Face à un processus de radiation définitive et irrévocable lancé par les autorités, des greffiers se sont démarqués du mot d’ordre du Syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust) pour retrouver le chemin des cours et tribunaux mettant ainsi fon à trois mois de grève. Pour de nombreux greffiers, cette grève n’a plus sa raison d’être dès lors que le président de la République a abrogé les décrets sur lesquels ils s'appuyaient pour asseoir leurs revendications.
La grève du sytjust est en passe d’être un très mauvais souvenir. Car, la plupart des travailleurs de la Justice, qui suivaient jusqu’ici le mot d’ordre de grève, se sont finalement démarqués du mouvement pour reprendre le travail. En tout cas depuis vendredi, beaucoup de greffiers et autres travailleurs de la Justice se sont présentés à leurs postes de travail au niveau des cours et tribunaux. Le même constat était fait hier, lundi, sur l’ensemble du territoire national où des nombreux grévistes ont pris leur responsabilité pour retourner au travail. Tant mieux pour ces honorables pères ou mère de famille dès lors que leur mouvement de grève n’avait plus sa raison d’être ! Pour cause, lors du dernier conseil des ministres, le président de la république Macky Sall a abrogé les décrets sur lesquels s’appuyait le Sytjust pour réclamer de nouveaux avantages pécuniaires résultant d’une hausse des frais de justice. Une hausse visant à alimenter et gonfler le fonds commun des greffes.
Forts de ces décrets finalement abrogés voire annulés par l’Etat, les grévistes demandaient également l’application des accords créant de nouveaux corps bien hiérarchisés (a) chez les travailleurs de la Justice. Donc avec cette abrogation des décrets, qui a pris de court le Sytjust, certains camarades ont alors jugé nécessaire de capituler en… pleine audience. Un administrateur des greffes ne veut pas entendre parler de ce mot. « Non, nous n'avons pas capitulé ! La notion de capitulation n’a pas sa place dans cette prise de responsabilité de tout un chacun. Seulement, les décrets portant nos revendications n’existent plus ! Et comme nous n’avons plus des arguments légaux pour poursuivre la grève, certains ont tout bonnement repris le chemin du travail en attendant de revenir à la charge sur d’autres bases légales » se justifie notre interlocuteur avant de regretter cette coloration politique qui a brisé l’élan du Sytjust.
« Je vous renvoie à l’édition du « témoin » de vendredi dernier qui faisait état de l’ingérence de Pastef dans la grève du Sytjust. en tout cas cette information, vraie ou fausse, a créé une méfiance au sein de la base du Sytjust » déplore notre greffier en chef. et pourtant, à une semaine de la tabaski, les travailleurs du sytjust s’étaient partagé les fonds communs existants et chacun d’entre eux s’était retrouvé avec une somme de plus de 200.000 francs. Sans compter d’autres avantages en dehors de leur salaire.
Comme l’avait révélé « Le témoin », le ministre de la Justice, me Malick sall, avait décidé de dérouler, dès demain, mercredi, son agenda pour en finir avec les grévistes. Pour ce faire, il était prévu de requissionner des huissiers de justice dans toutes les régions en vue de constater l’absence ou l’abandon de poste de tout travailleur de la justice gréviste. Ensuite, le ministre de la Justice devait convoquer un comité interministériel composé des présidents de la cour suprême et de la cour d’appel de Dakar ainsi que des directeurs généraux de la solde, de la Fonction publique, l’agent judiciaire de l’état, du directeur de la sécurité publique etc. objectif ?
Déclencher un processus de radiation définitive et irrévocable de tous les travailleurs grévistes du Sytjust. Et ce, dès vendredi prochain ! Pendant ce temps, les autorités judiciaires ont fait appel à des gendarmes chevronnés pour se substituer aux greffiers en grève avant de les nommer greffiers ad hoc. Devaient s’ajouter à ceux-là les agents de l’administration pénitentiaire et des jeunes juristes admis au centre de Formation judiciaire (cfj) pour une formation d’initiation au métier de greffier. Ce le temps qu’un concours en procédure d’urgence soit organisé pour remplacer définitivement les greffiers grévistes.
Dommages collatéraux d’une grève interminable !
Rappelons-le, cette grève interminable du Sytjust a provoqué des dommages collatéraux inattendus et gravissime jusqu’à menacer la défense nationale. Car, depuis la levée de l’état d’urgence dans le cadre de la crise sanitaire du coronavirus, les travailleurs de la Justice ont continué à paralyser les audiences des cours et tribunaux. Même les volontaires aux drapeaux 2020/2021 ont payé les conséquences de ce mouvement du fait qu’ils peinent à rassembler les deux pièces maîtresses à leur enrôlement dans l’armée c’est-à-dire le certificat de nationalité et le casier judiciaire. et tout le monde sait que si l’armée ne parvient pas à recruter les effectifs souhaités, cela constituerait une menace pour la défense nationale.
Même les candidats aux concours de la police et de la gendarmerie sont aussi confrontés à des problèmes d’obtention de certificats de nationalité et de casiers judiciaires pour pouvoir déposer leurs dossiers. ces recrutements de masse par concours directs constituent une occasion annuelle pour les forces de sécurité de renouveler et de renforcer de façon permanente leurs effectifs. Pour dire que les greffiers ont également menacé indirectement la sécurité intérieure du pays. sans oublier les justiciables et autres prévenus en instance d’être jugés et espérés d’être libérés. en tout cas, souhaitons que la reprise de travail des greffiers et autres travailleurs de la justice soit généralisée afin que le ministre de la Justice suspende son processus de radiation pour apaiser le climat social.
LES CAS COMMUNAUTAIRES EXPLOSENT !
392 cas communautaires entre mardi dernier et hier lundi ! Le virus a fini de s’installer dans notre pays où il accélère la cadence.
Particulièrement redoutés par les autorités sanitaires, les cas « communautaires » explosent dans notre pays. Il s’agit de malades testés positifs au coronavirus et dont la source de contamination est inconnue. Hier seulement, 72 cas issus de ce mode de transmission ont été enregistrés. En une semaine, le Sénégal a frôlé les 400 cas communautaires. L’analyste politique et spécialiste de santé publique Dr Cheikh Atab Badji, estime pourtant qu’on ne doit pas restreindre les efforts aux seuls cas communautaires.
392 cas communautaires entre mardi dernier et hier lundi ! Le virus a fini de s’installer dans notre pays où il accélère la cadence. Les cas issus de la transmission communautaires sont partout dans le pays et surtout à Dakar. Le pays commence à enregistrer presque quatre morts par jour depuis un certain temps.
Hier, le directeur de la Prévention au ministère de la santé, Dr Mamadou Ndiaye, a annoncé 137 nouveaux cas positifs sur 1402 tests réalisés et 4 décès. Parmi ces 137 contaminés du jour, 72 sont issus de la transmission communautaire provenant des localités suivantes : Ziguinchor (12), Mbour (6), Dakar Plateau (4), Guédiawaye (4), Bignona (3), Kaolack (3), Mbao (3), Rufisque (3), Bopp (2), Derklé (2), Khombole (2), Liberté ii (2), Ouakam (2), Parcelles assainies (2), Patte d’oie-rue Waagane Diouf-castors (1), Diamniadio (1), Fass (1), Gibraltar (1), HLm iv (1), Joal (1), Kaffrine (1), Kédougou (1), Kolda (1), Liberté iv (1), Liberté v (1), médina (1), Sangalkam (1), Point e (1), Thiadiaye (1), Tivaouane (1), Richard Toll (1) et Tambacounda (1). Les 64 autres cas sont des contacts suivis par les services du ministère de la santé et de l’action sociale et la journée d’hier, il y a eu un seul cas importé. Dr Mamadou ndiaye a informé que le Sénégal a enregistré 4 nouveaux décès liés au covid-19, dimanche dernier, tandis que 45 cas graves étaient en réanimation hier lundi. Selon le directeur de la Prévention, 38 patients ont été contrôlés négatifs et déclarés guéris. L’état de santé des autres patients est stable. a ce jour, depuis l’apparition du coronavirus le 2 mars dernier, le Sénégal a enregistré 11312 cas dont 7390 guéris, 236 décédés, 01 évacué et 3685 patients sous traitement.
Dr Cheikh Atab Badji : « Le commerce communautaire fait le lit de la transmission de la maladie »
La transmission communautaire, Dr Cheikh Atab Badji estime que la situation de la pandémie doit être analysée sur deux points majeurs à savoir le nombre de cas qui augmente et le nombre de décès. « Devant la situation actuelle traduite par des chiffres bruts, juste une analyse brute se conçoit. Deux niveaux de lecture s’imposent à priori par rapport au problème, autant par rapport aux solutions, du moins du point de vue pertinence et complétude. Ces deux niveaux du problème actuel que pose la pandémie, c’est d’une part le nombre de cas qui augmente et d’autre part le nombre de décès qui augmente. Pour le nombre de cas qui augmente, ce phénomène est fortement lié à la communauté dans ses échanges, ses interactions. J’insiste sur le mot nombre, car c’est important en termes d’analyse, sachant que l’approche par les taux pourrait donner une autre lecture. Ce commerce communautaire fait le lit de la propagation de la maladie, surtout en l’absence d’observance des mesures barrières standard. Cette inflation des cas est plus sous le contrôle direct ou indirect de la communauté. Mais le vrai problème, au-delà de l’ampleur, c’est surtout la gravité du problème matérialisée en santé publique par la mortalité ou la morbidité. Ici il faut préciser que, pour la mortalité actuelle, et à partir des chiffres bruts quotidiens, on ne peut faire qu’une lecture générique. et à ce propos, il est important de considérer cette mortalité sous deux angles : sous l’angle communautaire et sous l’angle médico-hospitalier », a expliqué l’analyste politique et spécialiste en santé publique Dr Badji.
Pour le cas des décès dits communautaires, explique-t-il, l’entendement que nous en avons, c’est l’ensemble des décès qui surviennent à domicile, en cours de transfert, juste à l’arrivée à la structure ou juste après l’admission dont le diagnostic est souvent post mortem. Ce type de décès pose un problème essentiellement communautaire. Soit le patient (ou son entourage) ne connaît pas les signes, soit les connaît ou les suspecte mais refuse de procéder à la demande de soins. Donc soit ignorance soit déni. si, dans le premier cas, se pose le problème de l’information et, secondairement, de l’efficacité d’une communication ciblée, dans le second cas, c’est surtout la conséquence de la forte stigmatisation.
Dr Atab Badji indique aussi que les décès hospitaliers posent quant à eux le problème de la prise en charge, de la qualité du plateau technique et de la disponibilité des ressources humaines et matérielles et l’état pronostic du patient. « Ainsi la pertinence globale des solutions pourrait être appréciée par rapport à ces différents niveaux du problème. si le respect des mesures barrières standard entre autres le port de masque, la distanciation sociale, le lavage des mains ou l’usage du gel hydro alcoolique reste déterminant dans la lutte communautaire surtout dans le sens de la réduction du phénomène de contaminations, il faut préciser qu’il faudra insister davantage sur la communication communautaire visant à la fois à donner la bonne information et à vaincre la stigmatisation mais aussi et surtout mettre l’accent sur la qualité et la disponibilité des plateaux techniques si on veut véritablement juguler la pandémie », confie l’analyste politique et spécialiste en santé publique.
EN FIN DECEMBRE, LE SENEGAL POURRAIT ENREGISTRER PLUS DE 67 000 CAS
Une situation catastrophique et désastreuse qui fait dire au matheux Dr Modou Ngom que, si rien n’est fait, dans le prochain trimestre, de fin août à fin décembre, le virus continuera sa propagation avec un fort taux de décès
Au Sénégal, on est en plein dans avec une situation plus que chaotique, et le bout du tunnel est encore loin ! La transmission communautaire du coronavirus a pris une tournure exponentielle, les cas testés positifs s’envolent, la courbe des hospitalisés et des décédés affiche une croissance soutenue. Une situation catastrophique et désastreuse qui fait dire au matheux Modou Ngom que, si rien n’est fait, dans le prochain trimestre, de fin août à fin décembre, le virus continuera sa propagation avec un fort taux de décès. Selon les projections de ce membre du directoire national du Cusems, chargé de la formation, on pourrait se retrouver avec plus de 67 000 cas occasionnant un peu plus de 1500 décès et plus de 20 000 malades sous traitements en fin d’année…
Avec cette propagation fulgurante de la maladie, on ne voit plus le bout du tunnel. Tout est sombre et on ne voit plus la ligne du vélo pour la suivre. Ça roule en zigzag ! On risque même de tomber à tout moment. Eh oui ! Toutes les stratégies prises au début ne l’étaient que pour une période bien définie. Le Sénégal a semblé jouer dans la « minimisation » pour n’avoir jamais opté pour la mise en place de stratégies à long terme. Toutes les cartes ont été lancées au premier jet. Le résultat est là, on est complètement lessivé alors que la bataille n’a pas encore commencé. C’est ce que semble dire le chef du service des maladies infectieuses et tropicales du centre hospitalier universitaire (chu) de Fann. Pr Moussa Seydi, dans l’émission « objection » animée par le journaliste Baye Omar Guèye sur sud Fm, a d’une manière courageuse soutenu qu’ « au début, toutes les mesures ont été édictées sur la base d’une épidémie qui allait partir au bout de deux à trois mois ». Malheureusement, le virus a rusé pour élire domicile dans un pays où l’on pensait le circonscrire le plus tôt possible. Le Sénégal est en plein dedans avec une explosion de cas, notamment de cas issus de la transmission communautaire, et un nombre important de décès. Une situation qui ne surprend guère le professeur Seydi qui n’a jamais cessé d’alerter par rapport à la gravité de ces cas communautaires. D’ailleurs pour mesurer la gravité des choses, il « nous » renvoie aux mathématiciens qui, dit-il, peuvent faire des calculs pour prédire comment l’épidémie va évoluer. « Le témoin », qui fait toujours dans la « projection », s’est intéressé à la question depuis fin juin dès qu’on a commencé à enregistrer un nombre important de cas communautaires, de cas graves et de décès. d’où ce travail, entamé le 06 juillet dernier, sur cette évolution inquiétante de la maladie au Sénégal avec des projections sur deux à trois mois qui va servir de modèle pour suivre l’efficacité — ou la non efficacité — de la riposte des autorités sanitaires.
Avec le mathématicien Dr Modou Ngom du cadre unitaire des syndicats du moyen et secondaire du Sénégal (Cusems), on a fait une analyse un peu catastrophiste de l’évolution de la maladie notamment du cycle mortel. Les estimations de ce membre du directoire national du Cusems font peur ! Elles font apparaître qu’en fin décembre prochain, le Sénégal peut se retrouver avec 67 417 cas dont 20 916 patients hospitalisés et, hélas, 1585 décès ! M. Ngom, poursuivant son raisonnement, parle de 15 811 cas positifs dans quelques jours, c’est-à-dire fin août, 22 720 cas en fin septembre et 32 648 cas en fin novembre.
Dans le prochain trimestre donc, l’épidémie continuera sa propagation en affectant un nombre important de personnes. si la tendance se poursuit, le camarade d’Abdoulaye Ndoye pense que le Sénégal finira l’année 2020 avec un nombre important de décès qui dépassera la barre des 1500 morts. Naturellement, les hôpitaux seront débordés, car ne pouvant pas contenir les 20 916 malades qui seront alors sous traitement.
Estimés. Il y aura 4095 patients hospitalisés et 370 décès en fin août et 7048 patients covid à l’hôpital et 534 décès en septembre. des chiffres qui vont connaitre une hausse pour atteindre 10 129 patients pris en charge par les services du ministère de la santé et 767 décès le mois suivant et qui vont doubler en fin d’année avec 20 916 malades hospitalisés et 1585 décès. Notre scientifique n’y est pas allé avec le dos de la cuillère.
Les données n’augurent pas de perspectives rassurantes car, dit-il, avec les mêmes évolutions nous risquons d’avoir 4 sénégalais sur 1000 atteints de coronavirus, 1 mort sur 10 000 et 2 sénégalais sur 1000 seront sur les lits des hôpitaux. Par rapport à cette évolution future, il estime que le taux de positivité peut passer de 1 % par jour à 7, 70 % par semaine, celui des décès sera de 1,7 % par jour et 8,46% par semaine au moment où les malades hospitalisés pourraient baisser du fait de la saturation des établissements de santé avec un taux journalier de 0,8 % hospitalisé contre 5,6 %, en fin de semaine.
Ces chiffres signifient que, pour les jours et les semaines à venir, nous aurons des évolutions journalières et hebdomadaires importantes pour l’ensemble des caractères estimés à savoir les patients positifs, ceux hospitalisés et les décédés. Selon notre spécialiste, pour arrêter cette évolution, « il faut nécessairement agir sur l’explosion des valeurs des variances. Qui doivent être minimales afin de permettre une baisse drastique des cas testés positifs, voire une disparition de la maladie au Sénégal. L’argument scientifique que nous opposons se trouve au niveau de ces variances respectives. Nous constatons des valeurs de variances qui sont très élevées : 104 256 personnes testées positives dont 1508 décès.
Pour minimiser ces variances, les autorités doivent impérativement arrêter la chaine de propagation du virus. « Tout le problème se situe à ce niveau car c’est à partir des positifs que nous avons le nombre de personnes sous traitement, de malades guéris et de personnes décédées.
La propagation de l’épidémie durant les 18 premières semaines est marquée par une évolution galopante de toutes les variances considérées avec un taux d’évolution des cas positifs de 43,7 %, de personnes sous traitement qui est de 42,43 % et des décès qui a flambé jusqu’à 62,41 %. La maladie gagne du terrain avec donc des personnes de plus en plus infectées, un taux de décès très élevé, des guérisons nombreuses mais qui, comme l’affirme l’enseignant scientifique, ne permettent pas de vider les lits d’hospitalisation », dixit M. Ngom qui est d’avis que la guerre doit être menée dans le but freiner les cas de contamination.
Par Abdoulaye THIAM
ASSOIFFES DE POUVOIR !
La jeunesse africaine assoiffée de changement, s’organise au péril de sa vie, pour connaître l’alternance politique, un des critères d’une vitalité démocratique.
Après le traumatisme de l’esclavage des Arabes, suivi de la traitre de Nègres et de la colonisation, des Africains se sont battus pour retrouver leur dignité bafouée, piétinée par des puissances étrangères. Ce qui a débouché sur les indépendances de la fin des années 50 jusqu’en 1980. Cette lutte acharnée pour la conquête de la liberté va se poursuivre avec le multipartisme via le fameux discours de La Baule (1990) pour les pays francophones. La jeunesse africaine assoiffée de changement, s’organise au péril de sa vie, pour connaître l’alternance politique, un des critères d’une vitalité démocratique.
Face à elle, le club des Chefs d’Etat use de toutes sortes de subterfuges pour se momifier au pouvoir. Quand vous vous aventurez à rechercher le record de longévité des présidents au pouvoir dans le monde, les africains arrivent en pole position. Seul, le dictateur «sanguinaire», le défunt Kim-Il Sung, qui a régné sur la Corée du Sud pendant 47 ans (1948-1994), a fait plus que la bande à Omar Bongo (Gabon, 41 ans, 6 mois et 6 jours), Robert Mugabe (Zimbabwe, 29 ans, 10 mois et 21 jours), Jose Edouardo Santos (38 ans et 15 jours, Angola), Abdelaziz Boutefleki (16 ans, 9 mois et 16 jours, Algérie), Paul Biya (plus 38 ans, Cameroun), Teodoro Obiang Nguema (En fonction depuis le 3 août 1979, Guinée Equatoriale), Denis Sassou-Nguesso (au pouvoir du 8 février 1979 au 31 août 1992 ; il reprend le pouvoir le 25 octobre 1997, Congo), Yoweri Museveni (34 ans, Ouganda), Paul Kagame (au pouvoir depuis le 24 mars 2000, Rwanda), Idriss Deby (30 ans, Tchad)...
La liste est loin d’être exhaustive. Ils ont tous, un dénominateur commun : accéder au pouvoir par les armes ou par les urnes et faire tout pour y rester. Quitte à user de subterfuges constitutionnels, s’ils ne se font pas remplacer par leur propre fils. La famille Bongo règne sur le Gabon, celle de Eyadema au Togo. Les Nguema ne pensent pas faire l’exception en Guinée Equatoriale. Triste Afrique !
MÉTHODE COUÉ
A côté de ces dynasties organisées, d’autres Chefs d’Etat utilisent la méthode Coué pour se maintenir au pouvoir. «Je ne me représenterai jamais contre la volonté du peuple», a-t-on l’- habitude d’entendre. Certains, après avoir déclaré urbi et orbi qu’ils ne feront pas plus de deux mandats, trouvent aujourd’hui, des moyens de faire volte-face, soit en modifiant la Constitution (le cas de la Guinée avec le Professeur Alpha Condé), ou en s’appuyant sur son parti (exemple de Alassane Drame Ouattara). «J’ai décidé de ne pas être candidat à la présidentielle du 31 octobre 2020 et de transférer le pouvoir à une jeune génération». C’est ce qu’avait annoncé, le 5 mars 2020, le président ivoirien Alassane Ouattara, renonçant ainsi, à briguer un troisième mandat, après des mois de mystère quant à son éventuelle candidature. Mais, après le décès soudain de Amadou Gon Coulibaly, son Premier ministre et dauphin désigné à la Présidentielle, ADO rétropédale et argue d’un cas de force majeur pour annoncer sa candidature.
La Côte d’Ivoire déjà déchirée et divisée par une guerre fratricide, ethnique et religieuse s’enfonce dans le creux d’une vague. Quant à la Guinée, le Professeur Condé qui s’est battu pendant un quart de siècle pour accéder au pouvoir en subissant toutes sortes de brimades, risque, aujourd’hui, d’y installer le chaos. Ces velléités du 3ème mandat guettent aussi, le Chef de l’Etat du Sénégal. Sa réponse «ni oui, ni non» servie à la presse le 31 décembre 2019 a fini d’installer le doute chez beaucoup d’observateurs. Faisant dans le clair-obscur, Macky Sall déclare : «si je dis que je ne serai pas candidat, les membres du gouvernement ne vont plus travailler (sic), chacun va essayer de se positionner. Si je dis que je serai candidat, une vive polémique va s’ensuivre (re-sic)».
Tout en rappelant qu’il n’avait pas de dauphin désigné, il tente par la même occasion de faire du 3ème mandat un sujet tabou, en limogeant tout membre de son parti qui en débattrait. Moustapha Diakhaté et Sory Kaba sont déjà passés à la guillotine. Pendant ce temps, ceux qui interprètent l’article 57 de la Constitution qui stipule que «le président de la République est élu au suffrage universel direct et au scrutin majoritaire à deux tours, pour un mandat de cinq ans. Il ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs», en sa faveur, vaquent à leurs occupations. Mais au-delà des textes, il importe de relever pourquoi plus de 10 Sénégalais avaient perdu la vie, durant la période allant de la validation de la candidature de Me Abdoulaye Wade à l’accession de Macky Sall à la Magistrature suprême. C’était effectivement pour combattre un troisième mandat. Ils sont morts en martyrs pour que leur pays s’inscrive sur le chemin de l’émergence et de la démocratie. Il n’y a rien de plus insultant que de penser qu’ «après moi, c’est le désert ; c’est le déluge !» Il n’y a qu’en Afrique qu’on argue pour se maintenir au pouvoir, qu’on doit terminer ses sentiers.
Comment peut-on construire un pays en 10, 20, 30 voire 40 ans. Les Etats-Unis ont accédé à l’indépendance le 4 juillet 1776 et depuis l’amendement 22, il ne traverse même pas à l’esprit d’un Président fût-il Barack Obama ou Ronald Reagan l’idée de rester une seconde de plus à la Maison Blanche après deux mandats de 4 ans d’affilée. En France, idem ! L’Afrique ne devrait pas être en reste. Surtout qu’il y a certainement une meilleure vie après celle d’un président de la République.
PRIX MO IBRAHIM CHERCHE LAURÉAT
L’attitude pouvoiriste de nos chefs d’Etat, fait que le Prix Mo Ibrahim peine à trouver un lauréat. Lancé en 2007, par l’entrepreneur anglo-soudanais, Mo Ibrahim, il a pourtant pour but de récompenser les dirigeants qui font preuve d’un grand leadership sur un continent où de nombreux présidents refusent de quitter le pouvoir et entravent le développement économique et social. Le prix devait être décerné annuellement, mais à six occasions, aucun chef d’Etat n’a été jugé digne de le remporter. Les candidats au Prix Ibrahim sont tous d’anciens chefs d’État ou de gouvernement africains élus démocratiquement et ayant quitté leurs fonctions au cours des trois dernières années civiles, après avoir respecté la durée de leur mandat prescrite par la Constitution. Les précédents lauréats sont l’ancienne présidente du Libéria, Ellen Johnson Sirleaf (2017), l’ancien président de la Namibie Hifikepunye Pohamba (2014), l’ancien président de Cap-Vert Pedro Pires (2011), l’ancien président du Botswana Festus Mogae (2008) et l’ancien président du Mozambique Joaquim Chissano (2007).
Pour rappel, Nelson Mandela fut le lauréat d’honneur lors de la première cérémonie de remise des prix en 2007. Sauf qu’aucun assoiffé de pouvoir ne pourra intégrer ce Panthéon de grands dirigeants.
«IL FAUT DEJA QU’ON RESPECTE NOS TEXTES»
Mamadou Jean Charles Tall se montre un peu dubitatif quant à la faisabilité de la décision du chef de l’Etat de conditionner le permis de construire à la plantation d’arbre
Lors de la cérémonie officielle de la journée nationale de l’arbre qui s’est tenue dimanche dernier, à Diamniadio, le chef de l’État, Macky Sall, a indiqué que désormais, la délivrance du permis de construire sera conditionnée à la plantation d’arbre. Joint au téléphone, hier lundi, par la rédaction de Sud Quotidien, l’architecte Mamadou Jean Charles Tall, tout en relevant la volonté politique, se montre un peu dubitatif quant à la faisabilité.
Procédant à la plantation à Diamniadio d’une espèce de l’arbre parrain de cette année : le baobab, le Président Macky Sall a déclaré que désormais, la délivrance du permis de construire sera conditionnée à la plantation d’arbre. S’il a estimé que « c’est une bonne chose, si on peut reverdir le pays », l’architecte en Charles Tall a toutefois souligné que « le problème, c’est un peu la faisabilité ». Il rappelle au passage « qu’il existe déjà des dispositions au niveau du Code de l’urbanisme et du Code de la construction » Une manière de dire qu’ «il faut déjà qu’on respecte nos textes ». Et d’expliquer : «la deuxième chose, c’est que le permis de construire, il vient avant la construction, n’est-ce pas. Donc, le problème, ce n’est pas de délivrer un permis de construire ».
Ainsi fera-t-il observer : « On ne peut pas délivrer un permis de construire après avoir planté, puisque après, quand on va venir construire, on va détruire l’arbre pour que les engins puissent passer. Donc je pense que, ce que le président voulait dire : «doit être conditionné». Aussi poursuivra Mr Tall, « la chose la plus importante, c’est de s’assurer que vraiment les arbres sont plantés ». A son entendement, « cela veut dire qu’il faut commencer à s’assurer que les dispositions du permis de construire ne sont pas violées, les dispositions des règles des structures de l’urbanisme ne sont pas violées ». En d’autres termes cela signifie « qu’on ne vienne pas faire six étages dans une zone où c’est prévu de faire trois étages, qu’on ne vienne pas sur un terrain de 150 mètres-carrés construire 140 mètres-carrés ou un peu plus, alors que peut-être le coefficient d’emprise au sol ne doit pas dépasser 100 mètres-carrés ou 110 mètres-carrés ». En définitive, pour l’architecte Jean Charles Tall, « prendre des lois, c’est bien ; ça montre la volonté politique, mais, le plus important, c’est de les appliquer».
PARADOXE ET CONTRADICTION
L’architecte n’a pas manqué de relever un paradoxe, une contradiction à cette volonté politique annoncée du président Macky Sall, avec le déracinement de plusieurs dizaines de baobab au profit d’une fabrique de carreaux. «J’espère que ce n’est pas une loi cosmétique simplement parce qu’on dit qu’il faut protéger nos forêts, donc il faut replanter, il faut reboiser. En même temps, on autorise des gens à monter une usine de carreaux à Nguékhokh, à abattre une cinquantaine de baobabs. Donc, il y a une grosse contradiction et peut-être que les services du président devraient se pencher sur ça, pour qu’on n’ait pas à gérer ce type de contradictions,. Et de poursuivre, dans la foulée : «ça n’a pas de sens de dire aujourd’hui on va planter parce que là le président exprime une volonté politique. Est-ce que les services de l’Etat sont en ordre de bataille pour que ça soit effectivement fait et pour qu’on ne déclassifie plus de forêts. Aujourd’hui, on parle de la forêt de Mbao qui va être déclassifiée, peut-être en partie, ça n’a pas de sens. Il ne faut pas qu’on aille dans des contradictions de ce type».
LE SERVICE DES EAUX ET FORETS INTERPELLE
Interpellé sur le type d’arbre à planter dans ou près des maisons, comme l’a suggéré le chef de l’Etat, l’architecte d’indiquer : «je ne suis pas spécialiste de la foresterie. Ça, peut être, ce sont les services des Eaux et Forêts qui devraient y réfléchir. Il y’a un gros travail de réflexion à faire parce qu’on ne peut planter n’importe quoi près des maisons, il y a certains arbres dont les racines sont très fortes et qui risquent de soulever les fondations. Donc, ça, je pense qu’il y aura un travail des Eaux et Forêts pour déterminer le type d’arbre». Concernant le cas des immeubles, M. Tall renseigne, en effet : «je ne sais pas du tout. Je ne sais pas quelles sont les dispositions, j’ai entendu comme vous, l’annonce des instructions du président. Il va falloir réfléchir quand il y a un immeuble. Comment on fait une telle équation, si sur un immeuble on a dix, douze étages avec deux appartements par étage ? Cela veut dire chaque famille devra avoir son arbre ou est-ce que ça veut dire qu’on impose au promoteur immobilier de réaliser un certain nombre de plantations en compensation de la valeur carbone de son immeuble ? Il y a plusieurs mécanismes qui sont possibles, mais je ne peux pas me prononcer sur ça parce je ne connais pas encore leurs détails. Je pense que le président a exprimé une volonté, il attendre de voir comment la mettre en œuvre».
68 NOUVELLES CONTAMINATIONS ET 2 NOUVEAUX DÉCÈS
Sur 876 tests réalisés au cours de cette période, 68 échantillons se sont révélés positifs, à savoir 29 cas contacts suivis par les services de santé et 39 cas relevant de la transmission communautaire.
Dakar, 11 août (APS) - Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a annoncé mardi avoir enregistré 68 nouvelles contaminations au coronavirus au cours des dernières 24 heures, portant à 11.380 le nombre total de personnes atteintes de cette maladie au Sénégal.
Sur 876 tests réalisés au cours de cette période, 68 échantillons se sont révélés positifs, à savoir 29 cas contacts suivis par les services de santé et 39 cas relevant de la transmission communautaire.
Ces derniers cas ont été enregistrés à Kaolack (6), Kédougou (5), Mbour (4), Thiès (4), Touba (4), Ziguinchor (3), Fann Résidence (2), Parcelles Assainies (2), Richard-Toll (2), Diourbel (1), Guédiawaye (1), HLM 6 (1), Keur Massar (1), Kolda (1), Liberté 5 (1) et Mbao (1).
De même 59 patients ont été testés négatifs au cours des dernières 24 heures et déclarés guéris, pour 49 cas graves pris en charge dans les services de réanimation et 2 nouveaux décès liés à la Covid-19.
Le Sénégal compte désormais 11380 cas positifs au coronavirus depuis l’apparition de la maladie sur son territoire le 2 mars dernier, selon le ministère de la Santé et de l’Action sociale.
Il précise que 7449 patients ont recouvré la santé contre un total de 238 décès enregistrés, 3692 patients restant encore sous traitement.
L’ORIGINE DES PRESIDENCES À VIE
Moussa Diaw et Momar Diongue livrent leurs diagnostics sur ce phénomène des «présidents à vie» que certains observateurs ont fini par qualifier de «momification du pouvoir» dans certains pays africains
Le professeur Moussa Diaw, enseignant chercheur en Sciences politiques à l’Université Gaston Berger de Saint louis, et Momar Diongue, journaliste et analyste politique, livrent leurs diagnostics sur ce phénomène des «présidents à vie» que certains observateurs ont fini par qualifier de «momification du pouvoir» dans certains pays africains. Interpellés par Sud quotidien, ils ont pointé du doigt, entre autres, la connivence de certaines élites intellectuelles et politiques, l’autocratie, la mal gouvernance et la présence de la famille ou de l’ethnie dans la gestion des affaires publiques.
La décision du chef de l’Etat ivoirien, Alassane Dramane Ouattara, de briguer un 3ème mandat présidentiel et les ambitions prêtées à ses homologues de la Guinée et du Sénégal, ont remis au goût du jour le débat portant sur la relation des hommes politiques africains avec le pouvoir.
Le professeur Moussa Diaw, enseignant chercheur en Sciences politiques à l’Université Gaston Berger de Saint louis et Momar Diongue, journaliste et analyste politique en sont convaincus.
Interpellés sur les raisons de ce phénomène des «présidents à vie» que certains observateurs ont fini par qualifier de «momification du pouvoir» dans certains pays africains, le professeur Moussa Diaw souligne que : « le plus souvent ce sont les hommes politiques qui accèdent au pouvoir après une longue traversée du désert, du fait des difficultés vécus pendant très longtemps dans l’opposition, qui sont les plus prompts à manœuvrer pour rester le plus longtemps au pouvoir. Ils sont aidés par une partie de l’élite intellectuelle qui a une grande responsabilité dans cette situation parce que quand, vous regardez la plupart des constitutions africaines, elles sont écrites par d’éminents constitutionnalistes africains qui, de connivence avec l’élite politique, s’engagent dans cette logique d’interprétation de l’esprit des textes de la charte fondamentale».
Poursuivant son argumentaire, il relève que : «Les constitutions changent très souvent en fonction du changement des régimes. Chaque fois qu’il y a changement à la tête de l’Etat, on change de constitution et au terme de leur mandat, les chefs d’Etat ont toujours tendance à modifier les constitutions de manière à proroger leur mandat». Abondant dans le même sens, le journaliste et analyste politique, Momar Diongue, affirme de son côté qu’il y a trois facteurs explicatifs de cette propension des dirigeants africains à aller vers un 3ème mandat ou même une présidence à vie. Il cite entre autres, la gestion autocratique, la mal gouvernance et la présence de la famille ou de l’ethnie dans la gestion des affaires publiques.
Abordant le premier facteur, Momar Diongue indique, «quand vous gérez de façon autocratique le pouvoir, vous brimez la démocratie dans votre pays, vous êtes sans pitié, sans rémission contre vos adversaires politiques, allant même jusqu’à les emprisonner. Par crainte de représailles après votre départ à la tête du pouvoir, vous êtes plutôt tenté de vous accrocher autant que possible au pouvoir». Poursuivant son analyse, il ajoute au sujet du deuxième facteur «quand vous gérez les deniers publics comme votre propre argent, quand vous vous permettez toutes les libéralités et tous les écarts de gestion des deniers qui vous sont confiés, vous savez bien évidement que vous et votre entourage pouvez faire l’objet de poursuites judiciaires une fois que vous allez perdre le pouvoir. C’est ce qui vous incline à vous accrocher ».
S’agissant du troisième et dernier facteur relatif à l’immixtion de la famille, de l’ethnie dans la gouvernance, le journaliste analyste politique déclare : «Quand vous gérez votre pays et que vous laissez votre famille ou votre ethnie participer à la gestion des affaires publiques, vous les exposez à un certain nombre de malversations ou de gestion non orthodoxe. Quand vous impliquez également les gens de votre ethnie dans la gouvernance, ils considéreront que c’est leur plein droit d’en faire ce qu’ils veulent et à partir de ce moment-là, vous serez tenté de garder le pouvoir».
A l’en croire, tous ces trois facteurs se retrouvent chez tous les hommes politiques qui veulent s’éterniser au pouvoir. Citant entre autres, le président Paul Biya du Cameroun, Denise Sassou Nguesso du Congo, le président Teodoro Obiang Nguema de la Guinée-équatoriale et le président d’Ouganda, Yoweri Museveni, les quatre présidents qui sont les plus anciens au pouvoir en Afrique, Momar Diongue souligne qu’on retrouve « tous ces trois facteurs dans la façon dont ces quatre présidents gèrent leurs pays respectifs». Aussi a-t-il suggéré aux organisations de la société civile et aux populations qui combattent ce phénomène de s’attaquer directement à ces trois facteurs s’ils veulent barrer la route à toute tentative éventuelle de 3ème mandat dans leur pays ».
LE SENEGAL EXPOSÉ AU VIRUS DU TROISIÈME MANDAT
Les spéculations sur une troisième candidature de l’actuel président en 2024 vont bon train, gagnant les rangs des praticiens du droit, dans l’impossibilité de s’accorder sur une même interprétation de la loi
Les élections de 2020 en Afrique, plus précisément dans la sous-région, devraient constituer un test contre les efforts visant à fouler au pied les limites des mandats présidentiels avec ses conséquences directes sur la stabilité du continent. La Côte d’Ivoire et la Guinée Conakry se signalent avec des interprétations de la constitution modifiée pour limiter les mandats à 2 uniquement. Le Sénégal pourrait rejoindre le peloton quand on sait que les interprétations vont déjà bon train, aidées en cela par le clair-obscur entretenu par le chef de l’Etat, Macky Sall, sur ses intentions de briguer ou non un troisième mandat en 2024.
L’année 2020 représente une échéance importante pour savoir si les citoyens africains, en particulier les jeunes, de plus en plus actifs et connectés sur les réseaux, tout comme les organisations régionales et les partenaires internationaux, toléreront les efforts de certains dirigeants pour éroder les normes démocratiques. Ou encore, si un nouvel effort pour faire respecter certaines normes gagnera en efficacité. La raison, les chefs d’Etat ont habitué leurs peuples à des tripatouillages sans retenue de leurs constitutions dans l’unique but de prolonger leur règne. Les enjeux restent ainsi énormes, au vu des interprétations qui se font ça et là dans la sous-région, où les partisans du troisième mandat refusent la rétroactivité des nouvelles constitutions limitant les mandats à deux. Ce qui ouvre la porte aux candidats sortants, remettant ainsi les compteurs des mandats à zéro.
ALASSANE OUATTARA FAIT VOLTE-FACE
En Côte d’Ivoire, le président sortant, Alassane Ouattara, vient de fouler au pied la limitation des mandats présidentiels, conformément à la Loi fondamentale votée en 2016 précisant en son article 35 que : «Le président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct. Il n’est rééligible qu’une fois ». Le président Alassane Ouattara, qui a dirigé la reconstruction du pays après la guerre, achève son deuxième mandat en 2020. Agé de 78 ans, il avait désigné son candidat à la présidentielle du 31 octobre prochain, en la personne de son ancien Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly. Le décès de celui-ci rabat les cartes, poussant ainsi le président Ouattara à faire volte-face pour annoncer sa candidature, à l’occasion d’un discours à la Nation ivoirienne. Face à son peuple, le jeudi 6 août dernier, il a déclaré : «j’ai décidé de répondre favorablement à l’appel de mes concitoyens me demandant d’être candidat...
Je suis donc candidat à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020». Et de poursuivre : «le risque que notre pays recule dans bien des domaines, tout cela m’amène à reconsidérer ma position». Une déclaration qui n’a pas manqué d’occasionner des manifestations, le jour suivant à Abidjan et à l’intérieur du pays, pour dénoncer la candidature du président Alassane Ouattara. Dans la commune de Yopougon (nord d’Abidjan) des jeunes ont érigé des barrages et incendié des pneus sur l’autoroute du Nord, la principale route ivoirienne, qui relie Abidjan aux autres villes du pays. Il en est de même dans la ville de Bonoua (sud ivoirien) et de Soubré (nord-ouest) où des jeunes ont aussi organisé des marches pour dire non à un troisième mandat. Toutefois, le jeudi, l’annonce a été accueillie dans une liesse populaire à Abidjan, Bouake (centre) et Korhogo, la grande ville du nord et fief du pouvoir. Et plusieurs ministres ont salué cette décision.
LES CRAINTES DE L’OPPOSITION GUINEENNE SE CONFIRMENT PEU A PEU
En Guinée, le même scénario se dessine avec le président Alpha Condé qui a été désigné candidat à la présidentielle d’octobre prochain. En effet, à l’issue de leur convention nationale, tenue les 5 et 6 août à Conakry, les délégués du parti au pouvoir en Guinée (RPG-Arc-en-ciel) ont demandé au président sortant, Alpha Condé, d’être leur candidat à l’élection présidentielle du 18 octobre 2020. En début de semaine, la Coalition démocratique pour le changement dans la continuité (Codecc), qui réunit des partis politiques alliés au RPG Arc-en-ciel, avait également proposé la candidature du président guinéen. Pourtant, la Constitution guinéenne limite le nombre de mandats à deux. En son article 40, la constitution promulguée le 7 avril dernier indique que «Le président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de six ans, renouvelable une fois».
Toutefois l’adoption en mars dernier d’une nouvelle loi fondamentale lors d’un référendum boycotté par l’opposition, autoriserait, selon les partisans du président guinéen, à remettre les compteurs à zéro et á briguer un nouveau mandat de cinq ans renouvelable une fois. Ce qui conforte les craintes de l’opposition guinéenne qui était persuadée, depuis des mois en arrière, que le président sortant briguerait un troisième mandat. Elles avaient alors lancé, à la mi-octobre, le Front national pour la défense de la Constitution (Fndc), formé des principaux partis d’opposition et d’organisations de la société civile. Leur mobilisation anti-Condé avait été plusieurs fois réprimée, faisant des dizaines de morts parmi les manifestants. Ledit front avait appelé à manifester le jeudi dernier, avant de reporter le rassemblement «en raison des examens scolaires».
ÇA SENT LE ROUSSI AU SENEGAL
Quid du Sénégal qui a modifié sa constitution en 2016, limitant les mandats présidentiels à 2 consécutifs, et précisant en son article premier que : «La durée du mandat du président de la république est de cinq ans. Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs» ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que ça sent le roussi avec deux camps distincts composés de pro et anti troisième mandat. Les spéculations sur une troisième candidature de l’actuel président en 2024 vont cependant bon train, gagnant les rangs des praticiens du droit, dans l’impossibilité de s’accorder sur une même interprétation de la loi. La position ambigüe du président, à savoir sa réponse «ni oui» «ni non» à une autre candidature, n’aidant pas à une lecture visible du jeu politique, le spectre du troisième mandat présidentiel ou du mandat de trop continue de roder dans le pays. Les limogeages et exclusions du parti présidentiel de Sory Kaba, Directeur des Sénégalais de l’extérieur, et de Moustapha Diakhaté, ancien président du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar, pour leur position toute tranchée sur l’impossibilité constitutionnelle du président de briguer un troisième mandat, n’augurent rien de bon.
LES BELLES LEÇONS DEMOCRATIQUES DU NIGER ET DE LA MAURITANIE N’Y FERONT RIEN
De toute évidence, la tentation du troisième mandat présidentiel est en passe de gangréner le champ dit «démocratique» de moult pays africains. Dans la sous-région africaine, aucun régime ne semble pouvoir échapper à la tentation anticonstitutionnelle consistant à tripatouiller la constitution pour rempiler encore et encore à la magistrature suprême. Pourtant, des pays ont brisé cette ère des présidents à vie, qui semblait être indissociable du jeu politique africain. L’exemple du Niger, où le président Mahamadou Issoufou a fini par concrétiser sa décision de ne pas briquer un troisième mandat, en mettant en selle son dauphin et le futur candidat de son parti à la présidentielle, en l’occurrence le ministre nigérien de l’Intérieur, devait suffire. Le président mauritanien, Mohamed Ould Abdelaziz avait aussi apprivoisé toutes les appréhensions et craintes nourries autour de sa volonté de briguer un 3ème mandat, en poussant son poulain Ghazouani à la présidence, à l’issue d’élections finalement acceptées par l’opposition
LA LUTTE CONTRE LA PANDÉMIE DE COVID-19 À LA UNE DES QUOTIDIENS
Dakar, 11 août (APS) – Les quotidiens se focalisent sur la pandémie de Covid-19 pour leur livraison de ce mardi, reléguant au second plan certains sujets politiques et économiques.
L’As est préoccupé par la hausse des cas de Covid-19 à Ziguinchor (sud). Dans cette région, ‘’les populations sont hantées par une crise sanitaire qui semble se profiler à l’horizon’’, lit-on dans le même journal.
‘’Trente-huit fugitifs dans la nature’’, lit-on dans Source A, qui fait état d’‘’individus testés positifs au coronavirus à Touba (centre)’’, mais qui ‘’ont refusé catégoriquement de se soumettre au traitement épidémiologique’’. ‘’Les autorités médicales n’ont jusque-là pas des nouvelles de ces patients ambulants’’, ajoute le journal.
‘’Rassemblements, refus du port du masque, insouciance… L’indiscipline défie le coronavirus’’, écrit Tribune, journal selon lequel des jeunes en sont venus aux mains avec des gendarmes qui tenaient à faire respecter l’interdiction des rassemblements, dans la région de Tambacounda (est).
‘’Les mesures prises par les autorités pour freiner la propagation du [Covid-19] semblent ignorées par les jeunes qui (…) transmettent le virus aux personnes âgées qui en meurent. [Les jeunes] bafouent les mesures barrières dont le port du masque’’, constate Tribune.
Vox Populi et Kritik se font l’écho d’une recommandation du khalife général des tidjanes, Serigne Babacar Sy Mansour. ‘’Qu’on fasse des offrandes, des prières...’’ conseille le guide religieux.
‘’Il faut se protéger. Quand l’Etat dit que nous devons nous protéger, nous devons le faire. Même s’il ne le fait pas, lui, nous devons le faire’’, recommande Serigne Babacar Sy Mansour.
Selon Kritik, le khalife général des tidjanes conseille ‘’la prière, le repentir et l’aumône’’ pour vaincre la pandémie.
Le Quotidien sonne l’alarme en annonçant ‘’trois mois de forte fièvre’’. La fête musulmane de l’Aïd al-Adha (Tabaski), les ‘’gamous’’, le Magal (pèlerinage de la communauté mouride) et la rentrée universitaire sont une ‘’succession d’évènements populaires’’ propices à la propagation du Covid-19, fait remarquer Le Quotidien.
Après la Tabaski, ‘’le Sénégal se dirige vers deux mois à haut risque d’infection si la chaîne de transmission n’est pas rompue avant les grands évènements religieux à venir’’, avertit-il.
Le Témoin Quotidien se veut alarmiste. ‘’Un mathématicien projette 1.500 décès d’ici à fin décembre’’, écrit-il, ajoutant que ce spécialiste ‘’annonce aussi 67.000 cas et plus de 20.000 personnes hospitalisées’’.
L’Observateur pose le débat sur la légalité de l’arrêté du ministère de l’Intérieur prescrivant le port obligatoire du masque. ‘’Aucun texte n’interdit qu’on marche dans la rue sans masque’’, malgré la publication de l’arrêté en question, soutient l’avocat Demba Ciré Bathily.
Son confrère Assane Dioma Ndiaye partage ce constat en affirmant dans le même journal qu’il n’existe pas de ‘’texte réglementaire’’ encadrant l’obligation de porter le masque.
Le journal EnQuête indique ‘’la voie à suivre’’ pour freiner la propagation de la maladie à coronavirus, se basant sur les propositions faites par des experts qui suggèrent aux autorités de ‘’passer de l’approche sécuritaire à une implication des acteurs de la communauté’’.
Les mêmes experts demandent aux autorités d’aller vers ‘’une prise en charge à domicile ciblée et encadrée’’ des patients, à la place des ‘’coûteux confinements dans les hôtels’’.
L’‘’autonomisation’’ des personnes handicapées est l’un des autres sujets auxquels les journaux se sont intéressés. Cette composante de la société mène ‘’une longue et difficile traversée’’ en vue de son ‘’autonomie’’, constate Le Soleil.
La Fédération des associations de personnes handicapées, elle, déplore la ‘’lente production’’ des cartes d’égalité des chances délivrées aux personnes handicapées par le ministère de la Santé et de l’Action sociale pour améliorer leur existence, rapporte le même journal.
Sud Quotidien est préoccupé par ‘’le spectre du troisième mandat’’ en Guinée, en Côte d’Ivoire et au Sénégal. La jeunesse africaine, ‘’assoiffée de changement’’, est confrontée à un ‘’club de chefs d’Etat [qui] use de toutes sortes de subterfuges pour se momifier (Ndlr : s’éterniser, rester le plus longtemps) au pouvoir’’.
Le quotidien économique L’Info a tenté de comprendre la mainmise des entreprises françaises sur les marchés publics sénégalais. ‘’Il n’y a jamais autant d’engouement des entreprises hexagonales pour les secteurs (…) de l’économie sénégalaise’’, affirme le journal, ajoutant que leur ‘’regain d’intérêt (…) pour le Sénégal est loin de s’arrêter’’.
HABIB DIALLO SUIVI PAR TOTTENHAM ET LEEDS
Déjà pisté par Tottenham (élite anglaise) Habib Diallo, l’attaquant sénégalais du FC Metz (élite) qui a reçu "un bon de sortie", se trouve aussi dans le viseur de Leeds, un club nouvellement promu en Premier League.
Déjà pisté par Tottenham (élite anglaise) Habib Diallo, l’attaquant sénégalais du FC Metz (élite) qui a reçu "un bon de sortie", se trouve aussi dans le viseur de Leeds, un club nouvellement promu en Premier League.
Selon le quotidien sportif français l’Equipe, qui rapporte cette information dans son édition de ce lundi, Leeds, dirigé par le coach argentin Marcelo Bielsa, s’est mis en course pour s’attacher les services de l’attaquant sénégalais de 25 ans.
Auteur de 12 buts et trois passes décisives, Habib Diallo attend "une offre satisfaisante située entre 15 et 20 millions d’euros". Et en plus de l’Angleterre, "destination privilégiée" par le footballeur, des clubs allemands ont aussi fait des offres. L’Equipe écrit que l’attaquant qui ne restera pas à Metz au-delà du 5 octobre, sera remplacé par son compatriote Ibrahima Niane, âgé de 21 ans
. "C’est un choix à la fois économique car pour confirmer notre développement, on doit valoriser de jeunes joueurs susceptibles de nous apporter à terme des plus-values en termes de transferts et sportif parce qu’il a tout pour s’imposer en pointe chez nous", dit le coach Vincent Hognon, cité par le même journal.
En 2018-2019, alors que le FC Metz jouait en ligue 2, Niane avait marqué 10 buts, contre trois lors de la saison précédente en Ligue 1, lors de laquelle il avait joué moins de matchs. En plus d’avoir joué moins de matchs, l’ancien joueur de l’équipe nationale U20 évoluait souvent sur les côtés, la pointe étant laissée à la star de l’équipe, Habib Diallo.