SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
23 septembre 2025
VIDEO
NOTRE COLLÈGUE, AMI ET FRÈRE, L’EXPERT ABDOURAHMANE FAYE S’EN EST ALLÉ
Nous avons le regret et la profonde douleur de vous faire part du décès de notre collègue et ami Abdourahmane Faye, ingénieur agronome, expert associé à l’IPAR. Son décès est survenu ce jeudi 21 mai 2020 à Dakar.
Nous avons le regret et la profonde douleur de vous faire part du décès de notre collègue et ami Abdourahmane Faye, ingénieur agronome, expert associé à l’IPAR. Son décès est survenu ce jeudi 21 mai 2020 à Dakar.
M. Faye était connu pour son engagement pour la promotion de l’agriculture familiale et son récent ouvrage « Réussir l’agriculture sénégalaise : Déconstruire les utopies ! Changer de cap ! Ecouter les paysans ! » atteste des idées généreuses qu’il avait pour l’agriculture et le monde rural.
Dans son dernier article titré « L’Agriculture et le monde rural à l’épreuve du CORONAVIRUS », il écrit : « … le monde rural, qui respire par son agriculture au sens large, est touché au poumon et devient un « cas contact » qu’il convient de suivre de très près par les acteurs du secteur, car les perspectives ne sont guère rassurantes. » Il ne sera malheureusement pas témoin de ces lendemains post-COVID.
La Direction Exécutive de l’IPAR présente ses condoléances les plus attristées à sa famille, à ses collègues et au mouvement paysan sénégalais.
Repose en paix cher Abdourahmane. Qu’Allah SWT t’accueille au Paradis Firdaous, Aamiin.
DÉCÈS DE MORY KANTÉ
Le chanteur et musicien guinéen, connu pour le tube planétaire «Yéké yéké» dans les années 1980, est décédé d'une longue maladie vendredi à l'âge de 70 ans
Le chanteur et musicien guinéen Mory Kanté est décédé d'une longue maladie ce vendredi 22 mai à l'âge de 70 ans, dans un hôpital de Conakry. C'est ce qu'a annoncé son fils, Balla Kanté, à un correspondant de l'Agence France-Presse ce vendredi. La musique africaine et plus précisément, guinéenne, perd un monument, avec la disparition de l'interprète du titre "Yéké Yéké".
Mory Kanté s'est éteint "vers 9H45 ce matin à l’hôpital sino-guinéen", a dit son fils. "Il souffrait de maladies chroniques et voyageait souvent en France pour des soins, mais avec le coronavirus ce n’était plus possible", a-t-il ajouté. "On a vu son état se dégrader rapidement, mais j’étais surpris quand même car il avait déjà traversé des moments bien pires", a-t-il dit.
Mory Kanté, surnommé le "griot électrique", a contribué à populariser la musique africaine et guinéenne à travers le monde.
Après avoir quitté le Super Rail Band de Bamako, Mory Kanté a révolutionné dans les années 80 la musique ouest-africaine, en électrifiant son instrument et en ouvrant les musiques traditionnelles mandingues villageoises aux beats électroniques et aux "grooves" plus urbains.
"Yéké Yéké", sorti en 1987, s'est vendu à des millions d'exemplaires et a atteint les sommets des hit-parades dans de nombreux pays. Avec "Yeke Yeke", il a décroché en 1987 un tube planétaire et amené la musique mandingue sur les pistes de danse. Et l'album "Akwaba Beach" où figure cette chanson demeure l'une des plus grosses ventes mondiales dans le domaine des musiques d'Afrique noire.
Le grand public s'est ensuite lassé à partir de la décennie suivante d'un musicien employant toujours la même recette et ayant eu du mal à se renouveler. Malgré tout, Mory Kanté n'a jamais cessé de tourner. Il était une personnalité incontournable de la musique mandingue moderne.
Dans les années 2000, il s'était un temps orienté vers une musique plus acoustique, au sein d'un orchestre où prédominaient les cordes.
Dans "La Guinéenne" (Discograph), enregistré au pays, ce musicien a choisi la formule du grand orchestre, celle de l'âge d'or de la musique ouest-africaine moderne dans les années post-indépendances.
Ce disque, qui se veut un hommage aux femmes du monde, est une suite de mélodies mandingues entonnées sur des grooves occidentaux, aux accents funk, reggae, zouk, et un appel à "bouger".
Les notes cristallines de sa kora (instrument à cordes pincées emblématique du Mandé) y sont soutenues par une rythmique basse-batterie endiablée, les salves d'une section de cuivres répondent au balafon, et le synthétiseur se marie avec la flûte peule.
Mory Kanté, maître de la kora et chanteur-griot à la puissante voix de tête, renouait dans "La Guinéenne" avec la formule du grand orchestre, chère à la Guinée des années 60-70.
par la chroniqueuse de seneplus, Rama Salla Dieng
FÉMINISME, RELIGION ET CULTURE AU SÉNÉGAL
EXCLUSIF SENEPLUS - L’Islam est interprété pour asseoir la position dominante des hommes - Cette suprématie masculine est la cause de toutes nos revendications - ENTRETIEN AVEC MAIMOUNA E. THIOR ET ADAMA POUYE
Elles sont jeunes et pleines d’énergie. Débarrassées du complexe de la femme chosifiée auquel la gent feminine est souvent en butte dans la société sénégalaise, elles ont décidé d’épouser l’idéal féministe pour un changement de comportement à l'endroit de leurs paires. Entretien croisé avec Maimouna Eliane Thior, vivant en France et Adama Pouye, à Dakar.
Bonjour Maimouna et Adama, c’est un plaisir d’avoir récemment échangé avec vous au sujet de l’actualité sénégalaise. Pouvez-vous vous présenter s’il vous plait ?
Maimouna: Bonjour Rama, merci de nous offrir cette tribune pour pouvoir nous exprimer sur ces questions. Je m’appelle Maimouna Eliane Thior, j’ai vingt-six (26) ans. Je suis en deuxième année de doctorat en sociologie et je travaille sur l’histoire politique et socio religieuse des sénégalaises et leur rapport à la globalisation: entre féminisme occidental et féminisme islamique. Je m’intéresse à l’évolution et/ou au changement de l’identité des sénégalaises partagées entre la religion majoritaire du Sénégal qu’est l’Islam et le legs de la culture occidentale accentué par la mondialisation et la modernité à travers les médias sociaux.
Adama: Bonjour Rama, le plaisir est partagé. Je suis Adama Pouye et j’ai vingt-trois (23) ans. Je suis étudiante en master 2 communication, bibliothécaire de profession. J’ai commencé à réellement m’engager sur les questions féministes depuis peu. Je travaille actuellement, dans le cadre de mon mémoire de master, sur la place du corps féminin dans la publicité ces dernières années.
Quelle est votre définition du féminisme ? Et quelles sont vos influences et inspirations feministes ?
Maimouna: Ma définition du féminisme est très simple, j’emprunterai la réponse de Mariama Bâ dans Une si Longue Lettre: « Si défendre l’intérêt des femmes c’est être féministe, oui je suis féministe ». Je m’inspire des noires américaines, qui à elles seules peuvent subir toutes formes de discriminations qui puissent exister. Au-delà des discriminations dues aux rapports sociaux que chaque femme subit dans le monde, les américaines peuvent être confrontées aux discriminations liées à la race, à la religion, au capitalisme…Je vois les africaines en situation d’immigration subir ces mêmes injustices, et cela qu’elles veuillent conserver leur culture d’origine ou pas. Je convoque très souvent l’outil “intersectionnalité”, qui est en sociologie une notion de réflexion politique développée par une universitaire américaine (Kimberlé Crenshaw) pour évoquer la situation des personnes subissant simultanément plusieurs formes de stratification. Ce concept me permet donc, d’analyser les différentes oppressions des sénégalaises à un niveau local mais aussi les situer dans la hiérarchisation mondiale en terme de race.
Adama: Pour moi, le féminisme est une revendication des droits de la femme, une aspiration vers l’équité. Equité au lieu d’égalité pour être plus juste. L’équité fera que dans tous les domains, on verra la femme au-delà de son genre, rien ne sera plus basé sur le sexe. Le féminisme est une dénonciation pour tendre vers une société plus juste et plus humaniste. Une de mes grandes influences est Chimamanda Ngozi Adichie avec son “happy feminism” qu’elle a mentionné dans “nous sommes tous féministes”
Chaque mois, nous remarquons des scandales sexistes sur les plateaux d’émission télé. Nous nous rappelons toutes avec émoi l’affaire Songué, et il y a eu cette semaine l’émission de Sen TV qui a aussi été le théâtre de propos misogynes intolérables, quelle lecture faites-vous de ces événements?
Maimouna: Je trouve que ces émissions reflètent la réalité de nos sociétés actuelles. La plupart des « expressions choquantes » est ce que pense vraiment la majorité. Cela nous choque parce c’est à la télé et qu’on met des visages sur ces mots. Il faut regarder ces émissions pour savoir comment les gens pensent pour trouver des solutions de sensibilisation afin de changer certaines visions. La dernière émission sur le féminisme sur la SenTV a fait voir qu’il y avait différentes catégories de femmes, celles qui défendent la polygamie, celles qui veulent un époux possessif et rigoureux, celles qui ne travaillent pas pour être au service exclusif de l’époux, les plus diplomates, les féministes radicales… Sans oublier les deux hommes qui s’accrochent à leur pouvoir. Cela devrait nous rappeler qu’il y a encore du travail à faire en occupant l’espace public, les médias et même impacter l’éducation nationale. Nous n’avons plus le droit de baisser les bras et écourter les travaux entamés par nos aînées qui nous ont permis d’aller massivement à l’école. Maintenant qu’on a toutes massivement été l’école jusqu’à un certain niveau, le défi serait de rendre la prochaine génération plus autonome et plus libérée dans leurs choix de vie.
Adama: Ces nombreuses sorties scandaleuses peuvent être vues comme encouragées par le peuple sénégalais lui-même. Plus les émissions choquent plus elles attirent le grand public. Les offenses faites aux femmes ne se limitent pas à la presse audiovisuelle. En décembre passé, le quotidien L’observateur, l’un des journaux les plus lus au Sénégal avait à sa une “Objet de tous les désirs: IPhone fait perdre la tête aux sénégalaises. Elles sont capables de vendre leur corps pour un IPhone”, quelques jeunes ont dénoncé par-ci par-là à travers Twitter, entre autres média social, mais sans résultat. Les auteurs s’en sortent pratiquement toujours indemnes. Pour revenir sur le plateau de cette semaine sur la SenTV, il y avait des femmes qui étaient sur le plateau qui semblaient même encourager ces dires. Une des femmes a d’ailleurs dit ouvertement “dama bëgg goor bu tang”, comme quoi certains sévices dont sont victimes nombre de femmes sont normalisés et mêmes appréciés. Un plateau où il y avait plus de cinq femmes n’a guère découragé le monsieur qui a comparé les femmes à des chiennes.
J’ai personnellement partagé les passages en question sur mon compte Twitter et sur mon statut Whatsapp pour m’en indigner. La majeure partie des réactions étaient du genre: “ils n’ont rien dit de grave, c’est à prendre au sens figuré”. Notre société elle-même a associé aux femmes l’acceptation, le silence et ces dernières l’ont accepté de la manière la plus naturelle.
Ces propos ne sont-ils que le reflet de la société sénégalaise? Pensez vous qu’ils sont dus à l’ambivalence de notre société à califourchon entre culture islamique et occidentale? Doit-on parler d’un patriarcat ou de plusieurs patriarcats?
Maimouna: Comme je l’ai dit plus haut, ces propos ne sont pas des révélations exclusives. Les personnes invitées dans ces émissions donnent leurs avis sincères sur les sujets liés aux rapports sociaux. En effet, le Sénégal est partagé entre héritage islamique et occidental. Ces propos choquent très souvent parce que dès lors qu’on évoque des questions féminines, nous sommes souvent renvoyé.es à des références religieuses pour essayer de bloquer un débat. Une bonne partie des sénégalais.es ont grandi donc avec ces rhétoriques et ont fini par croire qu’il n’y avait d’autres versions en dehors de celles rattachées à la religion. Or, j’estime que les sources religieuses font l’objet d’interprétations diverses dépendant de la culture, de l’époque, de la position géographique, etc. Il y a aussi ces sénégalais.es foncièrement coutumiers (ères) qui peuvent faire des amalgames entre des traditions et les préceptes de l’Islam. Ils/Elles ne croient pas à une quelconque évolution de la culture au nom de la modernité ou de la mondialisation. De la même façon, ils conservent le traitement d’un verset concocté pour un contexte ou une situation précise. Dans ces cas-là, le cocktail des us et de la religion peut être explosif.
Pour ce qui est des influences occidentales, bon nombre de sénégalais sont allergiques à des concepts modernes comme le féminisme. Il est vu comme un outil péjoratif qui cherche à détruire l’écosystème sénégalais. Dakar peut vivre au rythme de Paris en termes de mode, d’actualité, de façon de parler, de manger dans une famille nucléaire, mais se rétracte dès qu’il s’agit d’émanciper les femmes ou leur donner du pouvoir. Encore que le pouvoir des femmes dans des sphères professionnelles peut-être bien vu, mais la phobie réside principalement dans les répercussions au niveau des ménages ou la répartition des rôles.
Adama: Effectivement, comme l’a dit Maimouna, ces sorties reflètent la réalité sénégalaise. La condition de la majorité des femmes reste précaire malgré que les femmes ells-mêmes pensent le contraire. Beaucoup d’anti-féministes se fondent sur la religion pour rejeter la place que la femme doit occuper dans la vie sociale, professionnelle, religieuse. L’Islam est interprété pour asseoir la position dominante des hommes, assouvir les envies d’un mari irresponsable qui ne se base sur la religion que quand il a tort, conserver des privilèges qui ne reposent sur aucun mérite. La religion musulmane peut être vue comme l’une des plus féministes qui soit, la femme y occupe une grande place. D’aucun.es diront que la femme ne doit pas occuper de hautes responsabilités ou diriger un homme ; pourtant le prophète Mouhamed PSL travaillait pour celle qui devint son épouse (Khadija). Cette dernière était une très grande commerçante à l’époque et donc une entrepreneure ou businesswoman à la nôtre, pourtant elle était la femme modèle en Islam. Voyez la contradiction avec ce que veulent nous faire croire les prêcheurs et prêcheuses. Certaines sources notamment du côté du sociologue britannique et australien Bryan Turner en matière de sociologie des religions nous révèlent qu’avant l’arrivée de l’Islam, dans certaines tribus arabes, existaient des pratiques d’infanticides de filles et que le statut de la femme y était médiocre. Cela a été d’ailleurs rapporté que Ibn Abbas, un des compagnons du Prophète (PSL) en avait parlé « Si vous voulez découvrir l’ignorance des Arabes (avant l’Islam), lisez le verset de la sourate « El An’am» : « Ils sont perdus ceux qui ont tué leurs enfants par sottise et par ignorance et qui déclarent illicites les choses que Dieu leur a dispensées. Ils sont égarés et ne suivent point la bonne direction. » (Coran 6.140). L’Islam a permis d’abolir ce genre de pratiques, de valoriser la femme. La culture islamique ne peut donc être la raison d’une si grande méprise des relations de genre dans le discours de certains Sénégalais.
Nous devons dès lors chercher les raisons de cet acharnement du côté de la tradition sénégalaise et du côté des valeurs qu’elle inculque. Kocc Barma, cité comme une référence en matière de sagesse disait “Jigeen sopal te bul woolu”(Oumar Sall, a récemment montré qu’il pourrait s’agir d’une déformation, et plutôt: “Jigeen soppal, du la woolu”). D’autres expressions comme celles-ci sont répétées à longueur de journée aux hommes et aux femmes le fameux “jigeen moytul” ou encore “jigeen day mugn ngir am njabott bu baax” ou encore lorsque l’enfant commet des maladresses “doom ja, ndey ja”. Tous ces messages misogynes véhiculés dans l’apprentissage de comment devenir un(e) adulte, durant la circoncision (neegu goor), les discussions avant mariage pour la femme (yebb) et notamment dans l’affectation des tâches ménagères instaurent un subconscient arrêté qui ne peut concevoir une certaine égalité en droit, en dignité entre sexe féminin et masculin. C’est un message implicite, subtil, que les Sénégalais(es) se passent de génération en génération sans forcément s’en rendre compte.
Au Sénégal, quels sont les stéréotypes les plus établis qui sont associés aux féministes (colériques, mal-baisées, anti-hommes)? Qu’est-ce qui les explique? Pensez-vous qu’ils soient dus à la pseudo incompatibilité entre culture africaine ou sénégalaise et féminisme?
Maimouna: Je pense qu’on cherche à nous rabâcher un cliché qui vient d’ailleurs. Les premières féministes européennes étaient traitées d’hystériques, aujourd’hui on leur reproche de trop réfléchir parce que le féminisme est devenu un outil intellectuel admis à l’université. Dans une société où le mariage détermine la valeur de la femme, je ne vois pas comment les Sénégalaises peuvent être anti-hommes. Dans une société où l’éducation sexuelle (même sous l’angle religieux) est taboue, où l’aspect érotique du couple est réservé qu’aux femmes, je ne pense pas qu’elles se connaissent assez pour savoir si elles sont bien ou mal baisées. Les sénégalais.es ont besoin d’une définition spécifique du féminisme pour pouvoir l’adopter. Ce qui est très normal parce qu’il y a autant de féminisme(s) que de pays, il s’adapte selon les besoins et les urgences de chaque société. Si les sénégalais.es ont besoin qu’on leur explique que les féministes sénégalaises ne cherchent pas à copier le modèle occidental, nous devons recommencer à zéro. Il est très souvent dit que les africaines ont toujours été féministes dans la pratique, là où les européennes ont eu une liberté d’expression. Nous avons alors une base sur laquelle il faut ajouter des notions modernes à l’image des réalités de notre époque.
Adama: Il faut savoir que la mentalité populaire sénégalaise place toute l’essence de la femme chez l’homme. Pour elle, femme épanouie est surtout une femme mariée avec des enfants. Toujours si l’on s’y base, lorsqu’une femme est heureuse elle n’a pas besoin de se plaindre et donc de se soucier de questions féministes “importées”. Le travail des féministes sénégalaises contemporaines devra s'intéresser à un processus de déconstruction de toutes ces idées faites. Le féminisme est large et mène plusieurs combats. A nous de contextualiser chacune des revendications, que les problèmes féministes soulevés soient les nôtres, conformes à notre société et exprimés dans un langage qui parle au Sénégalais. Ainsi, je pense qu’au fur et à mesure le large public s’y retrouvera et ces clichés disparaîtront peu à peu. Persévérance !
Un mot sur les violences basées sur le genre?
Maimouna: Les violences basées sur le genre sont de plus en plus dénoncées, la parole se libère avec l’arrivée des médias sociaux et des dispositifs mis en place par des hommes et des femmes pour éradiquer ce fléau. Cependant, il s’agit d’informer et d’éduquer les femmes afin qu’elles connaissent leurs droits juridiques pour leur propre bien-être mais aussi pour leur progéniture. Beaucoup de femmes hésitent à quitter leurs foyers, si oppressées, par faute de moyens. Elles ne savent pas si elles doivent bénéficier de pension ou non. Je suis contente de constater qu’il y a une sensibilisation progressive sur ce domaine parce que les violences physiques et sexuelles des femmes sont une atteinte à leur dignité, leur sécurité et leur autonomie.
Adama: Injustes ! Elles sont récurrentes, que ce soit dans la presse ou à travers les histoires rapportées dans les quartiers. Le travail à faire consiste à faire comprendre les limites du “muugn” et du”sutura” qui retiennent certaines femmes dans les ménages où elles en sont victimes. Les violences ne sont pas que physiques, elles peuvent être orales et tout aussi destructrices. Il faut que chaque femme soit consciente que c’est une offense à sa dignité qui doit être dénoncée, que la peur du “xawi sa sutura” ou du “je n’ai pas les moyens” ne soit pas une entrave à la traduction en justice. Les associations de femmes doivent réfléchir à un appui pour leurs paires, que ce soit en logement, en apprentissage de métier, ou sous forme de soutien social, moral et psychologique.
A votre avis, comment changer le discours, les normes et valeurs, et les réalités patriarcales?
Maimouna: Sensibiliser, communiquer, débattre. Ce sont les mots-clés pour un changement de paradigme social. Une culture n’est pas figée, mais un changement brusque pourrait heurter. Nous avons beaucoup de bonnes valeurs à conserver et à partager avec le reste du monde, ce qui ne devrait pas nous empêcher de nous ouvrir aux autres pour nous enrichir et évoluer dans le temps et l’espace.
Adama: Je dirai aussi qu’il faudra remonter jusqu’aux racines, changer l’éducation. Il est important, avant de dénoncer qu’on puisse comprendre et faire comprendre ce qu’est le patriarcat, ce qu’est le féminisme. Dans les foyers, il faudrait équilibrer les droits des uns et des autres et apprendre les tâches ménagères aux femmes comme aux hommes. Il est aussi important d’omettre ou de reformuler tous les proverbes sexistes du dictionnaire Wolof et d’avoir des interprétations du Coran faites par des femmes averties. Dans les écoles aussi, Il faut avoir des cours via lesquels faire passer des messages d’égalité homme/femme.
Quel est le rôle et la place de l’hégémonie masculine, acceptée et magnifiée par les femmes, et du capitalisme dans cette critique sociale de la société sénégalaise ?
Maimouna: Je dis très souvent que le patriarcat est une machine nourrie par des hommes et des femmes contre toutes les femmes. Ce sont les femmes qui entretiennent le patriarcat de façon consciente et/ou inconsciente pour véhiculer depuis plusieurs générations des pratiques qui portent atteinte à l’intégrité morale et physique des femmes. Même les hommes sénégalais sont victimes de ce système parce qu’ils sont élevés par les mères comme des rois, ne devant participer à aucune tâche domestique, entre autres. Les rares hommes qui participent aux tâches domestiques sont vus comme des peureux ou des « toubabs », d’autres pensent qu’ils « aident » ou font une « faveur » à leur épouse alors que c’est leur foyer à eux deux, leurs enfants à eux deux si progéniture il y a. Cette suprématie masculine est la cause de toutes nos revendications, mais je pense que les hommes sont tout autant prêts à en découdre avec nous pour préserver leurs privilèges.
Adama: Je suis d’accord avec Maimouna. C’est justement ce sur quoi toute cette critique est basée.
Pourquoi, à votre avis, y a t-il un tel tabou à parler de sexe et de plaisir féminin, entre femmes sénégalaises plus jeunes ?
Maimouna: Euuuh, personnellement je ne vois pas qu’il y’a un tabou à parler sexe. J’ai l’impression d’ailleurs qu’on ne parle que de sexualité dans les réseaux sociaux. Les jeunes filles en âge de se marier ont des bons plans pour attiser leur intimité. Si jadis, on préparait sérieusement les filles à affronter le mariage selon les règles de leur ethnie ou de leur famille, aujourd’hui on les outille de « feem » ou astuces pour retenir leur homme. C’est mon impression.
Adama: Tout ce qu’a dit Maimouna, en plus de la peur d’être taxée de “tiaga”, de dévergondée. La peur que les propos tenus soient rapportés aux parents (qui témoignerait d’une vie sexuelle active), le focus sur la chasteté de la femme. Le débat est pensé comme réservé aux femmes mariées.
Comment, à votre avis, la pandémie du coronavirus a-t-elle renforcé les inégalités de genre au Sénégal où vous vivez Adama? Et en France où vous vivez Maimouna?
Maimouna: En France, j’ai remarqué que les secteurs qui n’étaient pas concernés par les arrêts d’activité étaient souvent des lieux où travaillent des femmes. Parmi ces femmes-là, il y a beaucoup de noires ou racisées. Je les ai remarquées dans les grandes surfaces, les deux femmes de charge de mon immeuble n’ont pas été concernées par le confinement et une jeune étudiante d’origine sénégalaise à la station d’essence. Il y a aussi le taux de violence conjugale qui a accru à cause de la promiscuité. Des numéros secours ont été mis à disposition pour dénoncer son conjoint ou même sa voisine en situation de danger. Je n’aurai pas hésité à appeler au besoin parce que rien ne justifie une forme de violence basée sur le genre.
Adama: Déjà les femmes sont très exposées par rapport à cette maladie. Le corps sanitaire est majoritairement composé de femmes (53% de l’effectif global, selon l’audit genre du ministère de la Santé, 2015), elles sont donc au chevet des malades et fragilisées. Dans les ménages, c’est aussi les femmes qui font les courses au marché, s’occupent des tâches domestiques et sont encore fragilisées face à la menace. Un passage d’un article intéressant du Dr Selly Ba nous ramène aux effets de la «féminisation de la pauvreté ". En effet, dans ce récent article, elle analyse le fait que “ Covid-19 peut davantage renforcer la féminisation de la pauvreté qui à son tour peut limiter la participation des femmes au marché du travail et l’inégalité devant l’accès aux ressources et la jouissance de celles-ci”.
A celà s’ajoute les violences domestiques accentuées par la promiscuité de certains ménages où les humeurs ne tiennent plus avec la cohabitation familiale imposée par le couvre-feu.
Quelle est votre routine de bien-être?
Maimouna: Ma première source de bien-être, est de beaucoup communiquer avec mes proches au Sénégal. Le fait d’échanger avec mes parents me fait beaucoup de bien, ils supportent tous mes projets, connaissent toutes mes activités au détail près. Le simple fait de savoir que je peux compter sur eux à mon grand âge me fait beaucoup de bien.
Je suis passionnée d’images et de videos « vintage », j’aime tout ce qui est images, films, musiques rétro ayant trait au Sénégal. Je passe du temps à collecter ces belles archives.
La lecture et l’écriture sont aussi des thérapies pour l’apprenante que je suis. J’essuie mes larmes avec l’écriture, parce que je pleure très souvent quand je suis déprimée par la solitude, la morosité, la routine de la France.
J’aime aussi la mode, je tiens beaucoup à mon style vestimentaire parce que c’est une partie de mon identité. Dès que la météo me le permet, j’enfile mes tenues cousues au Sénégal et qui renvoie à l’Afrique de façon générale. Savoir que je fais des choses pour le Sénégal, au Sénégal, savoir que je m’habille Sénégal, que mes turbans renvoient au Sénégal… Tout cela me procure beaucoup de bien. Je suis une Sénégalaise dans l’âme, après plusieurs années en France, j’ai toujours l’impression de laisser mon âme à Dakar, et qu’elle ne se reconnecte à mon physique que quand je foule le sol dakarois. En gros, ma vie n’a de sens qu’au Sénégal.
Adama: Je n’en ai pas vraiment, je suis une grande “viveuse au jour le jour”. Ma routine du lundi peut différer de celle du mardi et de tous les autres jours de la semaine. Je suis mes envies au réveil, quand bien même je peux dire qu’un bon sommeil réparateur, une bonne douche chaude, une mise impeccable me font me sentir la plus heureuse !
Mes petits plaisirs tournent autour de la lecture, des photos, de la mode, des conversations avec mes proches.
Dr. Rama Salla Dieng est écrivaine, universitaire et activiste sénégalaise, actuellement maîtresse de conférence au Centre d'études africaines de l'Université d'Édimbourg, Ecosse.
Cette interview fait partie de la série d’entretiens sur les féminismes en Afrique: Talking Back, éditée par Rama Salla Dieng sur Africa Is A Country. Il sera publié en anglais sous peu. Rama est aussi la co-éditrice de Feminist Parenting: Perspectives from Africa and beyond avec Andrea-O’Reilly, ouvrage collectif qui a reçu les contributions de parents feministes du monde entier.
MAMADOU TALLA EXPLIQUE COMMENT IL VA SAUVER L’ANNEE SCOLAIRE
Invité de l’émission «Yoon wii» sur «Rfm», Mamadou Talla a indiqué que la reprise des cours dépend du protocole médical que son département a validé avec les autorités médicales.
C’est une question qui fait beaucoup jaser tant du côté des enseignants que des élèves. Et pour rassurer tout le monde, le ministre de l’Education Nationale, Mamadou Talla, a décliné une stratégie pour réussir une bonne reprise des cours le 02 juin prochain.
Invité de l’émission «Yoon wii» sur «Rfm», Mamadou Talla a indiqué que la reprise des cours dépend du protocole médical que son département a validé avec les autorités médicales. Dans le même sillage, il informe que le transport des enseignants va débuter le 26 mai prochain.
Il n’y aura pas de reprise des cours le 02 juin sans un respect strict des consignes médicales validées avec les autorités médicales. Dans ce protocole, renseigne le ministre Mamadou Talla, il est indiqué qu’il ne devrait pas y avoir plus de 20 élèves dans une salle de classe. En plus de cela, les élèves vont s’asseoir à un par table tout en respectant la distanciation sociale (un mètre d’écart entre eux). Devant les salles de classe, on mettra du gel hydro-alcoolique et des matériels de protection. A cela s’ajoute un dispositif de lavage des mains devant les établissements scolaires où il y aura également des thermo flashs. Avec le protocole médical, il est prévu la distribution gratuite de deux millions de masques pour les élèves et les enseignants en raison de 3 masques lavables pour chacun.
La présence des personnes qui souffrent de maladies chroniques comme le diabète, l’asthme et de maladies cardiovasculaires n’est pas obligatoire. Cette disposition concerne aussi bien l’élève que l’enseignant. Il reste, à en croire le ministre de l’Education Nationale, à distribuer le protocole dans toutes les écoles. «Des CRD ont été tenus dans toutes les régions pour s’occuper de la désinfection des établissements avant la reprise des cours. Nous sommes allés plus loin aussi en mettant en place des comités de veille dans les écoles qui vont s’occuper des questions sanitaires dans les écoles», informe Mamadou Talla. Il assure que son ministère ne va courir aucun risque de laisser les personnes présentant des signes de maladies chroniques de regagner les salles de classe. Se montrant particulièrement rassurant, il estime qu’il est hors de question de reprendre les cours si les conditions prévues par le protocole médical ne sont pas remplies.
A propos du transport des enseignants qui ont regagné leurs localités d’origine depuis l’arrêt des cours, le ministre de l’Education nationale a pris des mesures. Au Sénégal, nous savons combien d’enseignants quittent Dakar pour aller dans les régions. Ils sont au total 4 484 enseignants. Nous connaissons également ceux qui viennent des régions pour enseigner à Dakar. Ils sont au total 1 660 enseignants. Et nous connaissons également ceux qui vont d’une région à une autre. En tout, c’est plus de 19 900 enseignants qui doivent quitter un lieu vers un autre pour enseigner», dit-il avant d’ajouter que le ministre de l’Intérieur sera saisi pour leur délivrer l’ensemble des autorisations.
Dans la même veine, il informe que son collègue des Transports Oumar Youm se chargera de voir comment transporter les enseignants vers leurs lieux à partir du 26 mai. «Demain (Ndlr : aujourd’hui vendredi 22 mai), j’ai une réunion avec le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement pour faire le dispatching, et informer les enseignants du jour et de l’heure où ils doivent quitter leurs localités pour retourner vers leurs lieux d’enseignement», indique Mamadou Talla. Pour ce qui est des examens, le ministre de l’Education nationale indique que ses services sont en train de réfléchir sur les dates à retenir. «Je suis en train de discuter avec les acteurs de l’éducation pour trouver une date convenable. Il y avait des dates qui ont été retenues, mais comme il y a des changements, le calendrier scolaire aussi va changer.
Officiellement, les cours devraient s’arrêter le 31 juillet. D’ici à cette date, nous sommes dans l’année scolaire et si nous devons la dépasser, il faut nécessairement un autre décret pour réorganiser les dates», explique-t-il.
LES RESTES D'AUGUSTIN BIZIMANA, L'UN DES PRINCIPAUX SUSPECTS RETROUVES AU CONGO
Les restes d'Augustin Bizimana, considéré comme l'un des principaux commanditaires toujours en fuite du génocide au Rwanda en 1994, ont été identifiés dans un cimetière au Congo
Les restes d'Augustin Bizimana, considéré comme l'un des principaux commanditaires toujours en fuite du génocide au Rwanda en 1994, ont été identifiés dans un cimetière au Congo, a annoncé vendredi le Mécanisme pour les tribunaux pénaux internationaux.
Une semaine après l'arrestation près de Paris de Félicien Kabuga, considéré comme le financier du génocide rwandais, c'est désormais le décès d'un autre fugitif qui vient d'être confirmé. Il s'agit d'Augustin Bizimana, l’un des principaux fugitifs accusés d’avoir été l’un des hauts commanditaires du génocide perpétré en 1994 contre les Tutsis au Rwanda.
"Son décès a pu être confirmé à l’issue de l’identification formelle des restes de son corps retrouvés dans un cimetière à Pointe-Noire [République du Congo]", indique le bureau du procureur du Mécanisme dans un communiqué publié vendredi 22 mai.
Augustin Bizimana a été mis en accusation en 1998 par le Tribunal pénal international pour le Rwanda. Il devait répondre de treize chefs d'inculpation dont génocide, extermination, assassinat, viol ou encore torture, pour des crimes commis dans le cadre du génocide de 1994.
Protais Mpiranya, ancien commandant du bataillon de la Garde présidentielle des forces armées rwandaises, et cinq autres fugitifs mis en accusation par le TPIR restent quant à eux "activement" recherchés par la justice internationale pour leur participation au génocide qui a fait au moins 800 000 morts, Tutsis et Hutus modérés, entre avril et juillet 1994.
EL HADJ SYLLA A MODIFIE UNE AUTORISATION SPECIALE TEMPORAIRE DE CIRCULER POUR SORTIR DE LA CAPITALE
Tous les moyens sont bons pour sortir de la région en ce temps de crise sanitaire.
N’eût été la vigilance des éléments du commissariat de Reubeuss, El hadj Sylla allait passer inaperçu avec une fausse autorisation. Audacieux, il a pris celle d’autrui pour y ajouter son nom. Malheureusement, son jeu a été découvert par les limiers du commissariat de Reubeuss. Interrogé, le mis en cause prétend avoir reçu ledit papier des mains d’un policier. Mais il ne tardera pas à se rétracter en disant qu’il l’a eu par l’entremise d’un citoyen moyennant la somme de 15 000 francs. Malgré ses multiples versions, il a été déféré au parquet pour « falsification d’un document administratif ».
Tous les moyens sont bons pour sortir de la région en ce temps de crise sanitaire. Les plus téméraires vont jusqu’à falsifier des autorisations de sortie. C’est le cas de Pape El Hadj Sylla. Il a eu le toupet de mentionner son nom sur une autorisation de sortie qui était établie sur une autre identité. Mais sa ruse a été vite mise à nu par les éléments du commissariat de Reubeuss. Alors qu’il était à bord de son véhicule, en possession d’une autorisation spéciale temporaire de circuler dans la nuit du 17 au 18 mai, il a été interpellé aux environs d’une heure du matin.
Entendu par les enquêteurs, Pape Sylla nie avoir en sa possession un faux permis de circuler. Gérant de papeterie domicilié aux Parcelles Assainies, il raconte : « Durant la journée du 12 mai 2020, aux environs de 13h, un individu s’est présenté à mon lieu de travail pour me demander de lui imprimer un document à raison de 250 francs la page. Il me l’a envoyé par mail et c’est en traitant le document que je me suis rendu compte qu’il s’agissait d’une autorisation spéciale temporaire de circuler. Après le service, je lui ai rendu l’originale et une copie.
A son départ, j’ai changé un des noms de la liste et le véhicule correspondant à mon profil. » Entendu une deuxième fois, il a déclaré avoir obtenu l’autorisation de circuler moyennant 15 000 francs de la part d’une personne non identifiée et résidant à Yoff. Malgré ses aveux, le récalcitrant a été déféré au parquet. Il devra comparaître ces jours pour falsification d’un document administratif.
« L'ANNONCE DU PORT DE BRACELET ELECTRONIQUE EST PRÉMATURÉE »
Me Assane Dioma Ndiaye se prononce sur le port du bracelet électronique
Le dernier conseil des ministres a adopté le projet de loi modifiant la loi 65-60 du 21 juillet 1965 portant Code pénal et consacrant le placement sous-surveillance électronique comme mode d’aménagement des peines. Mais selon le président de la Ligue sénégalaise des droits de l’homme (Lsdh), Me Assane Dioma Ndiaye, c’est une décision prématurée et irréaliste.
«Ce bracelet va fonctionner à partir d’un système de géolocalisation par satellite. On a déjà testé cela avec une structure sénégalaise. Le bracelet peut durer 20 ans», a fait savoir le ministre de la Justice Me Malick Sall pour motiver l’adoption du projet de loi consacrant le placement sous-surveillance électronique comme mode d’aménagement des peines. Toutefois, Me Assane Dioma Ndiaye trouve cette mesure surprenante et prématurée. «Je suis un peu surpris par cette annonce qui est prématurée au regard de l’état actuel de notre législation d’abord, mais ensuite des moyens dont dispose notre justice et y compris l’administration pénitentiaire », soutient la robe noire dans un entretien accordé au site «Emedia».
Même s’il a toujours réclamé ces procédés afin de juguler autant que possible les longues détentions provisoires et les détentions systématiques même en cas de culpabilité, il estime qu’il y a des préalables à remplir. «Il faut d’abord des lignes téléphoniques et des domiciles fixes. Il faut requérir aussi le consentement de la personne», affirme Me Assane Dioma Ndiaye.
Selon le leader de la Lsdh, il est primordial que la société s’approprie cette décision afin d’éviter la stigmatisation. «Les populations doivent être préparées», dit-il avant de plaider pour une réflexion beaucoup plus poussée. «Nous estimons que nous avons d’autres moyens alternatifs : la limitation de la détention provisoire en matière criminelle que nous réclamons depuis des années. Il y a aussi l’institution d’un juge de la détention qui peut être une solution beaucoup plus conforme à nos réalités et à nos moyens», affirme l’avocat.
Et d’ajouter que l’administration pénitentiaire ne peut arriver à surveiller 24h/24 des personnes qui sont placées sous surveillance électronique. «Evidemment, cela relève de l’illusoire et nous ne pouvons pas croire à des choses qui ne sont pas réalistes. Nous pensons qu’il est temps que nous nous interrogions sur cette avalanche de réformes sans rapport avec les moyens existants», clame Me Assane Dioma Ndiaye qui rappelle qu’il y a beaucoup d’autres leviers plus adéquats que l’Etat peut mettre en œuvre.
LES SIX JOUEURS AFRICAINS LES PLUS CONVOITES CETTE ANNEE
Alors que le football est à l’arrêt forcé depuis environ deux mois, à cause de la pandémie du Coronavirus, les clubs s’activent en coulisses et préparent déjà le prochain mercato avec les 6 joueurs africains les plus cités.
Alors que le football est à l’arrêt forcé depuis environ deux mois, à cause de la pandémie du Coronavirus, les clubs s’activent en coulisses et préparent déjà le prochain mercato avec les 6 joueurs africains les plus cités.
La crise économique risque de limiter les transactions. Mais certains joueurs africains, au profil intéressant, vont certainement animer le prochain marché estival. La bataille s’annonce féroce entre les géants européens cet été pour débaucher les ambassadeurs africains. Focus sur les six joueurs africains les plus convoités cette année.
Victor Osimhen : Auteur d’une première saison de canon avec Lille, Victor Osimhen, l’une des révélations du championnat français, attise les convoitises. Le joueur serait dans le viseur de Chelsea, Liverpool, Real Madrid, le Milan Ac et l’Inter. La valeur marchande du Nigérian est estimée à 27 millions d’euros.
Sadio Mané : Les performances de haute volée de l’international sénégalais avec Liverpool cette saison (18 buts et 12 passes décisives en Premier League), n’ont pas laissé insensibles les cadors européens dont le Real Madrid. La valeur marchande du vice-champion d’Afrique avec le Sénégal est estimée à 120 millions d’euros.
Pierre - Emerick Aubameyang : Le contrat de l’international Gabonais avec Arsenal expire en juin 2021. Très performant cette saison avec les Gunners, le nom du capitaine des Panthères est notamment évoqué chez plusieurs grosses écuries en vue du prochain mercato d’été, dont le Real Madrid, Manchester United, le Fc Barcelone, l’Inter Milan ou encore le Paris Saint Germain. La valeur marchande de l’attaquant du club londonien est estimée à 56 millions d’euros.
Kalidou Koulibaly : Le roc sénégalais ne devrait pas s’éterniser à Naples. Le vice-champion d’Afrique devrait changer d’air lors du prochain mercato estival. Le défenseur des Lions de la Teranga ne manque pas de prétendants. Koulibaly disposerait de plusieurs portes de sortie. Manchester United, Chelsea, Liverpool et le Paris Saint Germain seraient sur les rangs. La valeur marchande de Koulibaly est estimée à 56 millions d’euros.
Thomas Partey : l’As Rome, l’Inter Milan, Arsenal, Manchester United et le Psg serait intéressés par le profil du joueur de l’Atlético Madrid. Doté d’un gros physique, l’international ghanéen est devenu l’un des meilleurs au monde à son poste. La valeur marchande du Black Star est estimée à 40 millions d’euros.
André Onana : Etincelant cette saison avec l’Ajax Amsterdam, André Onana serait convoité par plusieurs cadors européens dont le Paris Saint Germain, le Fc Barcelone, Chelsea et Tottenham. La valeur marchande du Lion Indomptable est estimée à 36 millions d’euros.
Avec footempo
97 NOUVELLES INFECTIONS, 60 GUÉRISONS
Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a fait état vendredi de 97 nouvelles contaminations au coronavirus, pour un total de 2.909 cas depuis le début de la pandémie, le 2 mars.
Dakar, 22 mai (APS) - Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a fait état vendredi de 97 nouvelles contaminations au coronavirus, pour un total de 2.909 cas depuis le début de la pandémie, le 2 mars.
Ces 97 nouveaux cas ont été décelés sur un échantillon de 1.199 tests réalisés, a précisé le Directeur de cabinet du ministre de la Santé, docteur Alyose Waly Diouf, en faisant le point sur la situation du nouveau coronavirus au Sénégal.
Ces nouvelles contaminations concernent 83 cas contacts suivis et 14 autres issus de la transmission communautaire.
Les cas communautaires ont été indentifiés dans les quartiers de Yoff (1), Derklé (1), Guédiawaye (4), Cambèrene (1), Ngor (1), Cité Bissap, Liberté 4 (1), Almadies(1), Keur Massar (1), ainsi que sur l’avenue Lamine Guèye, dans le centre ville de Dakar. Le dernier cas a été détecté dans la ville de Touba.
Selon M. Diouf, 60 patients ont été déclarés guéris, portant à 1.311 le nombre de malades ayant recouvré la santé.
A ce jour, 2.909 cas ont été déclarés positifs au Sénégal, dont 1.311 guéris et 33 décédés. Le nombre de patients encore sous traitement est de 1.564.
par Moustapha Boye
L’ECO, LA FAUSSE SORTIE DE LA FRANCE
La fin du Franc CFA annoncée par la France n’est qu’un faux affranchissement puisque l’ancienne puissance coloniale continuera en réalité à entretenir de très fortes relations monétaires avec les quinze pays de la CEDEAO
Ce mercredi 20 mai 2020 devait rester dans l’Histoire comme la date de la vraie indépendance économique des pays africains d’expression française utilisant le franc CFA. Ces pays se trouvent en Afrique de l’Ouest, en Afrique centrale en plus des Comores. Hélas, la fin du Franc CFA annoncée par la France n’est qu’un faux affranchissement puisque l’ancienne puissance coloniale continuera en réalité à entretenir de très fortes relations monétaires avec les quinze pays de la CEDEAO qui ont décidé de lancer en juillet 2020 une monnaie unique dénommée ECO.
La décision du gouvernement français qui va être soumise à son Parlement s’inscrit dans un calendrier global mis en œuvre par les 15 chefs d’Etat de la CEDEAO lors du sommet d’Abuja du 29 juin dernier. A cette occasion, les dirigeants de la zone étaient tombés d’accord pour mettre sur pied une monnaie unique, l’ECO, en juillet 2020.
Les discussions entre la France et ses « partenaires » africains de l’Umoa ont abouti à une proposition commune de réforme des instances et du fonctionnement de la coopération suivant quatre axes :
(i) le changement de nom de la devise, les autorités de l’Umoa indiquant leur souhait de passer du « franc CFA » à l’« ECO7 » ;
(ii) la suppression de l’obligation de centralisation des réserves de change sur le compte d’opérations au Trésor ;
(iii) le retrait de la France des instances de gouvernance de la Zone et
(iv) la mise en place concomitante de mécanismes ad hoc de dialogue et de suivi des risques (notamment reporting, échanges et rencontres techniques).
La signature le 21 décembre 2019 de l’accord de coopération entre les états membres de l’Umoa et la France, est la concrétisation de cette proposition. Cet accord viendra remplacer l’accord existant de 1973. Cet accord doit être complété courant 2020 par une convention de garantie, texte technique d’application, conclue avec la Banque centrale des états de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).
Deux mois restant à la France pour prononcer la mort du FCFA, il fallait arranger les deux agendas du FCFA et de l’ECO qui n’avaient pas les mêmes paramètres monétaires. Le facteur handicapant, le Franc CFA est imprimé en France (Chamalières et Pessac), 50% des réserves de l’Uemoa étaient gardées par la France, la politique monétaire de nos pays était aussi décidée depuis Paris. Or dans le schéma d’Abuja, dans un premier temps, les 8 pays membres de l’Uemoa doivent commencer en juillet à utiliser l’ECO du fait qu’ils sont proches des critères de convergence (déficit inférieur à 3%, inflation inférieure à 3%, endettement inférieur à 70 %).
Ensuite, les deux grandes puissances de la zone Cedeao, notamment le Nigéria et le Ghana, deux pays anglophones il est bon de le préciser, ont conditionné leur adhésion à la monnaie unique à la coupure par la France du cordon ombilical la liant à ses anciennes colonies. Ce de manière à ce puisse être mise en place une banque centrale fédérale. La dernière étape devait consister en la mise en place d’une politique économique et commerciale, la signature des traités et du statut de la Banque centrale.
Seulement à deux mois de la date de juillet 2020, les dirigeants de la CEDEAO n’ont pas encore défini la politique monétaire à mener, encore moins le statut de la Banque centrale de la CEDEAO. A deux mois de l’échéance de juillet 2020, il ne sera pas possible d’opérer toutes ces ruptures qui devraient accompagner l’avènement de l’Eco. La servitude monétaire avec la France va alors continuer puisque le seul changement opéré sera celui du nom de la monnaie.
Divorce officiel d’un mariage de 47 ans
La coopération monétaire actuelle entre la France et l’Umoa repose sur un accord de coopération monétaire signé le 4 décembre 1973 par les ministres des Finances de l’Umoa et de la France, qui posait le cadre général de la coopération. Cet accord est complété par une convention de compte d’opérations, signée en décembre 1973 et modifiée par deux avenants de 2005 et 2014.
Sous ce régime (accord de coopération, complété par la convention de compte d’opérations et ses deux avenants), la France est représentée dans des instances techniques de gouvernance de la zone (Conseil d’Administration et Comité de politique monétaire de la Banque centrale des états de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), Commission bancaire de l’Umoa). La BCEAO est l’institut d’émission commun aux états membres de l’Umoa et jouit du privilège exclusif de l’émission monétaire sur l’ensemble de ces états membres.
La Commission bancaire de l’Umoa, présidée par le Gouverneur de la BCEAO, est l’autorité de supervision bancaire de l’Union. Les représentants de la France y disposent d’un droit de vote sans voix prépondérante. Il est à noter que la France ne participe pas aux instances politiques (Conférence des chefs d’état, Conseil des ministres). « Le positionnement de la France évolue pour devenir celui d’un strict garant financier de la Zone. Les paramètres fondamentaux de la coopération ne sont toutefois pas modifiés : le régime de change demeure inchangé, avec un maintien de la parité fixe entre l’euro et la devise de l’Union tout comme la garantie illimitée et inconditionnelle de convertibilité assurée par la France » souligne « le projet de loi autorisant l’approbation de l’accord de coopération entre le Gouvernement de la République française et les Gouvernements des Etats membres de l’Union monétaire ouest-africaine » déposé à l’Assemblée nationale française par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et le ministère de l’Economie et des finances. « La transformation du rôle de la France en celui d’un strict garant financier se traduit ainsi par la fin de sa représentation dans les instances techniques de gouvernance de la Zone où elle ne disposera plus, hors cas de crise, de droit de vote.
La réforme maintient inchangés les paramètres essentiels à la stabilité macroéconomique et monétaire de l’UMOA : maintien de la parité fixe de la monnaie commune de l’UMOA avec l’euro et de la garantie illimitée et inconditionnelle de convertibilité assurée par la France. La garantie apportée par la France fonctionnera sur le même principe qu’aujourd’hui : si la BCEAO fait face à un manque de disponibilités pour couvrir ses engagements en devises, elle pourra se procurer les euros nécessaires auprès de la France.
La crédibilité de l’ancrage de la monnaie de l’Union sur l’euro est donc préservée. La fin de l’obligation de dépôt des réserves de change de la BCEAO permettra à la Banque centrale de disposer de la totalité de ses réserves et de décider de leur allocation et de leur placement, avec, dans l’environnement de taux actuel, un impact probable sur la rémunération de ces avoirs » indiquent les auteurs du projet de loi.