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23 juillet 2025
GUÉRÉO, UNE NOUVELLE DESTINATION PRISÉE
Sur sa partie basse, entre les mangroves, les élévations et les dénivellations dunaires, de belles villas et des complexes hôteliers poussent comme les champignons. Mais le village n’est pas encore sorti de l’auberge
Les premières maisons de Guéréo offrent une disposition étagée sur les flancs de la colline Cap de Naz, appelée «Toundou Gorgui». Sur cette élévation se trouve le génie tutélaire qui veillerait sur le village où les prêtes ont fait escale sur leur quête de lumière qui les a conduits à Popenguine. Sur sa partie basse, entre les mangroves, les élévations et les dénivellations dunaires, de belles villas et des complexes hôteliers poussent comme les champignons. Mais le village n’est pas encore sorti de l’auberge.
Sur la route de Popenguine en venant de Sindia, c’est à Kiniabour que l’on vire. C’est par une piste latéritique carrossable et jonchée de nids poule longue de 7 km se découvre les habitats de Guéréo. Ces maisons sont bâties sur un sol rocheux sur le flanc de la chaine de collines. A partir de la place publique vaste et entourée de maisons, le regard sur la partie Nord Est, offre une disposition étagée des maisons sur le flanc de la colline appelée ici « Toundou Gorgui ». Sur la pointe la plus avancée de la mer, la colline est le tampon naturel avec la cité religieuse de Popenguine. Il est aussi le pont entre les deux villages fondés par des Lébous. « C’est ici que les prêtres se sont installés en 1880 avant de partir s’établir à Popneguine », raconte Lamine Dione. Leur escale et leur départ pour Popenguine font l’objet de deux interprétations fondées sur de l’empirisme. Pour certains, la lumière que les prêtres cherchaient se trouvait à Popenguine. Pour d’autres, le génie tutélaire de Guéréo est musulman. Ces genres d’interprétation foisonnent dans les livres de légendes en Afrique. En tout état de cause, c’est sur la cime de la colline Cap de Naz que se trouve le génie qui veille sur Guéro, un village peuplé de musulmans. « Entre 1939 et 1945, c’est sur le sommet de la colline que les alliés ont installé leurs canaux. C’est sur cette colline que se trouve le génie du village », rapporte Monsieur Diouf, un militaire originaire de Guéréo qui se promenait dans les abords.
Un nouveau pôle touristique en gestation
Le relief n’est pas homogène. Loin du génie tutélaire, vers la lagune, un climat amère fouette les visiteurs . Les dunes sont coiffées par de belles villas. Entre des maisons roses avec une forme de case se distinguent dans un milieu de verdure sur la dune. En bordure de mer, d’autres villas à l’architecture exotique, avec des jardins et des arrière-cours verdoyants rappellent les résidences d’une bourgeoisie. «Ces maisons appartiennent la plupart aux Libanais. Certains viennent uniquement pour passer des week-ends. Nous assistons à une vente des terrains. Beaucoup de personnes viennent ici pour en chercher. Je pense que vous êtes venus pour cela», s’exprime Ibrahima Faye, dans l’arrière-cour d’une villa aux portes et fenêtres encadrés dans des briques en de terre bâtie aux lignes tanguant entre l’architecture nubienne et les formes architecturales cubiques.
Des maisons inhabitées en bordure de mer
Le village de Guéréo est resté longtemps isolé du fait de l’inexistence de routes praticables. Ce terroir qui regorge de ressources halieutiques, de sites historiques et de belles plages est devenu depuis quelques temps une destination privilégiée pour la classe bourgeoise. Avec ses atouts géographiques qui lui confèrent une proximité d’avec la capitale, Gueréo est très prisé. D’imposantes villas sont visibles le long de la plage. Des villas inoccupées rappellent les maisons inhabitables de du recueil de poèmes « Les Fleurs du Mal » de Paul Valérie. Des maisons essentiellement inanimées en ce jour ouvrable. Elles sont remplies d’hôtes les durant les week-ends. « Ceux qui ont acquis des terrains construisent des maisons de repos exclusivement consacrées à leur famille et amis », relève Modou Ndione. Il est le jardinier, en même temps gardien de cette belle demeure située aux bordures de la mer. Les propriétaires sont des Libano-senegalais, informe t-il. La famille ne manque jamais l’occasion de venir de se ressourcer ici durant les week-ends, souligne t-il. Un peu plus loin, des demeures de la même trempe sont visibles. Elles font toute face à la mer. Certaines appartiendraient à des étrangers qui ne viennent au Sénégal qu’une fois par an, pour les vacances, informe Modou Ndione. Sur ces collines et près des vases, des villas sont éparpillés entre les élévations et les bas-fonds dunaires. Les résidents peuvent choisir soit d’orienter la devanture de leur maison vers la mer, soit vers la lagune. L’hôtel «Les Manguiers de Guéréo» est déjà en service. La construction d’un autre complexe a été suspendue. On invoque les risques potentiels de perturbations des écosystèmes. «Le village s’agrandit. Mais son potentiel économique est sous-exploité. A Guéréo, nous avons l’avantage d’avoir une vue sur la mer et sur la lagune», se vante le chef de village, Diallo Ndione. Ces ancêtres, les fondateurs sont originaires du Baol. Tous étaient des musulmans sauf Gana Ndione. C’était au XIV siècle.
Un lieu enclavé
Si le village est sorti de l’obscurité, il ne souffre encore de son enclavement. Les préjudices sont énormes. C’est le cœur empli d’émotion que le chef de village ouvre cette triste page de l’histoire. « De Toubab Dialaw à la Pointe de Sangomar, c’est le seul village de la Petite Côte qui n’a pas de route goudronnée. Nos pêcheurs préfèrent aller s’installer à Palmarin ou Joal où des personnes peuvent écouler facilement leurs poissons. Nous avons plus de 150 pirogues. Une boulangerie moderne a ouvert ses portes. Le propriétaire versait de 2.000.000 de francs Cfa de salaire aux fils du village. Mais il était obligé de fermer parce ces voitures de liaison avaient une durée ne lui permettant pas d’amortir ses investissements », regrette le chef de village. Les villageois ont décidé de prendre leur destin en mains. Du moins si les autorités ne tiennent pas leurs promesses de construction de la route au plus tard au mois d’avril 2018. « Lors de notre dernière réunion, les fils du village ont décidé que chacun amène au moins un sac de ciment. Nous avons pris la décision de construire notre route avec les moyens de bord », dévoile le chef de village. Au plan sanitaire, Guéréo n’est pas aussi mieux loti. La première structure sanitaire de référence pour les 17.500 habitants est un dispensaire si l’on se fie aux chefs de village. Pourtant Guéréo est devenu aujourd’hui par la force des choses un nouveau pôle touristique.
LA CHRONIQUE HEBDO D'ELGAS
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MORIBA MAGASSOUBA : L’ISLAM AU SÉNÉGAL, AUJOURD’HUI LES MOLLAHS ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Massalikul Jinaan ne doit rien « au génie mouride » comme on n’a pu l’entendre - C’est une sémantique qui emprunte tous les codes racistes du culturalisme, surtout dans un pays multiconfessionnel - INVENTAIRE DES IDOLES
Moriba Magassouba a publié en 1985 aux éditions Karthala L’Islam au Sénégal : demain les mollahs ?, ouvrage riche et fondateur dans la lecture du fait religieux au Sénégal. 34 ans après, il persiste et signe. Entretien avec ce Sénégalais qui réside en Côte d’Ivoire, et analyse du roman religieux sénégalais à la lumière des épisodes récents.
La récente inauguration de la mosquée mouride de Dakar Massalikul Jinaan a suscité pléthore d’analyses globalement élogieuses. A les lire, domine en effet un sentiment général de satisfaction, de fierté voire de patriotisme confrérique. L’impressionnante bâtisse, prouesse architecturale mais surtout symbole de la surpuissance mouride, est devenue dès sa première heure de vie, en étrennant ses atouts, une scène annexe du pouvoir. Un lieu d’irradiation spirituelle si puissant que les querelles politiques domestiques, longtemps explosives, y ont trouvé leur résolution, au prix de quelques accommodements entre le spirituel et le temporal. Si les tonalités étaient réjouies, la réalisation érigée en symbole d’un « endogénat » émancipé, le discours en surplomb qui a fédéré toutes les analyses a été celui d’une « concorde religieuse » encore à l’œuvre. Jadis, sous le vocable du président Abdoulaye Wade, le phénomène avait pour label le dialogue islamo-chrétien. Bien avant, il a été (et reste) un « roman national », nourri par les têtes de pont religieuses, quelques chercheurs, des leaders d’opinions et des politiques. Le havre de paix religieuse sénégalais serait épargné par la gangrène régionale, notamment terroriste, grâce au rempart confrérique. Telle était la parole d’évangile. Avec Massalikul Jinaan, le trait confrérique devient même, à entendre certains développements passionnés, le levier économique d’une éthique mouride et d’un esprit du capitalisme pour reprendre le titre de Weber. Fond du discours social, sophistiqué par les élites, appuyé par des chercheurs, le roman est devenu la vitrine par laquelle on vend le Sénégal au prix de déformations par trop d’euphorie.
Aux origines du roman national
Pour remonter aux origines de ce « roman national » il faut sans doute aller jusqu’au Sénégal précolonial et aux faits d’armes glorieux des grands marabouts sénégalais, dont le plus important : Cheikh Ahmadou Bamba. L’unicité sénégalaise prend source dans cette histoire précieuse, légendaire, motif de fierté, devenue une base religieuse forte et pérenne. On pourrait aussi faire appel à un livre, moins laudatif, qui retrace une part de ce roman. Un essai, issu d’un mémoire de DEA soutenu à la Sorbonne, écrit par un jeune homme Moriba Magassouba en 1985 : L’islam auSénégal, demain les mollahs ?Après la sécheresse des années 70, avant les ajustements structurels et dans un monde qui a vu l’ayatollah Khomeini arriver au pouvoir en 1979, le livre ne passe pas inaperçu. Son auteur, jeune journaliste à l’affût, est vigilant. Il a un bon flair et ne se défile pas devant les risques que comporte le sujet. Il connaît la place dakaroise et observe l’arrivée sur la scène de nouvelles idoles religieuses, comme Ahmed Khalifa Niasse, surnommé « l’ayatollah de Kaolack » déjà actif et offensif, avec lequel il s’entretient. Il se souvient de la naissance de son livre déclenché par plusieurs facteurs : « d’abord l’influence grandissante de l’islam confrérique dans ses échanges avec le pouvoir en place, s’accentuant avec l’arrestation de Mamadou Dia qui avait jusque-là réussi à tenir à distance les marabouts, et l’avènement de Senghor qui a pratiquement formalisé un système d’échanges entre le temporel et le spirituel qui remonte en fait à la période coloniale ». D’autres facteurs aussi, contextuels et importants à noter, comme les premières pénétrations d’un puritanisme venu du Golfe par exemple « l’arrivée, à pas feutrés, sur ce « marché » porteur de jeunes arabisants formés en Arabie saoudite, en Egypte, au Soudan ou dans les pays du Golfe, et dépeints comme des fondamentalistes ou « intégristes » parce qu’opposés à l’islam soufi confrérique. »
Fruit de recherches universitaires, la thèse du livre décrit les collisions entre le religieux et le politique, l’influence grandissante des confréries, et l’émergence d’un conservatisme d’obédience religieuse, adossé à la lutte contre le style vie à l’occidentale. Sans être réellement de gauche, les groupes islamistes actifs, note Moriba Magassouba, « réclamaient la création d’un Etat islamique. D’où leurs violentes diatribes contre la laïcité, la franc-maçonnerie, les homosexuels, le franc CFA, l’interdiction du port du voile… ». Comme un calque des épisodes actuels, communs à la France et au Sénégal, on y retrouve toutes les obsessions du conservatisme des mœurs. L’auteur va d’ailleurs plus loin dans son livre en décrivant comment les confréries se sont rendues indispensables dans le jeu politique, jusqu’à devenir des éléments incontournables dans le choix au cœur de la république. Forme de singularité sénégalaise, la république confrérique, donne lieu très souvent à des critiques variées. D’aucuns en saluent le gage de stabilité, d’autres se désolent du mélange des genres. Sans doute les deux critiques peuvent-elles être recevables. La politique comme fait social ne peut s’affranchir de ce qui constitue pour beaucoup l’identification première, à savoir la primauté de la foi. Toutefois la république hybride qui en naît ne garantit ni la cohésion, ni l’épanouissement des minorités, ni l’éclosion des droits humains et l’emprise religieux dans ce compromis finit toujours par l’emporter.
Le confrérisme, un islamisme ? Une réception tatillonne du livre
Du reste, l’auteur en pointant les éléments de ce récit national et la réalité des imbrications inopportunes, évoque aussi les influences exogènes avec « l’intrusion des arabisants, notamment les moustarchidins et les wahabias pour ne citer que ceux-là, sur la scène politique, sociale et religieuse avec la construction de mosquées, d’écoles et la fourniture d’aides sociales aux plus défavorisés ». Cette diplomatie humanitaire « soft » a continué le travail de sape et contribué à installer l’idée de la religion comme solution au tout-social. Avec les échos du puritanisme djihadiste, il apparaît comme un agent possible de la préparation des populations, à la violence religieuse, tout au moins, à un fanatisme mou. Dans l’appréhension sécuritaire des problèmes dits « terroristes », l’évacuation de cette dimension d’assentiment religieux et les causes économiques, sont souvent oubliées. Il faut noter aussi que ce puritanisme importé (quoique le djihad à son histoire proprement africaine et très ancienne) n’a pas hésité à entrer en frontale opposition avec les confréries qui voyaient leurs parts de marché religieux, menacées par les intrus. Ainsi se souvient Magassouba que les « intellectuels arabisant constituaient manifestement une certaine gêne pour l’islam confrérique dont ils contestaient jusqu’au mode de désignation des khalifes qui, assurent-ils, est contraire à l’islam des origines où la succession du chef se faisait non pas par la filiation, le sang, mais par la piété, la connaissance des fondamentaux de l’islam, en fait le savoir, et la bonne moralité. Les dignitaires des confréries ont tout de suite perçu le danger qui, comme à Touba, ont même procédé à la fermeture de mosquées tenues par ceux qu’ils qualifiaient d’intégristes. »
Depuis le livre de Moriba Magassouba, les choses ont un peu évolué. L’opposition n’est plus frontale entre importateurs de mosquées et constructeurs confrériques de mosquées. Les confréries ne semblent plus seulement se construire en écho au fait local, elles s’inféodent de plus en plus au cœur du religieux universel dont les codes conservateurs tendent à s’étendre s’uniformiser. Si les agendas ne sont pas les mêmes, les deux islams paraissent de moins en moins incompatibles, et trouvent dans les piliers religieux, qui demeurent les mêmes, des points de convergence et de communication. Pour preuve, dans les cités religieuses un puritanisme plus prononcé s’affirme, moins tolérant avec les tenues vestimentaires ou l’alcool, les aspects récréatifs de la vie, imposant ainsi la prééminence de la pureté de la foi sur les coutumes et réalités locales (vous trouverez, de plus longs développements dans Un dieu et des mœurs, 2015). Le confrérisme est donc un islamisme, d’extraction locale, qui en coche toutes les cases : négation du blasphème, contrôle des tenues, des contenus scolaires, bigoterie, logique de conquête, fanatisation des masse, économie d’inspiration religieuse, élites militantes, violence de la dissidence, anticolonialisme, rejet de la société démocratique et de ses piliers : égalités des sexe, laïcité, etc.
Un livre essentiel et prémonitoire
Pour beaucoup, le livre de Moriba Magassouba a été un déclencheur. Le romancier Ibrahima Hane, auteur d’Errance, roman à la forte connotation religieuse, a d’ailleurs rendu hommage à Moriba Magassouba pour lui avoir servi d’inspiration. Symbole de la portée de cet essai publié en 1985, le livre jouit de plusieurs recensions dans le monde académique comme précurseur de la première critique articulée d’un fait religieux sénégalais que les africanistes voyaient comme un trait exotique, avec des conclusions ou racistes ou trop emphatiques. Si Vincent Monteil, Donald Cruise O’brien, Sophie Bava, Jean Copans - entre autres - ont fait une ethnographie riche de la confrérie mouride, seul Magassouba a eu un texte offensif, quoique les auteurs cités ont - pour certains - été vilipendés par leurs travaux. Comment un tel livre a-t-il donc été reçu au Sénégal ? L’auteur raconte : « il a été accueilli avec un certain scepticisme par la presse mais aussi par la grande majorité des intellectuels à la notable exception du professeur Iba Der Thiam, à l’époque ministre de l’Education nationale, si mes souvenirs sont exacts, qui a publiquement déclaré qu’il allait organiser un débat sur l’ouvrage. J’étais évidemment prêt à y participer mais le débat n’eut jamais lieu. Je crois aussi qu’il y a eu quelques velléités de réaction au niveau du Club Nation et Développement présidé à l’époque par Djibo Leyti Ka, mais sans plus. » Une autre anecdote est plus parlante. L’auteur rencontre le chef de l’Etat d’alors, Abdou Diouf : « lors d’une audience impromptue au Palais. Sans qu’il me l’ait dit ouvertement j’ai eu la nette impression qu’il adhérait quelque peu à la thèse que je développais dans l’ouvrage ». On pourrait y croire tant l’ancien président est passé maître dans une certaine diplomatie, lui qui, jeune se piquait de philosophie rebelle, et écrivit un mémoire critique sur la foi. Plus récemment, il note aussi : « il y a eu des réactions tardives mais intéressantes comme celle de Madiambal Diagne, le patron de « Le Quotidien », qui a consacré un de ses « Lundis » (éditorial) à mon livre dans lequel il reconnaissait qu’après avoir été quelque peu sceptique à la lecture, il lui semblait aujourd’hui qu’il a été…prémonitoire au constat de la montée de l’intolérance religieuse voire d’une sorte de fanatisme soft ».
Le contexte actuel qui a vu l’extraversion des responsabilités à chaque fait divers est-il pour quelque chose dans la rédemption tardive d’un livre qui paraît, à bien des égards, prophétique ? L’auteur en tout cas, n’en démord pas. Aurait-il écrit aujourd’hui le même livre ? Il persiste « j’aurais écrit exactement le même ouvrage en pointant précisément la montée de l’intolérance sur la base de faux préceptes religieux, comme cela a été récemment le cas avec l’affaire de l’interdiction du voile au collège Sainte Jeanne d’Arc qui a défrayé la chronique ou celle de la pharmacie Guignon qui a suscité une véritable levée de boucliers sans la moindre raison. Les pouvoirs publics n’ont pas eu, à mon sens, la réaction appropriée contre les dérives langagières suscitées par ce climat d’intolérance qui a même frisé, par moments, la haine religieuse ! ». On pourrait citer plusieurs évènements qui ont donné à voir la propension à chercher la responsabilité ailleurs. Plusieurs exemples dans divers domaines. Quand le rapport de Human rights watcha dénoncé les abus sexuels en milieu scolaire, les syndicats ont parlé d’intrusion de l’étranger. La même réaction est notée chez les tenants du pouvoir à la suite de l’enquête de la BBC qui ont parlé de tentative de déstabilisation. Même son de cloche de la part d’ONG musulmanes, comme Jamra, qui fustigent l’importation des tares, au gré des faits divers qui voient des artistes et des séries vilipendés. Dans tous les segments, semble exister ce déni, dont les conservateurs font leur miel, en étant les instigateurs de ces discours qui prêtent à l’occident des problématiques qui sont le fait de nos sociétés. Toutes les crispations sur fond religieux inquiètent-elles Moriba Magassouba ? Oui semble-t-il « l’extrême frilosité du pouvoir politique qui, soucieux de ne pas déplaire aux chefs religieux et à leurs ouailles, actionne souvent la justice pour des cas qui relèvent le plus souvent de la liberté d’expression. Et cela est extrêmement préoccupant ! »
Dakar, place historique forte des idées
La parole libre de Moriba Magassouba, bien des années après, avec ses mots entre sarcasmes, critique dure et bonhommie, permettent de remonter à un contexte national porteur. Pour celui qui raconte qu’il a écrit une partie de son livre dans un « chai du bordelais » la scène intellectuelle sénégalaise de ces années était dense et vivante. Sans tomber dans le nostalgisme, il se souvient de cette période qui, « incontestablement, avec le Club Nation et Développement qui organisait régulièrement des débats à la Chambre de commerce de Dakar nous avons connu une période d’une incroyable densité intellectuelle. Par la force des choses, notre capitale était devenue le point de convergence obligé et régulier des têtes pensantes du monde francophone en général et africain en particulier. Feu le professeur Doudou Sine, le sociologue Pathé Diagne, le cinéaste Ousmane Sembène, Babacar Ba alors puissant ministre de l’Economie et des Finances, Alioune Sène « Mendez » le ministre de la Culture, le journaliste Philippe Decraene, Hervé Bourges, Fara Ndiaye, alors numéro 2 et député du PDS, le sociologue Pathé Diagne ou le philosophe Pathé Sémou Guèye étaient les principaux animateurs de cette espèce de brain-trust qui appartient, hélas, à une époque révolue. » Beaucoup de grands noms de la scène intellectuelle. Une tradition qui perdure selon lui avec notamment un regard très optimiste sur les évènements qui se multiplient dans le continent « Dakar vient de vivre les « Ateliers de la pensée », manifestation qui a vu la participation d’intellectuels de renom comme nos compatriotes Souleymane Bachir Diagne et Felwine Sarr, Achille Mbembé et d’autres sur des thèmes et des questionnements qui nous interpellent tous en ce sens qu’ils devraient, à mon humble avis, tourner autour du combat que nous devons accentuer contre l’inféodation aux puissances extérieures quelles qu’elles soient en traçant la voie d’un développement autocentré. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. »
Un journaliste impétueux à la carrière panafricaine
Qui parle ainsi ? L’homme échappe aux assignations et son parcours parle pour lui. Diplômé en journalisme et en histoire, il a étudié dans plusieurs universités occidentales, en France et au Canada. Sous la houlette de son maître penseur Doudou Sine, il apprend et affûte ses armes : « Doudou Sine, mon prof de philo en terminale à Van Vo, l’un des plus brillants intellectuels africains de sa génération, a été mon maître à penser. Ce marxiste libéral, comme il se définissait lui-même, a joué un rôle prépondérant dans ma formation intellectuelle. C’est lui qui, en orientant mes lectures, m’a fait découvrir des auteurs, penseurs ou hommes de lettres comme Jean Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Camus, Frantz Fanon, Malraux, Gide, entre autres, qui m’ont beaucoup inspiré. J’ai également longtemps côtoyé le sociologue Pathé Diagne, un intellectuel de renom et oncle de Souleymane Bachir Diagne, une véritable encyclopédie vivante, qui m’a beaucoup marqué » Il passe ensuite par le journal Le Soleil d’où il est renvoyé « après un mois ». Ensuite Africa international, plus tard Demain l’Afrique avec un proche, Joël Decupper, amoureux du continent où il s’engage. Des mésententes auront raison de leur collaboration. En 1990 il pose ses valises à Abidjan comme correspondant de Jeune Afrique. Il restera dans la capitale ivoirienne où il se lance dans le consulting avec des clients prestigieux. La terre d’Eburnie devient sa patrie d’adoption. Ces différentes expériences lui permettent de voyager, d’arpenter le continent de bout en bout, de se faire un carnet d’adresses et d’être aux premières loges pour voir les transformations du à l’œuvre. Il garde un talent de plume, le regard acéré et une écriture parfois railleuse, qui signe une personnalité parfois désinvolte dont la devise est presque philosophique « j’aime l’homme dans tout ce qu’il peut faire de bien ou de mal, car c’est précisément cette dualité, cette ambivalence, qui fait son humanité ! » On pourrait croire que l’homme, avec un tel pedigree, n’est pas croyant. Que nenni : « je crois en Dieu et suis même musulman pratiquant mais je pratique l’itjihad ou réflexion critique recommandée même par le saint Coran. J’ai horreur des dogmes quels qu’ils soient et je me refuse à prendre pour argent comptant tous les hadits dont la plupart ne sont que des interprétations et sont donc sujettes à caution. »
Cette sous-région sahélienne justement, qu’il connait bien, est en proie à une déstabilisation à la fois géopolitique et djihadiste avec une gangrène qui se diffuse. Si le récit national continue à évoquer les confréries comme remparts, Moriba Magassouba « craint que non ». Les remparts sont surévalués. L’exemple du Mali, du Nigéria et du Burkina achèvent de discréditer cette version pourtant complaisamment relayée, devenue un mantra politique et social. Mais il insiste sur une cause essentielle à son avis. Des foyers djihadistes, dit-il, « persisteront aussi longtemps que les autorités des pays qui les subissent n’auront pas trouvé la réponse appropriée à ce mouvement pour qui l’extrême pauvreté qui frappe les populations constitue le terreau fertile à sa propagation ». Cela rejoint beaucoup d’analyses lucides. Pas étonnant pour ce grand lecteur qui dévore les « thrillers, les biographies », et pour qui « l’homme » reste une passion centrale.
Epilogue du roman national
Le livre de Magassouba a ouvert un champ. Si le fait religieux est resté au niveau national un domaine difficile à étudier sans passions, en sacrifiant comme il se doit à toutes les exigences scientifiques, cela est moins dû à la délicatesse du sujet qu’en l’existence d’une sociologie militante qui est plus dans la réparation d’image que dans l’étude rigoureuse. Beaucoup de chercheurs sénégalais sont plus préoccupés par l’obsession de « rétablir » l’histoire, moyennant d’autres déformations, que par l’envie de l’écrire comme elle est, dans sa tragique violence, qui égratigne l’image sacrée qu’on se fait de nos saints hommes. On l’a encore vu dans l’épisode cacophonique de l’histoire nationale pilotée par Iba Der Thiam, l’immixtion des familles religieuses et la prescription de ce qui doit être écrit. Cette vielle tare hante les sciences sociales sénégalaises, qui peinent à s’élever à hauteur de la science, qui ne doit pas être du marketing religieux, mais plonger dans les faits avec des outils scientifiques, sans arrogance ni soumission, avec la modestie du terrain et la prééminence de ce qu’on y voit sur les tentations idéologiques et partisanes.
L’inauguration de la mosquée de Massalikul Jinaan, a encore pointé cet esprit qui domine, de la démission de toute lucidité pour entonner les chants louangeurs chez les tenanciers du discours intellectuel qui ont pignon sur rue. Cette mosquée ne doit rien « au génie mouride » comme on n’a pu l’entendre. C’est une sémantique qui emprunte tous les codes racistes du culturalisme, surtout dans un pays multiconfessionnel. Le mouridisme n’est pas le « facteur » important dans l’enrichissement ou dans l’émergence d’une science économique, et ce par la seule preuve que la région du Baol, bastion du mouridisme entre autres, reste l’une des plus pauvres du pays. Que nous sommes plus ici dans un capitalisme du don, de la privation, de l’obligation, de fortunes importées (souvent de la diaspora), hiérarchiques et verticales. Que partout dans le monde, l’essentiel des mosquées, des petites aux plus grandes, est financé par le don des fidèles ou le don de pays musulmans. Qu’à supposer que cela marche miraculeusement au nivau national comme modus operandi, ça demanderait comme condition une homogénéité confrérique. Que nous sommes dans une économie unidirectionnelle qui s’incarne plus dans le symbole de puissance, pour l’instant, que dans la redistribution communautaire égalitaire. Que nous nous rapprochons presque du capitalisme oligarchique qui consacre la fortune de quelques-uns dans la misère du grand nombre. Beaucoup d’observateurs avaient vu dans l’habileté de la collecte des fonds telle que vue dans la construction de cette mosquée, une promesse. Ils rejoignent la pensée longtemps répandue des transferts d’argents comme solution locale pour le développement : non seulement la zone de production des finances n’est pas endogène, mais le mécanisme du don, sans retour, tend à être un capitalisme sauvage sans égalité, inclusion, et filets sociaux. Cette mosquée est une belle réussite, sans doute un symbole, un honneur national, elle n’a pas besoin qu’on lui prête des vertus qui ne sont pas le siennes. Saluer une confrérie sans en épouser le fanatisme ni les légendes superflues. C’est le risque avec les romans nationaux, bien souvent il suffit de faire un détour dans les archives historiques, pour séparer le réel de la fiction. Pour avoir les clefs de cette distinction, Moriba Magassouba n’est pas un prophète de trop. Aujourd’hui les mollahs pourrait-on actualiser son titre, avec moins de motifs d’espoir, car les élites sont devenues la locomotive du conservatisme.
LA RÉFORME DU FRANC CFA, UN CHANTIER ÉCONOMIQUE ET DIPLOMATIQUE COMPLIQUÉ
La question d'une devise unique a longtemps suscité les réticences du Nigeria, qui exigeait que l'éventuelle monnaie commune soit déconnectée du Trésor français
En évoquant la semaine dernière un retrait des réserves de change du franc CFA déposées en France, le président béninois Patrice Talon a relancé le débat sur une réforme de cette devise, un chantier compliqué tant sur le plan économique que diplomatique.
Pour l'heure, les 14 Etats africains qui utilisent le franc CFA doivent déposer 50% de leurs réserves en France, obtenant en contrepartie une convertibilité illimitée avec l'euro, ce qui leur donne une certaine crédibilité internationale.
Par exemple, si un Etat de la zone franc ne peut pas assurer le paiement en devises de ses importations, la France garantit le versement des sommes correspondantes en euros.
"Nous sommes tous d'accord là-dessus, à l'unanimité, pour mettre fin à ce modèle", a déclaré M. Talon dans une interview le 7 novembre à la radio RFI et à la chaîne France 24, assurant que ce modèle était avant tout un "problème psychologique" et non "technique".
Ce n'est pas l'avis de Ruben Nizard, économiste spécialiste de l'Afrique chez l'assureur Coface, pour qui "un retrait des réserves de change signifierait une remise en cause d'un des piliers de fonctionnement de la zone franc", et in fine de ce mécanisme de garantie de convertibilité par le Trésor français.
Pour l'heure, en revanche, pas question a priori de revenir sur la parité fixe de la devise avec l'euro (1 euro = 655,96 francs CFA).
"La fixité des parités réduit le risque de change pour des investisseurs, pour des exportateurs, c'est un luxe formidable", explique Ruben Nizard à l'AFP.
Mais la dépendance à la politique monétaire européenne des pays de la zone franc est régulièrement critiquée par les adversaires du franc CFA.
"Changer de place les réserves de change, c'est surtout une question politique et symbolique.Pourquoi ne pas déposer ces réserves auprès d'une Banque centrale africaine ? Nous sommes au XXIe siècle, l'Afrique doit assumer la gestion de sa Banque centrale et de sa monnaie", plaide Noël Magloire Ndoba, économiste congolais, consultant et ancien doyen de la Faculté des sciences économiques de Brazzaville.
"Le FCFA a un taux de change fixe avec l'euro, la monnaie de pays très développés, qui ont fixé comme priorité à la Banque centrale européenne la lutte contre l'inflation.Cela oblige nos Banques centrales (africaines) à mener des politiques monétaires très restrictives", critique de son côté Demba Moussa Dembélé, économiste sénégalais et directeur du Forum africain des alternatives.
"Or la priorité des économies africaines n'est pas la lutte contre l'inflation, elles ont besoin d'investissements et d'emplois", poursuit-il, interrogé par l'AFP.
- Peu d'écho pour l'"eco" -
L'annonce de Patrice Talon, sans calendrier précis, n'a pas encore trouvé un énorme écho.
En Côte d'Ivoire, la principale économie de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), le gouvernement s'est refusé à tout commentaire sur ce sujet ultra sensible.
Et en France, le ministre de l'Economie et des Finances Bruno le Maire a réaffirmé vendredi que ce n'était pas à Bercy de "faire des propositions ou d'imposer quoi que ce soit".
"Si une majorité d'Etats-membres de la zone franc veulent avancer vers une réforme ambitieuse nous répondrons oui", s'est-il contenté de déclarer, sans réagir directement à la proposition du président béninois.
"Le débat autour du franc CFA se cristallise beaucoup autour de la question de la souveraineté, donc si la réforme venait de la France ça passerait mal", décrypte M. Nizard.
L'avenir du franc CFA s'écrit toujours en pointillés, puisque quinze pays d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) se sont mis d'accord fin juin pour l'adoption de l'"eco", une monnaie unique pour les huit pays de la zone qui utilisent le franc CFA mais aussi pour sept autres pays dont le géant régional, le Nigeria.
Les déclarations de Patrice Talon "sont peut-être un moyen de remettre le sujet sur la table", estime Ruben Nizard.
Sujet récurrent depuis des décennies dans la région, la question d'une devise unique a longtemps suscité les réticences du Nigeria, qui exigeait que l'éventuelle monnaie commune soit déconnectée du Trésor français.
"Sur le plan économique, la question de la parité avec l'euro pose problème.Il faudrait évoluer vers une parité avec un panier de devises, l'euro, le dollar et le yuan, correspondant aux principaux partenaires commerciaux de l'Afrique, l'UE, les Etats-Unis et la Chine", suggère Noël Magloire Ndoba.
Les pays de la Cédéao espèrent lancer l'eco dès 2020.
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REVUE DE PRESSE ZIKFM
L'essentiel de l'actualité de ce MARDI 13 NOVEMBRE 2019 avec El Hadji Ahmed Aidara
ET SI ON PARLAIT DU MARCHÉ D’INTÉRÊT NATIONAL DE DIAMNIADIO ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Le M.I.N est une mine d’emplois que nous tardons à exploiter - Il mérite des interrogations légitimes au moment où l’employabilité des jeunes est devenue un problème préoccupant
Le M.I.N de Diamniadio est une mine d’emplois pour notre pays. Noyé dans une vague d’informations isolant le Sénégal de ses urgences sociales, il mérite des interrogations légitimes au moment où l’employabilité des jeunes est devenue un problème préoccupant.
Le M.I.N est « un service public de gestion de marchés dont l’accès est réservé aux producteurs et aux commerçants, qui contribue à l’organisation et à la productivité des circuits de production des produits agricoles et alimentaires, à l’animation de la concurrence dans ces secteurs économiques et à la sécurité alimentaire des populations ».
En effet, dans le cadre de la mise en œuvre du Plan Sénégal Emergent, investir dans le capital humain se pose comme un impératif national pour lutter contre le chômage des jeunes et la précarité des couches sociales les plus vulnérables.
Le M.I.N de Diamniadio, lieu de négoce du commerce de gros, est un écosystème composé de professionnels (producteurs, grossistes, transformateurs, acheteurs, etc.) qui interagissent et contribuent à son dynamisme et à son évolution. Il permet aux entreprises et aux incubateurs d’entreprises de mutualiser leurs savoir-faire afin de renforcer leur position sur le marché africain.
Dans la perspective de la naissance de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine, le M.I.N de Diamniadio s’offre une opportunité d’être le fer de lance d’une économie pourvoyeuse d’emplois pour les jeunes dans tous les secteurs d’activités économiques.
« Créer un marché unique pour les marchandises et les services facilité par la circulation des personnes afin d’approfondir l’intégration économique du continent africain et conformément à la vision panafricaine d’une « Afrique intégrée, prospère et pacifique » telle qu’énoncée dans l’Agenda 2063 », tel est l’objectif affiché de l’Union Africaine.
Avec le modèle économique du M.I.N de Diamniadio qui fera école, cette vision de l’organisation panafricaine déjoue les pronostics des économistes libéraux qui ont pensé et repensé une Afrique des économies orientées de l’Extérieur par l’Extérieur pour la satisfaction des besoins de l’Extérieur.
En effet, la vision linéaire de la croissance économique en cinq étapes formulée par Walt Whitman Rostow, devenue une bévue théorique, a montré ses limites dans notre pays où l’on cherche la rampe de l’émergence économique dans une congruence adéquate entre le capital humain et les secteurs primaire, secondaire et tertiaire.
Le M.I.N de Diamniadio y participe, décloisonnant ainsi ces trois secteurs dans une approche globale au service de l’emploi des jeunes.
Ainsi, le M.I.N de Diamniadio, laboratoire de formations professionnelles spécifiques, offre une surface de 24 hectares dont 40 000 m2 d’entrepôts. A ce titre, il peut s’enorgueillir d’avoir :
-137 magasins (avec ou sans chambre froides, avec des bureaux), 2 chambres froides communes de 375 m2, 8 chambres froides communes de 100 m2 sur la gare des gros porteurs, un laboratoire sanitaire et un restaurant collectif.
Des aménagements complémentaires ont été prévus pour la seconde phase du M.I.N ; celle des produits carnés adossés au pôle de transformation.
Mais rien n’empêche aujourd’hui dans la première phase d’exploitation du M.I.N de commencer par la transformation des produits agricoles en attendant la phase des produits carnés. Les entrepôts s’y prêtent sous réserve du respect des normes d’hygiène et de sécurité alimentaires.
Ainsi, les légumes surgelés achetés dans la grande distribution au Sénégal n’ont plus besoin de quitter l’Europe pour remplir nos assiettes. Le Consommer sénégalais mis en place par le regretté Docteur Thianar Ndoye refait surface avec l’arrivée des grandes surfaces dans nos grandes villes.
Quelles sources d’emplois devrait-on alors dénicher pour le rayonnement international du M.I.N de Diamniadio dans une synergie forte entre l’agriculture, l’industrie et les services ?
Si la première fonction d’un M.I.N est d’assurer un juste prix des productions agricoles locales, il garantit en même temps la rémunération la plus haute possible pour le producteur et la plus accessible possible pour le consommateur.
Sans aller chercher des produits dans le corridor céréalier tracé par le P.S.E, la zone des Niayes couve le M.I.N de Diamniadio à quelques encablures des vestiges de BUD-Sénégal. Ce potentiel agricole de proximité porte en lui-même les germes des métiers qui vont de la sélection des semences aux pratiques phytosanitaires respectueuses des Objectifs du Développement Durable.
L’autre fonction du M.I.N est d’organiser la distribution locale des productions agricoles réduisant de manière drastique les intermédiaires qui vont du milieu rural au marché des grossistes de Thiaroye par exemple. Le consommateur y trouvera toujours son compte pour améliorer son pouvoir d’achat.
Enfin, la dernière fonction qui revient au M.I.N est de valoriser les productions agricoles par des unités de transformation prévues sur le site de Diamniadio.
La seule bataille qui vaille dans le développement du M.I.N sera avant tout la bataille de la logistique. Des métiers de conducteurs d’engins de manutention tous types, des techniciens en organisation de transport multimodal au management opérationnel des ateliers de production garants de la sécurité et de la qualité dans la Technologie alimentaire y sont attendus ; autant de métiers émergents en formation initiale et continue qui convergent vers une exploitation optimale du site de Diamniadio.
En amont, de nouveaux métiers d’ouvriers agricoles verront le jour à la périphérie du M.I.N boostant l’économie locale du Jandeer au Jalaaw.
La raison penche aussi pour la mise en place d’une société de collecte des déchets du M.I.N dans le format de l’Unité de Coordination de Gestion des déchets solides (UCG) qui pourrait en assurer la gestion dans une intercommunalité portée par la territorialisation des politiques publiques (Acte III de la Décentralisation)
Comment ne pas souscrire à cette Zone d’Activités des Mécaniciens et Professionnels de l’Automobile (ZAMPA) de 147 hectares en chantier située dans la Commune de Dougar face à la route nationale tout près du M.I.N de Diaminiadio, structure financée par l’Etat du Sénégal qui offre l’outillage nécessaire à la gare des gros porteurs in situ tout en fidélisant les camions faisant la navette entre Dakar et Bamako ?
Dans cette foulée, une réflexion sur le devenir de la formation professionnelle s’impose dans notre pays en rupture avec l’Enseignement Technique et la Formation Professionnelle à l’étalonnage des diplômes tels que le C.A.P, le B.E.P et le B.T.S. L’Université Amadou-Makhtar MBOW dans ses filières professionnelles et les centres de formations professionnelles du Sénégal seront également au rendez-vous à proximité du M.I.N de Diamniadio lui servant de bassin d’emplois directs et induits.
Ce nouveau paradigme prend sa source dans le learning by doing de John Dewey « apprendre par l’action », se déclinant par un système d’enseignement et d’apprentissage fondé sur les compétences critiques piloté par des moniteurs chevronnés. Le guichet 3 FPT des jeunes non-diplômés est interpellé ici pour prendre sa part dans l’insertion professionnelle.
C’est toute une chaîne de valeurs qui se dynamise à chaque étape du processus menant vers le M.I.N pour faire émerger des métiers immédiatement disponibles dans le Département de Rufisque. En témoigne le Plan Alimentaire Territorial élaboré par cette collectivité locale dont l’effet contagion dans les autres départements du Sénégal avec des ONG comme le Grdr et l’iedAfrique ne se fera pas attendre.
L’effet conjugué de l’Acte III de la Décentralisation et du P.S.E, placé sous l’angle de l’emploi des jeunes, nous amène donc au moins à trois interrogations :
- d’abord, quels sont les grands principes qui devraient guider le bon fonctionnement du M.I.N pour servir de vivier d’emplois ?
- Ensuite, comment développer une offre de services attractive sur le M.I.N pour renforcer le hub de services que propose le P.S.E ?
- Enfin, quelle méthode pour défendre au mieux les intérêts du Sénégal autour du M.I.N ?
I. Les grands principes gouvernant le fonctionnement du M.I.N de Diamniadio
Il s’agit pour notre pays le Sénégal d’offrir un cadre juridique attractif aux producteurs locaux. Protéger le monde rural sans verser dans le protectionnisme économique devrait nous conduire à organiser nos agriculteurs en coopératives pour remplir les critères d’éligibilité d’acteur du M.I.N de Diamniadio.
Le M.I.N est ouvert exclusivement aux grossistes. Divisés, les horticulteurs de la proximité de la zone des Niayes risquent d’être réduits à des sous-traitants d’un outil de commercialisation financé par l’argent du contribuable sénégalais. Les organisations professionnelles agricoles faîtières gagneraient à créer des groupements d’exploitants agricoles dotés d’une personnalité morale pour retrouver leur place sur ce marché.
C’est tout le sens du périmètre de référence que le président Macky Sall doit définir par un acte administratif contraignant tous les acteurs économiques autour du M.I.N à observer les règles d’une concurrence saine. Ce périmètre de référence, à définir par décret, est l’espace autour du M.I.N sur lequel sont interdits le déplacement ou la création d’un établissement concurrent pratiquant la vente en gros de produits dont la liste devrait être fixée par arrêté interministériel. Il s’agit ici de protéger sur ce périmètre de référence les producteurs locaux du M.I.N contre le groupe de pression de la grande distribution. « Entre le fort et le faible, dira Lacordaire, la liberté opprime, la loi libère »
La Loi libère, évitant que le M.I.N de Diamniadio ne devienne la centrale d’achats d’Auchan, de Carrefour ou de Leclercq qui doivent s’aligner derrière leurs organisations professionnelles comme le Conseil National du Patronat.
En bonne logique, dans le Conseil d’Administration du M.I.N seuls doivent y figurer les représentants de ces organisations professionnelles et les représentants de l’Etat pour mettre davantage d’équité dans les règles de concurrence entre les différents acteurs de ce grand marché. La Chambre de Commerce d’Industrie et d’Agriculture de Dakar y sera également représentée.
Usant de son pouvoir réglementaire, le Sénégal se doit également de confectionner un cahier des charges encadrant les critères d’attribution des surfaces sur le M.I.N et un règlement intérieur qui définira les horaires de vente, l’harmonisation des prix et les normes sanitaires.
La définition du règlement intérieur posera à cet effet un cadre propice au développement d’une offre attractive de services du M.I.N, gage de la durabilité des métiers émergents.
II. Quelle offre de services pour le M.I.N de Diamniadio ?
Le capital humain autour du M.I.N se nourrit de la navette entre différents secteurs d’activités pour étoffer le tissu économique issu des échanges intra-branches.
En effet, la gestion et l’exploitation du M.I.N doivent d’abord permettre d’assurer la sécurité du site, des personnes et des denrées. Cette sécurité du site et des personnes passe par la présence de banques avec des coffres sécurisés de peur de mettre en péril la vie des grossistes qui manipulent beaucoup d’argent liquide. Quant à la sécurité des denrées, elle se traduit par un contrôle sanitaire rigoureux des produits sur le marché devenu un vivier d’emplois pour les vétérinaires, les spécialistes de la technologie alimentaire et des services d’hygiène.
Enfin, tout se ramène à la sécurité ; sécurité des chambres froides pour éviter la rupture de la chaîne du froid alimentaire. Des formations sur site ne sont pas à exclure pour les tâches d’exécution liées aux métiers de la maintenance industrielle.
Sécurité de l’environnement par l’organisation d’un tri sélectif des « déchets » des produits agricoles qui, en vérité, sont des matières premières à réinjecter dans le recyclage des résidus agricoles organiques pour une seconde vie dans notre écosystème. L’emploi appelle l’emploi au service de l’émergence économique de notre pays. Toutes ces activités nécessitent en amont des Sénégalais qui soient bien formés pour être immédiatement opérationnels.
Il s’agit ensuite pour le M.I.N de mettre en place une plateforme de commerciaux qui vont canaliser l’offre de productions locales réduisant ainsi le maximum d’intermédiaires. Comme sur les places boursières, à l’ère de la digitalisation, il nous faut juste un widgets ; cette application interactive qui permet en temps réel l’affichage d’informations sur les prix et l’accès aux services du M.I.N sur Internet en passant par nos smartphones. Une telle application, créant un cercle vertueux de transparence partout dans le monde, permettrait d’éviter les abus de positions dominantes ou les ententes anticoncurrentielles pouvant naître d’une asymétrie d’information entre les différents acteurs sur le M.I.N. Ce qui n’est que justice.
Le M.I.N est donc investie d’une mission de service public définie suivant un critère matériel en ce qu’il offre la configuration d’un partenariat public-privé déléguant sa gestion à une personne privée sous le contrôle de l’Etat. Quelles solutions pour le décollage du M.I.N ?
III. Quelle recette alors pour le lancement du M.I.N de Diamniadio ?
Pour une meilleure rationalisation de l’action publique, il convient au préalable de délimiter précisément la sphère de compétences de deux personnes morales de droit public : la Délégation Générale à la Promotion des Pôles Urbains de Diamniadio et du Lac Rose (DGPU) et la Société de Gestion des Infrastructures Immobilières Publiques (SOGIP). Au-delà ces services publics, le Ministère du Commerce et des Petites et Moyennes Entreprises a un rôle crucial à jouer, notamment dans le domaine de la réglementation des activités de vente et d’achat, via la Direction du Commerce Intérieur. Un comité de pilotage, en chantier, devrait voir le jour pour construire une synergie forte entre les différents maillons de la chaîne administrative.
Ce comité, sous la tutelle du chef de l’Etat pour les besoins d’un arbitrage, aura pour mission de formaliser le cadre de concertation en désignant ses membres et d’élaborer un schéma directeur qui permettra de définir le profil du futur gestionnaire du M.I.N.
Toujours dans cette dynamique, il faudrait d’ores et déjà penser à inviter le Port Autonome de Dakar pour préparer les opérateurs Import-Export à l’ouverture du M.I.N de Diamniadio, L’Agence Sénégalaise de la Promotion des Exportations (ASEPEX) jouera in fine sa partition.
Les Fonds à Frais Partagés de l’Agence de Développement et d’Encadrement des Petites et Moyennes Entreprises (ADEPME) pourraient aussi venir appuyer par des subventions la formation continue les acteurs du M.I.N dans le renforcement des capacités de leurs employés.
Il faudrait en définitive un schéma directeur opérationnel qui ira au-delà de Diamniadio incluant les maires des communes voisines.
Dans cette perspective, c’est le lieu de mettre à profit le Centre de Formation Professionnelle de Diamniadio pour préparer aux métiers du tri, de l’assemblage et du conditionnement des fruits et légumes. Diamniadio, étant dans une zone de proximité côtière, les produits halieutiques feront sans doute leur entrée avec des mesures phytosanitaires qui relèvent de l’exigence de qualité propre à assurer le rayonnement des produits « Made in Senegal » avec un label très vendeur.
Somme toute, ne faudrait-il pas un modèle économique viable pour amortir l’investissement de l’Etat du Sénégal ? Le M.I.N ne sera pas tout de suite rentable. Il sera tout au plus un escalier social et non un ascenseur social permettant ainsi d’amortir graduellement les 66 milliards de Francs CFA d’investissement de l’Etat du Sénégal sur ce marché.
Le rêve de ne plus exporter de la canne à sucre pour importer des bonbons et des haricots verts de la zone des Niayes pour importer des boîtes de conserve se traduit par cette audace dans l’investissement qui a fait naître le M.I.N de Diamniadio. Ce n’est pas un jeu de mots, le M.I.N est une mine d’emplois que nous tardons à exploiter. Lisez les deux lauréats du Prix Nobel d’économie Théodore SCHULTZ et Gary BECKER, théoriciens du capital humain, Amartya SEN, Prix Nobel d’économie et l’économiste pakistanais Mahbud ul HAQ auteur du Rapport du PNUD de 1990, vous aurez suffisamment de paramètres pour mesurer à sa juste valeur l’apport nutritionnel riche des fruits du M.I.N de Diamniadio à notre pays le Sénégal dans la lutte contre la pauvreté et le chômage des jeunes. Et ces fruits ne seront que les meilleurs pour notre santé économique.
Docteur Daouda Ndiaye est Juriste, Docteur en Sciences de l’Education, Secrétaire Général de l’Association des Cadres « Le Péey Lébu »
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LE 20H DE LA RTS MARDI 12 NOVEMBRE 2019 AVEC PAPE BOUNA THIAW
Les migrants sont de plus en plus nombreux à prendre la mer pour fuir la Libye et tenter de rejoindre l'Europe. Interceptés par les garde-côtes libyens, ils sont renvoyés dans des centres de détention où les conditions de vie sont désastreuses.
Une embarcation de fortune fait route vers l’Europe. À bord, 126 personnes dont huit enfants. La plupart des passagers sont soudanais. Ils ont fui la Libye où ils étaient enfermés dans des centres de détention .
Beaucoup pensent être sauvés par une ONG. Mais ce sont des garde-côtes libyens qui ont intercepté leur embarcation. Ils les ramènent à Tripoli.
Les migrants les plus faibles sont pris en charge par l’Organisation internationale des migrations (OIM) mais tous les autres retournent en centres de détention. Les ONG dénoncent régulièrement les conditions de vie des migrants dans ces centres. Ils y manquent de nourriture et y sont victimes de violences et même parfois de torture.
"On nous frappe, on nous fait n'importe quoi. Ça faisait trois mois que j'étais en prison. Si tu manges, si tu ne manges pas, si tu meurs, ce n'est pas leur problème !", raconte un jeune Tchadien.
MACKY SALL, LE JEUNE NEGRE ET LA MEDAILLE DES «MEDAYS» !
Un autre prix en vue ! Le président de la République s’est envolé hier pour le Maroc en vue d’y recevoir le prix « Medays » que lui ont décerné les organisateurs de ce forum.
Le président de la République a quitté hier Dakar pour prendre part à la remise du prix Medays (Davos africain) qu’on doit lui décerner à Tanger.
Un autre prix en vue ! Le président de la République s’est envolé hier pour le Maroc en vue d’y recevoir le prix « Medays » que lui ont décerné les organisateurs de ce forum. Il a quitté le Sénégal avec une forte délégation pour la cérémonie qui aura lieu dans la ville chérifienne de Tanger. Le prix « Medays » a été décerné en premier au président malien durant la calamiteuse transition de ce pays voisin occupé aujourd’hui à moitié par les djihadistes, Diocounda Traoré, au Burkinabè Roch Marc Kabore.
Le plus risible est que même le ministre Abdoul Latif Coulibaly l’avait reçu en 2012 alors qu’il avait en charge le département de la Promotion de la bonne gouvernance, porte-parole du Gouvernement ! Il a été créé en 2008 par l’Institut Amadeus, un think tank marocain spécialisé dans les relations internationales. A signaler que ce prix est non énuméré. Et cette année, les organisateurs ont choisi d’honorer le président Sall. Pour rappel, l’Institut Amadeus, fondé, en 2008 par Brahim Fassi Fihri, fils de l’ancien chef de la diplomatie marocaine, aujourd’hui conseiller royal pour les affaires diplomatiques, très proche du roi Mohamed 6, est présenté par certains médias marocains comme une tribune pour vendre le royaume chérifien. Brahim est décrit comme un homme « toujours très soutenu par son père qui se cache derrière la création du centre de recherches “Amadeus”, le jeune homme mène grand train actuellement dans des pays africains ».
D’ailleurs ce think tank est créé, selon les explications du site Maroc-actu consulté par Le Témoin « pour aller corriger les erreurs du ministère des Affaires étrangères en Afrique.» Une façon de faire le marketing et le rayonnement de la diplomatie marocaine en Afrique subsaharienne. D’ailleurs, c’est le jeune homme lui-même qui était venu en personne au Sénégal dans le cadre de la caravane de l’Institut Amadeus en Afrique de l’Ouest pour vendre la candidature du Maroc à la CEDEAO.
Brahim Fassi Fihri, en mission commandée du Roi Mohamed VI, avait pour mission d’expliquer la position du Maroc concernant son projet d’adhésion à la CEDEAO, la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest. Il était aussi chargé de rectifier le tir à l’origine du retard du processus d’adhésion du royaume. Sa caravane — un mot qui rappelle beaucoup de choses désagréables aux Nègres que nous sommes ! — avait sillonné beaucoup de pays de la sous-région. Certains observateurs, et ils sont nombreux y compris au Maroc, sont d’avis que ce prix est juste créé par Brahim et son père pour permettre à leur pays d’étendre son influence dans beaucoup de pays africains. Et quand on sait que nos chefs d’Etat adorent les médailles, diplômes d’honneur et autres breloques bidon…
Une critique qui ne passe pas chez le boss d’Amadeus. Il y a deux ans, vivement critiqué, il s’était énervé à cause de ce reproche. « Je refuse catégoriquement qu’on caricature ou qu’on vilipende les MEDays, tant le bilan du Forum et la notoriété de la marque « MEDays » sont incontestables.
A ces mêmes irréductibles, adeptes de la personnalisation à outrance, je voudrais rappeler que si les personnes sont de passage, les institutions restent ! Oui, MEDays est et restera une institution tangéroise, marocaine et africaine. Depuis 10 ans, chaque année ou presque, on promet l’apocalypse aux MEDays », avait-il soutenu.
Pour cette année, après le ministre Abdou Latif Coulibaly, les organisateurs des « MEDays » ont porté leur choix sur son patron qui a quitté le pays avec une forte délégation qui sera logée et nourrie par l’Etat. Le Sénégal dont le président casque fort pour aller récupérer un prix bidon reçu bien avant lui par un de ses ministres. Lequel était allé récupérer sa babiole sans tapage médiatique. Comme les esclavagistes européens qui offraient à nos ancêtres du clinquant et du brillant, les Arabes — autres fieffés esclavagistes ! — savent que, pour conquérir les Nègres, il faut les flatter ! A coups de médailles et de louanges. Et, si ça ne suffit pas, de danseuses du ventre !
UNE TRAQUE FISCALE MASSIVE LANCEE EN 2020
En 2019, le portefeuille de contribuables de l’administration fiscale devrait passer de 85.000 à 300.000 contribuables
En 2019, le portefeuille de contribuables de l’administration fiscale devrait passer de 85.000 à 300.000 contribuables
La Stratégie de recettes à moyen terme (SRMT) lancée en 2020 fait partie des ruptures marquant le budget de l’année prochaine. Elle tient compte de l’impératif communautaire de limiter le déficit budgétaire à 3% du PIB en mettant l’accent sur la mobilisation des ressources internes au lieu d’un endettement massif. Pour sa mise en oeuvre, l’Etat compte lancer une vaste offensive pour faire passer le taux de pression fiscale de 17,7 % en 2020 à 20% d’ici 2023. Pour résumer l’ambition de la SRMT, c’est « l’élargissement de l’assiette » par une politique de recrutement et de fidélisation de nouveaux contribuables ou de primo déclarants. Mais en vérité, la bataille de l’élargissement de l’assiette a commencé depuis longtemps puisque rien que sur l’année 2019, le portefeuille de contribuables de l’Administration fiscale devrait passer de 85.000 à 300.000 contribuables, un effort qui sera maintenu en 2020.
Le diagnostic du système fiscal dévoile un nombre trop faible de contribuables et d’importateurs qui paient convenablement leurs impôts. Plus de 1000 milliards de francs de recettes fiscales échappent chaque année à l’Etat. La SRMT veut renverser une telle tendance. « Elargir l’assiette fiscale et douanière ne constitue pas seulement un enjeu budgétaire, c’est quasiment un projet de société... Car l’impôt est le lien le plus fort qui rattache l’individu à la Nation. La fraude fiscale et douanière ne cause pas du tort uniquement aux politiques de l’Etat, qui sont ainsi privées de ressources légitimes ; elle représente un coup de canif au contrat social et sape les fondements du vivre-ensemble. Elargir l’assiette, c’est d’abord rétablir l’égalité de tous les citoyens devant les charges publiques ».
Tel un préambule expliquant les raisons de la mise en œuvre de la SRMT. Selon les experts du ministère de l’Economie et des Finances, « dès janvier 2020, sera mise en œuvre une politique de recrutement et de fidélisation de nouveaux contribuables ou de primo-déclarants. Un dispositif d’accompagnement sera mis en place pour identifier les acteurs non immatriculés et les acteurs du secteur informel pour une durée d’au moins deux ans, en fournissant un appui/accompagnement dans le processus de déclaration et une procédure de rappel des échéances. Mais en vérité, la bataille de l’élargissement de l’assiette a commencé depuis longtemps puisque, rien que sur l’année 2019, le portefeuille de contribuables de l’administration fiscale devrait passer de 85.000 à 300.000 contribuables, un effort qui sera maintenu en 2020 ».
La SRMT (Stratégie de Recettes à Moyen Terme) accordera une attention toute particulière au secteur agricole. « Les mesures successives d’exonérations dont il (Ndlr, le secteur agricole) fait l’objet dans le temps l’ont pratiquement défiscalisé. Il convient donc de réfléchir sur la place de la fiscalité dans ce secteur, en déterminant les maillons des chaînes de valeurs de production agricole qu’il n’est pas pertinent de laisser hors du champ de l’impôt » notent les auteurs du budget 2020.
Finalisation de l’interconnexion Douane – Impôts
t tributaire de la performance du système fiscal. Une performance qui continuera de reposer sur les gains de productivité des administrations fiscale et douanière. La Stratégie de Recettes à Moyen Terme (SRMT), couvrant la période 2020-2025 sera mise en œuvre dans l’optique d’adapter le système fiscal et douanier aux évolutions du contexte économique, social, environnemental et numérique. Elle vise aussi à améliorer la productivité des services de recettes, à réduire les coûts supportés par les contribuables pour se conformer à leurs obligations vis-à-vis des administrations en charge de la mobilisation des recettes. « Il s’agit d’une stratégie intégrée puisqu’elle fédère (pour la première fois) des actions qui seront mises en oeuvre simultanément par la Douane et par les Impôts, tout en étant parfaitement cohérentes et complémentaires entre elles.
Du pilotage efficace et du suivi-évaluation de la mobilisation des ressources budgétaires, avec les réformes institutionnelles et organisationnelles qu’ils requièrent, le renforcement de l’efficacité des investissements technologiques pour atteindre la maturité digitale, une meilleure maîtrise de l’information et de son exploitation à des fins de gestion du risque, de contrôle et de renforcement de la conformité fiscale/douanière. La digitalisation souhaitée dans le cadre de la SRMT devrait également augmenter la productivité des administrations en charge de la mobilisation des recettes par l’identification de complémentarités avec d’autres axes tels que celui relatif à la gestion des ressources humaines » lit-on dans le document du budget. Autres mécanismes envisagés, « le renforcement des paiements électroniques dans l’économie pour mieux contrôler les chiffres d’affaires réalisés par les contribuables. » Dans ce cadre, un cadre légal et réglementaire sera créé pour accompagner les tendances actuelles de réduction des transactions en numéraire qui favorisent l’informel. «
En outre, le Gouvernement mettra en service la solution M-Tax dont la mise en production permettra aux contribuables de déclarer et de payer leurs impôts par téléphone mobile. Dans le même sillage, l’administration des Impôts adoptera des solutions numériques pour le contrôle en temps réel des factures afin de renforcer le contrôle sur les chiffres d’affaires et les déductions »disent encore les experts du ministère de l’Economie et des Finances. La finalisation de l’interconnexion de la Douane – Impôts est aussi une grande mesure attendue pour rendre performante la SRMT.
Par Dr Mohamed Lamine LY
APRES LA CHUTE DU MUR DE BERLIN, QUELS REMPARTS CONTRE L’AGRESSIVITE IMPERIALISTE ?
Aujourd’hui, 30 ans après la chute du mur de Berlin, les peuples du monde entier cherchent de nouveaux remparts contre les conséquences néfastes des politiques impérialistes de dépossession de leurs ressources naturelles.
Aujourd’hui, trente après la chute du mur de Berlin, censée inaugurer une ère de paix et de concorde, les peuples du monde entier cherchent de nouveaux remparts contre les conséquences néfastes des politiques impérialistes de dépossession de leurs ressources naturelles.
L’ALLEMAGNE TOUJOURS DIVISÉE
30 ans après la chute du mur de Berlin, l’Allemagne reste plus que jamais divisée. Si les familles se sont retrouvées et si les citoyens sont théoriquement devenus plus libres de leurs mouvements, les inégalités sociales entre classes et groupes de populations persistent et semblent même s’être approfondis. On note, par exemple, que comparativement aux anciens Länder de l’Ouest, les citoyens de l’ex-RDA souffrent davantage de chômage, disposent de moins de revenus et sont moins pourvus en équipements automobiles. Pour ce qui est de l’héritage culturel et idéologique, on note une résurgence de valeurs conservatrices, notamment sur les questions touchant à la religion, au statut de la femme et à l’amitié entre les peuples. On a également assisté à une remise en cause de certains avantages, dont bénéficiaient les citoyens est-allemands, à savoir la gratuité des soins, la scolarité obligatoire de dix ans pour tous, l’emploi et le logement garantis à tous, sans oublier le maintien des prix des denrées de première nécessité à un très faible niveau... Depuis la chute du mur, on a pu observer les difficultés énormes rencontrées par les femmes est-allemandes, couches vulnérables, s’il en est, à trouver du travail ou à conserver leurs emplois, victimes de préjugés machistes, les qualifiant de moins productives. Il y a aussi eu la suppression du congé annuel de maternité, responsable d’une baisse importante de la fécondité, au lendemain de la réunification allemande. Des phénomènes, jusque-là inconnus ou très marginaux, typiques des sociétés capitalistes ont fait leur apparition comme les mendiants, les sans-abris, les agressions racistes par les skinheads... Si le coût social de la réunification tant glorifiée a été aussi élevé, c’est bien parce qu’elle a été pilotée de bout en bout par la bourgeoisie ouest-allemande. Elle a mis sur pied une agence fiduciaire dénommée Treuhandanstalt, qui chapeautait 8.500 entreprises industrielles, 22.000 sociétés de service (banques, assurances, commerces, maisons d’éditions, etc.), et 1,7 million d’hectares de terres agricoles et forestières.
Sans l’aval des citoyens et des élus vivant dans les nouveaux Länder de l’Est, qui n’ont pas été consultés, elle a procédé à une privatisation sauvage des biens de la République démocratique allemande (RDA), après la réunification du pays. La gestion opaque de cet organisme conçu par les esprits retors de la CDU va donner lieu à des pratiques douteuses, permettant aux amis politiques de Kohl, de grands industriels ouest-allemands, de réaliser de somptueuses transactions. Il y a également eu des scandales, de triste mémoire, dont le plus emblématique aura été le dossier Elf-Leuna, qu’instruira la célèbre juge Eva Joly. Refusant d’entendre les recommandations pertinentes de personnalités comme Oskar Lafontaine, les politiciens ouest-allemands choisiront de faire table rase du passé est-allemand et faire une marche forcée vers l’annexion pure.
LA MONTÉE DES PÉRILS AU NIVEAU GLOBAL
Que valent alors les leçons d’humanisme et de morale de la part de ces pays occidentaux, qui n’ont cessé de diaboliser le système est-allemand présenté comme une dictature infâme ? Force est de constater que ces champions autoproclamés des libertés et de la défense des droits de l’homme étaient davantage obnubilés par le fait d’imposer leurs recettes libérales plutôt que de tirer des leçons utiles des expérimentations de changement social mises en œuvre dans les ex-pays socialistes. Les interventions militaires au Moyen-orient, en Asie et en Afrique ont généré l’exclusion, la xénophobie, l’intolérance et le terrorisme, remettant en cause l’existence de plusieurs États (Lybie, Syrie, RDC et même le Mali..etc.). Mais plus grave, même au sein de l’Europe, aujourd’hui théoriquement débarrassée du spectre du communisme, les partis fascistes défaits par l’URSS et tenus en respect, durant toute la période dite de la coexistence pacifique, connaissent un regain de popularité. Ainsi, au niveau de l’Allemagne, le fascisme connaît un essor préoccupant avec la montée en puissance de l’AfD, due à des clivages sociaux persistants entre l’Est et l’Ouest, se traduisant par la perte de vitesse de partis traditionnels comme le SPD, la CDU et la CSU. Au niveau de pays comme l’Autriche ou l’Italie, des forces d’extrême droite sont même parvenues au sommet de l’État.
Le renforcement des forces d’extrême droite est à mettre en rapport avec l’incapacité de la droite classique à résorber les effets de la crise économique de 2008 et celle liée aux phénomènes migratoires, qui se sont accentués ces dernières années. Il y a aussi la faillite du système de représentation démocratique, qu’illustrent à merveille l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis, de Jair Bolsonaro au Brésil, sans oublier le Brexit. Non, notre planète n’est pas devenue plus sûre, après le 9 novembre 1989. Loin d’être la cause première des tensions dans le monde, le mur de Berlin n’était qu’un épiphénomène découlant de l’agressivité de l’impérialisme mondial, qui n’a eu cesse de déstabiliser le camp socialiste. Sa disparition a servi de révélateur à l’hégémonie désastreuse de l’impérialisme occidental sur un monde devenu unipolaire.