SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
6 septembre 2025
IDRISSA DIARRA, GARDIEN DES CONTES DE CHEZ NOUS
À Bakel, sur les rives du fleuve Sénégal, vit un homme dont la vie ressemble à ses histoires : riche, profonde et guidée par une passion inflexible pour la culture et la nature
Par Papa Abdoulaye SY, Envoyé spécial à Bakel |
Publication 21/01/2025
À Bakel, sur les rives du fleuve Sénégal, vit un homme dont la vie ressemble à ses histoires : riche, profonde et guidée par une passion inflexible pour la culture et la nature.
Idrissa Diarra, ancien enseignant et directeur d’école, a passé plus de quarante ans à transmettre son savoir aux générations futures. Mais cet homme au sourire chaleureux et au regard pétillant ne s’est pas arrêté là. Aujourd’hui, il est conteur, écrivain et guide touristique, portant haut les couleurs de ses racines soninkées et de son amour pour la nature.
En 2023, lors d’un séminaire à Bakel, une idée germe dans l’esprit d’Idrissa. Inspiré par le fleuve Sénégal, ce trait d’union entre les villages, il imagine une histoire où ce cours d’eau devient la frontière entre deux mondes : celui des hommes et celui des animaux.
Dans La Grande Décision, les animaux, exaspérés par les festivités humaines marquées par des sacrifices excessifs et des destructions, décident de se rebeller. Le conflit qui s’ensuit force les hommes à réfléchir et, pour la première fois, à dialoguer avec les animaux. Ensemble, ils trouvent un compromis : protéger la forêt, réduire les abus et vivre en harmonie.
Ce conte, bien plus qu’une simple histoire, est un miroir tendu à nos sociétés. Avec une sensibilité désarmante, Idrissa nous pousse à nous interroger sur notre rapport à la nature et sur l’urgence de préserver notre environnement.
Le livre a été chaleureusement accueilli, notamment dans sa région natale, où les enseignants l’ont adopté comme un outil pédagogique précieux. Mais son écho a également traversé les frontières, séduisant même des lecteurs en France.
Trois ans plus tard, en 2025, Idrissa revient avec un nouvel ouvrage, Les Contes du Gadiaga, un recueil de onze histoires tirées des traditions orales soninkées. Ces récits, racontés autrefois autour d’un feu de bois, sous les nuits étoilées de la pleine lune, capturent l’essence même de la vie communautaire.
Dans cet univers, les animaux sont les héros. Ils parlent, pensent et agissent comme des humains, révélant des vérités qu’il serait parfois difficile de dire autrement. Justice, respect, solidarité, protection de la nature… chaque conte est une leçon, une invitation à réfléchir sur notre façon d’être et de vivre ensemble.
Publier un livre, surtout en autoédition, n’est jamais facile. Mais cela n’a pas découragé Idrissa. Avec ses propres économies, il a investi près de 800 000 francs CFA pour imprimer Les Contes du Gadiaga. Chaque exemplaire est vendu à 5 000 francs CFA, un prix qui ne couvre même pas les frais. Mais pour lui, ce n’est pas l’argent qui compte. Ce qui importe, c’est que ses histoires atteignent les jeunes, qu’elles éveillent en eux une curiosité, un amour pour la lecture et une fierté pour leur héritage culturel.
À travers ses deux livres, Idrissa Diarra ne fait pas que raconter des histoires. Il crée des ponts : des ponts entre les générations, entre les hommes et la nature, entre les traditions anciennes et les défis modernes. Ses contes rappellent que, parfois, pour avancer, il faut regarder en arrière, écouter les voix du passé et apprendre des leçons qu’elles portent.
Idrissa n’est pas seulement un écrivain. Il est un gardien, un passeur d’histoires, un homme qui croit profondément en la puissance des mots pour changer les cœurs et éveiller les consciences. Son travail est un appel, à la fois humble et puissant, pour un monde plus respectueux, plus harmonieux.
Lire ses contes, c’est entrer dans un univers où chaque ligne respire l’authenticité, où chaque personnage, qu’il soit homme ou animal, a quelque chose à nous apprendre. Et à la fin, on ne peut qu’être touché par cette voix, celle d’Idrissa, qui résonne comme une invitation à repenser notre rapport à la vie, à la nature et à nos traditions.
MULTIPLE PHOTOS
LES UNES DE LA PRESSE DE CE MARDI 21 JANVIER
Sud Quotidien, Walf Quotidien, Yoor-Yoor Bi, L'Observateur, Libération, Le Quotidien, Enquête, Vox Populi, Le Verdict News, L'As, Record, Le Soleil, WiwSport
"Imaginez un peu : au lieu de papoter avec leurs enfants, les voilà qui les laissent se faire « éduquer » par un certain « Mawti », ce fameux tiktokeur en mode néo-sorcier, qui fait croire qu’il est l’ange de la mort !"
Le Sénégal, un pays magique… mais à force de vouloir faire de l’éducation, certains parents semblent confondre pédagogie et sorcellerie ! Imaginez un peu : au lieu de papoter avec leurs enfants, les voilà qui les laissent se faire « éduquer » par un certain « Mawti », ce fameux tiktokeur en mode néo-sorcier, qui fait croire qu’il est l’ange de la mort !
Rien de tel pour créer un climat de confiance familial, non ? Qui a eu l’idée de cette méthode sordide, vraiment ? Parce qu’évidemment, au lieu d’expliquer la vie, on préfère injecter de l’angoisse dans les cerveaux encore fragiles.
Et ce phénomène cartonne sur TikTok ! « Vive la pédagogie numérique ! » Finalement, c’est peut-être ça la vraie magie : transformer un enfant bien élevé en petit paranoïaque, et un parent en spectateur complice d’un drame psychologique… Mais qui a dit que l’éducation devait être ennuyeuse ? Je préfère encore retourner à l’époque où les enfants étaient éduqués à coup de claques et de fables !
LA MAISON DE LA PRESSE S’EXPLIQUE SUR L’ANNULATION DE LA CONFÉRENCE DU CDEPS
Dans un communiqué, elle explique cette annulation par le non-respect des formalités administratives liées à l’utilisation de ses locaux. Après régularisation, l’événement a été reprogrammé pour ce mercredi 22 janvier.
La Maison de Presse Babacar Touré a exprimé son regret suite à l’annulation de la conférence de presse prévue ce lundi 20 janvier , organisée par le Conseil des Diffuseurs et Éditeurs de la Presse du Sénégal (CDEPS).
Cette situation découle d’un non-respect « des procédures administratives requises pour l’utilisation de ses locaux ».
Dans un communiqué , la Maison de Presse a rappelé que les associations professionnelles et patronales doivent « soumettre une demande écrite au Directeur Général pour bénéficier de l’accès gratuit aux salles ».
« Ce formalisme, essentiel pour la bonne gestion des espaces, n’a pas été respecté par les organisateurs de l’événement », ce qui a conduit à « l’impossibilité de tenir la conférence dans les locaux de la Maison de Presse », a précisé le communiqué.
Cependant, la situation a rapidement été rectifiée par le CDEPS, qui a adressé une demande écrite de mise à disposition d’une salle, datée du jour même et signée par son président.
La conférence de presse a donc été reprogrammée pour le mercredi 22 janvier à 11h00, dans la salle de conférence située au rez-de-chaussée de la Maison de Presse.
LE SÉNÉGAL ENTRE DANS L’ÈRE DE LA TOLÉRANCE ZÉRO CONTRE LA CORRUPTION
le Premier ministre, Ousmane Sonko, a réaffirmé la détermination de son gouvernement à éradiquer les détournements de fonds publics, lors de la clôture de la Conférence des administrateurs et managers publics.
le Premier ministre Ousmane Sonko a réaffirmé la détermination de son gouvernement à éradiquer la corruption et les détournements de fonds publics, lors de la clôture de la Conférence des administrateurs et managers publics, qui s’est tenue ce lundi au Centre international de Conférences Abdou Diouf (Cicad).
« Depuis le 24 mars 2024, le Sénégal est officiellement entré dans l’ère de la tolérance zéro en matière de malversations financières et de pratiques corruptrices », a déclaré le chef du gouvernement, soulignant l’importance de cette réforme pour l’avenir du pays.
Il a appelé les responsables publics à bannir toutes les formes de déviance et à respecter les normes éthiques et déontologiques qui régissent leur fonction.
Ousmane Sonko a insisté sur la nécessité d’une reddition des comptes rigoureuse.
«Chaque centime dépensé dans le cadre des finances publiques doit être justifié devant les citoyens », a-t-il affirmé, promettant une transparence accrue dans la gestion des ressources de l’État.
Le Premier ministre a également mis en avant les mesures mises en place depuis le lancement de la réforme, notamment l’intensification des contrôles et l’établissement de mécanismes de vérification rigoureux.
« Nous nous engageons à ce que les ressources de l’État servent réellement les intérêts du peuple », a-t-il ajouté, soulignant que ces efforts visent à restaurer la confiance des citoyens envers leurs institutions.
DÉPRESSION POST-PARTUM, UNE PRÉVALENCE INQUIÉTANTE DE 25,41% AU SÉNÉGAL
Une étude menée à Dakar dans deux services de gynéco-obstétrique a révélé ce chiffre qui dépasse largement l’estimation mondiale située entre 10 et 15%. Les chercheurs pointent plusieurs facteurs de risque.
Dakar, 20 jan (APS) – Une étude menée dans deux services de gynéco-obstétrique à Dakar révèle que 25,41% de femmes ont eu à subir une dépression post-partum (DPP) au cours de leur vie, un pourcentage élevé comparé à l’estimation mondiale comprise entre 10 et 15%.
‘’L’étude a inclus 122 participantes avec une prévalence élevée de DPP (25,41%) au Sénégal, significativement supérieure aux estimations mondiales. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime sa prévalence entre 10 et 15% chez les femmes en post-partum’’, selon le rapport de l’étude réalisé par un groupe de chercheurs sénégalais en spécialisation en gynécologie.
Le groupe de médecins est composé des docteurs Sokhna Seck, Djeinaba Bassine Baldé, Momar Camara et El Hadj Makhtar Ba.
La dépression post-partum (DPP) constitue le trouble psychiatrique le plus fréquent de la période périnatale, explique le rapport.
‘’La tranche d’âge la plus représentée était celle de 24-29 ans. 40% des participants étaient d’ethnie Peulh, suivie des Wolofs. Les femmes mariées représentaient 93% de l’échantillon. Le taux de scolarisation était de 89%. La majorité des participants n’exerçaient pas d’activité professionnelle rémunérée. La violence conjugale était présente dans 14% des couples’’, informe le document.
Selon l’étude, ‘’28% des mères ont déclaré avoir vécu un événement stressant pendant leur grossesse’’, alors que 22% des femmes présentaient une pathologie médicale chronique, dont 55% souffraient d’hypertension artérielle.
Le rapport signale également que ‘’1% des femmes rapportaient des psychiatriques personnels et 5% des psychiatriques familiales’’.
La plupart des femmes avait entre deux et quatre enfants vivants en bonne santé, note le document.
En Afrique, particulièrement au Sénégal, les données épidémiologiques sur la DPP restent limitées. Cette étude vise à évaluer la prévalence de la DPP et à identifier les facteurs sociodémographiques et cliniques associés dans le contexte sénégalais, selon le groupe de chercheurs.
Cette situation s’explique, selon eux, par plusieurs facteurs notamment ‘’l’insatisfaction du suivi prénatal et l’exposition à des événements stressants’’ pendant la grossesse.
La grossesse était non désirée dans 17% des cas et 12% des participantes avaient eu une complication. Selon le rapport toujours, »6% étaient insatisfaits de la qualité de leur suivi prénatal. Le taux de césarienne était de 18%’’.
Concernant les facteurs associés, l’étude relève le statut matrimonial célibataire, le manque de soutien du conjoint, la violence conjugale, les conflits avec la belle-famille, l’apparition d’un événement de vie stressant pendant la grossesse, la présence d’antécédents médicaux personnels, l’insatisfaction du suivi de la grossesse et le mode d’accouchement par césarienne.
‘’Deux facteurs apparaissent particulièrement déterminants: ces résultats soulignent l’importance d’un dépistage systématique et d’une approche biopsychosociale intégrée dans la prise en charge périnatale’’, ont conclu les médecins.
TRUMP ANNONCE DES MESURES FORTES APRÈS SA PRESTATION DE SERMENT
Le président a affirmé que son objectif politique est de rester dans l’histoire comme un artisan de paix, insistant sur la nécessité pour les États-Unis de cesser de s’engager dans des guerres multiples et d’intervenir dans les conflits étrangers.
Le 47e président des États-Unis, Donald Trump, a dévoilé, lundi, après sa prestation de serment, une série de mesures fortes dont la déclaration de l’état d’urgence à la frontière sud, visant à renforcer le contrôle migratoire.
Donald Trump a prêté, serment, lundi, à Washington, devenant officiellement le 47e président des Etats-Unis.
‘’Moi, Donald John Trump, jure solennellement de remplir fidèlement les fonctions de président des Etats-Unis et, dans toute la mesure de mes moyens, de sauvegarder, protéger et défendre la Constitution des Etats-Unis’’, a déclaré le républicain, conformément à la Constitution.
En raison du froid glacial, la cérémonie, qui devait initialement se dérouler devant le Capitole, a eu lieu à l’intérieur du complexe du Congrès américain en présence du président sortant, Joe Biden, et de nombreux invités.
Dans son discours inaugural, il a déclaré que ‘’l’âge doré de l’Amérique commence maintenant’’, promettant de ‘’mettre l’Amérique en premier’’.
Donald Trump a déjà dirigé les Etats-Unis de 2017 à 2020.
»Nous stopperons les entrées illégales, expulserons des millions de migrants en situation irrégulière, rétablirons le programme ‘Rester au Mexique’, mettrons fin à la politique de ‘catch and release’, déploierons des troupes à la frontière et désignerons les cartels comme organisations terroristes étrangères (FTO)”, a-t-il affirmé lors de son premier discours après avoir prêté serment.
Parmi ces mesures figure la réintégration des militaires expulsés pour refus du vaccin contre le Covid, précisant qu’ils seraient réintégrés avec paiement rétroactif.
En matière de libertés fondamentales, le président Trump a promis un décret pour mettre fin à la censure gouvernementale, rétablissant ainsi, selon lui, la liberté d’expression aux États-Unis.
Concernant les questions sociétales, Trump a déclaré que la politique officielle des États-Unis reconnaîtrait uniquement les genres masculin et féminin, une prise de position qui alimente les débats dans le pays.
Le président a affirmé que son objectif politique est de rester dans l’histoire comme un artisan de paix, insistant sur la nécessité pour les États-Unis de cesser de s’engager dans des guerres multiples et d’intervenir dans les conflits étrangers.
La cérémonie de prestation de serment, marquée par la présence des anciens présidents Joe Biden, Bill Clinton, George W. Bush et Barack Obama, s’est tenue pour la première fois en 40 ans à l’intérieur du Capitole à Washington, en présence de membres de l’administration américaine et de nombreux invités.
Ce retour au pouvoir de Donald Trump suscite des espoirs parmi ses partisans, mais également des controverses sur le plan national et international, en raison de ses orientations politiques tranchées.
par Amadou Sarr Diop
L’ETHNICITÉ S’INVITE AUX DÉBATS POLITIQUES
EXCLUSIF SENEPLUS - De Wade à Sonko, en passant par Macky, l'influence des appartenances ethniques dans les stratégies électorales pose question dans un pays où la stabilité s'est bâtie sur le dépassement des clivages identitaires
Avec l’affaire Farba Ngom, le syndrome de l’ethnicité s’invite de nouveau au débat politique. Au lieu de se voiler la face, la question mérite d’être abordée pour poser l'ampleur, en termes de signes précurseurs, d’un malaise social aux conséquences imprévisibles. La guerre des identités, par la politisation de l'ethnicité en contexte africain, a suffisamment fait d'effets dans beaucoup de pays confrontés aujourd’hui à des crises identitaires structurelles. Toujours dans cette stratégie d’ensauvagement des réseaux sociaux, sous fond de haine et de manipulation, l’argument ethno-identitaire émerge, de plus de plus, des querelles politiques au Sénégal.
L’analyse des facteurs de cause à l’origine des guerres ethniques dans les pays en situation de conflictualité, renseigne sur l’impact des débats ethnicistes dans la genèse, la maturation et l’éclosion de conflits identitaires. L’ampleur des conflits ethniques en Afrique a aujourd'hui redonné vigueur aux thèses primordialistes sur l’irréductibilité et l’immuabilité des « ethnicités africaines, promptes à r-émeger dans certains discours politiques et médiatiques ».
La fabrique des identités de résistance contre un ordre politique à partir de l'ethnicisation des conflits politiques ont conduit à des dérives aux conséquences incalculables. Par l’artifice de la politisation du sentiment ethno-identitaire, l’Afrique est un continent exténué par des violences systématiques de toutes sortes. Un bref rappel des conséquences de ce mode opératoire dans certains pays devrait alerter pour sortir de cette dérive ethniciste.
Au demeurant, les crises qui ont secoué les régions des Grands Lacs trouvent leur explication en partie dans cette ethnicisation des crises politico-sociales. On peut évoquer, la guerre civile en Ouganda, les génocides au Rwanda et au Burundi, le conflit au Sud-Soudan et enfin les rébellions dans la province Orientale du Kivu. On se rappelle de l’effroyable génocide des Tutsis au Rwanda estimé à plus de 5,5 millions de morts. En deux journées, celle du 11 avril et la fin d’après-midi du 14 mai 1994, 50 000 Rwandais ont été tués à la machette par leurs voisins sur les collines de Nyamata. D’avril à juillet 1994, on a estimé entre 500 000 et un million de Rwandais tutsis victimes d’une extermination systématique perpétrée par des miliciens (les Interhamwe).
L'autre exemple est la situation post-électorale dramatique connue en Côte d’Ivoire avec l’introduction du concept « d’ivoirité » par Henri Konan Bédié. Durant les cinq mois de violence et de conflit armé qui ont marqué la crise post-électorale de 2010-2011 en Côte d'Ivoire, 3 000 personnes ont été tuées.
Dans un article sur les enjeux géostratégiques de l’ethnicité, je soutenais que la symbolique des identités, comme élément de stratégie politique, a marqué les trajectoires de trois figures du champ politique sénégalais depuis 2000, à savoir Abdoulaye Wade, Macky Sall et Ousmane Sonko. Chacun s‘est servi de l’identité d’appartenance comme site de mobilisation politique. Par la mise en scène idéologique du clientélisme identitaire, chacun a construit des éléments de langage dans la communication de conquête ou de préservation du pouvoir. Il est vrai que l’exemplarité du Sénégal dont les premiers concepteurs de l'État postcolonial ont pris en considération le pluralisme ethnique dans le mode de gouvernance, en tenant compte des équilibres identitaires, peut être considérée comme un cas d’école. Une bonne gestion des différences ethniques, religieuses, voire confrériques, et leur présence équilibrée au niveau des sphères étatiques, ont préservé le Sénégal jusqu’ici de la guerre des identités ethniques et religieuses.
Le Sénégal a établi son unité et sa stabilité sur le socle de la diversité et de la pluralité des croyances et des valeurs de référence. De Senghor à Abdou Diouf, l’option pour la construction de l’État-nation a pris le dessus sur les appartenances identitaires. Il est établi que dans les années 1950, Senghor s’est certes appuyé sur la territorialisation des identités primaires, catégorisant les colonisés en citoyens français (ressortissants des quatre communes) et en indigènes (considérés comme des kaw-kaws, des citoyens du Sénégal de l'intérieur vivant en contexte rural). Mais, cette prépondérance des identités cristallisées autour du terroir, n’a pas connu une instrumentalisation identitariste. Durant ses mandatures, et ceci dans la continuité avec Abdou Diouf, les débats politiques ont été menés, en dépit de fortes adversités assumées, dans l’espace de la neutralité citoyenne, autour des enjeux programmatiques et des indicateurs de gouvernance. Les tempêtes de violence qui ont balayé, par moment, le paysage politique sénégalais, n’ont pas conduit à des dérives ethnicistes ou religieuses. On peut supposer que la qualité du personnel politique d’alors (formaté dans des partis politiques ayant érigé la formation idéologique des militants en priorité) y a beaucoup contribué.
A ce niveau, le Sénégal se distingue de la plupart des pays en Afrique qui ont connu la guerre des identités autour des enjeux de pouvoirs et de contrôle des ressources par des stratégies d’ethnicisation des polarités idéologiques et politiques.
Les mutations politiques amorcées à partir de 2000 sont révélatrices des influences ethno-identitaires au niveau de l’électorat dans certaines localités du Sénégal. C’est avec le président Wade qu’a véritablement commencé dans la stratégie électorale la mise en dividende politique des identités de proximité par l’instrumentalisation de son appartenance à la confrérie mouride. Son allégeance ostentatoire à cette confrérie a servi, par moment, de levier d’agitation, de mobilisation politique, dans les zones où les mourides sont représentatifs. Concernant le président Macky Sall, l’énonciation de la notion de « titres fonciers », un élément de langage fortement usité dans la communication politique de ses partisans, pour marquer la prédominance politique de sa coalition dans deux régions où son ethnie d'origine Hal pulaar et celle adoptive Sérère sont fortement présentes, est révélatrice du vote affectif et ethno-identitaire lié à sa double appartenance ethnique dans un contexte politique et électoral traversé par l’impensé du débat ethnique.
Les résultats enregistrés lors de l’élection présidentielle de 2019 dans le Fouta, berceau de son ethnie d’origine Hal pulaar (Matam 93,26 %, Podor 93,40%) et dans la région de Fatick (79,78%) majoritairement habitée par son ethnie d’adoption (sérères), révèlent l’impact des affects ethno-identitaires dans la mobilisation politique et électorale. Le phénomène Sonko n’est pas exempt de l’empreinte de l’ethno-identitaire, au regard des performances électorales de sa coalition politique dans sa région d’origine. Sonko s’est construit, en un temps record, une base politique dans la région naturelle de la Casamance marquée par le sentiment ethniciste et régionaliste fortement entretenu par la présence d’une rébellion en lutte contre l’État du Sénégal depuis plus de quatre décennies. Lors des deux dernières sélections locales (2020) et législatives (2022), l’alliance dirigée par Sonko réalise une percée politique inédite dans cette région du Sud. Sur les 30 communes que compte la région, la mouvance présidentielle Benno Bokk Yaakar n’a gagné que celle rurale de Boutoupa-Camaracounda. La forte mobilisation et la passion exprimée des populations du Sud lors du procès opposant Ousmane Sonko et la masseuse Adji Sarr, s’inscrivent dans cet ancrage symbolique des origines.
Ce détour sur ces trois figures politiques les plus emblématiques durant ces deux dernières décennies, vise à montrer combien sont fragiles en Afrique les équilibres ethniques. A chaque fois que des enjeux politiques et ceux liés à la prise ou à la conservation du pouvoir, atteignent un certain niveau de conflictualité, les rapports de force politiques peuvent faire vaciller les socles ethniques pour en faire des leviers de mobilisation partisane. L’impensé des discours sur l’ethnicité nous situe dans le rituel de la diversion idéologique des élites politiques africaines, à des fins de détournement des opinions de la pauvreté systémique à laquelle sont confrontées de larges couches sociales et, surtout, la jeunesse qui vit dans la précarité et qui est hantée par les incertitudes du lendemain.
Pour le Sénégal, rien n’est gagné, il faut faire preuve de vigilance. C’est par l'intelligence dans la gouvernance et le management de nos institutions et, surtout, du leadership transformationnel, qu’on peut induire un approfondissement de la démocratie par la prise en charge du quotidien des sénégalais. Les enjeux sont multiples pour les artisans de la troisième alternance, dont la mise en chantier des transformations systémiques promises constitue un impératif institué au regard de leurs engagements pour le triomphe du Grand soir tant rêvé par une jeunesse pressée.
Amadou Sarr Diop est sociologue, enseignant-chercheur à l’université Cheikh Anta Diop.
DRAME AU VILLAGE D’AMALY À LINGUÈRE
S. Sow, âgée de 40 ans, a été assassinée dans des conditions atroces par son mari. Son corps a été découvert tôt le matin par des villageois en route pour le marché hebdomadaire.
Un terrible drame s’est produit dans la nuit de samedi à dimanche au village d’Amaly, situé dans la commune de Tessékéré, département de Linguère.
Sadane Sow, âgée de 40 ans, a été sauvagement assassinée dans des conditions atroces par son mari. Son corps sans vie a été découvert tôt le matin par des villageois en route pour le marché hebdomadaire.
Selon les premières informations, l’époux, un homme d’une cinquantaine d’années, aurait tendu un piège à sa femme. Prétendant souffrir de violentes douleurs au ventre, il lui aurait demandé de l’accompagner au poste de santé du village à bord d’une charrette. Mais, après avoir parcouru quelques kilomètres, il lui a asséné plusieurs coups de coupe-coupe. Il la soupçonnait d’être complice du vol de son troupeau
de vaches, survenu une semaine plus tột.
Après son acte odieux, le suspect s’est réfugié au village de Méweul. Alertés, les gendarmes de Yang Yang sont parvenus à l’arrêter et l’ont placé en garde à vue. Une enquête a été ouverte par le commandant de la brigade de gendarmerie de Yang Yang pour faire la lumière sur cette affaire qui bouleverse le Djolof.
Ce drame relance la question de l’usage des armes blanches dans le département de Linguère, une zone à vocation pastorale, où ces outils de travail peuvent parfois être détournés à des fins tragiques.