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21 juillet 2025
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"LE GOUVERNEMENT FRANÇAIS NOUS IGNORE"
Le Sénégalais Ibrahim Bocoum, sans-papiers et membre du collectif « La Chapelle Debout », répond aux questions de RFI concernant le mouvement des « gilets noirs »
Ibrahim Bocoum, « gilet noir », sans-papiers et membre du collectif « La Chapelle Debout », répond aux questions d’Aurélien Devernoix (RFI) concernant le mouvement des « gilets noirs ».
par Abdourahamane Sano
POURQUOI MACRON DOIT DIRE STOP À CONDÉ
Dans l’intérêt de la Guinée, Alpha Condé doit quitter le pouvoir démocratiquement et pacifiquement. C’est la stabilité du pays, et même d’une région déjà en proie à la violence et au terrorisme, qui est en jeu
Jeune Afrique |
Abdourahamane Sanop |
Publication 15/08/2019
Ce jeudi 15 août, à l’occasion de la commémoration du débarquement en Provence, le président français recevra Alpha Condé, président de la République de Guinée depuis 2010. À 81 ans, il souhaite changer la Constitution afin de rempiler pour un nouveau mandat, alors que la Constitution guinéenne lui interdit de se présenter à la prochaine élection présidentielle de 2020.
En quête de soutiens internationaux, nul doute qu’il profitera de sa venue en France pour tenter de convaincre Emmanuel Macron du bien-fondé de son changement constitutionnel et de son maintien au pouvoir. Dans l’intérêt de la Guinée et celui de la France, et pour la stabilité de la sous-région ouest africaine, Macron doit s’y opposer.
Éléments de langage
Les chefs d’États de la RDC, du Burkina Faso et, récemment, du Soudan ont mené leurs pays à des crises dans leurs tentatives de changer leur Constitution aux seules fins de se maintenir au pouvoir. Ces tentatives sont accompagnées par des manœuvres visant à anéantir tout débat démocratique et à éliminer – financièrement, juridiquement ou physiquement – toute forme de contestation. Mo Ibrahim, le milliardaire philanthrope qui combat les dictatures à travers sa fondation éponyme avait qualifié de « coups d’États constitutionnels » ces manœuvres.
En Guinée, le deuxième et dernier mandat constitutionnel d’Alpha Condé arrive à son terme en 2020. Mais ce dernier ne semble pas vouloir quitter le pouvoir, et compte s’appuyer sur une nouvelle Constitution, préparée et annoncée à maintes reprises.
C’est dans cette perspective que, le 19 juin dernier, le ministre guinéen des Affaires étrangères a envoyé un courrier à l’ensemble des représentations diplomatiques. Il y présentait aux ambassadeurs les « éléments de langage » pour défendre ce projet. Une action diplomatique qui cache mal les contradictions d’Alpha Condé, qui n’a cessé, ces dernières années, de critiquer les ingérences occidentales, en particulier françaises, dans la politique de son pays.
L’intérêt de la Guinée, et de la France
Juridiquement, rien ne justifie ce changement. L’article qui délimite le nombre de mandats est « verrouillé » et ne peut donc faire l’objet d’aucune modification. Parmi les éléments de langages, le gouvernement met en avant le droit du peuple de changer de Constitution. C’est un droit inaliénable, oui, mais à condition que le mobile du changement ne soit pas pour maintenir un président à vie.
Il n’existe aujourd’hui aucun besoin d’adaptation de la Constitution à l’évolution politique ou au changement de l’ordre social. C’est pourquoi ce sont plutôt des manifestations hostiles à un changement constitutionnel qui se multiplient ces derniers mois à Conakry et dans tout le pays.
Dans l’intérêt de la Guinée, Alpha Condé doit quitter le pouvoir démocratiquement et pacifiquement. C’est la stabilité du pays, et même d’une région déjà en proie à la violence et au terrorisme, qui est en jeu. Au-delà de notre intérêt, c’est celui de l’Europe et de la France que la Guinée vive une alternance pacifique et démocratique
C’est l’intérêt de la France de préserver la paix et la stabilité de la Guinée. Un « coup d’État constitutionnel » provoquerait une crise socio-politique majeure aux multiples répercussions. Elle pousserait toujours plus de jeunes Guinéens vers l’Europe, elle aggraverait notre situation économique, elle risquerait même de faire plonger notre pays dans la violence et deviendrait un nouveau terrain fertile pour le terrorisme qui sévit dans la sous-région. Emmanuel Macron n’a pas besoin de cela, lui qui a déjà à gérer une guerre au Mali qui s’enlise.
Les États-Unis ont déjà fait entendre leur position, il y a une semaine, par la voix de leur sous-secrétaire d’État aux Affaires africaines, en affirmant qu’ils étaient contre les changements de Constitution dont l’objectif était de permettre des nouveaux mandats.
Au tour de la France de porter haut ses valeurs démocratiques et de défendre les intérêts du peuple guinéen. Macron ne doit pas se laisser abuser : ce n’est pas s’ingérer dans les affaires intérieures que de s’opposer à ce projet, mais bien défendre des valeurs auxquelles les Guinéens sont attachés et refuser la politique politicienne, plus soucieuse du développement de ses propres intérêts que de ceux du pays.
DÉBARQUEMENT DE PROVINCE, UN TIRAILLEUR SE SOUVIENT
À Toulon, Issa Cissé tenait un canon antichar dans ce débarquement qui a hâté la victoire des Alliés durant la Seconde Guerre mondiale. Disparu en 2018, c'est donc un témoignagne posthume qu'il nous a livré
Le Point Afrique avec AFP |
Malick Diawara |
Publication 15/08/2019
Baptisé dans le plan initial "Anvil" (enclume, en anglais), en référence à "Hammer" (marteau) pour le débarquement de Normandie du 6 juin 1944 dont il devait constituer le pendant, le débarquement de Provence (août 1944) a abouti à la libération d'une grande partie du sud de la France.
De Dakar à Toulon en passant par le Maroc et l'Algérie
"J'ai été engagé volontaire le 4 novembre 1942", peu avant d'avoir 21 ans", se rappelle Issa Cissé. "Je travaillais comme chaudronnier à la marine à Dakar". Avant d'aller en Provence, il dit être passé par bateau au Maroc et en Algérie. "Au Maroc, nous avons été formés, avec d'autres soldats africains, à faire la guerre, au maniement des armes. On nous apprenait à tuer sans être tués." "Ça a commencé le 15 août. J'ai débarqué le 17 août. Je tenais un canon antichar", raconte Issa Cissé, 92 ans, ancien tirailleur sénégalais. "J'appartenais à la 9e division d'infanterie coloniale. Nous avons débarqué le 17 août et le 25 août, nous sommes entrés dans Toulon, que nous avons libérée", précise à l'AFP le frêle vieillard à l'ouïe déficiente.
"Il y avait beaucoup de morts et de blessés chez les tirailleurs sénégalais", poursuit le vétéran à l'humeur joviale, entouré de sa famille, dont ses deux épouses, ses enfants et petits-enfants. "Deux jours après le début du débarquement, nous avons manqué d'eau. Avec un autre soldat, nous nous sommes portés volontaires pour aller en chercher", se souvient ce natif de Bakel, dans l'est du Sénégal, à l'époque soldat de première classe. Après quelques kilomètres de marche, ils tombent "sur un puits, dans un village déserté". Le soldat Cissé dit avoir "goûté à l'eau", pour s'assurer de sa qualité, "malgré les risques d'empoisonnement". "Nous sommes retournés chacun avec un jerricane de 20 litres sur la tête", raconte-t-il.
Le retour au pays, la déception de la non-reconnaissance
À la fin de la guerre, "nous avons attendu un an pour rentrer au Sénégal, le 25 avril 1946, faute de bateau". Libéré de l'armée la même année, il retrouve son travail de chaudronnier dans la marine. "J'ai perdu beaucoup d'amis pendant ce débarquement. Ils ont été tués par des bombes, des mines, des mitrailleuses ou des canons. D'autres sont devenus fous ou estropiés et n'ont jamais pu revenir" en Afrique, indique M. Cissé. "Nous n'avons pas la reconnaissance de la France. Elle ne peut même pas nous payer", dit-il, déplorant le faible montant de sa pension. "Je perçois 219 614 FCFA [334 euros] tous les six mois. Avant son augmentation [dans les années 2000, NDLR], c'était 25 000 FCFA [38 euros] par semestre", soupire le nonagénaire, livret militaire à la main. Et de rappeler l'épisode Thiaroye, près de Dakar en décembre 1944. Des tirailleurs démobilisés, de retour de la guerre, qui manifestaient pour réclamer le paiement de leurs primes et soldes, avaient été fusillés par l'armée coloniale française. Malgré cela, la fierté du devoir accompli demeure. Chéchia rouge et médailles épinglées à un impeccable boubou brodé jaune, Issa Cissé a le visage qui s'illumine encore au souvenir de ses faits d'armes.
IL Y A 75 ANS, LES TIRAILLEURS AFRICAINS LIBÉRAIENT LA PROVENCE
A partir du 15 août 1944, 230 000 soldats des forces françaises débarquent en Provence pour participer à la libération de la France. Plus de la moitié sont des soldats africains. Récit
« Nancy a le torticolis »... « Le chasseur est affamé »… Ce 14 août 1944 en début de soirée, comme elle le fait depuis bientôt trois ans, Radio Londres diffuse ses messages personnels à la résistance française. Dans le sud du pays, ceux-là ont une résonance particulière : ils annoncent le début du débarquement de Provence. Peu après minuit, les hommes de la 1st Special Service Force américaine et des commandos d'Afrique posent le pied sur le sol français. Les premiers neutralisent les batteries allemandes des îles d'Hyères, les seconds celles du Cap-Nègre. L'opération Dragoon est lancée.
Elle a été validée lors de la conférence de Téhéran en novembre 1943, en même temps que le débarquement en Normandie. Les Britanniques y étaient opposés, préférant que la libération de l'Europe soit menée depuis l'Italie. Initialement baptisées Anvil (enclume, en anglais) et Sledgehammer (masse), les deux offensives devaient se dérouler en même temps pour prendre l'armée allemande en tenaille. Repoussée par manque de péniches de débarquement et pour assurer la prise de Rome, l'opération provençale a tout de même été maintenue, contre l'avis de Churchill.
Une mosaïque de la France libre
Quelque 350 000 combattants ont été mobilisés, dont plus de 230 000 hommes placés sous les ordres du général de Lattre de Tassigny au sein de l'Armée B. Il s'agit pour l'essentiel de soldats du Maghreb. S'y retrouvent aussi des Français évadés de Métropole, des troupes venues d'Afrique subsaharienne, d'Indochine, de Nouvelle-Calédonie, du Levant... « C'est la mosaïque de la France libre, de tous ces territoires qui se sont ralliés au général de Gaulle, à laquelle se joignent le bloc maghrébin et l'Afrique occidentale française », remarque l'historien Julien Fargettas, auteur de Les tirailleurs sénégalais. Les soldats noirs entre légendes et réalités 1939-1945.
Parmi les soldats venus d'Afrique, rares sont ceux à s'être enrôlés volontairement. Ce sont souvent des conscrits ou des hommes que l'armée est allée chercher dans leurs villages. « Chez nous, il n'y avait pas de volontaires. On recrutait les gens de force dans leurs villages, confirme le caporal burkinabè Bouakal Lourba au micro de RFI en 2014. Avant de partir à la guerre, on nous a montré comment utiliser un fusil. Comment le démonter, comment le remonter. Mais c'est tout seuls qu'on a appris à se protéger pendant les combats. » Lorsqu'ils débarquent en Provence, beaucoup ont déjà l'expérience du feu. Ceux d'Afrique du Nord ont pour la plupart participé à la campagne d'Italie, ceux de la 9e division d'infanterie coloniale au débarquement de l'île d'Elbe quelques semaines plus tôt. Les plus anciens, eux, ont à leur actif une multitude d'opérations : l'Erythrée, le Tchad, la Libye, la Tunisie…
Ce 15 août à 8h du matin, les premières vagues d'assaut alliées déferlent sur les plages Alpha, Camel et Delta, entre Cavalaire et Saint-Raphaël. Des milliers de parachutistes largués pendant la nuit à l'intérieur des terres se sont chargés d'en bloquer les voies d'accès avec l'aide des Forces françaises de l'intérieur (FFI), avant que navires et avions n'écrasent les défenses allemandes sous un déluge de bombes.
L'Armée B débarque le lendemain. Alloua Mokrane, 21 ans à l'époque, se souvient de la violence des combats et la panique qui gagne alors les soldats. « La moitié ont été jetés à la mer. C'était le débarquement à la nage », raconte le vétéran algérien en 2014 à RFI. Les libérateurs progressent vite. Ils occupent désormais une poche de plus de 30 km de profondeur. Le 17 août, Hitler donne l'ordre à la XIXe armée allemande de se replier vers le nord. Seules les divisions installées à Toulon et Marseille doivent tenir coûte que coûte.
Marseille et Toulon
C'est aux troupes françaises que revient la lourde tâche de libérer les deux grandes villes portuaires, tandis que les forces américaines remonteront vers l'Isère et la vallée du Rhône. Le plan initial ne prévoit le déclenchement de l'attaque contre Toulon que quinze jours après le débarquement, une fois qu'assez d'hommes, de matériel et de munitions auront été acheminés. « Or, dès le 18 août (...) il faut se décider,écrit le général de Lattre de Tassigny. Toulon sera donc attaqué immédiatement, au galop de charge, avec les seuls moyens disponibles. Seize mille combattants sont à pied d'oeuvre avec trente chars et quelques batteries. En face, les Allemands disposent de l'ordre de 25 000 soldats et marins, solidement retranchés dans les puissants ouvrages, hérissés d'armes automatiques et garnis de 250 canons, de notre plus grand port de guerre. »
La bataille de Toulon commence le 19 août. Elle va durer une semaine. Les combats sont âpres. « On a trouvé de la résistance, et il y a eu un peu de casse », euphémise le vétéran algérien Alloua Mokrane lorsqu'il témoigne en 2014. « A Toulon, il y a eu beaucoup de morts allemands. Il a fallu trois jours pour enlever les cadavres », se remémore l'ancien combattant sénégalais Issa Cissé dans un webdocumentaire publié sur RFI la même année.
L'attaque de Marseille, qui ne devait débuter qu'une fois Toulon tombée, a été également avancée pour surprendre l'ennemi. Le général de Monsabert conduit l'offensive en s'appuyant sur les tirailleurs algériens et les goumiers marocains. Le 21, ils font sauter le verrou d'Aubagne et atteignent le lendemain la périphérie de la Cité phocéenne. Le 23, les tirailleurs algériens sont dans la ville aux côtés des FFI. Les positions allemandes cèdent l'une après l'autre et le 28, le commandant de la 244e division allemande remet au général de Monsabert l'acte de capitulation. Le même jour, à Toulon, l'amiral Ruhfus se rend au commandant de la 9e division d'infanterie coloniale. La capture des deux villes s'est faite avec plus d'un mois d'avance sur les prévisions.
Partout où elles passent, les troupes coloniales reçoivent un accueil enthousiaste de la part de la population libérée. Un peu trop, d'ailleurs, au goût du commandement français. « Il y a toujours le tabou de la liaison entre l'individu colonial et la femme française », note l'historien Julien Fargettas. Tandis qu'une partie des forces alliées continue le combat dans les Alpes maritimes, l'autre remonte vers le nord : Grenoble, Lyon, la Bourgogne puis les Vosges où l'armée allemande stoppe net leur avancée.
Le « blanchiment » de l'armée
Les combats s'enlisent. Et durant l'automne et l'hiver 1944, les soldats noirs de l'Armée B – désormais baptisée 1re Armée – sont progressivement remplacés par des combattants blancs issus de la résistance ou récemment engagés. Un an plus tôt, un « blanchiment » similaire a été pratiqué au sein des troupes du général Leclerc. « Quand il arrive en Tunisie, après avoir traversé le Tchad et la Libye, l'ambition du général de Gaulle est qu'il prenne la tête d'une unité de blindés moderne. Pour l'équiper, il se tourne vers les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Mais Washington refuse que cette nouvelle unité accueille des soldats africains, rapporte Julien Fargettas. Il y a indéniablement une volonté d'écarter les soldats noirs. Mais les Américains estiment également que dans une unité blindée moderne et donc technique, des soldats africains qui sont pour la majorité d'entre eux analphabètes n'ont pas leur place. »
Cette fois, les raisons sont tout autres. Il y a d'abord les conditions climatiques exécrables auxquelles les troupes sont soumises, et qui affectent particulièrement les soldats africains, mais aussi une volonté d'impliquer les jeunes Français dans la libération de la France et enfin une inquiétude concernant l'influence des idées propagées par les milieux communistes sur le moral des troupes africaines. L'armée française est si démunie que les soldats africains doivent céder leur uniforme à ceux qui les remplacent. En échange, on leur remet de vieilles frusques ou des tenues de l'armée allemande.
« Mais la guerre ne s'arrête jamais pour les Africains. Même s'ils sont retirés du front en 1944-45, c'est eux qu'on retrouve dans le Constantinois en 1945, à Damas contre les nationalistes syriens puis à Madagascar pour réprimer l'insurrection, en Indochine, en Algérie... », remarque l'historien Julien Fargettas. Les indépendances africaines sonnent le glas des tirailleurs. Pour ces soldats qui n'ont jamais cessé de servir la France commence alors un nouveau combat : la reconnaissance de leurs droits.
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ATTENTES POLITIQUES ET CONDUITE DU CHANGEMENT DANS LE SYSTÈME ÉDUCATIF
Que faut-il entendre par la réussite d’un système éducatif et pourquoi certains systèmes réussissent-ils mieux que d’autres ? Mamadou Ndoye apporte quelques éléments de réponse à l'occasion du 4e colloque de la Revue internationale d’éducation de Sèvres
Le 4e colloque international de la Revue internationale d’éducation de Sèvres, consacré aux « conditions de réussite des réformes en éducation », a réuni du 12 au 14 juin 2019 une soixantaine d’intervenants, ministres et anciens ministres de l’éducation, chercheurs et acteurs de l'éducation des cinq continents (30 pays) : http://bit.ly/colloque-ries-2019
Que faut-il entendre par la réussite d’un système éducatif et pourquoi certains systèmes éducatifs réussissent-ils mieux que d’autres ? Peut-on identifier un certain nombre de conditions favorables pour espérer qu’une réforme puisse transformer effectivement et positivement le système éducatif d’un pays ?
Descendant de la Renault 1 000 kilos et de l’estafette, il est l’un des emblèmes du pays. Le moyen de transport le moins cher, sans doute le plus polluant, que les autorités aimeraient interdire, mais que tous les citoyens, au fond, adorent
Celui ou celle qui arrive pour la première fois à Dakar est souvent étonné. Quel est cet engin bariolé, bleu, jaune, blanc, recouvert de dessins, d’insignes, d’écritures ? Descendant de la Renault 1 000 kilos et de l’estafette, le, car rapide est l’un des emblèmes du Sénégal. Le moyen de transport le moins cher, sans doute le plus polluant, que les autorités aimeraient interdire, mais que tous les citoyens, au fond, adorent.
AIR SÉNÉGAL VA CHANGER SES HORAIRES VERS PARIS
Après avoir obtenu le quitus lui permettant d’emprunter le ciel européen, l’heure est à la déclinaison du plan de développement pour la compagnie aérienne
Air Sénégal va bientôt atteindre sa vitesse de croisière. C’est le but visé avec le plan de développement, dont font partie les changements d’horaires de vol vers Paris, que son Directeur général Ibrahima Kane a dévoilé en exclusivité au Soleil.
Après avoir obtenu le quitus lui permettant d’emprunter le ciel européen, l’heure est à la déclinaison du plan de développement. «J’ai le plaisir d’annoncer un nouveau plan de développement stratégique sur trois ans. Les deux premiers changements auront lieu à partir du 27 octobre prochain. Air Sénégal va voler de Dakar vers Paris à partir de 00H30 (actuellement le vol est programmé le matin, ndlr). L’arrivée à Paris est prévue à 07 heures du matin. Alors que le départ à Paris se fera à 09 heures, avec une arrivée à Dakar à 13h 30 », confie Ibrahima Kane, à la tête de Air Sénégal depuis avril dernier.
Le hub dakarois
Pour le remplaçant de Phillipe Bohn, ce choix s’explique par la volonté de faire de Dakar un hub aérien comme l’ambitionne le Plan Sénégal Emergent (PSE). «Ce projet signifie que nous allons devoir transporter les passagers de Paris vers Dakar et que arrivés à Dakar, qu’ils puissent prendre un vol Air Sénégal pour aller à Ziguinchor, à Cap Skirring, Bamako, Ouagadougou, Abidjan, Banjul… Et de Bamako à Abidjan, le même avion va les ramener à Dakar ou Ziguinchor afin qu’ils puissent prendre le vol de 00H30 vers Paris », détaille-t-il.
« De l’ambition, de la détermination, de la vision ». Les mots ne manquent pas pour décrire l’état d’esprit de la nouvelle direction. «Nous sommes en train de construire le hub de Dakar. Un hub qui va alimenter à la fois la sous-région et les destinations intercontinentales que sont l’Europe et bientôt les États-Unis », poursuit Ibrahima Kane.
40% de parts de marché vers Paris
Et le moins que l’on puisse dire est que les responsables de la compagnie sénégalaise ne comptent pas s’en arrêter là. M. Kane annonce que d’autres destinations vont être desservies. «Nous avons également des destinations aux Etats-Unis mais également dans la sous-région. Nous allons ouvrir nos portes à Accra, Lagos et d’autres destinations qui feront l’objet d’une annonce, de publicités et de publications à partir de notre base », a-t-il ajouté.
Le Dg d’Air Sénégal n’a pas manqué d’évoquer les quelques difficultés rencontrées par la compagnie. Selon lui, les problèmes de vol, sont inhérents à toutes les compagnies. « Tout ce que je peux dire, nous avons un niveau de service parmi les plus élevés sur la plateforme de Dakar pour nos clients. Air Sénégal est numéro 1 sur la destination Paris avec 40% de part de marché devant nos partenaires et compétiteurs. Aujourd’hui, j’ai le sentiment qu’avec la politique Air Sénégal, la grille tarifaire et le niveau de service prennent en compte les passagers de plus en plus. Et c’est notre devoir de les servir », a-t-il assuré.
Baisse des prix
Au mois de mai dernier, la compagnie procédait à d’importantes baisses de ses tarifs. Et l’effet s’est immédiatement fait ressentir. «Mais malheureusement nous n’avons pas pu honorer toutes les demandes de billets par manque de places disponibles, regrette Ibrahima Kane. Cela montre que le changement de prix a du succès. Et les gens qui veulent voyager vont aller regarder les prix et constater par eux-mêmes la compétitivité de notre compagnie nationale ».
par l'éditorialiste de seneplus, demba ndiaye
WADE ACHÈVE SON FILS POLITIQUE
EXCLUSIF SENEPLUS - Le patriarche est un carnivore. Il aime croquer ses fidèles, qui, dans le secret de leurs ambitions se rêvaient dauphins d’un père qui ne l’était que dans le règne de la politique
Même si je déteste tout ce qui est « seigneurie » et autres « monarquo-matines républicains ». Je dirige mes missiles de la semaines vers une cible royale : Me Wade.
A Force de s’entendre dire qu’il était un Prophète (d’accord celui du Sopi dans les temps anciens), - il en a même fait une « constante » qui régente son empire comme il le souhaite -, il y a cru, le vieux, comme je l’appelle depuis trente ans que je le connais et le fréquente. La maison du Point E, était presque ma deuxième salle de rédaction. Ce qui n’allait pas de soi et faisait grincer des dents et me mettait constamment sur la corde raide : entre la source et l’ami par la force des choses ; entre le respect des règles de ma profession et la tentation. Pas loin de la manipulation ; entre la recherche et la course aux scoops et les sables glissants d’une proximité affective et politique. Oui, un équilibre forcément fragile.
Mais le patriarche est un carnivore politique. Il aime surtout croquer les fidèles parmi ses fidèles, qui, dans le secret de leurs ambitions se rêvaient dauphins, héritiers d’un père qui ne l’était que dans le règne assuré de la politique. Ils avaient oublié que les vrais héritiers sont toujours de sanguinité. Cet oubli a envoyé des charrettes de candidats héritiers au purgatoire par le sabre tranchant du monarque père. Inutile de citer ici la liste de ses victimes consanguines...
Et avec son « remaniement » de parti, il réussit deux crimes politiques majeurs : il guillotine les derniers mohicans d’une histoire qui fascina et façonnât trente ans de notre vie politique. D’un autre coté, il chauffe plus que jamais le fauteuil royal pour un héritier dont le seul mérite est d’être le « fils » de la constance. Wikipedia et Google ne vous sortiront pas les faits politiques majeurs de l’ « héritier » avant 2000.
Les mythes sont les marqueurs de l’histoire humaine. Ils participent de la construction des sociétés. Ce sont les légendes urbaines avant l’ère moderne. Religieux, ils peuvent être ; comme la Tabaski, avec la reproduction du geste d’Abraham. Mais Maître n’immole pas son fils, mais ceux des autres. Symboliquement, bien sûr.
Avec quelle facilité l’amour parental peut s’aveugler au point d’oublier que les brebis qu’on immole ont aussi des parents. J’étais à cette cérémonie sur la corniche quand il lâcha en direction de son fils « je dirais à ta mère que tu as bien travaillé ». Le pauvre Abdoulaye Baldé était à quelques centimètres de là. Moi aussi. Qui ira dire à la mère du « commando » Baldé qu’on avait envoyé dans les lignes ennemies casamançaises pour redresser un parti moribond ? Je le sais, j’ai accompagne Baldé pendant plus de quatre ans, à raison d’un voyage chaque semaine. Jusqu'à la présidentielle de 2007 avec la « mystique » victoire au premier tour de Maître. Un certain Macky Sall était directeur de campagne du candidat Wade. La première fois que je le revoyais depuis l’avant alternance, et avant sa descente aux enfers.
En ces heures de meurtres en séries, j’ai une pensée presque coléreuse à l’endroit de mes amis, Me Amadou Sall et Babs (je l’appelle ainsi) : votre fidélité à un « mythe vivant » vous a fait oublier les faiblesses humaines. C’était votre Guide vers les terres promises (vous y êtes arrivés en 2000), mais vous avez cru que le « Maître » sera toujours le Guide qui châtie sans doute, mais toujours à raison. C’est la « constante » qui ne se trompe jamais, qui est juste et généreux. Vous avez été mystifié par le mythe d’un père aimant et infaillible.
Comme nous sommes tous héritiers de quelqu’un et d’une histoire, je vous pose la question que l’autre se posait et posait à ses camarades bolcheviks : « que faire ? ». Qu’allez-vous vous faire ? Je suis sûr que vous réalisez que vous êtes les dernières « forces spéciales des commandos » du Sopi des années glorieuses. Oui, terrible question pour des officiers qui se rendent compte que le commandement les a abandonnés derrière les lignes ennemis.
Oui, qu’allez-vous faire ?...
Je ne vais quand-même pas oublier « le lion dormant-dormeur ». Et ses pelotons médiatico-idéologiques. Foutez la paix à Khalifa, ou faites ce que vous dicte votre conscience. Pourquoi cette bouillabaisse médiatique sur la « grâce », sa demande ou non ? Le « Buur » veut que l’on fasse allégeance ; que l’on supplie ; que l’on implore ! Foutez la paix à Khalifa ! Faites-le si vous le voulez, mais pourquoi lui demandez de boire jusqu’à la lie ? S’il le fait, il sera foutu devant l’opinion : il demande grâce parce qu’il a fauté !
Et pourquoi toutes ces gesticulations de « civilistes » et autres « Ongéistes », pour supplier le président de grâcier Khalifa ? Merde, il n’a rien demandé. D’accord, Rebeuss n’est définitivement pas un lieu de villégiature où on aimerait recevoir les copains et autres vrais-faux camarades. Mais son destin ! Celui d’homme de convictions qui refuse les compromissions. Vous préférerez qu’il soit libre et exilé en ...Guinée équatoriale comme l’autre, dans le désert aux artifices ?
Oui, je comprends la détresse de ses parents, famille, enfants, sa vieille mère. Je comprends qu’ils veuillent sans doute qu’il sorte de ce bagne tropical. Mais pas à n’importe quelle condition. « Civilistes », trouvez d’autres axes de combat que de s’agenouiller devant le Prince pour quémander un pardon pour quelqu’un qui ne l’a pas demandé. Foutez lui la paix ! Que le président prenne ses décisions seul, comme il aime à le faire. Comme le Monarque qu’il rêve de devenir. En son âme et conscience.
Et si on reparlait de Petrotim-Timis-Aliou Sall. C’est plus qu’une demande sociale non ? Arrêtez de nous enfumer, alors qu’il n’y a pas de pluie (ou l’eau de la SDE) pour chasser nos larmes.
Un euro va valoir 1200 eco (la future monnaie unique de la CEDEAO). Vous avez certainement entendu parler de cette information qui circule depuis juillet 2019 sur les réseaux sociaux. Qu'en est-il exactement ?
Africa Check |
Samba Dialimpa Badji |
Publication 14/08/2019
Un euro va valoir 1200 eco (la future monnaie unique de la CEDEAO). Vous avez certainement entendu parler de cette information qui circule depuis juillet 2019 sur les réseaux sociaux.
Des internautes ont contacté Africa Check pour nous demander de vérifier la véracité de l’affirmation.
L’information, publiée par le site Benin 24 Télévision, a été partagée plusieurs fois sur Facebook.
Source inconnue
Africa Check a envoyé un message à la rédaction du site web Bénin24 Télévision, cité comme source par l’essentiel des pages Facebook qui ont partagé l’information, pour entrer en contact avec l’auteur de l’article (Celui-ci n’a pas été signé).
Nous avons également joint par téléphone le responsable du site, Gontran Dagbeto, qui nous a fait savoir que l’article est une contribution – donc pas un texte de sa rédaction – et que son auteur, dont il ne nous a pas révélé l’identité, a déclaré qu’il répondra à notre requête plus tard.
Jusqu’au moment de publier ce texte, nous n’avons pas reçu sa réponse. Nous actualiserons l’article quand nous aurons sa réaction.
Y a-t-il déjà un régime de change pour l’Eco ?
Le site Jeune Afrique rapporte, dans un article publié le 2 juillet 2019, que lors d’une réunion tenue à Abidjan en mi-juin, il a été retenu que « le régime de change sera flexible ».
L’économiste Chérif Salif Sy fait toutefois remarquer que jusque-là « on ne connait ni la banque centrale ni les autorités monétaires. De même, s’il a été dit que l’Eco sera flottant, nul ne sait encore par rapport à quelle monnaie ou à quel panier de devises ».
Il a d’abord tenu à préciser n’être pas encore tombé sur « une source officielle confirmant que la parité 1 euro = 1200 ecos a été retenue ».
Il rappelle que « le président ivoirien avait récemment déclaré que l’Eco aurait dans un premier temps une parité fixe avec l’Euro ».
« Ce serait une sorte de franc CFA rebaptisé », commente-t-il.
Le président ivoirien, Alassane Ouattara, avait en effet annoncé en juillet dernier que c’est le taux de change de l’Euro par rapport au CFA qui allait s’appliquer à la nouvelle monnaie, l’Eco, pour le moment.
Chérif Salif Sy, estime pour sa part que « cela n’a aucun sens ». Par ailleurs, souligne-t-il, aucune analyse économique ne peut à ce stade, concernant l’Eco, dire que c’est un scénario plausible.
Que disent les institutions monétaires concernées ?
Nous avons contacté par courrier électronique, la BCEAO, la Banque centrale du Nigeria, la Banque centrale du Ghana et l’Agence monétaire de l’Afrique de l’Ouest pour savoir si le régime de change de l’Eco a déjà été déterminé.
Nous n’avons reçu ni réponse ni accusé de réception. Nos tentatives de les joindre par téléphone ont également été sans succès.
Toutefois, le site internet de l’AMAO indique que la question du régime de change de l’Eco est à l’ordre du jour des réunions statutaires de l’institution prévue à Conakry, en Guinée, du 16 au 21 août 2019.
Dans une interview au magazine Jeune Afrique (édition du 11 au 24 août 2019), le président nigérien Mahamadou Issoufou affirme que « le régime de change de l’Eco sera flexible et indexé sur un panier de devises ».
Il précise que ce panier « sera constitué des principales monnaies – Euro, Dollar, Yuan… – avec lesquelles nous commerçons ».
Mahamadou Issoufou soutient que « la création de l’Eco signifie la sortie du franc CFA » et non « le CFA sous un autre non ».
Comment sont déterminés les régimes de change des monnaies ?
Ndongo Samba Sylla indique que les régimes de change des monnaies peuvent être déterminés de deux façons.
Ils peuvent d’abord l’être « sur les marchés (par la confrontation entre l’offre et la demande) – dans ce cas on parle de changes flexibles ».
Ils peuvent également, dit-il, être déterminés « par une décision administrative – la banque centrale d’un pays X fixe la valeur externe de sa monnaie par rapport à la monnaie d’un pays Y ».
« Dans ce dernier cas, qui est celui des pays qui utilisent le franc CFA, on parle de changes fixes », précise l’économiste.
Pourquoi on ne peut pas parler de dévaluation du Franc CFA
Par ailleurs dans le même texte publié par Benin24 Télévision, l’auteur se demande si la parité entre l’Euro et l’Eco n’est pas une dévaluation déguisée du franc CFA.
L’économiste Ndongo Samba Sylla précise qu’ « en réalité, on ne peut pas parler de dévaluation du franc CFA tant que sa parité avec l’Euro reste inchangée ».
« On ne peut donc pas parler de dévaluation du franc CFA à supposer la parité suivante : 1 Euro = 655,957 FCFA = 1200 Ecos. Ici, en l’occurrence, le passage du CFA à l’Eco représenterait juste un changement d’unité de compte et non un changement de parité monétaire », souligne-t-il.