Le commandant de la brigade de gendarmerie de Koumpentoum a été tué par des individus « lourdement armés » qui tentaient de dévaliser vendredi matin un bureau de Poste finance de ladite localité située 347 km à l’est de Dakar, a appris APA de source médiatique.
Selon la RFM (radio privée), le drame est survenu à 3h du matin et c’est en voulant s’opposer avec ses hommes à l’attaque des malfaiteurs que Tamsir Sané est tombé sous leurs balles.
Par ailleurs, le vigile du bureau de Poste a été blessé par les assaillants, souligne la RFM, ajoutant que toutes les brigades de gendarmerie de la légion Est se sont mobilisées pour mettre la main sur les assaillants en fuite.
par Charles Faye
AUDIO
UNE VICTOIRE SE CRÉE D'ABORD, ON L'ARRACHE ENSUITE
Avec nos Lions, nous avons perdu la finale de la CAN. Tout le monde l’a vu. Tout le monde le sait. Alors pourquoi s’en moque-t-on, aussi chichement, au point de nous offrir les rabat-joie de sociologues et autres psychologues ?
Une victoire se crée. D’abord ! On l’arrache ensuite. Je ne sais pas où est-ce que je suis allé chercher ça ! Dans mon inconscient certainement. Faudrait que je replonge peut-être dans les délires du père de la psychanalyse, Sigmund Freud, pour affiner l’approche, m’inoculer une bonne dose thérapeutique du moi, d’abord, avant de me défaire, enfin, de ce trop prétentieux surmoi, cultivé dans le jardin de mes idéalisations.
Candides, nous ne le sommes plus. Alors, pourquoi diable sommes-nous sortis, fiers de nos Lions, pour nous fêter ? Aliou Cissé et ses boys ont-t-ils fait le job ?
Ou sommes-nous si résignés à nous célébrer et dévoiler ainsi à la face du monde l’expression achevée d’un malaise profond dont il faut aller chercher en nous et en notre quotidien les causes tout aussi profondes ?
Car rien dans cette expression progressive et contagieuse n’est assez superficiel pour s’éteindre telle une étincelle dans un feu d’artifice !
Avec nos Lions, nous avons perdu la finale de la CAN.
Tout le monde l’a vu. Tout le monde le sait. Alors pourquoi s’en moque-t-on, aussi chichement, au point de nous offrir les rabat-joie de sociologues et autres psychologues ?
Ou alors, est-ce un besoin de faire savoir à qui veut voir, ou entendre, qu’il est né ce samedi 20 juillet 2019 à Dakar, grâce au père fondateur, la bande à Sadio Mané, un peuple de jeunes décidés et déterminés à prendre en main leur rêve, quand bien même il leur serait confisqué, ailleurs ou … ici !
L’image est trop forte pour qu’on ne s’arrête pas sur cette horde mortifiée, mais assez ordonnée, pour porter à bout de bras, son désir ardent d’un Sénégal de victoire.
Quelque chose de fataliste est mort, avec cette défaite des Lions face aux Fennecs d’Algérie, ce vendredi 19 juillet 2019 au Caire, et avec, la tristesse nationale, de laquelle se sont libérés les jeunes Sénégalais, pour partager et peut-être dicter leur perception. Dire leur vérité. Du genre qu’on ne leur arrachera plus leur rêve.
En mode Basta !
Quand on sait que la jeunesse, l’âge de tous les possibles, n’est pas qu’une classe d’âge et que celle sénégalaise n’échappe pas à la règle. Qu’à l’instar de ses pairs africains, elle vit de rêves, dans son monde d’innocences. Qu’elle s’amuse, mais s’oppose aussi à sa propre société, en réaction à ses propres valeurs, surtout si celles-ci prétendues généreuses, solidaires, ne sont que façades et loin de celles qu’elle vit au quotidien.
C’est peu de croire, que la jeunesse n’a eu envie que de dire combien elle a soif d’un Sénégal nouveau, inventif, producteur de cette énergie vitale dont elle a besoin, et enfin réalisateur de ses rêves, jusqu’à ceux de sa grandeur.
Même si la jeunesse ne sait pas encore que le Sénégal de ses rêves n’est en fait que l’ancien, dans un moule nouveau. Mais ce Sénégal là, c’est à nous, la génération qui précède, de le construire et de le lui léguer. Une autre histoire et pas seulement de la philo !
D’ici là, Marhaban Algérie. Tu as eu ta Coupe. La CAF, comme d’habitude, a ses arbitres. Et nous autres Sénégalais, nous avons le foot, et ça personne ne peut nous l’enlever, qu’il vente ou qu’il pleuve. Inondés ou pas !
Joummah Moubarrack et bon week-end à tous !
par Amadou Tidiane WONE
REVUE DE PARESSE…
Un homme d'affaires avait voulut voulu offrir un véhicule au président. Pourquoi ? Ce dernier, voulant faire preuve de transparence, engage l’État à plutôt l'acheter à 375 millions de francs cfa… Les mécanismes de contrôle de l’État devraient nous édifier
Les temps ont changé. Et certains continuent à vouloir traiter les peuples comme un troupeau d'ignares dont il suffit de flatter les bas instincts pour en tirer tout ce que l'on veut. Mais les temps ont, véritablement, changé ! Célébrer une défaite avec autant de fastes qu'une victoire procède de cette logique. Il est vrai que tout le dispositif de mobilisation pour la victoire avait été préparé, si minutieusement, qu'il aurait été périlleux de ne pas le dérouler surtout en matière de justificatifs de dépenses déjà engagées… Suivez mon regard jusqu’au bus des Lions décoré « Champions d'Afrique. » La preuve que la spontanéité de la mobilisation populaire a été un peu…beaucoup ( ?) préparée. N'en parlons plus ! Changeons de sujet.
Campons le décor. De manière insidieuse et pernicieuse, les gouvernements ont laissé les entreprises s’approprier des instruments de diffusion et de transmission des informations. Soit directement en les possédant, soit indirectement en les finançant. Par la publicité ou…par les dessous de table. Expertes en la matière, les entreprises multinationales, à force de regroupements et de concentrations, sont devenues des monstres incontrôlables dont la seule raison de vivre est la recherche du profit à tout prix. Cette quête, effrénée et sans limites du gain, se marie bien souvent avec les intérêts des syndicats du crime organisé. Les mafias en un mot. Et c'est en cela que la dérive du capitalisme se confond avec une perte du sens éthique et moral qui servait de balancier pour contenir et limiter les dégâts… De nos jours, il est devenu normal, pour quelques États puissants, de sacrifier la vie de millions de personnes pour augmenter les profits de telle ou telle entreprise. Ou de procéder à des assassinats bien ciblés de leaders politiques récalcitrants… Évidemment, on ne le présentera jamais comme cela. Les médias aux ordres y veilleront. En attendant, les dégâts collatéraux constatés sur l’environnement, la santé publique et les équilibres sociaux par le développement fulgurant des OGM et l’agriculture hyper intensive ne se comptent plus. Les guerres du pétrole et des mines non plus. Les coupables de ces méfaits, bandits à col blanc, paradent et plastronnent… notamment dans les antichambres des chefs d’États africains.
C'est dans les pays pauvres surtout, et en Afrique davantage, que l'on prend la pleine mesure de l’affaissement de la notion de puissance publique. Aucun des États dits indépendants n'a une marge de manœuvre telle qu'il puisse conduire une politique économique et sociale autonome. La corruption aidant, ce qui reste des signes extérieurs de l'existence d’un État fonctionne au gré des intérêts personnels de hauts fonctionnaires qui se servent plus qu'ils ne servent… les petits agents, quant à eux rackettent, à qui mieux, les pauvres usagers exsangues. Dès lors ces derniers, pour survivre, rivalisent d’ingéniosité pour contourner les lois et règlements ! Et toute la société semble s’accommoder de ce jeu de dupes !
Mais que faire ? Se demande tout ce beau monde les bras levés au ciel ? Tout le monde joue, tout le monde perd et personne ne réagit. En toute bonne conscience.
Il va falloir réagir pourtant ! L’incurie de nos gouvernements ne semble plus nous laisser de choix. Affaiblies par le haut par les assauts de puissances occultes drapées du sceau de la vertu, nos autorités ont laissé prospérer, contre elles, des Organisations pourtant dites Non-gouvernementales (ONG) tout un programme ! Côté pile, elles déclament des valeurs généreuses dites universelles. Côté face, elles déroulent un agenda caché qui sape les valeurs fondamentales des peuples pour les assujettir au culte de l’argent roi, du luxe et de la luxure, dans un mondialisme triomphant. C'est dans ce contexte qu'il va falloir, impérativement, évaluer et sanctionner le bilan de plusieurs organisations qui sévissent sous nos tropiques. Mesurer leur impact, si positif, à l'aune des avantages fiscaux consentis. Évaluer si « ce que l'on perd vaut ce que l'on gagne », comme le suggérait l'auteur de l’Aventure ambiguë. Les récents événements quant à la tentative de licenciement d’Elimane Kane par OXFAM et le soutien affiché de Waly Seck aux organisations LGBT posent, avec acuité, la nécessité d'aborder certaines questions de société avec profondeur, lucidité et courage. Les puissances occidentales ne doivent pas nous imposer leur agenda. Ni nous transférer leurs maux, leurs travers et la déliquescence de leurs mœurs. Ayons nos propres priorités, notre vision du monde. Elaborons notre agenda et conduisons-le de manière haute, lucide et conséquente.
Ainsi donc, l'élément nouveau, c'est le développement fulgurant des réseaux sociaux qui a détraqué la machination. Tout semble désormais aller dans tous les sens. Un chaos salvateur si l'on sait en tirer parti : les complots sont éventés à la minute près. Les vols et détournements de deniers publics les plus sophistiqués sont démontés, pièce par pièce, et les évidences mises à jour. Il n’y a que ce qu'il reste comme puissance publique (je pense à un certain Procureur…) à tenir vaille que vaille à ramer à contre-courant. Mais c'est bien connu, nul ne peut arrêter la mer avec ses bras.
Ce contexte général ainsi campé, explique pourquoi et comment, lorsqu’on a des liens familiaux ou amicaux avec un président de la République, on se considère au dessus des lois. On s'autorise à poser des actes répréhensibles pour le commun des mortels. Sans suite, tant que le président est aux commandes. C'est ce qui explique, également, que les traques post-présidentielles soient sans pitié et parfois exagérées, tant elles expriment des colères contenues, voire des haines refoulées.
Revenons donc à nos barils. Des questions légitimes, précises et documentées ont été posées par des citoyens sénégalais (hommes politiques, journalistes, simples citoyens) relativement à des contrats pétroliers. Ces questions n'ont eu d’écho que lorsqu’elles furent relayées par des médias internationaux. Après moult tergiversations et une communication de crise, balbutiante et catastrophique, la justice sénégalaise par la voix du procureur de la République s'empare du dossier avec beaucoup moins de diligence que lorsqu’il s'était agi de mettre le député-maire Khalifa Sall en prison. Pourquoi ? Le Procureur de la République, sur le bureau duquel, soit dit en passant, seraient en instance plus d'une dizaine de dossiers en provenance de l'OFNAC, selon sa présidente. Sans parler de toutes les occasions manquées d'auto-saisine qui lui auraient permis de redorer son blason, le Procureur semble faire preuve de curiosité à géométrie variable… Bref, à ce jour, l’opacité totale règne sur l'affaire des affaires de Frank Timis /Aliou Sall malgré la foultitude d’informations qui circulent à ce sujet… Et pourtant, on parle ici d'enjeux frisant 10 fois les sommes initialement reprochées à Karim Wade et 5000 le fois le montant imputé à Khailfa Sall… Affabulations ou faits avérés, tous les sénégalais ont le droit de voir clair dans la gestion de leurs affaires. Il ne s’agit de rien de plus. Mais il ne s'agit de rien de moins !
Accusé dos d’âne levez-vous ! Au Sénégal, la réalité dépasse parfois la fiction. Nous avons pu ainsi suivre en direct des centaines de millions s’envoler en fumée : la limousine présidentielle, transportant deux chefs d’États, venait de prendre feu suite, dit-on, à un choc entre un dos d’âne et le carter à huile… Plusieurs questions se posent, notamment sur la visite des précurseurs qui auraient dû faire le lien entre la hauteur du dos d’âne et la bassesse du châssis de la Maybach présidentielle. Le parc automobile de l’État dispose, pourtant, de suffisamment de ressources pour parer à toute éventualité.
Par ailleurs, et c'est plus grave si cela s’avérait exact, un article de presse en ligne raconte que le véhicule présidentiel était un achat pour « contourner » un cadeau d'un homme d'affaires sénégalais… Opacité ! En résumé, un homme d'affaires avait voulut voulu offrir un véhicule au président Macky Sall. Pourquoi ? Ce dernier, voulant faire preuve de transparence, engage l’État à plutôt l'acheter à 375 millions de francs cfa… On peut se demander sur quelle base ce prix a été fixé. On peut aussi en déduire que ce véhicule serait de seconde ou de troisième main vu le prix affiché chez Daimler-Benz pour un véhicule du même type. Au demeurant, le véhicule aurait été acquis aux USA et remis à neuf au… Mexique. Bien loin du fabricant allemand…Quels sont les propriétaires antérieurs successifs de ce véhicule ? Les services de sécurité du président de la République ont-ils procédé à toutes les due diligence pour s'assurer de l’historique de la voiture présidentielle ?
Du point de vue de la communication : à ma connaissance, aucune vidéo de l’exfiltration du président malien ne circule dans les réseaux sociaux. Sa protection rapprochée aurait-elle été plus efficace que la nôtre ? On a en effet pu voir notre président totalement accessible, et trop longtemps, dans des circonstances où chaque fraction de seconde peut valoir une heure de temps…
Encore une fois, les mécanismes de contrôle de l’État devraient s’ébranler pour nous édifier. Les services de communication de la présidence de la République devraient nous informer en temps réel au lieu de chercher à nous enfumer. Face à certaines situations, il faut informer juste et vrai car, convoquer et le laisser savoir, le responsable belge du blindage du véhicule présidentiel procède d'une diversion maladroite. Elle augmente le nombre de mains ayant manipulé le véhicule et multiplie les suspicions sans absoudre toutes les autres responsabilités à situer. Nécessairement.
Coups de semonce. C'est dans cette ambiance de questions sans réponses que deux rappels à Dieu ont secoué nos torpeurs et nos lassitudes pour nous rappeler la précarité des choses de la vie. Ousmane Tanor Dieng, homme politique d'envergure dont les témoignages ont révélé les dimensions profondes et cachées, a été rappelé à Allah suite à une courte maladie qui aura eu raison du grand sportif qu'il était. Sa longévité politique force le respect. Mais ce sont surtout, son élégance et son mutisme qui détonnent sur la scène politique sénégalaise de plus en plus envahie par des hâbleurs et des bonimenteurs sans consistance. Nous avons davantage découvert, durant ses douze années d’opposition et de reconstruction du Parti Socialiste, ses qualités incontestables de leader et de gestionnaire. Mais aussi sa haute idée de l’État, et de son mystère nécessaire. Son héritage sera lourd à porter.
Ameth Amar, capitaine d'Industrie, self made man accompli, aura rejoint le Seigneur à la surprise générale. Nul n'avait eu écho d'une quelconque maladie qui aurait laissé envisager l’inéluctable. Mais Ameth aura rempli son contrat. Vis-à-vis de sa famille, de ses amis, de ses employés, de la société dans toutes ses composantes. Mécène efficient et bienfaiteur discret, les larmes de ses employés valent plus que tous les dithyrambes. « The wise man must be playing his role without being seen on the stage, l'homme sage doit pouvoir jouer son rôle sans apparaitre sur la scène », dit un auteur britannique. Ainsi était Ameth Amar, discret et pudique, efficace et travailleur et, par-dessus tout, généreux de sa personne comme de ses biens. Son passage sur terre aura été fructueux et bénéfique.
Qu'Allah leur ouvre à tous deux, les portes de Sa Miséricorde Infinie. Nos sincères condoléances à leurs épouses, parents amis et alliés et à l'ensemble de la Nation sénégalaise.
La mort de Mamoudou Barry, enseignant-chercheur guinéen, nous interpelle tout autant que les circonstances particulières dans lesquelles elle s'est produite. En marge des célébrations de la participation honorable, somme toute, de l’équipe nationale du Sénégal à la dernière Coupe d’Afrique des Nations, il aurait été pris à parti par des supporters adverses. Explication des médias aux ordres. Mais il semble que cela ne suffise pas comme explication eu égard au profil particulièrement pointu de Mamadou Barry sur des questions de haute sensibilité liées à la gestion des intérêts miniers de son pays la Guinée et, plus globalement, de la sous-région ouest-africaine. Une vidéo de l'une de ses interventions établit, indubitablement, que Mamadou Barry aurait été un empêcheur de tourner en rond qui plus est suffisamment outillé pour tenir la dragée haute à tout éventuel contradicteur. Pour tout cela, les autorités guinéennes et sénégalaises devraient se joindre à la procédure en se portant partie civile afin que la lumière soit faite sur les véritables mobiles de l'assassinat de Mamadou Barry. Nos Etats doivent protection et assistance à leurs enfants les plus méritants, partout où le besoin s'en fait sentir. La veuve de Mamadou Barry mérite d’être assistée et soutenue dans ces circonstances douloureuses. Puisse le ciel se montrer Clément à l’endroit de Mamadou Barry et l’élever au rang des martyrs.
Il y a ainsi des morts qui parlent au vivants. Des montées au ciel qui interrogent. A chacun d'entre nous de se regarder dans son propre miroir pour corriger ce qui peut, et doit l’être avant le Grand Jugement promis par Allah, et dont aucun croyant doté de raison ne doute. Ce jour où chacun sera seul à la barre, face à un dossier constitué par tous les actes posés durant sa vie terrestre. Un jour où tous nos membres seront cités comme témoins. Des témoins à charge si nous n'avons pris garde de les mettre au pas ici et maintenant. Alors mettons aux pas nos passions. Ayons le contrôle sur nous-mêmes avant de chercher à l’exercer sur les autres. La course aux biens de ce bas monde, qui est la marque de fabrique du développement, façon pays occidentaux, n'est pas le seul choix de vie possible. Bien au contraire. « Une civilisation est une architecture de réponses ,» a dit encore Cheikh Hamidou Kane, dans l’Aventure Ambigüe… Quelles réponses alternatives pourrions-nous offrir au désarroi de l’Humanité ? En tant que fils aînés de la terre ?
La voie actuelle de la civilisation du loisir, déviation de la civilisation des Lumières, est réduite à une quête du plaisir des sens sans limites. C'est un cul de sac. Une voie sans issue. Le vieillissement en est le sens interdit infranchissable et la mort le point final. La civilisation occidentale connaît, en effet et de nos jours, une dérive pornographique inquiétante. Tout tourne autour de l'assouvissement de plaisirs charnels au détriment de l’élévation de l'Esprit qui distingue pourtant l'homme de la bête…Ouvrons alors les oreilles car, les entrailles de nos peuples murmurent des tas de possibles rendus inaudibles par le vacarme de ceux qui ont développé « l'art de vaincre sans avoir raison », dixit in fine Papa Cheikh Hamidou Kane, un sage encore parmi nous. Qu'Allah nous le maintienne en vie encore longtemps… Aamiine !!
par l'éditorialiste de seneplus, Abdoulaye Sène
LE TACLE OUBLIÉ DE 1999
L’image de Cheikh Sidy Ba, jaillissant comme un chevalier qui règle ses affaires d’honneur lors du match de préparation pour la CAN, contre le Maroc à Agadir, symbolise à elle seule la renaissance du football sénégalais
Abdoulaye Sène de SenePlus |
Publication 26/07/2019
Ce 22 décembre 1999, le Sénégal va jouer un match de football anonyme, dont peu de témoins se souviendont. Les Lions, en route pour la Coupe d’Afrique des nations 2000, qui aura lieu dans un mois jour pour jour, affrontent les Lions de l’Atlas. Le public répond présent dans les travées du stade d’Agadir. L’essentiel, pour les deux formations, est de jauger les forces et les faiblesses avant de se rendre au Nigéria et au Ghana, les deux pays qui accueillent conjointement le tournoi. Au départ, c’était le Zimbabwe qui avait été désigné pour accueillir la compétition. Mais le pays n’a pas tenu ses engagements. Les stades qui devaient être construits ne le seront pas. Le football africain est une grande farce. Projetez-vous 20 ans après, et vous verrez les mêmes problèmes subsister. C’est à l’image de la gestion des Etats. La fête aura lieu, finalement, à Accra, Lagos, Kumasi et Kano.
Le Maroc est logé dans la poule D et devra batailler contre le pays organisateur, le Nigéria, la Tunisie, et le Congo. Les Lions de l’Atlas se feront éliminer au premier tour. Pourtant, c’était une belle équipe, portée par le capitaine Nourredine Naybet et des joueurs fantastiques : Abdelilah Saber, Moustapha Hadji, Youssef Chippo, Salahedinne Bassir. Quant au Sénégal, seuls les téméraires pouvaient croire ce qui passerait par la suite. Une grande injustice dans l’enfer surchauffé de Surulere. Des supporteurs qui descendent près de la pelouse pour menacer le staff sénégalais, des policiers à cheval qui font semblant de patrouiller pour mieux impressionner et foutre la trouille aux joueurs. Il ne s’agissait plus d’un match de football mais d’une vraie scène de guerre. Il fallait échapper à la meute déchaînée.
Un feu serré. C’était intenable même pour les coeurs les plus vaillants. Le courage a des limites. Henry Camara qui s’était entaillé le pied, avant le match, n’en pouvait plus de courir. Oumar Traoré, à force de se déplacer pour réduire les espaces et servir de tampon entre le milieu et l’attaque rend les armes à la 67ème minutes. Khalilou Fadiga, qui a donné l’avantage au Sénégal à la 6ème minute finira le temps réglementaire complètement cuit. Pape Niokhor Fall ne lâche rien, lui qui a grandi dans le quartier populaire de Mérina à Rufisque, en a vu d’autres. Il sait par expérience que le football est dangereux. La vie aussi. Pape Malick Diop, Assane Ndiaye et Cheikh Sidy Bâ veillent derrière et repousssent les assauts adverses. Telles des sentinelles qui gardent une tour assiégée. Ousmane Diop et Moussa Ndiaye sont essoufflés mais font parler les tripes et tiennent avec bravoure. Le flegme d’Oumar Diallo dans les buts est insensé.
Ce fut une grande bataille. Après tout, ce qui se passa à la 84ème minute fut logique. Le grand Nigeria des Taribo West, Tijani Babangida, Sunday Oliseh, George Finidi, Emmanuel Amunike, Celestine Babayaro, Nwankwo Kanu, n’avait pas le droit de perdre. Pas ce jour-là. Pas chez elle. Devant plus de 55 000 spectateurs. Les “Super Eagles” vont recoller au score à 6 minutes de la fin grâce à Julius Aghahowa. Le jeune attaquant, à l’époque, de l’Espérance de Tunis, finit par assommer définitivement le Sénégal à la 92ème minutes (2-1).
Ce quart de finale contre le Nigéria n’a jamais été perdu. La volonté farouche du Sénégal d’en découdre sur le terrain, par le jeu, se heurtait à une folie qui dépassait le théâtre du football. Le terrain était miné. Tout claquait autour. Au bruit et à la fureur de la foule venait s’ajouter la poussée des attaques de l’équipe adverse. Le cratère de Surulere pouvait exploser, il n'y avait pas d’échappatoire pour les farouches joueurs sénégalais. Mbaye Badji, ancien milieu de terrain de l’équipe nationale, en fait aujourd’hui un récit touchant. “Le quart de finale contre le Nigeria était un match compliqué. La majorité des joueurs participaient à leur première Can et les Nigérians nous avaient mis une pression terrible, sur et en dehors du terrain. Ils savaient après le match nul à, Dakar, quelques mois auparavant, en éliminatoires de cette Coupe d’Afrique, que nous ne serions pas faciles à vaincre. On pouvait gagner le match mais il y avait beaucoup trop d’intimidations. C’était dur de jouer dans ces conditions”, raconte l’ancien joueur de l’As Salé au Maroc et de Sakaryaspor en Turquie.
Ce match est un bout de l’histoire du football au Sénégal. Si aujourd’hui les Lions jouent les premiers rôles en Afrique, ils le doivent à l’esprit de cette génération. Après le débâcle de Dakar - Sénégal 92 -, le football sénégalais sombra dans un semi-coma. La qualification à la Coupe d’Afrique en 1994 fut un leurre. Sans la disqualification de l’Algérie, suite à “l’affaire Karouf Mourad”, du nom de ce joueur qui a été aligné par le staff des Fennecs alors qu’il était suspendu, il y aurait une longue traversée du désert. En effet, le Sénégal n’avait pas participé aux éditions de la Can en 1996 et en 1998. Le foot local, à l’image du pays, était touché de plein fouet par les programmes d’ajustement structurel et les clubs ne levaient plus les foules.
Ordre de progrès. A part la Jeanne d’Arc de Dakar, dirigée par feu Oumar Seck à l’époque, c’était presque le néant. La fédération sénégalaise de football, sans ressources, établit alors un programme pour travailler avec des joueurs locaux prometteurs, puis décida de faire appel à de nombreux expatriés et à des binationaux. Quelques membres de l’instance faîtière du football sénégalais sillonnèrent l’Europe pour aller échanger avec les joueurs installés à l’étranger et tenter de convaincre les professionnels d’origine sénégalaise. Certains refusèrent avant de finir par répondre à l’appel de la patrie. Il en fut ainsi de Lamine Sakho et de Aliou Cissé. D’autres se portèrent volontaires sans rechigner : Ferdinand Coly et Issiar Dia, plusieurs années plus tard - ce dernier a manifesté une grande volonté pour porter le couleurs nationales, malgré des sélections en catégorie de jeunes avec la France. Le Sénégal venait d’adopter une stratégie qui est aujourd’hui utilisée par beaucoup de pays. Elle verra l’arrivée en équipe nationale de footballeurs talentueux : Khalilou Fadiga, Pape Sarr, Habib Beye, Lamine Diatta, El Hadj Diouf, Amdy Faye, Sylvain Ndiaye, Alassane Ndour, Amdy Faye, Makhtar Ndiaye, Pape Thiaw...
Cette nouvelle colonne allait se greffer à des joueurs issus du sérail ou qui évoluaient déjà en sélection nationale : Henry Camara, Kalidou Cissokho, Pape Malick Diop, Amara Traoré, Pape Bouba Diop, Salif Diao, Oumar Diallo - gardien de l’Olympique Club Khouribga à l’époque et indétrônable dans la cage des Lions. On assistera à la naissance d’une équipe forte dans ses individualités et belle dans sa diversité, drivée par Peter Schnittger puis Bruno Metsu. Elle sera toute proche de toucher le Graal à Bamako, lors de la Coupe d’Afrique des nations 2002 et fera une folle épopée au Japon et en Corée à la Coupe du monde 2002. Il y a eu depuis des descentes aux enfers et des illusions perdues. Une dépression du football sénégalais qui montre quelque part une incapacité à tenir les promesses et un laxisme dans la protection des héritages. “Si les capacités sénégalaises à travers le sport ne sont pas connues ni encouragées, ni améliorées ni entretenues, ni magnifiées, à partir de ce moment cédons la place de notre République à des étrangers, pour qu’ils viennent la construire à notre place”, se désole Jo Diop, lorsqu’il évoque cette faiblesse dans la protection du patrimoine sportif. La gloire aujourd’hui et demain le vide total.
Cela s’explique par trois choses, principalement : l’absence de lignes directrices claires de la fédération ; les carences dans la gestion des clubs et des championnats ; et l'amateurisme de la direction technique nationale. Il n’y a pas de planification stratégique à long terme, ni d’approche méthodologique dans la formation du footballeur sénégalais.
Revenons à ce 22 décembre 1999 et ce match entre le Maroc et le Sénégal à Agadir. Impossible de retrouver le match en entier dans les sites Internet. Mais le clip d’Omar Pène*, Supporters, fixe à jamais un bout de cette histoire du Sénégal. La pellicule nous offre une image merveilleuse à partir de 2’05 minutes. Un joueur marocain s'excentre sur le côté, tout près du coin de corner, et tente de réceptionner la passe d’un coéquipier. S’en suit un geste instinctif et viril par lequel Cheikh Sidy Ba intercepte, d’un réflexe franc, le ballon et le joueur marocain. Et les envoient balader dans le décor. Eblouissant. Tacle régulier ! Au football ce geste est défini comme une action de jeu autorisée qui permet à un joueur de s’emparer du ballon dans les pieds d’un adversaire ou le soustraire de son contrôle, soit face à lui, soit latéralement. Dans les cas suivants, il est irrégulier et sanctionné : s’il est exécuté perpendiculairement à l’adversaire, s’il ne vise que l’adversaire et non le ballon, s’il est effectué latéralement ou de face sans être glissé.
Cheikh Sidy Ba qui formait la charnière centrale avec feu Assane Ndiaye et Pape Malick Diop, ce soir brumeux et frais d’Agadir, se souvient : “C’était le dernier match de préparation pour la Can 2000, dans un stade plein. Il y avait une bonne ambiance. On a tenu bon face à une bonne équipe du Maroc. Il fallait faire un gros match, ce jour-là, pour faire partie de la liste de Peter Schnittger. Pour moi, c’était un peu spécial. Ma femme était venue me voir avec ses copines à Agadir. Notre génération dégageait une force extraordinaire. L’équipe était constituée d’une base locale, avec des joueurs qui bossaient ensemble depuis un moment. Nous, les professionnels, on s’étaient bien greffés avec humilité. Il y avait une vraie alchimie. C’était un groupe qui en voulait car le football sénégalais était tombé très bas ; on avait à coeur de le rehausser.” Et de conclure : “Je me rappelle ce tacle, j’étais gonflé à bloc.”
Le bonheur de la dignité. Le football, fait social et éminemment politique, n’échappe pas aux dynamiques qui fondent les nations. Ce jour-là, le tacle de Cheikh Sidy Ba ne souffrait d’aucune contestation. C’était un pur chef d’oeuvre comme le dribble, le passement de jambe, la feinte, la passe millimétrée, le contrôle orienté, la claquette du bout des doigts. Tous ces petits gestes qui témoignent de la dimension poétique du football. L’image de l’ancien joueur de Lask Linz en Autriche, jaillissant comme un chevalier qui règle ses affaires d’honneur, symbolise à elle seule la renaissance du football sénégalais. Le tacle, qui visait à cet instant de jeu l’annihilement d’une action défavorable, était aussi une conduite digne : la rage et le feu brûlant d’une génération qui voulait vivre de joie et d'allégresse. Connaître la liberté.
“Amul lu fi yolom boy na lépp naaw !”**
Le peuple sénégalais voulait respirer à la fin des années 90. Elle s’inventait des moyens d’affirmation de soi. La génération “Bul faale” prenait le pouvoir. Le mouvement hip-hop était à son apogée. A Kaolack, Kilifeu et Thiat s’en prenaient aux “politichiens”. Dj Makhtar mixait des samples et faisait danser les jeunes du Plateau à la banlieue. Les ados devaient choisir entre Daara-J, Positive Black Soul et Pee-Froiss. Rapadio venait ajouter un peu de hardcore à cette effervescence underground. Dans l’arène, Tyson envoyait à la retraite les “vieux” lutteurs. Tout cela préparait le Sénégal à vivre sa première alternance politique, avec l’arrivée de Wade en 2000 pour remplacer le pouvoir usé et dépassé de Diouf.
Le supporteur, dans le paroxysme de la passion, obnubilé par les émotions immédiates, oublie de voir les actions qui miment les orientations sociales actuelles et à venir. Il ne reste alors que la mémoire pour comprendre et éclairer d’un jour nouveau le passé. Les réminiscences nostalgiques, telles des effluves de l’éternité, rétablissent la grande vérité de l’Histoire. La vie des nations ressemble, en fin de compte, à une fractale où la politique, la culture, la littérature, la musique, le sport se confondent. S’entremêlent. Seules les dimensions et les espaces d’expression changent. Mais le noyau sacré reste le même. Parfois, il faut bien observer l’ordre des choses et leur signification. Le peuple “a des éclairs de courage, de folie, de lâcheté, personne ne sait quel éclair s’apprête à éclater dans son ciel”***, fait dire l’écrivain sénégalais Mouhamed Mbougar Sarr, dans Terre Ceinte, à un de ses personnages. Nous pouvons déclarer, aujourd’hui, que le tacle de Cheikh Sidy Ba était un cri de révolte. Un sentiment d'allégresse et d’émancipation s’était emparé de ses pieds.
Il fut, dans les années 1970, un grand spécialiste de l’Afrique. Son premier best-seller, « Affaires africaines », marque le début d’une série de livres d’enquêtes, sur l’affaire des diamants offerts par le centrafricain Bokassa à Valéry Giscard d’Estaing
Pierre Péan, l’un des plus grands journalistes d’enquête français, est décédé ce jeudi soir, à l’âge de 81 ans.
Pierre Péan, le grand journaliste d’enquête, est mort jeudi soir 25 juillet à l’âge de 81 ans. Originaire de la Sarthe, il fut, dans les années 1970, un grand spécialiste de l’Afrique. Son premier best-seller, « Affaires africaines », marque le début d’une série de livres d’enquêtes, sur l’affaire des diamants offerts par le dictateur centrafricain Bokassa à Valéry Giscard d’Estaing, sur l’empire TF1, avec Christophe Nick, et sur la jeunesse de François Mitterrand.
Dans cet ouvrage, « Une jeunesse française. François Mitterrand, 1934-1947 », Pierre Péan révèle que le président socialiste a reçu la décoration de l’ordre de la Francisque des mains du maréchal Pétain. Ce sera son plus gros succès en librairie, celui qui le fera connaître du grand public. Il publie aussi une enquête sur le fonctionnement du quotidien « le Monde », dans les années où le journal est dirigé par Edwy Plenel, ou encore un travail minutieux sur la vie tumultueuse de Bernard Kouchner.
Vision humaniste et bienveillante de son métier
Dans les années 1990, il se spécialise dans des enquêtes historiques, sur Jean Moulin, la guerre d’Algérie, sur le banquier suisse François Genoud, exécuteur testamentaire d’Hitler. Un de ses travaux les plus controversés fut « Noires fureurs, blancs menteurs. Rwanda, 1990-1994 », dans lequel il prend la défense du gouvernement français, accusé d’avoir participé au génocide contre les Tutsis.
Pierre Péan détestait le terme « journalisme d’investigation », qu’il jugeait trop inquisitorial, trop accusatoire, trop « yankee ». Il préférait l’expression « enquête » qu’il jugeait plus conforme à l’esprit français. Il avait surtout une vision humaniste et bienveillante de son métier, rappelant à ceux qui le croisaient qu’il fallait toujours « s’attacher à comprendre les trajectoires des personnalités, sans les juger, sans les salir, tout en assumant la révélation des faits ».
Pierre Péan a collaboré à de nombreux journaux, tels que « Libération », « le Canard Enchaîné », « Actuel », mais n’a jamais voulu s’enfermer dans un titre, pour « garder sa liberté de jugement, et surtout avoir le luxe du temps, pour ne pas être prisonnier de la tyrannie de la vitesse ». Ces dernières années, il s’inquiétait de la dérive des médias, de ce qu’il appelait le « pilori de l’instantané ». Il part dans un moment où la question ne s’est jamais autant posée.
MODOU BARA DOLI VA PORTER PLAINTE CONTRE LE GOUVERNEUR DU PALAIS
Victime, à son avis, d'une agression la semaine dernière lors de l'arrivée de la dépouille d'Ousmane Tanor Dieng, Serigne Modou Mbacké Bara Dolli a décidé de porter l'affaire vers la justice
El Modou GUEYE (Correspondant Vox Populi) |
Publication 26/07/2019
Le responsable politique de l'Alliance Pour la République (APR) tient à ce que cette affaire face au Gouverneur du Palais, le Colonel Daouda Diop, soit tirée au clair devant les juridictions militaires compétentes. Il a d'ailleurs été reçu par le khalife général des mourides, ce jeudi en début d'après-midi, qui a formulé des prières pour lui.
Le guide religieux confie, en effet, avoir été victime d'une agression de la part du dernier nommé qui, pour lui, n'en est pas à sa première action sur lui. «Devant des autorités de la République, j'ai été brutalisé, agressé, et embarqué par le Gouverneur du Palais. Cette affaire ne restera pas impunie. J'ai un certificat médical après hospitalisation à la clinique Rahma. Je vais saisir la justice avec mes avocats», a-t-il confié. Le marabout ne veut rien entendre d’une médiation que certains responsables ont tenté de faire pour le dissuader. Il dit avoir subi plusieurs humiliations alors qu'il se bat aux côtés de Macky Sall depuis des années. Ce, contre vents et marées. « Je suis une personne d'honneur. J'ai été éduqué ainsi par mon père qui m'a demandé de toujours être digne quelle que soit la situation. Mes frères sont dans d'autres partis et ils y restent par conviction. Moi, j'ai choisi Macky Sall par conviction. Mais je ne laisserai personne me piétiner.
Demain, je serai chez Serigne Mountakha pour lui faire part de cette situation. Nous sommes mourides et on a un respect fort pour notre guide. Avant toute action, nous écouterons ce qu'il en dit», a confié Serigne Modou Bara Dolli. Et pour finir il dira : «Si le Gouverneur du Palais pense qu'en agissant ainsi contre moi, il y gagne quelque chose contre un descendant de Cheikhoul Khadim, il se trompe lourdement. Ces deux humiliations ont eu lieu à deux reprises, au sein de la mosquée de Borom Touba et lors d'un décès. Qu'il sache que les choses ne seront pas aussi simples. Il a des croyances religieuses et il n'ose pas aujourd'hui faire un geste visant à humilier publiquement son guide. Alors pourquoi l'acharnement sur moi ? Faire de la politique ou être avec le Président Macky Sall ne me fera pas perdre mes valeurs religieuses.
LES «LIONS» RESTENT AU SOMMET DE L’AFRIQUE
Le classement FIFA de juillet 2019 rendu public, hier, fait toujours du Sénégal la première nation africaine de football. Des changements ont été notés au niveau du continent, à l’issue de la CAN «Egypte 2019».
La FIFA a publié, hier, son classement du mois de juillet 2019. En Afrique, malgré sa défaite face à l’Algérie (1-0) en finale de la 32e édition de la CAN (Coupe d’Afrique des nations) que l’Egypte a abritée du 21 juin au 19 juillet dernier, le Sénégal reste au sommet du continent.
En faisant deux bonds en avant en se positionnant au 20e rang mondial, le nouveau vice-champion d’Afrique atteint son meilleur classement de l’histoire. Ce leadership sur l’Afrique confirme la présence de cinq «Lions» dans l’équipe-type de la CAN 2019.
A savoir, les défenseurs Lamine Gassama, Youssouf Sabaly et Kalidou Koulibaly, le milieu de terrain Idrissa Gana Guèye et l’attaquant Sadio Mané. Sans compter que sa pépite Krépin Diatta (20 ans) s’est imposée comme le meilleur jeune footballeur du tournoi.
Les «Fennecs» d’Algérie, champions d’Afrique avec un parcours de sept matchs sans revers, s’offrent la plus grande progression de ce classement en rang et en points. Avec en prime, une hausse de 11% pour les hommes de Djamel Belmadi. Du coup, grâce aux 28 places gagnées au niveau mondial, l’Algérie (40e) occupe le 4e rang africain.
Médaillé de bronze, le Nigeria porté par son buteur Ighalo (5 réalisations), a engrangé 12 points de plus. Les «Super Eagles» sont la 33e nation mondiale de football. En Afrique, ils montent sur la 3e marche du podium. Eliminée par le Sénégal (1-0) en demi-finale de la première CAN à 24 équipes, la Tunisie perd, par contre, 4 points et descend au 29e rang mondial.
Toutefois, les «Aigles de Carthage» entraînés par le Français Alain Giresse, conservent leur 2e position continentale. Le champion sortant, le Cameroun, sorti en huitième de finale par le Nigeria (3-2), a également reculé au niveau du classement mondial.
Les «Lions Indomptables» ont perdu deux places et pointent au 53e rang. Pourtant éliminée aussi en 8e de finale de sa CAN par l’Afrique du Sud (1-0), l’Egypte récole 9 points. Suffisant pour que les «Pharaons» et leur star Mohamed Salah grimpent à la 49e place. Les grandes surprises de cette édition de la plus prestigieuse compétition africaine de football, Madagascar (96e mondial, +12 points) et le Bénin, stoppés en quart de finale, ont été bien récompensées pour leurs performances honorables à «Egypte 2019».
Sur le plan mondial, c’est la Belgique qui domine toujours le classement. Eden Hazard et les «Diables Rouges sont encore suivis par le Brésil, récent vainqueur de la Copa America 2019. La France, championne du monde en titre, se cramponne à la 3e place mondiale, devant l’Angleterre (4e), l’Uruguay (5e) et le Portugal (6e). L’Argentine, qui ne profite toujours pas du talent de sa star Lionel Messi, se contente du 10e rang mondial. Avec seulement une place de gagné, lors de ce classement FIFA de juillet 2019.
«JE VERRAI BIEN CE QUE L’AVENIR ME RESERVERA»
De passage à Saint-Dié-des-Vosges pour saluer ses proches, l’ancien défenseur du FC Metz, Kalidou Koulibaly, s’est confié sur le superbe parcours des Sénégalais à la CAN, son besoin de vacances et sa situation à Naples, son club actuel…
Remarquable ! Kalidou Koulibaly mérite d’être loué pour ses qualités humaines. Le quartier Kellermann, son quartier, lui a ouvert les bras et le défenseur central de Naples s’est prêté avec une vraie chaleur humaine à ces étreintes teintées de fierté et d’admiration. Longuement, patiemment. Pas la moindre faute de goût dans un protocole mis sur pied en 24 h par son ami d’enfance Mohamadou n’Ndiaye, son frère Seoudou et son premier cercle de copains. Kalidou s’est occupé du reste quand la timidité des plus petits bridait ces moments furtifs. la famille était réunie et chaque membre a été traité avec égard. le Déodatien n’a pas vu son cercle familial intime, Charline son épouse déodatienne et le fiston Seni, depuis le 2 juin. Mais juste après la Can, depuis Dakar, il a pris un avion pour venir embrasser ses parents ce mercredi en début d’après-midi. avant de s’envoler à nouveau vers Naples. Confidences d’un mec bien avant d’être un footballeur au statut planétaire.
Vous semblez fatigué. Comment allez-vous ?
« entre la Coupe du monde, le Calcio, la Can derrière, depuis deux ans, j’ai dû avoir trois semaines de vacances. Je sors de treize mois de compétition. Mon club de naples a repris, mais mes vacances ne commencent que maintenant. le club m’a demandé de revenir le 4 août, mais ça risque d’être un peu juste. »
Vous avez fait preuve d’une patience admirable avec tous ces gamins…
« (Rires). C’est important pour moi. Et c’est normal. J’ai grandi ici, au milieu de toutes ces personnes. Je les connais depuis toujours, ils sont comme mes petits frères, mes fils. Je connais plus des deux tiers des gens qui sont là. L’autre tiers, ce sont simplement des enfants qui sont nés après mon départ dont je ne connais pas le nom. Je n’en ai pas toujours le temps mais quand je peux le faire ça fait super plaisir. Mon frère (Seoudou, qui s’est improvisé DJ pour l’occasion), mon ami d’enfance Mohamadou (ndiaye, coprésident des SR Saint-Dié Kellermann) me demandaient souvent quand je passerais dans le coin. J’ai décidé de venir voir mes parents et j’ai appris mardi soir qu’ils organisaient cela. »
Que voyez-vous dans le regard de tous ces gamins ?
« Je me vois moi ! Quand j’avais leur âge, je rêvais de rencontrer des footballeurs professionnels ou des personnes ayant réussi dans la vie. Je suis là aussi pour ça. Pour montrer qu’en venant de ce quartier, aucune porte n’est fermée. Que ce soit dans le domaine scolaire (Kalidou avait décroché son bac avec mention) ou dans le quotidien. il faut juste avoir des pensées positives, croire en soi et travailler. Je veux leur livrer ce message et leur donner cet espoir. »
Omar Daf, qui faisait partie du staff du Sénégal, évoque justement le travail comme l’explication majeure de votre réussite ?
« oui parce que je pense sincèrement que je n’étais pas un joueur très talentueux à la base. Je suis parti de presque rien, mais j’ai toujours bossé. tout s’est fait par étapes, d’abord devenir professionnel, aller en Belgique, puis à Naples, jouer la Coupe du Monde, la Coupe d’Afrique des nations. J’ai toujours voulu prouver que j’avais le niveau et c’est cet acharnement dans le travail qui a payé. »
Le fait de ne pas jouer la finale de la CAN et que le Sénégal s’incline vous laisse-t-il encore de l’amertume ?
« Je ne regarde pas tout ça, je ne lis pas non plus ce qui peut se dire. les échos viennent la plupart du temps de mes amis. Ils savent que je n’aime pas trop évoquer mon futur. Je vis le moment présent, je ne prémédite rien. Les seules choses où je m’organise, en fait, c’est quand je suis sur le terrain. Je suis tranquille, je verrai bien ce que l’avenir me réservera. le football est un plaisir pour moi, il faut qu’il le reste. Mon métier est une vraie passion, je sais que je suis chanceux, j’ai une bonne santé et c’est pour cela que je ne me prends jamais la tête avec tout ça. Je ne souhaite qu’une chose : donner des émotions aux gens comme ici ce soir (mercredi soir), jouer le football que j’aime, le football de haut niveau, que ce soit à Naples ou autre part. Jusqu’à preuve du contraire, aujourd’hui c’est à Naples, je suis serein. J’aspire à passer mes vacances tranquillement. »
Le Républicain Lorrain
Par Alioune Badara BEYE
SI CAIRE 86 M’ÉTAIT CONTÉ
La CAN que nous venons de vivre appelle de ma part quelques réflexions dans le seul but d’approfondir l’analyse et de proposer quelques pistes dans le sens de participer au développement de notre football
Il est vrai et tout le monde le sait, le football n’est pas une science exacte. Mais il n’en demeure pas moins de reconnaître que ce sport qui a conquis toutes les nations de la planète, obéit à certains schémas sans lesquels, aucun résultat positif n’est possible.
La Coupe d’Afrique des nations (Can) que nous venons de vivre appelle de ma part quelques réflexions dans le seul but d’approfondir l’analyse et de proposer quelques pistes dans le sens de participer au développement de notre football. Tout d’abord il est tout à fait pertinent de se féliciter du parcours héroïque de nos lions du football. il y a également lieu d’encourager le staff technique, à sa tête le vieux lion Aliou Cissé qui a marqué l’histoire du football de notre pays. Il convient enfin de remercier très chaleureusement le Chef de l’État, le Président Macky Sall, pour son appui constant, aussi bien au plan moral que matériel à l’adresse de l’équipe nationale. Sans ce précieux appui du Président de la République, ce brillant parcours des lions n’aurait jamais pu être réalisé. Nous ne devrions pas négliger le rôle combien salvateur du Ministre des Sports, M. Mactar Ba et de M. augustin Senghor, Président de la Fédération sénégalaise de Football qui ont su mettre en place une organisation professionnelle parfaite de l’expédition égyptienne.
Pour revenir au plan purement technique, notre analyse d’ancien footballeur nous a permis de constater que le football moderne a besoin d’innovations indispensables pour franchir les étapes, notamment : il nous faut une défense solide bien articulée autour d’un axe central à l’exemple de notre Kalidou Coulibaly. Des arrières latéraux offensifs comme Sabaly et Gassama ont pleinement rempli leur mission. un milieu de terrain défensif et offensif à la fois avec comme chef d’orchestre, un milieu de terrain de rupture de la trempe de louis Camara, ndoffène Fall, Cissé Saliou Chitta, Mamadou Samassa, Malick Sy Souris, le maréchal Cheikh Thioune, Malick ndao, Salif Diao, etc. Je fais référence à ces anciens qui m’ont ébloui par leur talent, leur classe et leur courage. L’attaque a été toujours considérée comme une marque déposée d’une équipe conquérante, avide de succès et de performances. Le Sénégal a toujours eu d’excellents attaquants comme Yatma Diop, Yatma Diouk, Matar Niang, Ibrahima Coulibaly, Doudou Diongue, Mbaye Fall, etc.). Ce rappel historique est important pour faire le diagnostic de la Can 2019.
Si nous revisitons l’histoire du football mondial, nous nous rappellerons aisément la grande équipe allemande des années 80. les avants-centres de l’époque : la France de 1958, avec Just Fontaine. la grande sélection du Brésil de 1958-62 avait Vava, Pelé, Amarildo. le Portugal des années 1966 avait une certain Eusébio Da Sylva. la grande équipe des Pays-Bas avait un Johan Cruyff, « le Hollandais volant, sans oublier Van Basten, Gullit et plus tard Patrick Kluivert. Mais que seraient devenus ces monstres du ballon rond sans des relayeurs comme Kopa, Gerson, nesken, le bondissant ardiles, etc. l’argentine conquérante avait aussi Mario Kempes et Lukke. Tout près de chez nous, précisément l’équipe nationale du Mali, a connu de grands avants-centres tels que Domingo devenu « l’ange vert » de Saint-Étienne, mais aussi Fantamady Diallo. La Côte d’ivoire avait Laurent Pokou et récemment Didier Drogba. le Nigéria et le Ghana ont connu le règne de grands avants-centres comme Yékini, Abedi Pelé, Asamoah Gyan, Yeboa, etc. au Sénégal : el Hadji Diouf et Henri Camara restent des modèles dans ce genre footballeurs devenu rare. tout ce rappel historique m’a amené à récapituler ce qui a manqué à l’équipe de Aliou Cissé en 2019 : un patron qui porte sur ses épaules les destinées de toute une équipe, prenant entièrement ses responsabilités. un tireur de penalty (ce qui n’est pas un geste banal). le penalty est une épreuve technique et mentale, avec une maîtrise innée du ballon, du réflexe et des nerfs. L’histoire a prouvé qu’un penalty peut-être indirect. Cependant les grands joueurs ont souvent raté des pénaltys (Socratès, Zico, Maradona, Crulft, etc) a l’aSFa (64-65) nous avions l’embarras du choix entre Samassa, aldemba, Mao, Saliou Yade, Ousseynou ndiaye, votre serviteur, etc.). C’est une question de situation, de moment et de concentration. un milieu de terrain, souverain, créateur, maîtrisant parfaitement le rythme des grands moments d’une rencontre.
Les espoirs Opa Ngette et Senti Ngom doivent réintégrer l’équipe. un axe central redoutable craint et briseur d’attaque (l’absence de Kara Mbodji est à regretter). un tueur (marqueur de buts), genre feu Alfa Touré, Ibrahima Coulibaly, qui n’aura pas comme seule mission de fixer un arrière central, mais comme Samuel Eto fils, de secouer les filets. Pour revenir à cette édition 2019, cruelle pour le Sénégal, il faut reconnaître le rôle négatif joué par un arbitre partisan et incompétent, sans aucune personnalité, le remplacement du Sud-africain, précédemment annoncé devrait être dénoncé par la Fédération. Ce changement suspect, et surprenant est chargé de connexions négatives. il serait souhaitable à l’occasion d’une prochaine campagne, que les anciens internationaux qui ont servi le football sénégalais puissent être invités (Yatma Diop, Yatma Diouck, Victor Diagne, Ndoffène Fall et tant d’autres qui pourront renforcer le moral des jeunes internationaux et surtout pour servir de boucliers à toutes combinaisons conservatrices. Ce qui a surtout manqué à l’équipe de 2019, c’est un brin de folie en la personne d’el Hadji Diouf et une dose de poésie comme Fadiga). le football est un art de symbiose, de parade et de créativité. les grands footballeurs ont toujours été de grands artistes (créateurs d’actes de beauté). Voir jouer Garrincha, Roberto Falcao, Salif Keita, Matar niang fut un régal fait d’alexandrins éclatés et de métaphores. la grande argentine n’aurait jamais gagné une coupe du Monde sans Ardiles, Maradona, Burruchaga, etc .. le Brésil de 1958 sans Vladimir Pareira Didi, le créateur de la « Flora Seka » la feuille morte ; l’Allemagne sans Bekenbauer et Gerd Muller en 1966.
N’oublions pas que le plus grand footballeur de tous les temps Edison Arantes Do Nascimento dit Pelé, n’était pas titulaire en 1958 (à 17 ans), il devient pourtant champion du monde. C’est pour dire qu’il faut un Valdémar de Brito, c’est-à-dire un dénicheur de talent, pour donner la chance aux jeunes. au terme de cette analyse, je voudrais réitérer mes chaleureuses félicitations à toute l’équipe, à tous les joueurs qui nous ont fait rêver, particulièrement Sadio Mané, Coulibaly dont l’absence nous a été fatale et l’ensemble de l’équipe (titulaires comme remplaçants,) l’encadrement technique et administratif en espérant que la prochaine campagne sera la bonne.
Les records sont faits pour être battus. Mes encouragements à toute la presse sénégalaise, particulièrement à l’excellent Abdoulaye Diaw, la mémoire du football africain et universel. Son livre est une demande sociale qu’il ne manquera pas d’honorer pour le bonheur du Sénégal des élans féconds ; à la RtS (Pape Mady Diop et Bamba Diop) et à l’équipe de la RFM débordante de talent (Malal junior Diagne), l’héritier major, mais aussi Assane Sène et Momar Thione « l’oiseau tropical » des années 70 du football thiessois et sénégalais, au journal « le Soleil », au groupe Sud, au journal « le témoin », à la SentV et au groupe Walfadjri.
Alioune Badara Beye est écrivain, ancien footballeur, président de l’AES
«IL FAUT QU’ON ARRÊTE DE PARLER POUR SE PROJETER DANS L’ACTION»
Figure de proue de la musique moderne sénégalaise, Idrissa Diop, l’homme de tous les âges, traine une longue expérience musicale
L’enfant de Gueule Tapée vient de fêter un demi- siècle de pratique musicale. Il est l’un des rares musiciens sénégalais à avoir réussi à cultiver une certaine différence en fédérant le monde entier autour de sa musique. Il a bien voulu ouvrir son cahier de souvenirs et évoquer ses 50 ans de musique.
Selon la légende, c’est grâce à une hôtesse de l’air que vous avez chopé le virus de la musique à seize ans ?
Comme je le dis souvent, la musique traduit les aspirations les plus profondes des personnes. Donc si j’ai réussi à fêter mes cinquante ans de musique, ce n’est pas par hasard. Le Sénégal et le continent africain m’ont donné cette envie. Et surtout, le Sénégal a continué à travailler pour que je sois là où je suis aujourd’hui et je suis très fier de l’Afrique.
Vous n’avez pas répondu à notre question. Il se raconte que l’hôtesse de l’air dont il s’agit. C’est votre sœur ?
Oui ! Ma grande sœur, qui était hôtesse, m’a permis d’avoir mes premiers albums de sons venus d’ailleurs. J’écoutais du Otis Redding et James Brown. il y avait également des sons latinos et beaucoup de Rumba du Congo avec Franco et Rochereau...
Un demi-siècle de carrière. Pouvez-vous revenir sur les temps forts de ce riche parcours?
Permettez- moi de rendre un vibrant hommage aux journalistes de mon pays qui ont toujours été à mes côtés. C’est à l’âge de 16 ans que j’ai commencé à faire de la musique au sein d’un groupe dénommé « Rio ». Nous avions choisi ce nom emblématique parce que nous habitions à la Médina près du cinéma « Rio ». le groupe comptait des artistes comme ablaye Mboup, Moussa Kane, Michel, Charlys Dieng, Charly D. ndiaye. D’ailleurs, c’est au sein de ce groupe que des éléments ont mis sur pied le grand orchestre du « Baobab ». Après avoir quitté « Rio », je suis allé au club « Calypso ». a l’époque, il y avait beaucoup de clubs. Plus tard, je me suis retrouvé à la « Plantation ». Et vers les années 67, nous avions formé le grand groupe du « Sahel » avec la ferme ambition de révolutionner la musique sénégalaise. Au sein de cette formation musicale, il y avait les regrettés Cheikh tidiane tall, Mbaye Fall, Seydina Wade et aussi Pape Djiby Ba, Willy Sakho etc… C’est vraiment l’orchestre du Sahel qui a révolutionné la musique sénégalaise. a l’époque, on reprenait beaucoup la musique cubaine et la soul avec des titres de chanteurs comme Otis Redding, James Brown et aretha Franklin. On était au top si bien qu’à l’occasion de la visite des Jackson Five au Sénégal, avec Magaye niang, nous avons réussi à entrainer Michael Jackson et ses frères à travers les « tangana » et autres « dibi Haoussa » de Dakar. en 1975, lors de la visite de James Brown, ses musiciens venaient nous voir jouer tous les soirs durant plus de deux semaines. ils étaient surpris par la dextérité avec laquelle nous relevions leurs morceaux. Avant le Sahel, j’ai aussi été au Miami. Ce haut lieu de notre musique était vraiment un temple et un passage obligé pour certains. J’y étais et des artistes comme Pape Seck Serigne Dagana, Youssou ndour et tant d’autres m’ont trouvé sur place. Voilà en résumé l’essentiel de mon parcours musical au Sénégal.
Y a pas eu des moments de vide…
Je garde en mémoire la date du 5 janvier 1975. Ce jour-là, notre compagnon Mbaye Fall a été froidement assassiné pour des broutilles. On n’en avait perdu le gout de faire de la musique. On avait décidé d’arrêter car on avait plus envie de continuer à cause de ce meurtre.
Vous avez ensuite quitté le pays…
Je suis parti en Europe notamment à Paris vers 1976. J’ai eu à rencontrer beaucoup d’artistes de différents pays à l’instar de Claude nougaro, Manu Dubango, Jacques Higelin, Ray lema, Touré Kunda, angélique Kidjio etc. Pour se frotter à ces gens-là, il fallait vraiment disposer d’assez de bagages musicaux pour pouvoir échanger avec tout ce monde. J’avais déjà une diversité musicale en moi. J’avais eu à jouer de toutes sortes de musique allant du jazz à la soul, en passant par le blues et la musique cubaine. Je mélangeais tout cela avec notre culture. Je puisais dans le réservoir inépuisable de mes idoles : Samba Diabara Samb, amadou ndiaye Samb et Ablaye Nar Samb. D’ailleurs, à mon retour de Paris, je suis allé directement voir Samba Diabaré Samb avec lequel j’ai enregistré le fameux tube « niani ». Tout cela pour dire que j’ai été formé à la bonne école.
Quid de votre séjour aux Etats-Unis…
Dans ce pays, j’ai pu rencontrer de grands artistes comme Quincy Jones, Stevie Wonder, Eddie Murphy, Sting, narrada Mickael Wodden le producteur de Whitney Houston sans oublier mon ami de tous les jours, Carlos Santana. J’ai donc eu à partager ma musique avec tout ce beau monde. J’ai pu jouer avec les plus grands et sur toutes les scènes du monde. Je suis arrivé à me fondre dans le moule et toutes ces personnes-là me considéraient non pas comme un africain mais comme un musicien qui parle le même langage qu’eux. C’est pour cela que je conseille toujours à la jeune génération de beaucoup apprendre pour pouvoir transmettre et partager avec tout le monde.
Vous avez collaboré avec de grands noms comme Sting, Santana et tant d‘autres. Comment appréciez-vous cela ?
C’est juste une fierté africaine. L’Afrique est un continent béni et de grands hommes en sont issus. Quand je rencontre tous ces gens de Santana à Sting en passant par Larry King ou Desmond tutu, je partage avec eux cette part d’africanité qui est en moi. Et encore une fois, c’est une très grande fierté.
Pourquoi aviez-vous choisi le thème du couple mythique lors de la célébration de vos cinquante ans de pratique musicale ?
J’ai choisi de célébrer cet anniversaire au Musée des Civilisations noires. Une fois face au Président de la République, je lui ai expliqué que j’étais en train de préparer la célébration de mes cinquante ans de musique. Au cours de notre conversation, il m’a révélé qu’il écoutait souvent mes morceaux à l’université. Et sans hésiter, il m’a cité de mémoire des titres comme « Beuré Bouki ak Mbam », « thiathie gui » et « Mbiindane dou Diam ». il m’a promis de me soutenir et d’en être le parrain. Je lui ai alors expliqué que j’allais nommer cette soirée « couple mythique ». Je lui ai dit que lui et sa dame seront le premier couple mythique et le second sera Cheikh Amar et sa dame. Je n’en parle jamais, mais Cheikh Amar est mon neveu. C’est pour lui exprimer toute la fierté de la famille que je l’avais choisi. Pour en revenir au thème du couple mythique, c’est juste symbolique. C’est une manière de célébrer la famille. Mon père me disait une chose très importante : « Dès l’instant que tu vois ta femme, tu sauras rapidement la reconnaitre » et c’est vrai, car je me suis marié très jeune avec la mère de mes quatre grands enfants que vous connaissez tous. Il s’agit de Nicolas, de Crao, Rama et nanou. Ensemble, on a réussi à célébrer le couple mystique. J’ai voulu donc célébrer mes cinquante ans en invitant tous les artistes sénégalais qui étaient tous présents.
Vous avez réussi à établir une passerelle entre l’Europe et l’Afrique. Après cette première manche à Dakar, est-il prévu une suite à Paris ?
Je voudrais rebondir sur cette question pour demander aux sénégalais de ne jamais négliger notre culture. Dès qu’elle a entendu que je devais célébrer mes 50 ans de musique, la Directrice de France 24 m’a appelé. Elle m’a invité tous frais payés à séjourner à Paris dans un grand hôtel. J’ai par la suite été invité à tv5, à France 24, Radio France international, France inter et partout pour parler de cet événement. Donc au lieu d’amener les artistes comme Manu Dibango, Richard Bonna, Paco Sery, Salif Keita et tous les autres qui voulaient venir, on a décidé de faire autre chose. C’est ma maison de production basée en France qui m’a demandé de faire la fête nationale à Dakar avant de tout boucler à la Cigale ou au Bataclan au mois d’octobre. Comme cela, on va le faire en deux manches pour ratisser le plus large possible.
Votre musique est très colorée et souvent métissée. Ce qui vous permet de la faire voyager partout. Pouvez-vous nous expliquer ce choix ?
Très jeune, à mes débuts dans la musique, j’ai vite compris qu’au niveau des percussions, le sabar était privilégié. J’ai alors décidé de prendre la route pour aller sillonner toutes les régions du pays afin de découvrir d’autres rythmes. J’ai trouvé en Basse Casamance une polyrythmique intense et immense. C’était une richesse incroyable et il en était de même chez les Balante, dans le Sine, au Sénégal oriental et un peu partout au Sénégal. C’est une alchimie très variée qui fait la force de ma musique. Je n’ai fait qu’exploiter cette richesse rythmique du Sénégal. Il faut tout faire pour que toutes ces ethnies se retrouvent dans notre musique. Au cours d’un concert en Australie où j’ai été le premier Sénégalais à s’y produire, j’ai eu à faire danser des aborigènes. J’ai demandé à mes producteurs de faire venir ces aborigènes et de les mettre devant la scène. le concert a eu lieu à l’opéra, une salle sur mer à Sydney. J’ai vraiment insisté et ils m’ont amené quinze aborigènes. Ces derniers étaient aux anges et m’ont avoué qu’ils se retrouvaient dans ce que je faisais.
Quel est le sentiment qui vous anime en voyant la percée de votre ancienne choriste Maréma ?
C’est un sentiment de très grande fierté. Car c’est un disciple d’Idrissa Diop. Dès que je l’ai vue à Douta Seck chez Adolphe Coly, j’ai senti qu’elle avait un plus. Car dans la musique, il faut avoir un flair. Je l’ai engagée. J’ai partagé mon expérience avec elle et on a fait les 14 régions du Sénégal. C’est d’ailleurs à mes côtés que son producteur, Mao Otayek, l’a découverte. et depuis lors, on a vu le résultat. Toujours est-il qu’elle le mérite amplement. Je suis vraiment fier de son parcours qui ne me surprend pas. C’est magnifique et cela constitue la preuve de son grand talent.
On vous compare souvent à Elage Diouf êtes-vous prêt à faire un duo ?
Elage est un grand artiste qui tisse sa carrière au Canada. Je l’ai déjà trouvé à Montréal et c’est un grand ami. On a déjà fait un duo sur un plateau de la tFM. Je suis sûr que cela pourra se faire. Je vais y réfléchir un peu plus et certainement cela va se faire. J’en ai envie et lui aussi est dans les mêmes dispositions.
Pourquoi essayez-vous toujours de cultiver cette différence …
il faut mélanger et partager sa musique. la musique sénégalaise est bien en mesure de voyager. Quand une musique est belle, elle parle à tout le monde. Il faut toujours avoir à l’esprit que c’est cette alchimie et ce mélange qui font la beauté d’une musique. C’est pour partager des émotions que je fais de la musique. Je n’aime pas faire du bruit. Les gens qui doivent m’entendre, m’entendront forcément. Je préfère la qualité à la quantité. Nous ne critiquons personne car on est dans la construction. C’est d’ailleurs pourquoi nous avons surnommé notre groupe « Thiebou Dieune» notre plat national.
Après les 50 ans que nous préparez-vous ?
Je vais continuer à faire de la musique qui n’a pas d’âge. il est également prévu la sortie de l’album « Time for Africa ». On y abordera des sujets engagés comme « Joe Ouakam », les méfaits de la dépigmentation en dénonçant le Khessal. Notre peau noire est très belle. Je dis souvent aux femmes sénégalaises et africaines d’être fières de ce qu’elles sont car la race noire est très belle. le Président Rwandais a résolu le problème. J’ai eu l’occasion de le rencontrer quand il est venu à Dakar. il m’a fait comprendre que dans son pays, des produits destinés à la dépigmentation ou la friperie ne franchissent jamais les frontières. Tout est fabriqué dans le pays et c’est pourquoi le Rwanda est aujourd’hui cité en exemple un peu partout. C’est à saluer car la femme noire est tellement belle quand elle reste naturelle.
Quel est votre avis sur l’évolution de la musique surtout avec les turbulences qui assaillent souvent le parcours de la jeune génération. Vous aviez réussi à maintenir le flambeau sans entrer dans ces détails relatifs à l’homosexualité ou autres…
Ecoutez ! Nous allons toujours assurer notre rôle de grand frère de papa et de grand père. Notre rôle principal consiste à continuer à toujours donner le bon exemple. Au Sénégal, il faut qu’on arrête de parler pour se projeter dans l’action. Je ne vais jamais dire ou faire du mal à un artiste. Il faut qu’on reste dans la construction et le mélange. Il faut que l’on arrive à se dire du bien entre nous en évitant de nous attarder toujours et tout le temps sur les défauts et travers d’untel. Cela ne nous mène nulle part. Nous sommes entre nous, entre Sénégalais. On n’est même pas nombreux. Juste quelques millions d’habitants. Il faut que nous soyons positifs. Personne ne m’entendra dire du mal d’autrui car je ne connais pas cela. Mes parents m’ont éduqué en me conseillant de toujours faire et dire du bien. Malheureusement, beaucoup de personnes profitent de la fragilité de certains Sénégalais pour déverser leur bile. Mais elles savent pertinemment que dans ce pays, on ne peut pas parler de musique sans citer certains. Ils se contentent juste de parler, mais savent pertinemment qu’ils ne feront jamais ce que ces gens- là ont déjà réalisé. J’exhorte aussi les musiciens de la jeune génération à ben faire attention à l’habillement, aux discours et aux textes véhiculés dans les chansons. C’est très normal. Il ne s’agit même pas d’un problème de génération car au Sénégal, les baobabs n’ont jamais bougé. Rien n’a bougé. Il est temps de construire les esprits. Il faut éviter les interprétations hâtives et souvent négatives. Ce n’est pas parce qu’on a porté quelque chose que l’on doit être stigmatisé. Je vais aborder la question de manière frontale. il s’agit du cas de Wally Seck ! Mais ce n’est rien du tout. C’est très puéril. il m’arrive de le taquiner en lui disant que ses pantalons « Pinw »- là, vraiment ce n’est pas indiqué. Je pense qu’en usant d’humour et de pédagogie, on arrivera à les sensibiliser et les faire changer. il faut dépasser ce stade et aller toujours à l’essentiel.