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18 juillet 2025
par Salah Trabelsi
COMMENT LE MAGHREB EN EST-IL VENU À REJETER SON AFRICANITÉ ?
Les Noirs au Maghreb font l’objet d’une déconsidération doublée de discrimination. Ils sont les seuls à être perçus comme l’incarnation d’un groupe exogène, repérable à des caractéristiques ethniques et socioculturelles présumées distinctes
Le Monde Afrique |
Salah Trabelsi |
Publication 23/07/2019
Les bouleversements politiques qui ont secoué le Maghreb ces dernières années ont fait ressurgir d’innombrables problèmes tenus jusque-là sous le poids du silence et du déni. L’une de ces questions refoulées concerne la situation des Noirs au cœur de cette partie spécifique de l’espace africain. Durant des décennies, le sujet a été biffé de l’histoire commune. Qu’ils en soient natifs ou non, les Noirs au Maghreb font l’objet d’une déconsidération doublée de discrimination. Contrairement au reste de la population, ils sont les seuls à être perçus comme l’incarnation d’un groupe exogène, repérable à des caractéristiques ethniques et socioculturelles présumées distinctes. Le plus surprenant, c’est que cette assertion prend le contre-pied d’une autre opinion commune, selon laquelle l’Afrique du Nord serait le réceptacle d’un peuplement disparate et bigarré, une terre de migrations et de métissage.
Ce schéma dualiste a été à l’origine d’un système de hiérarchisation et de catégorisation paradoxale. Il en est résulté une vision qui tend à faire du Maghrébin à peau noire l’archétype de l’altérité : un Noir qui vit et se conduit donc par essence comme un Noir ! Ce cliché s’est incrusté dans les mentalités, provoquant une dissociation névrotique des identités, scindées en deux types d’affiliation politique et ethnosociologique : l’une africaine, l’autre arabe et musulmane. Aujourd’hui, les quatre pays du Maghreb proclament solennellement l’arabe comme langue nationale et officielle et l’islam comme religion d’Etat.
Stocks idéologiques
Il y a confusion entre ces deux catégories, qui relèvent pourtant de deux sphères différentes, l’une religieuse, l’autre ethnolinguistique. Rappelons que la majeure partie des musulmans n’est pas arabophone. D’ailleurs, malgré le mythe de la sacralité de la langue arabe, ni l’Iran ni la Turquie, pourtant très proches du berceau de l’arabité, n’ont à aucun moment de leur histoire revendiqué une commune filiation avec les Arabes. Il en est de même du Sénégal, ou de l’Indonésie, qui compte le plus grand nombre de musulmans au monde.
Comment les Etats maghrébins en sont-ils venus à revendiquer avec zèle et empressement cette parenté putative avec l’arabité et à rejeter avec force leur africanité ?
L’islam s’est imposé cinq ou six siècles après la conquête de l’Afrique du Nord, non sans mépris envers les Berbères. Aux yeux des premiers conquérants arabes, les Berbères étaient un peuple vil, fruste et sauvage : « Des bêtes en liberté », selon l’historien du XIVe siècle Ibn Idhari. L’on établit même à leur encontre des hadith – paroles attribuées à Mahomet, le prophète de l’islam –, forgés de toutes pièces pour les rabaisser et justifier leur humiliation.
D’après l’auteur du Mu’djam al-Buldan, Yakut, le Prophète aurait dit : « Il n’existe, nulle part au monde, des êtres aussi répugnants que les Berbères. Quand même je n’aurais rien à distribuer comme aumône, si ce n’est la poignée de mon fouet, je serais plus enclin à la donner plutôt que d’affranchir un esclave berbère. » A leur tour, certains oulémas [théologiens de l’islam] d’origine berbère vont réagir en inventant des hadith pour se réhabiliter aux yeux des Arabes. Abu Al-Arab et Al-Maliki rapportent des traditions attribuées au Prophète lui-même, louant les mérites et la piété exemplaire des Berbères.
Quels sens donner à l’abandon de l’identité afro-berbère qui a longtemps cristallisé l’affirmation même de leur singularité face au reste des Arabes et des Africains ?
La littérature arabe classique offre un réservoir inépuisable d’informations éclairantes sur la rhétorique de l’altérité à travers l’Histoire. Ces corpus permettent de reconstituer la manière dont a été pensé, imaginé et perçu le rapport à l’Afrique et aux minorités noires. Ces stocks idéologiques, réactualisés selon les problématiques politiques et sociétales du moment, ont traversé le temps et continuent de façonner les esprits.
Complexe obsessionnel
Un des exemples les plus éclatants du prisme de l’arabité et de la négation de soi est celui raconté par l’historien kairouanais du XIe siècle, Abu Bakr Al-Maliki. Dans Jardins des âmes (Riyad Al-Nufus), il dresse une série de biographies consacrées aux saints et aux grands lettrés de Tunisie. L’un des personnages, Al-Buhlul b Rashid Al-Ra’ini, un juriste et saint homme, vénéré pour sa piété et sa dévotion, était épouvanté d’appartenir à la multitude chamitique, déchue et flétrie. En effet, selon une vieille tradition musulmane, Cham, l’un des trois fils de Noé, était à l’origine un homme blanc, doté d’un beau visage et d’une allure fort agréable. Mais Dieu changea sa couleur à la suite de la malédiction prononcée par son père. Une partie de sa descendance s’établit en Inde, en Afrique et au Maghreb. C’est cette dernière lignée qui serait à l’origine des coptes d’Egypte et des Berbères. Inquiet pour le salut de son âme, Al-Buhlul vivait dans la hantise constante et effrayante de la disgrâce du Seigneur, jusqu’au jour où il apprit qu’il n’était pas de souche berbère : « Alors, pour remercier Dieu, il organisa un somptueux festin auquel il convia tous ses amis et proches. »
D’autres récits confirment ce complexe obsessionnel qui témoigne d’une dépersonnalisation morale et culturelle aiguë chez beaucoup de savants et mystiques maghrébins. Ces exemples montrent le caractère prégnant dans la culture arabe d’une négrophobie doctrinale, agrémentée d’une haine de soi. Encore, faut-il le rappeler, en dehors de la mouvance kharidjite, branche issue du premier schisme de l’islam, la noirceur de peau a toujours constitué, selon la plupart des exégètes musulmans, un défaut inacceptable et ce au même titre que tous les autres vices rédhibitoires pour accéder au pouvoir suprême.
Ibn Khaldun, l’auteur de la Mukkadima souligne dans ses écrits l’extravagance des inventions sans fondement de certains généalogistes qui font descendre de la péninsule Arabique les ancêtres des Berbères, manière de « blanchir » leur origine.
Rappelons aussi le sort réservé à Ibrahim Ibn Al-Mahdi. Ce calife éphémère fut destitué en 819, car sa mère était une concubine royale d’origine afro-iranienne et qu’il était lui-même de teint très foncé. Quand à l’esclave nubien Kafur, prince d’Egypte, grand bâtisseur et protecteur des savants et des écrivains, il fut violemment vilipendé, haï et calomnié durant les vingt-deux ans de son règne. L’un des textesles plus ignobles, composé par l’un de ses détracteurs, Al-Mutanabbi, figure toujours en bonne place dans les manuels scolaires arabes. La quasi-totalité des collégiens sont tenus encore aujourd’hui de réciter par chœur les vers affreusement satiriques de ce poète, considérés comme le plus beau chef-d’œuvre de la prosodie arabe.
Anthropologie médiévale désuète
Ce sont d’ailleurs ces réservoirs sempiternels de représentations stéréotypées qui continuent à nourrir les choix des modèles et des dispositifs éducatifs actuels. Il suffit de jeter un coup d’œil sur le contenu des ouvrages du collège ou du lycée pour se rendre compte des dommages irréparables causés par la référence quasi constante à ces vieux topos, hérités d’une anthropologie médiévale, imaginaire et désuète.
Ces éléments ici réunis n’expliquent en rien l’exacerbation symptomatique actuelle des discriminations dans les pays du Maghreb. Mais ce détour permet d’expliquer la source des préjugés et la mise en place des marqueurs d’une hiérarchie imaginaire des identités biologiques et socioculturelles.
Pendant plusieurs décennies, les regards ont été uniquement braqués sur la situation désastreuse des descendants d’esclaves noirs en Mauritanie. L’on se rend bien compte aujourd’hui que le problème dépasse largement les marges sahariennes du Maghreb. Les récits scandaleux de vente aux enchères de jeunes Subsahariens en Libye et les témoignages incessants d’agressions violentes et parfois meurtrières contre des Noirs montrent l’étendue des ravages qui affectent toutes les sphères de la vie sociale, que ce soit en Libye, au Maroc, en Algérie ou en Tunisie. Terre de paradoxes, ce dernier pays tente pourtant de faire figure d’exception. Berceau des « printemps arabes », il avait été en outre le premier Etat de la région à abolir, en principe, l’esclavage en 1846.
Evidemment, l’un des traits marquants de l’histoire des pays arabes, est celui d’une extrême durabilité des formes de servitude et d’esclavage. Etrangement, les esclaves noirs ont été les derniers à obtenir leur émancipation, et ce bien après celle des esclaves mamelouks, européens et circassiens. Ce processus lent et toujours inachevé explique, en partie, l’émergence tardive de la question des inégalités sociales et raciales. Par ailleurs, l’extension des violences racistes montre à quel point les préjugés, que l’on croyait appartenir à un temps révolu, continuent de proliférer. Manifestement, le problème est encore d’actualité. Aujourd’hui comme hier, la persistance des inégalités sociales et raciales fait obstacle à l’accès aux libertés publiques et citoyennes.
Article publié en Février 2019 par Le Monde Afrique
Salah Trabelsi est maître de conférences en histoire et civilisation à l’université Lumière Lyon II, et directeur adjoint du Groupe de recherches et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (Gremmo). Il est coauteur de Résistances et mémoires des esclavages, éd. Karthala, 2014.
RÉVÉLATIONS SUR MAURICE, L'ÎLE AUX TRÉSORS
Après les «Panama papers» et les « Paradise papers », voici les révélations « Mauritius Leaks ». 200 000 documents révèlent les pratiques d'optimisation fiscale de sociétés qui profitent du faible taux d'imposition à l'île Maurice
Après les « Panama papers» et les « Paradise papers», le Consortium international des journalistes d'investigation publie ce mardi 23 juillet, les « Mauritius Leaks ». 200 000 documents, envoyés anonymement et provenant du cabinet d'avocats international Conyers Dill & Pearman, spécialiste de la finance off-shore. Ils mettent en lumière les pratiques d'optimisation fiscale des sociétés qui profitent du faible taux d'imposition à l'île Maurice pour y loger leurs bénéfices, et ce, au détriment des États d'origine de ces sociétés.
Tout est légal, mais pas grand-chose n'est éthique, voilà en substance ce que nous apprennent les « Mauritius Leaks », les fuites mauriciennes, révélées par le Consortium international des journalistes d'investigation, et dont le journal Le Monde publie les conclusions.
Des pratiques peu éthiques
Bien peu éthique, en effet, l'attitude du rocker philanthrope Bob Geldof qui plaide pour la transparence des affaires et la responsabilisation des dirigeants africains, tout en domiciliant son fonds d'investissement, « 8 Miles » à Maurice pour échapper à l'impôt.
Il n'est pas le seul, de grandes compagnies comme le franco-japonais CFAO ou encore le négociant suisse Trafigura font de même pour certaines de leurs opérations en Afrique, sans oublier certains riches hommes d’affaires ougandais ou nigérians.
Maurice, placée par l'Union européenne sur la liste grise des paradis fiscaux, exonère largement d'impôts les bénéfices des grandes sociétés. Le taux tourne autour de 3% afin d'attirer les capitaux. Et cela fonctionne. Selon le consortium, 630 milliards de dollars d’actifs étrangers sont logés sur l’île Maurice, pays qui figure désormais parmi les nations émergentes.
Combien l'île Maurice fait-elle perdre en revenus fiscaux aux États africains?
Mais les multinationales ne sont pas les seules concernées. Car Maurice a déployé sa puissance d’attraction fiscale en direction des États, en faisant signer à quarante-cinq États, dont quinze en Afrique subsaharienne, des traités de non double-imposition.
En raison des conditions fiscales avantageuses, beaucoup d'entreprises se sont ruées à Maurice pour échapper à l'impôt dans leur pays. Combien l'île Maurice fait-elle perdre en revenus fiscaux aux États africains ? Difficile à dire, mais de toute façon c'est trop pour certains pays africains, comme le Lesotho ou le Sénégal qui souhaitent renégocier les conventions fiscales signées avec cette île paradisiaque, dans tous les sens du terme.
D’autres États comme le Kenya et le Malawi ont déjà obtenu de renégocier ces conventions. Car les dirigeants mauriciens, qui affirment respecter les normes édictées par l’OCDE (l’Organisation de coopération et de développement économique) n’échappent pas au courant international actuel qui tend à durcir la lutte contre l’évasion fiscale.
Plusieurs ONG, dont Oxfam-France, ont d’ailleurs mis sur la table du G7 Finances, réuni en France les 17 et 18 juillet dernier, une proposition visant à instaurer à l’échelle mondiale un taux d’imposition minimum pour les sociétés multinationales.
L'OBJECTIF DE L'AUTOSUFFISANCE EN RIZ PLOMBÉ
Les modalités de choix des bénéficiaires des intrants subventionnésne sont pas toujours clairement affichées. (Et) la liste des bénéficiaires appelés –gros producteurs – est composée de responsables politiques, de marabouts et de hauts fonctionnaires
Atteindre l’autosuffisance en riz, un des objectifs phares du Plan Sénégal émergent (PSE) de l’Etat Sénégalais, équivaut à une forte augmentation de la production. Un objectif qui pour le cas du Sénégal est rendu difficile par divers écueils comme la faiblesse des surfaces dédiées à la riziculture, l’aménagement des terres (voir article précédent). A ce lot, il faut ajouter la question des subventions, et particulièrement celles sur l’engrais.
A Mbagam, village d’agriculteur, situé à 19 km de Richard-Toll et chez les riziculteurs de la vallée du fleuve Sénégal, on ne cesse de se plaindre de la subvention de l’Etat sur l’engrais. L’initiative est jugée inopérante par les producteurs.
«Nous leur (au gens du gouvernement) avons dit de supprimer la subvention sur l’engrais et de la verser dans la production», indique le président de l’Union de Mbagam, Oumar Bouya Niang.
Selon lui, une subvention doit apporter quelque chose à l’agriculteur alors qu’actuellement ce n’est pas le cas. Car sur le marché l’engrais non subventionné est moins cher que l’engrais subventionné.
Ce que Oumar Bouya Niang ne dit pas, ou ne sait pas, c’est que le manque de transparence et le copinage politique plombent les effets attendus de la subvention.
Selon l’Initiative Prospective Agricole et Rurale (Ipar), la distribution des intrants est «disproportionnée», car les grands exploitants cultivant les superficies les plus importantes reçoivent la plus grande part de la subvention, tandis que la majorité des petits agriculteurs reçoivent de petites quantités.
Dans un rapport intitulé : «subvention des intrants agricoles au Sénégal : controverses et réalités», l’Ong Ipar soutient notamment que le système de distribution des intrants subventionnés «n’est pas transparent».
Clientélisme politique
«Les modalités de choix des opérateurs bénéficiaires ne sont pas toujours clairement affichées. (Et) la liste des bénéficiaires appelés –gros producteurs – est composée de responsables politiques, de marabouts et de hauts fonctionnaires», expliquent les auteurs du rapport.
Subventionné à hauteur de 50%, le sac d’engrais revient à l’agriculteur à 8.000 FCFA, ce qui d’ailleurs est encore cher pour certains, soulignent quelques agriculteurs.
Il n’y a pas que dans le village de Mbagam qu’on se plaint de l’inefficacité de la subvention de l’engrais.
Rencontré dans les locaux de la Société nationale d’aménagement et d’exploitation des Terres du Delta et des Vallées du Fleuve Sénégal et de la Falémé (Saed) à Ross Béthio, Daouda Gueye est le président des agriculteurs privés de Dagana (nord). Lui aussi est favorable à la suspension de la subvention de l’engrais, estimant que les efforts de l’Etat doivent être centrés sur «la production».
Ce qui va permettre aux producteurs de cultiver plus et d’augmenter les rendements, selon lui. En plus de la subvention, l’engrais reste introuvable pour certains. Pourtant, la quantité d’engrais concernée par la subvention de l’Etat sénégalais ne cesse d’augmenter, passant de 10.000 tonnes en 2014/2015 à 17.600 tonnes en 2017/2018, selon le Bureau opérationnel de suivi du Plan Sénégal émergent (Bos).
Déambulant au milieu de son champ, Samba Sow, agriculteur de 43 ans, fait également partie de ce lot.
«Voilà ma rizière (montrant celle-ci), depuis le début de l’année, je n’ai pas encore d’engrais», signale-t-il. Même constat chez le président de l’Union de Mbagam qui a reçu un quota de subvention «mais je n’ai pas encore reçu d’engrais».
D’après une fiche d’informations sur l’engrais au Sénégal publiée par AfricaFertilizer et l’Association régionale des professionnels de l’engrais (Wafa, en anglais), le Sénégal a importé 118.209 tonnes d’engrais en 2018 pour une consommation d’engrais qui est ressortie à 175.138 tonnes la même année.
La production primaire d’engrais au Sénégal quand à elle, a été estimée à 588.212 tonnes en 2018, selon un rapport de AfricanFertilizer produit en 2019.
En 2006, l’Etat du Sénégal avait décidé, suite aux difficultés des Industries chimiques du Sénégal (ICS) d’assurer un approvisionnement régulier et suffisant du marché en engrais, de combler le gap grâce aux importations assurées par des opérateurs privés.
L’importation de l’engrais est gérée par les principaux importateurs et la distribution est faite par le ministère de l’Agriculture et de l’équipement rural (Maer) qui sélectionne les opérateurs, en principe, selon une procédure d’appel d’offre public.
Gouffre financier
Pour avoir le point de vue du gouvernement sur ces complaintes des agriculteurs et sur le contenu du rapport de l’Ipar, Ouestaf News a pris contact avec le ministère de l’Agriculture et de l’équipement rural (Maer) le 14 mai 2019 par téléphone. Le coordonnateur du Programme national d’autosuffisance en riz, M. Waly Diouf, a indiqué qu’il est «trop chargé» pour pouvoir répondre aux questions.
En attendant, le casse-tête de la subvention reste entier et demeure un vrai gouffre financier, qui peine à prouver son efficacité : entre la campagne agricole 2013/2014 et celle de 2018/2019, le montant est passé de 13,8 milliards FCFA à 19,75 milliards FCFA, selon des chiffres d’un conseil interministériel daté du 17 avril 2019.
Par ailleurs, selon une note de l’Usaid (l’agence américaine pour le développement ) datée de 2011 et destinée au Maer, la politique de subvention rencontre plusieurs contraintes : manquements concernant le «dispositif de distribution de l’engrais» ; «l’insuffisance et la non-conformité sur le plan qualitatif » , le «manque de compétition dans l’octroi du marché», «inégalité dans l’accès pour les différentes catégorie de producteurs», «la non adéquation entre les recommandation de la recherche et les besoins des producteurs».
Face à toutes ces critiques, le président sénégalais Macky Sall a demandé à son gouvernement de rectifier le tir pour la campagne agricole 2019/2020 et «de prendre toutes les mesures nécessaires, à la mise en place préventive et transparente des dispositifs et mécanismes de cession, de supervision, de contrôle et de distribution des semences et engrais subventionnés par l’Etat», selon le communiqué du conseil des ministres daté du 6 juin 2019.
Mais pour les agriculteurs, la solution passe plutôt par une libéralisation de la commercialisation de l’engrais, parce qu’ils ne veulent pas d’intermédiaires entre eux et les fournisseurs.
«Si la subvention est supprimée, même si ils (les fournisseurs) nous vendent l’engrais à 10 mille FCFA, c’est bon. Nous allons l’acheter», a indiqué Samba Sow.
«L’engrais, ce sont les agriculteurs qui le consomment donc c’est nous qui devons choisir qui doit nous le vendre», a souligné M. Niang, tout en indiquant que l’Etat du Sénégal doit écouter les acteurs de la filière riz.
LE PSG A PROPOSÉ 32 MILLIONS POUR GANA GUÈYE
Paris et Everton seraient parvenus à un accord sur le transfert du milieu sénégalais après une nouvelle offre le week-end dernier. Sa venue ne fait plus guère de doute
Le Parisien |
Ronan Folgoas |
Publication 23/07/2019
Selon une source anglaise, une offre de 32 millions d'euros (M€) aurait été formulée samedi par Leonardo pour s'attacher les services de l'ancien Lillois dont le profil de milieu sentinelle était déjà recherché par le PSG lors du dernier mercato hivernal.
Un accord considéré comme acquis
Cette offre devait justement être validée ce mardi lors d'une réunion du conseil d'administration des Toffees, septième du championnat d'Angleterre la saison passée. Toujours de source anglaise, l'accord Everton-PSG serait même considéré comme acquis.
Récent vice-champion d'Afrique avec la sélection sénégalaise, actuellement en vacances à Dakar, Gueye est attendu à Paris d'ici la fin de semaine pour passer sa visite médicale et signer son contrat avec le PSG. Il s'agirait alors de la 6e recrue du mercato après Diallo (32 M€), Sarabia (18 M€), Herrera, Bulka et Bakker (libres de tout contrat).
8 SÉNÉGALAIS SUR 10 SOUFFRENT-ILS DE TROUBLES MENTAUX ?
Le ministère de la Santé réfute cette information avancée par le président de l'Association sénégalaise pour le suivi et l'assistance aux malades mentaux
Africa Check |
Diomma Dramé |
Publication 23/07/2019
« Huit Sénégalais sur dix souffrent de troubles mentaux » (Ansoumana Dione)
Ansoumana Dione dit ne pas avoir parlé de « troubles mentaux » mais de « problème de santé mentale ».
« Le ministère de la Santé n’est pas garante de cette information », soutient Dr Augustin Tine, psychiatre et chef de la division santé mentale au ministère de la santé publique et de l'action sociale.
« Il n’y a aucune étude de population effectuée à ce jour au Sénégal pour déterminer la prévalence des maladies mentales », Ibra Diagne psychiatre au Centre hospitalier national universitaire (CHNU) Fann.
Dans une interview publiée le 18 juin 2019 par le site Seneweb on lit, dans des propos attribués à Ansoumana Dione, président de l’Association sénégalaise pour le suivi et l’assistance aux malades mentaux (ASSAMM) qu’ « il y a beaucoup de facteurs qui font qu’aujourd’hui, huit Sénégalais sur dix sont confrontés à des problèmes de troubles mentaux ».
Contacté par Africa Check, ce dernier soutient n’avoir jamais utilisé le terme « troubles mentaux ».
« Cela reviendrait à dire que tout le monde est fou », dit-il. Il affirme avoir employé le terme « problème de santé mentale ».
Le président de l’ASSAMM explique que le chiffre qu’il a avancé dans l’interview est tiré d’une étude que son association a faite, sans pour autant mettre à notre disposition, ladite étude.
Faire la différence entre maladie mentale, troubles mentaux et folie
Contrairement aux troubles mentaux qui impliquent « l’existence d’un ensemble de symptômes ou de comportements cliniquement reconnaissables et associés dans la plupart des cas à la détresse et à la perturbation des fonctions personnelles », la maladie elle, « fait directement référence à la médicalisation, aux médecins, aux médicaments… », explique Ibra Diagne, psychiatre au Centre hospitalier national universitaire (CHNU) Fann à Dakar.
« Avec la schizophrénie, la personne souffre de plusieurs troubles, comme le trouble dissociatif associé à un trouble délirant et/ou associé à un comportement autistique », donne-t-il comme exemple.
S’agissant de la folie, terme très usité, Dr Tine affirme que ce n’est qu’un nom générique. Un langage commun.
« C’est plus de la littérature », dit-il.
Pas de données nationales disponibles
Le Sénégal ne dispose pas encore d’un système d’information fiable sur l’ampleur des problèmes de santé mentale selon Dr Ibra Diagne.
« Il n’y a aucune étude de population effectuée à ce jour au Sénégal pour déterminer la prévalence des maladies mentales », affirme-t-il.
Cependant, des données hospitalières sont disponibles, « mais elles sont relatives », selon le psychiatre.
Du côté du ministère de la Santé et de l’Action sociale, les chiffres avancés par Ansoumana Dione sont réfutés : « le ministère de la Santé n’est pas garant de cette information », soutient Dr Augustin Tine.
Une thèse de doctorat d’état en médecine, intitulée Évaluation des activités de consultation de psychiatrie du CHUN Fann de 2010 à 2015, soutenue en 2017 par Dame Kandji, révèle que les pathologies les plus récurrentes sont les psychoses aiguës avec 32,36 % de bouffée délirante.
Elles sont suivies des états de dépression (12,85 %) et des psychoses chroniques (12,03 % de schizophrénie).
Conclusion : l’affirmation d’Ansoumana Dione n’est pas prouvée
Le site Seneweb a récemment attribué à Ansoumana Dione, président de l’Association sénégalaise pour le suivi et l’assistance aux malades mentaux les propos selon lesquels « huit Sénégalais sur dix souffrent de troubles mentaux ».
M. Dione précise avoir plutôt parlé de « problème de santé mentale » tout en confirmant le chiffre.
Il déclare que le chiffre en question est tiré d’une étude menée par son association mais n’a pas fourni, à Africa Check, le document en question.
Les psychiatres Augustin Tine, chef de la division, santé mentale au ministère de la Santé et de l’Action sociale et Ibra Diagne du Centre hospitalier national universitaire de Fann soutiennent que le Sénégal ne dispose pas encore de chiffres officiels concernant la santé mentale.
Aucune donnée ne permet donc de confirmer ou d’infirmer le chiffre avancé par Ansoumana Dione.
ALFRED MANGO DEVIENT LE PLUS JEUNE BACHELIER DU SÉNÉGAL
Né de parents enseignants, le jeune homme vient de décrocher son baccalauréat scientifique à 14 ans. L’élève habitant aux Parcelles assainies Thiès est passionné de lecture, de poésie et de football, un sport auquel il s’adonne trois fois par semaine
Apanews |
Oumou Khary Fall |
Publication 23/07/2019
Alfred est un enfant pas comme les autres. Alors que les jeunes de son âge sont captivés par les réseaux sociaux et les nouvelles technologies en général, Alfred, lui, est passionné de lecture et de poésie. Dès la maternelle, il s'intéressait aux livres pour enfants et à 9 ans, il a achevé son premier roman, L'Enfant noir de Camara Laye. « Il avait toujours le livre à la main, même quand je l'envoyais à la boutique », se souvient affectueusement sa mère, Ndéye Anta Diop. « Tout le monde était étonné! Cela faisait rire les gens ! », poursuit-elle.
Ndéye Anta Diop est professeur d'histoire-géographie au lycée de Ngoudiane, à quelques 30 kilomètres de Thiès. Son père est également professeur du lycée, où il enseigne le français. Une famille « simple et heureuse », selon les mots du jeune Alfred, qui a grandi entouré de livres et sans aucune autre distraction. « Longtemps, nous n'avons pas eu l'électricité, donc Alfred était plongé dans les livres », raconte Ibrahima De Louis Mango, le père du jeune bachelier.
Très tôt, Alfred a ressenti le besoin de se surpasser. Dès la classe de CP, il s'est donné pour ambition de décrocher le baccalauréat à 14 ans, en s'inspirant de l'un des personnages du film américain « The Great Debaters », James Leonard Farmer Junior, membre d'une prestigieuse équipe de débatteurs et étudiant à l'université à 14 ans. « En voyant ce personnage, je me suis dit que si lui avait réussi, moi aussi, je pouvais le faire », confie le jeune Alfred pour qui « les records sont faits pour être battus ».
L’élève a travaillé dur, mais sans pression cette année de terminale pour arriver à ses fins. « Je ne travaillais pas comme un robot », explique-t-il.
Pour sa mère, contrairement à ce que beaucoup pensent, « Alfred passe son temps à jouer. Il aime être avec ses amis dans le quartier. C'est un enfant très jovial ». Ndéye Anta Diop a donné des cours particuliers à son fils pendant toute sa scolarité, de manière encore plus assidue lors des quatre années où il a sauté des classes.
A la maternelle, Alfred a sauté la grande section, au cycle primaire, il n’a pas fait les classes de CE1 et de CM1, et au cycle moyen, il a sauté les classes de 6ème et de 4ème. Il a réussi la prouesse d'avoir son Brevet de fin d’études moyennes (BFEM) à l’âge de 11 ans. « C’est seulement le cycle secondaire qu’il a eu à faire toutes les classes », renseigne son père.
« Je remercie les autorités étatiques qui ont pu permettre à mon enfant de réussir son baccalauréat, parce que dans un passé récent il n’était pas possible de passer le bac à l’âge de 14ans. C’est à partir de cette année que la mesure a été levée », poursuit le professeur de français pour qui « il y a des choses à revoir dans la forme actuelle de l’école ». « Si d'autres enfants avaient été autorisés à passer le baccalauréat plus tôt, mon fils ne serait pas une exception. Il y a beaucoup de formes d'intelligence à développer, le cerveau est un muscle qui a besoin d'être challengé », déclare le père d'Alfred, qui tient de lui son mental d'athlète.
A la rentrée universitaire, Grand Alfred Amadou Mango ne sait pas encore quel cursus il compte poursuivre. « J’aimerais beaucoup faire des études d'informatique, ou de pétrochimie. Mais depuis tout petit, je rêve aussi de devenir médecin ou pharmacien, comme mes oncles », ambitionne Alfred.
Pour sa mère, les études après le baccalauréat vont devenir plus compliquées, surtout pour un enfant plongé dans un monde d'adultes, mais elle reste optimiste et continue d’encourager son fils. « Je remets tout entre les mains du bon Dieu, nous ferons notre possible pour continuer à l'encadrer », dit-elle.
En plus de la lecture, Alfred a une autre passion, beaucoup plus commune celle-ci pour un adolescent de son âge: le football. Ses parents l’ont inscrit dans une école de foot située dans leur quartier, où il s'entraîne tous les mercredis, samedis, et dimanches.
Selon son coach Dame Junior Gaye, un ancien footballeur international, Alfred a permis de relever le niveau scolaire des autres enfants qui fréquentent l’école de foot. A son tour, Alfred a accepté de s'improviser professeur pour leur donner des cours particuliers. « On a remarqué que tous les enfants qui habitaient près de chez Alfred et qui le fréquentaient avaient de très bonnes notes en classe. Grâce à lui, le niveau d’étude de notre école de foot est vraiment bon, il apporte beaucoup », se réjouit son coach.
En attendant de prendre la lourde décision de son avenir universitaire, Alfred compte s'amuser comme un enfant de 14 ans cet été. Il veut voir ses amis et jouer au football. Mais sa passion pour la littérature n'est jamais loin. « J’avais écrit mes premiers poèmes à l’âge de 10 ans. J’aimerais écrire mon premier recueil durant ces grandes vacances », promet-t-il.
par Abdoul Mbaye
AMETH AMAR, L'UN DES RARES ET VRAIS CAPITAINES D'INDUSTRIE SÉNÉGALAIS
Il était aussi courageux, rigoureux et pragmatique - Avoir été le seul banquier ayant osé financer son industrie meunière nous a davantage rapprochés - Son projet était presque fou, il l’a réussi
Ameth Amar nous a quittés. Quelle peine ! Quel vide ! Sa réussite était connue. Son parcours, bien moins. Il était sans aucun doute ce que sa discrétion cachait : l’un des rares et vrais capitaines d’industrie sénégalais, dirigeant l’un des groupes majeurs dans le secteur alimentaire de l’Afrique de l’Ouest. Il a bâti son groupe à la force de l’intelligence, sachant saisir les opportunités, qu’elles fussent immédiates ou futures. Mais il était aussi courageux, rigoureux et pragmatique. Sa vraie histoire commence avec une vieille voiture R5 qu’il possède, mais préfère vendre pour acheter un petit bateau lui permettant de ravitailler des navires restés au large du port de Dakar. Puis, il a l’art de faire grandir et bien grandir.
Avoir été le seul banquier ayant osé financer son industrie meunière nous a davantage rapprochés. Il avait trouvé mon attitude courageuse, face au refus de mes collègues. Nous sommes devenus des amis très proches. Le courage était le sien. Son projet était presque fou, il l’a réussi.
Il adorait les enfants, les siens aussi, bien évidemment. A eux tous, à sa veuve, à ses collaborateurs et à tous ceux qui l’ont aimé, je présente mes condoléances les plus attristées.
Puisse Dieu récompenser largement tous ses efforts en direction des hommes et de son pays
par MAMADOU NDIAYE
URGENCES
À une certaine époque, Dakar était l’épicentre de la qualité des soins de santé en Afrique - L’hôpital inspire, de nos jours, pitié s’il ne provoque le dégoût, suscite la crainte ou fait fuir tant la réalité dépasse la fiction
Nos hôpitaux souffrent. Pire, la situation se dégrade de jour en jour. Murs lépreux, eaux puantes (et stagnantes), odeurs pestilentielles, couloirs fantômes, malades en peine ou à l’abandon, soins aléatoires, désertion organisée du personnel soignant ! Presque le chaos. Dans les infrastructures sanitaires le mal persiste, s’étend. Les patients s’exposent aux maladies nosocomiales. La lente érosion de la confiance noue le cœur. Et pourtant, malgré le spectacle désolant, ces lieux relèvent du patrimoine immatériel de notre pays.
Il se trouve simplement que l’indifférence gagne du terrain alors que l’émotion ressentie décroît. A une certaine époque, Dakar était l’épicentre de la qualité des soins de santé en Afrique. La capitale avait même tous les attributs d’un hub médical régional susceptible de rivaliser avec les plus connus. Plus tard, ce prestige avait valu à notre pays d’être placé sous les feux des projecteurs de l’actualité médicale grâce notamment au Laboratoire VIH du Professeur Souleymane Mboup, au Centre du Cancer du Professeur Kassé ou au gynécologue de rayonnement international Colonel Gorgui Diaw en l’occurrence. D’autres sommités médicales officient avec un égal bonheur dans une totale discrétion. Foi, abnégation et engagement rythmaient jadis l’ardent désir d’accomplissement dans le secteur de la santé. Désormais, place nette est faite à l’intérêt personnel, à la carrière au détriment d’un projet collectif favorable à l’exercice d’un service public.
L’attention soutenue dont faisaient l’objet les unités de soins a fortement reculé. Elle est partout résiduelle. Dans les milieux hospitaliers, il y a manque, carence et déficit. Autrefois havre d’assurance et de tranquillité, l’hôpital inspire, de nos jours, pitié s’il ne provoque le dégoût, suscite la crainte ou fait fuir tant la réalité dépasse la fiction. Alerte, danger ! Il y a urgence. Tout est prioritaire. Par quel bout prendre ce fléau qui s’amplifie ?
Il demeure évident que mal poser un problème équivaut à s’interdire de le résoudre. Or, différer les solutions (qui existent somme toute) revient à favoriser le long labyrinthe des procédures, jeu favori des poissons-pilotes qui écument les cercles médicaux. Sans pouvoir réel, ils y dictent leur loi ou imposent leur volonté au nez et à la barbe des professionnels de la santé très souvent dessaisis de leur prérogatives. Des réseaux dormants régentent la vie dans les centres hospitaliers. La connivence étend ses tentacules jusque dans les spécialités en étroite complicité avec des firmes, des laboratoires et des pharmacies ayant pignon sur rue. Ce sujet préoccupe. Il concerne les Sénégalais dans leur écrasante majorité. Dès lors, l’exécutif doit se pencher dessus. Sérieusement.
Ces intermédiaires d’un genre douteux s’évaporent dans la nature à la moindre opération « mains propres » pour réapparaître aussitôt comme les « maîtres incontestés » du circuit des médicaments, des équipements ou des fournitures. Leur prospérité se fonde sur la défaillance du système de santé. Lequel fait face à un autre défi de taille : depuis bientôt une décennie, les Professeurs de médecine quittent le secteur pour cause de retraite.
L’opinion ne s’en rend pas compte ou très peu : en partant, ces éminences emportent avec elles la science et le savoir-faire laissant exsangues des services entiers. Que ce soit en chirurgie générale, en ophtalmologie en gérontologie, en hématologie ou en cancérologie, les figures de proue n’y officient plus, cédant la place à de jeunes compétences mais moins bardées de notoriété.
Cette saignée reflète à elle seule la menace sanitaire qui plane sur les services en question. Une gestion prévisionnelle des ressources actée et soutenue par les pouvoirs publics aurait pu atténuer l’impact socioéconomique de ces départs qui profitent désormais au secteur privé. Pour ces médecins de haut niveau, la retraite n’est point synonyme de désoeuvrement. Au contraire, des cliniques huppées et des hôpitaux privés se les disputent. Mêmes des pays relativement nantis se les arrachent à l’image du Maroc, de la Tunisie, de la Turquie, de la France et du Canada qui mettent sur la table des espèces sonnantes et trébuchantes difficiles à récuser.
A ce stade, l’élan politique manque de panache voire de vision même si des réformes sont par ailleurs sur la table du ministre de tutelle. Car en son axe 2, le PSE mise sur la valorisation des ressources humaines afin de rendre irréversible la perspective d’émergence du pays. Ce n’est un secret pour personne que les élites politiques et administratives ne se soignent pas dans les hôpitaux.
Au moindre mal ou malaise vite détectés, décision est prise : aller en France consulter des spécialistes. Il serait présomptueux de porter un jugement sur les raisons profondes qui poussent ceux qui ont les moyens ou en bénéficient à aller se soigner à Paris ou en Province. Nul doute cependant que ce choix a un coût qui obère les finances publiques. A combien s’élève la facture annuelle des évacuations sanitaires, des hospitalisations et de la prise en charge ? A l’échelle du continent les sommes sont pharaoniques. Les montants affectés à ces charges dépassent les aides publiques au développement alloués aux pays de l’Afrique subsahariens.
Le délabrement des hôpitaux contraste avec l’engouement pour les soins prodigués à l’extérieur et principalement dans la capitale française. La France mobilise les moyens pour lutter contre l’afflux de migrants sur son territoire. L’Hexagone s’apprête même à corriger sa politique afin de mieux corser l’entrée. En revanche les hôpitaux français regorgent de malades venus d’Afrique à grands frais pour y être traités. Pour retrouver le chemin des Sénégalais, le devoir d’exemplarité doit être invoqué. Nécessité faisant loi, une inflexion des orientations stratégiques se justifie pour étouffer la probable gronde des populations. Après tout, le droit à la santé est d’ordre universel, donc imprescriptible.
ABDOUL MBAYE ÉDIFIÉ LE 6 AOÛT
Le délibéré du procès en appel de l’ancien Premier ministre, poursuivi par son ex-épouse pour les délits de faux, usage de faux et tentative d’escroquerie, initialement prévu ce mardi, a été renvoyé jusqu’au 06 août
Le délibéré du procès en appel de l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye, poursuivi par son ex-épouse pour les délits de faux, usage de faux et tentative d’escroquerie, initialement prévu ce mardi, a été renvoyé jusqu’au 06 août.
Dans cette affaire, l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye avait été relaxé de tous les chefs d’inculpation en première instance.
Toutefois, le procureur de la République a ainsi interjeté appel alors que son épouse s’était s’abstenue de saisir la juridiction d’appel.
L’ancien Premier ministre dénonce un ’’acharnement’’ tandis que son conseil Me Bamba Cissé parle d’’’un procès de caprice’’.
Dans ce procès en appel, le procureur général près la Cour d’appel de Dakar a requis un an de prison ferme contre l’ancien Premier ministre.
PAR Elhadji Ibrahima THIAM
L’ÉLOGE DES THÉORIES FACILES
Quelques esprits tordus, adeptes de théories ronflantes et des analyses tortueuses, ont imputé la défaite de l’équipe nationale du Sénégal à notre…hymne national
Rideaux sur la 32ème Coupe d’Afrique des nations. Comme en 2002, le Sénégal devra encore attendre deux ans pour espérer enfin soulever le trophée. Sitôt la déception consommée, les commentaires sur les raisons de cette énième désillusion ont enflammé les réseaux sociaux. Chacun y a mis son grain de sel. Et comme d’habitude, dans ce royaume de la parole libérée, on peut tomber sur des analyses qui font sens. Malheureusement aussi, il arrive qu’on lise de ces inepties qui laissent pantois. En effet, quelques esprits tordus, adeptes de théories ronflantes et des analyses tortueuses, ont imputé la défaite de l’équipe nationale du Sénégal à notre…hymne national. Défense de rire ! Quelques perles lues sur Facebook : «Comparez ça avec vos Koras et Balafons, vous verrez où se trouve l’erreur», écrit cet internaute en mettant côte à côte l’hymne du Sénégal et celui de l’Algérie ; «un extrait de l’hymne national de l’Algérie ; avec ces mots forts, ils sont tous soldats dans leurs domaines de compétence. Et voilà, contre toute attente, ils montent sur le toit de l’Afrique… leur sacre a déjà une explication», s’exclame un autre ; «la problématique de l’hymne national du Sénégal devra être posée. Ça n’a rien de sénégalais, ni les sonorités, ni les paroles», ose un troisième.
Pour faire simple, les auteurs de ces lignes et ceux qui pensent comme eux estiment que l’hymne national du Sénégal n’est pas assez pénétrant, que les paroles ne sont pas de celles qui galvanisent, qui revigorent, qui fouettent le patriotisme, qui transforment le peureux en preux. Tout le contraire de l’hymne algérien ! Autrement dit, ces détracteurs soutiennent que notre hymne national ne leur parle pas parce que les mots ne sont pas du lexique guerrier, qu’on n’y parle pas de révolution, de sang versé, de tuerie, de violence ! Cette analyse dénote d’une certaine inculture. En réalité, ces gens-là ne saisissent ni la portée, encore moins le sens du «Lion rouge» qu’ils se permettent de flétrir sur les réseaux sociaux. Adeptes des conciliabules stériles avec une inclination poussée pour les slogans faciles, prêts à railler, à caricaturer et à insulter même nos symboles, ces colporteurs de douces rêveries se gavent et s’engraissent de l’actualité d’où ils cherchent la petite bête qui ferait polémique. Certains parmi eux se font appeler «activistes», militants patentés du table-rase et de la terre brûlée.
Faut-il leur rappeler que l’hymne de chaque pays est lié à son histoire ? L’Algérie a arraché son indépendance après une guerre de libération de huit années (1954-1962), d’où le vocabulaire martial de son hymne national. La Marseillaise, hymne national de la France, est du même registre. Ce chant révolutionnaire est né avec la révolution française de 1789. L’Angleterre chante la gloire de son monarque selon qu’il soit Roi ou Reine. Celui du Sénégal est né dans un contexte bien différent. Notre pays a négocié son indépendance, notre hymne évoque donc tout naturellement le thème de la joie née de l’accession à la souveraineté internationale, de la fraternité, de l’union par le dépassement des diversités régionales, mais aussi le thème de «l’enracinement dans nos valeurs et de l’ouverture aux autres et à la modernité, celui de notre gloire passée évoquée moins pour alimenter un nationalisme ombrageux que pour servir un idéal de générosité, de paix, de travail, de dialogue, d’unité et de fraternité africaines sans discrimination de races ou de langues, avant de se terminer par une proclamation : le serment de défendre la Patrie dans l’union et la détermination, voire jusqu’à la mort devant tous les dangers menaçant son indépendance, sa prospérité, sa sécurité».
Ces thèmes sont tout aussi importants dans la vie d’une nation que l’exaltation d’un passé belliqueux. Et puis, pour en revenir au football, depuis quand les paroles d’un hymne national font-elles gagner une équipe? L’Espagne est double championne d’Europe et championne du monde en 2010. Et pourtant son hymne national ne comporte aucune parole. Il est tout en symphonie. Ensuite, si l’hymne était aussi déterminant que cela dans les conquêtes sportives d’un pays, pourquoi l’Algérie n’avait rien remporté depuis 1990 ?