaniste convaincu ». Militant de longue date du Rassemblement national démocratique (Rnd) de Cheikh Anta Diop, il avait voté pour le libéral Abdoulaye Wade en 2000. « Le jour de l’élection, j’étais hospitalisé, mais j’ai demandé à sortir pour aller voter, parce que j’étais convaincu qu’Abdou Diouf devait tomber », se souvient-il. Il sera vite déçu par son successeur lorsqu’il entend Wade se prononcer, à la conférence de Durban (Afrique du Sud), en 2001, contre le rapatriement du patrimoine africain sous le prétexte que nous n’avons pas de musées où conserver ces objets. Comme quoi, le détail fait la révolte !
PAR Mamadu Sokrate Joob
DJIBRIL DIOP MAMBETY, LE CLASSIQUE QUI N’EN ÉTAIT PAS UN
EXCLUSIF SENEPLUS - Rien ne prédestinait son cinéma à faire école. A la sortie de Touki Bouki, les professionnels crièrent au scandale. Mais rien n’y fit : vingt ans plus tard, le cinéaste a la reconnaissance qu’il mérite
“Le cinéma c’est de la magie. Si tu veux savoir, tu casses la magie”.
Rien ne prédestinait le cinéma de Mambéty à faire école. Acculé de tout bord par la critique à la sortie de Touki Bouki, un film avec une entité narrative au style baroque, faisant un pied de nez à l’esthétique du cinéma africain. Les professionnels crient au scandale à l’époque. Mais rien n’y fit : vingt ans plus tard, le cinéaste a la reconnaissance qu’il mérite. Djibril, malgré lui devient alors un grand classique du Cinéma africain. Il acquiert une aura internationale qui surprend plus d’un. Pour celui qu’on surnommait à tort ou à raison “l’enfant terrible du Cinéma”, la réhabilitation du son œuvre par Martin Scorsese et la récente illustration de la tournée en Afrique du couple de Stars Beyoncé et Jay-Z par l’affiche de Touki bouki en sont la preuve d’un Cinéaste qui aura marqué à jamais le Cinéma.
Né à Dakar en 1945 à Colobane dans la banlieue dakaroise, Djibril Diop Mambéty est considéré comme l'un des réalisateurs les plus originaux, visionnaires et expérimentaux du cinéma africain. Certains vont jusqu’à le surnommer “Le poète de l’image.” Fils d’un religieux et frère du grand musicien Wasis Diop, il débute sa carrière artistique dans le théâtre pour travailler plus tard en tant qu'acteur au Théâtre National Daniel Sorano à Dakar. Pour comportement outrancier, il est expulsé. Dira-t-il plus tard “On m’a montré la porte, et cette porte est devenue pour moi celle du cinéma. Et comme Marigot dans le Franc, je ne me suis jamais séparé de cette porte”. En 1969, à 24 ans seulement, sans avoir reçu une formation dans une école de cinéma, il produit et réalise son premier court-métrage, Contras City. L'année suivante Mambety réalise un autre court, Badou Boy un Western Urbain, qui remporte le Tanit d'Argent au Festival de Carthages en 1970 en Tunisie. Son premier long métrage, Touki Bouki, réalisé en 1973, décrié par la critique au départ reçoit le Prix de la Critique internationale au Festival de Cannes et le Prix Spécial du Jury au Festival de Moscou. Malgré le succès du film, il faudra attendre vingt ans plus tard pour revoir Djibril sur les plateaux de tournage. En 1992, il réalise son deuxième long métrage Hyènes, une adaptation de l’ouvrage de Friedrich Dürrenmatt “La visite de la vieille dame” qui lui vaut une sélection en compétition officielle à Cannes. Durant cette longue pause, il fait en 1989 Parlons Grand-Mère, un documentaire sur la réalisation du film Yaaba d’Idrissa Ouédraogo. Au cours des dernières années de sa vie, le réalisateur travaille sur une trilogie de courts métrages, intitulé Contes des Petites Gens. Il réussit à remplir seulement le premier volet, Le Franc en 1994, alors que La Petite Vendeuse de Soleil, presque terminé est interrompu par la mort du réalisateur, et sort à titre posthume en 1999, un an après sa mort.
Une vision nouvelle du Cinéma
« Ma mission est de réinventer la façon de faire du cinéma », déclarait Djibril Diop Mambety dans un entretien lors du Festival Panafricain du Cinéma à Ouagadougou (FESPACO) en 1987. Djibril confirme encore la vieille chansonnette des grands artistes : La création née de la frustration. Il en a fait l'expérience lorsqu'il évoque les raisons qui l’ont amené à réaliser Touki Bouki “Je n’en pouvais plus de la physionomie du cinéma africain qui m’exaspérait, qui était trop superficiel. Non pas sur le plan idéologique, mais sur le plan de la forme. On ne va jamais au-delà, rien ne vacille. Cette petite colère a donné naissance à Touki Bouki”. Le Cinéma Africain venait de recevoir sa plus grosse claque. Djibril sonne le glas au prosaïsme classique et à la vieille rengaine révolutionnaire d’une génération d’auteurs. En effet, au moment où en Afrique subsaharienne francophone, le cinéma arrive sous les tropiques, entre 1950 et 1960, une génération de cinéastes émergent. Les pionniers de ce jeune cinéma s’appellent Paulin Soumanou Vieyra, Jacques Melo Kane, Sembène Ousmane au Sénégal, Sébastien Kamba au Congo, Oumarou Ganda, Moustapha Alassane au Niger. La création des débuts s’inscrit dans une improvisation, sans lignes directrices. Certains comme Oumarou Ganda illustrent par l’image et travaillent les points d’accroche simples pour le spectateur, d’autres comme Sembène Ousmane structurent l’espace pour raconter dès 1966 dans La Noire de…, premier long-métrage de ce cinéma, une histoire de grande force illocutoire. Ce Cinéma est qualifié de “nationaliste” pour beaucoup de spécialistes en raison du combat identitaire qu’il entend mener, de la dénonciation des pratiques coloniales et de la recherche d’une Africaine traditionnelle perdue. Ce cinéma était marqué par un réalisme social sans fard. Il est dit « Politiques » suivant la définition que lui donnait un des pionniers « tout film social et même culturel est politique », affirmait Paulin Vieyra, dans le film Cinema of Senegal (Kardish et Vieyra, 1978). Ils traitaient des conflits sociaux, des problèmes que rencontraient les jeunes nations nouvellement indépendantes et des difficultés résultant de la confrontation entre la culture africaine et la civilisation occidentale. Les thèmes explorés comprenaient la critique de la nouvelle bourgeoisie corrompue, des traditions rétrogrades, la dichotomie ville/village, l’exode rural... La forme de ces films était fondée sur la priorité accordée au contenu plutôt qu’à la forme artistique. Mais, il faut le dire, ce cinéma manquait peu ou prou d’esthétisme, de poésie, de style séduisant. Le discours politique y était puissant, le beau, la poésie absent ou du moins relégué au second plan. N’en déplaise à certains puristes nostalgiques ! Mais quand Djibril sort des landes, il creuse un trou béant à l'intérieur des sentiers battus.
Un peu de fiction-un peu de réalisme : le réalisme magique
Si Sembène s’est inspirée de la littérature (ce qui justifie peut-être le rythme lent de ses plans), Djibril s’est inspiré du style Western. Il dira dans le bonimental de Parlons Grand-mère qu’un film comme High Noon de Fred Zinnemann (1938) n’a pas de secret pour lui “Plan après plan depuis l’âge de 15 ans”. Alors, au réalisme froid des anciens, “l’enfant terrible du cinéma Africain” impose un style nouveau : Le réalisme magique. Ses créations sont marquées par l’humour, la fantaisie et le fantastique, avec leur structure fragmentée et déconstruit. Dans les films de Djibril, le héros est un personnage solitaire larcin (Badou Boy), espiègle (Mory), jugé par un système hypocrite (Draman Dramé) balloté entre chance malchance (Marigo), finalement abattu par ce même système mesquin (Silly Lam). Tout semble désarticulé mais Mambéty maîtrise parfaitement son sujet. C’est un réalisateur qui laisse son héros bouffer l’espace. La gageure de son Cinéma est puissante dans l’utilisation à merveille du burlesque, de l’humour dans une esthétique purement carnavalesque et loufoque. Le cadrage et le montage sont difficilement séparables. Il y a du pressenti, du pré-montage dans l’approche filmique de Djibril. La post-prod commence dès le tournage. L’écart entre le scénario et le rendu final est minime. Le sujet filmique chez Djibril entremêle souvent dans le montage de ses films, soit en « syntagmes alternés », selon l’expression de Christian Metz, où l’alternance des signifiants correspond à la simultanéité des signifiés, soit en « syntagmes alternants du genre parallèle » entre lesquels il n’existe pas, au niveau du signifié, de rapports temporels pertinents, du moins au plan de la dénotation. Avec une grande originalité, Mambety utilise le montage et le filmage comme éléments créatifs déterminants. Il a su tirer des effets frappants qui s’embrigadent dans ses récits, à la fois art du raccord (montage parallèle) et art de la rupture (montage cut). C’est une douce brutalité ! N’est-ce pas aussi pour lui de laisser place aux êtres du monde parallèle qui envahissent ses films. Le religieux et le laïque coexistent dans le parallélisme de Djibril. Dans Le franc, les sons profanes d’Issa Cissoko au saxophone, en même temps que la récitation mélodique et rythmique des versets du Coran diffusée sur tout le quartier, depuis la mosquée sourdent ensemble. Il ne privilégie ni les premiers ni la seconde. Comme il le déclare dans le film de Laurence Gavron “Ninki Nanka, le prince de Colobane”, on peut aussi prier Dieu en jouant du saxophone. La forme des films de Djibril est donc le fruit de ces êtres qui pullulent son imaginaire. Touki Bouki en est la preuve. Ce taureau puissant ligoté, cette corne accrochée sur la mobylette de Mory, cette scène d’amour au bord de la plage (entre Mory et Anta) ne sont que le reflet d’un Djibril enchaîné par ses fantasmes et ses délires propres.
L’exaltation de “l’amateurisme”
Djibril savait dénicher la perle rare pour ses films. Le casting sauvage est un point fort de sa direction artistique. Il tirait toujours le meilleur de ses personnages rencontrés occasionnellement dans les crasses impitoyables des bidonvilles. Djibril était conscient qu’il lui fallait farfouiller dans les égouts pour trouver son héros. Les personnages loufoques ne surjouaient pas dans ses films. « La différence entre un professionnel et un non-professionnel est qu’un professionnel apprend son rôle et le joue, tandis qu’un non-professionnel joue sa propre personne avec toute son âme. C’est pourquoi il est plus authentique que le professionnel », déclare-t-il à June Givanni en 1995. En 1994, quand Adatte le questionne à ce sujet pour Pardo News, il répond : “C’est mon choix : les acteurs non-professionnels ne jouent pas, c’est comme si on les avait lancés du haut de la colline avec l’obligation de tomber. Ils ne savent pas que la cascade existe, donc ils tombent réellement. Et c’est ça que je sens le plus. Moi-même, ayant été formé sans être formé, au jeu du théâtre, je fais le précieux du fait de ne pas savoir.” Baba Diop grand critique de Cinéma affirme que Mambety arrivait à faire de ceux qu’il avait « croisés dans les bouges de la capitale » et qu’il avait choisis, « des comédiens performants ». Dans un entretien accordé au Journal le Soleil le 22 Mars 1990, Djibril déclare « analysé le visage, le cou, les mains, les pieds, pour ne choisir que ceux arqués et en chiasme.” Cette technique est fortement inspirée de la scène. C’est celle qu’utilisent de grandes figures du théâtre comme Samuel Beckett, dont l’exigence veut que le corps ne soit saisi que morcelé, et Constantin Stanislavski, pour qui le corps sur scène doit rester souvent invisible. Djibril amplifie souvent l’objet filmé à travers de simples reliefs. Le trégrosplanisme (c’est nous qui l’appelons comme ça) donne un effet de théâtralisation de ses plans. L’autre technique de Djibril et non moins visible est celle du Scénario au “texte troué”. Cette méthode est efficace et fait de l’acteur un élément central du récit narratif. Il participe à la réécriture du scénario dans son jeu. Les acteurs de Djibril parviennent avant tout par eux-mêmes à transmettre quelque chose corporellement. Il les libère de l’emprise du texte pour les orienter vers la performance. Ainsi deviennent-ils tour à tour peintres, danseurs, musiciens, acrobates, nageurs, jongleurs. Si le corps de l’espiègle Mory est encore dynamique pour se mouvoir de façon vertigineuse, ceux suppliciés, handicapés et meurtris de la Linguère Ramatou et Sili ne reposent que sur des béquilles. Dans Hyènes et La Petite Vendeuse de soleil, l’une et l’autre reviennent pour se venger. La Linguère Ramatou fait penser à Anta qui revient plus vieille pour mettre à mort Mory qui l’a lâchée le jour du voyage.
Djibril est donc un rêveur et il a fait rêver ses acteurs, les a consacré professionnels dans le tas. La chanteuse Aminata Fall dira de Djibril “S’il m’avait demandé d’égorger quelqu’un, je l’aurais fait les yeux fermés”. Djibril a tordu le cou de LA “Grammaire” du Cinéma, lui a cassé la “gueule”, réinventé son “discours” pour sa propre “pérennité”. Et si le train n’avait pas sifflé trois fois...
Si la mutinerie peut créer un sursaut d’orgueil, que ce soit pour que les Maliens comprennent qu’un pays ne sous-traite pas sa sécurité, et donc qu’il faut se donner les moyens d’avoir une armée pour défendre l’intégrité du territoire
En 2012, profitant d’une mutinerie qui se transformera en coup d’Etat, la rébellion touarègue prenait le Nord Mali (Kidal, Gao et Tombouctou) pour proclamer l’indépendance de l’Azawad. Quelques mois plus tard, il a fallu l’intervention de la France pour empêcher aux rebelles et autres jihadistes de déferler sur le Sud pour parachever la conquête du Mali. Cette année, malgré les remous politiques à Bamako, créés par l’imam Dicko et la mutinerie-coup d’Etat, si les rebelles et les djihadistes restent terrés dans leurs grottes ou se font oublier dans l’immensité du désert, c’est à cause de la présence militaire internationale.
Les Maliens doivent en faire le constat et en tirer une conclusion : profiter du parapluie militaire international pour rebâtir une armée digne de ce nom, capable de défendre le territoire quand la force expéditionnaire partira. Depuis l’opération Serval, le bien le plus précieux pour le Mali était le temps. Et IBK a fait perdre à son pays 7 ans. Et le principal message des manifestants sous la houlette de Dicko consistait à dire : le Mali a déjà perdu 7 ans et ne peut plus se payer le luxe d’en perdre encore 3 avec l’immobilisme de IBK. «L’histoire ne se répète pas ou alors comme une farce», nous dit Karl Marx. Pour éviter que l’histoire et les erreurs tragiques de 2012 ne se répètent et que cette mutinerie-coup d’Etat ne se transforme en farce tragique, il faut que le nouveau pouvoir de Bamako se concentre sur l’essentiel : trouver un accord politique avec les rebelles ou se préparer à la guerre pour éviter que le Mali ne disparaisse. Et malheureusement, une guerre est nécessaire pour sauver le Mali, parce que le rapport des forces n’a jamais été aussi défavorable à Bamako. «Si je suis trop fort, pourquoi je perds mon temps à négocier ? Si je suis trop faible, je n’ai rien à mettre sur la table pour négocier», disait Amine Gemayel, président du Liban.
Aujourd’hui, les rebelles et les jihadistes ont le sentiment d’être trop puissants pour faire des concessions et Bamako est trop faible pour mettre quelque chose sur la table ; d’où le caractère inévitable de la guerre pour changer le rapport des forces. «Toutes choses étant égales par ailleurs, le Général Moustapha Kemal Atatürk a sauvé la Turquie du démembrement, après quelques victoires militaires pour créer un autre rapport des forces qui a effacé le Kurdistan (créé par le traité de Sèvres en 1920 et qui disparaîtra avec le traité de Lausanne) de la carte et récupéré d’autres territoires sur les Grecs. C’est tout ce dont le Mali a besoin. Un Atatürk pour aller en guerre, créer un autre rapport de forces pour sauver le Mali de la disparition.
Face à cette guerre, les pays voisins et la force multinationale doivent tous aider le Mali, dont le seul objectif doit être la survie. Et si la mutinerie peut créer un choc psychologique et un sursaut d’orgueil, que ce soit pour que les Maliens se mobilisent autour de l’essentiel : comprendre qu’un pays ne sous-traite pas sa sécurité, et donc qu’il faut se donner les moyens d’avoir une armée pour défendre l’intégrité du territoire. Cette mission vitale ne peut être sous-traitée ni à l’Onu ni à la France, ni à la Russie ou à la Cedeao. La présence du parapluie militaire international doit être mise à profit pour atteindre cet objectif. Tout autre objectif est une diversion criminelle. IBK devait être le pont qui mène vers cet objectif, mais il s’est pris pour la destination. Cette cécité historique a fait perdre au Mali les 7 années les plus importantes de son histoire récente.
PRESSION CONTRE UN REPORT DES LOCALES
La Commission du Général Niang, qui a décidé de «dialoguer en présence du virus», doit rassurer sur le suivi de l’audit du fichier et de l’évaluation du processus électoral
La réunion du dialogue politique de ce mercredi est partie pour être l’une des plus importantes et des plus sensibles. Parce que la Commission du Général Niang, qui a décidé de «dialoguer en présence du virus», doit rassurer sur le suivi de l’audit du fichier et de l’évaluation du processus électoral. De ces deux points dépendrait un autre report des Locales. Mais l’opposition et la société civile ont déjà mis leur veto.
La Commission du dialogue politique reprend du service aujourd’hui. Sa longue pause dictée par le coronavirus avait fini par inquiéter les acteurs politiques. En effet, la société civile, le Pôle de l’opposition et celui des non-alignés n’avaient eu de cesse d’appeler à la poursuite des concertations au moment où le chef de l’Etat a décidé de que les Sénégalais devaient désormais «vivre avec le virus» ou «en présence du virus».
Ass Babacar Guèye déclarait dans un entretien avec Le Quotidien que les acteurs politiques devraient eux aussi «apprendre à dialoguer en présence du virus». «Le mandat des élus locaux a expiré depuis le 29 juillet 2019 et ils sont déjà à un an de prolongation. Même si la date butoir du 28 mars 2021 est validée pour la tenue des prochaines Locales, ils auront encore 8 autres mois supplémentaires. Ce qui est vraiment excessif. Donc impérativement, le dialogue doit reprendre pour épuiser les 4 questions qui restent, dont le statut de l’opposition et de son chef, ainsi que la rationalisation du calendrier électoral», ajoutait le responsable du parti Rewmi.
Mais avant lui, Déthié Faye soutenait déjà depuis le mois de juin que les concertations pouvaient continuer pour éviter une autre perturbation du calendrier électoral. Le représentant des non-alignés et le secrétaire général du Gradec, Ababacar Fall, préconisaient le format virtuel pour espérer des élections locales «au plus tard le 28 mars 2021».
Mamadou Diop Decroix aussi avait appelé la Commission politique à «reprendre ses travaux dans les meilleurs délais». Et puis, il y a cette dernière sortie de la coalition Jotna qui regroupe des partis comme Pastef, qui prévient contre tout éventuel report. Ousmane Sonko et ses alliés invitaient, dans un communiqué, le président de la République à «prendre un décret pour fixer la date des prochaines élections territoriales (municipales et départementales) conformément au principe constitutionnel de libre administration des collectivités territoriales et aux dispositions de l’article L.63 du Code électoral».
Ils considèrent le «silence coupable» de Macky Sall comme une «décision implicite d’un énième report» des Locales. Il est vrai donc que la Commission dirigée par le Général Niang ne pouvait pas ne pas réagir aux premières alertes qui pouvaient remettre en cause cette confiance entre les acteurs. Mais ces pressions de toutes parts ont sans doute accéléré ce retour autour de la table.
Audit du fichier et évaluation du processus électoral
Cette première réunion de ce mercredi est très attendue parce qu’elle doit assurer que les bases d’une possible tenue des élections territoriales à date échue sont encore là. Et pour cela, le Général Niang et son équipe vont devoir convaincre que cette pause n’a pas été inutile.
Parce qu’ils devront rendre compte du suivi des questions essentielles et sans lesquelles il ne peut y avoir des élections incontestables. Il s’agit de l’évaluation du processus et de l’audit du fichier électoral, deux questions qui avaient fait l’objet de consensus avant la suspension des travaux en mars dernier.
La Commission du dialogue politique devait saisir le président du Comité de pilotage du dialogue national, Famara Ibrahima Sagna, qui à son tour devait le soumettre aux partenaires techniques et financiers, mais aussi choisir des experts indépendants pour l’audit. Ce sera sans doute la question cruciale de la réunion du jour.
LA BRIGADE DE RECHERCHES DE SALY SAISIT 53 MILLIONS DE FRANCS EN FAUX BILLETS !
La bande était constituée d’un Malien, d’un Guinéen et d’un Sénégalais
Etienne NDIAYE (correspondant permanent à Mbour) |
Publication 19/08/2020
Dans la nuit du lundi au mardi, les pandores de la brigade de recherches de Saly ont mis fin aux activités délictuelles d'une bande de faussaires spécialisés dans le trafic de faux billets de banque. Ce trio composé d'un Guinéen, d'un Malien et d'un Sénégalais était détenteur au moment de son interpellation d'une somme de 53 millions de francs en faux billets. Les hommes en bleu ont réussi leur coup notamment grâce à une dénonciation faite par une dame qui avait été approchée par les trois délinquants désireux de l’enrôler dans une transaction.
Décidément, les forces de sécurité mobilisées dans la lutte contre le grand banditisme ont le vent en poupe ces temps-ci sur la Petite côte. Après la saisie le week-end dernier de 70 kilogrammes de chanvre indien par les flics de l'Office Central de Répression du Trafic Illicite de Stupéfiants (Ocrtis), voilà que les gendarmes de la brigade de recherches de Saly viennent eux aussi de frapper un grand coup en interpellant trois individus membres d’une bande spécialisée dans le trafic de faux billets de banque. Cette grosse prise a eu lieu dans la nuit du lundi 17 au mardi 18 août à Mbour où le trio de faussaires venu de Dakar était venu s’installer dans l’optique d’écouler ses billets de contrefaçon. Selon les informations fournies par les enquêteurs, les membres de la bande ont fait la connaissance d’une dame qu'ils ont voulu rouler dans la farine. La veille de l'opération, la dame avait soupçonné un coup tordu de ces personnes qui ne lui ont guère inspiré confiance.
Ainsi, pour se faire une religion sur les activités de ses nouvelles connaissances, elle s'est approchée d'une connaissance qui lui aura conseillé d'en aviser la gendarmerie. C'est ainsi que les pandores ont été mis au courant. Il ne restait plus qu’à tendre un guet-apens aux membres de la bande et les attendre au lieu fixé. C’est au moment où la transaction devait démarrer que les éléments de la brigade de recherches de la gendarmerie de Saly ont fait irruption sur les lieux. Après avoir brandi leurs cartes professionnelles, ils ont interpellé les trois individus qui détenaient par devers eux un sac contenant des coupures de faux billets de 10 mille francs CFA. Le décompte effectué a permis de savoir qu’il y avait dans le sac une valeur de 53 millions de francs.
Après leur interpellation, les faux monnayeurs ont été conduits dans les locaux de la brigade pour les besoins de l’enquête. Durant l’audition, le Malien répondant du nom de Issakha Dabo s’est révélé être le chef de la bande. Il était chargé du lavage des billets noirs. Un trio savamment constitué (laveur, marabout, démarcheur) Vivant au Sénégal depuis un certain temps, le Malien, qui a voulu brasser de l'argent facile, a donc réuni autour de lui des hommes de confiance dont un Guinéen répondant au nom de Lamine Kaba. Ce dernier est arrivé au Sénégal tout récemment pour exercer le métier de charlatan. C'est dans l'exercice de ce métier que Lamine Kaba, c’est son nom, a donc fait la connaissance de Issakha Dabo qui l’avait sollicité pour la formule magique qui devrait fructifier leur business. Quant à Waly Ndiaye, le Sénégalais de la bande, il était chargé de contacter de potentiels clients, lesquels d’ailleurs subiront les coups tordus de la bande.
Pour ne pas éveiller les soupçons, après avoir quitté la capitale il y a quelques jours, la bande a trouvé un logement dans un hôtel situé au village touristique de Nianing à 9 kilomètres au sud de la commune de Mbour. Les pandores, après avoir procédé à l'interpellation de la bande, ont effectué une perquisition dans les chambres où les faussaires avaient élu domicile. Après avoir reconnu sans ambages les faits à eux reprochés, les membres de la bande seront déférés ce mercredi auprès du procureur près le tribunal de grande instance de Mbour, Elias Abdoulaye Diop.
un récit de boubacar boris diop
BONNE NUIT, PRINCE KOROMA (2/4)
EXCLUSIF SENEPLUS - Casimir Olé-Olé était pour moi une énigme absolue. Bien qu’il vécût dans la misère, je me disais parfois que le jour de sa mort on trouverait sous son matelas une très forte somme d’argent
À Djinkoré, tous les sept ans, les Deux Ancêtres se lèvent d’entre les morts et pendant une nuit entière, la nuit de l’Imoko, ils disent à leurs descendants comment ils doivent se comporter pendant les sept années suivantes. C’est aussi simple que cela. C’est la nuit où tous les criminels sont confondus, celle aussi où les femmes infidèles, les maris indignes et les chefs injustes sont rappelés à l’ordre par la voix courroucée et tonitruante des Deux Ancêtres. Djinkoré est alors pétrifié par la peur, car chacun redoute que dans leur colère les Deux Ancêtres ne fassent disparaître la ville sous les eaux ou sous une coulée de lave incandescente. Le royaume retient son souffle jusqu’à l’aube et, avant de retourner à leurs nuages, les Deux Ancêtres font connaître le nom de celui qui est appelé à s’asseoir pendant sept ans sur le trône millénaire de Djinkoré. Comme je l’ai dit, mes hôtes savaient déjà tout cela. Après tout, on ne les avait pas choisis au hasard pour représenter le gouvernement à la nuit de l’Imoko. Cependant, ils étaient toujours friands de détails insolites, le genre de choses qu’on aime raconter à ses amis après un long voyage. Certains d’entre eux s’extasiaient, par exemple, sur le fait que les Deux Ancêtres étaient un homme et une femme. Ils y voyaient la preuve d’un sens inné de l’équité chez les habitants de Djinkoré, une «approche genre» avant la lettre et, pour le dire sans fausse modestie, une magistrale leçon de «bonne gouvernance» au reste de l’humanité.
J’étais un peu choqué par la frivolité de mes collègues fonctionnaires, mais je les trouvais somme toute bien sympathiques et faciles à vivre. Comme ma soirée avec Christian Bithege était différente ! Sous la pâle lumière du salon, bien calé dans un fauteuil, il feuilletait ses documents en jetant de temps à autre un regard vide autour de lui. L’atmosphère était si lourde que Gilbert, mon boy, faisait sa tête des mauvais jours. Il m’a d’ailleurs dit par la suite qu’il avait détesté Bithege à la seconde même où il l’avait vu sortir de sa Volvo bleue.
Le lendemain, nous sommes allés acheter des bananes et des goyaves au marché. Gilbert aurait pu s’en charger à notre place, mais Bithege avait envie de découvrir le centre-ville de Djinkoré. Nous n’étions plus qu’à quatre jours de la Nuit et, de part et d’autre de la rue principale – en fait une large bande de latérite –, on s’affairait aux préparatifs de la cérémonie. Bithege et moi avons croisé plusieurs groupes de danseurs montés sur des échasses, sifflets à la bouche. Des jeunes femmes vannaient ou pilaient du mil en fredonnant de vieux airs. La nuit de l’Imoko était naturellement au centre de toutes les conversations. Quelques-uns pestaient contre la hausse soudaine des prix du sucre et de l’huile et d’autres pariaient que la Nuit ferait venir au moins deux millions de visiteurs à Djinkoré. Plusieurs personnes levèrent la tête de leur ouvrage pour nous saluer tout en observant mon compagnon à la dérobée. Bithege leur répondait chaque fois par un vague mouvement de la tête, mais il avait visiblement l’esprit ailleurs. Je me demande aujourd’hui, avec le recul, si certains n’avaient pas pressenti, dès cet instant, la tragédie qui allait survenir peu de temps après. Il faut dire qu’à l’approche de la nuit de l’Imoko, les habitants de Djinkoré ne sont plus tout à fait les mêmes. Attendre la venue des Deux Ancêtres est presque au-dessus de leurs forces et ils sont très tendus. Une fois redescendus sur la terre, les Deux Ancêtres sont bien obligés de parler : que vont-ils dire ? Nul ne le sait à l’avance et tout événement plus ou moins inattendu – la présence de Christian Bithege à Djinkoré, par exemple – est interprété, avec un mélange d’inquiétude et d’espoir, comme un présage.
– Les gens m’ont l’air un peu nerveux, a déclaré l’étranger. – Qu’est-ce qui vous le fait dire ?
– Ça se voit bien.
Ce type était réellement spécial.
– Vous avez raison, ai-je reconnu, il y a toujours une certaine tension dans l’air avant l’apparition des Deux Ancêtres. Ce sera ma troisième Nuit et je vais éprouver les mêmes sensations que la première fois, il y a quatorze ans. C’est une expérience qu’on ne peut pas oublier.
– Ne vous en faites pas, ça va très bien se passer.
Il s’était exprimé sur un ton assez méprisant. Il semblait dire que toute cette affaire, c’était du cinéma pour tenir en laisse le petit peuple. Je n’étais pas loin de penser comme lui, mais je me suis senti un peu vexé malgré tout.
Nous nous sommes arrêtés devant l’étal du vieux Casimir Olé-Olé, le vendeur de fruits. J’ai fait les présentations.
– Monsieur Bithege est venu pour la Nuit. Il représente le gouvernement cette année.
Le fonctionnaire a hoché la tête et s’est incliné légèrement. Les deux hommes se sont jaugés sans mot dire pendant quelques secondes en se serrant la main. Le vieux Casimir Olé-Olé, c’était ce qu’on appelle un personnage. Il avait construit une cahute sur le seuil de sa maison, juste en face du marché, et restait assis là toute la journée, agitant sans cesse un chasse-mouches au-dessus de sa marchandise – mangues et ditax, tranches de noix de coco et poisson séché. Il se donnait un mal fou pour paraître niais et même complètement insignifiant, et je crois bien que son plus grand rêve était de se métamorphoser en ombre pour pouvoir se glisser partout et voir sans être vu. Il disait par toute son attitude : «Je m’appelle certes Casimir Olé-Olé, vous me voyez bien en face de vous, mais je vous en supplie, oubliez-moi, je n’existe pas.» Le rusé bonhomme faisait de même semblant d’être sourd. Quoi que vous puissiez lui dire, il vous demandait toujours de répéter votre phrase en plaçant, en un geste caractéristique, une main contre le lobe de son oreille droite. Mais pendant qu’il vous jouait sa petite comédie, ses yeux malicieux disaient clairement qu’il vous avait bel et bien entendu. Du reste, chaque fois que j’observais Casimir Olé-Olé à son insu, j’avais l’impression qu’il surveillait les allées et venues de tous les habitants de Djinkoré et qu’il avait à cœur de savoir ce que chacun d’eux pensait à chaque instant de sa vie. Soupçonneux et solitaire, Casimir Olé-Olé était pour moi une énigme absolue. Bien qu’il vécût dans la misère, je me disais parfois que le jour de sa mort on trouverait sous son matelas une très forte somme d’argent, des millions peut-être ; d’autres fois, j’étais à peu près convaincu qu’il travaillait en secret pour la police. Si je rapporte tout cela, c’est surtout pour faire comprendre à quel point j’étais excité par la rencontre entre Christian Bithege et Casimir Olé-Olé. Ce dernier allait-il enfin baisser la garde ? C’était la seule chose qui m’intéressait et, dans un sens, je ne fus pas déçu. De façon assez inhabituelle, Casimir Olé-Olé s’est montré plutôt prévenant envers notre hôte et a fait rouler la conversation, d’une voix neutre, sur la nuit de l’Imoko. À l’en croire, c’était faire preuve d’une grande sagesse que de laisser les morts décider de tout à la place des vivants.
– Je pense moi aussi que c’est une bonne idée, a déclaré Bithege en pesant lui-même les bananes qu’il venait de choisir une à une, avec beaucoup de soin.
Son ton était si neutre que je n’ai pas pu savoir s’il était sérieux ou s’il se moquait des habitants de Djinkoré. Il s’est toutefois un peu agacé quand Casimir Olé-Olé lui a demandé de répéter ce qu’il venait de dire. Il s’est exécuté et le marchand de fruits s’est écrié :
– Oui ! Comme ça au moins, on est tranquilles, les morts sont plus justes que nous !
L’étranger a alors fait remarquer que nulle part au monde on ne se comportait de la même façon que les gens de Djinkoré. Après quelques secondes de réflexion, il a ajouté d’un air entendu :
– Mais comment savoir qui a raison ?
Oubliant de jouer au sourd, Casimir Olé-Olé l’a regardé longuement et a dit :
– Moi, Casimir Olé-Olé, je ne sais pas qui a raison… Mais je dis ceci : pourquoi aurions-nous tort, nous de Djinkoré ?
Qui peut me dire pourquoi tous les autres auraient raison, d’une manière ou d’une autre, et pas nous ?
Ce texte est une nouvelle version du récit « La nuit de l’Imoko », paru aux éditions Mémoire d’Encrier, de l’écrivain-journaliste.
Fondée vers 1512 par Farba Boubou Samba Gaye, la ville de Matam s’impose dans la carte du Sénégal par sa particularité ethnique, étant habitée en majorité par des Hal Pular
Fondée vers 1512 par Farba Boubou Samba Gaye, la ville de Matam s’impose dans la carte du Sénégal par sa particularité ethnique, étant habitée en majorité par des Hal Pular. C’est également une ville d’une grande pluralité ethnique et religieuse. En effet, outre les Hal Pular, d’autres groupes vivent dans cette ville en parfaite symbiose. Elle accueille également des Chrétiens venus d’autres horizons, même si Matam reste une ville dont tous ses natifs sont des musulmans.
Son éloignement et son positionnement géographique (Nord du pays) ne la rende pas inaccessible. Auparavant, pour se rendre à Matam, c’était un véritable casse-tête voire un saut d’obstacle vers l’inconnu. Il fallait emprunter un long trajet sur ce qui était une route cahoteuse qui menait vers Saint- Louis. Et après l’ancienne capitale du Sénégal, vivre un véritable calvaire avant d’atteindre la ville de Matam. Pour les plus chanceux, il fallait faire une journée et demie avant d’apercevoir la ville fondée par Farba Boubou Samba Gaye. Aujourd’hui, tout cela est devenu de vieux souvenirs. Avec ce que les Matamois appellent une raccourcie par la route de Linguère, il suffit de huit bonnes heures pour atteindre la ville des Halpulars. Huit heures de route qui se présentent comme une promenade avec un joli paysage qui accompagne tout le long du trajet, les voyageurs. Dans la carte touristique du pays, Matam pourrait bien vanter ses trésors du point de vue de sa position et surtout sa flore, ses jolis paysages qui pourraient décupler l’inspiration d’un poète, ses cours d’eau et lacs. L’harmonie dans la construction des maisons au bord de la route, ses minarets. La vision qu’offrent les bergers menant leurs troupeaux en quête de pâturage. Bref, sur la route qui mène à Matam, se dresse un joli tableau bucolique. Terre des hommes accrochés à leur culture ancestrale, Matam reste cependant une ville d’ouverture accueillant d’autres peuples.
Ville culturelle
Fondée en 1512, avant qu’elle porte son nom actuel, Matam fut le point de convergence de plusieurs habitants d’autres villes et d’autres villages qui venaient s’approvisionner en denrées alimentaires. La ville attirait également par son côté festif. Sur les bras du fleuve qui sépare le Sénégal de la Mauritanie, règne un véritable brassage. Deux pays frères dont les habitants se confondent entre les deux parties du fleuve. Mais avec la pandémie de la Covid-19 et la fermeture des frontières, les deux peuples se languissent pendant que l’économie est à l’agonie. La vie entre les deux rives ne vibre plus des clapotis de la traversée des pirogues. Tout est silencieux. Une jeunesse dans le désarroi. Conséquences de ces désagréments, les récalcitrants qui parviennent à déjouer la vigilance des policiers Mauritaniens se livrent à une véritable spéculation. Par exemple, la bouteille d’huile de 20 litres est vendue à 17 500F alors que le sac de sucre est cédé 27 500F et le kilo vendu à 650f.
L’hospitalité Foutanké
N’empêche, Matam vit et sa population reste accrochée à des valeurs ancestrales tout en étant ouverte à l’autre. La plupart des services administratifs étant dirigée par de non ressortissants de la ville, les enfants de ces derniers s’intègrent facilement et adoptent les réalités de la vie socio-culturelle de la région. Un phénomène bien visible dans les écoles. Enseignants et autres corps professionnels sont ainsi bien accueillis selon la tradition des Toucouleurs déclinée sous le vocable « Djitikées ». Des « étrangers dont certains parviennent à manier la langue du terroir. « Je ne me considère pas comme un étranger. Cela fait bientôt cinq ans que j’enseigne au Collègue d’enseignent moyen de Matam. Je me rappelle bien le premier jour où j’ai mis les pieds dans cette localité. A l’époque, je ne connaissais personne dans la ville.
La première chose qui m’a marqué, c’est l’hospitalité et l’accueil chaleureux que m’ont réservé les gens de la ville. Mes élèves avec qui j’entretiens une relation qui va au-delà des études, ont beaucoup d’estime pour les enseignants qui ne sont pas des ressortissants de la ville. Je me suis parfaitement intégré si bien qu’il arrive que des parents m’offrent le diner » a témoigné Idrissa Guèye, professeur de Français du Cem Matam 1 et originaire de Saint-Louis. Cette hospitalité déclinée sous le nom de « Tédougaal » est également visible au niveau des villages environnants où le chef se charge de loger et de nourrir les enseignants qui viennent d’être affectés dans la zone et qui ont des difficultés pour se loger. L’harmonieuse intégration est également visible lors des rendez-vous culturels comme la semaine de l’école de base. « Cela fait bientôt cinq ans que j’enseigne à Mbokki Diawé. Je me considère comme un habitant de ce village et j’entretiens de très bonnes relations avec la plupart des MBokki Diawois. Franchement, je n’ai connu aucun problème d’adaptation. Les gens m’ont très bien accueilli », explique Hamath Sané. Matam c’est également les 72 h de Ndouloumadji Founébé. Dans ce village d’immigrés, à 23 km de la commune, la vie culturelle se vit intensément avec des artistes qui font revivre la chaleur du « Pékaane » et des danses nocturnes organisées autour du feu.
Une Paroisse au cœur de la Région !
Ce qui pourrait surprendre dans une ville où tous les autochtones sont des musulmans, c’est l’existence d’une paroisse. Terre de naissance de plusieurs marabouts et chefs religieux, Matam accueille une communauté chrétienne. La Paroisse des Martyrs de L’Ouganda est située près de l’école élémentaire Matam 1 à Tantadji sur une grande superficie qui accueille même un cimetière pour nourrissons. Elle a été implantée au cœur du Fouta en 1968. Selon Abé Noel Coly, l’église vit dans une parfaite cohabitation avec les autochtones. Les principaux chrétiens de la ville étant des étrangers qui ont été affectés dans la ville et en majorité des membres de l’administration. Ce qui fait que les paroissiens, qui viennent un peu partout de la région, de Dioume, de Waoundé, de Ranérou etc…, sont très bien respectés. « Je suis arrivé en octobre 2015. Il y a deux ans, on a célébré les 50 ans de cette paroisse. Depuis l’érection de la ville de Matam en région, nous avons vu le nombre de fidèles augmenter.
Les paroissiens sont des gens qui sont là dans le cadre de leur travail. Il n’y a pas de natif de Matam. Comme vous le savez bien, Matam est une région à 100% musulmans. Nous entretenons une très bonne relation avec nos frères musulmans. Quand on organise des manifestations au niveau de la Paroisse, on invite tout monde. Les autorités administratives et religieuses. Et ils viennent répondre à notre invitation. Les messes dominicales se font à partir de 10h. Ceci pour permettre aux paroissiens qui habitent loin d’être à l’heure. Ceux qui sont hors de la ville viennent le samedi et passent le week-end avec nous pour pouvoir assister à la messe du dimanche. », a soutenu Abé Noel Coly qui reconnait tout de même que c’est une zone difficile à gérer du fait que les fidèles ne sont là que dans le cadre de leurs activités professionnelles. Terre hospitalière, culturelle et artistique, Matam a ainsi tous les atouts pour faire de la région un creuset touristique.
POURQUOI THIONE SECK A ÉTÉ JUGE ET CONDAMNÉ
Le leader du Raam-Daan n’a été trouvé détenteur que de deux faux billets de 200 euros (130.000 CFA), tout le reste c’était du papier de bureau
Cinq ans après les faits, « Le Témoin » quotidien est en mesure de vous révéler toute la vérité sur l’affaire Thione Seck. Ce, suite à la condamnation du leader du Raam-Daan devant le tribunal correctionnel de Dakar à trois ans de prison dont huit mois ferme pour détention de faux billets et tentative de mise en circulation de signes monétaires contrefaits. Contrairement aux sommes colossales avancées à l’époque — on avait parlé de 50 à 100 milliards de francs en faux billets ! —, Thione Seck ne détenait en réalité que deux faux billets de 200 euros (130.000 francs CFA). Tout le reste n’était que du toc c’est-à-dire du…papier de bureau. Connu pour sa rigueur, l’intraitable juge Ousmane Chimère Diouf ne pouvait faire autre que de le condamner sur la base des faits. Une condamnation qualifiée de « légère » par certains détracteurs qui réclamaient la « peine de mort » pour l’artiste-chanteur Thione Seck. Lequel a été plus victime qu’autre chose dans cette affaire fortement médiatisée qui lui a valu de passer huit longs mois en prison…
Courant Juin 2020, la première chambre correctionnelle de la Cour d’Appel de Dakar dirigée par le président Ousmane Chimére Diouf requalifie les faits de cette rocambolesque affaire de faux monnayage en tentative de mise en circulation, détention de signes monétaires contrefaits et association de malfaiteurs. Ainsi, le leader du RaamDaan, Thione Ballago Seck, est condamné à 03 ans de prison dont 08 mois ferme d’emprisonnement qu’il avait déjà purgés en détention préventive. Son co-accusé, l’imprimeur-faussaire Ablaye Djitéye, écope, lui, de 05 ans de prison ferme assortis d’un mandat d’arrêt. N’eut été la tenue de ce procès et, surtout, les décisions du juge Ousmane Chimère Diouf motivées par des faits constants, la vérité n’aurait sans doute jamais éclaté dans cette affaire ! Pourtant, le collectif des avocats de Thione Seck dirigé par Me Ousmane Seye n’avait jamais voulu aller en procès devant la Cour d’appel de Dakar. D’où les multiples batailles de procédure que la défense avait engagées, notamment la demande de sursis à statuer c’est-à-dire l’annulation du procès verbal d’enquête préliminaire de la gendarmerie dans l’attente que de nouveaux éléments se produisent. Encore, encore, les avocats de Thione Seck s’étaient surtout focalisés sur l’article 5 du règlement de l’Uemoa sur lequel le juge en première instance Magatte Diop s’était fondé pour déclarer « nulle et de nullité absolue » l’ensemble de la procédure.
En conséquence de quoi, il relaxait Thione Seck et ses co-accusés. Le président Ousmane Chimère Diouf de la première chambre correctionnelle de la Cour d’Appel de Dakar, lui, avait juré qu’il pleuve ou qu’il « covide », Thione Seck serait jugé de manière juste et équitable. Cette décision de tenir coûte que coûte un tel procès intervenait après plusieurs renvois demandés par les avocats de défense qui soulevaient tellement d’exceptions que le procureur général avait fini par les qualifier de « dilatoire ». Et persisté et signé que les faits reprochés à Thione Seck et consorts n’ont jamais perdu leur caractère délictueux. Par conséquent, estimait le maître des poursuites, la présence ou non d’un avocat à l’enquête préliminaire ne pouvait nullement constituer une cause d’extinction de l’action publique. « En parcourant les procès-verbaux, les enquêteurs de la Section de Recherches de la gendarmerie ont mentionné l’absence d’un conseil qui devait assister les prévenus au moment de leur interpellation » avait tenu à rappeler le président Ousmane Chimére Diouf en pleine bataille de procédures engagée par la défense. En tout cas, compte tenu des nombreuses sorties médiatiques de Me Ousmane Sèye, l’on était tenté de croire que le très médiatique avocat ne voulait pas que son client soit jugé. En fait c’est comme s’il était convaincu que son client allait être condamné, ne serait ce que pour le délit de détention de faux billets se fût-il agi de deux fausses coupures de 100 euros chacune. Justement, lorsque cette affaire Thione Seck avait éclaté, des sommes colossales et des chiffres démesurés avaient été annoncées.
Par bonne foi, par euphorie, par sensation, par mégarde ou par manipulation ? Toujours est-il que pour les uns, la saisie s’élèverait à 50 milliards voire 80 milliards cfa de faux billets ; les autres parlaient même de 100 milliards cfa. Evidemment dans cette surenchère de milliards à vous couper le souffle, votre quotidien « Le Témoin » n’était pas en reste ! Nous battons notre coulpe et présentons nos excuses les plus plates à Thione pour nous être laissé entraîner dans cette surenchère voire ce lynchage médiatique.
Deux faux billets par la fenêtre !
Cinq ans après les faits, la vérité a fini par éclater ! Que s’était-il passé le jour des faits ? Lorsque les gendarmes ont fait irruption dans son domicile à Ouest-foire pour effectuer une perquisition surprise, Thione Seck s’est levé de son fauteuil pour aller s’asseoir sur un sac de voyage placé dans un coin du salon. Sommé avec insistance de se lever du sac, Thione Seck a fini par obtempérer. L’ouverture du sac a permis de découvrir 43 paquets emballés avec un papier transparent laissant entrevoir un billet de 100 euros.
Apparemment, le vrai billet de 100 euros placé au dessus de chaque paquet n’était qu’une couverture d’appât car tout le reste n’était que du toc voir du papier…de bureau. Des papiers blancs coupés aux mêmes dimensions que les vrais billets de banque. Donc jusque-là, aucun faux billet n’a été trouvé sur les lieux. Alors qu’ils poursuivaient leur perquisition, les gendarmes ont constaté que Thione Seck tentait de se débarrasser de deux billets qu’il avait dans sa poche en essayant de les jeter par la fenêtre. Vérification faite, ces deux billets étaient faux. Rien que pour ces deux coupures, Thione Seck était pris en flagrant délit de détention de faux billets par les gendarmes.
Les faits étaient constants ! Dans la même foulée, les gendarmes ont saisi des numéraires d’un montant de 27 millions cfa et 6 millions cfa en bonnes devises étrangères. Faisant d’une pierre deux coups, les gendarmes effectuent une descente chez Alaye Djitéye précisément dans son appartement loué au quartier Front de Terre à Dakar. Sur place, ils ont découvert un véritable laboratoire de contrefaçon de faux billets de banque. Outre la saisie de 8.400.000 cfa et 2.000 euros en devises authentiques, ils ont saisi un important lot de faux billets en euros et en dollars ainsi que des coupons de papier vert, des imprimantes, des scanners etc. Ils ont aussi mis la main sur des liquides servant à la fabrication et au lavage de faux billets. En effet, contrairement à ce qui s’était passé chez le père du chanteur Wally Seck, les gendarmes ont fait une bien meilleure pêche chez l’imprimeur-faussaire Ablaye Djité. Encore une fois, ils y ont saisi un montant de 150 millions cfa de faux billets et des papiers verts destinés à la contrefaçon. Et non chez Thione Seck comme il l’a toujours nié durant tout le long procès.
Une collusion coupable…
Et pour motiver la condamnation pour le délit d’association de malfaiteurs, le président Ousmane Chimére Diouf s’est fondé sur l’exploitation de leurs téléphones portables pour pouvoir constater que le numéro de Thione Seck est bel et bien enregistré dans le répertoire d’Ablaye Djitéye sous le code « xtbs ». Mieux aussi bien devant les enquêteurs que devant le juge d’instruction et le juge de fond, Thione et Djitéye ont reconnu qu’ils échangeaient téléphoniquement et se retrouvaient régulièrement. Malgré cette collusion physique, Thione Seck n’a jamais voulu entendre l’expression « association de malfaiteurs » en déclarant avoir rencontré fortuitement Ablaye Djitéye qui était en état d’ébriété à la station « Elton » Front de Terre et qui ne lui a jamais rien remis.
Quant à Abou Shérif Sakho, il était un simple mélomane et client de sa boite de nuit « Penc-Mi » à qui il avait l’habitude de prêter de l’argent qu’il ne remboursait d’ailleurs pas. Thione Seck a également soutenu que lorsque les gendarmes lui ont parlé de faux billets, il a aussitôt pensé au sac que lui avait remis un certain Joachim Cissé et sur lequel il est allé s’asseoir. Pour « noyer » l’encombrant sac, le leader du Raam-Daam a soutenu que Joachim Cissé lui avait proposé une série de concerts à savoir 105 prestations au total à travers l’Europe. Ce, monnayant un cachet de 120 millions euros soit 78 milliards CFA ! « Et l’argent contenu dans le sac, à savoir les 50 millions d’euros soit 32 millions CFA, n’était qu’une avance que je croyais constituée de vrais billets de banque.
Ainsi, je n’aurais jamais imaginé que le sac contenait de simples papiers de bureau. Des étrangers m’ont escroqué et arnaqué, malheureusement la Justice de mon pays a préféré m’enfoncer dans cette histoire. Donc je suis victime ! » n’a cessé de clamer Thione Ballago Seck, l’auteur de « Mathiou ». Pour montrer qu’il est triplement victime de cette bande, Thione a aussi déclaré que Joachim Cissé est revenu lui emprunter la somme de 85 millions de francs qu’il lui a remise la veille de son arrestation. « Donc si je parviens à prêter à quelqu’un une somme de 85 millions cfa sur la base d’aucune garantie, c’est parque j’étais victime de pratiques mystiques » avait soutenu le chanteur pour tenter de se tirer d’affaire.
Quelle tentative !
Il est vrai que dans cette affaire, les gendarmes ont fait un excellent travail d’investigations. Compte tenu de la façon dont ils ont mené l’opération et démantelé cette bande de faussaires, tout laisse croire qu’ils avaient un très bon réseau de renseignements sur les moindres faits et gestes entre Thione Seck et ses « clients » de Penc-Mi. Le seul hic, c’est qu’ils ont anticipé l’opération pour avoir donné l’assaut au moment où Ablaye Djitéye et ses ouvriers s’apprêtaient à laver l’importante quantité des billets verts.
Selon certains enquêteurs, sans doute jaloux du succès de leurs rivaux en bleu, si les gendarmes avaient patienté quelques heures ou jours, ils auraient pu saisir un « conteneur » de faux billets compte tenu de la masse incroyable de billets verts, papiers blancs et noirs découverts aussi bien chez Thione Seck que chez Djitéye. Faute d’avoir prix les faux monnayeurs sur le fait, seule le « tentative » de fabrication et de mise en circulation de faux billets pouvait leur être reprochée. Car il y avait eu incontestablement un commencement d’exécution finalement suspendu par la descente des gendarmes à Ouest-Foire. Comme quoi, des circonstances extérieures indépendantes de la volonté des auteurs ont pu gripper les machines ou imprimeries devant fabriquer l’importante quantité de faux billets. C’est pour cela que la Cour d’Appel a requalifié les faits en tentative de mise en circulation, détention de signes monétaires contrefaits et association de malfaiteurs. Donc Thione Seck a été condamné sur la base des faits. Ce, comme la plupart des Sénégalais lambda traduits tous les jours devant les juridictions nationales pour les délits ci-dessus.
Souvent, ils sont condamnés entre 01 mois et 06 mois de prison en général. Thione Seck et ses deux « petits » faux billets qu’il avait dans sa poche était justement dans ce cas. Tout le reste qui a été saisi chez lui, c’est du papier bureau qui n’avait aucune valeur monétaire. La « tentative », bien qu’elle soit un délit punissable, lui a fait bénéficier de circonstances atténuantes. D’où les 3 ans de prison dont 8 mois ferme d’emprisonnement déjà purgés en détention préventive. Malheureusement, la plupart des « clasheurs » qualifient de « légère » cette condamnation puisqu’ils auraient souhaité voir Thione Seck dans les couloirs de la mort pour…assassinat économique. Ce que les faits dans leur simplicité n’établissaient pas, hélas pour les nombreux ennemis du leader du « Raam Daan ».
LES «COUPS» DES INTERNAUTES A L’ENDROIT DES PRESIDENTS AFRICAINS CARTOUCHARDS !
« Le Témoin » a ramassé pour vous ces « coups des internautes » envoyés aux « présidents africains cartouchards »
Le coup d’Etat qui a renversé hier le régime de Ibrahima Boubacar Keïta a été une occasion pour beaucoup d’internautes qui ont envoyé des « coups » à bout portant sur les putsheurs, et des messages de prise de conscience eu peuple malien en particulier, et à l’Afrique en général pour leur faire comprendre qu’une prise du pouvoir par des militaires n’a jamais été une solution. Avant d’envoyer des « piques » d’avertissements aux « présidents africains cartouchards qui s’agrippent à leurs fauteuils mielleux » ! « Le Témoin » a ramassé pour vous ces « coups des internautes » envoyés aux « présidents africains cartouchards »
Putsh au Mali ! Dès que les internautes ont eu hier vers les coups de 15 heures la confirmation de ce qui se tramait dans la nuit du lundi au mardi par l’Armée malienne, ils ont subitement et d’un « Coup », transformé la toile en un pays désorganisé où ça parlait et tirait dans tous les sens avec une foule qui exulte, congratule, et lance des cris de joie. Même si quelques-uns ont se sont démarqués de cette vague des excités pour soit montrer leur peine soit se scandaliser de cette situation au Mali, s’ils n’ont affiché carrément leur désaccord à ce quatrième coup d’Etat dans un pays qui ne tient que sur un fil. En effet, d’aucuns s’en sont félicités là où d’autres ont applaudi ce coup d’Etat orchestré hier chez nos voisins du Mali, sans compter cette horde de gens qui s’en rigolaient carrément.
Fort heureusement une catégorie plus sensée a affiché ses inquiétudes quant à l’avenir de ce pays qui fait face aujourd’hui à une crise sanitaire, une crise sécuritaire, une crise institutionnelle et une crise économique. Ce, avec des slogan d’avertissement, d’interrogation, entre autres. Sur leurs posts qui pleuvaient à grosse goutte d’une seconde à une autre, on pouvait lire, ces slogans : « L’histoire ne se répète pas, elle ne bégaie pas. Elle suit son cours irréversible vers des lendemains incertains dont seul Allah sait » ! « Avertissement à tous les présidents africains voleurs et dictateurs » ! « la dictature ne doit plus marcher en Afrique » ! « Nos dirigeants africains doivent apprendre à limiter les mandats » ! « Nous voulons une Afrique libre dirigée par des africains patriotiques », « Pourquoi faut-il toujours qu’on en arrive là en Afrique ? » « Quelles solutions pour les présidents cartouchards ? » Comme Ibrahima Boubacar Keïta qui a régné sur le Mali, mais qui ne gouvernait pas le Mali, or un pays a besoin d’être gouverné ». « Un coup d’Etat n’est jamais une solution », « Je suis foncièrement contre les coups d’Etat ». Slogan qui ont animé la toile. Il y avait aussi des textes d’analyses, de leçons de morales, ou encore des mises en garde à l’image de ce message écrit de Mamadou Lamine Bâ. « Que chacun se le tient pour dit. En tant que Républicain et porteurs de ses valeurs et principes au cœur, on ne peut se féliciter de ce qui se passe au Mali. Mais on ne peut pas non plus minimiser la souffrance et les réclamations du peuple malien. La situation au Mali doit être analysée et prise en considération par tous les leaders qui pensent être propriétaires des pays qui dirigeants et font ce qu’ils veulent. (…) Alpha Condé et Alassane Dramane Ouattara sont avertis. L’autre, c’est ni… ni ! pas encore grave », a-t-il paraphé en ironisant sur sa page facebook.
Une gestion du pouvoir décriée
Mais pour Alioune Samba Bodian explique que le Mali, c’est d’abord une succession d’élections pendant lesquelles le suffrage des populations a été tronqué. Ensuite, une gestion du pouvoir désastreuse. Il s’y ajoute une insécurité galopante avec une montée en puissance de troupes djihadistes dans certaines zones du pays. Il reste convaincu que cette nouvelle révolution au Mal dirigée par Imam Dicko, fut un chaos debout contre un régime contesté. Par conséquent « les militaires en toute logique ont pris leur responsabilité », a-t-il jubilé. Une réjouissance qui n’enchante guerre Loandino Char qui pense que l’Armée n’est jamais la solution à un blocage politique. Et que « malheureusement, des dirigeants obtus, ivres de pouvoir et mus par des intérêts égoïstes obligent les gens à acclamer des soldats qui s’accaparent du pouvoir. C’est une honte pour toute la classe politique malienne ces intrusions récurrentes des Fama dans l’espace politique malien. Et ça ouvre un nouveau cycle d’incertitudes. Pourvu seulement que ça fasse réfléchir les potentats qui cherchent par tous les moyens à s’accrocher au pouvoir », s’est-il indigné. C’est également l’avis de Ngagne Sène. Un autre internaute semble suivre de très près la situation qui prévaut chez nos voisins maliens. « Je suis contre la prise du pouvoir par les armes mais je suis aussi contre la confiscation de la volonté populaire exprimée à travers les urnes pour s’éterniser au pouvoir. Le non-respect de l’expression des urnes et le piétinement de la constitution dont toujours appel à l’expression des armes », a-til dit. Jusque-là, les internautes ont été moins coléreux. Mais Mbaye Thiam lui s’est carrément défoulé sur les militaires maliens qui, à l’en croire ne sont champions que sur les coups d’Etat. Mais qu’ils ne montrent jamais leur bravoure sur… le terrain djihadistes. « Pour fomenter des coups d’Etat, les militaires Maliens sont doués.
Pour défendre l’intégrité du territoire malien contre les djihadistes, ils s’en remettent à l’armée française. Je n’ai aucune sympathie politique pour Ibk et son régime, mais ne saurais cautionner une dictature militaire contre une mal gouvernance civile. Surtout qu’en matière de régime militaire, le grand peuple malien a déjà payé son tribut à l’histoire », a t-il martelé pendant que Souleymane Khelwar Diouf se défoulait sur la Cedeao qui, de son avis, aurait mené le président malien à l’échafaud avec leurs communiqués insipides. Contrairement à ces derniers qui sont presque tous emportés par la colère, Baba Gael lui se souci de la suite que peuvent prendre ces évènements au Mali. « Je pense que ce ne sera pas pareil à la Guinée de Moussa Dadis ? », s’est-il interrogé au moment où Sada Diallo prédise déjà un imbroglio et une incertitude sur l’après Ibk. Pour lui, il faudra beaucoup de maturité et de lucidité au peuple malien pour sortir de cette impasse. C’est au moment où beaucoup « d’oisifs errants », -comme les surnomme notre cher président bien aimé-, ont dit « non à un troisième mandat dans toute la zone de la Cedeao » !