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21 juillet 2025
"LA COMPASSION A APPRAUVRI L'AFRIQUE"
La politiste camerounaise Nadine Machikou Ndzesop explique, dans un entretien au « Monde », que le regard occidental posé sur le continent depuis la colonisation le réduit à un « rôle d’éternelle victime » et le prive d’avenir
Le Monde |
Severine Kodjo-Grandvaux |
Publication 16/08/2019
La politiste camerounaise Nadine Machikou Ndzesop, explique, dans un entretien au « Monde », que le regard occidental posé sur le continent depuis la colonisation le réduit à un « rôle d’éternelle victime » et le prive d’avenir.
Agrégée de science politique et professeure des universités, Nadine Machikou Ndzesop dirige actuellement le Centre d’étude et de recherche en droit international et communautaire à l’université de Yaoundé-II.
S’intéressant aux expressions pratiques et symboliques de la violence, à l’économie politique et morale des émotions telle que la compassion pour l’Afrique, la colère qui s’exprime dans le cadre de la crise anglophone camerounaise, ou face à la secte islamiste Boko Haram, qui sévit dans le nord du Cameroun, elle pense une utopie africaine construite sur le care, éthique du soin et du souci de soi, qui invite au respect de l’autre et du vivant.
Directrice de séminaire à l’Ecole internationale de guerre du Cameroun et membre du groupe de recherche Contending Modernities de l’université américaine Notre-Dame (Indiana), à 41 ans, cette chercheuse dynamique est régulièrement invitée dans les universités béninoises et ivoiriennes, mais également à Nanterre et à Paris-Dauphine, ou encore à l’Académie diplomatique du Vietnam.
Il existe à l’égard de l’Afrique, expliquez-vous, un « impérialisme compassionnel ». Qu’est-ce à dire ?
L’une des modalités privilégiées de la présence de l’Afrique au monde est ancrée dans une économie morale de la compassion. La colonisation, l’appui au développement ou encore les catastrophes humanitaires sont des moments où se construisent et se légitiment trois grands régimes compassionnels.
En fait, il ne s’agit pas de se mettre à la place des Africains, de « souffrir avec » eux (cum patior), mais de répondre de manière verticale à des motivations humanistes, religieuses, économiques ou politiques. Dans ce rapport asymétrique se façonne un impérialisme compassionnel.
Qu’est-ce qui caractérise ces trois régimes compassionnels ?
Ils correspondent à des régimes d’historicité dont les cadres sont l’apport du salut et de la civilisation (par la traite négrière et la colonisation), l’aide au développement, et les interventions humanitaires. Ils reposent sur un fil historique de domination pratique et symbolique.
« Les gens en sont arrivés à n’exister que dans le regard compatissant de l’autre. C’est cette souffrance qui leur donne une identité. Or, il n’est pas possible de se construire dans la passivité »
La compassion se mue en un dispositif de pouvoir. Dans un premier temps, pendant la colonisation, et même l’esclavage, s’est exprimée cette idée religieuse que le « fardeau de l’homme blanc » [titre d’un poème de Rudyard Kipling] était de sauver le corps et l’esprit noirs. De les civiliser, les nourrir, d’enrayer les maladies… Cela s’est poursuivi avec l’aide développementaliste. Puis avec l’humanitaire. Le corps noir (enfant, femme, jeune) apparaît comme nécessitant soin, nourriture, protection contre les violences.
Ces trois régimes – traite et colonisation, aide au développement, humanitaire – ont construit l’idée d’un droit et d’un devoir d’ingérence humanitaire.
L’Afrique a fini par cohabiter avec cette souffrance réelle, présumée ou exagérée, et par être enfermée dans un rôle d’éternelle victime. Elle n’a plus de lieu propre et n’existe que dans ce regard compatissant.
Certains Africains acceptent de rentrer dans cette posture victimaire, esthétisent leur souffrance et l’utilisent, par exemple, pour expliquer pourquoi ils n’ont pas de démocratie forte. D’autres y renoncent et refusent par là même le droit d’un regard extérieur sur la manière dont les corps sont gouvernés chez eux. Par l’humiliation qu’elle suscite chez celui qui la reçoit, la compassion a ontologiquement appauvri l’Afrique.
Vous appelez l’Afrique à refuser la compassion des autres pour devenir son propre modèle. S’agit-il de construire une indépendance affective ?
Absolument. Les gens en sont arrivés à n’exister que dans le regard compatissant de l’autre. C’est cette souffrance qui leur donne une identité. Or il n’est pas possible de se construire dans la passivité. Il faut opter pour une théorie de l’action.
« Au lieu de demander de l’aide à l’extérieur dans un rapport de vassalité avilissant, cherchons-la plus près de nous »
L’idée n’est pas de refuser la compassion en tant que telle – les Africains sont beaucoup trop nécessiteux, soyons réalistes –, mais de refuser toute compassion impérialiste. Nous devons travailler sur la souffrance de nos proches.
Même en Afrique, ce qui se passe sur le continent émeut moins que ce qui se passe en Occident. Des chefs d’Etat africains sont venus défiler à Paris contre le terrorisme, mais que font-ils dans leurs propres pays touchés par ce fléau ? Les Africains doivent apprendre à autonomiser et à endogénéiser leur compassion, c’est-à-dire à la redistribuer pour leurs proches. Au lieu de demander de l’aide à l’extérieur dans un rapport de vassalité avilissant, cherchons-la plus près de nous. Ce sera davantage bénéfique.
Face à la compassion, vous opposez le « care ».
Le care n’est pas juste un sentiment mais une politique, une éthique de soi et des autres. La compassion impérialiste a dépossédé les Africains d’eux-mêmes ; ce qui a eu des conséquences négatives sur leur schéma de subjectivation, leur rapport à soi, à leur propre corps et à leur environnement proche, naturel et humain.
Cette éthique du care doit se construire dans ce qu’est la compassion : le rapport au proche, et d’abord à son propre corps. C’est la catégorie foucaldienne du souci de soi qui me porte à le dire. Comment se conserve-t-on soi-même ? Comment résister à un souci en se construisant soi-même ? Le soin pour soi-même et pour son prochain est ce qui permet de reconstituer la dignité.
Vous pensez, en quelque sorte, une utopie africaine fondée sur ce « care » qui soit un soutien à la vie. Est-ce une manière de penser le futur à partir des ontologies vitalistes africaines ?
Le care doit s’exprimer à travers des politiques publiques vitales centrées sur la réhabilitation des corps et des esprits en s’assurant que les gens mangent à leur faim, boivent de l’eau potable, puissent se soigner, retrouver une dignité de soi. Il doit nous réconcilier avec l’autre, mais aussi avec notre milieu.
« La colonisation a eu un effet dévastateur sur la place des femmes, qui, aujourd’hui, sont déclassées dans et par l’Etat »
Le soin ne peut être viable que si l’on prend aussi en considération la nature et les ressources grâce auxquelles nous nous conservons. Il y a aujourd’hui un retour du souci pour le vivant qui existe depuis toujours dans nos sociétés, où il importe de l’utiliser tout en le préservant. On prend soin de la nature parce qu’elle permet de se conserver.
Chez les populations pygmées vivant dans la forêt, par exemple, cette éthique de soi et du proche est présente et vivace. Elles ont un génie conservateur bien plus développé que celui des acteurs dominants de la protection de la nature car elles ont réussi, pendant bien plus longtemps que nous, à préserver le vivant grâce à des technologies et des savoirs traditionnels.
Est-ce toujours le cas ? Depuis plusieurs siècles, l’Afrique est confrontée à l’exploitation illimitée de ses ressources avec l’aval des différents gouvernements locaux.
Sans reprendre la thèse de la malédiction des ressources naturelles qui fait un lien entre leur exploitation rentière et la pauvreté et les conflits, il est clair que c’est une corrélation postcoloniale. La destruction du vivant est un fait moderne lié au phénomène étatique néopatrimonial en Afrique.
La contribution des villageois au braconnage parfois intensif de certains animaux est liée à la gouvernance du secteur, mais ils ne sont en général qu’un rouage marginal dans un phénomène de grande criminalité transnationale. Parfois, des politiques de conservation du vivant définies de manière coercitive ont contribué à les exclure d’un lieu qui a été pendant des millénaires gardé sans trop de dommages. Et cela menace leur sécurité alimentaire.
Comment concilier ces rationalités de préservation du vivant et les modes de vie contemporains qui s’appuient sur un développement technologique dont l’Afrique a besoin elle aussi ?
Il me semble que ce dilemme entre développement économique et écologique est universel et d’une rare gravité aujourd’hui. La décroissance économique est une piste de soutenabilité ou de durabilité sur laquelle beaucoup de pays africains refusent de réfléchir, mais au fond, on est dans une conception très macroéconomique et infrastructurelle de la croissance qui ne rend pas justice à la nature des besoins immédiats des populations dans de nombreux pays d’Afrique.
On est face à un tournant mondial du fait de la globalisation des périls écologiques. Le vivant doit être appréhendé au travers d’une réelle régulation mondiale où l’Afrique a quelque chose à faire valoir. Encore faut-il qu’elle en soit consciente et en tire les dividendes.
Dans de nombreuses sociétés traditionnelles, les femmes occupaient des postes de pouvoir. L’arrivée des colons a changé la donne. Que faire ?
L’histoire moderne est celle de l’invisibilisation des femmes. La colonisation a eu un effet dévastateur sur la place des femmes, qui aujourd’hui sont déclassées dans et par l’Etat. Il faut donc que ce soit dans ces espaces-là qu’elles reconstituent leur présence. Elles doivent pouvoir s’instruire, faire de grandes études. Dans l’espace politique, il faut mettre en place des politiques de quota.
Mais il faut se méfier des ruses de la discrimination positive. Dans de nombreux pays, les quotas féminins sont une « rente » que les hommes se redistribuent. Les femmes qui sont à l’Assemblée ou au Sénat sont essentiellement des épouses ou des filles de…
Peut-on parler d’un féminisme africain ?
Il existe, mais sans avoir conscience de lui-même, d’où d’ailleurs la distinction à faire entre mobilisations féminines et féministes. Je n’ai pas l’impression qu’il y ait une construction africaine de la revendication d’une place que les femmes devraient avoir.
Il y a plusieurs féminismes africains. Les injonctions des discours afroféministes ou décoloniaux sont élaborés dans des espaces extra-africains ou, s’ils se forgent en Afrique, le sont dans le cadre de discours très cosmopolites, portés par une intelligentsia qui circule et se déplace dans différents mondes. Cette dernière n’est pas toujours connectée avec les besoins des femmes africaines, pour lesquelles il importe essentiellement de ne pas mourir en couche, ne pas être mariées trop tôt ou de manière forcée, ni être excisées. Mais aussi d’aller à l’école, d’avoir accès à tous les métiers, et au crédit, de bénéficier des mêmes droits fonciers que les hommes, des mêmes salaires, etc.
par Ousmane Sonko
CE QUI PASSE DANS CE PAYS EST UNE HONTE POUR LA GOUVERNANCE DE MACKY
Usez et abusez de vos pouvoirs pendant que vous le pouvez encore. Sachez cependant que ces crimes économiques et financiers sont imprescriptibles et, tôt ou tard, les pendules seront remises à l'heure
Aucune autorité judiciaire ou administrative n'est à remercier ou à féliciter pour cette liberté dont Guy n’aurait jamais dû être privée. Les seuls qui méritent ces égards sont le concerné, pour son endurance et sa constance dans la résistance au zèle d'un ministre de la justice qui veut plaire à Macky Sall, ses vaillants avocats et ses fidèles soutiens qui n'ont fait montre d'aucune faiblesse face à l'épreuve.
Ce qui se passe dans ce pays est une honte pour la gouvernance de Macky Sall plus que jamais confrontée à la crise nationale multiforme, résultat de son incompétence et son manque de vision et de projet crédible pour le Sénégal.
Mais ne nous y trompons pas, tous ces contre-feux sont allumés à dessein pour détourner l'opinion et les citoyens engagés de l'essentiel : cette gestion scandaleuse de toutes nos ressources naturelles par Macky Sall, Aliou Sall et Aly Ngouye Ndiaye, entre autres.
Mais c'est peine perdue. Comme dit un proverbe bien de chez nous 《 sathie boudoul raw diaroul yaxi nélaw 》.
Usez et abusez de vos pouvoirs pendant que vous le pouvez encore. Sachez cependant que ces crimes économiques et financiers sont imprescriptibles et, tôt ou tard, les pendules seront remises à l'heure.
Je réitère ici mon appel solennel au maintien de la mobilisation pour mettre un terme à la spoliation familiale et partisane de nos richesses collectives. Que chaque Sénégalais, debout, fasse comme Guy Marius Sagna pour dire non à la dictature.
LE SÉNÉGAL EN FINALE DE L'AFROBASKET
Menées jusqu’a 17 points d’ecart par l’équipe mozambicaine dans les deux premiers quarts temps, les Lionnes sont allées puiser dans leurs dernières ressources pour s’imposer par trois petits points
Le Sénégal s’est qualifié en finale de l’Afrobasket féminin et affrontera, dimanche, le Nigéria.
L’équipe du Sénégal s’est imposée en demie finale, ce vendredi, face au Mozambique sur le score de 60-57.
Le Nigéria s’est qualifié en finale de la 24e édition l’Afrobasket féminin en s’imposant, ce vendredi, largement face au Mali sur le score de 79-58.
Les Sénégalaises avaient perdu en finale face aux Nigérianes, il y a deux ans à Bamako (Mali).
"À PARTIR DU 27 OCTOBRE, LE VOL DAKAR-PARIS SE FERA LA NUIT"
Ibrahima Kane, DG d'Air Sénégal, dévoile la strétégie de développement de la compagnie aérienne, avec entre autres nouveautés, le changement d’horaires du vol Dakar-Paris
Nommé directeur général d’Air Sénégal en avril dernier, le polytechnicien, Ibrahima Kane, a pris quatre mois pour diagnostiquer la compagnie aérienne. Il en découle une stratégie de développement du pavillon national qui sera mise en œuvre dès le 27 octobre prochain, marquant le début de la saison hiver dans le transport aérien. Le changement d’horaires du vol Dakar-Paris, qui se fera désormais la nuit, est au cœur de cette stratégie dont le contenu est dévoilé, en exclusivité au « Soleil » par M. Kane.
Vous êtes nommé Directeur général d’Air Sénégal depuis quatre mois. Comment se passe votre installation ?
J’ai démarré avec l’équipe Air Sénégal, effectivement, depuis le mois d’avril et c’est avec un grand plaisir que nous avons pu abattre une masse importante de travail. Ce travail, nous l’avons présenté (le 14 août, Ndlr) à nos partenaires qui sont les institutionnels et les directions de la plateforme aéroportuaire de Dakar : l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacim), Aibd, Aéroports du Sénégal (Ads), le Bureau d’enquête et d’analyse pour la sécurité de l’aviation civile ( Bea) et également le ministère du Tourisme et du Transport aérien, les directeurs généraux des ministères des Finances, de l’Economie et l’ensemble des parties prenantes que ce soit l’Armée de l’Air, la Haute autorité, l’Ecole polytechnique de Thiès qui forme les jeunes ingénieurs sénégalais à l’aéronautique et globalement l’ensemble des partenaires de Air Sénégal. Le projet Air Sénégal les concerne et nous avons souhaité partager avec eux notre stratégie pour les trois prochaines années.
Avant de revenir sur la stratégie, pouvez-vous nous faire le diagnostic de la compagnie depuis le démarrage de ses activités ?
Aujourd’hui, Air Sénégal dessert dix destinations avec une couverture de neuf pays. Nous sommes arrivés à ce niveau de manière accélérée. Nous avons commencé nos opérations seulement le 14 mai 2018, soit un peu plus d’un an. Et Air Sénégal est, aujourd’hui, la première compagnie aérienne en termes de nombre de passagers transportés de la plateforme aéroportuaire de Diass avec plus de 300.000 passagers chaque mois. Nous allons atteindre certainement les 400.000 passagers cette année. Air Sénégal a donc une courbe de développement prometteuse qui nous permet d’envisager l’avenir avec sérénité en nous appuyant sur tous nos partenaires et également sur l’expérience de nos équipes parce que nous sommes enracinés dans un pays qui a une histoire aéronautique centenaire.
Vous êtes arrivé dans un contexte qui n’était pas apaisé, sur quels ressorts de management êtes-vous appuyé pour travailler dans un climat plus adéquat ?
Nous évoluons dans un climat où nous sommes focalisés sur les défis actuels d’Air Sénégal. L’ensemble de l’équipe et l’ensemble de nos partenaires ont tous en ligne de mire cet objectif. Il y a aussi cette forte envie de l’ensemble des Sénégalais d’être fiers de notre compagnie. Il est évident que lorsqu’on a envie d’être fier de quelque chose, lorsqu’on veut s’engager auprès de cette fierté nationale, on a des inquiétudes. Et ces inquiétudes s’expriment, ce qui est normal. Et nous sommes là pour entendre les inquiétudes parce que chaque Sénégalais a envie que Air Sénégal soit un succès. Chaque Sénégalais va exprimer ses inquiétudes et nous devons les reprendre comme nous l’avons fait avec nos partenaires en leur présentant notre plan de développement.
Quels sont les contours de cette stratégie de développement pour les trois prochaines années ?
L’avenir, c’est qu’Air Sénégal a pour mission de faire de l’Aibd un hub international qui va relier les pays de la sous-région avec l’intercontinental. La première annonce, c’est qu’à partir du 27 octobre de cette année, nous allons changer l’horaire du vol de Paris qui va passer de vol de jour à vol de nuit. Désormais, le vol va quitter Dakar à 00 h 35. L’arrivée est prévue à Paris à 7h du matin. Pour le trajet Paris-Dakar, notre avion partira de l’aéroport parisien de Charles De Gaulle (Roissy) à 9 heures pour une arrivée à Dakar à 13h30. Ce qui permet aux passagers en provenance de Paris de continuer sur Ziguinchor, Bamako, Ouagadougou, Abidjan, Bissau, Nouakchott, Conakry… Et ce même avion va revenir avec les passagers sur Dakar leur permettant soit d’atterrir à Dakar ou de continuer vers les destinations intercontinentales avant minuit, c’est-à-dire l’heure de départ du vol international.
Qu’est-ce qui motive ces changements ?
C’est plus une application, une mise en œuvre du plan d’actions d’Air Sénégal. Notre compagnie nationale a généralement deux missions. La première est de faire de Dakar un hub aérien. Air Sénégal n’est qu’une composante du volet aérien du Plan Sénégal émergent (Pse). C’est l’un des 27 projets phares du Pse. La première composante étant l’aéroport Aibd que nous avons eu le plaisir d’inaugurer en décembre 2017. Et la deuxième composante de cette première mission est qu’Air Sénégal doit mettre en œuvre tout pour capitaliser le trafic sur nos lignes. La deuxième mission d’Air Sénégal est d’être un succès dont sera fier tout le Sénégal. C’est ce constat, cet objectif qui a mené à cette structuration qui fait que nous devions transformer notre structure pour faire de Dakar, un hub aérien.
Etes-vous satisfait de l’axe Dakar-Ziguinchor. Est-ce que vous comptez développer ce trafic intérieur ?
C’est une excellente question. Vous êtes en train de toucher du doigt la troisième composante du projet Dakar hub aérien. Nous avons deux composantes déjà en place que sont celle « aéroport » et celle « compagnie aérienne ». Cette troisième composante comprend également l’ensemble des services que sont la maintenance, le tourisme transit et le service aéroportuaire. En résumé, c’est un projet des aéroports régionaux. Il porte sur 200 milliards de FCfa en cours d’exécution qui va concerner la mise à niveau de l’ensemble des aéroports du pays, des régions. Et au fur et à mesure de ces mises à niveau, Air Sénégal va s’y poser pour relier l’ensemble de ces points à partir de Dakar, de manière à avoir un nombre de services comparables à ce qu’on peut avoir sur Ziguinchor. Ziguinchor, c’est deux vols par jour pour Air Sénégal. La demande est importante avant même notre programme de communication qui sera déroulé dans les prochains jours.
Il y a des demandes sur Saint-Louis et d’autres capitales régionales. Qu’est-ce qui est prévu pour mettre aux normes les aéroports régionaux ?
Saint-Louis est le premier aéroport sur la liste du projet de rénovation et de réhabilitation des aéroports. Cette ville va donc passer dans le réseau Air Sénégal.
Les mêmes demandes concernent Cap Skirring…
En passant sur un réseau hub, nous permettons aux touristes de quitter l’Europe ou les Etats-Unis, à partir du mois de juin 2020, d’arriver à Dakar à 13h30. Ensuite, ils pourront prendre la compagnie Air Sénégal et aller sur la Casamance dans la même journée sans devoir passer la nuit à Dakar. Ils pourront, au retour, prendre l’avion de la Casamance, passer sur Dakar avant minuit et prendre leur vol pour aller sur l’intercontinental. Toute notre structuration est faite autour du besoin de ce touriste qui ne va plus perdre une journée d’hôtel comme c’est le cas actuellement. Il va se diriger vers l’aéroport où qu’il se trouve sur le territoire national.
Il y a l’aval obtenu récemment par Air Sénégal de voler en Europe. Quel commentaire vous en faites ?
Ce sont des remerciements et des félicitations. Nous remercions l’ensemble des personnes qui ont participé à ce projet, à commencer par notre tutelle, le ministère du Tourisme et des Transports aériens, ensuite l’Anacim, nos actionnaires, principalement l’Etat du Sénégal avec la Caisse des dépôts et consignations (Cdc) et les équipes d’Air Sénégal qui ont travaillé d’arrache-pied pour obtenir cet aval. Aujourd’hui, Air Sénégal peut opérer, avec ses propres avions, dans tous les pays d’Europe, c’est-à-dire toutes les destinations classiques où nous avons des touristes qui viennent au Sénégal ou des Sénégalais qui vont et reviennent.
Qu’en est-il du partenariat, du «cordon ombilical» avec «la grande sœur» Air France ?
Le partenariat que nous avons avec l’ensemble des compagnies aériennes est dans une phase de réussite. Et Air Sénégal dont le cordon ombilical est lié au Sénégal avec des compagnies que ce soit Air France, Air Côte d’Ivoire, Tacv, qui sont des partenariats solides, nous allons devoir développer d’autres partenariats. Cela se passe ainsi dans le monde aéronautique. Nous ne pouvons pas aller quelque part sans chercher à développer un partenariat au point d’arrivée.
Le partenariat à Paris naturellement va se faire avec la compagnie leader. Quand on ira sur d’autres destinations, nous allons chercher à nouer des partenariats avec des compagnies leaders pour ces destinations. Et il est évident que le partenariat est toujours accompagné, à certains moments, de la compétition. Cela fait partie des règles du jeu et Air Sénégal a un bon équipement avec des A330 de toutes générations.
Air Sénégal est la première compagnie africaine à recevoir cet aéronef et également la deuxième compagnie au monde. Nous avons les équipements et les arguments pour discuter d’égal à égal avec nos partenaires qui parfois peuvent aussi être des compétiteurs mais de la manière la plus correcte.
Il y a le départ d’Aibd de la compagnie sud-africaine, mais également celle saoudienne, est-ce que la stratégie que vous venez de décrire sera mise en place avec ces compagnies leaders dans leur pays ?
Exactement. Le fait de construire le hub fait de Dakar une plateforme intéressante. Lorsque nous allons discuter avec nos collègues d’Arabie Saoudite, nous allons partager avec eux le volume de passagers qui quittent Dakar pour Djeddah. Nous allons discuter avec eux autour de ce partenariat. Nous allons également discuter avec eux autour du partenariat concernant le volume des passagers de la sous-région qui vont vers la même destination. De même que du volume de passagers de la sous-région qui peuvent aller au-delà de Djeddah en utilisant les lignes de la Saudia Airlines. Ce qui fait que nos volumes pourront être multipliés par sept ou huit parce qu’Air Sénégal a créé ce hub. Ce qui fera d’Air Sénégal un partenaire solide avec qui les autres compagnies discuteront d’égal à égal, quelle que soit la taille de ces compagnies.
Quelle est la stratégie développée en direction de la diaspora ?
Aujourd’hui, la diaspora est au cœur de notre préoccupation. Nous avons le souci de nous ajuster aux besoins. Nous ajuster aux besoins signifie offrir à la diaspora un service de qualité, une ponctualité et également des capacités au moment où ils vont avoir besoin de venir au Sénégal. Nous ajuster, c’est aussi avoir une politique commerciale qui correspond aux besoins des gens qui viennent au Magal de Touba, aux Gamous, aux différentes fêtes religieuses. Nous allons avoir une politique tarifaire spécifique parce que nous sommes au Sénégal, nous sommes des Sénégalais. Nous connaissons les besoins que nous-mêmes nous pouvons avoir pour aller voir nos familles, pour aller aux évènements importants.
Air Sénégal doit être du côté de la diaspora et des Sénégalais, faire en sorte qu’ils sentent que c’est leur compagnie. A côté de cela, nous allons toujours proposer tout ce qui est mieux en termes de connexion. Les gens qui vont à Paris ne vont pas seulement à Paris. Souvent, ils vont à Paris, ils vont aussi en province (régions françaises, Ndlr) également.
Nous allons nous positionner sur des aéroports où nos clients peuvent aller partout le plus rapidement possible, que ce soit à Paris, parfois même à Bruxelles. Ils peuvent atterrir à l’aéroport Charles De Gaulle pour prendre le train à destination de Bruxelles. C’est est un élément de calcul commercial, opérationnel pour optimiser l’impact d’Air Sénégal dans le bassin de l’aéroport Charles de Gaulle. Nous pouvons toujours, en fonction des besoins, évaluer l’opportunité de s’élargir et voir dans quelle mesure s’ouvrir à d’autres destinations.
Quelle est la flotte d’Air Sénégal ?
La flotte Air Sénégal est composée de cinq appareils. Deux appareils à terre qui ont été acquis sur ressources propres par Air Sénégal, deux appareils A319 qui sont à l’usine et qui nous permettent de desservir la sous-région et bientôt d’autres destinations et deux appareil A330 Néo dont l’un est disponible et l’autre arrive au mois de septembre.
par l'éditorialiste de seneplus, emmanuel desfourneaux
QU’EST-CE QUI FAIT COURIR OUMAR SARR ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Sans le PDS, l’action Oumar Sarr n’est pas cotée ! Il n’est donc pas sur le départ, malgré l’appel opportuniste de Madické Niang de construire un nouveau parti sur la base de leur héritage commun
Oumar Sarr, ses lieutenants et ses alliés parlent, à longueur de journée, du cas de Karim Wade. Mais que savons-nous d’eux ? De leur projet politique, de leurs ambitions et motivations politiques tant ils ont confortablement évolué dans l’ombre de leur Maître jusqu’à maintenant ! Presque rien ! Attardons-nous alors sur cette personnalité politique de premier rang, devenue ces derniers mois l’ennemi n°1 de Me Abdoulaye Wade au sein du PDS, Oumar Sarr. Ses dernières frasques rebelles, à l’époque n°2 du PDS, sont très révélatrices d’un retournement de veste, en particulier lorsqu’il raccrocha au nez de Me Abdoulaye Wade sous prétexte qu’il était occupé avec son Ndogou !
Comment un homme si servile politiquement parlant, un homme apparemment sans histoire, a-t-il muté en un profil décomplexé à l’égard de son mentor ? Qu’est-ce qui, en réalité, anime l’ancien des plus fidèles parmi les fidèles de Me Abdoulaye Wade au point de paraître aujourd’hui comme le plus grand judas dans la longue vie politique de l’ex-président ? Les rares déclarations et interviews d’Oumar Sarr nous révèlent un homme canonique. Peut-être est-il plus secret, manipulateur, sournois, pilier d’antichambre qu’il n’y paraît ! A y regarder de près, il avance ses pions à visage masqué, à travers ses lieutenants pour déclencher ce que les frondeurs du PDS ont appelé la « bataille finale » : ils lorgnent sur le poste de Secrétaire général du parti.
Pour la journée du Dialogue national, Oumar Sarr n’a pas pu faire autrement que de s’y rendre à visage découvert ! Il était en situation de compétence liée. Lorsqu’il est aussi question de l’ancienne sénatrice Aïda Ndiongue, le natif de Dagana sort de ses gonds : à la suite de son incarcération, il l’a défendue bec et ongles. Après une analyse approfondie portant sur ces faits intrigants (Dialogue national et ancienne sénatrice), il ressort deux motifs intrinsèquement liés qui galvanisent Oumar Sarr : la prise de contrôle du PDS (1) pour mettre en balance ce parti et une amnistie générale à la clé (2). L’amnistie, s’appliquerait-elle à sa cousine Ndiongue avec laquelle il était en affaire lors du plan Jaxaay ? Faisons parler les faits, rien que les faits !
Voilà un homme politique qui, durant de longues années, a assuré l’intérim de Secrétaire général du PDS, en l’absence de Me Abdoulaye Wade à Dakar. Le pouvoir de ce parti était entre les mains d’Oumar Sarr et de son clan ! Il a eu largement le temps de l’influencer de l’intérieur, de le façonner comme personne n’en a eu l’opportunité dans l’histoire du PDS. Son obéissance et dévouement apparents, pouvaient aussi lui laisser espérer en retour une mise sous tutelle de Me Wade. A ce moment-là, Oumar Sarr n’avait pas l’intention de précipiter le cours des évènements pour devenir calife à la place du calife. Il comptait sur sa capacité d’endoctrinement, sur ses réseaux internes et sur une stratégie de prudence « step-by-step ». ! Le remplacement à l’hémicycle de Madické Niang par l’ancien directeur de cabinet d’Oumar Sarr, Abdou Aziz Diop, montre l’efficacité de son emprise au sein du PDS. L’élimination prévisible du candidat du PDS par le Conseil constitutionnel le 14 janvier était une aubaine pour Oumar Sarr ; il allait pouvoir enfin jouer sa carte maîtresse : plaider en faveur de l’amnistie de Karim Wade (c’est loin d’être le cadet de ses soucis ; c’était une monnaie d’échange pour convaincre le PDS à aller au Dialogue national) et se rapprocher ainsi du pouvoir pour ses propres intérêts, pour ses ambitions politiques.
Seulement, un obstacle de taille se met en travers de son chemin : le retour de l’ex-président Me Wade au Sénégal courant février 2019, stimulé d’un esprit ragaillardi d’opposant à l’endroit du président Macky Sall ; et sa reprise d’une main de fer du PDS. Finis les combines derrière le dos du Secrétaire général, comme négocier avec le pouvoir ! Par ailleurs, l’intransigeance de Karim Wade surprend : l’amnistie est écartée au profit de la révision du procès recommandée par le Comité des droits de l’homme des Nations Unies à Genève. Le plan échoue ! Pour dire qu’Oumar Sarr et son arrière-garde comptaient sur le Dialogue national : ils s’inquiétaient de la radicalisation de Karim Wade, en particulier du dépôt d’une plainte internationale contre Macky Sall ! Oumar Sarr a apporté la riposte : « Le Sénégal est au-dessus de tous les partis politiques », dixit le 28 mai 2019. La présence d’Oumar Sarr à la journée du Dialogue national, de toute façon, avait été programmée en complicité avec le pouvoir. Les dernières prises de position du PDS à travers ses communiqués n’y auraient rien changé ! S’il ne pouvait pas conduire le PDS à la table des négociations (pour un gouvernement élargi, pour une amnistie générale dans un but financier et pour peut-être un soutien en faveur d’un 3ème mandat de Macky Sall), il devait au moins faire acte de présence pour sauver les meubles devant le président.
Venons-en aux incohérences de la présence d’Oumar Sarr à la journée du Dialogue national qui tendent à démontrer une collusion avec le pouvoir, un dessein commun arrêté dans des réunions secrètes. Pour mettre en porte-à-faux Karim Wade, Oumar Sarr et les siens se remémorent leur refus en 2016 de participer à la journée de Dialogue national au motif de pratiques anti-démocratiques de Macky Sall, et en particulier de l’existence de 1213 bureaux de votes fictifs lors du référendum constitutionnel. Don’t acte ! Dans sa page officielle Facebook, Oumar Sarr, ancien ingénieur informaticien, expert pour dénicher les fraudes dans les fichiers électoraux, y publie le 16 janvier 2019 un document fracassant. Il apporte la preuve que le logiciel du Conseil constitutionnel pour les parrainages a été conçu à l’avantage de la coalition présidentielle. Pourquoi les mêmes causes observées n’entrainent-elles pas les mêmes effets trois ans après ? Sans doute les intérêts ont-ils changé depuis !
Ce n’est plus l’heure de l’endoctrinement pour Oumar Sarr, c’est le temps de prendre définitivement le pouvoir pour manœuvrer le PDS à sa guise, selon ses propres intérêts ! Sans le PDS, l’action Oumar Sarr n’est pas cotée ! Oumar Sarr n’est donc pas sur le départ, malgré l’appel opportuniste de Madické Niang de construire un nouveau parti sur la base de l’héritage du PDS. Avec ses soutiens, il reste au PDS. Il échappe à la sanction disciplinaire d’exclusion. C’est pourtant lui qui claironnait que : « Me Madické Niang connaît bien les statuts du parti et le règlement intérieur du PDS. En posant publiquement sa candidature (…), il sait qu’il se met ipso facto en dehors du PDS ». Cette sentence aurait pu être mot pour mot réutilisée contre Oumar Sarr !
Bref, il faut se débarrasser à la fois du père et du fils. Pour Me Abdoulaye Wade, les soutiens d’Oumar Sarr ne parlent plus de l’homme en tant que tel, mais du mouvement wadiste dont ils se revendiquent les seuls et légitimes héritiers : les « wadistes de souche », les authentiques. Ça sonne sectaire (un vocabulaire utilisé par l’extrême droite européenne contre les migrants) ! Quel est leur critère ? La durée sans doute ! Alors rappelons qu’Oumar Sarr est seulement entré au PDS en 1992, huit ans avant l’alternance de 2000 et surtout 24 ans après la création du PDS. Lorsque les proches d’Oumar Sarr évoquent la personne de Wade, c’est pour atteindre par ricochet son fils. L’ex-président serait affaibli, déjà en retraite politique (ses dernières réunions avec Sonko et les activistes l’attestent !). Tout est bon pour faire mouche ! Le populisme tourne à plein régime : la femme de Wade (l’autrichienne du Sénégal), la lâcheté de Karim Wade l’anti-héros sénégalais par excellence qui a pourtant passé plus de temps en prison que son père et qu’Oumar Sarr (les deux cumulés), la succession familiale.
Sur ce dernier point, les alliés d’Oumar Sarr réveillent le subconscient des sénégalais sur la dévolution monarchique. A cette heure, une seule dévolution s’est produite dans l’histoire politique du Sénégal, celle entre Senghor et Diouf. Là n’est pas la question pour eux, c’est de réanimer les pensées automatiques. Ils traitent les sénégalais comme des automates ! Un lieutenant d’Oumar Sarr a écrit que le nouveau secrétariat national du PDS constituait un « testament familial totalement illégal ». Premièrement, cette question n’a jamais été soulevée lorsqu’Oumar Sarr et Me Amadou Sall ont assuré la « régence » du PDS ! Quand le chat n’est pas là, les souris dansent ! Ils ont beaucoup agi sans l’aval de Me Abdoulaye Wade ! Il s’impose aussi de rappeler que Karim Wade n’a pas été désigné Secrétaire général du PDS ; seul le Congrès est habilité à le faire (article 15 des statuts du PDS) ! Par ailleurs, l’alinéa 1 de l’article 22 dispose que le Secrétaire général est assisté par un secrétariat national dont il nomme à sa discrétion les membres. Il s’agissait d’une opération de nettoyage des écuries d’Augias en direction des collaborateurs de Me Wade ! C’est un moindre mal pour Oumar Sarr !
La dernière trouvaille ? Karim Wade est choyé par son père ! Pourtant lui seul parmi les anciens pontifes du PDS a été jugé par la CREI ! Sa qualité de « fils de » n’a-t-il pas prévalu dans ce traitement de défaveur ? Oumar Sarr, sur la liste de la CREI, y a échappé ! A contrario, n’est-on pas en droit de nous interroger sur un traitement de faveur compte tenu à l’époque de l’identité de l’ancienne ministre de la justice et puis ancienne première ministre ? Abdoulaye Baldé dont sa femme a des liens avec la Première Dame n’a pas connu les foudres de la CREI ! Lorsqu’Oumar Sarr était au pouvoir, n’a-t-il pas bénéficié d’un ministère de l’Habitat élargi à l’hydraulique et à l’assainissement ? N’est-ce pas fort de ce grand Ministère « doré » qu’il a contracté avec sa cousine, Aïda Ndiongue (dont il prétend avoir des liens de sang) ?
Macky Sall et Oumar Sarr, ne partagent-ils pas un point en commun ? Le fait d’avoir contracté dans l’exercice de leur pouvoir avec un membre de leur famille : Petro-Tim pour Aliou Sall, Plan Jaxaay pour Aïda Ndiongue. N’ont-ils pas tous les deux un intérêt pour une amnistie générale ? Oumar Sarr ne s’en cache pas : sa cousine, native aussi de Dagana, avait déjà obtenu des contrats avant son arrivée au ministère de l’Habitat. Devait-il poursuivre la relation d’affaires avec elle, étant donné les liens de sang, le fait qu’elle fût « La Ndieukké » de sa femme d’alors ? Apparemment oui si l’on se réfère aux propos du Procureur de la République, Serigne Bassirou Guèye : « 47 milliards de francs CFA ! Le modus operandi : A chaque fois qu’on lui donnait un marché, elle (Aïda Ndongue) détournait les fonds qu’elle gardait chez elle dans des coffres-forts. Et elle donnait au ministre, qui lui a confié les travaux, sa part du butin. C’est comme ça qu’elle a fait durant tout le règne de Wade ». Une amnistie pour éviter la CREI (ou chantage pour diviser le PDS !), ou une amnistie pour récupérer les commissions dont semble parler en connaissance de cause le maître des poursuites ? Rappelons que la Cour suprême a condamné l’ancienne cousine d’Oumar Sarr à payer à l’Etat sénégalais la somme de 20,6 milliards avec la confiscation de ses biens et avoirs. En vrais pirates de la République, il faut récupérer une partie de leur trésor !
Dans de nombreux héritages, les héritiers se déchirent (bien que l’heure de la succession n’ait pas encore sonné au PDS malgré les mauvais augures des frondeurs !). Rien d’anormal à première vue ! Chacun réclame sa part du gâteau ! Seulement, avec le PDS, nous ne sommes pas dans la même configuration. Ce n’est pas le partage d’un héritage dont on parle, c’est de l’avenir du PDS. Les « authentiques » (cette expression en dit long !) ont gouverné le PDS pendant de nombreuses années. C’est le Congrès qui décidera à son heure le courant majoritaire. Donc pas nécessaire de crier au loup avant l’heure ! Pendant ce temps-là, ne conviendrait-il pas de travailler les projets politiques autour d’un nouveau libéralisme ? De s’affairer à devenir la sentinelle des libertés publiques violées par le régime de Macky Sall ? L’article 2 des statuts du PDS aurait-il été oublié ? Oumar Sarr est aphone sur ces vrais sujets qui sont au cœur du projet libéral du PDS ! D’ici là, prenez garde aux éditorialistes moralisateurs-trotskistes-frustrés ! Prenez vos distances avec ceux qui parlent de favoritisme familial, avec ceux qui jettent les personnes en pâture sur fond de populisme, d’intolérance, voire de racisme ou de pureté politico-culturelle ! Car, en conclusion de cet édito, la vérité de ces gens-là n’existe pas !
QU'EST-CE QUI A BIEN PU ARRIVER AU COMMISSAIRE SANKARÉ ?
Comment un fonctionnaire de sa trempe, supposé être rigoureux, en bonne santé physique, afin de supporter les nuits d’astreinte, grâce à des nerfs solides, un bon mental, a-t-il pu perdre le contrôle et donner une si piteuse image de notre police ?
Qu’est-ce qui a bien pu arriver au Commissaire Sankharé des Parcelles Assainies, pour qu’il prenne mouche, disjoncte, et se liquéfie, dans une punition vaniteuse et expéditive ?
Oui ! Comment un commissaire de sa trempe, supposé être rigoureux, en bonne santé physique, afin de supporter les nuits d’astreinte, le rythme intense de travail, grâce à des nerfs solides, un bon mental, un sens de contact et de responsabilité aigu, a-t-il pu perdre le contrôle, déprécier sa noble fonction et donner une si piteuse image de sa personne, son grade, de notre police nationale ?
Serait-ce du à une forte tension provoquée par des situations éprouvantes et dangereuses, dans ses Parcelles Assainies, auxquelles d’autres hommes de loi pourraient être confrontés ailleurs ?
Ou serait-ce la manifestation de l’ivresse d’un pouvoir repu de sa propre volonté triomphante ?
Le grade de commissaire n’étant pas un banal galon fantaisiste, mais plutôt la sanction d’un concours sélectif, permettant aux meilleurs d’entre eux, de porter le prestigieux titre de commissaire divisionnaire, après 9 ans d’exercice, il serait bon de chercher et de savoir comment et pourquoi le commissaire Sankharé a pété un câble. Pour notre sécurité, pour notre gouverne.
Ce d’autant, que les images, peu flatteuses, de l’intervention de ses hommes zélés, ont choqué et ameuté toile et les justiciers modernes des temps de l’ère digitale. Dont beaucoup, en vengeurs d’une société aphone d’équité, avare de générosité, ivre de fondamentalisme, épuisée et vampirisée par une misère sociale, font convenir d’au moins une nécessité. Celle de débouter le pouvoirisme de notre sphère. Pour notre plus grand bien et celui du vivre-ensemble dont le socle est le respect d’autrui et de nos institutions.
La très difficile Tabaski que bon nombre de Sénégalais ont vécu, dans une souffrance contenue, avec dignité. Les récents emprisonnements intempestifs de leaders d’opinion. Les descentes musclées des flics chez des journalistes. La très peu lointaine démonstration de force, de milliers de jeunes sortis célébrer, en réactionnaires, les Lions vice-champions d’Afrique. L’affaire non encore élucidée du pétrole, entre autres, appellent, en ces temps aussi ténébreux, tendus, secs, à faire preuve de psychologie et à retourner aux valeurs fondamentales de la République du Sénégal. Dont le régime précis, implique, pour tout le monde et sans exception, une soumission des individus à la loi, au nom de l’intérêt public qui prime sur les intérêts particuliers.
Ne nous trompons pas de Sénégal ! Car le nôtre ne saurait être une république bananière, même s’il se dégage un repli identitaire, des largesses économiques incestueuses, un inconscient nouveau et dangereux qui pourrait laisser croire qu’un pouvoir met au dessus tout.
Joummah moubarrak et bon week end à tous !
L'HUMEUR DU DOYEN, PAR NOTRE ÉDITORIALISTE ALYMANA BATHILY
CIEL, IL NE PLEUT PAS !
EXCLUSIF SENEPLUS - Il est urgent, en plus des prières pour palier et atténuer les effets d’un manque de pluies, de mettre en œuvre enfin ces projets dont la viabilité a été établie depuis longtemps
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 16/08/2019
Mgr Benjamin N’diaye, l’archevêque de Dakar, déclarait récemment : « Face à l’hivernage 2019 tardant à s’installer dans notre pays, suscitant interrogations et inquiétudes dans l’esprit des paysans, nous ne pouvons pas rester désespérés et résignés, comme ceux qui n’ont pas d’espérance »,
Et l’archevêque d’exhorter ainsi : « J’invite tous les membres de la famille diocésaine, nos communautés paroissiales avec, à leur tête, leurs pasteurs prêtres, religieux et religieuses, à former une chaîne de prière orientée vers le Dieu de Jésus-Christ, Maître de la pluie et des saisons... Oui, prions avec force le Seigneur, pour qu’il nous prenne en grâce et nous bénisse, afin que notre terre donne son produit, à la faveur d’un hivernage pluvieux et paisible. »
Et d’appeler les catholiques à, comme l’apôtre Paul, « s’émerveiller devant la sagesse de Dieu et à lui faire confiance… »
On se souvient, qu’à l’occasion de l’Eid el Kébir de l’année dernière, le Khalife Général des Tidiane, Sérigne Mbaye Sy Mansour, face à la longue pause pluviométrique qui sévissait alors, avait invité tous les musulmans à la prière et demandé la fermeture des « lieux de jouissance », rappelant qu’en son temps, sous la présidence Abdou Diouf, son prédécesseur Abdoul Aziz Sy avait fait les même prières et recommandations et qu’il avait ensuite abondamment plu.
A présent dans toutes les mosquées du pays, d’obédience, Tidiane, Mouride, Khadrya ou autres, les imans appellent à des prières collectives.
Les Khoyes et autres Saltigués quant à eux, se référant aux Esprits et autres Forces, appellent à des offrandes et des sacrifices d’animaux pour que l’hivernage soit pluvieux.
C’est vieux comme le monde : face aux déchainements de la nature ou à ses caprices, les hommes lèvent la tête vers le Ciel et implorent Dieu ou les dieux. Prient ou font des sacrifices. Si ce n’est le deux à la fois. Ce pays est un pays de spiritualités. De différentes spiritualités.
Spiritualités qui convergent cependant dans leur quête de sens à la vie, dans leur effort d’entretenir l’Espérance face aux difficultés quotidiennes et permanentes de tous ordre.
Il y a du vrai dans l’assertion selon laquelle le Sénégal est protégé par les prières de ses Saints. Ces Saints comprenant aussi bien les imams et marabouts, toutes « tarikhas » confondues, que les humbles curés et les prélats de l’Eglise et que les prêtres des « bois sacrés » et autres « Saltigués ».
Ceux-là sont dans leur rôle : relier constamment le profane au sacré, et entretenir l’Espérance dans l’au-delà. Fonder ainsi la morale, délimiter le Bien du Mal.
Sans eux : sans l’espérance qu’ils entretiennent et renouvellent inlassablement, chacun selon son culte, nous serions certainement livrés comme d’autres aux démons de la haine et de la division.
Cependant, pendant combien de temps encore l’espérance tiendra-t-elle alors que le capitalisme mondialisé étreint chaque jour un peu plus ce pays déjà exsangue, ravagé par la pauvreté ?
Alors que ceux qui ont été élus et nommés pour diriger l’Etat ont systématiquement renié leurs engagements depuis 60 ans et pillé impunément les deniers publics, étalent sans vergogne leurs richesses indues et narguent insolemment le peuple.
Il est impératif et urgent désormais, en plus des prières, des libations et des sacrifices, pour palier et atténuer les effets d’un manque de pluies, de mettre en œuvre enfin ces projets dont la viabilité a été établie depuis longtemps.
Il s’agit par exemple de la construction de ce Canal du Cayor dont toutes les études ont démontré la viabilité, pour lequel on a dépensé des milliards et qu’on a remisé au bout de 30 ans pour d’obscures raisons.
Il y a encore cette Stratégie de Développement de la Petite Irrigation conçue dès les années 1997 et qui aurait irrigué 349 100 ha le long du fleuve Sénégal, en Basse et Moyenne Casamance, dans la vallée de l’Anambé, le long du fleuve Gambie, dans les Niayes et les vallées fossiles.
Il s’agit aussi de planter des arbres, non pas à la manière folklorique des « Vacances Citoyennes » mais avec l’esprit de pionniers engagés dans la transformation du monde, à l’échelle et à la cadence des Ethiopiens
Les dirigeants de ce pays, ceux d’hier comme ceux d’aujourd’hui, n’ayant jamais pris d’initiatives pour transformer ce pays et lui rendre à la fois sa souveraineté et les moyens de son développement, nous subissons les événements comme des tuiles qui nous tombent sur la tête, pour paraphraser Cheikh Anta Diop.
Que l’espérance s’incarne donc enfin en actions !
Retrouvez chaque semaine sur SenePlus, le billet de notre éditorialiste, Alymana Bathily
Dans ce pays à majorité de croyants, on préfère investir des milliards dans une arène de lutte ou dans un Dakar-Aréna plutôt que de sauver la Santé gravement malade - La politique de gratuité de la dialyse au Sénégal est un scandale
Je dédie cet article à ma collègue Mme Coumba Thiam, qui s’active bénévolement et en toute discrétion pour assister les insuffisants rénaux. Une seule phrase pour vous présenter cette brave dame : « Les anges ne sont pas seulement dans le ciel, ils sont parfois parmi nous, avec nous. »
Ils sont des milliers à en souffrir, mais seules quelques centaines bénéficient de la dialyse. Et quelle dialyse ! Cette terrible maladie ronge non seulement les tissus organiques, mais très souvent aussi la dignité du patient. L’insuffisance rénale tue deux fois : lentement elle dévore l’individu, socialement elle l’exclut de façon sournoise. Cette détresse inhumaine qui frappe des milliers de sénégalais est couverte dans un concert de politique pseudo sociale brouillonne, folklorique et peu efficace. Les casseroles font généralement plus de bruits quand elles sont vides que quand elles servent à faire la cuisson. Dans un pays où l’on parle de couverture maladie universelle, les hémodialysés n’ont même pas accès à des salles de dialyse suffisantes. Ils meurent à petit feu dans la souffrance et dans l’anonymat total tout près d’un luxe insolent.
Dans un pays où on engloutit des milliards dans un TER, les hémodialysés manquent cruellement de lit pour bénéficier de ce précieux sésame. Dans ce pays à majorité de croyants, on préfère investir des milliards dans une arène de lutte ou dans un Dakar-Aréna plutôt que de sauver la Santé gravement malade. C’est ce qu’on appelle ignorer le sens des priorités. Mais le plus grave, c’est qu’aucune statistique viable sur les causes de cette pandémie n’est livrée aux Sénégalais. Le nombre de cancéreux, de diabétiques et d’insuffisants rénaux est exponentiel dans ce pays. Pourquoi tant de maladies rénales ? Pourquoi tant de décès ? Dans tout pays normal, des enquêtes ou études scientifiques auraient été commanditées depuis longtemps pour déterminer les causes de cette pandémie.
La politique de gratuité de la dialyse au Sénégal est un scandale à l’image de toute la politique sanitaire de nos gouvernants. C’est triste et révoltant de voir comment des êtres humains pouvaient faire preuve d’une si grande cruauté envers leurs semblables. Les hémodialysés vivent un enfer, une injustice inhumaine, un scandale indigne d’un peuple civilisé : leur situation mérite que les organisations des droits de l’homme portent leur combat. Ça ne peut plus continuer, ça ne doit pas se passer au Sénégal. Ils souffrent : ils ont soif mais ne peuvent pas boire, ils ont faim, mais n’osent pas manger à leur faim, la chaleur suffocante les étouffe, mais ils ne peuvent faire autre chose que de la supporter. Imaginez une personne qui meurt de soif, mais qui a peur de boire par crainte de la gêne qui pourrait en résulter !
Comment peut-on engloutir des milliards dans des dépenses de prestige alors que des citoyens sont une situation aussi dégradante ? Ces milliards dépensés dans ce serpent de mer qu’on appelle bourses de sécurité familiale, ces milliards que madame la première dame distribue en son nom propre au point de rallier à sa cause tous les rabatteurs sociaux, (pseudos artistes, communicateurs traditionnels, légendes en faillite) ces milliards investis dans une arène de lutte qui ne peut pas abriter un grand combat… Tous ces milliards n’auraient pas été plus utiles à relever le plateau technique de nos hôpitaux ? Le Mouvement national des insuffisants rénaux du Sénégal (MIRS) avec à sa tête El Hadji Hamidou Diallo, mène un combat héroïque pour améliorer la situation de ses membres, mais ce serait une utopie que de penser que ce combat de titan pourra être remporté par des moyens aussi modestes.
L’enfer à ciel ouvert, l’enfer dans l’enfer ! Avez-vous déjà rencontré un insuffisant rénal ? Cette terrible maladie fait des ravages et les politiques n’ont trouvé autre chose à faire que de politiser, comme à leur habitude, sa prise en charge. Lorsqu’en France on a constaté une augmentation des cas de 5 à 7 % par an, les autorités ont pris à bras-le-corps le problème de l'insuffisance rénale qui figure d’ailleurs parmi les priorités de la loi de santé publique de 2004. Mieux, les états généraux du rein (EGR) organisés en 2012-13 ont permis une amélioration de la prise en charge des malades. Chez nous, on préfère plutôt entretenir la nébuleuse : Les hémodialysés ont besoin d’être édifiés sur un certain nombre de questions. Combien coûte réellement le kit de dialyse sur le marché international ? A quel prix l’État l’acquiert-il et pourquoi ? Qui le vend à l’État et par quel circuit ? Combien de kits de dialyse sont achetés par L’État l’année ? Tous ces kits sont-ils exclusivement utilisés au Sénégal ? L’affaire des antirétroviraux est encore fraiche dans les mémoires et devrait inciter à plus de vigilance.
Nous savons que 4000 nouveaux cas d’insuffisance rénale chronique apparaissent chaque année. Il est donc très facile de savoir combien de kits de dialyse devraient être commandés par an. Si l’on en croit El hadji Hamidou Diallo (MIRS) le Sénégal dispose de 25 centres publics qui assurent une gratuité totale de la dialyse et de 5 centres privés qui dialysent entre 65.000 frs et 250.000 frs la séance. Face au déficit de lit dans le public, les patients moins infortunés se rabattent sur le privé. Pour celui qui a les moyens et qui fréquente les centres privés, il doit le faire 12 fois par mois, soit un coût annuel variant entre 9.360.000 FRS et 36 millions par an ! Pourquoi l'Etat ne réquisitionne pas les centres privés pour les obliger à avoir comme client l'Etat et non les patients ? Et ce, d’autant plus qu’il n’est pas exclut qu’il y ait des connexions suspectes entre certains professionnels du public et ces centre privés : il y a souvent des rumeurs sur l’existence de rabatteurs du privé dans le public !
De toute façon les faits sont confus, la rumeur enfle et les malades se plaignent : ne serait-ce que pour mettre fin à ces soupçons, l’OFNAC devrait, à notre avis, se saisir de cette affaire pour éclairer a lanterne des patients et des Sénégalais. Ce système et, de façon plus générale, la CMU doivent être audités pour dissiper les soupçons. La corruption se comporte toujours comme un serpent : elle se faufile dans les circuits où on s’attend le moins à sa présence et frappe de manière sournoise. Le venin de la corruption agit exactement comme celui de certains serpents : il est neurotoxique, car il endommage le système nerveux.
par Nioxor Tine
L’UNITÉ DE L’OPPOSITION EST UN IMPÉRATIF !
Le pays vit une situation paradoxale, dans laquelle le pouvoir n’a jamais paru autant affaibli, mais où l’opposition se refuse à entreprendre des initiatives réellement efficaces, devant mener à une véritable alternative populaire, civile et pacifique
Nul besoin d’être un politologue talentueux, pour constater que le pouvoir de la Coalition Benno Bokk Yakaar est dans une mauvaise passe. Il est en train de payer pour ses promesses démagogiques et son endettement effréné, qui risquent de nous valoir, sous peu, une économie sous ajustement, avec détérioration prévisible du climat social.
Par ailleurs, le slogan de gestion sobre et vertueuse en vogue, au début du premier septennat de l’actuel président, est mis à mal par des scandales innombrables, qu’on essaie, vaille que vaille d’étouffer, comme celui de Pétrotim et celui des 94 milliards, pour ne citer que ceux-là.
Et que dire des échecs patents de la réduction du train de vie de l’État, que le président de l’APR a lui-même reconnus lors du lancement du programme d’appui à la modernisation de l’administration (PAMA), au grand dam des organisations syndicales ?
Comble de ridicule pour un pays, qui était considéré comme une des vitrines démocratiques de l’Afrique, il est devenu très risqué d’exprimer des avis critiques sur les politiques gouvernementales, voire même de penser différemment des canons de pensée officiels, comme en témoignent les arrestations de Guy Marius Sagna, Adama Gaye, Idrissa Fall Cissé...etc., et le maintien anachronique de Khalifa Sall dans les liens de la prévention.
Malgré cela, le Sénégal vit actuellement une situation paradoxale, dans laquelle le pouvoir n’a jamais paru autant affaibli, mais où l’Opposition se refuse à entreprendre des initiatives réellement efficaces, devant mener à une véritable alternative populaire, civile et pacifique.
C’est ainsi, qu’on peut d’ores et déjà observer d’âpres batailles de positionnements entre les partis d’opposition qu’on peut grosso modo distinguer en deux groupes : celui de l’opposition favorable au dialogue et celui de l'opposition dite boycotteuse de ce même dialogue, avec beaucoup de subdivisions dans chacun des groupes.
En réalité, participer au dialogue n’est pas en soi, un acte répréhensible. Ce qui l’est, par contre, c’est l’absence de réactivité face aux scandales et aux atteintes aux libertés, que certains leaders politiques se contentent de condamner du bout des lèvres, se focalisant plutôt sur les questions électorales. Est-ce la raison de leur participation plutôt symbolique aux activités de la plateforme Aar Li Ñu Bokk, dont les faibles mobilisations semblent faire la joie du pouvoir apériste, de ses thuriféraires et d’une certaine presse aux ordres ?
L’absence d’engouement populaire pour ces tentatives d’assainissement de nos mœurs politiques et pour une meilleure gouvernance politique est, il est vrai, très superposable à l’indifférence des citoyens sénégalais aux appels présidentiels à instaurer des “journées de propreté”, qui pour l’instant, ne mobilisent que le ministère en charge de la question et quelques militants de la Coalition présidentielle.
En cette période de transition vers l’inconnu, où le président sortant est censé entamer son dernier mandat, l’évidence première se trouve être ce hiatus flagrant entre les élites de notre pays et les masses fondamentales.
L’impuissance de l’opposition politique face à Macky Sall, durant son premier et long septennat est-elle une confirmation du fait que le président de l’APR a bel et bien réussi son pari de réduire l’opposition à sa plus simple expression ? Cette apathie des ténors de l’Opposition est-elle en train de perdurer, en cette période post-électorale ?
Même en refusant d’accorder du crédit aux rumeurs les plus folles sur un ralliement éventuel de certains chefs de l’Opposition au pouvoir, on ne peut manquer d’être troublé par ce dialogue “à huis clos”, loin des terrains de lutte, avec ce qui semble être une volonté inébranlable, d’aboutir à un accord avec le pouvoir, quel qu’en puisse être le prix.
Quid de l’opposition boycotteuse ? Qu’on le veuille ou non, le hold-up électoral du 24 février dernier a été facilité par l’élimination des candidats du PDS et de Taxawu Senegaal, par des artifices juridiques, malgré le fait qu’ils avaient franchi la barre très sélective de la loi scélérate sur le parrainage, ce qui constitue, tout de même, une preuve irréfutable de représentativité.
Cependant, les principaux reproches qu’on peut faire aux partis d’opposition est la diversité de leurs agendas, à forts relents électoralistes et cette personnalisation excessive du jeu politique - que d’aucuns assimilent à un culte des messies - contrastant avec de fortes réticences à élaborer des plateformes alternatives communes aux politiques mises en œuvre par le pouvoir actuel.
Le récent remaniement des instances du PDS par le tout puissant secrétaire général national jette une lumière crue sur le fonctionnement anachronique de nos partis politiques, syndicats et même organisations de la société civile, qui semblent privilégier de futiles querelles entre hommes d’appareils par rapport à l’exaltante mission de libération sociale et économique de notre peuple.
Par ailleurs, il est également difficilement compréhensible de refuser de participer à un dialogue entre acteurs politiques, que la réalité des faits impose à la classe politique, tout en tressant des lauriers à des personnalités politiques, cherchant instrumentaliser leur formation politique à des fins personnelles, voire familiales.
Pour éviter à notre pays d’être entraîné dans des convulsions épouvantables, il est plus que temps pour tous les partis – surtout ceux de l’opposition- , d’adopter des modes de fonctionnement réellement démocratique, de taire leurs contradictions secondaires et de se focaliser sur la contradiction principale contre un pouvoir prédateur, au service des monopoles étrangers.
GUY MARIUS SAGNA EN LIBERTÉ PROVISOIRE
L'activiste incarcéré depuis le 19 juillet et inculpé pour "fausse alerte au terrorisme", va être libéré sur demande d'un de ses avocats, dont la requête a été validée
Comme annoncé il y a deux jours par Emedia.sn, Guy Marius Sagna sera libéré ce vendredi, 16 août 2019, près d’un mois après son incarcération à la prison de Reubeuss. L’activiste vient d’obtenir une liberté provisoire, après que la demande introduite par un de ses avocats, Me Moussa Sarr, a été validée, à l’instant.
Arrêté et placé sous mandat de dépôt le 19 juillet dernier et inculpé pour fausse alerte au terrorisme, le célèbre activiste a été entendu sur le fond du dossier mercredi dernier, par le Doyen des Juges.
Il était reproché à Guy Marius Sagna un texte, publié sur Facebook par l’association"anti-impérialiste Frapp / France Dégage" dont il est membre, évoquant un attentat terroriste que préparerait la France au Sénégal. La ligne de défense de ses souteneurs a été, dès le début de l’affaire, de contester avoir lui-même écrit les propos incriminés dans la mesure où c’est un post sur la page du groupe et non la sienne, tandis que le procureur de la République lui collait l’article 429 bis du Code pénal : « Celui qui, par un moyen ou procédé quelconque communique ou divulgue une information qu’il sait fausse dans le but de faire croire à l’existence ou à l’imminence d’un attentat ou d’une explosion, d’une dégradation, détérioration ou menace, est puni d’un emprisonnement d’un an à cinq ans et d’une amende de 500.000 francs à 2.000.000 de francs ».