SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
18 juillet 2025
"LES RESSORTS DE NOTRE NATION SONT SOLIDES"
Prise en charge des factures d'électricté et d'eau, aide en faveur de la diaspora, soutien du secteur privé, suspension d'impôts à certaines entreprises... Retour sur les principales annonces présidentielles lors du discours à la nation de Macky Sall
SenePlus publie ci-dessous, l'intégralité du discours à la nation de Macky Sall, en prélsude à la commémoration des 60 ans d'indépendance du Sénégal ce 4 avril.
"Mes chers compatriotes,
Demain, 4 avril 2020, nous célébrons le 60e anniversaire de l’accession de notre pays à la souveraineté internationale.
A chacune et à chacun de vous, j’adresse mes chaleureuses félicitations. Je salue avec respect et affection nos anciens combattants. Vos sacrifices immenses, chers anciens combattants, resteront à jamais gravés dans nos cœurs et notre mémoire collective. Puisse votre exemple inspirer notre jeunesse et semer en chaque enfant de notre pays la graine du patriotisme qui nourrit le destin des grandes Nations.
A vous, officiers, sous-officiers et militaires du rang, je renouvelle ma confiance dans vos missions au service de la Nation et de la paix dans le monde, souvent loin de vos familles. Ces missions ne sont pas sans risque. Je salue la mémoire de nos soldats tombés au champ d’honneur et forme des vœux de prompt rétablissement pour les blessés. Aux familles des défunts et aux blessés, je veux assurer que l’Etat restera toujours à leurs côtés.
Mes chers compatriotes,
Cette année, nous célébrons soixante ans de liberté retrouvée et de fraternité constamment revitalisée. Nous devons ce parcours paisible et convivial à notre commun vouloir de vie commune, à l’abri des turbulences qui déchirent les peuples et froissent leur destin. Ce legs des anciens nous engage à tenir ferme le flambeau de la liberté, de la paix et de l’unité nationale, afin qu’il continue d’illuminer notre voie et celle des générations futures.
Un grand défilé civil et militaire devait marquer l’éclat de nos 60 ans d’indépendance. Mais les circonstances exceptionnelles liées à la sévère pandémie du COVID-19 ne permettent pas un tel évènement. En lieu et place du défilé, je présiderai demain, au Palais de la République, une cérémonie de levée des couleurs, sobre et symbolique. Toutes les autres manifestations initialement prévues sont annulées sur l’étendue du territoire national.
Dans le contexte de lutte contre le COVID-19, le thème de la fête de l’indépendance porte cette année sur « Le rôle des Forces de défense et de sécurité dans la gestion des pandémies et autres catastrophes ». Voilà qui rappelle que nos Forces de défense et de sécurité, fidèles au concept Armée-Nation, font corps et âme avec la Nation, et en ressentent chaque pulsation.
Ainsi, au-delà des opérations liées à l’état d’urgence, l’Armée soutient également notre vaillant personnel de santé, dont je salue, à nouveau, la disponibilité, le dévouement, le courage, la compétence et surtout le professionnalisme. Cette pandémie COVID-19, inédite par sa brutalité, son ampleur et ses effets paralysants, renseigne à suffisance sur les nouvelles menaces qui pèsent sur l’Etat-Nation.
Nos Forces de défense et de sécurité doivent donc s’adapter davantage à la prise en charge de ces périls, au double plan stratégique et opérationnel. Je poursuivrai le renforcement des capacités de nos Armées à cette fin. Face à cette pandémie sans précédent que nous vivons, je suis rassuré que toutes nos forces, toutes nos intelligences sont unies dans le même élan de lutte.
Les consultations élargies que j’ai tenues la semaine dernière montrent que les ressorts de notre Nation restent solides. Ne baissons pas la garde. Restons mobilisés dans l’observance des règles d’hygiène individuelle et collective. Respectons les mesures édictées par l’état d’urgence. Limitons nos déplacements. Restons à la maison. Prenons, très au sérieux, cette maladie.
Evitons la stigmatisation, pour une maladie certes très contagieuse, mais pas du tout honteuse. Signalons aux services de santé tout cas suspect, pour une prise en charge précoce. C’est en observant ces règles que nous éviterons une propagation générale du virus que nos structures de santé ne pourront pas contenir.
Mes chers compatriotes,
Comme partout ailleurs, notre économie subit de plein fouet l’impact du COVID-19. Des secteurs comme le tourisme, l’hôtellerie, la restauration, les transports, le commerce, la culture, les bâtiments et travaux publics, entre autres, sont durement affectés. Notre croissance économique soutenue sur plusieurs années est brutalement freinée et passera de 6,8% à moins de 3%.
Mais ce soir, mes pensées vont particulièrement à toutes celles et à tous ceux qui souffrent de l’impact de la crise du COVID-19. Je pense aux millions de pères, mères et soutiens de familles menacés de précarité. Je pense à notre diaspora, si généreuse envers la Nation et aujourd’hui éprouvée. Je pense aux nombreuses entreprises et à leurs salariés, tous victimes de cette crise imprévue.
Je veux dire à tous et à toutes que l’Etat ne vous abandonnera pas.
Devant l’urgence, et en attendant une évaluation complète des effets de la crise sur l’économie nationale, j’ai mis en place un Programme de résilience économique et sociale, afin de renforcer notre système de santé et soutenir nos ménages, notre diaspora, nos entreprises et leurs salariés.
Ce programme est décliné en quatre axes.
Premièrement, le soutien au secteur de la santé à hauteur de 64,4 milliards, pour couvrir toutes les dépenses liées à la riposte contre le COVID-19.
Deuxièmement, le renforcement de la résilience sociale des populations. L’Etat prendra en charge les dépenses suivantes :
- 15,5 milliards, pour le paiement des factures d’électricité des ménages abonnés de la tranche sociale, pour un bimestre ; soit environ 975 522 ménages ;
- 3 milliards, pour la prise en charge des factures d’eau de
670 000 ménages abonnés de la tranche sociale, pour un bimestre ;
- 69 milliards, au lieu des 50 initialement prévus, pour l’achat de vivres au bénéfice d’un million de ménages éligibles ;
- 12,5 milliards, pour aider la diaspora.
Troisièmement, l’Etat sauvegardera la stabilité macroéconomique et financière pour soutenir le secteur privé et maintenir les emplois à travers un programme d’injection de liquidités assorti de mesures fiscales et douanières.
Ainsi, 302 milliards seront consacrés au paiement dus aux fournisseurs de l’Etat. Les règles et priorités de paiement concourant à l’objectif de stabilité économique seront publiées et connues de toutes les entreprises. Ces dernières s’engageront à maintenir les salaires.
Une enveloppe de 100 milliards sera spécifiquement dédiée à l’appui direct des secteurs de l’économie les plus durement touchés par la crise, notamment les transports, l’hôtellerie mais également l’agriculture. De même, en rapport avec le secteur financier, l’Etat mettra en place un mécanisme de financement à hauteur de 200 milliards, accessible aux entreprises affectées, selon une procédure allégée.
L’Etat procèdera au remboursement des crédits de TVA dans des délais raccourcis pour remettre de la trésorerie aux entreprises. Des remises et suspensions d’impôts seront accordées aux entreprises qui s’engageront à maintenir leurs travailleurs en activité pour la durée de la crise, ou à payer plus de 70% du salaire des employés mis en chômage technique pendant cette période.
Cette facilité de trésorerie concerne les retenues opérées sur les salaires et les cotisations sociales que les entreprises du secteur privé versent à la Caisse de sécurité sociale et à l’IPRES. Pour la mise en œuvre de cette mesure, l’administration fixera, en toute transparence, les règles concernant lesengagements de l’Etat et la responsabilité des entreprises.
Les Petites et Moyennes Entreprises dont le chiffre d’affaires est inférieur ou égal à 100 millions de francs CFA, et les entreprises évoluant dans les secteurs les plus impactés par la pandémie, notamment le tourisme, la restauration, l’hôtellerie, le transport, l’éducation, la culture et la presse, bénéficieront d’un différé de paiement des impôts et taxes jusqu’au 15 juillet 2020.
Au titre du soutien à l’investissement, il y aura une prolongation du délai général de paiement de la TVA suspendue recouvrée par la douane et les services fiscaux de 12 à 24 mois ; ce qui représente un report de paiement de 15 milliards sur l’année 2020. Il sera accordé une remise partielle de la dette fiscale constatée au 31 décembre 2019, due par les entreprises et les particuliers, pour un montant global de 200 milliards.
De même, l’Etat procèdera à la suspension du recouvrement de la dette fiscale et douanière des entreprises les plus affectées par le COVID-19. En contrepartie, elles devront s’engager à maintenir les salaires de leurs employés ou à payer plus de 70% du salaire des employés mis en chômage technique. Les entreprises et personnes physiques qui soutiennent le FORCE COVID-19 sous forme de dons versés au compte ouvert au Trésor public, pourront déduire ces dons de leur futur résultat fiscal.
J’ai également ordonné une réorganisation du budget par des coupes sur les dépenses de fonctionnement et d’investissements reportés ; ce qui correspond à une économie de 159 milliards de francs CFA. En outre, le gouvernement sécurisera 178 milliards pour couvrir partiellement des pertes de recettes budgétaires induites par la crise.
Quatrièmement enfin, le Programme de résilience économique et sociale permettra d’assurer l’approvisionnement régulier du pays en hydrocarbures, produits médicaux, pharmaceutiques, et denrées de première nécessité.
Le gouvernement veillera particulièrement à lutter contre toute pénurie artificielle et hausse indue des prix. L’ensemble des dépenses liées à la mise en œuvre du Programme de résilience économique et sociale seront couvertes par le Fonds de Riposte contre les Effets du COVID-19, FORCE-COVID-19, doté de mille milliards de FCFA, financé par l’Etat et des donations volontaires.
Au nom de la Nation, je remercie celles et ceux qui ont déjà contribué au FORCE-COVID-19 : secteur privé, personnes physiques et partenaires au développement. J’invite toutes les bonnes volontés à se joindre à cet élan de solidarité nationale.
Afin d’assurer les meilleures conditions d’inclusion et de transparence, le FORCE-COVID-19 sera supervisé par un Comité de pilotage qui comprendra des représentants de l’Etat, de l’Assemblée nationale, toutes sensibilités confondues, et de la société civile. Au demeurant, cette crise doit aussi nous faire réfléchir davantage sur nos limites et nos vulnérabilités.
Nous avons fait de grands progrès dans la production agricole pour assurer notre souveraineté alimentaire. Mais nous devons encore produire plus, et mieux consommer sénégalais pour être moins dépendants des marchés extérieurs. Je tiens particulièrement à la mise en œuvre accélérée du Programme d’autosuffisance en riz.
Mes chers compatriotes,
Dans un contexte global marqué par de nouvelles menaces transfrontalières comme le COVID-19, la vulnérabilité de l’Etat-Nation rend encore plus pertinent l’attachement de notre pays au panafricanisme. Parce que l’unité africaine est pour nous un impératif de premier ordre, je poursuivrai sans relâche mes efforts à l’échelle sous régionale et continentale pour un front commun de l’Afrique dans la gouvernance mondiale et la prise en charge de l’impact du COVID-19. Quand une crise frappe toutes les économies, les plus faibles sont évidemment les plus affectées.
Je renouvelle par conséquent mon appel aux partenaires bilatéraux et multilatéraux à appuyer nos efforts en annulant la dette publique et en réaménageant la dette privée selon des mécanismes à convenir. Du reste, la tourmente qui secoue le monde a fini de révéler au grand jour la fragilité de tous les pays et leurs vulnérabilités communes. Alors, il est temps de repenser l’ordre des priorités.
Il est temps de travailler ensemble à l’avènement d’un nouvel ordre mondial qui met l’humain et l’humanité au cœur des relations internationales. Ensemble, mes chers compatriotes, tenons bon. Ensemble, restons debout et combatifs. Ensemble, gardons le cap sur l’objectif d’émergence, par le culte du travail, de la discipline et du civisme.
Dans le temps long de la vie d’une Nation, le 60e anniversaire de notre indépendance est moins un aboutissement qu’une étape symbolique ; une halte pour revigorer notre marche solidaire et résolue vers un futur meilleur. Nous sommes à la fleur de l’âge qui ouvre l’âge de la belle saison. Et l’histoire nous enseigne que c’est en subissant l’épreuve du feu que le fer gagne en éclat. Il en est de même de la Nation pour la sauvegarde de sa liberté. La liberté est un combat de tous les jours.
Et c’est à l’épreuve de ce combat qu’un peuple teste ses capacités de dominer l’adversité pour rester libre et réaliser son destin. Unis et solidaires, j’ai foi en notre détermination à hisser nos capacités à la hauteur de nos ambitions pour accomplir notre grand dessein.
Vive le Sénégal en paix, toujours plus uni, plus libre et plus prospère ! Bonsoir et bonne fête de l’indépendance. "
MONSIEUR LE PRÉSIDENT, LES MÉNAGES VOUS ÉCOUTENT
A ce jour, votre plan de résilience économique concerne surtout les entreprises du secteur formel. L’heure des mesures sociales fortes a sonné - COMMUNIQUÉ CONJOINT NOO LANK/AAR LI NU BOKK
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué conjoint Noo Lànk / Aar Li Nu Bokk, daté du 3 avril 2020, appelant le président Macky Sall à prendre des mesures en faveur des ménages, dans ce contexte de ralentissement de l'activité économique dû à la crise du coronavirus.
"Monsieur le Président, les ménages vous écoutent…
Depuis votre dernière adresse à la Nation, le 23 mars 2020, dans laquelle vous avez décrété l’état d’urgence, les ménages sénégalais anxieux et pris de court sont dans l’attente de la mise en œuvre effective des mesures sociales fortes que vous avez annoncées, et qui doivent leur permettre de faire plus ou moins face aux répercussions économiques et financières, sociales de la présente situation d’urgence sanitaire.
Le Ministre de l’Economie et du plan, lors de sa conférence de presse du jeudi 19 mars 2020 n’a annoncé aucune mesure sociale destinée à alléger le coût de la vie. Tout au plus, nous a-t-il annoncé deux séries de mesures sans impact direct pour les ménages : la création, d’une part, d’un fonds de solidarité nommé Force Covid-19 afin de soutenir les secteurs économiques affectés (tourisme, transports aériens, commerce, etc.) et d’autre part, un Comité de suivi des répercussions potentielles de la maladie sur l’économie nationale.
Monsieur le Président, dans votre discours traditionnel du 3 avril, correspondant cette année à la commémoration de la soixantième édition de la fête nationale, les sénégalais vous attendent sur des mesures sociales fortes et claires.
Monsieur le Président, vos collègues présidents d’Afrique et d’ailleurs n’ont pas tardé de prendre des mesures sociales d’urgence concrètes dans un contexte où le cours du baril de pétrole est tombé jusqu'à moins de 20$, son plus bas niveau depuis 2002.
• Le 28 mars 2020, votre collègue, le Président Mahamadou Issoufou du Niger, a annoncé la prise en charge par l’Etat nigérien, entre autres, des factures d'électricité et d'eau des clients relevant des tranches sociales pour les mois d'avril et de mai.
• Dans un communiqué en date du 24 mars 2020, le gouvernement guinéen a annoncé la baisse des prix à la pompe consécutivement à la baisse des prix du pétrole sur les marchés internationaux.
• Le président de la République islamique de Mauritanie, Mohamed Cheikh El Ghazouani, a annoncé, dans un discours adressé à la nation le mercredi 25 mars, l’exonération d’impôts sur les denrées de première nécessité, et de la prise en charge des factures d’eau et d’électricité des familles démunies par l’Etat pour une période deux mois. De même compte tenu de la baisse historique du prix du baril « La société mauritanienne d’Électricité a [eu] le plaisir de porter à la connaissance de son aimable clientèle qu’une réduction de 20 % sur le tarif social de l’électricité, est entrée en vigueur à partir du 1er mars 2020 ».
• Le 31 mars 2020, le Gouvernement ivoirien, par la voix de son Premier Ministre, dans le cadre de son plan de soutien social et économique, a pris la décision de décaler, pour l'ensemble des abonnés, les dates limites de paiement des factures d'électricité et d'eau d'avril à juillet 2020 et de mai à août 2020, mais aussi de prendre en charge les factures d’électricité et d’eau des ménages abonnés au tarif social lesquelles concernent au moins 6 millions d’ivoiriens.
• Votre collègue, le Président Paul Kagamé, pour mieux aider son peuple à surmonter la situation de confinement, a ordonné, ce 30 mars 2020, la distribution gratuite de nourriture aux Rwandais ainsi qu’aux étrangers vivant sur le sol rwandais, en plus de l’annonce de la gratuité de l’eau et de l’électricité aussi longtemps que durera le confinement.
Monsieur le Président, après avoir promptement répondu au challenge de votre collègue Monsieur Paul Kagamé concernant le lavage quotidien des mains comme barrière contre le Covid-19, le Collectif Noo Lànk et AAR LI NU BOK vous suggèrent de relever le défi des mesures sociales que tous les présidents, d’Afrique et du monde viennent de vous lancer.
Monsieur le Président, les ménages sont fatigués après des mois de hausse sur pratiquement tous les produits élémentaires de consommation. Ils vous écoutent.
Nos organisations mettent en garde votre gouvernement contre toute discrimination à caractère géographique ou politique.
Monsieur le Président, les restrictions de tous ordres induites par la proclamation de l’Etat d’urgence et le couvre-feu ont entrainé une perte d’activités et de revenus pour de nombreux travailleurs et surtout ceux dont les revenus se gagnent au jour le jour. Du chauffeur de taxi au vendeur de fast-food, du commerçant au mécanicien, de l’ouvrier au mareyeur, il n’y a aucune activité socio-économique épargnée.
Monsieur le Président, les ménages vous écoutent d’autant plus qu’à ce jour, votre plan de résilience économique concerne surtout les entreprises du secteur formel. L’heure des mesures sociales fortes a sonné.
Monsieur le Président, les ménages vous écoutent…"
"JE PENSAIS QUE CE N’ÉTAIT PAS PLUS GRAVE QU'UNE GRIPPE SAISONNIÈRE"
Contaminé par le Covid-19, le chanteur et écrivain Gaël Faye a vécu quinze jours d’isolement total. Il avoue avoir sous-estimé la maladie et a accepté de raconter son expérience à Jeune Afrique
Jeune Afrique |
Léon Pajon |
Publication 03/04/2020
Le 31 mars, Gaël Faye postait un court message sur les réseaux sociaux pour rassurer sa communauté. On le savait malade, mais on ignorait qu’il avait été contaminé par le nouveau coronavirus. Après quinze jours de courbatures, de maux de tête, de quintes de toux et de problèmes respiratoires, l’écrivain et chanteur de 37 ans pouvait enfin sortir de son isolement pour côtoyer à nouveau sa famille.
Il a accepté de nous livrer son témoignage à partir du moment où il n’était pas personnellement « mis en avant », et en espérant que son expérience puisse être utile à nos lecteurs.
La contamination de l’artiste remonte au 11 mars : « J’assurais une journée de promotion où je devais présenter à une cinquantaine de journalistes le film adapté de mon livre Petit Pays, raconte-t-il. J’ai serré beaucoup de mains, je ne me posais pas encore beaucoup de questions sur la distance à garder avec les autres. »
Il avoue avoir été « laxiste » par rapport aux préconisations déjà mises en avant à cette date, et sous-estimé le danger. « À ce moment-là, on emmenait encore les enfants à l’école, on gardait une vie normale. Comme beaucoup de gens, je pensais que ce n’était pas plus grave qu’une grippe saisonnière et que ça affecterait surtout les personnes âgées… En plus, je suis en bonne forme physique, je fais du sport quotidiennement et tombe très rarement malade. »
Deux jours plus tard, le 13 mars, il commence à ressentir des courbatures et des maux de tête. « Il y a plusieurs jours durant lesquels on pense ne pas être malade, et on propage le virus », rappelle-t-il.
Isolé pendant quinze jours
L’auteur se trouve alors à Reims, dans le nord-est de la France, pour une avant-première. « Avant les premiers symptômes, le virus restait irréel. Et puis j’ai appris que la sortie du film était repoussée. J’ai parlé avec un ami dont un membre de la famille avait failli mourir et avait été placé en réanimation… J’ai décidé de m’isoler dans ma chambre, à Reims. »
Sa famille reste à proximité, lui dépose à manger devant sa porte. Il ne la voit pas durant les quinze jours que dure son confinement. Seul son téléphone lui permet de garder contact avec le monde extérieur.
« Je connais des épidémiologistes, j’ai beaucoup échangé avec eux, mais leurs avis divergeaient. Au départ, je pensais que ça allait passer avec du repos. Je ressentais des courbatures, un mal en bas du dos incroyable, je vomissais, mais je n’avais pas de fièvre et je ne pensais pas que mon cas était suffisamment grave pour prendre la place de quelqu’un d’autre à l’hôpital… Je ne me suis jamais dit que j’allais appeler le Samu. »
Sensation d’étouffement
Le 17 mars, dans la nuit, les symptômes s’aggravent. « Pendant cinq minutes, j’ai eu une vraie sensation d’étouffement, je n’arrivais plus à respirer, je sentais une très grande chaleur dans ma poitrine. »
Il décide d’appeler un docteur le lendemain matin et de commencer à vraiment se soigner. La « visite » se passe en visioconférence : des tests de respiration, des questions, permettent au médecin de ville de se faire un avis. L’artiste demande à faire un test pour être sûr qu’il est contaminé, mais, en l’absence de fièvre, cela n’est pas possible.
Pour le médecin néanmoins, c’est bien le Covid-19. Entre-temps, d’autres membres de l’équipe du film Petit Pays sont d’ailleurs tombés malades et ont été testés positifs.
« Le docteur m’a prescrit des antibiotiques qui me permettaient de respirer un peu plus profondément… Avant, je ne pouvais pas inspirer plus de trois secondes, j’avais le sentiment que mes poumons étaient à moitié remplis d’eau, je n’avais jamais vécu ça. Bien sûr, ça fait un peu paniquer. Et puis j’avais une sensation de brûlure dans la cage thoracique. En revanche, je ne pense pas avoir perdu le goût et l’odorat. »
Sa convalescence se déroule en dents de scie. « Ce qui est bizarre avec ce virus, c’est qu’on peut parfois avoir le sentiment d’être totalement guéri alors que ce n’est pas le cas. Un matin, je me suis levé et senti parfaitement bien, je suis même descendu dans la cour de l’immeuble pour marcher et faire de la corde à sauter ! L’après-midi, j’étais cassé, KO, avec à nouveau des vomissements et des courbatures… Ce qu’il faut rappeler, c’est que la maladie est très longue. Quinze jours de convalescence, c’est vraiment le minimum. »
Le Rwanda plus rigoureux ?
Après quinze jours d’isolement total, Gaël Faye a enfin pu retrouver sa famille. Mais il reste à distance, garde un masque, est attentif aux choses qu’il pourrait toucher et contaminer.
L’auteur était passé au tout début de mars au Rwanda, où il avait constaté qu’un dispositif plus rigoureux avait été mis en place plus rapidement qu’en France. « À l’aéroport, nous avions été accueilli par du personnel médical, qui nous soumettait à des questionnaires et qui prenait notre température… À l’entrée de la salle de cinéma, tous les spectateurs devaient aussi répondre à des questionnaires médicaux. »
Mais il ne veut pas critiquer frontalement la gestion de la crise en France. « On est dans une période où il faut essayer d’être souples dans les avis qu’on a les uns sur les autres. Tout le monde tâtonne, même les politiques. »
Pour lui, la pandémie questionne avant tout nos modes de vie. « Dans nos sociétés ultra-perfectionnées, tout peut s’arrêter pour un virus qui sort du corps d’un animal… Ça nous ramène à un peu d’humilité. »
Face à ses propres contradictions
Favorable depuis longtemps aux idées des décroissants, il estime que la crise sanitaire le met aussi face à ses propres contradictions : « Pour travailler, j’ai besoin de faire des concerts ultra-polluants, avec des tour-bus, des gens qui prennent leur voiture, je prends parfois l’avion pour parler d’un livre à l’autre bout du monde… »
Il espère néanmoins que cette période amènera aussi à réfléchir « les gens qui ne croient pas au changement climatique, qui pensent que le capitalisme est la fin de l’histoire et qu’il faut réduire les budgets des services publics ».
« Bien sûr, on peut être scandalisé, et je le suis, par la différence de traitement du Covid-19 : l’urgence quand ça touche l’Occident, les pays riches, et le peu d’efforts pour apporter des solutions à Ebola ou au paludisme… Mais ça ne doit pas être une excuse pour négliger la dangerosité du coronavirus. Les gens sont grands, ils font ce qu’ils veulent. Moi, je reste chez moi car je n’ai pas envie d’avoir sur la conscience la maladie de mon voisin. Dans nos sociétés de plus en plus individualistes, ce virus nous oblige à plus de solidarité. Aujourd’hui, si je prends soin de moi, je prends aussi soin de l’autre. »
par boubacar badji
LE COUP DU DIABLE
EXCLUSIF SENEPLUS - Nous attendions que tu ressortes des vestiaires de l’hôpital Fann avec ce regard d'espoir devenu ta marque de fabrique. Hélas, pour une fois, le temps s'est s’arrêté, ce match était ton dernier
Boubacar Badji de SenePlus |
Publication 03/04/2020
C'est un coup de sifflet final qui retentira à jamais dans nos têtes. Habitués à tes grandes victoires marquées par des prouesses colorées en vert jaune et rouge, nous te croyions invincible jusqu'à 31 mars. Nous savions tous, dès le coup d'envoi que ce match était plus qu'un derby. Mais combien de derby n'as-tu pas remporté armé seulement de ton courage ?. Le temps est vite passé. Ton entrée dans les vestiaires Fann était pour nous un classique. Mais là aussi, nous savions qu'elle était différente de celles où tu longeais difficilement le couloir du vélodrome pour en ressortir, 15 minutes après, revigoré et déterminé à revenir au score d'abord avant de renverser la tendance en ta faveur lors des classicos.
Combien de victoire n'as-tu pas arraché dans les temps additionnels grâce à ton vaillant cœur de lion face aux enjeux financiers et parfois racistes ? Et nous attendions que tu ressortes de ces vestiaires de l’hôpital Fann avec ce regard d'espoir devenu ta marque de fabrique.
Hélas, pour une fois, le temps semble s’arrêter. Et il nous a fallu beaucoup de temps avant de comprendre que pour ce match, le diable ne s'est pas contenté de déjouer les pronostics. C'est lui-même en virus floqué du numéro Covid-19 qui jouait pour ne pas perdre face à toi. Et personne n'avait prévu son coup. Certes, il a gagné ce match mais le monde du foot soulèvera la coupe en ton nom. Quid de la manière ? Nous nous en ''footons''. Et même si c'est dans les dernières secondes que nous scellerons sa mort, l'essentiel pour nous est de rejouer au foot sans aucun diable encore moins de Covid-19 sur la pelouse.
Pardonnes-nous Pape Diouf. Nous n'avions pas pensé à formuler des prières collectives comme pour Moustapha Guirassy parce que tu nous as habitués à ne fêter que des victoires en grande pompe. Reposes en paix !
VIDEO
QUAND GOLBERT DIAGNE ÉVOQUAIT SA MORT
Décédé ce vendredi 3 avril 2020, à l’âge de 79 ans, l’artiste Saint-Louisien Alioune Badara Diagne Golbert s’était déjà préparé à sa mort.
Décédé ce vendredi 3 avril 2020, à l’âge de 79 ans, l’artiste Saint-Louisien Alioune Badara Diagne Golbert s’était déjà préparé à sa mort. L’homme avait préparé sa tombe à Marmiyal (le cimetière musulman de Saint-Louis) depuis plusieurs années et organisait des séances de récitation de Coran régulièrement. Quand la rumeur de sa mort circulait, il l’accueillait avec sourire et philosophie. En témoigne cette vidéo...
LE REMPART MOUSSA SEYDI
Aux avant-postes lors de l’épidémie d’Ebola, l’infectiologue de nouveau au front contre le coronavirus, est peint par ses amis et collègues comme un travailleur acharné et un leader pragmatique. Il demeure l’espoir de tirer le pays de cette mauvaise passe
Au Sénégal, toute la stratégie médicale contre le coronavirus repose sur lui. Professeur Moussa Seydi est, depuis quelques jours, au centre de toutes les attentions. La moindre de ses prises de parole est guettée, en ces temps où la Covid-19 étend ses tentacules et n’épargne personne. L’infectiologue avait été aux avant-postes, lors de l’épidémie d’Ebola. Le voici de nouveau au front contre la pandémie. Peint par ses amis et collègues comme une personne humble, un travailleur acharné et un leader pragmatique, il demeure l’espoir de tirer le pays de cette mauvaise passe. ‘’EnQuête’’ vous le fait découvrir.
Ce n’est pas la première fois que le professeur Moussa Seydi est sous les feux de la rampe. Il y a 6 ans, les projecteurs avaient été braqués sur lui, le plaçant au centre d’un emballement médiatique qu’il n’avait pas appelé de ses vœux. Lorsque les autorités annoncèrent, le 29 août 2016, un cas d’Ebola, l’affolement s’empara de la capitale Dakar. Alors, le Pr. Seydi se dressa pour vite éteindre le début d’incendie allumé par cette maladie virale dangereuse. Il glana, cette année-là, le titre d’Homme de l’année.
En 2020, bis repetita, avec des circonstances aggravantes, cette fois-ci. Moussa Seydi, plus habitué des retraites savantes dans ses laboratoires d’essai ou des joies simples de l’amitié et de la bienveillance, est encore au centre de l’intérêt médiatique, mais surtout au cœur du dispositif national de lutte contre un mal qui répand sa terreur sur la terre entière : le coronavirus.
Au Sénégal, le chef du Service des maladies infectieuses et tropicales de Fann est considéré comme le rempart et le bouclier anti-coronavirus. C’est l’espoir de tout un pays qui espère venir à bout de la maladie qui a officiellement installé ses quartiers, le 2 mars 2020, au Sénégal.
Professeur Moussa Seydi est une fierté koldoise, né il y a 56 printemps dans le Ndoukoumane, précisément à Kaffrine, d’où est originaire sa mère Astou Ba. Son père, Samba Seydi, est lui originaire du Fouladou, de Saré Gagna et de Saré Guéladio, notamment. D’ailleurs, l’influence de ce paternel n’est pas étrangère à son choix de carrière, puisqu’il était agent vétérinaire. Moussa lui doit la fière chandelle de l’avoir inscrit très tôt à l’école primaire de Koungheul, puis à Kaolack, au collège privé catholique Pie 12. C’est dans cet établissement qu’il obtint son Baccalauréat série D à 19 ans. Il déposa ses baluchons à la faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontostomatologie de l’université de Dakar. Le reste n’était qu’une formalité, vu ses capacités d’apprentissage énormes. Notamment le concours d’internat des hôpitaux de la promotion 1993 et son agrégation, en passant par les autres examens qu’il réussit haut la main. Professeur Moussa Seydi a fait toutes ses études au Sénégal.
Aujourd’hui, il est professeur titulaire de la Chaire des maladies infectieuses de la faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontostomatologie de Dakar. C’est justement à l’hôpital Fann, en 2014, que beaucoup de Sénégalais ont découvert ce travailleur de l’ombre infatigable. Membre du Conseil d’administration de la Société sénégalaise de gastro-entéro-hépatologie, il est aussi membre de l’Association européenne pour l’étude sur le foie (European Association for the Study of Liver). Il fut le président de la Société africaine de pathologies infectieuses qu’il a dirigé pendant 6 ans. D’ailleurs, c’est son secrétaire général d’alors à ce poste qui fait ce témoignage. Le directeur de l’UFR des Sciences de la santé à l’université Assane Seck de Ziguinchor, Professeur Noël Magloire Manga, connaît l’homme depuis plus de 10 ans. Il fut également son encadreur en interne jusqu’à son concours d’agrégation au Service des maladies infectieuses de Fann.
‘‘Professeur Seydi est mon aîné, très rigoureux dans le travail’’, témoigne Pr. Manga. Il se manifeste, dit-il, à travers les activités de recherche et de publication. Il fait beaucoup de publications dans différents domaines de l’infectiologie, allant des maladies bactériennes aux affections virales, notamment le Vih et les hépatites, surtout l’hépatite B.
Chercheur et combattant
Il pilote beaucoup de projets, aujourd’hui, sur le Vih, à travers la Direction du centre de recherche clinique et de formation qu’on appelle le CRCS, renseigne son désormais collègue. ‘’Je ne suis pas étonné que l’homme ait pu sentir que la problématique de la chloroquine est prometteuse. Parce qu’il a l’habitude des essais cliniques, comme Didier Raoult. Ces gens-là sentent ce qui marche et ce qui ne pourrait pas marcher. L’autre volet sur lequel il travaille, c’est celui des hépatites, avec des projets qu’il porte au niveau national et des collaborateurs à l’international’’.
Dans le cadre de ses projets, poursuit Pr. Manga, son aîné implique tout le monde. ‘’Il veut aujourd’hui porter au plus haut le flambeau de l’infectiologie au niveau national. C’est un chercheur aguerri, qui mène ses recherches avec beaucoup de rigueur et de sérieux. Il aimait bien dire que lorsqu’une stratégie est trop compliquée, elle est inapplicable. Lorsqu’elle est trop simple aussi, elle peut manquer d’efficacité’’, raconte-t-il.
Au-delà de l’aspect chercheur, sur le plan de la pratique, c’est un monsieur très pragmatique, témoigne-t-on. Une attitude pratique qui lui permet d’aller directement au but. ‘’Il n’a pas tendance à tergiverser. Il réfléchit sur ce qui est faisable et bénéfique pour le malade avec les connaissances et les moyens qui sont disponibles à l’heure’’. C’est ce qui lui a donné d’ailleurs, informe le chef du Service d’infectiologie à l’hôpital de la Paix de Ziguinchor, la possibilité, devant cette crise, de pouvoir faire face et de diriger, malgré tous les problèmes auxquels ils sont confrontés, son équipe. Celle-ci est en train de faire un suivi spectaculaire des cas, même si on a un décès pour l’instant.
Parce que, pour ce faire, souligne-t-il, il faut qu’il y ait un coordonnateur de prise en charge qui soit un bon manager. ‘’Il est à sa place. Je ne me fais pas de souci pour lui. C’est un combattant. J’ai apprécié, là également, ses qualités de bon dirigeant, de bon meneur. Il est toujours à l’écoute de tous, mais arrive à trancher de manière efficace et juste, quand il y a des problèmes’’.
L’urologue à l’hôpital Aristide Le Dantec et à l’hôpital militaire de Ouakam, Professeur Babacar Diao, porte aussi en haute estime l’infectiologue. Il trouve que c’est un privilège de parler du Pr. Seydi. ‘’J’ai une grande admiration pour ce monsieur qui s’est battu pour rester au Service des maladies infectieuses de Fann, à une époque où rien ne lui était favorable. Professeur Seydi est un homme qui a pris de la hauteur que ni les titres universitaires ni la recherche de la célébrité ne sauraient ébranler. C’est un guerrier. Son intégrité morale et son éthique ne souffrent d’aucun doute’’, témoigne le Pr. Diao. À son avis, l’infectiologue fait partie des rares professeurs qui ne cherchent pas la célébrité, qui travaillent pour leur pays et se taisent. ‘’S’il ne s’était pas battu, il ne serait jamais resté aux Maladies infectieuses. Il sait ce qu’il veut et personne ne peut l’intimider’’.
Un grand sportif, spécialiste des arts martiaux
Professeur Moussa Seydi se soucie beaucoup des conditions de travail de son personnel, renseigne Pr Manga. ‘’C’est une grande qualité humaine. Il n’aime pas les injustices. Il adore insister sur le fait que ceux qui travaillent doivent être payés à la hauteur des efforts fournis’’. En tant qu’enseignant, c’est un bon pédagogue, qui donne beaucoup de conseils à ses collaborateurs. ‘’Il a un franc-parler, va droit au but et dit ce qui doit être dit, sans état d’âme. Pour lui, le fait de tergiverser ne permet pas de régler les problèmes. Quand on a un problème en face de soi, il faut le décrire comme il est. Cela permet de mieux le cerner et de le régler. C’est comme ça qu’il est’’, atteste le Pr. Manga. Un avis que partage le Pr. Diao. Lui aussi souligne son franc-parler et son humilité. Mais, surtout, son engagement au service de la médecine et sa rigueur scientifique qui font de lui un enseignant-chercheur très respecté par ses pairs.
Très discret, le Pr. Seydi est aussi généreux. Professeur Noël Magloire Manga : ‘’Je ne peux dire à quel point il aime les gens. Il aide dans la discrétion et sans rien attendre en retour. Il n’aime pas faire du bruit sur ce qu’il fait. Quand il voit une personne dans des difficultés pour une raison ou pour une autre, il est du côté des plus faibles.’’ Ce grand travailleur, informe le Pr. Manga, ne se fatigue jamais. Il suit beaucoup de malades et malgré ses nombreuses charges, il est toujours actif. ‘’Ce que vous voyez sur le terrain n’est qu’une partie de l’iceberg. Je lui dis très souvent de se ménager, parce qu’il faut qu’il se repose. C’est aussi un grand sportif. Je sais que le sport l’aide beaucoup à tenir. Il pratique les arts martiaux. De temps en temps, pour se détendre, il fait du kata. Il a de la maitrise de soi‘’.
‘’Il aime l’infectiologie, elle le fascine’’
Son ami de la Faculté de médecine, qui veut garder l’anonymat, se rappelle de leurs moments de galère, au début de leur carrière. Le professeur en cardiologie confie que le Prof Moussa Seydi s’est beaucoup battu, alors qu’il était interne au Service des maladies infectieuses de Fann. ‘’Il est difficile de progresser quand vous avez un professeur qui ne vous aime pas. Son chef de service aux Maladies infectieuses a tout fait pour gâcher sa carrière, pour le renvoyer. Mais devant la détermination de Moussa et son courage, rien de cela n’est arrivé. Il est très calme, mais il impose le respect’’, témoigne-t-il. Avec fierté, il ajoute : ‘’Si Dieu continue de l’aider, il va s’en sortir. Il en a l’habitude. Cette maladie n’est pas compliquée à traiter, pour lui. Il suffit qu’on lui donne ce qu’il demande’’.
La bonté de l’homme, le cardiologue ne veut même pas en parler. ‘’Il fait parfois des choses qui me dépassent. Il a grand cœur et trop lent à la colère. C’est une référence. Il n’aime pas la célébrité. Je me demande d’ailleurs comment il vit, actuellement. Il n’aime pas s’afficher du tout. C’est un père de famille humble et très généreux. Un gentleman. Trop généreux, je vous dis’’. A ses yeux, son seul problème, c’est son amour du travail. Il travaille beaucoup jusqu’à s’oublier. ‘’Même chez lui, il travaille jusque tard dans la nuit. Il passe tout son temps à travailler. Il se tue dans la recherche. Les essais cliniques, c’est son dada’’, confie-t-il.
En plus de son amour pour le travail, le professeur Moussa Seydi est un homme qui cultive la piété. ‘’Il m’a appris beaucoup de choses sur la religion. Il trouve du plaisir à partager son savoir. Un jour, alors qu’on devait sortir rendre visite à un ami, nous ne sommes pas partis, parce que tout simplement, il priait pour un malade qui était dans un état critique. Un médecin qui porte ses patients dans ses prières… Il est formidable’’.
par Bosse Ndoye
LE SÉNÉGAL DES PAILLETTES VS LE SÉNÉGAL DES PAILLOTES
Avec une société de plus en plus matérialiste, où la réussite personnelle est*t jugée à l’aune du matériel, il n’est pas étonnant d’y voir certaines frontières mentales s’ériger entre les différents citoyens, vivant dans réalités différentes
S’il n’existe pas une ou des frontières physiques coupant le territoire sénégalais en deux ou plusieurs parties - comme l’atteste souvent cette phrase devenue proverbiale : Réew mi benn bopp la, kenn manu koo xar ñaar -, il semble bien exister des frontières mentales pouvant être considérées comme étant l’une des conséquences de la division de fait du pays. Celle-ci a donné naissance entre autres à ce qui peut être appelé le Sénégal des paillettes et le Sénégal des paillotes. D’aucuns diront que c’est le fruit d’une mauvaise volonté politique là où d’autres voient le résultat d’une longue période de domination de l’entreprise coloniale qui, il faut le rappeler, non seulement met en valeur certains endroits au détriment d’autres dans un même pays le temps que dure son exploitation mais encore divise souvent les peuples conquis en une petite minorité dite évoluée et une grande masse de non évolués. Mais, en tout état de cause, cette césure mentale semble à son tour avoir engendré entre autres deux types de citoyens, dont les trajectoires, sont souvent parallèles, rarement perpendiculaires.
La divergence de leurs chemins commence dès la naissance et peut se poursuivre durant toute leur vie. Dans le Sénégal des paillettes, on accouche généralement dans un hôpital sinon une clinique, voire à l’étranger pour ceux qui en ont les moyens. Ses enfants vont parfois à la crèche puis au jardin d’enfants avant d’avoir l’âge de se rendre dans une école privée, où ils feront presque tout leur cursus scolaire leur ouvrant le chemin d’études universitaires, qui en France, qui au Canada, qui aux États-Unis, qui dans un institut supérieur du pays moyennant d’onéreux frais. Le visage de l’enseignement public n’étant plus des plus reluisants, parce que balafré par les grèves endémiques et la baisse de niveau avérée qui l’ont complètement défiguré, ceux qui disposent de moyens trouvent refuge dans les écoles et universités privées pour mieux préparer l’avenir de leurs enfants.
Pendant ce temps, dans le Sénégal des paillotes, on donne encore naissance sur des charrettes ou dans des endroits dépourvus du minimum nécessaire pour souhaiter la bienvenue au monde à un nouveau-né dans les meilleures conditions. Dès lors, le taux de mortalité infantile y reste encore élevé comparé à ce qui se passe dans le Sénégal des paillettes. Certains enfants, s’ils ont la chance de pouvoir bénéficier de l’enseignement public gratuit, s’entassent encore dans des cases faisant office de classes. Il n’est pas rare d’en voir quelques-uns faire plusieurs kilomètres à pied par jour pour pouvoir s’instruire. Beaucoup d’entre eux s’éclairent encore aux lampes torches et/ou de tempête pour apprendre leurs leçons parce qu’il n’existe pas d’électricité dans leur bled négligé ou oublié par l’État. L’eau courante peut aussi y être une denrée rare. En cas de maladie grave nécessitant une intervention de qualité rapide, nombreux sont les Sénégalais des paillotes qui sont encore obligés, souvent difficilement, d’aller se faire soigner du côté de leurs compatriotes des paillettes parce qu’ils manquent de tout, même de matériels pour prodiguer les premiers soins. Alors que, de l’autre bord, les malades sont envoyés vers des hôpitaux occidentaux s’ils ne trouvent pas satisfaction dans les meilleurs hôpitaux et cliniques du pays qui peuvent parfois tout bonnement être ignorés. Donc, de la naissance à la mort les chemins de ces deux types de citoyens peuvent ne pas se croiser
Cette dichotomisation de fait n’est pas sans déteindre sur les comportements des uns et des autres, souvent par ignorance. Aussi n’est-il pas rare de voir certains sénégalais des paillettes – comme l’a fait récemment une actrice - regarder de haut leurs concitoyens des paillotes ; d’esquisser ou d’étouffer de petits sourires moqueurs lorsqu’ils mentionnent le nom de leur village ou lieu de provenance ; de les affubler de sobriquets méprisants tels que Waa gëbla gi,Waa àll ba, Wàccibees yi...Cela est d’autant moins étonnant que l’aliénation est souvent plus grande du côté du Sénégal des paillettes pour avoir plus durement subi les effets de la colonisation. C’était le cas de nombre de citoyens des quatre anciennes communes : Dakar, Gorée, Saint-Louis, Rufisque, qui regardaient avec dédain certains de leurs congénères indigènes tout simplement parce qu’ils n’avaient pas eu la chance ou la malchance d’être nés dans l’une de ces villes. Sembène Ousmane, dans Le dernier de l’empire, et Amadou Hampaté Bâ, dans Oui, mon commandant, ont bien dénoncé ce problème qui n’a pas complètement disparu. Loin s’en faut.
L’ouverture sur le monde offerte par les multiples chaînes internationales via le câble, l’accès plus facile à l’internet dans le Sénégal des paillettes y font naître et attiser le désir de ressembler à l’autre – pris comme modèle -, dans ses manières, son langage, son habillement… Ce qui fait parfois qu’on s’y habille comme lui, y communique comme lui et dans sa langue au détriment de celles parlées dans le pays. Ce désir de ressembler à l’autre souvent lointain fait qu’on néglige ou minimise ses compatriotes vivant dans le Sénégal des paillotes, considérés généralement comme arriérés ou pas très évolués pour utiliser le langage colonial. Le Sénégal des paillettes - bien que des qualités n’y manquent pas -, demeure une société d’apparence. Les relations interpersonnelles y sont plus artificielles, parce qu’il faut généralement faire preuve de ruse et avoir un comportement caméléonesque pour se faire une place dans ce monde du paraître, du faux et du faux-semblant. On y montre souvent une fausse image de soi et y expose ce que l’on ne possède pas. Contrairement à ce qui passe dans le Sénégal des paillotes où les relations sont plus terre-à-terre et plus dénuées d’artifices…
Malgré certaines difficultés d’ordre matériel, nombre de sénégalais des paillotes sont épargnés de certains problèmes auxquels sont confrontés leurs compatriotes du côté des paillettes. Ils ne connaissent pas de grèves ou de marches de protestation pour dénoncer l’augmentation des factures de courant et/ou d’eau ... Car beaucoup d’entre eux en sont encore au forage et aux lampes tempêtes.
Il n’existe pas toutefois d’étanchéité entre ces « différents mondes ». Se sentant délaissés par un État quasi absent - car avec l’absence d’industries, l’agriculture, qui est souvent l’activité principale du côté du Sénégal de paillotes, devient de moins en moins attrayante du fait de la rareté des pluies et de l’absence de matériels adéquats pour mieux rentabiliser les cultures - certains Sénégalais des paillotes finissent par envahir le côté des paillettes puisque l’herbe y semble plus verte. Par conséquent, le village peut s’importer en ville avec parfois son lot de conséquences : surpopulation, bidonvilles, errance, vagabondage ...Sans oublier que d’un autre côté, des villages se meurent : l’exode et l’émigration s’offrent comme les seules solutions ou alternatives. Des retournements de destin peuvent aussi faire bouger les lignes.
En définitive, ce n’est pas tant le lieu de vie d’un homme qui détermine sa valeur que la qualité de son comportement ; ce n’est pas parce qu’on habite dans une capitale que l’on est meilleur, plus intelligent, plus raffiné que celui qui vit dans une brousse ou dans un bled perdu ; ce n’est pas parce qu’on habite dans un immeuble, qu’on est connecté à l’internet, qu’on peut regarder toutes les chaînes de télévision que l’on veut que l’on est meilleur que celui qui vit dans une masure dépourvue de tout matériel moderne le reliant au monde extérieur… Nit li muy gëne mooroomam buy sangu du ko summi, comme le dit si bien l’adage wolof. Mais avec une société qui devient de plus en plus matérialiste, où la réussite personnelle est souvent jugée à l’aune de l’argent et du matériel, il n’est pas étonnant d’y voir certaines frontières mentales s’ériger entre les différents citoyens, vivant dans réalités et conditions différentes.
AVIS DE TEMPÊTE SUR LE MARCHÉ DES SMARTPHONES
La pandémie de Covid-19 pourrait conduire à la fermeture de mines congolaises de cuivre, de cobalt et de coltan dont certaines industries sont largement dépendantes, à l’échelle internationale
Jeune Afrique |
Damien Glez |
Publication 03/04/2020
Si la pandémie du coronavirus s’est propagée de l’hémisphère nord vers les contrées du sud, certaines conséquences « extrasanitaires » du Covid-19 pourraient frapper les pays occidentaux comme un boomerang.
Échaudés en premier par la pandémie qui bouleverse 2020, les pays d’Asie, d’Europe et d’Amérique du Nord pourraient manquer de compassion, à l’heure de leur guérison, envers les pays contaminés plus tardivement, notamment les nations africaines qui sombrent avec décalage.
Qu’à cela ne tienne, le sud pourrait se rappeler au « bon » souvenir du nord, conformément à l’« effet papillon » qui veut qu’un événement local puisse provoquer une conséquence inattendue dans une zone très éloignée – le battement d’ailes d’un papillon au Brésil pouvant provoquer une tornade au Texas.
Pénurie de coltan
En se focalisant sur le point nodal de la République démocratique du Congo (RDC), le journal milanais Il Sole-24 Ore a mené l’enquête pour identifier la chaîne de contrecoups technologico-économiques qui pourraient résulter de la chaîne de contamination virale.
Tels des dominos qui se renversent les uns les autres, les faits pourraient s’enchaîner de manière fatale : la pandémie de Covid-19 pourrait conduire à la fermeture de mines congolaises de cuivre, de cobalt et de coltan dont certaines industries sont largement dépendantes, à l’échelle internationale.
Du coltan, mot-valise pour « colombite-tantalite », est notamment extrait le tantale utilisé sous forme de poudre métallique dans la conception de composants électroniques.
L’imparable spirale de conséquences se mettrait alors en place : sans mineur congolais, pas de coltan ; sans coltan, pas de tantale ; sans tantale, pas de condensateurs de téléphones intelligents, ces extensions du cerveau humain qui, grâce à leurs applications de télécommunications, sauvent les confinés occidentaux de la dépression hypocondriaque…
Interdépendance déséquilibrée
Géopolitique fiction ? Déjà, le coltan est au cœur des heurts congolais récurrents, par le truchement d’une extraction illégale et d’une contrebande qui relient milices transfrontalières et sociétés internationales.
Déjà, en 2000, une pénurie mondiale de coltan et une hausse des prix du tantale auraient compromis la fabrication de la fameuse console de jeux PS2.
Comme il y aurait du bon en toute catastrophe, peut-être le consommateur de pays développé apprendra-t-il ainsi à conserver, pour le bien de la planète, son téléphone désuet.
De même, avec un peu chance, peut-être l’éventuelle crise minière congolaise induite de la pandémie fera-t-elle prendre conscience de l’interdépendance déséquilibrée des hémisphères, dans l’alliage injuste entre matières premières et technologie. À condition que la pénurie de téléphones cellulaires n’occulte pas la tragédie sanitaire congolaise par l’absence de « breaking news » téléphoniques…
VIDEO
TESTER DES VACCINS SUR LES AFRICAINS ? "NOUS NE SOMMES PAS DES COBAYES !"
Sur une chaîne d’information française, deux spécialistes de la santé ont prôné qu’un futur vaccin contre le Covid-19 soit testé sur les populations africaines. L’échange a soulevé un torrent de critiques sur le continent africain et dans la diaspora
Courrier International via Wakatsera |
Publication 03/04/2020
“Révoltant ! Scandaleux ! Incroyable ! Choquant !” Le site Internet du quotidien du Burkina Faso Wakat Séra enchaîne les qualificatifs d’indignation pour dénoncer les propos tenus par deux spécialistes de la santé sur la chaîne d’information en continu LCI. Durant cet échange, le professeur Camille Locht, directeur de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, et Jean-Paul Mira, chef du service de réanimation à l’hôpital Cochin, espèrent la mise en place rapide à l’échelle mondiale de tests pour évaluer l’efficacité du vaccin contre la tuberculose, le bon vieux BCG, contre le Covid-19.
C’est par le professeur Jean-Paul Mira qu’arrive la polémique : “Si je peux être provocateur, est-ce qu’on ne devrait pas faire cette étude en Afrique, où il n’y a pas de masques, pas de traitements, pas de réanimation ? Un peu comme c’est fait d’ailleurs pour certaines études sur le sida, où chez les prostituées on essaye des choses parce qu’on sait qu’elles sont hautement exposées et elles ne se protègent pas?”
Ce à quoi répond favorablement le professeur Camille Locht, qui affirme qu’une étude sur le continent est en réflexion, tout en précisant que “cela n’empêche pas une étude en Europe et en Australie”.
L’Afrique comme laboratoire
Des propos qui ont déclenché la colère de nombreux internautes africains. “Pourquoi ne proposent-ils pas de tester ces fameux vaccins sur leurs compatriotes qui tombent comme des mouches pulvérisées à l’insecticide?” renchérit Wakat Séra, qui rappelle que la présence du nouveau coronavirus en Afrique trouve principalement son origine en Europe.
“Pourquoi ramener l’Afrique à ce statut de laboratoire grandeur nature, après l’avoir considérée comme une poubelle où tous les déchets occidentaux, matériels comme humains, sont déversés à longueur de journée, malheureusement avec la complicité active ou passive de dirigeants africains uniquement guidés par leurs intérêts personnels et très égoïstes?” poursuit Wakat Séra.
Sur un continent où les fausses nouvelles fourmillent, le dialogue entre les deux spécialistes de la santé prend d’autant plus d’ampleur. Sur les réseaux sociaux, des célébrités africaines, dont les footballeurs ivoirien Didier Drogba et camerounais Samuel Eto’o ont vivement réagi.
“C’est incroyable de cautionner cela. L’Afrique n’est pas un laboratoire. Je dénonce vivement ces propos racistes et avilissants”, a ainsi écrit l’ancien attaquant de Chelsea. L’économiste togolais Kako Nubukpo s’est lui aussi indigné, et a réclamé plus de transparence sur ces essais cliniques.
LE PRÉSIDENT DU NIGER DEMANDE "UN PLAN MARSHALL POUR L'AFRIQUE"
"Même les pays plus développés sont débordés. Nos moyens sont plus faibles, nos systèmes de santé sont plus fragiles. Donc on a besoin d'une expression très forte de la solidarité internationale pour faire face à cette crise"
La pandémie de coronavirus renforce la nécessité d'"un plan Marshall pour l'Afrique", estime Mahamadou Issoufou, le président du Niger, un des pays les plus pauvres au monde, dans une interview diffusée vendredi sur la chaîne France 24. "Déjà avant la pandémie, l'Afrique avait besoin d'un plan Marshall pour son développement, pour lutter contre la pauvreté. Cette pandémie est un argument de plus pour justifier la nécessité d'un plan Marshall pour l'Afrique", déclare le président nigérien.
Le plan Marshall avait été mis en place par les Etat-Unis pour aider à la reconstruction de l'Europe après la seconde guerre mondiale."Même les pays plus développés sont débordés. Nos moyens sont plus faibles, nos systèmes de santé sont plus fragiles. Donc on a besoin d'une expression très forte de la solidarité internationale pour faire face à cette crise", ajoute M. Issoufou.
L'Afrique est encore relativement peu touchée par la pandémie avec plus de 7.000 cas et près de 300 décès officiellement déclarés, selon le dernier bilan de l'AFP. Le Niger a fait état vendredi d'un total de 98 cas et 5 décès. L'Etat nigérien estime à 600 milliards FCFA (900 millions d'euros), soit 7,4% de son PIB, les besoins financiers pour la lutte contre l'épidémie et pour soutenir l'économie et la population de ce pays sahélien.
Dans cette zone sahélienne, plusieurs pays, notamment le Niger, le Burkina Faso et le Mali, luttent aussi contre de nombreux groupes jihadistes qui sèment la violence, entraînant l'exode de centaines de milliers de réfugiés et déplacés, créant une situation humanitaire dramatique. La lutte contre la pandémie de covid-19 est "une mission extrêmement difficile : la crise sanitaire vient s'ajouter à la crise sécuritaire que nous connaissons déjà, qui consomme 17% de nos ressources budgétaires", a souligné le président Issoufou.
Niamey a estimé mercredi que son taux de croissance économique devrait baisser en 2020 de 2,8 points, de 6,9% initialement prévu à 4,1%, entrainant une chute des recettes budgétaires. Le Niger abrite près de 450.000 réfugiés (Nigérians, Maliens et Burkinabè) et déplacés, chassés par les violences jihadistes ou des bandes armées, selon l'ONU.
Jeudi le Programme alimentaire mondial (PAM) a averti que la crise humanitaire dans la région du Sahel central risquait de devenir "ingérable" avec plus de cinq millions de personnes confrontées à une grave insécurité alimentaire, tandis que le coronavirus se propage.
L'Afrique, et en particulier l'Afrique sub-saharienne qui a importé plus de 40 millions de tonnes de céréales en 2018, est le continent le plus menacé par le risque de pénurie alimentaire en raison de la pandémie de Covid-19, a par ailleurs averti le PAM.