SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
17 juillet 2025
par Massamba Ndiaye
LE SÉNÉGAL, UN PAYS DE MERVEILLES
Il n’appartient pas à un chef d’Etat d’une « démocratie majeure » de suppléer les autorités compétentes de la Fédération sénégalaise de football pour distribuer des dividendes aux joueurs
Une voyante aux multiples revers et aux pronostics loufoques très prisée par certains médias en ligne à cheval sur le sensationnel et friands de buzz, vite touchée par une grâce soudaine du ciel, non que dis–je, par des hallucinations comminatoires, tient en haleine un peuple désœuvré mieux encerclé de toutes parts par - des problèmes cruciaux de bonne gouvernance, de pillage systématique de nos deniers publics, de méfiance accrue envers les autorités publiques, d’instrumentalisation de la justice à des fins politiciennes, mais également par - des questionnements sur le sens même de la justice sociale dans un pays sclérosé, de surcroît pauvre - et qui dévoile à bout de champ ses visions éclairées et maintes fois martelées avec la foi en bandoulière d’une illuminée à qui veut l’entendre ou à qui souhaite prêter une oreille attentive voire qui attend avec impatience un moment de gloire, symbole d’union ou d’unité nationale pour oublier ou même mieux suspendre le temps des jouissances festives la révolte des sans voix spoliés de leurs ressources publiques et privés de liberté par la fratrie des Sall et de ses acolytes nichés au cœur de la République.
Une société exsangue qui se met à croire aux prédictions d’une voyante et qui demande toujours avec insouciance et délectation le rituel du sacrifice à accomplir sur l’autel pour obtenir la grâce ou la satisfaction des besoins. Des autorités loin de tout soupçon se chargent de passer à la caisse pour payer le prix du sacrifice. C'est la cerise sur le gâteau.
Une société en déliquescence et atteinte d’une cécité inouïe frappe la porte des ténèbres pour le sacre des Lions de la Teranga et oublie que le charlatanisme depuis l’aube des temps est voué à l’échec. On se délecte des saillies d’une névrosée qui prétend recevoir nuitamment du Seigneur de l’Univers le sens des choses cachées. Une vision voire une certitude transformée en cauchemar. Une défaite ou une énième désillusion des marchands d’illusions qui en réalité surfent sur la naïveté de nos compatriotes et sur leur propension immodérée et légendaire à la facilité. Un pays pourtant béni par le ciel et proclamé urbi et orbi et ce malgré son penchant de plus en plus exacerbé aux forces du mal et aux suppôts du diable.
Un mensonge vite oublié le temps de la liesse populaire de notre équipe nationale de Football revenue du Caire avec la médaille d’argent.Personne n’a compris la défaite des Lions et même Selbé Ndom, la voyante qui avait pourtant déclaré solennellement et avec ferveur que le peuple pouvait d’ors et déjà jubiler parce que la victoire était acquise. Pas de doute là-dessus. Elle l’a vue avec certitude. Pas de place ou droit de regard de la Providence. Le sort est déjà jeté. Le Sénégal au sommet de la gotha du football africain. Et puis, pschitt ! Les dès ont été vite retournés par les oiseaux de mauvais augure qui complotaient en cachette pour la défaite de nos Lions. Et la magie du Foot dans tous ces tours d’illusions.
Accueillie en grande pompe par une foule immense de supporters venus saluer le mérite de nos joueurs à l’Aéroport international Léopold Sédar Senghor, réouvert pour l’occasion afin de permettre à la population de vibrer en unisson pour mieux rendre hommage à nos vaillants Lions qui pourtant n’ont jamais réussi en deux confrontations à déjouer le piège des Fennecs d’Algérie.
La fête des vaincus fut belle et éclatante avec à la clé des couleurs vives verte jaune et rouge du drapeau national partout dans les rues de Dakar. Un moment de fierté nationale pour un peuple qui malgré tous les efforts déployés n’a jamais su gravir la marche la plus haute du podium du Football africain. Une défaite synonyme d’exploit là où tout le monde attendait le sacre du Sénégal. On se gausse de fierté comme si c’était notre première finale. Pourtant, le peuple sénégalais devrait en finir normalement avec ces pompeuses célébrations depuis très longtemps. Au pays de la Teranga, la démesure est portée au rang de valeurs d’où la manie des supporters à festoyer beaucoup mieux que les vrais vainqueurs comme si le Sénégal le temps d’une rose était au centre de toutes les attentions de la planète foot. Un appel d’air…
Le roi de la cour de Benno Bokk Yakaar n’était pas en reste et voulait coûte que coûte participer même par effraction à l’engouement populaire de la jeunesse sénégalaise. Une fouleimmense, il en a vu beaucoup depuis sa victoire à l’élection présidentielle de 2012. Cette sortie spontanée de la jeunesse sénégalaise obnubilée par le football pour célébrer la bande du sélectionneur national Aliou Cissé ravivait en lui de très fortes émotions politiques. Une foule en liesse et compacte aux couleurs beige marron de l’APR sillonnant les villes et villages du Sénégal pour magnifier la victoire éclatante de Macky Sall sur son mentor maître Abdoulaye Wade. Une image d’une autre époque durant laquelle notre pays pouvait encore s’enorgueillir d’être encore une vitrine de la démocratie en Afrique et ce malgré ses insuffisances. Une autre alternance démocratique pacifique célébrée en liesse et sans contestation. Des aspirations et attentes légitimes d’un pays qui a beaucoup souffert durant les 12 années de règne du régime libéral de maître Abdoulaye Wade avec son lot de scandales voire crimes économiques impunis, de l’assassinat sauvage de citoyens sénégalais par les forces de répression d’alors pour un véritable changement dans la pratique de la gestion du pouvoir.
Sept ans après le même cauchemar, pire encore les reniements systématiques de tous les engagements solennels du président Macky Sall, mais également ses mensonges éhontés jetés sur la figure de toute une nation. Malgré son coup de force pour empêcher l’expression libre et démocratique de nos compatriotes à l’élection présidentielle du 24 Février 2019 et malgré aussi le quadrillage de la Capitale par ses forces du désordre pour réprimer comme elles savent le faire toute tentative de révolte du peuple devant cette mascarade d’élection, Macky Sall et ses hommes se sont gardés de célébrer leur forfaiture. Une victoire terne et acquise au prix d’énormes renoncements à la vertu.
Empêtré jusqu’au cou dans le scandale Petro Tim–Aliou Sall, le chef de clan Macky Sall ne pouvait pour rien au monde s’empêcher de récupérer ce moment de gloire des Lions de la Teranga. Fier de lui, en monarque et chef de clan, il distribue à tour de bras devant toute la nation à chaque lion 20 millions de francs CFA. Une générosité déplacée voire offensante eu égard aux nombreuses privations que son régime exerce à l’encontre de nos compatriotes les plus vulnérables.Un véritable guichet automatique. Une autre caisse noire au service exclusif du roi de la basse cour de Benno Bokk Yakaar. Une sordide récupération politicienne. La gouvernance sombre et nauséabonde de nos ressources publiques est au rendez vous.
Autre scène, autre circonstance de deuil, le chef de clan Macky Sall en compagnie du président du Mali, offre gracieusement à la famille du défunt Ousmane Tanor Dieng 30 millions de francs CFA et réclame séance tenante toutes ses factures d’hospitalisation pour procéder à leur remboursement en bonne et due forme sans vérifier au préalable si le Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT) n’avait pas pris en charge l’entièreté de la facture ou une partie eu égard aux nombreux avantages dont disposait le défunt Ousmane Tanor Dieng. Nous ne devons pas perdre de vue qu’il n’était pas n’importe qui dans la République et était à l’abri du besoin. Pourquoi donc monsieur le chef de clan Macky Sall ce geste de trop, cette gabegie alors qu'un nourrisson d’une pauvre femme sénégalaise et sans sous a été kidnappé pour un simple défaut de paiement de la somme modique somme de 100 000 francs CFA par un centre hospitalier public !? Une générosité à géométrie variable. Nos deniers publics et autres privilèges sont pour le clan Macky Sall et ses alliés et rien pour nos pauvres compatriotes, sauf la bourse familiale et encore allouée principalement aux sympathisants et membres de l’APR et des miettes pour le reste de la population pour masquer une distribution inéquitable de l’argent du contribuable sénégalais.
Au Mackyland, le respect des règles d’éthique en matière de gestion de nos deniers publics ne figure pas du tout dans l’agenda du chef. Mieux, il n’est pas du tout astreint au respect du code de bonne conduite dans la gestion des affaires publiques ni au respect des lois et règlements de la République. Il n’appartient pas à un chef d’Etat d’une « démocratie majeure » de suppléer les autorités compétentes de la Fédération sénégalaise de football pour distribuer des dividendes aux joueurs. Cette médaille d'argent n’est pas la vôtre, mais celle des joueurs de l’équipe nationale.
Une fichue République bananière où l’on se permet de distribuer selon le bon vouloir du chef beaucoup d’argent dans un pays de trous à rats et où l’urgence est partout dans la société. Et on concède tout au plus au citoyen lambda de maugréer sa colère et pas plus sinon le procureur du chef de clan veille au grain et prêt à interpeller tous les pourfendeurs de son Excellence, Macky Sall le vaillant et attitré préfet de l’Hexagone.
Et c’est cette même France à travers ses hôpitaux haut de gamme et pas du tout à la portée de l’immense majorité de nos compatriotes qui soigne et accompagne les derniers moments de nos autorités publiques, les nantis et autres privilégiés de la République. Une République qui ne se prive jamais d’honorer d’outre tombe ses valeurs fils qui ont su pérenniser jusqu’au bout des ongles la loi du silence sur les secrets et autres scandales au cœur du pouvoir comme méthode de gestion des affaires de la Cité jamais remise en question dans les dossiers de la République, les fameux secrets d’Etat.
Ousmane Tanor Dieng, l’homme fort de la République sous le magistère du président Abdou Diouf est parti avec ses secrets et peut être avec des regrets voire une certaine culpabilité d’avoir facilité à Macky Sall en gardant le silence surl’exécution de son plan diabolique et méchant de destruction du député maire de la ville de Dakar monsieur Khalifa Ababacar Sall, un ancien compagnon de lutte au sein du PS.
En vérité, les voies du Seigneur des mondes sont insondables pour le commun des mortels. L’ancien secrétaire général du PS est parti laissant encore seul son ancien et fidèle compagnon de route monsieur Khalifa Ababacar Sall dans les geôles de Macky Sall. Vivant et toujours serein même dans la douleur et dans la souffrance des privations d’être éloigné de sa famille, de ses administrés de la ville de Dakar, monsieur Khalifa Ababacar Sall par un décret de la Providence, a été un spectateur privilégié de la disparition de l’ancien président du Haut Conseil des Collectivités territoriales (HCCT). Malgré le passé lourd (l’immixtion de Macky Sall dans les affaires internes du PS ou sa tentative réussie de vassalisation du premier parti politique sénégalais voire de la collaboration assumée et sans ambages de Tanor Dieng) qui a su défaire un compagnonnage de plusieurs années, l’ancien maire de Dakar, monsieur Khalifa Ababacar Sall depuis Rebeuss a trempé sa plume pour se remémorer de ces longues années de proximité politique avec le défunt Ousmane Tanor Dieng que le Seigneur des mondes le couvre de sa mansuétude et se taire sur les humiliations et les injustes de la justice politicienne de Macky Sall pour ne pas remuer la plaie de ses blessures. Quelle leçon de sagesse et de grandeur ! Mais, le peuple est témoin et n'a rien oublié de l’affaire de la Caisse d’avance de la Mairie de Dakar qui lui a valu tant de peine pour avoir seulement assumé son ambition de briguer la présidence de la République du Sénégal devant un homme d’une méchanceté indescriptible qui vit dans le ressentiment voire dans la peur. Une peur bien réelle en raison même de ses excès ou abus de pouvoir et de ses injustices.
Avec la disparition de l’ancien président du HCCT Ousmane Tanor Dieng, ses ouailles ( le ministre Serigne Mbaye Thiam) sortent du bois sans aucune gêne pour demander maintenant la libération du prisonnier politique monsieur Khalifa Ababacar Sall et non sans rappeler à l’opinion publique nationale et internationale que le défunt Ousmane Tanor Dieng a toujours porté ce combat auprès de Macky Sall. Soit ! D’outre-tombe, nos morts n’ont aucune prise sur la réalité d’ici bas. On peut même leur faire porter le chapeau et leur faire dire n’importe quoi. Mais, expliquez nous messieurs, pourquoi durant toute la longue période de détention du maire de Dakar Khalifa Ababacar Sall, ni lui Serigne Mbaye Thiam, ni le défunt Ousmane Tanor Dieng ni son ancien garçon, homme à tout faire et porte parole du PS le maire Abdoulaye Wilane voire les autres barons n’ont jamais franchi les portes de Rebeuss- ne serait ce que pour le réconforter dans l’épreuve ? Est-ce une peur infantile soudaine et irréfléchie de ne pas perdre sa part du gâteau ou est-ce une autre manière de témoigner sa loyauté à toutes épreuves au chef de clan Macky Sall ? Le peuple n’est pas amnésique et sait lire dans l’agenda caché même dans les ténèbres de nos politiciens professionnels.
Sans pudeur, ils surfent sur la grâce accordée à monsieur Karim Meissa Wade pour des sommes astronomiques et avec la mobilisation de toute la République pour traquer et récupérer le trésor du fils de maître Abdoulaye Wade caché dans les paradis fiscaux et jamais trouvé pour réclamer sa libération pour une somme très modique 1,8 milliards de francs CFA de la caisse d'avance de la ville de Dakar, résultat des excès de gestion en matière de soutien financier ou de volet social, une vieille tradition reconduite par tous les maires de la ville de Dakar que les inspecteurs généraux de l’IGE dans leur rapport demandent de revoir son mode de fonctionnement. Quelle bassesse ! Pas l’ombre d’un cas d’enrichissement illicite dans le chef du maire Khalifa Ababacar Sall. Mais plutôt un détournement de procédure orchestré depuis la présidence et exécuté par des magistrats d’une docilité inimaginable voire soumis aux moindres desiderata du chef de clan pour empêcher au maire de Dakar la possibilité matérielle de demander la confiance de l'ensemble du corps social sénégalais. Une véritable tragédie.
Rappeler ainsi à nos compatriotes cette page sombre et triste de l’histoire d’un compagnonnage politique avorté entre deux amis dans le but d’empêcher à l’un des protagonistes à assumer son rôle dans la marche et la conquête du pouvoir n’est jamais l’œuvre d’un aigri ou que sais – je encore un crime de lèse– majesté. Dans ce pays, chaque citoyen sénégalais doit avoir la liberté de dire sans crainte de poursuite pénale ou d’un excès de zèle du procureur de la République, monsieur Serigne Bassirou Guèye voire d’exprimer son opinion sur tous les sujets, même sur ceux qui gênent ou interpellent immanquablement tous les censeurs du chef de clan Macky Sall. C'est un droit non négociable et garanti par la charte fondamentale du pays même si elle est foulée voire piétinée depuis 2012 par Macky Sall et sa cour de laudateurs et autres thuriféraires zélés.
Dites–nous messieurs du parquet, pourquoi mettre sous mandat de dépôt notre compatriote Guy Marius Sagna pour avoir simplement déploré l’état calamiteux de nos hôpitaux publics qui sont devenus des mouroirs depuis l'indépendance pour les plus vulnérables d’entre nous au moment même où nos autorités refusent de se faire soigner ici et maintenant par égoïsme pour ne pas vivre le calvaire sans fin de nos malades rejoindre les bords de la Seine ou les autres provinces du pays de Marianne? Est-ce un mal voire un crime de pointer du l’état de délabrement progressif de notre système de santé publique ? Vous savez pertinemment qu’aucun magistrat sérieux ne peut retenir de telles charges fallacieuses sur un citoyen et de le retenir en détention.
Pour ne pas perdre la face, vous le maintenez en garde en vue le temps que les experts en mascarade judiciaire de Macky lui trouvent des motifs suffisants et probants (fausse alerte pour terrorisme) pour le réduire au silence dans ses geôles.Une détention illégale et arbitraire. Et pourtant, il n’est pas l’auteur principal de cette déclaration et il n’était pas présent au moment de sa publication. Pourquoi lui ? Est-ce pour faire plaisir à vos patrons de l’Hexagone en arrêtant un activiste et patriote pour son rejet de la domination française sur dans notre pays ? Ou même de le punir pour son audace et son courage de ramer à contre courant d’une certaine élite politique et/ou intellectuelle malhonnête et corrompue ? Mener ce combat pour préserver nos ressources publiques est-ce une attaque contre les intérêts du Sénégal ? Nous vous demandons seulement de protéger les intérêts du peuple sénégalais et d’assurer la vitalité de la démocratie. Rien de plus ou est-ce trop vous demander en hommes droits et intègres ? Si, c’est aussi grave que ça pour vous amener à inventer à l’encontre de notre compatriote Guy Marius Sagna un motif d’emprisonnement fallacieux pour semer la panique dans la société, pourquoi ne pas mobiliser notre voyante préférée Selbé Ndom et les autres charlatans du paysage numérique sénégalais de tendre l’oreille ou mieux d’ouvrir grand les yeux comme les oracles de l’Egypte ancienne (une leçon de l’histoire : Pharaon a fini par être noyé et ce malgré la puissance de leurs magies ) pour nousavertir de l’imminence d’une attaque terroriste et sonner l’alerte en temps réel pour protéger le pays de leurs aïeuls.
Le Sénégal, un pays ambitieux qui veut progresser grâce au plan Sénégal Émergent, mais qui prête une oreille attentive aux oracles pour débusquer les obstacles du chemin de la prospérité et du bien être, mais qui empêche à certains de ses fils de nommer voire de pointer du doigt les dysfonctionnements graves qui entravent le développement du Sénégal et de sa sortie de la liste des pays les plus pauvres du peuple. Entre temps, la République célèbre son digne fils Ousmane Tanor Dieng et la jeunesse magnifie la médaille d’argent de nos lions du Football. La dynastie Faye – Sall utilise à dessein ses deux images de notre éphémère existence humaine pour souffler afin de mieux sortir du scandale Petro Tim – Aliou Sall avec l’enterrement de ce scandale par son fidèle allié le procureur Serigne Bassirou Guèye. Des activistes et autres compatriotes veillent au grain et engagés pleinement à reprendre le combat sur le terrain de la mobilisation pour défendre nos droits et nos ressources énergétiques et ce malgré les menaces et les risques d’emprisonnement de justice politicienne du chef de clan Macky Sall. Le Sénégal, un véritable pays de paradoxes !
FAUX, LES FEMMES NE PORTENT PAS L'ADN MASCULIN DE TOUS LEURS PARTENAIRES SEXUELS
Rédigé sur un ton alarmiste, un article du site Elishean au Féminin explique « la présence d’ADN masculin dans le cerveau des femmes » par le fait que "le sperme est vivant" - Un fait jugé impossible par plusieurs spécialistes
L’auteur de l’article dit s’être basé sur une étude que des universitaires américains ont effectuée sur le cerveau de plusieurs femmes.
Rédigé sur un ton alarmiste, l’article explique « cette présence d’ADN masculin dans le cerveau des femmes étudiées » par le fait que « le sperme est vivant. Ce sont des cellules vivantes. Quand il est injecté en vous, il nage encore et encore jusqu’à ce qu’il s’effondre dans un mur, puis se jette dans votre chair. Si c’est dans votre bouche, il nage et grimpe dans vos passages nasaux, l’oreille interne et derrière vos yeux. Puis il creuse. Il entre dans votre flux sanguin et s’accumule dans votre cerveau et votre colonne vertébrale ».
Et de conclure : « Comme quelque chose d’un film de science-fiction, cela devient une partie de vous et vous ne pouvez pas vous en débarrasser. Nous commençons maintenant à comprendre tout le pouvoir et les conséquences des rapports intimes ».
Consulté plus de 200 mille fois sur le site elishean-aufeminin.com et repris par plusieurs sites comme le magazine en ligne AfrikMag qui l’a partagé sur sa page Facebook, générant des centaines de commentaires et des dizaines de partages.
Le transfert de l’ADN masculin par voie sexuelle pas mentionné dans l’étude
« Microchimérisme masculin dans le cerveau humain féminin », l’étude sur laquelle le site s’est basé pour faire cette affirmation, a été publiée pour la première fois, en septembre 2012 sur Plos One, une revue scientifique américaine.
Pour expliquer cette présence d’ADN mâle dans le cerveau des femmes, le document indique que cette situation est généralement causée par plusieurs facteurs que sont l’échange de cellules entre un fœtus mâle et sa mère au cours d’une grossesse antérieure, un avortement que la femme ignorait, un jumeau mâle qui a disparu, un frère aîné transféré par la circulation maternelle, ou tout simplement par transfusion sanguine non irradiée.
On remarque que le transfert de l’ADN masculin par voie sexuelle n’a pas été mentionné dans l’étude.
Pr Ndiaye Diallo ajoute que « l’ADN, est ce qui permet à un être vivant d’être. C’est l’ADN qui va contenir tout ce qu’il faut pour former un être vivant. S’il n’y pas d’ADN, il n’y a pas de vie ».
Le Cancer Research UK, un organisme britannique qui finance la recherche sur le cancer, repris par l’Agence France Presse à travers une vidéo explicative va plus loin : « C’est une molécule héritée de nos parents qui se présente enroulée comme sur une bobine. Démêlée, elle ressemble à un escalier en colimaçon ».
« On le trouve dans le centre de chaque cellule appelé le noyau. Elle est composée de gènes qui contiennent les instructions nécessaires à la fabrication de protéines qui sont des molécules qui constituent et réparent le tissu du corps humain », nous apprend la vidéo.
Un seul défaut (une mutation) dans le code contenu dans l’ADN, peut engendrer des maladies comme le daltonisme. « Par contre, des maladies comme le cancer ou l’Alzheimer sont parfois le résultat de plusieurs mutations », est-il souligné.
Les spermatozoïdes ne peuvent pas aller dans le sang
La taille des spermatozoïdes qui est de l’ordre du micron (mesure de longueur valant un millionième de mètre selon le Larousse), rend impossible selon Pr Ndiaye Diallo, leur passage dans le sang.
« Avec cette taille-là, ils ne peuvent pas traverser l’épithélium vaginal et arriver jusqu’au sang. C’est pratiquement impossible », dit-elle.
La seconde hypothèse émise, par le site pour justifier la présence d’ADN mâle dans le cerveau des femmes, est l’absorption par voie buccale.
Ce qui n’est toujours pas possible dans la mesure où « de la bouche jusqu’au sang, il y a un certain nombre de processus biochimiques qui vont se passer et qui peuvent faire que les spermatozoïdes n’arriveront pas à libérer leur ADN pour que ce dernier puisse traverser toutes les barrières jusqu’à arriver au niveau du sang », explique la biologiste.
Professeur à l’Ecole de médecine et de santé publique du Wisconsin aux Etats-Unis, Janis Tupesis est plus catégorique : « Je peux dire sans réserve que c’est 100 % faux, ce scénario n’est pas plausible », martèle-t-il.
Conclusion : la déclaration est fausse
Un article du site Elishean au Féminin, publié en 2017 et récemment remis au goût du jour, indique que « les femmes portent l’ADN masculin de tous ceux avec qui elles ont eu des rapports intimes ».
L’auteur de l’article dit s’être basé sur une étude que des universitaires américains ont effectuée sur le cerveau de plusieurs femmes.
Mais ladite étude n’a pas mentionné la relation sexuelle comme pouvant être une raison de la présence d’ADN dans le cerveau de certaines femmes.
La biologiste Rokhaya Ndiaye Diallo, affirme que c’est pratiquement impossible vu la dimension des spermatozoïdes qui sont de la taille d’un micron.
Janis Tupesis, Professeur à l’Ecole de médecine et de santé publique du Wisconsin aux Etats-Unis est du même avis que la biologiste sénégalaise.
MALTE, UN ELDORADO POUR LES MIGRANTS AFRICAINS ?
Île à l’économie prospère, Malte attire les migrants africains en quête de travail. Mais face à leur afflux de plus en plus massif, l’archipel veut fermer ses ports et demande le soutien de l'Union européenne
Dans la rue commerçante San Guzepp, juste à l’entrée d'Il-Hamrun, dans l'est de Malte, l’enseigne, qui arbore une carte d’Afrique, ne paie pas de mine. Il est 18 h et le ballet incessant de migrants africains ne faiblit pas. "Mandela Travel Center" n’est pas une de ces nombreuses ONG qui servent de refuge pour les rescapés de la Méditerranée, mais bien une agence de voyage.
Derrière un bureau, Ousmane Dicko, le directeur de la structure, yeux rivés sur l’écran de son ordinateur, est occupé à réserver les vols pour ses clients, un poil débraillés, pressés de trouver un prochain départ pour Rome, Cagliari ou même Stockholm afin de renouveler leur titre de séjour. “Une grande majorité vient du Mali, du Sénégal, de Côte-d’Ivoire ou de Somalie”, explique Ousmane Dicko, un Ivoirien installé à Malte depuis une quinzaine d’années.” Et d'ajouter : "L'Italie est la destination la plus demandée ici. Ils travaillent à Malte mais font le plus souvent l’aller-retour entre Malte et l’Italie, où ils ont été enregistrés, pour renouveler leur titre de séjour ou voir des amis”.
Ousmane Dicko est ravi d’avoir flairé cette affaire en 2014. "Au départ, c'était juste un centre informatique mais beaucoup de migrants venaient imprimer leur billet d'avion ici et ils demandaient conseil", raconte-t-il. "Ma femme, qui est maltaise, et moi avons saisi cette opportunité. La proximité culturelle a fait le reste."
L'agence ouverte en 2014 accompagne les migrants depuis la réservation de leur billet jusqu'à leur embarquement. "Peu instruits, ils ont du mal à réserver eux-mêmes leur vol en ligne et à suivre les consignes. Il arrive parfois qu’ils ratent leur vol parce qu'ils sont perdus dans le hall de l’aéroport”, affirme Ousmane Dicko.
Boom immobilier et tourisme massif
Adama, un migrant malien, doit partir pour Cagliari où il s’est fait enregistré à son arrivée en Europe mais les différents billets d’avion proposés par l’agent de voyage dépassent son budget. Il hésite mais finit par réserver un vol. “Je dois aller urgemment en Italie. Mon titre de séjour expire bientôt. Il faut que j’aille renouveler mes documents”, affirme le jeune effilé de 28 ans, aide-maçon sur le chantier d'un futur hôtel. “Ici, il y a du travail partout. Si tu cherches tu vas en trouver. Mais en Italie...C’est bien plus compliqué.”
Dehors, le ciel du plus petit État de l’Union européenne (316 km2) dominé par des centaines de grues semble lui donner raison. À Malte, dans les cités balnéaires de San Giljan ou de St Paul’s Bay, des immeubles de haut-standing ne cessent de sortir de terre pour accueillir de plus en plus de voyageurs. Un boom immobilier porté par l’essor du tourisme massif et encouragé par la vaste politique de modernisation du Premier ministre de centre-gauche Joseph Muscat. “Tous les jours, de nouveaux immeubles remplacent les vieilles constructions. On casse, on construit. Tout devient nouveau. Cela a l’air artificiel. À ce rythme, il n’y aura presque plus de campagne à Malte”, se plaint Censina Borg, une Maltaise de 59 ans.
En 2018, selon l’Office maltais de statistiques, Malte a accueilli 2,6 millions de touristes, pour un profit estimé à 2,1 milliards d’euros. Un record pour l'île. Pour la période de janvier à mai 2019, ils étaient déjà plus de 813 000 à avoir visité le pays.
Conséquence : les prix de l'immobilier flambent. Selon un rapport du cabinet Knight Frank, les prix des maisons dans l’archipel avaient progressé de 16,9 % au deuxième trimestre 2018 sur un an. Une situation propice aux migrants en quête de pécule et aux entreprises, heureuses de trouver une main d’œuvre moins chère.
Adama quitte l’agence "Mandela Travel Center". Il aurait préféré être à la place de Mohamed*, un migrant ivoirien de 40 ans, qui, lui, a accosté à Malte en 2011. Il est arrivé “par hasard”, comme une grande majorité de migrants africains qui ne peuvent plus rejoindre les côtes italiennes pour diverses raisons : chavirement des embarcations en Méditerranée, opérations de récupération en pleine mer par l’armée maltaise, passeurs les ayant lâchés sur les côtes... “Nous étions 300 à avoir embarqué de Libye en 2011. On partait pour l’Italie mais à cause d’une panne du moteur du zodiac, nous nous sommes arrêtés dans les eaux maltaises. La marine maltaise nous a sauvés de la noyade”, raconte Mohamed, chauffeur de taxi dans son ancienne vie à Yamoussokro, la capitale ivoirienne.
“Arrivés par erreur”
“Depuis 2000, ils sont moins de 20 000 migrants à avoir transité par l’île, contre 800 000 par la Sicile. L’île de Lampedusa ou la Sicile sont des portes vers l’Italie et le continent. Alors que Malte est un cul-de-sac. Les migrants y arrivent par erreur,’’ expliquait à La Croix Nathalie Bernardie-Tahir, géographe à l’université de Limoges et co-auteure de "Méditerranée : des frontières à la dérive", aux éditions Le Passager clandestin . Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugies (UNHCR), pas moins de 17 000 migrants sont arrivés entre 2005-2015 par des bateaux de passeurs sur l’île de miel qui n’est qu’à 320 km des côtes libyennes.
Mohamed a ensuite été placé en détention dans le centre de Safi Barracks, à Malte, pendant douze mois (la durée maximale est de dix-huit mois) comme le sont systématiquement tous les migrants illégaux sur l’île. “Les autorités maltaises se disent matériellement incapables, tant d’accueillir les étrangers qui débarquent par vagues successives, que d’assurer leur éventuelle intégration sur le territoire. Ne disposant pas des structures ad hoc nécessaires, elles règlent la question par des mesures systématiques de placement en détention administrative des étrangers dits 'illégaux', à savoir la grande majorité des migrants, qui arrivent dans ce pays, même lorsqu’ils sont demandeurs d’asile.” détaillait Claire Rodier, juriste du Groupe d’information et de soutien des immigrés (GISTI) pour la revue Cultures et Conflits, en 2005.
Le recours systématique à la détention a été condamné par la Cour européenne des droits de l’Homme. Et Malte a fait mine de ne plus l’appliquer en raison de la baisse des nouvelles arrivées entre 2015 et 2017. Mais face au retour en masse de nouveaux migrants en 2018, l’Italie de Matteo Salvini et de Giuseppe Conte ayant fermé ses frontières, l’archipel a renoué avec ses anciennes pratiques.
Discours de haine
En mai 2012, Mohamed a obtenu une protection subsidiaire en raison de la crise post-électorale de 2011 en Côte-d’Ivoire. Il a rejoint le centre ouvert de Hal-Far, une ancienne caserne aménagée en 2004. “Là, j’étais libre de mes mouvements et je pouvais travailler”, raconte Mohamed, qui a d’abord travailler comme carreleur, avant de trouver un travail stable dans un hôtel 4 étoiles de Buggiba, où il est assistant-magasinier. “À Malte, le plus dur est de quitter la détention. Si tu passes cette étape, tu es sauvé.”
Mais en avril, un événement est venu troubler la quiétude des migrants. L’assassinat par deux militaires maltais de Lassana Cissé, un ouvrier ivoirien de 42 ans qui travaillait dans une usine à Birżebbuġa dans le sud-est de l’île. L'événement a suscité une vive émotion au sein de l’opinion maltaise. “Les mots de haine et de division n’ont pas leur place dans notre société. C’est un signal fort à tous ceux qui répandent un discours de haine que leurs sentiments mal placés ont de graves conséquences", a réagi vivement le Premier ministre travailliste Joseph Muscat, après l’arrestation des militaires en mai.
L’Église maltaise s’est à son tour mobilisée pour dénoncer la xénophobie, la haine et le sentiment d’impunité “qui empoisonnent nombre d’entre nous, les Maltais ». L’archevêque Charles Scicluna a en outre organisé un concert, dont la moitié des recettes était destinée à la famille de Lassana Cissé, restée en Côte d’Ivoire.
Si pour Mohamed, les cas de racisme à Malte sont bien isolés, l’afflux massif de migrants sur cette petite île a changé le paysage politique, avec la montée en puissance de l’extrême droite, emmenée par l’écrivain Norman Lowell, qui préside le parti politique Imperium Europa. Lors des dernières élections européennes, ce parti a obtenu 3,17 % des suffrages, son plus haut score. Il reste tout de même loin derrière les partis traditionnels : le parti travailliste du Premier ministre Joseph Muscat (55 %) et le parti nationaliste du Simon Bussutil (38 %).
“Immigraton bénéfique”
Pour l’éditorialise maltais Matthew Vella, journaliste à Malta Today, si l’île résiste encore à l’extrême droite, c’est aussi parce que malgré les inégalités sociales croissantes, l’économie maltaise “continue de croître grâce à la contribution de milliers d'étrangers. "Cela explique peut-être pourquoi les préoccupations en matière d’immigration à Malte sont compensées par la prise de conscience que cet afflux est bénéfique pour le bien-être financier de la population.” En 2018, seulement 14 % des demandes d’asiles de migrants à Malte ont été rejetées. Mais depuis le début d'année, l'archipel mène des discussions avec d'autres États européens pour répartir les nouveaux migrants. Posture politique ?
En avril, les navires des ONG allemandes Sea Watch et Sea Eye ont débarqué plus d’une soixantaine de migrants chacun, qui seront répartis entre l’Allemagne, la France, le portugal et le Luxembourg. Début juillet, un autre navire l’Alan Kurdi de l’ONG Sea Eye, lui aussi transportant une soixantaine de migrants, a accosté dans le port de La Valette.
Mohamed regrette que ces nouveaux migrants n'aient pas la chance de rester sur l'archipel, où il a trouvé "son bonheur". "Je partais en Italie mais Malte a été une chance pour moi. Ils m'ont sauvé de la mort et m'ont donné du travail. Je ne peux que rendre grâce."
*Nom d'emprunt
VIDEO
L'ÉCRIVAIN AFRICAN ENTRE DEUX LANGUES
POINT DE MIRE SENEPLUS - Boubacar Boris Diop, journaliste, enseignant, écrivain et éditorialiste de SenePlus, revient sur son engagement, ses actions et son combat pour la restauration de la dignité africaine, dans l'émission Entretien de la 2STV
La question de la langue est centrale, estime Boubacar Boris Diop, auteur dont de nombreux livres sont écrits en wolof. À en croire le lauréat du Grand prix littéraire d'Afrique noire en 2000, l'asservissement de l'Afrique débutée du temps de la colonisation se poursuit. "Comment se fait-il que nous soyons le seul continent où les auteurs s'expriment dans une langue que la majorité de leurs compatriotes ne peuvent pas comprendre ?", s'interroge celui dont l'oeuvre de Cheikh Anta Diop, constitue asurément une bréviaire.
L'éditorialiste de SenePlus, évoque plusieurs autres thèmes dans cette émission que vous pouvez voir en intégralité ci-dessus.
VIDEO
LE BERGER DE L'ÎLE DE NGOR
L'artiste et Ingénieur en télécommunication, Abdoulaye Diallo, a reçu de vives félicitations suite à son vernissage, définit comme un passeur d'idées fondamentales pour le quotidien des humains
Ingénieur en télécommunication Abdoulaye Diallo est plus connu dans le milieu artistique sous le sobriquet ''Lebergerdeliledengor''. Après son vernissage intitulé '' Quelle humanité pour demain? l'artiste définit comme un passeur d'idées fondamentales pour le quotidien des humains a reçu vibrantes félicitations.
Voir la vidéo.
LE SÉNÉGAL VICTIME DE SA COOPÉRATION FISCALE AVEC MAURICE
En signant en 2002 une convention de non double imposition avec l’Île Maurice, le pays aurait perdu la bagatelle de 257 millions de dollars en recettes fiscales sur une période de 17 ans
En perdant environ 257 millions de dollars en recettes fiscales sur une période de 17 ans, le Sénégal apparaît comme une victime tragique de la convention de non double imposition signée avec l’Île Maurice en 2002. Une situation que le chef de l’Etat a dénoncée et entend corriger. Comme l’Afrique du Sud, l’Inde ou le Kenya l’ont réussi.
Les pays africains ayant subi (volontairement) les méfaits d’une coopération fiscale déséquilibrée avec Maurice sont nombreux. Le Sénégal en fait partie. En signant en 2002 une convention de non double imposition avec l’Île Maurice, notre pays aurait perdu la bagatelle de 257 millions de dollars en recettes fiscales sur une période de 17 ans, ont indiqué des fonctionnaires des Impôts et Domaines à Icij. Soit l’équivalent d’environ 128 milliards de francs Cfa (au taux d’un dollar à 500 francs Cfa).
En 2011, le géant canadien de l’ingénierie SNC-Lavalin gagne un marché de 50 millions de dollars visant à construire une usine de transformation de minerai au Sénégal au profit de l’entreprise Grande Cote Opérations (GCO). Mais au lieu de réaliser les travaux elle-même, SNC-Lavalin se souvient qu’elle a une filiale basée dans le paradis fiscal qui s’appelle… Maurice, SNC-Lavalin Mauritius. Celle-ci prend donc en charge le contrat pour profiter de la convention de non double imposition que l’Etat mauricien avait signé auparavant avec le Sénégal (en 2002). Les West Africa Leaks en avaient fait la révélation au cours de leurs publications de mai 2018.
Depuis, la vigilance des autorités sénégalaises s’est réveillée avec l’annonce par le président Macky Sall de son intention de dénoncer la convention susmentionnée. Ce qui reste de prendre du temps car, comme l’ont montré les investigations menées par le Consortium international des journalistes d’investigation (Icij), les autorités mauriciennes sont décidées à résister aux Etats souhaitant dénoncer les accords de non double imposition avec elles. Interrogé par Icij, Maguèye Boye, inspecteur des impôts et principal négociateur de l’Etat a fait le commentaire suivant : « De tous les traités signés par le Sénégal, c’est le plus inégal. (…) C’est un énorme pipeline pour l'évitement fiscal. »
Au-delà de Maurice, le Sénégal s’est lancé dans un processus de négociations avec beaucoup d’autres pays. Celle signée récemment avec le Luxembourg a suscité beaucoup de commentaires. Pour l’expert fiscal Elimane Pouye, en service à la Direction générale des impôts et domaines (DGID), il y a danger. Surtout « en l’absence de véritables relations économiques bilatérales », comme entre le Sénégal et Maurice.
« (…) En signant plus de 15 conventions fiscales bilatérales et en ayant près d’une vingtaine de conventions dans le processus de négociation, notre pays s’est engagé dans une politique (…) imprudente qui accroît le risque d’évasion fiscale et d’une utilisation abusive (des dits accords) par des multinationales dans leurs stratégies fiscales agressives », nous disait-il dans une interview parue l’année dernière.
L’INDE A PERDU 2,2 MILLIARDS DE DOLLARS EN RECETTES FISCALES
Selon le Consortium international des journalistes d’investigation, faire entendre raison n’est pas facile, comme certains pays l’ont expérimenté. «Les renégociations peuvent prendre des années. (…) L'Afrique du Sud a signé un nouveau traité avec Maurice, qui a d'abord ignoré sa demande de modifier le texte de 1997, puis a résisté pendant des années », rapporte Icij.
« Les multinationales occidentales ont fait pression sur le parlement sud-africain pour qu'il rejette la renégociation et ont menacé de transférer leurs opérations offshore à Dubaï. Le nouveau traité est entré en vigueur en 2015. » "L'ancien traité a fondamentalement cédé le magasin", a déclaré Lutando Mvovo, un ancien fonctionnaire du Trésor sud-africain qui a pris part aux négociations.
L’Inde a aussi les mêmes difficultés à obtenir un changement dans sa coopération fiscale avec Maurice. « Pendant des années, les gouvernements indiens successifs ont contesté la légalité du traité de Maurice de 1982. Et ils n'arrêtaient pas de perdre. Dans une affaire historique de 2012, la Cour suprême de l'Inde a statué que le bureau des impôts ne pouvait remettre en question l'acquisition par le géant britannique des télécommunications Vodafone d'un rival indien d'une valeur de 11 milliards de dollars par une société mauricienne. La décision a coûté à l'Inde 2,2 milliards de dollars en recettes fiscales perdues. » Selon un responsable indien qui s’est confié à Icij, « il a fallu 20 cycles de négociations sur 20 ans pour que l'Inde pousse Maurice en 2016 à supprimer les dispositions abusives du traité original de 1982. »
En Egypte, en Ouganda, au Lesotho, au Zimbabwe, en Tunisie, en Zambie, en Thaïlande…, les fonctionnaires qui ont parlé aux reporters de Icij ont été unanimes à dénoncer le caractère déséquilibré des conventions signées par leur pays avec Maurice. "Personnellement, nous regrettons d'avoir signé le traité ", a déclaré Setsoto Ranthocha, fonctionnaire de la Lesotho Revenue Authority, qui participe actuellement à un effort de renégociation. Le traité du Lesotho avec Maurice date de 1997. "(Seules) les entreprises sont les gagnantes, a dit M. Ranthocha. "Ça me rend fou."
En mars dernier, « la Haute Cour du Kenya a annulé le traité conclu par ce pays avec Maurice pour des raisons techniques. Tax Justice Network Africa a déposé la plainte, arguant que le traité permettrait aux entreprises de "siphonner" abusivement de l'argent hors du Kenya, rapporte l’enquête.
PENDA BÂ, LA MARTYRE DE KHONDIO
A 70 ans, elle passe, à première vue pour n’importe quelle personne vivant ses vieux jours, mais lorsqu’elle parle de sa voix sifflante, on dénote aussitôt un problème de santé que d'aucuns imputent aux activités des Industries chimiques du Sénégal
Les sifflements dans sa voix sont le signe d’une maladie respiratoire dont elle souffre depuis les années 1980. A l’époque, Penda cultivait des haricots verts dans le jardin de son village de Khondio et après chaque récolte s’en allait vendre sa production au marché de Mboro, la grande commune toute proche.
Partie un jour de Khondio pour se livrer à son commerce, elle marche chemin faisant et par inadvertance sur un conduit d’acide des ICS à fleur de terre. « J’ai inhalé une quantité importante d’acide. Secouée par une quinte de toux, je respirais difficilement. Sur le coup, j’ai vomi un liquide blanc et visqueux », raconte la vieille femme, soulignant que c’est en voulant répondre aux passants désireux de savoir ce qui lui arrivait, qu’elle s’est rendu compte qu’aucun son ne sortait de sa bouche. De guerre lasse, elle s’est mise à répondre «par des gesticulations ».
A force de soins qu’elle continue toujours de prendre, Penda a retrouvé sa voix même si elle est altérée par des sifflements, symptômes d’une maladie poitrinaire. Averties, les Industries chimiques du Sénégal lui ont remis une enveloppe de 50.000 FCFA….
Interrogé sur le cas de la vieille Penda, l’infirmier-chef du poste de santé de Khondio, Amadou Bâ, évite toute conclusion hâtive, au motif qu’il n’y a pas pour le moment une étude sérieuse permettant d’attribuer la maladie de la septuagénaire ainsi que d’autres « cas » du même genre recensés à Khondio au passage des véhicules des ICS ou l’inhalation de leurs déchets par les populations.
Dans le village, « on trouve certes des maladies respiratoires, mais elles sont spécifiées à des périodes. Et ce ne sont vraiment pas des maladies respiratoires compliquées. On n’a jamais eu des cas qui ont nécessité des évacuations », affirme le médecin, rappelant que le poste de santé de Khondio où il office depuis « bientôt 2 ans » a été construit en 2017 par les ICS. La prise en charge et la rémunération du personnel sanitaire sont assurées par une ONG.
Malgré cette assistance sociale, le chimiste Alpha Ousmane Touré, cité par le journaliste Alioune Badara Diatta dans son enquête primée par l’ONG OXFAM, se montre circonspect vis-à-vis de l’acide fluosilicique ou jus fluo (H2SiF6) déversé sur la mer de Khondio par l’émissaire des ICS et affirme qu’il serait un produit chimique « dangereux ».
« Le mélange du jus fluo avec le chlorure de sodium présent dans la mer donne de l’acide chlorhydrique, un produit qui n’est pas bon pour la population marine et même pour la population humaine », soutient M. Touré, enseignant chercheur au département Génie chimique de l’Ecole supérieure polytechnique de Dakar.
Il ajoute : « les poissons que nous consommons vont se nourrir du phytoplancton affecté par l’acide chlorhydrique. A la longue, la consommation de ces poissons, par l’homme, cause des maladies telles que les fluoroses dentaires ou osseuses ».
C'EST DÉJÀ LA GALÈRE APRÈS LES PREMIÈRES PLUIES À DAKAR
La pluie, qui est tombée entre 3h et 6h matin, a causé des désagréments dans la matinée de ce jeudi. Beaucoup de travailleurs avaient du mal à rejoindre leur lieu de travail aux heures habituelles
Dakar, comme de nombreuses régions du Sénégal, a reçu ses premières gouttes de pluies de la saison 2019. Seulement, parmi les localités qui ont reçu la pluie, la capitale est sans doute celle qui en souffre le plus. La pluie, qui est tombée entre 3h et 6h matin, a causé des désagréments dans la matinée de ce jeudi. Beaucoup de travailleurs avaient du mal à rejoindre leur lieu de travail aux heures habituelles. « La galère a repris. Nous allons encore être en retard », a lâché amèrement, Ndiaga croisé à l’arrêt ’’Marché Bi Bess’’, à Guédiawaye, dans la banlieue dakaroise. Tout comme Ndiaga, les travailleurs de la banlieue qui devaient rejoindre le centre-ville avaient la même difficulté. À cause de la pluie, les cars de transport se faisaient rares au niveau des arrêts. Il fallait se bousculer pour avoir une place et aller travailler.
En ville, c’est le même décor. Les eaux stagnantes, après ces fortes précipitations, n’ont pas facilité la circulation. Certaines artères sont remplies d’eau entrainant des déviations énormes. À Colobane, impossible de se frayer un chemin. La mobilité était au ralenti à cause des eaux sur les ruelles. Les cars de transport restaient sous ces eaux obligeant leurs clients, du haut des marches-pieds, à sauter pour ne pas patauger.
Même les grands axes ne sont pas épargnés. Ces eaux pluviales qui ont inondées les routes ont occasionné des embouteillages. Au niveau du rond-point Canal 4, les automobilistes étaient condamnés à ralentir pour de déplacer. La circulation était tout sauf fluide.
EUMEU SÈNE SANS PRESSION
Le « Roi » est confiant. Celui qui doit remettre sa couronne en jeu, dimanche prochain face à Modou Lo, a donné le ton de ce que devrait être ce duel
Le « Roi » est confiant. Eumeu Séne qui doit remettre sa couronne en jeu, dimanche prochain face à Modou Lo, a donné le ton de ce que devrait être ce duel. Devant ses supporters, cet après-midi au stade Alassane Djigo de Pikine, le tombeur de Bombardier s’est montré rassurant. Eumeu Séne ne compte pas prendre un second revers face au Roc des Parcelles Assainies. « J’ai beaucoup changé depuis cette défaite », a-t-il déclaré.
Accompagnés de ses jeunes frères lutteurs de Pikine, Boy Niang et Ama Balde, Eumeu Sène s’est montré serein. « Ceux qui vont venir au stade ne seront pas déçus. J’aborde ce combat avec zéro pression et je suis prêt à faire face à toutes les situations », a déclaré le lutteur de Pikine qui avertit son adversaire : « Si le combat dure, ça ne va pas l’arranger ».
COMMENT LES LIONS SE PROJETTENT VERS L'AVENIR APRÈS LA DÉCEPTION DE LA CAN 2019
Au sein de la Tanière, mais aussi en dehors, certains s’interrogent sur le cas Cissé, forcément fatigué par ces quatre ans et cinq mois passés à la tête de la sélection d’un pays où tout le monde est un peu sélectionneur
Jeune Afrique |
Alexis Billebault |
Publication 25/07/2019
Finaliste malheureux de la Coupe d’Afrique des nations 2019 face à l’Algérie (0-1), le Sénégal digère doucement sa déception. En se projetant vers l’avenir, qui se fera avec Aliou Cissé.
« Cela prouve que nous continuons à progresser et à avancer. Bien sûr, c’est une déception pour tout le monde, mais on ne va pas se décourager, au contraire », insiste Augustin Senghor, le président de la Fédération Sénégalaise de Football (FSF).
Aliou Cissé a vu son salaire revalorisé
Les Lions de la Teranga passeront vite à autre chose, avec des matches amicaux en septembre et octobre, puis le début des qualifications pour la CAN 2021 en novembre, dans un groupe – Congo, Eswatini, Guinée-Bissau – largement accessible, et de la Coupe du monde 2022. Et sans surprise, l’avenir s’écrira avec Aliou Cissé, qui a prolongé son contrat jusqu’en 2022 et vu son salaire revalorisé, puisqu’il touche 23 000 € par mois.
« Il n’y a aucune raison de ne pas continuer avec lui. Depuis sa nomination en février 2015, nous avons participé à deux CAN et à la Coupe du monde 2018. Notre objectif est bien sûr de remporter un jour la CAN, mais aussi d’assurer notre présence en phase finale de chaque compétition de manière régulière. Nous avons misé sur la stabilité », poursuit Senghor. Cissé, qui est le sélectionneur africain en poste depuis le plus longtemps, va repartir pour un tour, avec, sur sa feuille de route, l’obligation de faire au moins aussi bien que depuis plus de quatre ans.
Senghor n’a pas envisagé une seule seconde de changer son staff technique, puisque la FSF travaille sur un projet durable. « Avec lui, on sait où on va. Les joueurs le connaissent. Prenez l’exemple de l’Allemagne : Joachim Low a été nommé en 2006, il est devenu champion du monde huit ans plus tard, et il n’a pas été limogé l’année dernière, après l’élimination de son équipe au premier tour de la Coupe du Monde », argumente Senghor. Aucun des vingt-trois joueurs présents en Égypte n’est âgé de plus de 29 ans (Gueye, Kouyaté, Ciss, Gassama), et l’effectif actuel, dans sa grande majorité, sera des prochaines campagnes.
« Nous continuons également d’améliorer tout ce qui concerne la sélection et son fonctionnement. Par exemple, les stages avant la CAN ont été très bien organisés. Je ne dis pas que tout est parfait, sinon, nous aurions gagné la compétition. Mais disons que nous continuons à nous améliorer. On s’inspire de ce qui se fait de mieux », poursuit le dirigeant.
Vers un renouveau ?
Pourtant, au sein de la Tanière, mais aussi en dehors, certains s’interrogent sur le cas Cissé, forcément fatigué par ces quatre ans et cinq mois passés à la tête de la sélection d’un pays où tout le monde est un peu sélectionneur. « Est-ce qu’il n’est pas trop usé ? Ici, les années comptent double quand tu es coach des Lions. Va-t-il pouvoir renouveler son discours ? Plus de quatre ans, cela représente un cycle. Cissé ne s’est pas beaucoup reposé ces derniers temps, et il a quand dû subir des critiques assez virulentes », analyse un proche de la sélection. Si Augustin Senghor n’a aucun doute sur la capacité du technicien à mener à bien sa mission, cet avis n’est donc pas partagé par tout le monde. Ferdinand Coly, l’ancien défenseur des Lions et ex-coéquipier de Cissé en sélection, se pose aussi quelques questions.
S’il admet bien volontiers que les résultats s’améliorent, Coly estime que repartir avec le même sélectionneur peut comporter un part de risques. « On peut supposer qu’il est fatigué. Certains diront aussi que l’équipe a peut-être besoin d’un nouveau discours, d’une nouvelle méthode. Personnellement, et je ne suis pas le seul à le penser, je ne suis pas toujours convaincu par le jeu produit, même si on gagne souvent. C’est parfois tiré par les cheveux, alors que nous avons des joueurs de très haut niveau dans l’effectif. Est-ce qu’Aliou saura donner une nouvelle impulsion à son équipe, la faire jouer autrement ? On le saura assez vite, mais une équipe, même si elle a des résultats, peut avoir besoin d’une forme de renouveau », développe l’ex-joueur du RC Lens.
En interne, selon nos informations, les joueurs se disent globalement satisfaits de leurs relations avec Cissé et son staff technique, une situation renforçant le choix de la FSF. Même si certains ne verraient pas d’un mauvais œil une évolution vers un jeu plus léché, avec plus de fluidité et de technicité. Seront-ils entendu ? Les prochaines échéances internationales livreront la réponse.