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19 juillet 2025
DESTIN TRAGIQUE DES ENNEMIS DE SERIGNE TOUBA
Mbaye Guèye Syll nous plonge dans l’histoire du fondateur du mouridisme, en retraçant ses démêlés avec le colon français, à travers son livre ‘’Cheikh Ahmadou Bamba, que sont devenus ceux qui ont essayé d’entraver sa mission ?’’
Qu’il s’agisse des administrateurs coloniaux eux-mêmes ou de leurs collaborateurs autochtones qui les ont aidés dans leur entreprise de musèlement de Cheikhoul Khadim, tous ont fini de manière abominable. C’est ce que relève Mbaye Guèye Syll dans son livre ‘’Cheikh Ahmadou Bamba, que sont devenus ceux qui ont essayé d’entraver sa mission ?’’.
Mbaye Guèye Syll nous plonge dans l’histoire du fondateur du mouridisme, en retraçant ses démêlés avec le colon français, à travers son livre ‘’Cheikh Ahmadou Bamba, que sont devenus ceux qui ont essayé d’entraver sa mission ?’’. Ils sont nombreux les auteurs qui ont écrit sur la vie de Serigne Touba, mais c’est une première qu’une telle réflexion soit soulevée. L’objectif de cet ouvrage est de montrer aux musulmans ‘’son triomphe sur un ennemi, pourtant superbement bien armé et autrement puissant’’.
En effet, la résistance africaine face à la colonisation a été forte. Le pouvoir colonial ne s’est pas embarrassé de scrupules pour abattre ceux qui voulaient contrecarrer ses visées hégémonistes sur les territoires africains. Pour le cas du Sénégal, ce sont deux types d’adversaire qu’il a eu à tenter de réduire au silence par des méthodes très brutales et dénuées de toute forme de respect de la dignité humaine. Si ce pouvoir colonial a pu mettre au pas, par les armes, ceux que l’on appelle les héros de la résistance armée, il en a été autrement pour ceux appartenant à la deuxième catégorie. Ceux-là, ce sont tous ces vaillants paladins de la foi qui s’étaient assigné pour mission de lever haut l’étendard de l’islam. Parmi eux, Cheikh Ahmadou Bamba.
Face au projet de déculturation-acculturation, donc de démantèlement, des structures sociales sénégalaises portées par le Blanc, soucieux d’imposer ses schémas culturel et sa vision du monde, le marabout allait se dresser, porteur, lui, d’un projet de revivification de l’islam, un islam compris dans toute la splendeur de la Sunna. Ce chef religieux combat dans la spiritualité et dans la paix pour la liberté de son peuple.
Pour le chercheur, c’est la raison pour laquelle, les Blancs s’en sont pris à lui. ‘’Il a subi 285 tentatives d’assassinat’’, relate-t-il.
Mbaye Guèye Syll s’est donc intéressé au destin de tous ceux qui, d’une façon ou d’une autre, ont été impliqués, à un certain niveau de responsabilité, dans ‘’les cruelles persécutions’’ que l’administration coloniale a fait subir à Cheikh Ahmadou Bamba. Il note que leur destin fut tragique : ‘’Qu’il s’agisse des administrateurs coloniaux eux-mêmes ou de leurs collaborateurs autochtones qui les ont aidés dans leur sinistre entreprise de musèlement de Cheikhoul Khadim, tous ont fini de manière abominable.’’ Parce que, d’après lui, si Serigne Touba n’a jamais nourri de ressentiment à l’endroit de ses bourreaux, pas plus que ne l’a jamais habité un quelconque désir de vengeance sur eux, Dieu, par contre, met chacun en face de ses responsabilités.
‘’De plus, la responsabilité et le poids de la faute sont amplifiés par la stature de l’offensé. L’offensé, c’est Cheikh Ahmadou Bamba, coupable seulement d’avoir voulu revivifier le message coranique et de réactualiser la tradition (la Sunna) de Seydina Mouhamed (PSL). S’attaquer à un tel personnage, revient à s’attaquer à Allah (SWT) lui-même et à son Sublime Messager (PSL). Qu’on ne s’étonne donc pas qu’Allah (SWT) lui-même endosse la riposte et accable de son implacable rigueur les tortionnaires du serviteur de son élu (PSL)’’, croit-il. Et d’ajouter : ‘’Cheikh Ahmadou Bamba n’avait comme seule arme que sa foi en Dieu et la conviction chevillée au corps que le créateur était avec lui et qu’Il avait pris cause et fait pour lui. Sans ambiguïté, engager la confrontation avec lui, équivaut à déclarer la guerre à Allah (SWT).’’
C’est ainsi qu’il croit fermement que les desseins impénétrables de notre créateur ont créé une conjonction d’événements de telle sorte que la confrontation entre le colon français et Cheikh Ahmadou Bamba était inéluctable. Cette confrontation, dit-il, démontre de façon claire et indubitable que ‘’c’est Dieu lui-même qui avait armé Cheikh Ahmadou Bamba’’.
Mbaye Guèye Syll a commencé à faire ses recherches sur le ‘’mouridisme’’ depuis 1978. Il révèle à ‘’EnQuête’’ que c’est lors d’un voyage à Paris avec Serigne Mame Mor, fils de Serigne Mountada Mbacké, à l’occasion de ses tournées européennes, qu’il a pu accéder aux archives des Français, alors qu’il était à la recherche d’une version orale. ‘’Une fréquentation longue et assidue de toutes les sources de documentation, en particulier les archives coloniales, nous a permis de retracer les démêlés de Cheikh Ahmadou Bamba avec le Toubab. Ces archives, tenues de l’époque du gouverneur Faidherbe, portent, soigneusement consignés, les moindres faits des armées coloniales. De la même manière, on y retrouve, intacts, tous les actes administratifs par lesquels le pouvoir colonial a eu à gérer la vie des territoires assujettis à sa domination’’, indique-t-il.
UNE NOUVELLE INÉDITE DE BOUBACAR BORIS DIOP
COMME UN DÎNER D’ADIEU (4/4)
EXCLUSIF SENEPLUS - J’entends plein de gens nous bassiner avec ça depuis ce matin, répliqua Chris avec vivacité. Ah, vous savez, disent nos bonnes âmes, ils étaient des gars bien, à Charlie Hebdo, puis ils ont mal tourné
Boubacar Boris Diop de SenePlus |
Publication 28/05/2020
Dembo Diatta réfléchissait, quant à lui, sur une pièce dans laquelle on ne verrait à aucun moment les visages des acteurs.
Tout va se jouer sur la déception sans cesse renouvelée des spectateurs, précisa-t-il. Jusqu'à la fin, ces pauvres crétins attendront en vain et…
Et n’importe quoi, mon petit Dembo… coupa Chris.
Riant de bon cœur, ils trinquèrent à leur infernale puissance créatrice. Malgré leur gaieté, tous trois restaient sur le qui-vive, moins à l’aise que d’habitude. D’ailleurs, pendant que Chris descendait en flammes une pièce qu’il avait vue quelques jours auparavant, Dembo Diatta sentait peser sur lui le regard inquisiteur de Muriel Carpentier. L’heure de vérité était de plus en plus proche. Les assassins de la rue Nicolas-Appert étaient d’autant plus présents dans les esprits que l’on ne savait presque rien d’eux. Des noms. Des visages. Rien de plus.
Lorsque le sujet fut abordé pour la première fois, Dembo Diatta se mit à tourner autour du pot et commit l’erreur de déclarer, au milieu de plusieurs phrases embarrassées :
Je ne suis pas tellement sûr d’être d’accord avec ce que j’entends ici et là mais bon, je ne suis peut-être pas bien placé non plus pour parler de ça…
Allons, Dembo, pas de manières avec nous, fit Muriel, il n’y a rien de politique dans cette histoire. Des fous débarquent dans une salle de rédaction et abattent tout le monde…
“Rien de politique, vraiment ?” se demanda Dembo, un peu perdu.
Il avait perçu une légère irritation dans la voix de Muriel mais aussi une réelle curiosité, visiblement partagée par son mari. Cette fois-ci c’était au tour de ce dernier de chercher à lire à travers lui.
Dembo Diatta se jeta à l’eau :
Vous savez, juste avant de venir à notre rendez-vous, je suis allé sur le Net pour voir les caricatures de Charlie Hebdo. Je tenais absolument à les voir de mes propres yeux.
Leurs regards fixés sur lui posaient la même question muette : « Et alors ? »
Ces caricatures sont abominables, dit-il avec un calme qui le surprit lui-même, détachant bien ses mots. Vous et moi, on sait ce que c’est, des caricatures, mais celles-ci m’ont franchement horrifié. Ai-je le droit d’ajouter que je les ai trouvées vulgaires et racistes ? J’ai longtemps aimé certains dessinateurs de cet hebdo mais là je ne les ai même pas reconnus.
C’était sans doute le bout de phrase de trop.
Tu ne les as pas reconnus… ? fit Chris en se penchant légèrement vers lui.
Il y avait une inhabituelle aigreur dans sa voix. Dembo Diatta fit comme s’il n’avait rien remarqué :
Faire sourire et blesser, ça n’est pas pareil, dit-il. Pourquoi jeter de l’huile sur le feu ?
J’entends plein de gens nous bassiner avec ça depuis ce matin, répliqua Chris avec vivacité. Ah, vous savez, disent nos bonnes âmes, ils étaient des gars bien, à Charlie Hebdo, puis ils ont mal tourné. Tu veux dire qu’ils ont fini par être obsédés par l’islam, c’est ça ? Islamophobes, Cabu et Wolinski, c’est bien ça ? Racistes aussi ? Eh bien, Dembo, ils ont payé, des petits salopards sont venus, et ces petits salopards-là, tu sais, ils ont pris le temps d’appeler chacun par son nom avant d’en faire un tas de viande froide.
Ça commençait mal.
Et tel qu’il connaissait son Chris, un gars généreux et à l’esprit ouvert mais un peu cinglé, ça risquait d’aller de mal en pis au fil des minutes. Bientôt on n’entendrait plus qu’eux au Casa Nostra. Dembo Diatta choisit de réagir sur un ton détaché. Cependant, il tenait tant à se faire bien comprendre qu’il resta sur la défensive, plus occupé à se justifier qu’à donner, tout simplement, son opinion.
Ce jour-là, ses deux amis et lui ne se quittèrent pas fâchés mais, ce qui était bien plus triste aux yeux de Dembo, très mal à l’aise. De serrer la main de Muriel et de son époux près d’une bouche de métro en fuyant leurs regards lui donna l’impression qu’entre eux plus rien ne serait comme avant. Il devait se souvenir longtemps après du dernier regard, glacial et dur, de Muriel.
« C’est fou, comme ce monde a les nerfs à vif ! dit-il à haute voix, sans se soucier des passants. Bientôt, vos meilleurs amis ne vous parleront plus parce que vous détestez un film ou un roman qu’ils trouvent génial ! » Il reprit un instant son souffle et pesta : « Je l’ai bien douchée, Muriel, quand elle m’a accusé de prôner le port du voile ! » C’était quand Dembo leur avait lancé : « Qu’est-ce qui ne va donc pas avec ce pays ? Vos yeux ne supportent pas le voile des musulmanes et vous voulez que les leurs supportent des images aussi obscènes de leur religion ? Je ne vois pas bien la logique.» Le dépit et l’agacement lui avaient involontairement fait élever la voix à ce moment-là.
Il en voulait presque à Chris et Muriel d’avoir provoqué cette discussion sur la tuerie au siège de Charlie Hebdo. Ou peut-être est-ce lui qui aurait dû tenir sa langue ? Après tout, quand une famille est dans le deuil, vous ne déversez pas votre bile sur le défunt au nom de la liberté de parole. Mais c’était trop tard pour revenir en arrière. Il leur avait fait remarquer que jamais, nulle part, y compris en France, personne n’avait osé soutenir que tout pouvait être dit. « Savez-vous comment a été créé ce canard, Charlie Hebdo ? » Ils s’en souvenaient vaguement.
« Moi, je l’ai appris aujourd’hui même avec stupéfaction, reprit-il. Un ami, redoutable fouineur, m’a envoyé le lien d’un papier qu’il a d’ailleurs mis en ligne. Les faits parlent d’eux-mêmes : en novembre 70, Charles de Gaulle s’éteint paisiblement chez lui et Hara-Kiri titre : ‘Bal tragique à Colombey : 1 mort’. La police prend alors d’assaut les kiosques, saisit tous les numéros, les détruit et interdit illico le journal. Pourquoi donc ? ‘Atteinte au respect dû aux morts’. Et vlan ! Ce n’est pas fini : pour contourner la mesure et continuer à se moquer du Général, le même canard se rebaptise Charlie Hebdo. » Là aussi, quelque chose échappait à Dembo Diatta : pourquoi, soudain, tout un pays, voire l’humanité entière, devait-elle se mettre à trottiner derrière un petit groupe de libertaires parisiens qui avaient toujours craché à la gueule de tout le monde ? Ayant de plus en plus de mal à se contrôler, Dembo les avait traités de ‘nihilistes puérils et ringards ‘.
Et pendant toute cette bagarre au Casa Nostra, des mots interdits n’avaient pas cessé de planer silencieusement autour d’eux. Vous. Nous. Oppresseurs. Damnés de la terre. Traite négrière. Madagascar. Sétif. Thiaroye. Les mots de Césaire aussi : « L’Europe est comptable devant la communauté humaine du plus haut tas de cadavres de l’histoire… » Tout ça, il l’avait heureusement gardé pour lui. Ce n’était pas le genre de choses qu’il pouvait jeter à la figure de Muriel et Chris. Il se méfiait d’ailleurs moins de ces propos eux-mêmes que du fiel et de la tenace rancune qu’ils charriaient. Cependant, Dembo n’avait pu s’empêcher de leur parler de la ‘Matinale’ de France 2 où deux journalistes s’étaient mis à pérorer sur « le génocide rwandais où la communauté hutu va être entièrement massacrée par les Tutsi. » Il n’avait jamais rien entendu d’aussi fou. « Je ne vois pas le rapport », avait dit Muriel d’un air pincé et Chris avait ajouté : « Tu nous parles de deux parfaits crétins, là. Qu’ils aillent se faire pendre par là où je pense ! » Et lui ne put se retenir : « Encore une fois, quel est votre problème ? C’est vous qui poussez les autres à faire des comparaisons mal venues… Il y aurait un beau charivari si quelqu’un disait dans ce pays que les Juifs ont été les bourreaux des Nazis ! Pourquoi êtes-vous si peu capables de vous mettre à la place des autres ? » C’est à ce moment précis que Dembo avait surpris un sourire amusé sur le visage de Muriel. Toujours aussi énervé, il voulut riposter violemment mais elle l’arrêta d’un geste de la main : « Ne le prends pas mal, Dembo, je ne me moque pas de toi, je viens simplement de réaliser que tu ne sais même plus nous parler, à nous tes vieux camarades, tu parles à deux Blancs, à deux Occidentaux. »
Dembo, troublé, se contenta de la regarder en silence. Muriel Carpentier, plus froide et réfléchie que son mari, avait une fois de plus visé juste. Dembo n’était pourtant pas tout à fait d’accord avec elle: « Je vois bien ce que tu veux dire, mais pour vous non plus je ne suis pas juste Dembo Diatta. Non, ça ne se passe plus ainsi. On est tous bien au chaud dans des cages et chacun devrait se bouger le cul pour en sortir. » Puis, après une pause : « Et peut-être vous plus que les autres…» « Nous…? » fit Muriel avec une sorte d’effarement sincère. « N’ayons pas peur des mots, Muriel », répondit simplement Dembo.
Il se souvint d’avoir ensuite longuement promené les yeux autour de lui. Le Casa Nostra s’était peu à peu vidé de ses clients. Une brune solitaire entre deux âges, perchée sur un tabouret tout près d’eux, semblait plus intéressée par Chris que par leur bagarre. « Bon, avait soudain ajouté Dembo, je suis un peu perdu, comme tout le monde. C’est simple, plus personne ne sait où il en est. Ils vont finir par nous avoir. »
Il y eut une ou deux minutes de silence gêné, sans doute le tout premier en plus de vingt ans d’amitié.
En retraversant le parc Emile Perrin quasi désert, Dembo repensa à Muriel et Chris. Ils avaient un long parcours en métro avant d’arriver chez eux, Place du Caquet, à Saint-Denis et il les imagina en train de se demander pourquoi lui, Dembo, était de plus en plus tendu et intolérant. Il se reprocha une nouvelle fois d’être incapable de tenir sa langue, de ne pas savoir refouler au fond de sa gorge tous ses pourtant-peut-être bien que-à moins que-néanmoins-en revanche. Le temps des nuances était bel et bien révolu et la peur de l’avenir scellait toutes les bouches. Qu’avait-il donc à faire le malin ?
Il lui restait une journée à Paris, celle du lendemain, avant le retour au pays. Il la passerait étendu dans sa chambre à lire les vieilles BD qu’il emportait toujours avec lui en voyage. Elles le mettraient, au moins momentanément, à l’abri des infos de la télé et de la radio. Il en avait marre de toute cette histoire, ça lui chauffait la tête pour rien.
Peut-être d’ailleurs ferait-il mieux d’appeler Mambaye Cissé au lieu de rester enfermé au Galileo. La danse d’amour des mérous marbrés ne l’intéressait pas vraiment mais ils pourraient toujours se moquer avec tendresse de leurs stupides rêves d’étudiants dakarois. C’était dans une autre vie.
LA COMMUNICATION GOUVERNEMENTALE AUTOUR DU CORONAVIRUS NE CONVAINC PAS
L'assouplissement des mesures combiné aux diverses polémiques autour de la fiabilité des tests de l'institut Pasteur poussent de plus en plus de Sénégalais à négliger les mesures de prévention, notamment les gestes barrières
VOA Afrique |
Seydina Aba Gueye |
Publication 28/05/2020
Des familles qui réfutent des tests post-mortem, des médecins qui auraient été testés positifs puis négatifs suite à la contestation des résultats, autant de polémiques qui accentuent les doutes déjà présents chez une partie de la population qui ne croyait que partiellement à l'existence de la maladie Covid-19.
Malgré les éclairages de l'institut Pasteur, certains ne sont toujours pas convaincus. C'est le cas de Fara Ndiaye, diplômé de l'université de Dakar qui ne comprend pas pourquoi les autorités "annoncent des décès et parmi ces décès leurs familles disent qu'ils ne sont pas morts à cause du coronavirus".
Il s'interroge: "Est-ce qu’il y a vraiment cette maladie dans ce pays, est-ce que ce n’est pas un lobby, est-ce que c’est pas un deal entre le gouvernement et les étrangers? Est-ce qu'ils ne se basent pas sur ce virus pour essayer de faire annuler la dette?".
Beaucoup de questions auxquelles il ne peut apporter des réponses.
Pour Boubacar Kouyaté, l'existence du virus ne fait pas de doute car c'est une pandémie qui secoue le monde entier. Cependant, le jeune homme explique que les gens ne sont plus prêts à changer leur mode de vie car il y a une certaine lassitude autour des gestes barrières. "Il y a certaines choses que nous ne pouvons pas arrêter parce que ça fait partie de nos valeurs comme les rassemblements et les salutations", confesse-t-il.
Malgré le mutisme d’Abidjan, les positions tranchées de Dakar et Cotonou au sujet du moratoire sur les dettes des pays africains signalent deux visions antagonistes des priorités de l’État et de son pouvoir face aux marchés
Jeune Afrique |
Joël Té-Léssia Assoko |
Publication 28/05/2020
Pourvu qu’elles échappent à l’extrême agressivité du débat sur le franc CFA, les lignes de fracture créées ou exacerbées par la crise sanitaire et économique liée au Covid-19 pourraient donner un nouveau souffle au débat d’idées sur le continent.
Les propos embarrassés devant la dépendance croissante des économies africaines aux capitaux chinois cèdent le pas à une discussion plus franche sur les arbitrages à réaliser. Le choix d’Ethiopian Airlines de maintenir la desserte de la Chine a fait voler en éclats le consensus mou qui existait en Afrique de l’Est, Nairobi prenant la tête de la fronde contre son allié et concurrent régional.
Approfondissement des marchés
Toujours vis-à-vis de Pékin, l’enthousiasme peut-être excessif au sujet des « 85 millions d’emplois » que l’empire du Milieu ne manquerait pas de délocaliser, à terme, vers l’Afrique a vécu. Place désormais à une réflexion plus ardue sur le développement des chaînes de valeurs locales et l’approfondissement des marchés africains.
Malgré le mutisme d’Abidjan, les positions tranchées de Dakar et Cotonou au sujet du moratoire sur les dettes des pays africains signalent deux visions antagonistes des priorités de l’État et de son pouvoir face aux marchés. Par là, des préférences potentiellement différentes quant aux contours de l’eco, la future monnaie commune.
La maîtrise de l’information stratégique dans les entreprises sénégalaises peut être une aubaine dans cette politique de construction économique du pays après avoir subi les politiques d’ajustement structurel des institutions de Bretton Woods
Trente ans après la chute du mur de Berlin marquée par l’effondrement du bloc soviétique, le monde a inauguré un nouveau cycle avec la mise en place d’un système capitaliste sans résistance symbolisé par une économie de marché dont la base est la recherche de profit.
Pourtant même sans être passionné de géopolitique, il n’est point de secrets que le capitalisme est le système économique reflétant la compétitivité et la libre concurrence entre les entreprises de tous les secteurs d’activités et quelles que soient leur taille (GE, ETI, PME).
En effet, cette nouvelle hégémonie a profondément changé le circuit économique du monde car elle a donné un blanc-seing aux Grandes Entreprises (GE) dont l’effectif est supérieur ou égal à 4235 employés[1]. Alors, avec cette marge de manœuvre les GE dictent leur loi. Les GAFAM, entreprises de la Silicon Valley sont un exemple patent de cette domination économique voir de ce pouvoir sans précédent des Grandes Entreprises. Ces dernières ont mis en place des stratégies afin de maîtriser leur capital informationnel gage d’influence et de sécurité économique.
Mais malgré cet état de fait, c’est-à-dire la farouche concurrence au sein du marché, certaines entreprises moins costauds n’ont pas jusqu’à présent mesuré l’importance de l’information dans la bonne marche de leurs activités.
Paradoxalement, depuis la fin de la guerre froide, le monde est entré de plain-pied de ce qu’on peut appeler la société de l’information. Comme la société industrielle avec ses multiples indices qui sont entre autres l’essor des moyens de production et la floraison des biens de consommation, la société de l’information a aussi ses propres leitmotivs in fine son contingent d’identifiants. « Les nouvelles technologies de l’information et de la communication dont Internet constitue le référent identitaire, sont présentes dans tous les domaines d’activité des hommes, enseignement, documentation, édition, commerce, finance, médecine, loisirs, recherche scientifique, etc… La généralisation des échanges électroniques d’informations et de documents, le caractère universel de cette nouvelle communication globale, planétaire, la rapidité et le caractère spectaculaire des mutations induites font de cette « révolution » un moment clé voire spéciale de l’histoire de l’humanité.[2] »
Par ailleurs, à l’aune de la connaissance immatérielle, l’information occupe un pan de l’économie mondiale irriguée par deux facteurs majeurs : la mondialisation et la globalisation. Ce faisant, certaines entreprises ont pris le train en marche afin d’être aux aguets des signaux faibles pour mieux anticiper les évolutions et d’avoir une vision 360° de leur environnement concurrentiel, commercial, technologique. C’est la raison pour laquelle, beaucoup de pays ont adopté une démarche de veille stratégique dont le substrat est la maîtrise de l’information garantie de compétitivité et de sécurité pour les entreprises.
Par exemple, en France, l’efficacité de l’information à valeur économique découle du rapport d’Henri Martre « Intelligence économique et stratégie des entreprises », publié en 1994 à la Documentation française[3]. C’est à l’issu de ce travail que les entreprises françaises ont pris conscience, en proportion de leur goût, l’importance de la mise en place d’outils de veille stratégique in fine d’intelligence économique pour mieux se positionner en Europe et à l’international. Ce qui leur permet d’avoir une photographie de l’environnement des affaires et de la compétitivité mais aussi d’engranger des parts de marché.
Ayant compris l’importance de l’information stratégique pour la bonne marche de leur économie, certains pays africains à l’image du Maroc via ses petites et moyennes entreprises s’initient à la veille informationnelle car les PME occupent une place cruciale dans le tissu économique du pays[4]. Ne voulant pas être le dernier de la classe en Afrique subsaharienne, le Sénégal a entamé aussi sa mue d’Intelligence économique dans l’optique d’armer ses entreprises avec la mise en place au sein du ministère de l’Economie des Finances et du Plan d’un dispositif national d’intelligence économique. Ainsi, le Sénégal est l’un des pays africains à avoir fixé une réflexion sur sa sécurité économique par le management de l’information[5]. L’objectif est de booster l’économie des entreprises notamment des PME. Mais malheureusement, cette initiative souffre de rigueur car les outils « cellules de veille » qui devaient l’accompagner ne sont pas présents dans certaines entreprises.
Cela dit, la pénétration des technologies de l’information et de la communication ont donné un nouveau visage à l’information à tel point qu’on parle de trop-plein d’informations « Infobésité ». Ainsi, les entreprises sénégalaises, doivent asseoir un travail de vigie pour anticiper, innover dans l’optique d’atteindre cette quête de compétitivité. Ceci demande une stratégie bien pensée de la part des entreprises en toile de fond les PME si le pays veut atteindre les objectifs fixés par le Plan Sénégal Emergent (PSE) d’ici 2035.
La maîtrise de l’information stratégique dans les entreprises sénégalaises peut être une aubaine dans cette politique de construction économique du pays après avoir subi les politiques d’ajustement structurel des institutions de Bretton Woods (FMI, Banque mondiale). Il faut armer nos entreprises à l’ère de la guerre de l’information, lit de la compétitivité économique où le marché est roi.
[2] Michel, Jean. Société de l’information et nouvelles solidarités professionnelles : L’impérative exigence de dépassement des frontières. In : http://michel.jean.free.fr/publi/JM331.html
[3] Le rapport d’Henri Martre, « Intelligence économique et stratégique des entreprises », publié en 1994 à la Documentation française, est le premier ouvrage considéré comme fondateur de l’IE en France.
BLACK LIVES MATTER - René Lake analyse le phénomène des discriminations raciales outre-atlantique, ravivé par la récente mort par étouffement au sol de George Floyd, un afro-américain, suite à une violente arrestation policière
Le 25 mai dernier, George Floyd, Noir-Américain de 46 ans, est mort d'étouffement à l'issue d'une violente arrestation, à Minneapolis. La scène, effroyable, a été filmée. Quatre policiers ont été licenciés. Depuis, des émeutes ont eu lieu, et la famille de la victime dit vouloir aller en justice.
René Lake analyse pour VOA Afrique, les tenants et boutissants du racisme contre les noirs aux Etats-Unis. Entretien à retouver à partir de la 10è minute.
par Benaouda Lebdai
FATOUMATA SISSI NGOM QUESTIONNE LA RESTITUTION DES ŒUVRES D'ART
C'est un récit captivant sur l'exil involontaire et le retour aux sources d'un objet sacré sérère que livre l'autrice dans "Le Silence du totem"
Le Point Afrique |
Benaouda Lebdai |
Publication 28/05/2020
Un premier roman est souvent une gageure, toujours une aventure. La Sénégalaise Fatoumata Ngom, en publiant Le Silence du Totem, réussit un pari avec elle-même, d'autant plus que c'est plutôt une scientifique de formation. Premier roman, classiquement semi-autobiographique,mais qui dépasse l'autocentrisme pour aborder une question essentielle, celle de la restitution d'œuvres d'art africaines aux pays africains quelque soixante ans après les indépendances. En effet, il est étonnant que Fatoumata Ngom transpose en fiction une donnée culturelle postcoloniale qui allait s'avérer d'actualité au moment de la parution du Silence du totem, en l'occurrence, la restitution à l'Afrique des œuvres africaines confisquées pendant la colonisation. Certes, de nombreux pays, comme le Bénin, en avaient fait la demande depuis quelques années, sans réponse aucune de la part des différents gouvernements français et des musées. Quel est donc l'objet de ce texte de fiction qui illustre à quel point cette question est vitale ?
L'histoire du livre de Fatoumata Ngom
Le Silence du totem raconte donc l'histoire d'un masque sérère, du nom d'une ethnie du Sénégal, ramené en France par un explorateur missionnaire du nom d'Alexis de Fabrègues durant la colonisation et ainsi devenu une propriété dans la collection privée de la famille du missionnaire. Plus tard, la petite fille d'Alexis de Fabrègues, Marie-Charlotte de Fabrègues, l'a légué à l'État français. Le totem fut pris en charge par le musée des Colonies, transféré ensuite au musée du Quai-Branly. Par le biais d'une enquête rondement bien menée par la narratrice. Le voyage du masque sérère est suivi à la trace par le lecteur grâce aux notes laissées par le missionnaire explorateur, mais aussi à la mémoire de Marie-Charlotte de Fabrègues.
Un récit qui prend le lecteur
Fatoumata Ngom a superbement structuré le récit dans le sens où le lecteur entre dans l'histoire avec subtilité et, au fur et à mesure, se sent concerné par l'aventure qu'a connue ce masque. Le texte fictif est loin d'être un roman à thèse puisque l'histoire coule de source naturellement, et donc l'ensemble devient parfaitement crédible et convaincant. On entre dans le jeu d'une intrigue qui se transforme presque comme une enquête policière qui tente de résoudre l'énigme de la statue sérère : son histoire, son itinéraire, sa disparition, sa réapparition, son retour auprès des siens, structurent le récit.
Un récit dense
L'intérêt de ce roman réside dans une construction simple et complexe à la fois. De facture classique, linéaire, le développement de multiples centres d'intérêt et de multiples relations humaines, le récit en devient dense. C'est ce mixage qui en fait sa force et sa vitalité littéraire. Le personnage principal, Sitoé, a certainement atteint la plénitude dans sa vie privée, mariée, un enfant, une belle profession, après un parcours d'études brillantes qui ont commencé au Sénégal, ensuite à Paris en khâgne et une admission à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm. C'est le parcours d'une jeune Sénégalaise qui a réussi son adaptation et son intégration dans la société française avec son mariage à un Français. Le début du roman raconte les années d'apprentissage, celles de la jeune romancière elle-même, et donc les ingrédients d'un roman initiatique et d'apprentissage semblent réunis. Son exil pour poursuivre ses études à Paris est narré avec force détails, de même que les descriptions de Paris des beaux quartiers, de Paris et de ses élites intellectuelles, de Paris et de sa culture, mais aussi de Paris et de sa solitude.
"L'AFRIQUE DOIT PARTICIPER AUX ESSAIS SUR LE VACCIN ANTI-CORONAVIRUS"
Malgré son sous-équipement et l’exode des cerveaux, la recherche africaine a intérêt à mettre en avant sa phytothérapie, a plaidé au micro de Sputnik France le professeur Ndeye Coumba Touré Kane, une virologue spécialiste du VIH
Sputnik France |
Christine H. Gueye |
Publication 28/05/2020
Si elle ne veut pas être marginalisée, l’Afrique devra participer aux essais pour trouver un vaccin contre le Covid-19. Malgré son sous-équipement et l’exode des cerveaux, la recherche africaine a intérêt à mettre en avant sa phytothérapie, a plaidé au micro de Sputnik France le professeur Ndeye Coumba Touré Kane, une virologue spécialiste du VIH.
On se souvient de l’indignation suscitée par les propos échangés, le 1er avril dernier sur la chaîne LCI, entre Camille Locht, directeur de recherche à l'Inserm à Lille (nord de la France), et Jean-Paul Mira, chef de service de médecine intensive et réanimation à l'hôpital Cochin. Parlant de recherches menées autour du vaccin BCG contre le Covid-19, les deux Français avaient évoqué la possibilité d’essais cliniques en Afrique, à l’instar de ce qui avait été fait sur des travailleuses du sexe pour le vaccin contre le sida.
Regrettant que de tels «propos racistes ne font rien avancer», le directeur de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, avait aussitôt rétorqué que l'Afrique «ne sera un terrain d'essai pour aucun vaccin». Au-delà de cette polémique, la question de la participation de l’Afrique n’en est pas moins posée. D’autant que des essais sont déjà prévus en Europe et en Australie, selon l’Inserm, et que plus de 100.000 Américains se sont portés volontaires dans les régions les plus touchées aux États-Unis.
Car même s’ils peuvent difficilement rivaliser avec les moyens déployés par les grands laboratoires pharmaceutiques du Nord, les instituts de recherche africains ont tout intérêt à participer aux essais sur ce futur vaccin, y compris sur des humains. D’autant que malgré un sous-équipement médical chronique et la fuite des cerveaux, le continent –qui regorge de plantes médicinales–, a des atouts à faire valoir à condition de mettre en place des protocoles et les essais cliniques qui vont avec.
Invitée Afrique de Sputnik France, le 20 mai, aux côtés du professeur Aimé Bonny, un cardiologue camerounais qui a alerté sur le protocole élaboré par le Pr Didier Raoult, et du docteur congolais Jérôme Munyangi, qui coordonne la task force «Artemisia for Africa», le Pr Ndeye Coumba Touré Kane, virologue sénégalaise, spécialiste du VIH-Sida, a insisté sur la nécessité pour le continent de ne pas s’exclure de cette compétition mondiale dans la course au vaccin contre le SARS-CoV-2, responsable de la maladie du Covid-19.
Pour cette titulaire de la chaire bactériologie-virologie à la faculté de médecine de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, qui dirige le laboratoire de bactériologie-virologie-biologie moléculaire du centre hospitalier universitaire Dalal Jam de Dakar, rester en dehors des essais serait, en effet, contre-productif. Par ailleurs, directrice scientifique et responsable de la plateforme de biologie de l’Institut de recherche en santé de surveillance épidémiologique et de formation (Iressef), le professeur Ndeye Coumba Touré Kane a également son mot à dire en tant que conseillère technique numéro un du ministre sénégalais de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.
«C’est bien beau de dire qu’il faut de l’équité quand le vaccin sortira afin qu’il soit disponible pour tous. Mais si l’Afrique ne veut pas être marginalisée, elle devra participer aux essais. Car là, nous pourrons avoir notre mot à dire sur sa véritable efficacité. D’autant qu’il nous sera possible ainsi de comparer différents terrains, chez nous, avec des fonds génétiques différents», a déclaré au micro de Sputnik France le professeur Ndeye Coumba Touré Kane.
Même si, pour l’instant, «personne n’a trouvé l’anticorps miracle», selon la virologue sénégalaise, l’Afrique, qui regorge de plantes aux vertus médicinales connues depuis des millénaires, pourrait constituer un réservoir inépuisable contre les coronavirus, à condition de «booster» le développement d’une recherche endogène à partir de sa pharmacopée traditionnelle.
Le premier adjoint au maire de Yoff, Abdou Nar Mbengue, traîne en justice Diatta Laye Ndiaye. L’activiste et membre du Parti rénovateur progressiste-Yeesal a accusé la mairie de Yoff d’avoir «détourné» 28 des 200 millions francs Cfa destinés à l’aide aux populations vulnérables au Covid. Il est reproché à la mairie de Yoff une «gestion frauduleuse, «gabégique» et catastrophique des denrées alimentaires ainsi que sa distribution nébuleuse». M. Ndiaye estime que les 200 millions récoltés lors d’un téléthon n’ont pas tous été utilisés pour l’achat de kits alimentaires.
Dans un communiqué, la mairie de Yoff a rejeté ces accusations. Les services du maire Abdoulaye Diouf Sarr précisent que le téléthon a été géré par l’Association pour la promotion économique sociale et culturelle de Yoff (Apecsy). «Aucun sou émanant de ce téléthon n’a été reçu par l’autorité municipale. C’est donc l’Apecsy qui a géré tout le processus post-téléthon à la demande de la mairie de Yoff. D’ailleurs, un rapport a été fait par l’Apecsy pour informer sur l’utilisation de ces fonds», éclaircit la mairie de Yoff.
Le Conseil municipal rappelle que toutes ses activités liées à la gestion de cette pandémie ont été médiatisées pour plus de transparence. «La mairie de Yoff s’insurge contre cette entreprise de calomnie sciemment orchestrée par des pseudo-activistes avec comme objectif de nuire à la réputation ou à l’honneur des autorités municipales», dénonce leur communiqué. La municipalité appelle les Yoffois à se rapprocher de ses services pour des plus d’informations. Des arguments qui n’ont pas trop convaincu les plaignants. «Ce n’est pas ce Abdou Nar Mbengue, un repris de justice bien connu, qui parviendra à intimider un commando de la Marine nationale qui a servi son pays pendant 25 ans. C’est un combat pour la libération de Yoff face à cette mairie qui s’approprie les biens communaux», a réagi Mame Birane Mbengue, président du Parti rénovateur progressiste-Yeesal. Les opposants ont reçu le soutien de Seydina Issa Laye Thiaw, fils du 3ème khalife des Layènes, Baye Seydi Thiaw.
LA RÉVISION DU CONTRAT SENELEC-AKILEE BIENTÔT ENTAMÉE
Le Directeur général de la Senelec, M. Papa Mademba Bitèye, a maintenant les coudées franches pour négocier en position de force face à son partenaire Akilee
C’est lors de leur réunion d’hier que les membres du Conseil d’administration de la Senelec ont vraiment vu le contrat liant l’entreprise à Akilee. Ils ont donné les pleins pouvoirs au Dg pour qu’il renégocie le partenariat à des conditions moins contraignantes pour la Senelec.
Le Directeur général de la Senelec, M. Papa Mademba Bitèye, a maintenant les coudées franches pour négocier en position de force face à son partenaire Akilee. Hier, à l’issue de la rencontre du Conseil d’administration de la Senelec, M. Bitèye a reçu mandat de renégocier le contrat qui lie son entreprise à sa filiale-partenaire. M. Bitèye a obtenu le feu vert pour en finir notamment, avec les points portant sur l’exclusivité de la fourniture des compteurs intelligents, que la Senelec ne veut pas accorder à une entreprise qui, à ses yeux, n’a pas encore fait preuve de compétences avérées ou apporté une technicité particulière dans ce domaine.
L’autre point important que la Senelec veut revoir également, est celui de la durée du contrat, de dix ans, qu’elle trouve anormalement et inutilement longue, en particulier avec la rapide évolution des technologies, surtout dans ce domaine.
Le Conseil d’administration a été prompt à soutenir la demande du Directeur général parce que, assurent certains membres, il n’avait jamais vu le contrat d’Akilee. Ce n’est qu’hier, lors de sa présentation par M. Bitèye, que les membres ont eu l’occasion de le voir officiellement. Il semblerait qu’en son temps, le prédécesseur ne leur avait présenté qu’une note d’orientation préparée par Akilee, et intitulée : «Stratégie de fourniture de prestations technico-commerciales pour les opérateurs du secteur de l’électricité.» Sans doute emportés par la confiance qu’ils avaient en leur Dg, les membres du Conseil d’administration avaient entériné le projet sans broncher. Cela a même permis à Akilee d’encaisser 2,7 milliards d’avance, juste quelques jours avant la passation des services entre M. Cissé et son successeur Bitèye, comme le journal Les Echos l’avait révélé la semaine dernière.
Le mandat donné à Bitèye précise que si Akilee accepte de renégocier les termes de son contrat sur les bases qui lui seront proposées, les choses pourraient évoluer. Au cas où cette entreprise persisterait dans son blocage, Papa Mademba Bitèye a également mandat de rompre ledit contrat, purement et simplement, ce qui, probablement, ouvrirait un contentieux dont personne ne peut prédire comment il aboutirait. Il ne faudrait pas oublier que la Senelec détient une part de 34% environ dans Akilee, ce qui lui accorde une minorité de blocage. Cela constitue aussi un levier pour que les partenaires puissent trouver un terrain d’entente mutuellement profitable.