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21 juillet 2025
PAR Babacar Gaye
LE TEMPS DES RUPTURES
Militer, c'est surtout compromettre dans l'action, nos libertés individuelles pour ne plus laisser s'exprimer que cette "conscience collective" dont parlait Sartre. Sommes-nous toujours des militants ?
"Ce n'est pas parce qu'on est convaincu que les choses sont sans espoir qu'il faut renoncer à vouloir les changer" Scott Fitzgerald
Ecrire, c’est sortir de ses rêves ou partager des émotions ainsi que des sensations. C’est surtout faire un choix délibéré par nature subjectif, qui peut susciter un débat et exposer l'auteur à des critiques. Pour prendre date et en toute connaissance de cause, j'en prends le risque et décide de partager avec vous un premier jet de mes réflexions sur le devenir de mon parti. Dans une prochaine publication, il sera question de la relecture du Libéralisme social et démocratique.
En effet le Parti démocratique sénégalais, mon parti, est à la croisée des chemins. Piétiné et hésitant, il subit, insoucieux, la singularité de son destin. Loin d'être une fatalité, cette situation nous impose une alternative : l’ériger en conflit ou chercher à lui trouver une solution. Le second qui emporte ma préférence, appelle une introspection collective. Faut-il le rappeler, c'est en toute liberté, dans la dignité, la justice et la fraternité que Maître Wade et ses premiers compagnons l’ont porté sur les fonts baptismaux. Apres privations de liberté, brimades et exactions multiformes, ce commun vouloir d’une alternative au régime de Senghor, s’est matérialisé par une offre politique crédible.
Par un engagement militant, imaginatifs, organisés et solidaires, ces bâtisseurs de cathédrales modernes –- Démocratie, pluralisme politique et syndical, Liberté de la presse - ont été rejoints par le peuple du Sopi, porte-étendard du combat qui a démoli le mythe Jean Collin et un peu plus tard, emporté Abdou Diouf et son régime le 19 mars 2000. C'est également une synthèse de nos diversités et des différences idéologiques, coutumières et doctrinales, acquêts des ralliés post-alternance, qui a permis de mettre en œuvre la vision du Président Abdoulaye Wade.
Ce sera enfin, dans la claire conscience des enjeux politiques de « l'après Wade » et l'énormité de nos responsabilités que nous assurerons, dans un leadership partagé, l'immortalité de l'immense héritage du Maître-fondateur, patrimoine commun à tous les africains. Pour réussir ce pari titanesque, il faut l'avouer, les libéraux doivent retourner à la bonne école du militantisme engagé en manifestant par l'action leur appartenance à une vaste identité collective, et, dans ce sens, renoncer volontairement à leur libre arbitre pour se conformer à des prescriptions qui leur sont communes.
Depuis plus de trente ans, je milite. D'abord en soutenant le nationaliste Cheikh Anta; ensuite par une fréquentation assidue de la gauche clandestine par amitié ou par proximité parentale. C'est à partir de 1980 que Maitre Wade s'est révélé éclaireur de mon viatique politique et a facilité mon adhésion au Pds, même si c'est en curieux que j'ai assisté au 1er Congrès du Pds à Kaolack en 1976. C'est plus tard, en 1982 que j'ai adhéré au parti libéral alors que toutes mes fréquentations idéologiques étaient de gauche.
Militer, c'est surtout compromettre dans l'action, nos libertés individuelles pour ne plus laisser s'exprimer que cette "conscience collective" dont parlait Sartre dans sa "Critique de la raison dialectique". Sommes-nous toujours des militants?
Indubitablement, les responsables que nous sommes doivent le rester. Et pour toutes ces raisons, je revendique ma part de militantisme dans l'édification de la famille libérale, j'assume ma part de responsabilité dans la défaite historique du 25 mars et m'engage, avec un désintéressement absolu, dans la reformulation du projet politique que nous avions en partage.
Sommes-nous capables de poursuivre l'idéal pour lequel nous avons accompagné Me Wade ? Assurément oui. Pour relever ce défi, l'heure n’est pas aux déchirures. C’est le temps des ruptures positives en taisant nos différends, nos querelles et invectives. Alors, en homme libre, je reste engagé dans le combat pour la renaissance africaine et le triomphe du libéralisme social et démocratique.
Certes, nous sommes nombreux à nourrir une telle ambition qui induit droits et responsabilités, quand bien même j'appréhenderais l'image peu reluisante que certains libéraux n'ont pas manqué de renvoyer à nos compatriotes. Sans discernement, ils sont traités d'arrogants, de va-nu-pieds, de corrompus ; une caractérisation surfaite la plus part du temps et, à tort, globalisante souvent par paresse intellectuelle. Même si l'histoire m'a assigné personnellement un rôle dans l'"Alternance", je ne suis comptable d'aucun fait ou comportement immoral, contraire aux principes de bonne gouvernance et en porte à faux avec l'éthique politique. C'est en grande partie à cause de ces errements que les citoyens de tout bord, seuls détenteurs du droit de vie et de mort sur les élites ont, par un vote de rejet, élu Macky Sall. Une victoire de l’alternance sur l’alternative disent certains. En démocrate et républicain conséquent, je réaffirme mon respect dû à l'implacable immanence du suffrage.
Après cette parenthèse douloureuse, pour plusieurs raisons, Me Wade partira. Quand? Les militants souhaitent ardemment qu'il continue de nous accompagner dans l'ultime combat de la reconstruction. Et qu'il contemple heureux, la renaissance d'un parti réorganisé et conquérant, l'une des forces motrices d'un pays au rayonnement duquel il a grandement contribué. Qu'il reste patron du parti jusqu'après la prochaine élection présidentielle emporte ma préférence.
« Rien n’excite autant le sentiment du devoir que l’impossibilité de s’y soustraire ». Alors, j’emprunte à Tristan Bernard cette vertu afin de rester attaché à cette exigence morale, sublimation politique de mon identité singulière. Que personne ne me reproche d'avoir choisi le réalisme au lieu de porter une ambition démesurément prétentieuse. De Gaulle ne disait-il pas que «le caractère est la vertu des temps difficiles». La politique m’a enseigné l’humilité.
Le PDS a été plongé dans des contre-valeurs et des combines. Or ceux-là qui veulent porter le combat de la réorganisation, ne sont pas exempts de reproche dans la situation que vit le parti pour n'avoir pas assumé leurs responsabilités quand ils en avaient les possibilités. Malheureusement, il faut reconnaitre que les péripéties du congrès d'investiture du CICES qui a consacré le choix d'un Coordonateur général, n'ont pas facilité les conditions d'une transition démocratique. Cependant, je préfère de loin les responsables qui ont assumé leur désaccord en traçant, dès le départ, leur propre voie à ceux qui, croyant avoir endormi leurs copains et coquins d'hier, organisent la rébellion. S’il est possible de sortir le parti de cette impasse, il urge d'engager une profonde réflexion sans a priori et opérer des ruptures épistémologiques tel que Althusser les a empruntées à Gaston Bachelard qui en parle dans « La formation de l'esprit scientifique ».
Même difficile, la situation est loin d’être désespérée. Comme le sphinx, le parti a les moyens de se donner une nouvelle existence en jetant "un regard éloigné" sur son passé. Sans exclure personne, mêmes ceux qui ont rejoint le camp des vainqueurs, tout le monde doit y mettre du sien, y compris ceux qui espèrent un avenir politique en dehors du Pds. Je cite pêle-mêle: Idrissa Seck, Pape Diop, Mamadou Seck, Souleymane Ndéné Ndiaye, Dr Lamine Ba, Abdoulaye Balde, Dr Aliou Sow, Aminata Lo etc. En interne, un débat franc doit s’instaurer et se consolider, sous l'égide d’Oumar Sarr et, avec d'une part Modou Diagne Fada, Habib Sy, Ousmane Ngom, Aida Mbodj, Khafor Toure, Abdoulaye Seydou Sow, Mamadou Bassirou Kebe, Mamadou Lamine Keita etc; et de l'autre, Awa Diop, Samuel Sarr, Madicke Niang, Doudou Wade, Aziz Diop, Toussaint Manga, Wore Sarr, Ibra Diouf Niokhobaye, Tafsir Thioye, Fabouly Gaye, Saer Gueye, Lamine Ba, etc. Cette énumération est indicative et n'exclut aucun responsable porteur d'idées.
Par contre, si cet exercice échoue, ceux qui ont sonné la révolte devraient se résoudre à assumer leurs responsabilités totales dans les ruptures qui se profilent à l'horizon. A moins que les uns et les autres se ressaisissent à temps. La politique ne se résume pas à la quête effrénée de positions et d'avantages. Elle a une vocation beaucoup moins égoïste et plus noble. Elle doit inspirer et attirer les plus jeunes par la promotion de valeurs de liberté, de démocratie, de tolérance, de justice sociale et de progrès. Il est aussi vrai que si les grands hommes sont soucieux d'éthique, les petits préfèrent les étiquettes.
Oui à la réorganisation du Pds. Mais plus que des renouvellements, le parti a besoin d'une solide refondation, préalable à la reconstitution de la famille libérale. Le temps d'un Pds hégémonique étant révolu, le respect de la spécificité de chacun et de tous est nécessaire pour l'émergence d'un seul cadre organique de coopération politique. Le réalisme voudrait que l’émiettement de nos forces à la suite de la perte du pouvoir, serve de catalyseur à un pluralisme créatif. De valeureux militants se sont toujours battus pour garder un groupe soudé alors que d'autres étaient obnubilés par des positions de pouvoir, oubliant leur devoir d’encadrement de la réflexion prospective consubstantielle à la reconnaissance du bien au service duquel nous restons engagés.
Dailleurs je ne vois pas transparaitre dans le parcours de ces derniers une compétence éprouvée pour opérer les ruptures générationnelle, idéologique, programmatique et managériale. Ces ruptures ont vocation à générer une nouvelle offre politique qui passe par le changement des fondamentaux du parti et la promotion d'un leadership partagé corollaire d'un management moderne. Ces nouveaux paradigmes sont indispensables à la quête du progrès qui est l'ultime objectif de l'action politique.
Pour reconquérir la confiance des citoyens désabusés par la désinformation et l'intoxication médiatique, le PDS a besoin de réformes pour s´adapter aux nouvelles réalités de l'espace politique qui a subi, il faut s'en convaincre, des mutations profondes. Notre parti ne faisait plus rêver à cause de comportements négativement appréciés par nos compatriotes.
Cependant depuis quelques temps et il faut s'en féliciter, les données changent avec l'irruption massive de jeunes et de personnalités issues de la société civile dans nos rangs après l'arrestation injustifiée et la détention arbitraire de Karim Wade dont le martyre a bouleversé toutes les certitudes d'alors. Face à cette nouvelle situation dont il faut tenir compte, il urge d'avoir une autre approche qui transcende les clivages internes, les incompréhensions et les ambitions personnelles. La problématique de la réorganisation du parti passe par une approche holistique qui n’exclut personne du jeu et principalement Karim qui semble boucher l'horizon de quelques prétendants au fauteuil.
Des esprits "simplistes" seraient tentés de me cataloguer "Karimiste". Le cas échéant, à l'instar des "dreyfusards", je réaffirme mon engagement dans les luttes pour la démocratie, les libertés et l'Etat de droit. Qui plus est, une analyse froide et objective du contexte m’oblige à admettre qu'au-delà du parti et sans apport déterminant de son père, il a gagné des galons et devient un cas politique intéressant. L'admettre, c’est se rendre à l’évidence. Mêmes ses concurrents connus et potentiels lui reconnaissent cette aura et l'intègrent dans leur propre agenda. A la différence de ceux-ci, notre ultime combat se résume à accompagner Maitre Wade vers la grande porte de l'histoire que le parti et le Sénégal doivent lui ouvrir.
Au demeurant, le débat de la restructuration ne peut pas se circonscrire entre les Karimistes, Sarristes, Fadaistes, Aïdaistes ou que sais-je encore. Il serait alors malsain et réducteur. Pour être fécond, il doit aussi intéresser tous les ayant-droits à l'héritage politique de Me Wade. Même si chacun a le droit d'avoir des ambitions pour présider aux destinées du parti en reconstruction après une contre-performance électorale, il faudrait au préalable que les prétendants en aient les moyens moraux, intellectuels, humains et politiques.
En attendant, l'heure est au rassemblement autour du Secrétaire général national qui doit encourager et encadrer la réflexion prospective à travers l'émergence de cercles d’échanges et d’animations politiques, de courants de pensées. Contrairement aux mouvements et clans personnalisés, facteurs de division et de dislocation du parti, ces creusets sont sources d'enrichissement fécond et porteurs de progrès. Les groupes politiques déjà en gestation ont leur place dans ce projet politique de grand rassemblement. Oui, l’alternative réelle est à chercher dans le Rassemblement! L’heure étant aux grands ensembles.
En effet, contrairement à ce qu’en pense Me Wade - eh oui, il arrive que nos positions divergent - les courants de pensée sont consubstantiels à la reconstruction de la grande famille libérale dont l'épine dorsale reste le Pds. Ces cadres de réflexion sont une réponse à la tyrannie de l'unanimisme, un remède à l'immobilisme et un palliatif à l’exclusion. Ils sont surtout une bonne approche et une alternative palliative aux échappées solitaires sans lendemain. J’attends de de mes freres et soeurs Libéraux, le retour aux valeurs et la formulation d’idées novatrices et l’élaboration d’un projet politique structuré, cohérent et impersonnel.
Dans Un Destin pour l'Afrique, évoquant l'absence de dialogue et de débats entre les élites africaines, Me Wade disait: "Les dirigeants doivent comprendre que toute expression d'opinion divergente n'est pas nécessairement hostile et, mieux encore, lorsque les choix engagent le devenir de toute une nation- j'allais dire un parti- il est normal, pour éviter des erreurs comme celles qui ont été commises depuis l'indépendance, que toutes les opinions soient écoutées". J'ajoute: pour que celles-ci soient écoutées et entendues, il faudrait au préalable qu'elles existent, qu'elles s'organisent et s'expriment librement. Je lui emprunte sa pensée pour appeler à un débat d’idées dans les organisations politiques de type démocratique.
Certes l'hégémonisme partisan s'est effondré, mais l'émiettement en petites chapelles serait contre-productif si aucune passerelle de coopération n’était encouragée. Car même sans disparaitre, les lignes de démarcation idéologique s'estompent au contact de l'exigence de plus d'éthique dans l'action politique, plus de démocratie participative, et plus de solidarité à l'égard des couches vulnérables. S’il est logique de faire du Pds, le réceptacle de ces idées novatrices, l’autonomie des partis nés de ses flancs devrait être garantie, le temps des concertations.
Alors, pour la formulation d'une nouvelle offre politique à partir d'une démarche inclusive et d’un leadership partagé, j’invite au lancement et à l’animation d’un large courant : "Libéralisme, Ethique et Solidarité". Au-delà du cadre étriqué du Pds, c’est autour de ces valeurs que je convie mes compatriotes du Centre-Gauche en général et en particulier, mes sœurs et frères en quête de repères. « Les Libéraux d’origine et d’adoption » dont parlait Me Wade doivent refuser cette chienlit et à engager le processus de leurs retrouvailles par la création du "RASSEMBLEMENT des LIBERAUX et des DEMOCRATES". Cette alliance dont le nom importe moins pour moi, rassemblerait, sur un objectif commun – la reconquête démocratique du pouvoir – et une stratégie commune, les forces vives et saines du Centre-Gauche afin de parachever la construction d'un Etat fondé sur les valeurs de la République et la Démocratie, l’Etat de droit et la Justice sociale, l'Ethique et l'Equité, l'Egalité des chances et la défense du bien commun.
En effet, sans remette en cause l’existant, ce cadre devrait se distinguer à travers un nouveau Projet politique. Et comme le disait Pascal, "nous sommes tous embarqués" dans une refondation pour laquelle, il n’est point question de contraindre les acteurs à rentrer dans les rangs ou à regagner la maison du père. Il s’agit plutôt d'organiser un "Bad-Godesberg" libéral, faire notre introspection et jeter les bases d’une "ascension de convergence" afin de créer les conditions du développement dont notre pays a besoin. C'est une exigence de raison que devraient porter les jeunesses libérales et démocratiques encore vierges de toute compromission.
Pour conclure, et comme le pense Hermaan Hoppe, "Le cours de l’histoire est déterminé par les idées, qu’elles soient justes ou fausses, et par les hommes dont elles inspirent les actes". Aussi, quand les idées cessent de s'entrechoquer, l'obscurantisme qui se nourrit de la misère des peuples prend le pouvoir et installe l'immobilisme et le chaos. Or donc, débattons !
Texte publié en juillet 2015 par l'auteur.
POURQUOI LES BLANCS SONT DES "EXPATRIÉS" TANDIS QUE TOUS LES AUTRES SONT DES "IMMIGRÉS" ?
« Dans le lexique de la migration humaine, il y a toujours des mots hiérarchiques, créés avec l’intention de placer les Blancs au-dessus du reste du monde », selon Mawuna Remarque Koutonin, rédacteur en chef de SiliconAfrica.com
Express Business |
Audrey Duperron |
Publication 18/08/2019
Le monde établit une distinction remarquable entre “l’expatrié” blanc et les autres migrants, observe Mawuna Remarque Koutonin, rédacteur en chef de SiliconAfrica.com.
« Dans le lexique de la migration humaine, il y a toujours des mots hiérarchiques, créés avec l’intention de placer les Blancs au-dessus du reste du monde », écrit Mawuna Remarque Koutonin, ajoutant que le concept d’expatrié est l’un d’eux.
Selon Wikipedia, un expatrié est “une personne résidant temporairement ou de façon permanente dans un pays autre que celui où il a été élevé”. Avec une telle définition, on devrait s’attendre à ce que toute personne partie travailler dans un autre pays pour un certain temps soit qualifiée d’expatriée, quelle que soit sa couleur de peau ou son origine, mais il n’en est rien. Le mot expatrié est un terme réservé exclusivement aux blancs occidentaux qui vont travailler à l’étranger.
Les Africains, les Arabes, les Asiatiques, sont tous des immigrés. “Les Européens sont des expatriés parce qu’ils ne peuvent pas être au même niveau que les autres ethnies. Ils sont supérieurs. Immigrants est un terme réservé aux ‘races inférieures’”, écrit Koutonin.
Deux poids, deux mesures
Il note que le journal financier américain The Wall Street Journal, une publication de premier plan dans le monde, a lui-même abordé cette question. Le journal consacre d’ailleurs un blog consacré à la vie des “expat” et s’est aussi questionné sur les subtilités de l’emploi de ce terme.
« Certains immigrants sont décrits comme des expatriés ; d’autres comme des immigrés ; certains sont simplement catégorisés comme des migrants. Cela dépend de la classe sociale, du pays d’origine et du statut économique. Il est étrange que certaines personnes à Hong Kong soient décrites comme des expatriées, mais pas d’autres. Toute personne ayant des racines dans un pays occidental est considérée comme un expatrié … Les domestiques philippines ne sont que des “invitées”, même lorsqu’elles sont là depuis des décennies. Les Chinois continentaux parlant le mandarin sont rarement considérés comme des expatriés … C’est un « double standard » imbriqué dans la politique officielle”, avait conclu le journal.
Les cadres supérieurs Africains ne sont jamais des « expatriés »
Koutonin souligne que l’on observe le même phénomène en Afrique et en Europe. “Les meilleurs professionnels africains qui travaillent en Europe ne sont jamais considérés comme des expatriés, mais comme des immigrés. Et lorsqu’ils sont hautement qualifiés et qu’ils sont employés par des entreprises occidentales, on les répertorie non pas comme des expatriés, mais comme des “immigrants hautement qualifiés”.
Les vestiges du suprémacisme blanc
“La plupart des Blancs nient qu’ils bénéficient des privilèges d’un système raciste. Mais notre responsabilité est de les signaler et de mettre fin à ces privilèges, qui sont directement liés à une idéologie suprémaciste dépassée”, affirme Koutonin.
Il conclut par un conseil : “Si vous voyez ces “expat” en Afrique, appelez-les immigrés, comme tout le monde », dit Koutonin. Si cela heurte leur supériorité blanche, eh bien tant pis. La déconstruction politique de cette vision du monde dépassée doit continuer”.
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« LE NOUVEAU DÉCRET ANTI-TABAC AURA UN IMPACT ÉCONOMIQUE EXTRAORDINAIRE »
Le cancérologue Abdoul Aziz Kassé salue les avancées du Sénégal dans la lutte contre le tabagisme et exhorte le chef de l'Etat à signer le décret relatif à l’implantation des débits de tabac dans le pays - ENTRETIEN
Le docteur Abdoul Aziz Kassé se réjouit des victoires du front antitabac sur l’industrie du tabac, mais refuse tout triomphalisme. Il croit dur comme fer que d’autres succès suivront, mais ne s’abandonne pas à un optimisme béat. Dans cet entretien, le cancérologue salue les avancées du Sénégal dans la lutte contre le fléau, surtout avec l’adoption de la loi antitabac en 2014, mais prévient que le chemin vers la victoire finale est encore long. D’où son appel au Président Macky Sall pour la signature du décret relatif à l’implantation des débits de tabac. Une mesure qui, souligne-t-il, au-delà de ses bienfaits au plan sanitaire, comporte des bénéfices économiques.
Docteur, ces dernières années, particulièrement au Sénégal, le front antitabac a remporté d’importantes victoires sur l’industrie du tabac. A quoi doit-on ces succès ?
Nous devons commencer par des remerciements adressés à Monsieur le président de la République du Sénégal (Macky Sall, ndlr). Parce que depuis 1975, nous nous battons contre le tabagisme, qui est, avec les maladies non transmissibles, l’un des plus gros fléaux du 21e siècle pour la santé de la jeunesse et le développement. Et le Président l’avait si bien compris que très tôt, dès 2012, il avait chargé le ministre de la Santé et les députés de la douzième législature, de faire une loi forte. Cette loi qui a été votée en 2014, tous les pays africains nous l’envient. Une semaine après son adoption, le Président l’a promulguée. Cela veut dire qu’il y avait une volonté politique clairement exprimée. Malheureusement, bien entendu, nous avons dû mettre deux ans pour pouvoir faire les premiers décrets d’application, et ces décrets d’application ont été promulgués et signés par le président de la République.
Le chef de l’État n’a pas encore signé le décret relatif à l’implantation des débits de tabac. Cela ne remet-il pas en cause la volonté politique affichée par les autorités à travers l’adoption de la loi antitabac en 2014 ?
Il est clair qu’il y avait encore beaucoup à faire. C’est-à-dire qu’il y avait des arrêtés ministériels à faire. La plupart des arrêtés ont été signés. Le premier de ces arrêtés porte sur les avertissements sanitaires. Excellente réussite du Sénégal ! Il faut se réjouir que le Sénégal ait fait des pas en avant que très peu de pays africains peuvent revendiquer. Aujourd’hui l’industrie du tabac ne viendra plus dans les ministères pour nous imposer notre politique de santé. Donc en application de l’article 5.3 de la Convention cadre de l’Oms (Organisation mondiale de la santé, ndlr) pour la lutte antitabac, le Sénégal s’est refusé à laisser l’industrie du tabac s’immiscer dans la définition de nos politiques de santé. La deuxième source de satisfaction doit nous venir de la taxation. Tant que la cigarette ne coûtera pas cher, les jeunes pourront l’acheter, les pauvres également. Et donc le tabagisme va augmenter dans ces deux points clés de notre société. Aujourd’hui, le Sénégal a dépassé le plafond de taxation de l’Uemoa (l’Union économique et monétaire ouest-africaine, ndlr) ; il va vers le plafond de taxation de la Cedeao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, ndlr). Nous encourageons les autorités fiscales et le ministère des Finances dans la démarche qui est la leur : augmenter et augmenter et augmenter le prix du tabac.
Malgré tout l’industrie du tabac ne semble pas près de rendre les armes.
Vous ne verrez plus dans un seul coin de Dakar de la publicité pour le tabagisme. C’est extraordinaire ! Vous ne verrez plus de promotion du tabac. Vous ne verrez plus de parrainage des sociétés de tabac. Ceci est important car 92% des fumeurs ont commencé à l’âge du secondaire et l’industrie du tabac les avait ciblés par une politique de publicité, de promotion et de parrainage. Les fumeurs sont sous-informés à cause de l’industrie du tabac qui leur faisait croire que seul l’abus était dangereux. On a réussi à mettre sur 70% des deux faces principales de tous les emballages du tabac des avertissements sanitaires par des photos, des images en couleur que nous changeons régulièrement. Chaque année dans le monde les fumeurs tuent 800 mille non-fumeurs, c’est inadmissible ! C’est pourquoi il fallait interdire de fumer dans les lieux ouverts au public et dans tous les lieux publics.
Cette disposition de la loi anti-tabac n’est pas strictement respectée sur le terrain.
Cette question, nous allons nous battre pour la régler. Nous sommes en train, avec le gouvernement du Sénégal, de nous battre aussi pour que le tabac ne se vende plus n’importe où, par n’importe qui et à n’importe qui. Donc il faut des débits spécialisés dans la vente du tabac et des produits du tabac. Toute l’administration sénégalaise, vent debout, autour du secrétariat du gouvernement, s’est réunie en comité technique et, après la réunion, a rédigé un décret permettant de définir les conditions de vente du tabac au Sénégal dans des débits spécialisés du tabac. Cette mesure n’a pas qu’une valeur dans la lutte contre le tabac. Elle a aussi un impact extraordinaire sur le plan économique.
Comment, concrètement ?
Premièrement, aujourd’hui, nous savons qu’il y a plus de dix mille points de vente du tabac. Et si on les transformait en des kiosques pour vendre que du tabac et que ces kiosques soient gérés par des femmes et des jeunes, combien d’emplois pourraient ainsi être créés et combien de jeunes pourraient ainsi générer leurs propres ressources pour vivre ? Mais ce n’est pas tout. Ces débits de tabac relèvent de l’administration territoriale. Donc les mairies vont donner des autorisations payantes pour ouvrir des débits de tabac. Ce sont des sources de revenus additionnels pour les communes. C’est une situation gagnant-gagnant. C’est pourquoi nous faisons appel aux autorités de la République pour que ce décret puisse arriver très rapidement sur la table de Monsieur le Président de la République, qu’il puisse arriver au Conseil des ministres, pour qu’enfin ce décret puisse servir à améliorer le travail commencé par le Président de la République pour offrir des emplois aux jeunes.
Que comptez-vous faire pour pousser les autorités à signer le décret relatif à l’implantation des débits de tabac ?
Nous nous réservons la perspective de rencontrer les autorités compétentes. Nous porterons le plaidoyer le plus loin possible, jusqu’au niveau des différents ministres pour, avec eux, prendre ce dossier en main et le faire aboutir. Imaginez un seul instant que la Direction pour l’Entreprenariat Rapide (DER) en fasse son cheval de bataille, combien d’emplois, combien de jeunes, combien de mairies pourraient tout de suite y trouver des voies et moyens pour générer des ressources additionnelles, des emplois et, bien entendu, améliorer les conditions de vie de la jeunesse sénégalaise ?
Justement, avec tous ces avantages en vue, pourquoi le décret n’est pas encore signé ? Ne craignez-vous pas une main de l’industrie du tabac ?
Je ne suis pas dans le secret de l’agenda présidentiel. Mais je pense, au vu de tout ce qui s’est passé récemment, depuis l’élection du Président de la République, que celui-ci est très chargé. Et qu’à ce titre je ne doute pas un seul instant que si le Président de la République est informé de ce qui se passe, il fera comme il a toujours fait pour le mieux dans lutte contre le cancer et dans la lutte contre le tabagisme.
Les maladies liées au tabac sont-elles en progression ou en régression au Sénégal ?
Pendant des décennies nous nous étions trompés, croyant que n’étaient prioritaires que les maladies dites infectieuses. Et très tôt, il y a 39 ans, j’avais attiré l’attention au Sénégal pour dire que la première cause de décès, après 40 ans, était liée à des maladies non transmissibles. Cela ne veut pas dire que le paludisme a disparu. Cela ne veut pas dire, non plus, que le sida a disparu. Mais cela veut dire que, à côté du sida et du paludisme, nous avons les maladies non transmissibles telles que les maladies cardio-vasculaires. Savez-vous que plus d’un tiers des Sénégalais sont hyper-tendus ? Savez-vous que les accidents vasculaires-cérébraux augmentent ? Savez-vous que les infarctus du myocarde, les crises cardiaques, peuvent atteindre des hommes de 19 ans au Sénégal, ce qui était impensable il y a 30-40 ans ? Savez-vous que plus d’un quart des Sénégalais souffrent de diabète et que la plupart d’entre eux ne le savent pas ? Savez-vous qu’il y a plus de sept cent mille Sénégalais qui ont un problème avec leurs reins et que la plupart d’entre eux ne le savent pas ? Savez-vous que le cancer a frappé la porte de chaque maison ?... Aujourd’hui ces maladies dites «non transmissibles» sont devenues la première cause de décès. Il est temps de faire de la prévention.
Que préconisez-vous dans ce sens ?
Il n’y a que cinq gros problèmes à régler dans ce pays pour la prévention de ces maladies. Le premier facteur s’appelle le tabac, le deuxième c’est l’alcool, le troisième est relatif à la consommation exagérée de produits gras, le quatrième concerne une consommation excessive de sel et le cinquième une surconsommation de sucre. Tout ceci crée beaucoup de choses dont du surpoids. Et si en plus de ce surpoids, la modernisation de nos activités nous pousse à rester sédentaires, vous comprenez parfaitement que toutes ces maladies puissent encore et encore continuer à tuer beaucoup de Sénégalais, à les rendre malades ou à leur laisser des handicaps.
L’industrie du tabac ne semble pas à court de nouvelles stratégies pour fidéliser les fumeurs et attirer des fumeurs potentiels. Comment lui faire face ?
L’industrie du tabac trouvera toujours des moyens d’évitement. L’industrie du tabac avait ciblé sur le plan marketing différentes couches de la population. L’industrie du tabac va essayer de changer les modes de délivrance du tabac et des dérivés du tabac. L’industrie du tabac va essayer plusieurs tactiques, mais il y a deux réponses à lui apporter. Premièrement, un changement de politique, et c’est ce que nous faisons à travers l’arsenal juridique, qui doit être voté, c’est fait ; implémenté par des décrets et arrêtés, c’est en cours, et surtout appliqué sur le terrain. La deuxième action, qui est très importante et dont il ne faut jamais se lasser, c’est la sensibilisation pour un changement de comportement.
Comment réussir la sensibilisation si, par exemple, autour des établissements scolaires la vente de cigarettes est libre, contrairement aux dispositions de la loi ?
Quatre-vingt-douze pourcent de ceux qui ont fumé ont commencé à l’âge du secondaire ? Et si nous rêvions un seul instant de sanctuariser l’école sénégalaise, c’est-à-dire faire appliquer une note de service interdisant toutes formes d’usage du tabac et des dérivés du tabac dans l’école sénégalaise ? Les dispositions réglementaires du Sénégal interdisent à quiconque de vendre de la cigarette à deux cents mètres autour des établissements scolaires. Et si jamais l’administration territoriale, un seul instant, appliquait cette disposition, cela voudrait dire que 92% de ceux qui veulent commencer à fumer, ne commenceront pas à fumer. Et ce n’est guère qu’une seule mesure. Nous devons sensibiliser les jeunes Sénégalais pour qu’ils aient une capacité de révolte pour dire «ça ne passera pas par moi !». L’industrie du tabac n’y pourra rien !
Comment appréciez-vous la contribution à la lutte contre le tabac d’organisations dédiées comme Tobacco Free Kids ?
Je demeure convaincu que si je n’avais pas rencontré en son temps, à Washington et à New York, American cancer society, qui avait fait de moi un de ses 60 «ambassadeurs globaux de lutte contre le cancer», si je n’avais pas rencontré en son temps, Campaign for Tobacco Free Kids, et si ensemble nous n’avions pas travaillé avec la Société civile, le ministère de la Santé, et précisément deux personnes, Monsieur Oumar Ndao (premier point focal tabac au ministère de la Santé, aujourd’hui à la retraite, ndlr) et Monsieur Mamadou Bamba Sagna (Coordonnateur de Campaign for Tobacco Free Kids en Afrique de l’Ouest, ndlr), je ne crois pas que le Sénégal aurait fait des avancées aussi importantes dans la lutte contre le tabagisme.
Je demeure convaincu encore une fois que si nous n’avions pas réussi à faire, sur le plan de la rédaction, les textes réglementaires qui ont abouti au projet de loi du Sénégal, je ne crois pas que la lutte contre le tabac aurait atteint le niveau actuel. Je ne crois pas que si nous n’avions pas le soutien de Campaign for Tobacco Free Kids, nous aurions pu «contaminer» différents pays d’Afrique. Beaucoup de pays d’Afrique sont en train, actuellement, d’imiter le Sénégal, et même parfois de faire tout aussi bien, voire mieux.
Il nous faut continuer avec tous ces partenaires étrangers pour, encore une fois, ne pas baisser les bras et ne pas faire croire que l’industrie du tabac est en train d’avancer, ce n’est pas vrai. C’est la Société civile qui est en train d’avancer. À chaque fois que l’industrie du tabac s’excite, c’est parce qu’elle est en train de perdre du terrain. Il y a de quoi se réjouir de cette union sacrée entre la Société civile, les gouvernants et la population.
PAR Abdou Diaw
DISCIPLINE BUDGÉTAIRE
Aujourd’hui, la rupture, la gestion sobre et vertueuse, tant claironnée sur les toits, ne doit point être un simple slogan ou effet de mode, mais un impératif et une exigence
Sans nul doute, le premier mandat du chef de l’Etat, Macky Sall, a été marqué, sur le plan des finances publiques, par deux éléments essentiels : la tendance baissière du déficit public (il est attendu à 3.0% en 2019) et les budgets record enregistrés au cours des deux dernières années. Le projet de loi de finances 2019 était arrêté à 4 071.8 milliards de F Cfa, contre 3709 milliards de F Cfa pour la loi de finances de 2018.
Dans l’analyse budgétaire, il est bien connu qu’une loi de finance initiale est exécutée suivant plusieurs postes de dépenses fondamentaux à savoir les dépenses de fonctionnement, de personnel (masse salariale), le service de la dette, l’investissement. Intéressons-nous au budget de fonctionnement dans lequel on peut inscrire l’acquisition des véhicules de l’administration. Ceci remet au gout du jour la sempiternelle question des fonds alloués à l’achat des moyens logistiques de l’Etat, notamment, le parc automobile mais aussi la manière dont ces véhicules de services et de fonction sont gérés au sein de l’appareil étatique.
Achat de véhicules pour l’administration, voilà un des postes budgétivores qui n’a pas laissé guère indifférent le chef de l’Etat, Macky Sall. Ce dernier, lors de la cérémonie de lancement du Programme d’appui à la modernisation de l’administration (Pama), le 5 août 2019, à Diamniadio, révélait que 307 milliards de F Cfa ont été dépensés, depuis 2012, pour l’acquisition de véhicules destinés à l’administration. Ce qui correspond à près de 43 milliards de FCfa par an. Non sans compter les autres dépenses exorbitantes relatives à l’achat du carburant, à l’entretien et à la maintenance de ces moyens logistiques. S’y ajoute la facture salée de la téléphonie qui passe de 16 à 17 milliards de F Cfa par an. Cette sortie du chef de l’Etat, qui a fait l’objet de vives polémiques au sein de l’opinion, repose le débat sur l’utilisation du patrimoine de l’Etat.
Ces deux dépenses qui frisent le gaspillage ne sont que la partie visible de l’iceberg. Outre les véhicules, le président de la République aurait dû ajouter sur sa liste ces innombrables mobiliers (armoires, chaises, bureaux, bibliothèques…) non utilisés qui jonchent sur le sol de certains services de l’administration ; ou bien encore de ces voitures, toutes neuves, jetées dans ces parkings à ciel ouvert. Autant de matériels de valeurs soumis à un amortissement forcé en raison d’un défaut d’entretien de la part de leurs propriétaires. Oui, le manque d’entretien, un mal sénégalais ancré dans nos habitudes, inutile de s’y attarder. Bien évidemment, l’argent ayant servi à l’achat du patrimoine logistique ou mobilier de l’Etat n’est qu’une partie du budget national consacrée aux dépenses de fonctionnement. Donc, des ressources publiques, dont une bonne partie est issue des impôts collectés auprès de pauvres citoyens. Une raison suffisante pour l’Etat d’être plus rigoureux dans l’octroi des crédits en instituant une politique de rationalisation et d’optimisation des financements.
Il a également cette prérogative d’imposer une discipline budgétaire à toutes ses entités déconcentrées afin d’aboutir à une utilisation efficiente et efficace des crédits. Que tous les maillons de la chaîne qui seraient impliqués dans l’acquisition de ces biens publics soient soumis à la rigueur des cahiers de charges relevant de son service. Aujourd’hui, la rupture, la gestion sobre et vertueuse, tant claironnée sur les toits, ne doit point être un simple slogan ou effet de mode, mais un impératif et une exigence.
par Alassane Kitane
ET SI WADE AVAIT FINALEMENT RAISON ?
Il faut tenter de lire les nominations de Wade en fonction du contexte marqué par l’absence d’un leader charismatique au PDS, le dialogue national, les scandales du pétrole et l’image qu’on a désormais de ceux qui ont condamné Karim…
Da la problématique de la dévolution monarchique à la décision de la CREI, le PDS a, du moins depuis la perte du pouvoir, un destin étroitement lié à la personne de Karim Wade. Sans rien préjuger de sa légitimité politique et même de ses compétences, on peut tout de même concéder qu’il a été l’arme dont se sont servi, aussi bien les adversaires politiques que les frères du même parti pour se positionner. Il y en a dans l’opposition dont l’ascension n’est due à aucune compétence, si ce n’est la cruauté avec laquelle ils ont pénalement, socialement et politiquement liquidé Karim Wade.
Au sein de PDS, on a rivalisé d’ardeur dans la défense du fils de Wade pour avoir la confiance de Wade. Entre les deux postures, il y a cependant des citoyens et des militants pro ou anti-Karim pour des raisons qui n’ont rien à voir avec la politique. Mais de façon générale, la fibre affective, pour ne pas dire la passion, a fait son travail aussi bien pour les libéraux que pour leurs adversaires. Tandis que la haine contre le fils de Wade grandissait et s’ennoblissait d’un côté ; l’amour, la commisération et l’indulgence s’amplifiaient de l’autre.
La question de la culpabilité ou non de Karim Wade ne peut plus être aujourd’hui un élément déterminant dans l’analyse de la situation politique du PDS et même du pays. Que la façon dont Wade gère son parti soit anormale en démocratie, je pense que personne n’en disconvient : la question est plutôt avons-nous réellement des partis démocratiques ?
Si nous voulons faire une analyse lucide, nous devons apprendre à formuler nos postulats et nos énoncés en dehors des considérations subjectives et morales. Ce que Wade aurait dû faire (moralement parlant) n’est pas forcément rentable sur le plan politique. Ce qu’il aurait dû politiquement faire n’est pas, à notre avis, mesurable a priori. Il faut tenter de lire les nominations de Wade en fonction du contexte marqué par l’absence d’un leader charismatique au PDS, le dialogue national, les scandales du pétrole et l’image qu’on a désormais de ceux qui ont condamné Karim… Plusieurs paramètres nous semblent devoir être pris en compte pour tenter de comprendre (sans nécessairement partager) les mesures que Wade a prises pour redonner à son parti plus de vitalité.
D’abord le contexte du dialogue national semble avoir brouillé les calculs de Wade et du PDS. Le boycott est, on le sait, une arme politique à double tranchant. Sur quoi va déboucher ce dialogue ? Personne ne peut pour l’instant présager de ce qu’il en résultera concrètement, mais sur le plan politique, on peut s’attendre à deux consensus : un code électoral consensuel et un desserrement de l’étau politico-judiciaire (par une loi d’amnistie ?) ou (pourquoi pas ?) un gouvernement élargi pour apaiser le conflit sur le pétrole… Or n’oublions pas que Karim s’accroche toujours à l’injonction que les Nations Unies avaient faite au gouvernement de réexaminer son procès. Les répliques du genre « L’État ne va pas reprendre le procès, la condamnation est définitive, etc. », n’ont pas beaucoup de sens en politique. Pourquoi Karim devrait-il jouer le jeu du gouvernement en participant à un tel dialogue dont l’issue sur une loi d’amnistie faciliterait la tâche du gouvernement car, d’une pierre, il ferait deux coups…
Ensuite, si l’opposition commet l’imprudence de participer à un gouvernement d’union nationale, ce serait une catastrophe pour elle, mais ce serait pire pour le PDS. Des membres du PDS qui seraient dans le gouvernement pourraient jouer un jeu doublement trouble : soit se servir de leur position pour faire main-basse sur le parti, soit l’affaiblir par des agissements favorables au parti au pouvoir. De toute façon, les frustrations qu’un tel entrisme pourrait provoquer seraient probablement plus dévastatrices pour le PDS. Le pire pour Wade, c’est que le cas Karim était devenu une sorte clef passe partout dont tout le monde se sert pour régler des comptes. Pourquoi alors ne pas tenter d’infléchir la situation en assumant clairement ce que tout le monde le soupçonne de vouloir faire ou d’avoir déjà fait ? Cette posture a au moins un mérite : clarifier le jeu et l’enjeu politiques internes au PDS et fédérer les jeunes qui croient en Karim autour d’un parti nouveau ou d’un PDS en quête d’un renouveau. C’est évidemment risqué voire suicidaire, mais ils n’y a pas de projet politique sans risque : les jeunes ont l’avantage de ne pas être obligés de justifier le passif de la gestion antérieure, parce qu’ils ne sont comptables de rien. Personne d’entre eux n’a un dossier à la CREI ni dans les organes de contrôles.
En outre, puisque c’est seul Karim qui a été jugé sur les vingt trois mis en cause par la CREI, pourquoi vouloir lui infliger une double peine ? Tous les esprits sensés s’accordent sur le caractère barbare d’une telle juridiction : donc ses décisions ne peuvent pas avoir de légitimité, même si elles restent légales. Pourquoi devrait-on confier le PDS à d’autres accusés des mêmes crimes et dont personne ne sait comment ils ont réussi à se tirer d’affaire ? Pourquoi la CREI a (ne serait-ce que de manière informelle) suspendu ses poursuites contre les anciens dignitaires du PDS ? Trois ans de prison et pourtant Karim mobilise toujours dans les marches de l’opposition : qui peut dire objectivement qu’il ne représente rien ou qu’il n’a pas plus de légitimité ? Certes Karim a été condamné, mais avec cette histoire des scandales sur les hydrocarbures, ce qu’on lui reprochait est presque insignifiant comparé aux 6000 milliards en jeu ici ! C’est dire donc que l’histoire politique du Sénégal est cruellement ironique : ceux qui accusaient le régime passé d’avoir détourné 2000 milliards sont maintenant accusés d’avoir commis un forfait trois plus grave. De quel complexe Karim et ses partisans devraient-ils souffrir alors ? Le PDS a incontestablement besoin de sang neuf : le relâchement de certains leaders et l’image qu’ils charrient sont démotivants et contre-productifs pour un parti qui veut reconquérir le pouvoir.
Enfin au regard des relations compliquées entre les leaders au sein de ce parti, qu’est-ce qui nous prouve que le choix d’un autre à la place de Karim et de ses proches ne ferait pas les mêmes dégâts ou pire ? Les différents prétendants sont presque incapables de s’entendre et de proposer un projet politique audible, fédérateur (peut-être aussi que la façon dont le parti fonctionne ne leur a pas permis de le faire). Tout le monde voudrait que la dévolution des responsabilités dans les partis politiques se fasse démocratiquement, mais au PDS (comme dans les autres partis) la pratique trahit toujours la théorie. Il faut d’ailleurs souligner que la léthargie de ce parti n’est pas seulement due à la gestion d’Oumar Sarr et de Wade : traqués et voués aux gémonies, ils sont coincés et sont généralement épuisés dans l’entreprise de défense de leur honneur dans les médias. Pendant ce temps, l’énergie et le temps qui devraient être consacrés à l’innovation et à l’orientation du parti sont épuisés dans un combat perdu d’avance.
En observant la situation politique et la façon dont le PDS a été asphyxié par le régime en place, on est tenté de dire que c’est presque un miracle si ce parti continue d’exister. L’idéal serait que le PDS fasse sa mue par une symbiose entre l’expérience et la jeunesse, mais dans l’esprit de Wade, il est plus sûr en politique comme dans la vie civile de compter sur ceux dont la fidélité semble inaltérable. De toute façon, les observateurs avertis avaient très tôt compris qu’il y avait un jeu d’échec à l’intérieur du PDS : apparemment Wade a repris la main.
par Yaye Fatou Sarr
MARIAMA BA, ELLE S'APPELAIT!
La lecture du roman, Une si longue lettre, nous suffit tant comme héritage car nous retrace le parcours d'une dame respectueuse et respectable qui sait s'imposer et cela dignement malgré les péripéties de la vie
Célébrons cette dame pleine de grâce, pleine de culture, écrivaine, femme africaine, femme noire.
Célébrons cette dame en ce jour d'anniversaire de son décès et pour toujours. Elle a su porter très haut le flambeau de femme engagée, sénégalaise et africaine en général.
Mariama Ba, féministe assumée nous a encouragé à porter les combats des femmes que nous sommes. Elle a su traduire en écrits et en paroles le vécu de tant de femmes africaines entre rejets, inégalités, souffrances, peines, combats, etc.
Elle a su donner du courage, assez de courage pour permettre à des générations après de poursuivre son combat.
Oh oui! Je n'étais pas encore née ce 17 Août 1981 quand elle nous laissait orphelines mais ma fierté n'en est que plus grande et ma conviction encore plus forte.
La lecture du roman, Une si longue lettre, nous suffit tant comme héritage car nous retrace le parcours d'une dame respectueuse et respectable qui sait s'imposer et cela dignement malgré les péripéties de la vie.
Peut être que de là ou elle est, elle nous observe fière que le combat soit porté par des générations qui ne l'ont connue que par ses écrits mais certainement elle se demande pourquoi depuis les choses n'ont pas changé.
Reposez en paix Mariama Ba.
AUDIO
DIANO BI AVEC DIARAF ALASSANE NDAO
Le Secrétaire Général des Travailleurs de la Construction du Sénégal (SNTC/BTP), fait le tour de l'actualité au micro de Maodo Faye, dans l'émission dominicale en Wolof
Diaraf Alassane Ndao est au micro de Maodo Faye dans l'émission dominicale "Diano-bi" (Wolof) sur Sud FM.
AUDIO
OBJECTION AVEC GUY MARIUS SAGNA
Entre indignation, contestation et arrestation, il est de tous les combats - Qu'est-ce qui motive l'homme ? L'activiste, poil à gratter du régime de Macky Sall, est l'invité de Baye Oumar Guèye
Guy Marius Sagna est au micro de Baye Omar Gueye de (Sud Fm) dans l'émission Objection.
par l'éditorialiste de seneplus, mamadou mao wane
VIDEO
LA SOCIÉTÉ EST COMPLICE DU PHÉNOMÈNE DE LA MENDICITÉ DES ENFANTS
EXCLUSIF SENEPLUS - Nous avons des normes d'éducation qui relèvent de la violence, de la maltraitance - Les enfants font l'objet d'une exploitation à ciel ouvert - L'identité de l'État, c'est sa capacité à faire appliquer la loi
Ababacar Sadikh Sall et Aminata Diallo |
Publication 18/08/2019
‘’Toutes les études ont montré que plus de 95 % des enfants qui mendient quotidiennement dans la rue, sont forcés de le faire’’, soutient Mamadou Mao Wane. À en croire l'éditorialiste de SenePlus, la mendicité est devenue au Sénégal, une modalité d'accumulation des richesses, avec pour corollaire des enfants victimes des violences et sévisses en tous genres. "La société accepte cela", regrette-t-il, appelant l'État à mettre en apllication l'arsenal juridique en matière de traite et de traffic d'être humain.
Voir l'intégralité de l'éditoriale de Mamadou Mao Wane en vidéo.
J'AVOUE, J'AI HAÏ "TINTIN AU CONGO"
L’écrivain congolais (RDC) Jean Bofane avait écrit ce texte en 2009, peu après l’élection de Barack Obama à la présidence de la République aux États-Unis, mais jamais publié, parce que la copie n’avait pas convenu à ceux qui l’avaient commandée
Le Monde Diplomatique |
Sabine Cessou |
Publication 18/08/2019
L’écrivain congolais (RDC) Jean Bofane avait écrit ce texte en 2009, peu après l’élection de Barack Obama à la présidence de la République aux États-Unis, mais jamais publié, parce que la copie n’avait pas convenu à ceux qui l’avaient commandée. « On a invoqué le manque de place », indique l’auteur, qui a bien voulu passer son texte ici. Il est signé « Fossoyeur Jones », un personnage tout droit sorti des livres de Chester Himes, le surnom que ses amis donnent à Jean Bofane. Chaque année, des polémiques éclatent en Belgique autour de Tintin au Congo et la personnalité de Hergé. La dernière en date remonte à janvier 2019, lors de l’hommage fait à cet album pour ses 90 ans, republié avec fierté en « colorisation originale » sur version numérique par les éditions Moulinsart, alors que les éditions Casterman préconisent un « avertissement » avant toute réédition, et que des Afrodescendants protestent contre les messages racistes qu’il diffuse auprès de la jeunesse.
Vié Didier, mon vieux,
Un grand journaliste m’a appelé pour que je rédige quelque mots sur Tintin au Congo mais Vié Didier, avec tout le respect que je te dois, il faut que je te dise, j’ai toujours eu du mal, avec ce livre. La première fois que je l’ai ouvert — je n’avais pas dix ans — il m’est tombé des mains dès la vingtième page. Je n’avais aucune conscience militante à l’époque, tout ce que je savais de la politique, c’était la colonisation et la mort de Lumumba, peu de choses en réalité. Pourtant, Vié Didier, les dessins, les attitudes, les dialogues que contenait ce Tintin ne m’enchantaient plus comme les autres titres que j’avais lus auparavant. Tout ce qu’exprimait le récit, c’était, une fois de plus, la négation flagrante de l’appartenance des Africains à la communauté humaine. Les grands yeux ahuris que je découvrais à chaque page témoignaient que ces êtres sombres n’étaient pas vraiment comme tout le monde. Les Indiens de Tintin en Amérique avaient le regard fier, eux. Les Mayas du Temple du soleil, n’en parlons même pas. Pour la première fois, moi, qui, très tôt, avait été accaparé par la littérature, celle-ci me blessait personnellement ; en tant qu’enfant noir, je me sentais trahi.
Tintin, nous l’avons tous adulé lorsqu’il a réussi à démanteler ce réseau de trafiquants de drogue dans Coke en stock. Qui n’a applaudi son implication pour le salut du Dalaï Lama et du yéti dans Tintin au Tibet ? Quelle énergie n’a-t-il pas déployé pour venir en aide à son ami Abdallah ? Un Arabe, pourtant. À la lecture de Tintin au Congo, j’avoue que je l’ai haï, ce petit blanc gentillet, aux contours asexués, au nez insignifiant, affublé d’une houppette somme toute ridicule, donnant des leçons et dénigrant le Congolais durant au moins la moitié des pages narrant sa lamentable aventure coloniale.
Magnanimes, l’homme et la femme noire pourraient en rire ou répliquer d’un haussement d’épaule désinvolte mais l’apologie du racisme sous toutes sortes de formes — on l’a vu — a servi à légitimer des colonisations, justifier des génocides, absoudre des crimes contre l’humanité. Il est plus facile d’éliminer quelqu’un lorsqu’on a réduit à néant sa réputation ; lorsqu’on l’a déjà, à moitié, effacé de la surface de la terre. L’homme et la femme noire ont toujours été bien placés pour le savoir.
Mais, Vié Didier, où était Hergé pendant que Tintin dévaluait les gens et traitait les Pygmées de zèbres ? Il n’est un secret pour personne que la première version de l’ouvrage, celle en noir et blanc, a été éditée en 1931 par Le petit Vingtième, le supplément jeunesse du Vingtième siècle, un journal qui se situait, à peu près, à droite de la droite de l’Église catholique et avec qui Hergé collaborait régulièrement. Pendant l’Occupation, le quotidien fut dissous par les Allemands et le personnel se retrouva affecté au Soir volé, où tout le monde s’était éclipsé sauf Hergé. Durant cette période dramatique, Tintin, au lieu de harceler l’ennemi, d’entrer dans la clandestinité, sous prétexte de reportages, chassait le trésor en mer ou faisait tourner des boules de cristal en Amérique latine — lorsqu’il n’était pas à Moulinsart en train de faire la fête avec ses amis. Après la guerre, comme beaucoup, le cas de Hergé fut examiné par les autorités mais on estima que, pour un dessinateur, passer du pourpre clérical au brun national-socialiste était une question de goûts et de couleurs, et que cela ne se discutait pas. Un stigmate de ce genre aurait pu ruiner la carrière de n’importe quel artiste un peu moins doué mais l’œuvre de Hergé, plus efficace qu’un fétiche Tshokwe, parvient à tisser autour de sa personne un rempart de sainteté.
Vié Didier, dire du mal de Tintin au Congo, c’est voir l’intelligentsia de Belgique s’insurger et lever des boucliers de mépris. Traîner Tintin au Congo devant les tribunaux parce qu’on y décèle de l’insulte raciste, c’est faire face à un arsenal de chapitres du droit pénal concernant la liberté d’expression. Toucher à l’intégrité de Tintin au Congo, c’est craindre, en secret, la nuit, de devoir s’acquitter de droits d’auteur exorbitants pour avoir prononcé plusieurs fois de suite, le nom sacré de Tintin. On dirait que Tintin au Congo a été élevé au patrimoine de l’humanité, on dirait la huitième merveille du monde.
Mais si l’album est constamment vilipendé par de dangereux activistes, c’est parce qu’on a occulté la forêt que cachait l’arbre. Il y a des bouquins qu’il ne faut surtout pas dissimuler. Il faut lire ces guides à destination des coloniaux en partance pour le Congo où l’injure et la cruauté sont affichées à chaque alinéa. On devrait faire déclamer dans les écoles ces lettres de jeunes officiers adressées à leur douce maman qui relatent comment ils ont accompli un périple de plus de six cents kilomètres à travers la jungle hostile et comment ils ont été obligés, tels des anges purificateurs, de massacrer des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants sur leur passage afin d’apporter les lumières de la civilisation aux nègres et à leurs négresses. D’autre part, que pensaient les grands philosophes, les grands penseurs, de l’homme noir ? Comment évaluaient-ils son intellect ou la taille de son pénis ? Évoquer le contexte de l’époque c’est faire preuve de légèreté quand la plupart des gens ignorent exactement de quoi était fait, ce contexte. Dans notre XXIe siècle tolérant, sur tous les médias, des Américains désemparés propagent la nouvelle qu’un type semblable à Coco occupe désormais la Maison Blanche (Obama) et se demandent, même, comme Milou ou le roi Baudouin en 1960, s’il faut lui faire confiance.
Tintin au Congo mérite une vision plus juste, remise à sa juste valeur. Il est, après tout, deuxième vente au hit-parade des Tintin, Vié Didier. Proclamer qu’il aurait été écrit presque par inadvertance, dans un moment de distraction en quelque sorte, c’est faire offense à l’auteur. Quant au racisme qu’on pourrait prêter à Hergé, il y a momentanément en Belgique présomption d’innocence, et son culte de la personnalité, pour l’instant, le protège mieux qu’une caution chez un juge. Mais en Afrique, le culte de la personnalité, on connaît : ça va, ça vient ; rien n’est jamais joué. Et comme chante Grand Mopao : le mensonge arrive par l’ascenseur, la vérité, elle, arrive par l’escalier. Pardonne-moi de te déranger avec ce sujet controversé, Vié Didier, et salue Mwana Danzé, dite Tantine Betena, dite Motema Magique, ton épouse, Anna Lanza.