Tout est parti d'une publication de Khoureychi Bâ, avocat d'Adama Gaye via sa page Facebook, aux alentours de 20 h (heure locale). On peut notamment y lire que le journaliste accusé d'atteinte aux bonnes moeurs et d'offense au chef de l'Etat ,a "été extrait du commissariat central" où il était censé passer la nuit, afin "d'être inculpé". "Il est temps qu'on se respecte dans ce pays", a ensuite asséné l'avocat. Le même Khoureychi Bâ est revenu après 1 h du matin, informer que la "tentative d’inculpation nocturne clandestine de son client en l’absence de ses conseils, est ratée", ajoutant que le prévenu sera face au doyen des juges ce mercredi à 13h.
Adama Gaye accusé d'atteinte aux bonnes moeurs et d'offense au chef au chef de l'État selon son avocat, a été arrêté lundi à son domicile par la Dic. Interrogé sur la question ce mardi, le ministre de la Justice a signifié qu'il prendrait toutes ses responsabilités dans cette affaire.
par Babacar Gaye
TROIS RAISONS DE SOUTENIR ADAMA GAYE
Abo est un patriote qui, par excès d'appétit de démocratie de libertés et d'équité, mène une lutte contre les injustices et l'accaparement de nos richesses par un clan au détriment des priorités nationales - Il agit pour nous autres
Abo est un patriote qui, par excès d'appétit de Démocratie de libertés et d'équité, mène une lutte contre les injustices et l'accaparement de nos richesses par un clan au détriment des priorités nationales. Il agit pour nous autres.
Abo est un ami d'enfance et camarade de lycée avec qui nous avons grandi à Kaolack. Entre Kassaville, Kasnack et Tabaya, nous avons gambadé, chahuté organisé des nuits blanches, dansé et maraudé dans les jardins de Ndorong, Keur Maaloum et Sam. Or, comme le disait Malraux, "L'amitié, ce n'est pas d'être avec ses amis quand ils ont raison, c'est d'être avec eux même quand ils ont tort." L'islam que nous avons en partage recommande aussi d'attendre d'être seul avec ses amis fautifs pour leur dire la vérité.
Abo Gaye est l'un des patronymes de nos illustres ancêtres du Walo lointain. Même si nous sommes souvent en désaccord pas dans le fond, mais dans la forme de ses prises de position, il est mon frère. "Bopp bi, njuur tojuko".
Je sais qu'il a assez de courage pour supporter les épreuves qu'il traverse et desquelles il sortira encore plus grand.
J’adresse un appel à contribution à tous les sereres et citoyens du Sine. Cheikh Kanté me réclame 900.000.000 pour le délit de diffamation publique. Il déclare la 7tv civilement responsable des condamnations qui seront réclamées jusqu’à la somme de 900.000.000 de FCFA. Il veut vraiment nous faire disparaître. Fogole serere mbafiotene koye.
Les faits en question :
C’était le 20 Mai dernier, invité de l’émission Ramadan Show, l’ancien promoteur de lutte Palla Mbengue accuse ouvertement Cheikh Kanté d’avoir acheté à Necotrans un terrain dont la valeur vénale est de 3 milliards de francs CFA, à plus de 17 milliard. Allant plus loin, l’invité du jour déclare détenir les preuves de ses accusations et déplore ce ‘’deal’’ fait dans le dos des sénégalais pour enrichir la société Necotrans.
Voilà ce qui nous vaut aujourd’hui une situation directe. L’audience est fixée au 13 Août.
PAR Achille Mbembe
LA NOUVELLE QUESTION NÈGRE
Les Nègres sont, certes, des gens dont il ne faut guère sous-estimer les capacités de révolte - Mais bon sang, quand vont-ils enfin passer à l'acte et apprendre à gagner de nouveau ? Qu'est-ce que ce peuple à genoux, en extase devant ses bourreaux ?
Je me suis donc retrouvé à lire de vieux textes au cours des cinq derniers jours. Des textes des années 1930. À titre d'exemple, j'ai relu "Retour de Guyane" de Léon-Gontran Damas publié en 1938. Damas n'avait, à l'époque, que 25 ans. Lequel d'entre nous, aujourd'hui, a cet âge, serait capable de produire une telle oeuvre ? Le thème du "retour" est tres présent dans les écritures des années vingt et trente - "Retour du Tchad" de Gide en 1928 ; "Cahiers d'un retour au pays natal" de Césaire en 1939 et ainsi de suite.
J'ai aussi relu le Manifeste intitule "Légitime défense" paru un peu plus tôt, en 1932. Ce sont des années au cours desquelles "la question nègre" ne cesse de s'amplifier. A l'époque, qu'entend-on par "question nègre" sinon celle de la libération tout court, et pas seulement des peuples coloniaux ? Dire "question nègre" à l'époque, c'est en effet poser le problème complexe des rapports entre la culture et la race, l'histoire et l'esthétique ? En un mot, c'est s'interroger sur la possibilité de l'affranchissement, condition préalable à une fraternité véritablement universelle.
Je suis revenu à ces textes, sans doute poussé intuitivement par toutes sortes d'événements qui nous assaillent, une actualité qui ne cesse de nous choquer (du moins certains d'entre nous), de nous laisser perplexe ou de nous interpeller.
Ainsi de la croisade anti-minorites raciales de Donald Trump aux Etats-Unis. "Rentrez chez vous", leur intime-t-il. Rentrer ou, sinon (du moins pour la diaspora noire) en Afrique, ce cul supposé du monde ? Vieille antienne à l'origine des Etats-Unis, en réalité. En la réactivant, le chiffonnier de la Maison Blanche tient à souligner, comme à revers, le fonds "negro-africain" de la diaspora afro-américaine - non point des citoyens à part entière, mais un assemblage hétéroclite d'"étrangers" dangereux, stupides et "indésirables", suggère-t-il.
Ainsi du meurtre de Mamoudou Barry, tué il y a quelques jours par un assassin qui voulait "niquer" des "Noirs", geste des plus profanes pour la masse d'hommes dégénérés qui peuplent notre present. Et, avant lui, plusieurs autres, des mini-exécutions extra-judiciaires, souvent aux mains de la police - Zyed Benna, Bouna Traore, Adama Traore, et ainsi de suite ...
Il y a d'autres événements qui conspirent à nous ramener dans ces lieux qui ne nous quittent point malgré notre ardent désir de nous en éloigner. C'est le cas de ces pays qui nous ont vu naître, qui n'ont fait semblant de sortir de la nuit coloniale que pour mieux s'engouffrer dans une interminable tyrannie autochtone. Il s'agit de pays sous la coupe de bonzes gâteux, ou la menace de sombrer dans une aveugle bestialité qui n'est jamais loin.
Or, a la place du "retour", des millions d'Africain.e.s, agglutiné.e.s membre à membre dans des embarcations de fortune, ne jurent plus aujourd'hui que par le "départ", comme si tout était perdu pour de bon. Comme s'il n'y avait plus rien à sauver - défection et fuite généralisée.
Passivité calculée sur fonds de lutte pour la survie donc, sur ces scènes de la reddition désorganisée. La tyrannie aura cause chez nous d'incalculables dégâts, à commencer par la prolifération des maladies du cerveau. Appelons-cela la scotomisation, par quoi il faut entendre l'émoussement de la raison et du sentir, l'annihilation de toute volonté et de tout désir autre que la volonté et le désir sado-masochiste - la compulsion sadique, faut-il préciser.
L'univers sensoriel et la faculte de la raison ne se sont point sclérosés. En réalité, ils ne fonctionnent plus qu'au sadique, vissés qu'ils sont à la répétition, à l'obéissance et à l'imitation servile.
Comment expliquer autrement la prolifération des cabinets de torture, les corps de Nègres menottés au poing que l'on saccage, les vies que l'on broie, l'extraordinaire fascination pour la mort violente que l'on impose aux opposants, la sorte de régression infantile qui accompagne tout processus d'ensauvagement, l'avachissement de tout un peuple transforme en objet que l'on ballotte en tous sens, dans un jeu aussi triste et passif que tragique.
C'est peut-être ce à quoi les fuyards veulent tourner le dos, à ce salon psychiatrique que sont devenues les ex-colonies francaises d'Afrique. Ils en ont marre de se faire intoxiquer par le poison qui sert de breuvage à tous.
Les fuyards veulent oublier la guerre tribale, les rackets, la corruption, la brutalisation au quotidien - la botte sur la nuque, ces hyènes qui ricanent en pleine séance de torture, les phallus hauts comme des pylônes, ces prisons d'ou l'on fait gémir toutes sortes de trompes.
C'est qu'en régime tyrannique, la prison est devenue notre condition, la réfraction hallucinatoire du nihilisme postcolonial. Et l'une des rares alternatives à la prison - et donc à la folie - c'est la fuite.
Les fuyards ne veulent plus hurler devant cet odieux spectacle fait de crimes, de turpitudes et de cruauté - le vacarme assourdissant de la bêtise postcoloniale, celui-la que déchaîne le vibrion. Ils ne veulent surtout plus crever de-ci de-là, le cuir brulé, enfermés dans les cellules nécrotiques d'un régime imbécile.
Puisqu'il s'agit du Cameroun, qui en effet n'a entendu parler de son tyran, le devenir-momie d'un soudard serti d'or et de pierres précieuses et double d'un truqueur ? Qui n'est au courant du sort réservé au Professeur Maurice Kamto et à la deux centaines de ses compagnons ? Qui n'a entendu parler de la barbarie en région anglophone ? Des milliers de prisonniers entassés comme des morpions dans les cales des bateaux négriers ? Y-a-t-il, au fond, quelque différence que ce soit entre Kondengui, l'infame prison du satrape, et Abu Ghraib, Guantanamo, ou, plus près de nous, Robben Island ? Ou encore entre l'"occupation étrangère" ou "coloniale" et la sorte d'"occupation" ou "colonisation interne" qui a succedé à l'emprise étrangère ?
Qui n'a vu, ces derniers jours, l'image de Mamadou Mota, gibier d'un tyran émasculé mais qui n'arrête pas de débonder, sourd qu'il est aux cris et à la clameur qui montent des prisons insalubres de cette violente poubelle que sicaires et griots patentés continuent de qualifier de "république", comme pour masquer la pourriture environnante ?
Car effectivement, sous nos cieux, puanteur, tyrannie et déjections vont de pair. La tyrannie, chez nous, est l'équivalent d'une grande bouche d'égoût ou vient s'abreuver la foule des esclaves. C'est qu'au terme de près de quarante ans de vol et de gabegie, le Cameroun est devenu un gouffre alimenté par de petits cyclopes au service d'une idôle rapace, le satrape.
Espèce de démon d'en-bas, le satrape est la figure entrecroisée de la b sauvage, de l'esprit-porc, du serpent et du boucher, du convoyeur, du charretier, du distributeur qui met son pays à l'encan, du sacrificateur armé d'un couteau trempé à l'acide et au formol et qui pretend concasser des morceaux de soleil.
Les Nègres sont, certes, des gens dont il ne faut guère sous-estimer les capacités de révolte. Ils ne cultivent pas tous, certes, l'amour des danses lubriques. Ils ne sont pas tous, certes, doué d'une imagination sensuelle et colorée. Ils ne sont pas tous, certes, de bons Nègres hilares, prompts à se prosterner aux pieds du bon Maitre. Mais bon sang, quand vont-ils enfin passer à l'acte et apprendre à gagner de nouveau ?
Quand vont-ils arrêter de s'aveugler eux-mêmes aux vérités de leur drame devant le miroir, cracher sur tout ce qu'aime la tyrannie, tout ce qu'elle vénère, tout ce dont elle tire subsistances et jouissances, mais aussi plaisir cruel d'agression et sadisme ? Qu'est-ce que ce peuple à genoux, en extase devant ses bourreaux ? Quand se mettra-t-il debout sur ses propres jambes ?
Face à la puanteur des tyrannies décadentes qui limitent son horizon de vie, quand va-t-il clamer en choeur : "Nous n'en pouvons plus !", et ce faisant, refuser de composer avec l'ignominie environnante, et cesser de croire que "tout peut continuer ainsi"?
LE BLOGUEUR MAURITANIEN MOHAMED CHEIKH OULD MKHEÏTIR SE RÉFUGIE AU SÉNÉGAL
C'était le "plus ancien journaliste-citoyen détenu en Afrique francophone" selon Reporters Sans Frontières : initialement condamné à mort pour blasphème, il a "retrouvé la liberté" après plus de cinq ans de détention
C'était le "plus ancien journaliste-citoyen détenu en Afrique francophone" selon Reporters Sans Frontières: initialement condamné à mort pour blasphème, le blogueur mauritanien Mohamed Cheikh Ould Mkheïtir a "retrouvé la liberté" après plus de cinq ans de détention et a rejoint le Sénégal, a-t-on appris mardi de sources concordantes.
Reporters Sans Frontières, en pointe dans la campagne internationale pour sa libération depuis des années, est "heureux d'annoncer la remise en liberté", lundi à l'aube, de M. Ould Mkheïtir, 36 ans, a indiqué mardi dans un communiqué l'ONG de défense de la liberté de la presse.
"Contacté directement par RSF, il a remercié les organisations qui se sont mobilisées pour sa libération depuis près de 6 ans", a ajouté RSF.
Son avocate, Fatimata Mbaye, a confirmé à l'AFP que le blogueur avait été "libéré du lieu où il était en résidence surveillée", une forteresse de la capitale Nouakchott selon un responsable mauritanien.
Mais il n'est "pas entièrement libre de ses mouvements", a ajouté son avocate, en indiquant qu'il avait quitté Nouakchott. Le dossier est sensible dans ce pays du Sahel très majoritairement musulman, régulièrement épinglé par les ONG pour son bilan en matière de droits humains.
"Le sieur Mohamed Cheikh Ould Mkheïtir est entré sur le territoire national (sénégalais) ce lundi 29 juillet", a indiqué à l'AFP une source sécuritaire à Dakar, confirmant une information de la presse sénégalaise.
Ses parents, se sentant menacés, avaient quitté la Mauritanie en vendant leurs biens fin 2016 pour se rendre en France, en passant par le Sénégal, selon des sources familiales.
Interrogé mardi par l'AFP sur la possibilité que le blogueur se rende en France, le ministère français des Affaires étrangères n'a pas souhaité faire de commentaire.
Emmanuel Macron s'est entretenu par téléphone lundi après-midi avec le président mauritanien élu, Mohamed Ould Cheikh Ghazouani, qui doit succéder jeudi à Mohamed Ould Abdel Aziz, selon l'Agence mauritanienne d'information (AMI, officielle). "L'entretien a porté sur les excellentes relations entre nos deux pays", indique l'AMI, sans évoquer le cas de M. Ould Mkheïtir.
- Exécution réclamée dans la rue -
Dans son article, le jeune blogueur, inconnu jusque-là, critiquait l'utilisation de la religion pour justifier certaines discriminations, dont celles visant sa communauté, les Maalmines (forgerons).
Détenu depuis janvier 2014, il avait été condamné à mort en décembre de la même année pour apostasie, son texte étant jugé blasphématoire envers le prophète de l'islam.
Cette peine avait été ramenée en appel à deux ans de prison en novembre 2017 pour tenir compte de son repentir et il aurait donc dû être immédiatement remis en liberté.
Mais la décision, jugée trop clémente, avait entraîné des manifestations pour réclamer son exécution, bien que la peine capitale n'ait plus été appliquée en Mauritanie depuis 1987.
M. Ould Mkheïtir était depuis lors maintenu en détention administrative, quasiment au secret, et les militants des droits de l'homme étaient "très inquiets de son état de santé physique et mentale", selon Amnesty International.
- "Immense soulagement" -
Le président mauritanien sortant, Mohamed Ould Abdel Aziz, avait le 20 juin justifié cette situation par la "sécurité personnelle" du blogueur "aussi bien que celle du pays". RSF et 11 autres ONG l'ont alors exhorté à "utiliser les quelques semaines qui lui restaient à la tête du pays pour mettre fin à la détention illégale" du blogueur.
Une commission d'oulémas a été constituée pour "suivre" le processus menant à sa libération et M. Ould Mkheïtir s'est à nouveau repenti publiquement, une condition posée par des chefs religieux pour sa libération.
"Comme je l'avais annoncé au début de 2014 et comme je l'ai répété à toutes les occasions qui s'offraient à moi devant les tribunaux, je réaffirme ici mon repentir devant Allah, le Seigneur des Mondes", a-t-il écrit dans son premier post sur Facebook depuis 2014.
"Sa libération est un immense soulagement", a réagi le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. "Pour un simple article publié sur un réseau social, il a vécu un véritable calvaire, en violation d'une décision de justice rendue par son propre pays", a-t-il dit.
SAUVÉ PAR UN TEST ADN APRÈS 11 MOIS DE DÉTENTION PRÉVENTIVE
Commerçant de son état, Moussa Mbaye a recouvré la liberté, après avoir purgé près d’une année de prison, pour viol suivi de grossesse sur une mineure de 16 ans - Le polygame de 39 ans, revient sur sa poignante mésaventure
Commerçant de son état, Moussa Mbaye a recouvré la liberté, après avoir purgé près d’une année de prison, pour viol suivi de grossesse sur une mineure de 16 ans. Convaincu de son innocence, il avait, avec le concours de ses avocats, sollicité une expertise médicale (test Adn). L’acceptation de cette requête a permis au magistrat du tribunal des flagrants délits de Dakar de se rendre à l’évidence et prononcer sa libération. Dans un entretien accordé à «L’Obs», ce polygame de 39 ans, père de 4 enfants, revient sur sa poignante mésaventure.
Monsieur Mbaye vous venez d’être relaxé, après avoir purgé 11 mois de détention préventive, pour viol suivi de grossesse sur une mineure. Quels sentiments vous animent présentement ?
Un sentiment de fierté à présent que toute la lumière a été faite dans cette affaire qui m’a valu des démêlés judiciaires qui m’ont énormément affecté. La pilule est d’autant plus amère que je suis resté tout ce temps en prison sur la base de fausses accusations. Mais je rends grâce à Dieu. Aujourd’hui, la vérité est connue. Je m’attendais à ce résultat du test d’Adn, car j’étais convaincu de mon innocence. C’est l’occasion pour moi de féliciter le professionnalisme des spécialistes de la clinique de Fann-Résidence, pour l’excellent travail effectué. Ils ont procédé à la collecte de toutes les informations requises, qu’ils ont envoyées en France pour un examen médical plus fourni.
Pouvez-vous revenir sur les contours de cette histoire de mœurs ?
Je suis commerçant établi sur les Allées du Centenaire depuis 2013. J’ai deux autres boutiques à Mbour et à Kaolack. J’importe des chaussures et sacs pour femme, de la Chine. J’ai connu la plaignante, Mame Guèye Faye par l’intermédiaire de mon mécanicien du nom de Malick. Un jour, je lui avais laissé ma moto, la fille qui habite le même domicile que lui, a vu des échantillons de chaussures m’appartenant, dans le coffre. Apprenant ainsi que je vends des chaussures importées, elle m’a rendu une visite de courtoisie, en compagnie d’une amie.
Quelque temps après, à ma grande surprise, elle s’est à nouveau présenté chez moi, en compagnie de son père, m’accusant de viol, de surcroit suivi de grossesse. N’y comprenant absolument rien, j’ai fini par faire à l’idée qu’il s’agissait d’une cabale, lorsque son père m’a proposé un règlement à l’amiable, moyennant de l’argent. Outré par leur combine, j’ai refusé toute médiation. Ils sont repartis, après avoir menacé de me trainer en justice. La fille et son père se sont rendus à la gendarmerie (Caserne Samba Dièry Diallo de Colobane), où ils m’ont assuré avoir des connaissances (bras longs). Au début, je n’ai pas pris au sérieux leurs menaces, me sachant étranger à toute cette machination. Je dois cependant préciser que Mame Guèye Faye n’a jamais été ma copine, contrairement à une certaine rumeur véhiculée. Nous sommes juste des voisins de quartier. Elle m’a accusé de viol, tout simplement pour me soutirer de l’argent, en cherchant à me coller la paternité de sa grossesse. Je venais de convoler en secondes noces et j’ai beaucoup de respect pour mes femmes. Aux enquêteurs, Mame Guèye Faye a dit que j’ai utilisé une bombe asphyxiante pour abuser d’elle dans ma chambre, alors qu’elle n’y a jamais mis les pieds.
Dans quelles circonstances avez-vous été arrêté ?
C’est à la suite de cette plainte qu’elle a déposée, que les gendarmes se sont présentés un jour chez moi. À mon insu, ils ont cru que j’avais fui et ont menacé d’embarquer ma première femme. Mon épouse m’a joint au téléphone et m’a expliqué la situation. J’ai parlé aux pandores, leur disant que j’allais, dès mon retour, me présenter dans leurs locaux. Ce que j’ai fait. Là, ils m’ont entendu sur la base de ces accusations et mis aux arrêts. J’ai été déféré le 24 juillet 2019.
Mon séjour en prison a été un véritable cauchemar. Ma première nuit en cellule a été la longue de ma vie. J’avais l’impression que le jour n’allait jamais se lever. La première semaine, je n’ai presque rien avalé, pas parce que je ne voulais pas, mais parce que j’avais l’impression que ça bloquait quelque part dans ma gorge. J’avais perdu l’appétit et le sommeil. Nous étions entassés comme des sardines dans des positions indescriptibles et je n’avais jamais connu cela. Par manque de place, certains étaient contraints de rester assis toute une nuit. J’ai vécu cet enfer 3 mois durant, au point qu’à chaque fois qu’on me conduisait au parquet, j’avais du mal à marcher, mes pieds étaient enflés. Et tout cela, par la faute d’une fausse accusation. Pour me ressaisir, je passais mon temps à prier, pour que la vérité éclate un jour.
Comment les membres de votre famille, précisément vos épouses, ont réagi à la suite de votre arrestation pour viol ?
Mes épouses ont été braves et m’ont soutenu durant cette épreuve, parce qu’elles étaient convaincues que j’étais victime d’une machination. Toutefois, elles étaient très affectées, elles ont beaucoup pleuré et peinaient à sortir, par crainte d’affronter le voisinage, dont certains ont véhiculé toutes sortes d’opprobre sur ma personne. Elles n’ont ménagé aucun effort, en intelligence avec mes avocats, pour me sortir de prison. À chaque fois que je comparaissais au tribunal, ma 1ère épouse tombait en syncope dans la salle d’audience. Mes enfants ont aussi durement vécu cette situation, j’avais beaucoup de peine pour eux. Mes épouses ont commis 3 avocats. Elles ont aussi été escroquées de la somme de 450 000 FCfa par un intermédiaire qui s’était engagé à me sortir de prison. Au total, j’ai dépensais près de 7 millions FCfa pour tirer au clair cette affaire.
En prison, aviez-vous l’espoir qu’un jour, la justice vous soit rendue ?
Vous n’allez peut être pas me croire, mais j’avais malgré tout, confiance à la justice et au professionnalisme de mes avocats. J’étais alors persuadé que le résultat du test Adn allait m’innocenter.
Justement parlez-nous des conclusions de ce test…
Les conclusions de l’Adn ont en somme, attesté que je ne suis pas le père de l’enfant né de la grossesse contractée par la plaignante. Par la suite, un ami m’a révélé qu’elle a été en réalité enceinté par un handicapé. Considérant cela comme une honte, elle a cherché à trouver un père à son enfant et j’étais une cible toute faite.
Aujourd’hui que vous êtes libre, que comptez-vous faire ?
Ce que cette fille et sa famille m’ont fait subir est très dur. Ils ont terni mon image, les membres de ma famille ont été humiliés, trainés dans la boue. Je ne suis pas en mesure de dire que je pourrais un jour, leur pardonner. Surtout qu’ils m’ont causé tout ce tort, juste pour de l’argent, c’est hallucinant. Je ne compte pas me contenter de cette libération comme consolation. Je vais les attaquer en justice. Je suis en discussion avec mes avocats qui vont retenir la conduite à tenir pour mener une telle procédure.
PAR Fary Ndao
L'ART DU NON-DIT ET DE LA SOUMISSION
La loi laisse à chacun le droit de porter plainte pour diffamation ou atteinte à l’honneur. Elle garde cependant en son sein des dispositions rétrogrades, éculées et floues comme "l’offense au chef de l’État"
En Afrique, exprimer franchement et clairement sa désapprobation est mal vu. Dire qu’on est contre, c’est être nihiliste, négatif ou même pire, selon certains, c’est être méchant. Ainsi, pour enrober ce dysfonctionnement de nos sociétés et justifier la non-expression des désaccords ou des frustrations, on évoque le sempiternel mándu (la neutralité) ou le fameux respect de l’institution. Partout c’est l’inquisition dans la pensée, dans les rapports sociaux, en entreprise, dans l’administration, dans la vie socio-religieuse, voire même dans le monde académique. Au Sénégal, l’espace politique démocratique était l’un des rares où toutes les opinions, même les plus acerbes, s’exprimaient avec franchise. Oui cela fait souvent beaucoup de bruit, oui parfois il y a de l’outrance et des excès, mais le package « conflictualité + liberté de d’expression et de ton » que des générations de militants, d’activistes et d’hommes politiques ont durement arraché à force de luttes, parfois clandestines, nous a évités bien des conflits en sublimant justement nos colères dans les joutes et dans l’escalade verbale.
La loi laisse à chacun le droit de porter plainte pour diffamation ou atteinte à l’honneur. Elle garde cependant en son sein des dispositions rétrogrades, éculées et floues comme « l’offense au chef de l’État ». Une disposition dont il est difficile de se souvenir qu’elle ait été autant utilisée sous un autre régime que sous celui de l’actuel Président de la République, M. Macky Sall. Zèle autonome des collaborateurs (Garde des Sceaux, Procureur) ou volonté autocratique exprimée au plus haut niveau ? Sans doute un peu des deux. Hélas.
Amy Collé, Ouleye Mané et aujourd’hui Adama Gaye quel que puisse être l’avis que l’on se fait de leurs opinions, attaques ou injures envers le chef de l’Etat, ne sont ni des criminels, ni des trafiquants pour être arrêtés brutalement chez eux. Il ne s’agit pas défendre leurs propos tels quels, mais de lutter contre trois choses :
- La terreur symbolique et le silence qui souhaitent être imposés par les élites dirigeantes face à ceux qu’ils administrent.
- La violence symbolique de leurs arrestations sur ordre d’un Procureur lui même activé par un Ministre de la Justice partisan et dont l’humeur, comme pour tout humain, est changeante : ce qui nous met tous en sursis.
- Enfin, la sacralisation d’institutions qui ne sont ni sacrées, ni éternelles.
Ce qui inquiète surtout, c’est que la répétition de ce type d’abus, n’indigne presque pas les Sénégalais. Ce qui « inquiète », et non ce qui « étonne ». Car quiconque observe la société sénégalaise verra comment celle ci est formatée dans la soumission aveugle dans la famille, dans la religion, dans le travail. Transposer des dispositions mentales et sociales dans le champ politique est naturel. Le Ministre de la Justice est ainsi soumis, littéralement, au Président de la République. Les Sénégalais sont soumis, littéralement, à toute forme d’autorité qui apparait devant eux. Y compris celles qui abusent de leurs pouvoirs contre d’autres de leurs concitoyens.
Telle est l’une des facettes de notre contrat social : entretenir les non-dits et être un peuple soumis.