PRÉSIDENTS AFRICAINS, POURQUOI NE RESTEZ-VOUS PAS MOURIR AU PAYS ?
L’aller-retour d’un avion médicalisé pour acheminer à Paris un ministre ouest-africain malade coûte 120 000 euros, l’équivalent d’une vingtaine de bourses d’études en médecine à Dakar
Le Monde Afrique |
Seidik Abba |
Publication 01/08/2019
On l’a appris par un communiqué laconique du palais de Koulouba, sur les hauteurs de Bamako : le président malien Ibrahim Boubacar Keita (IBK) a été opéré, mardi 12 avril, d’une « tumeur bénigne » à l’Hôpital militaire Bégin, à Saint-Mandé (Val-de-Marne), en région parisienne. Il effectue sa convalescence à Paris et n’a pas communiqué la date de son retour au Mali. Ancien dirigeant de la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (FEANF), le camarade IBK a donc rejoint la longue liste des chefs d’Etat africains qui délaissent les hôpitaux de leur pays pour venir se soigner en Occident.
Avant le président malien, son homologue ivoirien Alassane Ouattara s’était fait opérer en février 2014 à l’Hôpital américain de Neuilly, à l’instar du Gabonais Ali Bongo Ondimba qui avait choisi, quelques années plus tôt, la clinique chic de l’Ouest parisien pour y subir une intervention chirurgicale. Le Camerounais Paul Biya, lui, se soigne à Genève où il réside une partie de l’année. Son dossier médical est aux mains de médecins suisses, alors qu’il est protégé comme un secret d’Etat au Cameroun. Son épouse, Chantal, préfère les hôpitaux parisiens où elle a passé plusieurs mois ces dernières années.
A ce jeu-là, même les chefs d’Etat maghrébins se sont fait prendre. L’Algérien Abdelaziz Bouteflika a longuement séjourné en 2013 à l’Hôpital militaire du Val-de-Grâce, puis à l’Hôtel national des Invalides pour sa rééducation. Le président algérien était d’ailleurs revenu en décembre 2015 à la Clinique d’Alembert, à Grenoble, pour effectuer un contrôle médical.
Mais le plus surprenant de cette liste non exhaustive, c’est le roi Mohamed VI qui est venu en France en 2013 pour y subir une opération chirurgicale alors que son pays reste une destination sanitaire privilégiée pour de nombreux chefs d’Etat d’Afrique subsaharienne.
Faute politique
Disons le sans ambages : délaisser les institutions sanitaires de son pays pour se soigner à l’étranger est, au bas mot, une faute pour un chef d’Etat. C’est la preuve irréfutable qu’il n’a pas réussi à bâtir sur place un système de santé digne de sa confiance.
Si, dès qu’ils sont malades, même légèrement, les présidents africains sautent dans l’avion pour Paris, Londres, Lisbonne ou Madrid afin d’y recevoir des soins, c’est aussi parce qu’ils n’ont pas favorisé chez eux le développement de l’expertise médicale nationale. Ce n’est pas une blague : il existe aujourd’hui des pays africains qui n’ont aucun spécialiste du cancer ; d’autres qui n’ont que trois ou quatre cardiologues ; d’autres encore où les quelques gynécologues n’exercent que dans la capitale.
Ces chefs d’Etat, qui ne se gênent pas pour aller se soigner à l’étranger, n’ont pas non plus érigé l’acquisition du matériel médical en priorité de leurs actions. En 2016, il est encore impossible, faute d’appareils, de pratiquer une IRM dans certains Etats d’Afrique subsaharienne. Dans d’autres, il existe un seul appareil qui tombe régulièrement en panne, pour cause de surchauffe ou de défaut de maintenance.
Pour un chef d’Etat, se soigner à l’étranger est également une énorme injustice envers le reste de la nation. En effet, pendant que leurs compatriotes sont condamnés à se rendre dans des structures de santé devenues des mouroirs, les présidents africains eux prélèvent sans vergogne sur les deniers publics pour venir en Occident recevoir des soins. Et c’est souvent une affaire de gros sous : la facture d’hospitalisation d’un dirigeant sahélien à l’Hôpital américain de Neuilly a grimpé jusqu’à 300 000 euros, soit le budget de fonctionnement annuel de l’Hôpital de Birao, en Centrafrique.
De même, l’aller-retour d’un avion médicalisé pour acheminer à Paris un ministre ouest-africain malade coûte 120 000 euros, l’équivalent d’une vingtaine de bourses d’études en médecine à Dakar.
La faute politique et l’injustice expliquent ensemble la colère d’une partie de l’opinion malienne lorsqu’elle a appris qu’IBK était venu se faire opérer à Paris.
Derrière le slogan « Tous au Val-de-Grâce », ces Maliens-là ont rappelé que leur président avait acheté en 2014 un nouvel avion pour près de 30 millions euros. Selon eux, cette somme aurait largement suffi à construire à Bamako un hôpital de référence dans lequel IBK aurait disposé d’une chambre réservée à l’année.
Triste record mondial
Pour avoir fait le choix de négliger les structures sanitaires de leur pays, convaincus qu’ils pourront toujours être évacués vers les capitales occidentales, les dirigeants africains ont mis le continent au sommet du palmarès mondial des présidents décédés à l’étranger.
Ici, on n’en citera que les plus récents : le Zambien Michael Sata, décédé en 2014 à Londres, l’Ethiopien Melès Zenawi, mort en 2012 à Bruxelles, le Bissau-Guinéen Mallam Bacai Sanha qui s’est éteint la même année à Paris tout comme le Zambien Levy Mwanassa mort en 2008 à Paris.
Le Nigérian Umaru Yar’Adua, se sentant condamné, est quant à lui rentré d’Arabie saoudite en 2010, juste à temps pour mourir parmi les siens.
De toute cette liste, les deux cas les plus scandaleux sont ceux du Gabonais Omar Bongo Ondimba et du Togolais Eyadema Gnassingbé. Le premier est mort en 2009 à Barcelone, en Espagne, après avoir dirigé son pays pendant quarante-deux ans sans avoir eu à cœur de bâtir un centre sanitaire dans lequel il rendrait son dernier souffle.
Le second est mort en 2005 dans l’avion qui le transportait de Lomé vers une capitale occidentale après trente-huit ans d’un règne au cours duquel il avait eu les moyens suffisants de doter le Togo d’un centre hospitalier qui lui aurait permis de recevoir les premiers soins avant son évacuation. Cela lui aurait peut-être sauvé la vie !
Plus de dix ans plus tard, les chefs d’Etat africains ne semblent pas avoir tiré les enseignements de l’erreur fatale d’Eyadema Gnassingbé. Hélas, ils continueront donc de mourir hors des frontières nationales.
Seidik Abba, journaliste et écrivain, auteur de Le Niger face au sida : atouts et faiblesses de la stratégie nationale contre la pandémie, (L’Harmattan, 2012).
Article publié en avril 2016 par Le Monde Afrique
DÉCÈS D'UN DÉTENU DANS L'ATTAQUE DE BOFFA
L’ancien chef de village de Touba Couta (Ziguinchor, sud), Sény Sané, âgé de 81 ans, en détention préventive depuis un an et demi, est mort jeudi au pavillon spécial de l’hôpital de Le Dantec à Dakar
L’ancien chef de village de Touba Couta (Ziguinchor, sud), Sény Sané, âgé de 81 ans, en détention préventive depuis un an et demi suite aux évènements tragiques de Boffa Bayotte, est décédé jeudi au pavillon spécial de l’hôpital de Le Dantec à Dakar, a appris l’APS auprès de sa famille.
Monsieur Sané était le chef de village de Touba Couta au moment des évènements tragiques de Boffa Bayotte marqués par l’assassinat, en janvier 2018, de 14 personnes à la recherche de bois mort dans une forêt située à quelques encablures de la ville de Ziguinchor.
Plusieurs personnes, en majorité des habitants du village de Touba Couta, ont été interpelées par la section de recherches de la gendarmerie. Elles étaient détenues à la Maison d’arrêt et de correction (MAC) de Ziguinchor. Après quelques mois de détention, une bonne partie des prévenus est transférée à Dakar.
"Mon père faisait partie de cette vague qui a été transférée à Dakar. Il était très âgé et maladif. Durant presque toute la durée de sa détention, il était sous traitement à l’hôpital régional de Ziguinchor ensuite au pavillon spécial de Le Dantec où il a rendu l’âme", a confié à l’APS son fils El Hadji Sané.
"Depuis cinq jours il était dans le coma. Nous avions introduit une demande de liberté provisoire, mais c’était sans succès", a regretté El Hadji Sané, annonçant que le corps sera transféré à Touba Couta où il sera enterré ce vendredi.
"AU SÉNÉGAL, LES POLITIQUES N'AGISSENT PAS FACE À LA POUSSÉE SALAFISTE"
Docteur en islamologie de l’université de Strasbourg et chercheur post-doctorant à l’université Aix-Marseille, Seydi Diamil Niane s’inquiète d’un partenariat signé entre la Haute Autorité du waqf au Sénégal et une association salafiste
La Croix Afrique |
Anne-Bénédicte Hoffner |
Publication 01/08/2019
Docteur en islamologie de l’université de Strasbourg et chercheur post-doctorant à l’université Aix-Marseille, Seydi Diamil Niane s’inquiète d’un partenariat signé entre la Haute Autorité du waqf au Sénégal et une association salafiste.Selon lui, l’islam confrérique et les autorités devraient être plus vigilants quant à la diffusion du discours wahhabite.
La Croix : En quoi consiste ce partenariat signé le 20 juillet à Dakar entre la Haute Autorité du waqf, chargé par l’État sénégalais de recueillir les legs, et le Fonds sénégalais pour la zakat (l’aumône) ? Pourquoi vous inquiète-t-il ?
Seydi Diamil Niane :Ce partenariat m’inquiète parce qu’il donne une apparence de reconnaissance officielle à une simple association – le Fonds sénégalais pour la zakat – qui regroupe les principales figures du salafisme au Sénégal.
Cette association, créée en 2010 pour collecter et redistribuer le produit de la zakat (l’aumône), est dirigé par Mouhammad Ahmad Lo, un « docteur en sciences islamiques » diplômé de l’Université de Médine en Arabie saoudite. Il y a appris un islam wahhabite qu’il diffuse, depuis son retour au Sénégal, via toute une série d’associations d’enseignement et de prédication.
Ahmad Lo est également président du Comité de fatwa et de l’orientation de l’Union des oulémas d’Afrique – une sorte de ligue des salafistes africains qui a traduit en sept langues et diffuse dans tous les pays du continent de nombreux écrits de l’islam wahhabite.
Dans un contexte où l’islam traditionnel sénégalais, celui des confréries soufies, est déjà très contesté, je crains que ce partenariat sous le haut patronage du président de la République et de plusieurs ministres ne donne une autorité supplémentaire aux tenants de ce courant venu d’Arabie saoudite.
Quelle est l’importance du courant salafiste au Sénégal ?
S.D.N. :Le mouvement Al Falah, spécialisé dans l’enseignement et la prédication, est le premier appartenant au courant salafiste à s’être implanté au Sénégal. Après avoir obtenu une licence en 1975, il a ouvert quelques écoles ici et là. En 2017, quand j’ai achevé ma thèse, il comptait 115 établissements scolaires accueillant 20 000 élèves, et un millier d’employés (1).
Aujourd’hui, les salafistes possèdent des chaînes de télévision, des radios qui délivrent des fatwas, d’innombrables sites Internet. Ils se sont fait connaître en finançant la construction de puits dans des villages reculés ou en offrant des livres à des mosquées traditionnelles : en général, des exemplaires du Coran et des ouvrages de tendance wahhabite…
Les confréries soufies, solidement implantées au Sénégal, ne parviennent-elles pas à contenir la poussée salafiste ?
S.D.N. :La présence de l’islam confrérique est très importante au Sénégal. Mais je montre dans ma thèse combien la percée du salafisme a été rapide et à quel point il conteste cet islam traditionnel. Les confréries continuent, dans une certaine mesure, à jouer un rôle de rempart : là où elles sont le plus solidement installées, le risque de radicalisation est moins élevé.
Mais elles peuvent être influencées par le discours wahhabite comme celui des Frères musulmans. Un maître de la confrérie Tijaniyya, qui est également le chef d’un parti politique et député, peut citer de grands soufis comme Ibn ‘Arabi, une référence des salafistes comme Ibn Taymiya, mais aussi une figure comme Al-Qaradaoui (NDLR : prédicateur vedette des frères musulmans réfugié au Qatar). On constate parfois une sorte d’hybridation entre islam confrérique et islam politique.
Parfois, les confréries n’hésitent pas à s’allier aux mouvements salafistes, par exemple pour contester le code de la famille, très éloigné de l’islam pour eux. Enfin, le manque de modernisation des confréries et leur collusion avec le pouvoir politique leur sont parfois reprochés, y compris par leurs fidèles, et les fragilisent.
Les autorités sénégalaises ne réalisent-elles pas le danger que représente cette idéologie au Mali, au Nigeria ou ailleurs ?
S.D.N. :Les raisons pour lesquelles les politiques n’agissent pas face à la poussée salafiste sont complexes. Je dirais que certains souffrent d’une sorte « d’analphabétisme religieux » et ne se rendent pas compte du danger. D’autres, en revanche, agissent par pur calcul politique.
La tendance actuelle est de réunir autour d’une même table tous les responsables religieux, pour les faire discuter ensemble et éviter les dissensions. Le problème est que les salafistes viennent, répètent qu’ils n’ont rien contre les cheikhs traditionnels, mais en profitent pour dérouler leur agenda.
Pour ma thèse, j’ai lu et analysé tout ce que les salafistes ont écrit et publié et je vois bien à quel point leur discours est repris, au mot près, par certains djihadistes. On retrouve les mêmes attaques contre les soufis chez les figures du wahhabisme au Sénégal - « ils se prennent pour Dieu », « ils constituent une menace pour le credo islamique » - que chez le fondateur de Boko Haram.
Recueilli par Anne-Bénédicte Hoffner
(1) La thèse de Seydi Diamil Niane portait sur « Le conflit idéologique entre le wahhabisme et la confrérie soufie Tijāniyya au sud du Sahara : le Sénégal en exemple ».
MEDIAPART EMBRAYE SUR L'AFFAIRE GUY MARIUS SAGNA
Le site d'information français se fait l'écho des indignations qui se succèdent après l'arrestation de l'activiste accusé de "fausse alerte au terrorisme, dans un contexte "de contestation de la gestion des hydrocarbures du pays"
Son incarcération suscite l'indignation de la société civile, qui appelle à une manifestation vendredi 1er août à Dakar. L'activiste sénégalais Guy Marius Sagna a été arrêté le 16 juillet à Dakar et placé trois jours après en détention provisoire pour « diffusion de fausse alerte au terrorisme ». Le 26 juillet, Amnesty Sénégal, la Ligue sénégalaise des droits de l’homme (LSDH) et la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho) ont demandé sa libération et dénoncé une atteinte à la liberté d’opinion.
Guy Marius Sagna est l’une des chevilles ouvrières de plusieurs collectifs citoyens, dont le Front pour une révolution anti-impérialiste populaire et panafricaine (Frapp) qui s’est mobilisé ces dernières années contre des accords de partenariat économiques (APE) que l’Union européenne tente d’imposer aux pays africains ; contre l’implantation de supermarchés étrangers ; contre les violences policières, etc. Le Frapp a aussi initié une campagne intitulée « France Dégage », demandant à la France de sortir du système du franc CFA et dénonçant la mainmise d’intérêts français sur certains secteurs de l’économie du pays.
Depuis juin, Guy Marius Sagna est en outre devenu l’une des figures de proue d’une nouvelle plateforme, Aar li nu bokk (https://www.facebook.com/pages/category/Community/AAR-LI-NU-BOKK-4431403...) (« préserver notre bien commun », en wolof). Ce collectif est né après la diffusion d’un reportage de la BBC (https://www.bbc.c om/afrique/region-48501301) sur « l’affaire Petrotim (https://www.mediapart.fr/journal/international/180219/au -senegal-la-gestion-des-ressources-n-jamais-ete-aussi-opaque)», portant sur de présumés faits de corruption lors de l’attribution de contrats pétroliers, et dans laquelle est cité Aliou Sall, frère du président Macky Sall. Aar li nu bokk a organisé plusieurs manifestations pour réclamer justice et transparence dans la gestion des ressources – l’exploitation du pétrole et du gaz doit commencer en 2021. Fin juin, Aliou Sall a dû démissionner de la présidence de la Caisse des dépôts et consignations.
Guy Marius Sagna a été arrêté sur la base de deux brèves réactions publiées sur Facebook, dans lesquelles il déplorait le fait que les élites sénégalaises n’aient pas, selon lui, investi suffisamment dans les infrastructures hospitalières du pays et sont de ce fait obligées de se faire soigner en France, « l’ancienne puissance coloniale ». Après plusieurs allers-retours entre la gendarmerie et le parquet, son inculpation a été finalement motivée par un texte du Frapp diffusé le 15 juillet, lors d’une conférence de presse.
Dans ce document intitulé « La France prépare un attentat terroriste au Sénégal » (https://www.facebook.com/per malink.php story_fbid=393046101329202&id=190748061559008&__xts__%5B0%5D=68.ARCieqJEi7QfjkGovzK42siyPH81_y-kq7s1xR5coSXzoWA8VtJX456qiTEDQmQkic16560GUqgqZMPeVedl0AX9oYYUKYwOd8JDF245VZFacGTE lSOuamyOeV-N4l4tD8-o76FogFXI2szqGGnkUr5PqSWOvdITjv1YVHxNbPgD5COp2m7l-IXW4jVkMqp8V0TX5Q5y glS6ffNrqyYL-of43lhh1yt6_uDjyenp_P0FqTo-j76lCLAUrkX91Ix70xjGnOw7-Cd_TRn6lveYrISQQr8p1qpK_UwexybUl 4cgoGYWb1M6xS0bWL1LLHaDE9WxKwwMpV_HSB-O8Gcl77w&__tn__=K-R), le Frapp critique les propos du ministre français de l’intérieur Christophe Castaner qui a affirmé, en mai, à Dakar : « Le terrorisme est présent au Sénégal. » Pour le Frapp, « cette déclaration est un chantage terroriste exercé par la France sur le Sénégal pour renforcer son occupation militaire afin d’augmenter sa recolonisation économique ». Il a ajouté : « La France commence par des exercices de simulations de lutte antiterroriste pour préparer psychologiquement les populations à vivre avec l’idée de la menace terroriste, puis avec le terrorisme lui-même. »
Joint par Mediapart, le ministère de la justice précise : Guy Marius Sagna a été arrêté « suite à une enquête relative à une déclaration du mouvement “Frapp/France Dégage” faisant état d’un attentat que la France préparerait sur le sol sénégalais. Une telle déclaration peut porter atteinte à la sécurité des citoyens français vivant au Sénégal, mais aussi installer la peur dans le pays. L’État, en tant que garant de la sécurité des personnes et des biens, a agi pour tirer cette affaire au clair ».
Le délit de « diffusion de fausse alerte au terrorisme », introduit dans le code pénal en 2016 (http://www.jo.gouv.s n/spip.php?article11003), est passible d’un an à cinq ans de prison. Seulement, Guy Marius Sagna n’était pas présent lorsque le Frapp s’est exprimé, n’a pas relayé ses propos et n’est ni le coordonnateur ni le porte-parole du mouvement – dont aucun autre membre n’a été interpellé, font observer ses avocats. Ces derniers estiment par ailleurs que la déclaration incriminée relève du débat d’idées et pas du domaine de l’information, et n’est donc pas délictueuse.
Les défenseurs de Guy Marius Sagna soulignent aussi qu’il a été arrêté et détenu pendant trois jours sans se voir notifier d’infraction, ce qui est illégal. Un de ses avocats, Amadou Diallo, président d’Amnesty Sénégal, parle « d’acharnement » (https://www.dakaractu.com/Me-Amadou-Diallo-president-Amnesty-internation... negal-Dans-l-affaire-Guy-Marius-il-y-a-de-l-acharnement-_a174165.html) contre lui. Un autre, Assane Dioma Ndiaye, président de la LSDH, juge qu’il ne « s’agit pas d’une procédure innocente » car Guy Marius Sagna est « l’ennemi numéro un du régime », « celui qui incarne aujourd’hui la radicalité la plus profonde au Sénégal » (http s://www.dakaractu.com/Me-Assane-Dioma-Ndiaye-%C2%A0L-affaire-Guy-Marius-Sagn... des-senegalais-Ils-veulent-couper-la-tete-de_a174166.html?com).
Du point de vue de Cheikh Koureyssi Ba, le premier avocat constitué pour la défense de Guy Marius Sagna, son inculpation est symptomatique du climat actuel : « C’est une dérive inacceptable qui atteste d’un recul des libertés et droits fondamentaux au Sénégal. Il ne se passe plus de jour sans qu’ils soient menacés : on écroue des lanceurs d’alerte parce que ce qu’ils disent ou écrivent gêne au plus haut niveau. C’est affligeant, triste et révoltant. » Il ajoute : « En toile de fond, il y a le scandale concernant les hydrocarbures, la gestion des minerais et des marchés publics, c’est-à-dire tout ce que dénoncent les lanceurs d’alerte, activistes et blogueurs. Ils défendent les intérêts des Sénégalais, mais c’est un combat qui est mal accepté par les autorités. »
Cheikh Koureyssi Ba a un autre client dont l’arrestation pourrait entrer dans le même registre : Adama Gaye, opposant et ancien journaliste, a été placé en détention provisoire le 31 juillet pour « offense au chef de l’État » et « atteinte à la sûreté intérieure », en lien avec des publications sur les réseaux sociaux. Il a entre autres écrit des textes sur la gestion des hydrocarbures, critiquant Macky Sall et son frère.
Les avocats de Guy Marius Sagna attendent désormais le résultat d’une demande en nullité de la procédure et d’une mise en liberté provisoire. Outre le monde associatif, des personnalités ont exprimé leur soutien à l’activiste, dont la star du rap Didier Awadi (https://www.dailymotion.com/video/x7e52xn), un ancien directeur de cabinet du président Sall, Moustapha Diakhaté, ainsi que l’opposant et candidat à la dernière élection présidentielle Ousmane Sonko (https://www.senenews.com/actu alites/politique/ousmane-sonko-sur-larrestation-de-guy-marius-sagna-de-labsurde-au-ridicule_281080.html). Une pétition, signée notamment par l’écrivain Boubacar Boris Diop (https://www.seneplus.com/politique/pour-la-liberation-de-guy-marius-sagna -arbitrairement-detenu), conclut que Guy Marius Sagna « dérange » à cause des combats qu’il mène « contre les dérives du régime et aussi contre le néocolonialisme français au Sénégal et en Afrique ». Le Front de résistance nationale (FRN), un groupement de l’opposition, a quant à lui demandé l’annulation des poursuites engagées contre lui et contre Adama Gaye.
PAR Amadou Moustapha DIENG
GAIES NOYADES DANS BAIE TALIBÉE DE MAMADOU BAMBA NDIAYE
Océan, Amour, Salut : trois mots qui surnagent dans l’odyssée poético-mystique de Bamba le talibé. Son poème, parfois psalmodique, parfois cantique, se faufile en mille et une images et retrouve un langage nouveau-né de sa plume - NOTE DE LECTURE
Oui ! C’est de jubilation qu’il s’agit. De la baie talibée, on ne ressort pas indemne. Cela n’est d’ailleurs pas le souhait du poète, maitre-nageur qui se transforme en maitre-noyeur dans ce sublime océan de trésors lit d’amours fil de salut.
Océan, Amour, Salut : trois mots qui surnagent dans l’odyssée poético-mystique de Bamba le talibé. D’élan en élan, il heurte et se heurte aux voiles cosmiques et aux lumières diaphanes de la gnose mystique. Son poème, parfois psalmodique, parfois cantique, parfois panégyrique, se faufile en mille et une images et retrouve un langage nouveau-né de sa plume pluri influencée. En Serigne Touba le repère révéré, il tient son guide avéré et plonge dans le chant nourrissant comme l’enfant qui tête le sein de sa mère. Il trouve là, dans cette innocence, une âme virgine qui l’exalte et le sublime. Alors bonjour les extases mesurées et les transes balkaniques ; le daanu jéll se transforme en daanu leer. L’émotion de la connaissance empirique, euphorique, s’osmose à la lumineuse flamme de l’esprit éclairé et
le voicis’asseoir blanchement turbanné
le voici noir telle l’harmonie première
le voici d’espoir en son atlantique antre.
Le premier élan est dans le mimétisme transcendental de lam yabdu mislul mustapha muhamadi. Ici, le poète, séduit, se laisse entrainer dans cette ode au prophète de l’Islam en dystiques, reprend et perd son souffle à l’infini tant le chant et le chanté sont vertigineux. Alors, il avoue : rythme de mes rimes et règle de mon mètre. Un chant qui s’éternise en plusieurs formules et prières, un requiem pur et musulman mouride de soufi adepte de l’islam pacifique. Celui-là de
Ahmadou Bamba qu’il nous a bien informés Par Massalik viatique des gens bien formés et il poursuit
Ta jihad d’égorgeur hérésie sacrilège
Sa jihad d’éveilleur détruit tes sortilèges.
Ici le poète, en apôtre, plaide et sème la pensée de son maitre contenleue dans le Viatique du paradis « Massalikul Jinana » et, faisant d’une pierre deux coups, il invite les jeunes à ne pas se laisser endoctriner par les nouveaux prophètes du terrorisme.
Et l’euphorie le reprend après ce bref moment de lucidité historique et il écrit
Euphorie qui m’émeut
Que mon cri soit béni
Pour fleurir le Fameux
Et cueillir l’euphonie.
Eh bien, il passe de l’euphorie à l’euphonie et, d’élan en élan, il se casse la tête et se cogne le cœur et se déchire la peau sur les multiples secrets indicibles. Cette épreuve voulue et visiblement douce harmonie pour l’auteur, il en profite pour lever le voile sur quelques faits historiques de son Maitre sublimé, évoquant tour à tour son enfance -jeune prodige et arroseur de nation - le temps de son appel - écoutez mon discours …je suis votre secours - et de sa mission - vont venir vers ma ville et ma mosquée ocrée.
Cette ville Touba et sa mosquée feront l’objet de la prochaine halte ou de la pause et du repos du talibé transporté dans le tumulte de la transe. Et il retrouve la quiétude avec le poème Touba roche bénie Touba ruches et nids oui un refuge pour calmer sa folle tournée ponctuée de douze élans, un chiffre fort qui n’est pas fortuit. L’élan 8 est donc plus qu’un poème mais une litanie, une formule magique voire hypnotique qui apaise et endort et apporte une certaine quiétude à la plume.
Cette plume qui n’hésite pas à emprunter des vers et des passages de célèbres qasida ou écrits de Serigne Touba pour en faire des sortes de poèmes témoignages historiques et récits didactiques, sûrement pour les enfants qui liront ces lignes simples et rythmiques :
Ourdi fut ce procès
Par le chef de Saint Louis
Le Saint doit renoncer
Ou c’est l’exil pour lui (...)
Ô toi chef de Saint Louis
N’est pas à toi Saint Louis
Mon Dieu, Dieu de Saint Louis
Est le chef de Saint Louis.
Dans ce vers court concis et doté d’un génie poétique limpide il traduit - que dis-je ! - il recrée dans la langue française cette fameuse réponse devenue un chant qui usa les oreilles de Faidherbe alors Gouverneur de Saint-Louis. D’autres élans seront également consacrés au départ, au voyage, au séjour, à l’exil et au retour de Bamba, un retour triomphal car le captif de Dieu a survécu aux multiples pièges et plans de liquidation des créatures de Dieu.
Alors, il reprend de plus bel son chant qui ici prend des allures d’hymne et d’étendard vocalisés par les poètes de la Pléïade mouride que revisite et revivifie le poète. Son chant ne tombe jamais car son souffle est en apnée. Déjà, il toise l’univers marin. J'ai triplement marché, écrit-il ; en réalité il ne marche plus, il nage et se noie dans son amour infini
Puis le rivage me consola
Patience, impatient cabri
Une vague viendra
Et tu seras son ressac …
et le voilà qui s’osmose donc dans cet océan d’amour.
Ahmad Le Resistant…
Que tonne ton canon
Ahmad au grand renom
Tu as dit trois fois non
Je prie trois fois ton nom
Que tonne ton canon.
Une poésie vespérale qui conclut comme le soir l’aubade du premier chant ciselé dans le mètre wolofal, lui-même hérité de la technique arabique du poète zélé laudateur. Et le poète replonge gaiement dans cet océan d’allégresse où se pâme son âme ivre de voluptés plurielles rendues par les pulsations de sa plume non seulement trempée dans cette mer intérieure mais qui mouille tranquillement à la baie talibée.
Tranquillement. Jusqu’aux
Mugissements des vagues de l’océan Embruns de vieilles…
Écume poudreuse…
et le voici qui reprend son élan vers d’autres sauts, voire d’autres chutes vertigineuses. Un élan coulant, liquide, limpide océan et qui engloutit tous les talibés dans à la fois l’action de grâces que constitue le bernde du jour de Magal - oui le Graal et la coupe d’amour - et du trop-plein Cànt; et qui noie également tous les talibés dans cet autre univers aquatique, insondable, qu’est l’océan
O seyant océan
Bamba est certes
L'évidente vérité des vers de Baye Moussa Ka
Il est l’océan sans bord sans nord
L’océan de trésors lit d’amours fil de salut
Océan, Amours, Salut : trois mots qui surnagent dans l’odyssée poético-mystique de Bamba qui, en bon disciple, suit les conseils avisé du poète le plus célébré de la Pléiade bambiste dont lui-même se veut aujourd’hui héritier ou en tout cas continuateur des œuvres. Alors il se jette et se lave …
Lave-toi de son eau tu seras beau
Nage et reviens chargé de rubis à partager
Vingt-huit saphirs du 18 Safar
Pour offrir foi voie loi voix et joie
Aux fourvoyés des pleins midis
Et toi sublime naufragé
Jujubier germé
Jubile à jamais
Voilà que se ferme le cycle des noyades, dans une coupe de fées, mieux au fond du gai grimoire du poète de Baie talibée.
Amadou Moustapha Dieng est journaliste, poète
NICOLAS PÉPÉ DEVIENT LE JOUEUR AFRICAIN LE PLUS CHER DE L'HISTOIRE
Le footballeur de Lille est transféré à Arsenal pour un montant record estimé à 80 millions d'euros. Le club anglais mise sur lui pour retrouver la C1
C'est un transfert record qui vient d'être révélé. L'Ivoirien Nicolas Pépé, deuxième buteur du championnat de France avec Lille, rejoint Arsenal pour la prochaine saison. Le club de Naples, en Italie, lui faisait aussi les yeux doux. « Nicolas est un ailier talentueux et très coté qui était désiré par de nombreux grands clubs en Europe », s'est réjoui l'entraîneur des Gunners Unai Emery, persuadé que son nouveau numéro 19 « ajoutera du rythme, de la puissance et de la créativité » à sa ligne offensive.
La durée du contrat, estimé à 5 ans par la presse, n'a pas été révélée par les deux clubs. Avec un transfert estimé à 80 millions d'euros hors bonus, Pépé, principal acteur (22 buts, 11 passes décisives) de l'excellente saison lilloise, 2e de la Ligue 1 derrière l'inaccessible ParisSG, frappe aux portes du top 15 des transferts les plus chers de l'histoire du foot. Il devient surtout le joueur africain le plus cher de l'histoire, effaçant des tablettes le Congolais Cédric Bakambu, passé de Villarreal au club chinois de Beijing Guoan pour 74 millions d'euros à l'hiver 2018.
Pépé s'inscrit également comme le transfert le plus onéreux d'Arsenal, plus que les 63 millions déboursés par les propriétaires américains pour faire venir le Gabonais Pierre-Emerick Aubameyang de Dortmund à l'hiver 2018. Une énorme pression sur les frêles épaules de celui qui est passé totalement à côté de sa Coupe d'Afrique des nations avec la Côte d'Ivoire en juin.
Drogba « bluffé »
Présenté comme l'étoile montante des Éléphants, Pépé a éprouvé toutes les difficultés à s'imposer sur le sol égyptien, quittant la compétition en quart de finale contre l'Algérie (1-1, 4-3 t.a.b.) sans la moindre réalisation. Pire, après des titularisations en pointe de l'attaque ivoirienne contre l'Afrique du Sud et le Maroc en phase de groupe, il a été relégué par le sélectionneur Ibrahima Kamara sur le banc pour le quart de finale, après ses mauvaises prestations. Au milieu de stars comme Aubameyang, Mesut Özil, champion du monde en 2014 avec l'Allemagne, Alexandre Lacazette, ou encore Henrikh Mkhitaryan, Pépé va devoir assumer son nouveau statut.
« Je suis bluffé par sa capacité à accélérer et à changer de rythme dans les transitions, offensives ou défensives. Il est très fort. Physiquement aussi, il a de la bouteille. Il est capable de répéter les efforts dans un espace temps réduit », a loué Didier Drogba, la légende ivoirienne, avant la CAN 2019. Les yeux doux de l'entraîneur de Naples Carlo Ancelotti et la perspective de disputer la Ligue des champions avec le vice-champion d'Italie n'auront donc pas suffi à le convaincre de rejoindre la Campanie.
Replacer les Gunners en C1
À la place, c'est un autre défi tout aussi immense qui attend l'attaquant ivoirien : replacer Arsenal, finaliste malheureux de la Ligue Europa contre Chelsea (4-1) fin mai, en Ligue des champions, la compétition reine du football européen, que les Gunners ne disputeront pas pour la troisième saison consécutive. Loin des ses plus belles saisons au cœur des années 2000 avec l'entraîneur français Arsène Wenger (finale de la C1 en 2006), Arsenal n'a plus remporté le championnat depuis 2004 et a même été éjecté du top 4 les deux saisons précédentes. Les sacres récents en Cup (2014, 2015, et 2017) sont loin de remplir les ambitions des propriétaires américains.
Avec Emery comme entraîneur pour sa deuxième saison, la Ligue Europa constituera un premier objectif, puisque le vainqueur de la C3 est automatiquement reversé en C1 l'année suivante. Mais une place dans le Big Four de Premier League, championnat le plus lucratif et le plus relevé au monde, marquerait le retour d'Arsenal aux affaires. Pour Lille, qui a anticipé le départ de Pépé en recrutant les attaquants américain Timothy Weah et nigérian Victor Osimhen, ces 80 millions d'euros constituent également un record. Le club nordiste avait acheté le joueur pour 10 millions à Angers à l'été 2017 et un contrat de cinq ans. Le Losc a fait sauter la banque jeudi puisqu'il a aussi officialisé le départ de l'attaquant portugais Rafael Leão à l'AC Milan pour 35 millions d'euros, plus 20 % du montant de sa revente.
PAR Fatimata Diallo
LE CALVAIRE DES "MIGRANTS" À PARIS
J'imagine les conditions de vie de ces gens condamnés par le système à quitter l'humanité pour être moins que des bêtes. On caresse la tête des chiens ici, mais on détourne le regard de son frère d'ailleurs
En quittant Dakar pour Paris, je croyais être venue dans la plus belle ville du monde pour me reposer, visiter les expositions du moment, aller au cinéma, voir parents et amis, me promener dans les magnifiques parcs de la Ville Lumière, faire mon pèlerinage habituel à mes Monuments éternels, bref jouer les touristes délestés de leur quotidien et pressés de humer l'air même pollué de Paris. Tant que je prenais le métro souterrain, tout allait bien. Puis j'ai bénéficié d'une voiture et le Paradis s'est mué en enfer.
Le long du boulevard périphérique, des pustules vertes comme des abcès sur la colonne vertébrale d'un géant malade sont alignés. De temps en temps, une pustule éclate et délivre son contenu. Un homme. Il est hagard, décharné, le regard vide de l' affamé, les membres perclus de désespoir. Il a tout perdu. Il a traversé le Sahara dans des conditions indescriptibles, il a bravé les mers et les océans , il a déjoué les traquenards les plus compliqués. Et il est là, sur ce boulevard périphérique, réceptacle de toutes les pollutions parisiennes, coincé entre les voitures aux allures vertigineuses et les flics postés en nombre en arrière-plan. De temps en temps, un embouteillage ralentit le flux des voitures. Il se précipite vers les automobilistes, la main et sa misère en avant. Mes enfants reculent, effrayés, au fond de la voiture. Au début j'ai du mal à comprendre que ces pustules vertes, ce sont les tentes qui composent les camps de migrants dont parle la presse. Mais là, aucun doute, ce sont bien eux. Je croise le regard d'un Sénégalais. Oui je suis sûre. Ni Malien, ni Guinéen, ni Érythréen, celui-là est bien un compatriote. Je le reconnais à sa dégaine "bul faale", à son allure entre dandy misérable des tropiques et l'insolence caractéristique de certains jeunes du pays. Il pourrait être mon fils. Je hurle aux enfants que ces gens sont des humains et pas des bêtes sauvages. Le savent-ils encore eux-mêmes ?
Il fait chaud à Paris, ces jours-ci . Une canicule où les températures frôlent régulièrement les 40 degrés. Et ces tentes hostiles et minuscules sont leurs maisons. Les larmes montent de mon ventre et se mêlent au bouillonnement de colère qui y couve. La compassion l'emporte. J'imagine les conditions de vie de ces gens condamnés par le système à quitter l'humanité pour être moins que des bêtes. On caresse la tête des chiens ici, mais on détourne le regard de son frère d'ailleurs. Bien sûr, il y a tous les bénévoles et les efforts entrepris pour alléger leur fardeau, mais sera-t-il possible de leur rendre l'humanité qu'ils ont laissée dans leur traversée ? Ce qui les attend, sans travail ni dignité n'est-il pas pire que ce qu'ils ont quitté ?
J'avoue que la question est complexe et nécessite probablement une réflexion plus poussée qu'un post épidermique sur Facebook. Mais pour l'amoureuse de Paris que je suis, cette ville n'aura plus jamais le même visage.