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18 juillet 2025
«JOUER EN AFRIQUE, C’EST DIFFERENT DE JOUER EN EUROPE»
Pour sa première Coupe d’Afrique des nations de football, Mbaye Diagne est Vice-champion d’Afrique avec l’équipe nationale du Sénégal. Pour l’international sénégalais, «jouer en Afrique, c’est différent de jouer en Europe».
«Jouer en Afrique, c’est différent de jouer en Europe. Parce qu’en Afrique, cela demande beaucoup plus de rigueur, de persévérance et d’abnégation. Maintenant que la CAN est passée de 16 à 24 équipes, cela devient plus difficile encore. Mais l’équipe est allée jusqu’en finale. C’était un parcours de combattant. Le football a ses réalités, mais l’équipe a tout donné. C’est la volonté divine si on n’a pas remporté la coupe. On a fait un bon parcours, mais cela n’a pas suffi. Je rends grâce au bon Dieu, car c’est ma première CAN. J’ai gagné beaucoup d’expérience. Nous avons mouillé le maillot pour faire plaisir aux supporters. A la prochaine CAN, on aura la coupe s’il plaît à Dieu. Nous défendons les couleurs du Sénégal. La mobilisation d’avant match nous a beaucoup motivés et on jouait pour ça. Le but de l’équipe était d’aller jusqu’au bout. On a fait 1 mois 15 jours de regroupement. L’équipe a tout mis en œuvre pour la victoire finale. Tout le monde a vu que l’Algérie n’a eu qu’une seule occasion et c’était fini. Parfois, cela arrive. C’est la loi du sport. Il y a toujours un gagnant et un perdant».
Etat d’esprit
«Je suis free, c'est-à-dire libre d’esprit. Mais, s’il agit de travailler, je travaille dur. Tous les joueurs qui se retrouvent en équipe nationale, c’est grâce à leurs performances. Je remercie le coach de m’avoir appelé et de m’avoir fait confiance. C’était notre rêve de jouer en équipe nationale pour défendre les couleurs du pays. Si le coach a fait appel à moi, ce n’est pas le fruit du hasard. C’est vrai que je n’ai pas marqué de but, mais nous sommes retrouvés en finale. Il faut comprendre aussi que l’équipe, c’est un collectif. Quand tu rentres sur le terrain, tu ne fais que suivre les ordres du coach pour le bonheur de l’équipe. C’est difficile, puisque bon nombre de gens ne le comprennent pas ainsi. Chaque joueur qui vient en équipe nationale, c’est grâce à ses performances».
Inefficacité devant les buts
«Nous rendons grâce à Dieu. L’objectif, ce n’était d’aller pas à la CAN pour marquer et revenir. Certes, je n’ai pas marqué de but, mais on est arrivés en finale. Le fait de marquer un but est du ressort du bon Dieu. Mon souhait était de marquer des buts. Nous sommes fiers. Je suis très fier. Quand je suis sur le terrain, je ne peux faire que ce que le coach m’a demandé de faire. C’est comme ça quand on est sur le terrain. Je pense que beaucoup de générations sont passées, mais elles n’ont pas eu la possibilité d’aller jusqu’en finale».
«DES SOCIALISTES QUI N’ONT PAS PERDU LEUR AME DOIVENT SE SOUVENIR QUE CE QUI LES UNIT VAUT MIEUX QUE CE QUI LES DIVISE»
Accroché en marge de la cérémonie de 8e jour de la disparition du Secrétaire général des «Verts», Abdoulaye Wilane, porte-parole du Parti socialiste (PS), a parlé du défunt Ousmane Tanor Dieng comme il ne l’a jamais fait et des perspectives. Entretien
Vous êtes le porte-parole du Parti socialiste. Ce lundi (ndlr : hier) coïncide avec la cérémonie de 8e jour du rappel à Dieu d’Ousmane Tanor Dieng. Parlez-nous de l’homme qu’il était ?
Parler d’un homme multidimensionnel, d’un homme complexe comme Ousmane Tanor Dieng, dans ces circonstances où nous sommes étreints par le deuil, la tristesse et l’affliction qui nous habite, c’est vraiment un exercice très difficile. Avant de répondre à votre question, permettezmoi de présenter nos condoléances les plus attristées à la nation sénégalaise, à la tête de laquelle se trouve le chef de l’Etat, le président de la République, distinguer parmi nos compatriotes, tous les leaders d’opinion, chefs de parti, guides religieux, leaders syndicalistes, patronat, élites sénégalaises, élites arabophones comme élites francophones, le clergé catholique naturellement et tous les Sénégalais. Je les confonds dans les condoléances attristées, émues, que nous adressons en tant que Parti socialiste à la famille d’Ousmane Tanor Dieng, sa famille biologique, sa famille de Nguéniène dont il était le maire et au Conseil municipal. Je confonds également à ces condoléances, le département de Mbour, la région de Thiès dont il était le responsable du parti. Nous venons de perdre un de ceux qui ont le plus remarquablement contribué à façonner le destin politique, économique et social de notre chère nation. Mais au-delà, il a aussi contribué à façonner le destin de l’Afrique dans l’espace CEDEAO comme au niveau international. Perdre Ousmane Tanor Dieng, c’est un événement malheureux qui frappe plus que tout le monde Abdou Diouf. Parce que sans Abdou Diouf, Ousmane Tanor Dieng de Nguéniène, Ousmane Tanor Dieng de sa famille, Ousmane Tanor Dieng diplomate, n’aurait pas été connu comme député après avoir été connu comme ministre d’Etat, ministre de la République. Et sans Abdou Diouf, sans le Parti socialiste, Ousmane Tanor Dieng n’aurait pas été Vice-président de l’Internationale socialiste, président du Comité Afrique, président du Comité éthique. Et sans Abdou Diouf et le Parti socialiste, Ousmane Tanor Dieng n’aurait pas fini sa vie président du Haut Conseil des collectivités territoriales. Il est vrai qu’il doit cette responsabilité, ce poste dont il a été le premier à occuper les charges exécutives, au Président Macky Sall. Mais, c’est le lieu, en présentant nos condoléances à nouveau, de rendre hommage au Président Macky Sall et dire notre fierté à toute la nation, à la République, pour les égards, les sentiments nobles, les ferventes prières qui ont été élevées en communion pour qu’Ousmane Tanor Dieng repose en paix.
Que pouvez-vous nous dire encore sur l’homme ?
Vraiment, pour parler d’Ousmane Tanor Dieng, j’aurais voulu vous parler de ce jeune garçon de Nguéniène, dont la maman était à Keur Samba Dia et qui effectuait la navette entre Keur Samba Dia et Nguéniène. Et la dernière fois qu’il s’est rendu à Keur Samba Dia, c’était peu de temps avant le rappel à Dieu de sa maman. Mais, ce Ousmane Tanor Dieng est le fils d’un enseignant du Coran, un cultivateur, un grand érudit, El Hadj Birane Dieng, dont il avait le plaisir dans l’exercice du devoir de quitter Saint-Louis où il apprenait en tant qu’élève pour, dès la fin des compositions du deuxième semestre, rapidement rallier Nguéniène avant que l’hivernage ne s’installe. Parce qu’à l’époque, Nguéniène était difficile d’accès. Cela veut dire que déjà, dès le jeune âge, après les valeurs et les qualités de sa maman qui ont fait qu’elle a pu mériter un enfant comme Ousmane Tanor Dieng et à qui j’offre un exemple aux femmes sénégalaises et aux filles du Sénégal. Ousmane Tanor Dieng, dès le bas âge, s’était distingué, s’était illustré, s’était fait remarquer, brillant élève et étudiant. Il fut jeune diplomate de carrière qui a été très tôt remarqué par ses collaborateurs, par ses collègues, et a été signalé au Président Senghor qui l’a appelé à ses côtés et qui, par la suite, l’a recommandé au Président Abdou Diouf avec lequel il est resté au service de l’Etat, de la nation, de la démocratie et des idées qui fondent le Parti socialiste et qui dessinent, tracent et organisent ces offres programmatiques. C’est ce Ousmane Tanor Dieng, c’est lui qu’on vient de perdre. Shakespeare disait que l’homme n’est pas ce qu’il dit, il est ce qu’il est, parce qu’il est ce qu’il est. C’est ce qu’il est qui le distingue et qui l’élève. Souvenez-vous, le jour où son corps, mercredi, devrait être rapatrié au Sénégal, la nation, le peuple sénégalais, lui ont rendu un hommage qui fait que c’est ce jour-là, pour moi, qu’Ousmane Tanor Dieng est né. En réalité, il est sous terre dans sa tombe, mais il vient de naître, parce qu’à partir de maintenant, comme je l’ai dit, il sera enseigné, raconté, il sera visité, il sera interrogé. Il est parti comme il a vécu, c’est-à-dire digne et discret, discipliné et doux. En un mot comme en plusieurs, en une phrase comme en plusieurs, Ousmane Tanor Dieng était taillé dans le bois rare des grands hommes, des grands hommes d’Etat, des grands hommes politiques. Je voudrais vraiment en ces mots dire que c’est une perte incommensurable. Maintenant, à nous d’essayer de mériter de lui.
Qui était Ousmane Tanor Dieng, l’homme politique, l’homme d’Etat ?
L’homme d’Etat, je ne peux pas dire plus que ce qu’Abdou Diouf n’a dit de lui et peut-être, parce que Senghor le lui avait signalé et recommandé. Je ne peux pas dire plus que ce qu’Abdoulaye Wade a eu à dire. Je ne peux pas dire plus que ce que MackySall a eu à dire de lui. Le Président de la Guinée a envoyé des émissaires qui ont fait des témoignages sur ces qualités d’homme d’Etat, l’internationale socialiste en la personne de Louis Ayala, le Président du Burkina Faso. Tous ceux-là après le Président Ibrahima Boubacar Keïta qui, le jour de son enterrement, en parlant de l’homme d’Etat Ousmane Tanor Dieng, a versé des larmes. L’homme politique était d’une fulgurance d’idées, d’une capacité d’analyse et d’adaptation telle, que je ne vois pas son semblable, en tout cas, parmi les hommes politiques que j’ai fréquentés. Ousmane Tanor Dieng, ceux qui l’ont côtoyé dans le cadre des Assises nationales, sont unanimes à reconnaître ses qualités, sa dimension. En tout cas, à sa mort, tous les témoignages qu’on a entendus, ne relevaient pas de l’opinion forcée. Il n’y avait pas de tricherie dans ce que les uns et les autres ont dit. Je voudrais vraiment m’en tenir à ces propos et demander aux jeunes, aux chercheurs, aux écrivains, aux militants socialistes, de prendre le soin, le temps, de lire les témoignages, de lire les hommages et de les visiter continuellement. Parce qu’au Sénégal, c’est le cas de le dire, chacun avait son Ousmane Tanor Dieng. On l’aimait ou on ne l’aimait pas, il ne laissait personne indifférent. Mais on retiendra de lui que toute sa carrière politique durant, on ne l’a jamais entendu placer un mot de trop ou un mot déplacé. Il n’a jamais froissé qui que ce soit et le Président Diouf de dire qu’il ne l’a jamais trahi, qu’il ne l’a jamais déshonoré.
Comment dirigeait-il le Parti socialiste ?
C’était un leader et non un chef qui avait le sens du devoir, le sens de la responsabilité, le sens de la collégialité. On retiendra quand il est devenu Secrétaire général du parti et quelques années après avoir été nommé Premier secrétaire, que l’inclusion, la démarche proactive, ont été mises en pratique dans le Partie socialiste. Il ne décidait pas, il tirait les conclusions, il retenait ce que l’ensemble de ses camarades avec lui décidaient. D’ailleurs, il avait l’habitude, dans les situations délicates, de dire à nos camarades en Bureau politique, quand il s’agissait de délibérer : «Camarades, mesurons le sens et le poids de nos responsabilités, apprécions à sa juste valeur la gravité du moment et des défis qui nous interpellent, pour que si nous arrêtons quelque chose, que nous tous nous l’assumions, parce que c’est ça la démocratie». En tout cas, croyez-moi, si nous décidons quelque chose, je veillerais plus qu’à la prunelle de mes yeux à la mise en œuvre, parce que je suis un homme de parole, un homme d’honneur.
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans votre compagnonnage avec feu Ousmane Tanor Dieng ?
Son intelligence, sa courtoisie, j’allais dire son exquise urbanité. Le tout sur fond d’élégance même dans le combat, dans l’adversité, il était élégant. Je sais également que c’était quelqu’un de très humble. Je l’ai accompagné à travers toutes les localités du pays, dans des villages où il prenait le bain dans un enclos où les palissades n’étaient pas rangées de manière ferme et vous ne sentiez pas chez lui le dépaysement ou en tout cas l’étonnement. Je l’ai vu manger dans des maisons de gens d’une humilité foudroyante, mais il mangeait ce que ces derniers préparaient avec beaucoup de bonheur, d’enthousiasme. C’était quelqu’un qui n’aimait pas l’injustice, qui n’aimait la folie des grandeurs, qui n’aimait pas l’arrogance, qui détestait la médisance. C’était un homme qui vouait un respect à l’Etat, à la République, j’allais dire même qu’il avait la religion de l’Etat et de la République. C’était vraiment un bon talibé, feu Ousmane Tanor Dieng. C’est une perte incommensurable.
Etes-vous en phase avec Serigne Mbaye Thiam par rapport à la succession d’Ousmane Tanor Dieng à Aminata Mbengue Ndiaye ?
Moi, je n’ai pas à être en phase avec X ou Y, je suis le porte-parole du Parti socialiste. Et votre question me donne l’occasion, au nom des intérêts supérieurs du parti, et en toute responsabilité, de lancer un appel à la sérénité, à la lucidité, à la circonspection. Que les commentateurs et analystes qui sont libres en tant qu’intellectuels d’être des agitateurs d’idées, nous respectent et respectent la mémoire d’Ousmane Tanor Dieng. Chacun d’entre nous aura un jour où il sera question de sa mort, de ses obsèques et d’un deuil consécutif à sa disparition, à son rappel à Dieu. Que les Sénégalaises et les Sénégalais sachent que nous savons qui nous sommes, d’où est-ce que nous venons et nous savons aussi ce qui nous est arrivé qui est historique, qui est exceptionnel. Que les historiens du présent comme les prestidigitateurs évitent de nous blesser. Qu’ils nous laissent observer notre deuil jusqu’au bout et qu’ils se souviennent que nous sommes un parti politique, donc une organisation, cela veut tout dire. Il y a des textes et des règles qui régissent son fonctionnement et qui envisagent tous les cas de figure, que ce soit en République ou dans le fonctionnement de l’administration ou dans la vie tout court, à chaque fois qu’il y a des situations comme celles que nous vivons, des dispositions organisent l’ordre des choses et la suite des choses.
En l’espèce, comment les dispositions organisent les choses ?
Allah n’a-t-il pas dit que ‘chaque fois que j’enlève quelque chose ou que j’ôte quelque chose, je laisse sur place meilleur’. Allah est le Meilleur, il est incomparable et il ne disparaîtra jamais. Le parti est un parti politique qui repose sur des idées, qui a une idéologie et un projet de société, le moment venu, dans maximum deux mois, quand nous aurons fini d’observer le deuil au moins de 40 jours tel que recommandé par l’Islam, nous nous retrouverons pour édifier nos compatriotes, nos camarades, nos alliés, le reste du monde. Je veux rassurer tout le monde, surtout ceux qui nous veulent du bien, qu’ils sachent nous faire confiance. Et aux socialistes je veux dire ‘ayez confiance en vous, rien ne sera triste, rien ne sera décevant’. Nous sommes des hommes et des femmes politiques, aguerris et responsables avec la lumière des sages du parti dont Abdou Diouf même s’il n’est plus actif parce que là, il s’agit de son héritier et de son successeur immédiat qu’il avait choisi, qui vient d’être arraché à notre affection pendant qu’il est encore en vie. Nous ferons le nécessaire dans l’intérêt supérieur du Sénégal et du parti. Dans le Parti socialiste, tous les responsables et militants sont interchangeables à merveille.
Ne pensez-vous pas que cette période soit propice à la zizanie dans les rangs ?
Enfin en ayant confiance en nous, entre nous, n’oublions jamais que des socialistes qui n’ont pas perdu leur âme doivent se souvenir que ce qui les unit vaut mieux que ce qui les divise. Et ce qui nous unit, je veux dire notre cordon ombilical, c’est la solidarité pour mériter du Sénégal. Et puisque je disais que Ousmane Tanor Dieng venait de naître, en cela il est une perspective. A tous les socialistes, j’invite à faire un effort pour mériter de Tanor Dieng et de ceux par qui il tenait le flambeau. N’écoutons pas ou ne répondons pas aux oiseaux de mauvais augure, aux adversaires tapis, aux ennemis encagoulés qui sans avoir jamais été du Parti socialiste nous veulent le malheur extrême et qui soufflent sur des braises s’il y en a. Entre nous, socialistes qui sommes restés depuis le début de l’alternance survenue en 2000 jusqu’à maintenant ensemble, il n’y a pas d’ennemis. Je veux solennellement que les camarades se souviennent de l’obligation de faire preuve de patriotisme de parti. Si quelqu’un se trompe, trébuche ou sa langue fourche parmi nos camarades, soyons indulgents avec lui. Ne parlons pas à tout bout de champ. Et devant chaque situation, posons la question de savoir ce qu’aurait dit ou fait Ousmane Tanor Dieng, pour mériter de lui.
Comment le Parti socialiste devrait-il s’y prendre pour survivre à son défunt Secrétaire général ?
Nous avons tellement de ressorts. En 2000, les ressorts, les valeurs, les principes qui nous avaient permis de tenir debout et d’aller à la rencontre du pays réel sont là, inépuisables. Aujourd’hui, restons dans le droit fil de la dignité qu’incarnait Ousmane Tanor Dieng, de la fierté qu’il incarnait et qu’il nous a procurée. Nous avons eu raison sur tout le monde, il a été peut-être incompris, ou mal compris. Mais être contesté, c’est être constaté. Donc, tous ensemble autour du Secrétariat exécutif qui est présidé par Mme Aminata Mbengue Ndiaye en tant que Secrétaire générale ajointe du parti. Et l’ensemble des membres du Bureau politique, l’ensemble des Secrétaires généraux d’Union régionale et de coordination, l’ensemble des camardes à la base, les mouvements des cadres, des jeunesses féminines, des jeunesses tout court, des travailleurs socialistes et des femmes socialistes, sachons rester unis, sachons rester indulgents, mais soyons toujours vigilants et lucides.
Ne pensez vous pas que c’est le moment pour sonner les retrouvailles de la famille socialiste comme l’avait souhaité Ousmane Tanor Dieng ?
L’ère des perspectives solitaires est révolue. Et ce n’est pas dans un parti, comme le nôtre, qui a choisi d’être dans BBY après avoir été dans le CPC, dans la CPA puis dans le Front Siggil Sénégal, Benno Siggil Sénégal avant d’être dans Benno Bokk Yaakaar, qu’on trouvera quelqu’un qui fait la promotion de l’échappée solitaire. Maintenant, les retrouvailles socialistes doivent être envisagées sous l’angle d’une unité de sensibilités plurielles, que ce soient la gauche dite marxiste-léniniste, la gauche révolutionnaire comme la gauche sociale-démocrate socialiste et autres, nous avons l’obligation ici et maintenant de nous adapter au défi du temps moderne et d’envisager l’avenir ensemble. Et l’avenir dès maintenant, tel est le cri que nous avons toujours lancé et c’est ça qui fait que le Parti socialiste est un parti tracé de destins, de sillons et de perspectives pour l’intérêt national et de l’Afrique.
Quel avenir selon vous pour Benno Bokk Yaakar ?
Mais BBY ne sera que ce que les partis et organisations membres en feront, c’est valable aussi pour le Parti socialiste. C’est la raison pour laquelle, je peux vous dire que pour nous, plus que par le passé, mieux que nous l’avons prouvé jusqu’à maintenant, l’avenir de BBY est un avenir prometteur. Parce qu’il s’agit plus du pays que des organisations prises individuellement ou des leaders pris individuellement. En tout cas, nous avons été très sensibles à toutes les manifestations de solidarité exprimées à l’endroit du PS et de la famille d’Ousmane Tanor Dieng par toutes les sensibilités politiques, opposition, non alignés, comme majorité. Tous les hommages, tous les témoignages, toutes les prières nous ont touchés et nous leur disons : nous avons capté les messages, nous avons cerné l’invite. Nous vous demandons de nous aider en priant que Dieu nous accorde bonne santé, longue vie et l’esprit fertile, le cœur ouvert, la volonté ferme de mériter et de vous et de Tanor et de Diouf donc du Sénégal et du reste du monde.
LE SENEGAL RATE LES OBJECTIFS
3 700 personnes tuées sur la route chaque jour dans le monde, révéle, le responsable du Programme de politiques de transport en Afrique, lors du forum national de la sécurité routière sur le thème «sécurité routière au Sénégal : Bilan et perspectives»
Environ 3 700 personnes sont tuées sur la route chaque jour dans le monde, a révélé hier, le responsable du Programme de politiques de transport en Afrique (SSAPT) qui faisait le bilan de la sécurité routière, lors du forum le forum national de la sécurité routière sur le thème «sécurité routière au Sénégal : Bilan et perspectives». Selon Ibou Diouf, au moment où la moyenne mondiale est de 18 personnes tuées pour 100 000 habitants, en Afriques le taux monte jusqu'à 27 personnes tuées pour 100 000 habitants. Pis, compare M. Diouf, «au Sénégal, la situation n’est pas meilleure». D’après lui, les statistiques enregistrées entre 2014 et 2017, indiquent qu’il y a trois morts tous les 2 jours et 2 blessés par jour. «Pour une population de 15 millions d’habitants, c’est quand même assez significatif», estime-t-il.
«Aujourd’hui, il y a un consensus que nous n’atteindrons pas cet objectif»
Pour M Diouf, ces chiffres et cet état de fait interpellent toute l’Afrique qui occupe la dernière place. «Les accidents de la route occupent une place première parmi les 10 principales causes de mortalité pour les jeunes âgés de 15 à 29 ans. En termes de conséquences immédiates à la fois pour l’économie, mais également pour la société, nous perdons entre 2% et 4% du Pib de chaque pays. Dans certains cas, nous avons évalué des pertes en termes de productivité à 17% du Pib», explique Ibou Diouf qui, par ailleurs, représentait le Directeur des opérations de la Banque Mondiale à ce forum. Il estime, en outre, qu’il y a des éléments qui ne sont pas mesurables tels la perte d’enfants ou d’une frange la plus importante de la population. «Les accidents impactent la vie des populations les plus vulnérables, mais impactent également les populations les plus productives. D’où la nécessité de réévaluer notre façon d’apprécier la conséquence immédiate des accidents de la route», recommande le responsable du SSAPT. De son constat, le Sénégal ne peut atteindre les objectifs de la décennie d’action 2018-2028 des Nations Unies visant à réduire de moitié les traumatismes liés aux accidents de la route. «Aujourd’hui, il y a un consensus que nous n’atteindrons pas cet objectif», avoue M. Diouf selon qui, il y a donc nécessairement une réévaluation de cette décennie du plan d’action d’abord au niveau des Nations unies, ensuite au niveau de l’Union africaine et en fin au niveau des Etats pour qu’enfin on prenne des mesure holistiques et drastiques qui permettent d’atteindre cet objectif, ne ce serait-ce que sur la décennie 2020-2030.
Pour «la mise en place d’une entité unique et autonome de gestion de la sécurité routière»
Le responsable du SSAPT a également posé le problème de la collecte des statistiques liées aux accidents de la circulation qui diffère d’une institution à l’autre même au sein d’un pays. «Aujourd’hui, quand on évalue le rapport mondial produit par l’OMS et celui que chacun des Etats produit, il y a un écart extrêmement important. Tant que nous n’aurons pas dans chacun de nos pays une entité unique chargée de collecter, de traiter et d’analyser les statistiques d’accidents, on ne peut pas avoir une source fiable qui reflètera la situation des accidents», fait remarquer Ibou Diouf. Il plaide, ainsi, pour la mise en place d’une entité unique et autonome de gestion de la sécurité routière conformément aux directives de l’UEMOA. «Il y a eu un consensus au niveau des Nations Unies pour que chacun des pays se dote d’une entité autonome chargée de la gestion de la sécurité routière», renseigne-til. Cependant, il reconnaît que «le Sénégal est en train d’améliorer, de façon notoire, la qualité des infrastructures de transport. C’est un élément important, parce que jusque-là, les conducteurs et les usagers se refugiaient derrière les insuffisances de la qualité des infrastructures pour justifier les accidents. Je voudrais faire un plaidoyer pour que l’équipement des routes en matière de signalisation soit une priorité, parce que quelques fois c’est un moyen manquant».
Me Youm : «Il y a beaucoup de textes qui doivent être revisités, évalués, modernisés et actualisés»
De son côté, le Ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, Me Oumar Youm , a posé le problème de la fiabilités des statistiques. «Je rappelle que les statistiques en la matière ne sont pas très fiables. D’où l’urgence de mettre en place, comme vous l’avez suggéré, une unité de coordination devant, au moins, nous permettre de disposer des statistiques plus fiables et plus viables et les plus proches de la réalité», entrevoie Me Youm. «Il est impératif d’évaluer ce plan sur la sécurité routière, parce que j’ai l’impression que l’indication qui est fixée, de réduire de 35% (les accidents) n’est malheureusement pas atteinte. Il va falloir réviser ce plan, réévaluer et aussi se projeter sur l’avenir donc définir un nouveau plan sur la décennie après 2020», indique-t-il, rappelant la batterie de mesures prise par le gouvernant et allant dans le sens d’apporter une réponse durable à cette problématique qui constitue un enjeu économique et social majeur. «Je pense qu’il y a beaucoup de textes qui doivent être revisités, évalués, modernisés et actualisés», soutient Me Youm. «Avec ces initiatives phares, le Sénégal amorce un virage décisif dans la lutte contre l’insécurité routière qu’il convient d’aborder avec engagement, rigueur et pragmatisme, selon une approche collaborative. Il était donc nécessaire d’œuvrer, tous ensemble, à bâtir un consensus national fort autour de l’impératif de combattre l’insécurité routière en mettant chaque acteur devant ses responsabilités. Il s’agira de définir une nouvelle orientation nationale qui servira de cadre stratégique pour donner des réponses adéquates aux défis énormes qui nous interpellent sur cette question lancinante», explique le ministre.
CONTROLE TECHNIQUE - 44% des véhicules qui circulent à Dakar n’ont pas fait la visite
Près de la moitié des véhicules à Dakar n’ont pas fait de visite technique, révèle le Directeur des Transports routiers, Cheikhou Oumar Gaye. «En 2019, le taux fréquentation est de 56%, ce qui veut dire que 44% des véhicules qui circulent à Dakar n’ont pas fait de visite technique. Certains circulent avec de faux documents», renseigne Cheikhou Oumar Gaye qui intervenait, hier, lors d’un panel entrant dans le cadre du forum national de la sécurité routière sur le thème «sécurité routière au Sénégal : Bilan et perspectives». Il souligne aussi que le Sénégal qui délivre 30 000 permis de conduire par an, travaille en étroite collaboration avec les 200 autoécoles formelles pour une prise de conscience collective des problèmes liés à la sécurité routière. «Il y a des autoécoles clandestines», révèle encore M. Gaye. Selon le Directeur des Transports routiers, 83% des accidents répertoriés au Sénégal sont constatés au niveau du transport interurbain et 17% en milieu urbain. Ainsi, plaide-t-il pour une sensibilisation sur les accidents de la route. Parlant au nom du réseau des parlementaires pour la sécurité routière, Seydou Diouf indique que c’est cette recherche de gains égrenés qui, la plupart du temps, nous amène à des situations dramatiques. «Beaucoup de familles sont aujourd’hui disséminées, des vies brisées, des élans sont arrêtés, la vie de plusieurs jeunes est aujourd’hui compromise par la route», regrette-t-il. «Nous devons davantage nous concentrer sur le facteur comportemental si l’on veut diminuer significativement le nombre d’accidents. Il est impératif de continuer de veiller au bon état des routes, à améliorer la sécurité des véhicules et surtout à adapter notre dispositif normatif dans ce contexte de modernisation de notre réseau routier», recommande le député.
L’ARBITRAGE AFRICAIN EN QUESTION
Les arbitres ont fait l’objet, encore une fois, de critiques sévères de la part des différents acteurs présents à la dernière Coupe d’Afrique des nations, Egypte-2019, qui a vu l’Algérie décrocher sa 2e étoile, en battant (1-0) le Sénégal, en finale.
D’ailleurs, l’arbitre camerounais Alioum Alioum, qui a officié lors de cette rencontre, a été accusé de laxisme par de nombreux observateurs. Pourtant, l’ancien arbitre international, Khalil Aoudi, estime qu’Alioum avait bien arbitré et que les hommes en noir africains ont un bon niveau.
L’ Algérie a remporté son 2e titre de champion d’Afrique de football, ce vendredi, à l’issue de la première Coupe d’Afrique des nations (Can) à 24 équipes. Cette 32e édition restera aussi gravée dans les mémoires, pour avoir connu l’intégration, pour la première fois de l’histoire de la Can, de la technologie dans l’arbitrage, avec l’Assistance vidéo à l’arbitrage (Var). Mais l’arbitrage de la finale gagnée par l’équipe algérienne face à celle du Sénégal (1-0) aura certainement été l’objet de discussions dans la plupart des débats dans les rues, sur les plateaux de télévision et autres émissions de radio. Le premier fait intrigant a été le remplacement, dans les derniers instants avant la finale, de l’arbitre sud-africain Victor Gomes, par le Camerounais Alioum Alioum. La Confédération africaine de football (Caf) avait, dans un premier temps, annoncé, sur les réseaux sociaux, la désignation de M. Gomes pour officier la finale devant opposer le Sénégal à l’Algérie. Mais l’instance faitière du football africain a retiré, à quarante-huit heures du match, le communiqué relatif à cette annonce.
Pour justifier ce revirement, plusieurs explications ont été données. Il a été avancé, d’abord, que Victor Gomes avait dénoncé, en 2018, une tentative de corruption, lors d’une rencontre impliquant un club algérien, à savoir l’Union sportive de la Médina d'Alger, qui affrontait le Plateau United du Nigeria, en barrage aller de la Coupe de la Confédération africaine. “Il avait publiquement dévoilé avoir été approché par un mystérieux homme lui ayant proposé 30 000 dollars afin de favoriser l'une des deux formations’’, a informé le site d’informations Cnews. Mais dans un entretien avec Bbc, le président de la Commission d’arbitrage de la Caf, Souleyman Waberi, a invoqué “une simple bourde’’ du service de communication. “La commission des arbitres n’avait pas nommé l’arbitre pour la finale avant le match pour la 3e place’’, s’est-il indigné, soutenant mordicus que l’annonce sur la désignation de Gomes ne vient pas de la commission d’arbitrage. Il a fait savoir que la décision de retirer le tweet en question a été prise, après concertation avec le secrétaire général adjoint de la Caf, Anthony Baffoe. “Ce genre d’erreur ne devrait jamais se produire’’, a regretté le Djiboutien.
Interrogé sur ce propos, l’ancien arbitre international sénégalais, Khalil Aoudi, a tenu à relativiser ce cafouillage. “La Commission centrale des arbitres de la Caf est libre de changer à tout moment ses arbitres. Si on avait gagné la finale, les gens n’auraient pas parlé de ce petit incident’’, a soutenu l’ancien président de la Commission régionale des arbitres de Diourbel. Ce dernier, d’ailleurs, juge positivement la prestation des arbitres durant la dernière rencontre de la Can-2019. “Je suis très satisfait de l’arbitrage de la finale. L’arbitre a été calme avec une bonne condition physique et une bonne présence’’.
Toutefois, M. Aoudi est d’avis que l’arbitre camerounais aurait dû être plus ferme dans ses décisions. Alioum Alioum a été trop gentil avec les joueurs algériens qui étaient trop agressifs sur les joueurs sénégalais. Les hommes de Djamel Belmadi avaient commis 32 fautes et n’ont récolté que quatre cartons jaunes. “Ce que je peux lui reprocher, c’est le manque de sanctions administratives. Il y a eu beaucoup de fautes durant la finale. Les Algériens ont joué sur le physique. Sur certaines actions, j’aurais aimé voir l’arbitre sortir le carton’’. Ce laxisme de l’homme en noir a suscité beaucoup de discussions et d’indignations de la part de nombreux observateurs. Et Khalil Aoudi s’interroge d’ailleurs “si les arbitres n’avaient pas reçu de consignes’’ allant dans ce sens. Car, à son avis, cette passivité des arbitres est constante sur l’ensemble de la compétition. “Il y a eu beaucoup de psychologie. Les arbitres n’ont pas voulu sortir tellement de cartons’’.
De la crédibilité de l’arbitrage africain
L’arbitrage africain a, pendant longtemps, suscité la controverse chez les différents acteurs du ballon rond. Les hommes en noir font l’objet de critiques acerbes à la fin des rencontres sur le continent. Et à l’occasion de cette dernière édition de la Can, les arbitres n’ont pas du tout été épargnés, malgré l’introduction de la Var. Ils ont été critiqués de tout bord, surtout de la part des entraineurs. “Je reste sceptique sur les décisions des arbitres’’, avaient affirmé Djamel Belmadi à la fin de la rencontre remportée (2-1) contre le Nigeria en demi-finales. Son ami et adversaire en finale, Aliou Cissé, y est allé également de ses diatribes. “Je n'ai pas envie de revenir sur l'arbitrage que j'ai trouvé, aujourd'hui, je le dis, vraiment catastrophique, inadmissible, pour peser mes mots. Il y a des choses sur l'arbitrage que je n'ai pas envie de dire, parce que je sais que je serai suspendu’’, a pesté l’ancien capitaine des Lions.
A force d’être récriminés tout le temps, on se demande si les acteurs ont vraiment confiance aux hommes en noir du continent africain. Interpellé sur le fait que l’arbitrage africain semble souffrir d’un manque de crédibilité aux yeux des coaches et autres dirigeants du ballons rond, Khalil Aoudi parle tout simplement d’un manque de “fair-play’’ de la part de ces derniers. “Les dirigeants de football sont tous pareils. L’équipe qui gagne ne félicite jamais l’arbitre et celle qui perd invoque toujours la responsabilité de l’arbitre. C’est normal qu’il y ait toujours des erreurs. Dans l’ensemble, les arbitres ont eu du mérite’’. A l’en croire, les arbitres africains n’ont pas à rugir devant leurs homologues européens. “Quand je regarde le championnat français, il y a des arbitres nuls par rapport aux Africains. Pendant un certain Paris SaintGermain – Monaco, l’arbitrage était catastrophique. Si c’était un arbitre africain qui l’avait fait, les gens auraient crié au scandale’’, s’est-il offusqué. Pour l’ancien arbitre international, au lieu de s’en prendre à ses ex-collègues, les équipes devraient revoir leurs prestations et corriger leurs erreurs. “Pendant la finale, le Sénégal aurait pu mieux jouer. Les Algériens ont fait un petit match, mais si les Sénégalais s’étaient appliqués, ils auraient pu gagner. L’équipe du Sénégal n’a pas joué sur sa vraie valeur’’ a-t-il analysé.
PAPY DJILOBODJI SIGNE AU GAZISEHIR GAZIANTEP
Libre depuis son passage de six mois du côté de l'EA Guingamp, le défenseur sénégalais a décidé de quitter la France et de rejoindre le club turc, tout juste promu dans l'élite
Libre depuis son passage de six mois du côté de l'EA Guingamp, Papy Djilobodji a décidé de quitter la France et de rejoindre la Turquie en s'engageant avec Gazisehir Gaziantep, tout juste promu en première division. Libre de tout contrat, le défenseur âgé de 30 ans a paraphé un contrat de trois ans avec son nouveau club.
Après avoir lancé sa carrière à Nantes (186 matchs disputés de 2009 à 2015), l'international sénégalais (17 sélections) est passé par Chelsea, le Werder Brême, Sunderland, avant de revenir en France à Dijon en 2017, puis à Guingamp en 2019.
Il serait temps de se relancer.
«NOTRE MÉDECINE DATE DES AGES FAROUCHES »
Les gens se demandent pourquoi les citoyens sénégalais préfèrent se traiter à l’extérieur et dans cet entretien, le Dr Serigne Fallou Samb, explique cette situation par un système de santé défaillant, à cause de la médiocrité institutionnalisée
Depuis plusieurs jours, les gens se demandent pourquoi les citoyens sénégalais préfèrent se traiter à l’extérieur. Dans cet entretien, le gynécologue docteur Serigne Fallou Samb, par ailleurs membre du Conseil national de l’Ordre des médecins, explique cette situation par un système de santé défaillant, à cause de la médiocrité institutionnalisée.
Est-ce que le Sénégal a un bon système de santé ?
Le système de santé sénégalais est défaillant. Par système de santé, on entend le regroupement de l’ensemble des organisations, des institutions, des ressources financières, matérielles et humaines dont l’objectif principal est d’améliorer la situation de la santé. Au Sénégal, en dehors de tout risque de se tromper, aucun des éléments de l’ensemble ne fonctionne bien. Les institutions et organisations, eu égard à leur mission, se révèlent inefficientes ou n’existent pas tout simplement. Les ressources mises à la disposition des institutions publiques œuvrant dans le domaine, par exemple, sont largement insuffisantes et mal gérées. Le personnel est, dans la plupart des cas, irresponsable, mal formé ou n'a pas accès à des formations pointues. On assiste à une alphabétisation supérieure de masse médicale dans nos facultés, une médecine dépassée, stérile. On est resté dans une médecine affirmative, de bricolage. La médecine moderne est une médecine des évidences, argumentée par des investigations cliniques, biologiques et radiologiques. La médecine moderne est une médecine de l'intelligence artificielle, elle n'est plus hospitalière, mais une médecine ambulatoire où le malade est au centre du dispositif. On parle de souveraineté médicale. Le système est défaillant, à cause de la médiocrité institutionnalisée.
Pourtant, il y a beaucoup de gradés dans le système. Qu’est-ce qui ne marche pas ?
L'essentiel de cette médecine n'est pas les titres, les grades des soignants. Son objectif est la satisfaction des malades. Elle n'est plus une médecine de spécialisation, mais un pôle de santé, parce que, l'essentiel des maladies modernes sont transversales et donc nécessitent l'intervention de plusieurs spécialistes. Cette médecine des “patrons’’ que nous subissons dans ce pays est désuète et doit être remise en cause. Le patron, c'est le patient. Une patientèle satisfaite est le seul baromètre de la performance d'un système sanitaire efficace. Cette défaillance est volontaire et bien organisée par la caste des chefs qui déréglemente et organise tout à son image. Ainsi, ils ont créé un système de larbinisme, d'asservissement où les jeunes médecins les plus compétents, le plus souvent, sont écartés. Ils vampirisent ainsi le système à leur seul profit et au détriment de la médecine. Ils n’enseignent plus, ne font plus de recherches fondamentales. La seule recherche qui vaille est la quête de l'argent dans les cliniques privées où ils établissent leur Qg, en violation totale de la déontologie médicale et des lois qui régissent la médecine. Aujourd’hui, plus de 40 % de la population n’a pas accès aux services sanitaires de base. Les professionnels de santé sont en nombre insuffisant et la grande majorité dépassée par la science. Selon l’Oms, il faudrait au moins 25 professionnels de santé pour 10 000 habitants. Dans le cas du Sénégal, on est très loin de ce ratio. En dépit de tout, des conditions ne sont pas créées pour absorber les jeunes professionnels (médecins, infirmières et autres) formés dans le pays et ailleurs avec le support du contribuable.
Selon vous, qu’est-ce qui explique le fait que les gens préfèrent se traiter à l’extérieur ?
Nos équipements sont d'une autre époque et souvent plus âgés que les jeunes médecins qui les utilisent. Le parc est vieux. On préfère une politique de bricolage et très ostentatoire, une médecine des gyrophares très incertaine. Les évacuations n'ont jamais été une alternative, juste une fausse solution à un sérieux problème. L'évacuation sanitaire, c'est trois définitions : incompétence (humaine ou matérielle) du médecin évacuateur ; danger et risque non calculés pour le malade évacué ; il y a également l’incertitude et le risque de défaut de prise en charge du médecin receveur. Les évacuations médicales (intra ou extra muros) n'ont jamais été une solution, la logistique déployée est plus coûteuse que les soins. L’aberration de ce système, c'est de garer une ambulance de plusieurs dizaines de millions devant une unité de santé qui est dans un marasme très inquiétant, aussi bien au plan matériel qu'humain. Notre médecine date des âges farouches de “Boubacar’’ et de “33’’. Il est impératif de définir une politique d'équipement de nos structures, de redéfinir la cartographie sanitaire en travaillant sur de grands pôles, des axes médicaux régionaux pour mieux optimiser nos maigres ressources. Ces pôles et axes auront pour objectif de sédentariser les malades dans leur région naturelle, quelle que soit la nature de leur maladie. La médecine est une obligation de moyens. La défaillance du système de santé est structurelle. La récurrence des évènements malheureux qui caractérisent ce secteur pourtant important et sensible s’explique justement pas le caractère structurel du problème. Mais depuis plusieurs années, la situation de la santé publique défraie la chronique. Pratiquement, tous les personnels de santé prêtant leurs services dans des hôpitaux publics du pays sont en grève. Sous le regard des médecins, des femmes enceintes et enfants sont morts, parce que leur prise en charge a été refusée ou négligée.
Sans doute, en silence, les grèves continuent de compter des victimes. À cette situation inacceptable, aucune issue n’est encore trouvée. Et la crise perdure. Le pays continue de faire l’économie de la santé. Les conséquences d’un système de santé défaillant sont énormes et doivent être inestimables. En plus des conséquences sociales et humaines qui, sans doute, sont les plus importantes, la défaillance du système sanitaire d’un pays doit aussi influer sur l’économie du pays. Il est inconcevable qu’un pays comme le Sénégal, étant dans un besoin urgent de croissance et de développement économiques, n’accorde pas d’importance au secteur sanitaire. Donc, vous pensez que c’est un problème de confiance qui se pose ? Vous s’avez, parmi les activités économiques les plus susceptibles de subir les conséquences de la situation critique du système de santé, il y a le tourisme qu’il faut tout d’abord noter. Il est démontré, à travers le monde, que le tourisme est d’une importance capitale pour des économies. Un touriste est certes à la recherche d’aventure, mais pas d’aventure risquée. Un pays où les hôpitaux publics sont à l'agonie envoie sans doute un mauvais signal aux touristes. Dans la mesure où le système de santé est l’un des éléments infrastructurels importants au développement du tourisme. Il va sans dire que la situation qui prévaut dans les hôpitaux publics devrait affecter, d’une façon ou d’une autre, l’arrivée des touristes dans le pays. Il en résultera donc de sérieux manque à gagner pour ce pays en panne de ressources.
*En plus de cela, les investissements directs étrangers (Ide) jouent un rôle majeur dans le développement des pays. Le Sénégal a intérêt à articuler des politiques visant leur interaction. C’est d’ailleurs en ce sens que le pays est déclaré “open for business’’. Investir dans un pays étranger, c’est prendre des risques importants ; ce qui est normal pour un entrepreneur, sa vie est ponctuée de risques économiques majeurs en général. Mais dans un contexte où la santé n’est pas garantie, le risque est devenu plus grand. Il ne se rapporte pas seulement aux investissements cette fois, mais à la vie même des entrepreneurs et des cadres étrangers. S’agissant des cadres étrangers, normalement, leurs primes de risque doivent être assez importantes. Ce qui pourrait constituer des coûts additionnels susceptibles de décourager les potentiels investisseurs, si cette crise perdure. D’un autre côté, le secteur sanitaire n’inspire pas confiance aux Sénégalais eux-mêmes. Par exemple, aujourd’hui, les éléments de la classe moyenne ne se font pas soigner dans le pays. Les femmes enceintes de cette classe enfantent à l’étranger, notamment en France, aux Usa, au Maroc. Les autorités politiques se font aussi soigner ailleurs. Alors que les revenus proviennent du pays, les dépenses relatives à la santé se font ailleurs. Ce qui favorise des fuites de capitaux importantes.
Le déficit de spécialistes est souvent décrié. Qu’est-ce qui bloque réellement ?
Les jeunes n'ont plus accès facilement à la spécialisation. La faute à un système de mandarinat entretenu par cette caste de professeurs agrégés qui refuse presque systématiquement la spécialisation aux jeunes médecins, sans aucun argument et donne les places à des médecins étrangers (pour des raisons bien connues). Aujourd’hui, la spécialisation est devenue une grande nébuleuse. Le président de la République, le ministre de la Santé, les recteurs et les doyens des facultés sont directement interpellés. Sur quelles bases les recrutements des étudiants en spécialisation se font ? Pourquoi et de quel droit certains disent ouvertement qu'ils ne veulent pas de Sénégalais dans leurs spécialités ? Ces professeurs, tous issus pour la plupart de familles très modestes, ont vite oublié qu'ils n'ont pas plus de mérite que ces braves jeunes médecins ; leur seule chance est de tomber sur un système pédagogique responsable et équitable devant l'effort et surtout d'avoir cette chance d’apprendre avec le franc symbolique. Si on leur demandait 500 000F Cfa pour leur inscription, chaque année, beaucoup d'entre eux auraient sûrement abandonné. Aujourd'hui, nos hôpitaux sont tenus la nuit et les week-ends par des étrangers, sans empathie, ni respect pour nos concitoyens. Si vous parlez juste nos langues nationales, allez-y avec un interprète. J’interpelle les autorités à se pencher sur ce gros problème des, sinon, dans quelques années, c'est nous qui allons apprendre la médecine chez nos voisins. Cette caste de mandarins est en train de poser des actes de sabotage, d’égoïsme très graves qui sont en train de remettre en cause tous nos acquis. L'Etat doit prendre toutes ses responsabilités par rapport à cette situation préoccupante. Les politiques de santé reviennent à l'Etat qui doit les définir et les assumer. Il est très urgent, aujourd'hui, qu’une commission des spécialisations médicales soit créée et cogérée par les recteurs et le ministère de la Santé.
Quelle est la part de responsabilité des autorités qui ont en charge la politique publique de santé ?
Elles sont responsables de tout. Parce que, pour résoudre structurellement le problème, il faut commencer par articuler de sérieuses politiques publiques de santé. Ce qui n’est pas le cas. Elles n’investissent pas dans le système de santé. Ce qui fait que les gens partent ailleurs. Parce que, quand on est malade, on veut être en sécurité et celle-ci n’est pas garantie par nos autorités. Il est aussi important de signaler que le fonctionnement du système de santé donne lieu à un marché. Parmi les acteurs opérant sur ce marché, il y a notamment le secteur public lui-même. Les contrats passés par l’État, dépenses publiques sont les plus importants dans l’économie. L’État est le plus grand acheteur. Quand les hôpitaux publics ne fonctionnent pas, les commandes de l’État auprès de l’industrie pharmaceutique et d'autres consommables doivent nécessairement être affectées. Autrement dit, l’industrie pharmaceutique, dans une certaine mesure, doit subir les conséquences de la crise. Tout le personnel de cette industrie potentiellement. De plus, l’espérance de vie à la naissance est un indicateur de développement. Elle est d’ailleurs une composante de l’indice de développement humain (Idh). Elle est, sans conteste, liée à la situation du système de santé. Un système de santé structurellement défaillant, à long terme, devrait sans doute limiter davantage l’espérance de vie à la naissance. Le niveau déjà bas du développement humain, dans le cas d’une persistance de la crise de santé publique, devrait baisser. Somme toute, les conséquences humaines et sociales mises à part, un système de santé solide, efficace et efficient est fondamental pour la bonne santé économique d’un pays. De plus, aux Nations Unies, 193 pays ont, à travers l’Objectif de développement durable 3 (Odd 3) pris l’engagement de garantir la bonne santé et promouvoir le bienêtre de tous, à tous les âges, d’ici à 2030. Il est clair que le pays n’est pas sur la bonne voie.
PAR Felwine Sarr
DE LA VICTOIRE ET DE LA DÉFAITE
L’idée selon laquelle seule compte la victoire, est une erreur. C’est un mantra de l’ère néolibérale (bien avant d’ailleurs) où tout ce qui compte est de gagner, peu importe les moyens et la manière
Dans le budo, il arrive que vous gagniez un combat et que le maitre ne vous félicite pas. Qu’il estime que vous avez certes marqué les points de la victoire, mais que vous avez mal combattu, que vous avez manqué de combativité, de lucidité, d’esprit de décision, que vous n’avez pas su saisir toutes les ouvertures, etc. Il arrive aussi que vous perdiez un combat et qu’il estime que certes vous certes perdu aux points, mais que vous avez bien combattu. Que vous avez tenté les enchainements qu’il fallait au bon moment, que vous avez eu le bon état d’esprit, que vous avez était combattif, lucide etc.
Morale : la vraie victoire n’est pas toujours là où elle semble être, elle est aussi dans la manière que vous avez eu à faire face à l’adversité ; manière qui doit actualiser en vous les qualités que le Budo cultive ; ce pour quoi le combat est fait. L’idée selon laquelle seule compte la victoire, est une erreur. C’est un mantra de l’ère néolibérale (bien avant d’ailleurs) où tout ce qui compte est de gagner, peu importe les moyens et la manière. Dans notre longue histoire, nous avons hélas fait les frais d’une telle vision du monde. Gagner à n’importe quel prix. Il est des victoires qui sont des défaites (humaines, éthiques, morales, symboliques) et vice-versa.
L’idée ici n’est pas d’anoblir la défaite ( bien qu’elle soie souvent plus instructive) , mais de se poser la question de savoir, où est réellement la victoire et qu’elle est la nature de la défaite ? En quoi consiste- t-elle ? Quelles sont les valeurs que l’on souhaite encourager/cultiver dans une compétition sportive ? Qu’attendons-nous d’une telle épreuve ?
Publication recueillie de la page Facebook de l'auteur
LA GRANDE NÉBULEUSE
A combien reviennent les évacuations sanitaires à l’Etat par an ? Les chiffres s’entrechoquent. Qui en sont les bénéficiaires ?
L’accès aux soins est un véritable parcours du combattant, au Sénégal. Les nantis et ceux qui sont dans les bonnes grâces du régime ne s’en préoccupent pas, puisqu’ils vont se soigner à l’étranger. A combien reviennent les évacuations sanitaires à l’Etat par an ? Les chiffres s’entrechoquent. Qui en sont les bénéficiaires ? Une question parmi d’autres qui se pose et rejoint l’actualité marquée par le décès de Tanor Dieng en France, le séjour français de Mahammed Boun Abdallah Dionne pour maladie et les posts sur Facebook de Guy Marius Sagna qui se trouve dans les liens de la détention.
Il est énormément question d’évacuations sanitaires, ces temps-ci. Notamment, avec les posts de l’activiste Guy Marius Sagna consécutifs au décès de l’ancien secrétaire général du Ps Ousmane Tanor Dieng. Il est aussi extrêmement difficile, voire impossible de les évaluer en termes de coût pour les deniers de l’Etat. Faut-il y voir une nébulosité ? Pour des spécialistes de la santé, la réponse est positive. Puisque, selon leurs dires, ce sont des milliards de francs Cfa qui sont dépensés, annuellement, dans le cadre de ces évacuations. “On ne donne jamais le chiffre exact. Et tout dépend de la personne à évacuer. Si c’est une haute personnalité de l’Etat, la somme est plus importante. L’Etat dépense beaucoup d’argent pour évacuer ces privilégiés’’, renseigne une source médicale. Qui fait remarquer, dans la même veine, que les pauvres continuent à mourir dans le pays, à cause d’une simple diarrhée ou d’un paludisme. En effet, il faut savoir que l’Etat, en principe, n’évacue que les fonctionnaires et leurs familles. N’empêche que cet autre agent de la santé parle d’un anachronisme qu’il faut corriger. Il considère ces évacuations comme une humiliation pour notre pays qui compte plus de spécialistes et d’experts que beaucoup de pays du Maghreb. “C’est une honte, non seulement pour le Sénégal, mais pour toute l’Afrique.
Combien de présidents et d’autorités africains sont morts à l’étranger ? On n’arrive pas à les compter. Nos pays doivent faire des efforts pour soigner leurs malades et arrêter d’enrichir les plateaux médicaux des hôpitaux étrangers’’, fulmine notre interlocuteur. Ce dernier pense aussi que quand le Sénégal évacue un malade à l’étranger, il améliore le plateau technique de l’hôpital du pays d’accueil. “C’est avec nos milliards que ces hôpitaux valorisent leurs hôpitaux, paient leurs personnels, ainsi de suite’’, tonne notre source. D’une manière générale, les acteurs de la santé sont foncièrement contre ces évacuations à coups de centaines de millions de francs ou de milliards. Personne n’est en mesure d’en donner le montant exact. “En tout cas, que ce soit des milliards ou des centaines de millions, c’est déjà beaucoup, dans un pays qui a de nombreuses priorités, où la majorité peine à se rendre à l'hôpital, ou beaucoup ne mangent pas à leur faim. Cet argent devrait servir à améliorer les plateaux techniques de nos pauvres hôpitaux, afin d’arrêter ces évacuations’’, tonne notre interlocuteur. Un autre acteur de la santé soutient avec certitude que l’évacuation d’un malade coûte en moyenne 5 millions. “Les 500 malades font 2,5 milliards, alors que le coût des consommables pour prendre en charge ce nombre de malades, dans notre pays, est de 261 millions. C’est une économie de 2 milliards qu’on peut faire, qui peut construire un hôpital.
Abus
Si le coût des évacuations sanitaires n’est pas connu et surtout n’est pas communiqué, cela est dû aux magouilles et abus qui entourent cette affaire, selon nombre d’acteurs de la santé. Surtout pour ce professionnel de la santé qui déclare : “Entre les passe-droits offerts aux uns et aux autres, les petites magouilles dont profitent certains et le laxisme qui prévaut à plusieurs niveaux de responsabilité, le Trésor public en vient à supporter des charges qu’il n’aurait jamais dû supporter. La France avait mis le holà, à cause d’un endettement extrêmement élevé auprès de certains hôpitaux français. C’était des milliards de francs Cfa que l’Etat ne parvenait pas à honorer. Ils ont mis fin à la collaboration, parce que le Sénégal n’arrivait plus à payer cette dette. En exigeant de l’Etat sénégalais des garanties financières très lourdes, avant tout déplacement médical, la France a réglé le problème pour ses structures hospitalières’’, signale notre interlocuteur.
Le secrétaire général du Sutsas, Mballo Dia Thiam, d’informer que la question des évacuations sanitaires a toujours constitué un réel problème. Ceux qui en profitent ne sont pas toujours ceux qui doivent en bénéficier. “Ce n’est pas un mécénat. Ce sont des factures qu’on doit payer aux établissements étrangers. Si une structure n’arrive pas à honorer ses engagements, il est clair que la première réaction, c’est de couper les robinets. La question des évacuations a toujours posé des problèmes à la catégorie qui doit aller en France. C’est pourquoi, à un moment donné, je parle bien du temps où Maguette Diouf était ministre en charge de la Bonne organisation de l’Etat, il était question que les fonctionnaires s’organisent, parce que l’ardoise était, en son temps, très salée. On a eu des rencontres à Saly (Saly I et Saly II) pour créer une sorte de mutuelle pour essayer de prendre en charge ces questions d’évacuations sanitaires’’, renseigne M. Thiam. Ce dernier soutient ignorer les derniers développements. Mais, en tout cas, l’ardoise avec la France était très importante. “Une structure qui fonctionne et qui a besoin de ressources a besoin de recouvrer ses créances.
L’évacuation n’est pas une question conjoncturelle, mais une question d’ordre structurelle. Parce que, que ça soit le Maroc, la Tunisie ou ailleurs, les compétences qui ont été formées à l’université Cheikh Anta Diop, si elles disposent d’équipement, pourront faire autant que ce que font les autres dans la sous-région et à l’étranger. Il est même frustrant de voir des malades se faire accompagner de professeurs agrégés et qui vont retrouver d’anciens étudiants à ces professeurs. Les initiatives n’ont pas manqué pour faire de Le Dantec un hôpital de niveau 4. Il y avait un projet de 80 milliards pour que Le Dantec soit un hub. Depuis, il n’y a pas eu d’avancement’’, poursuit-il. Mballo Dia Thiam préconise de mettre en place le guichet double. “Pour des malades d’appendicite, on se fait opérer à l’étranger, souvent aux frais de l’Etat. Certaines en profitent même pour accoucher délibérément à l’étranger. Cela pose problème. C’est pourquoi on était très content de l’initiative du Nepad de gérer nos problèmes sanitaires. C’est-à-dire que ce qu’un pays ne peut pas faire, que l’autre le fasse. Mais l’Afrique est en train de regarder ses fils partir, à cause d’un problème de plateau. La clinique cardiologique de Fann est presque fermée, parce qu’il y a un seul anesthésiste senior qui peut sécuriser certaines interventions. Les autres étant en vacances. Ce qui ne se justifie pas, c’est d’amener tout le temps nos malades se faire soigner à l’étranger’’, dit-il.
Le Trésor public dépenserait plus de 4,7 milliards F Cfa par an
Au lieu de faire la lumière, ces révélations d’une source du ministère de la Fonction publique jettent un trouble. Elle renseigne que, chaque année, 40 à 50 agents sont pris en charge par le Trésor public, pour la bagatelle de 4,7 milliards de francs Cfa. Selon ses dires, l’Etat dépense environ 180 millions pour la prise en charge d’un agent. “Quarante fonctionnaires de l’Etat bénéficient d’évacuation vers l’étranger, sur décision médicale du Conseil de santé dirigé par le médecin-chef du centre médico-social. Cent quatre-vingt millions sont dépensés par malade. Cette somme comporte les frais de transport, l’hospitalisation y compris la nourriture, en plus de la prise en charge médicale. S’il s’agit d’une haute autorité, la somme est presque doublée’’, confie notre source. Qui précise que ce montant n’est qu’une indication, car une partie de la garantie financière laissée à l’ambassade du pays de destination pourrait être retournée au Trésor payeur, en cas de séjour moins long que prévu dans l’établissement hospitalier d’accueil.
Ensuite, la destination France étant plus onéreuse, l’option de la Tunisie ou du Maroc contribuerait à réduire de manière significative le coût. Mais pour un autre professionnel de la santé, les montants réels sont plus exorbitants qu’on ne le pense. Parce que, pour la destination France, c’est 3 000 euros par jour (soit 1 950 000 F Cfa). “Les préparatifs sont très compliqués pour ce pays. Il y a beaucoup d’exigences. Parce que si le malade est dans un état critique, on doit payer la civière qui l’accompagne. A bord de la compagnie Air France, la civière équivaut à six places et peut coûter jusqu’à 14 millions, à moins qu’il y ait réduction. Si c’est Tunis Air ou Royal Air Maroc, c’est 7 millions avec 8 places’’, révèle notre source. Qui ajoute qu’une évacuation pour la Belgique revient à 2 000 euros par jour (soit 1 300 000 F Cfa). “Donc, le Trésor public dépense des milliards par an pour les évacuations sanitaires des agents à l’étranger. Parce que si le lieu où se trouve l’établissement est un milieu bourgeois, c’est encore plus coûteux’’, informe notre interlocuteur. Selon une source du ministère de la Santé et de l’Action sociale, les évacuations sont coûteuses et très difficiles à organiser. “Il faut 10 millions en moyenne pour le faire. Ceux qui en ont le plus besoin sont les enfants qui souffrent des maladies du cœur. Mais ils n’en bénéficient pas. On préfère évacuer des privilégiés et laisser les enfants mourir dans nos hôpitaux’’, se désole notre source.
FRAPP/FRANCE DEGAGE «DEBALLE» TOUT
Le Front pour une révolution anti-impérialiste populaire et panafricaine (Frapp)/France dégage dénonce la détention arbitraire de leur leader Guy Marius Sagna.
Revenant sur les faits, l’organisation se prépare à mettre sur pied un front pour la libération de leur camarade.
A peine la page de la Can tournée, les citoyens reprennent les combats là où ils les avaient laissés. Hier, le mouvement Frapp/France dégage a ouvert les hostilités. Ses membres ont crié au scandale, face à la détention de leur camarade Guy Marius Sagna, depuis le mardi 16 juillet 2019, et disent non à une justice manipulée, “prompte à fabriquer des infractions pour les citoyens qui dérangent’’. Selon leur version des faits, il aura fallu trois jours pour que la gendarmerie de Colobane trouve une infraction contre Guy Marius Sagna, arrêté le 16 juillet dernier.
Durant cette période, la question : “Quelle infraction ai-je commise?’’, de l’activiste est restée sans réponse. Il est finalement accusé de “fausse alerte au terrorisme’’ et placé sous mandat de dépôt le vendredi 19 juillet, pendant que tous les esprits étaient portés sur la finale de la Can. Une coïncidence loin d’être anodine, pour le collectif. Cette accusation vient d’un post Facebook de l’organisation France dégage, affirmant que la France prépare un attentat terroriste contre le Sénégal. Sauf que ce texte n’a pas été partagé par G. M. Sagna, contrairement à ce qu’ont affirmé les enquêteurs. Il s’agit du texte liminaire de la conférence de presse du mouvement tenue le lundi 15 juillet à laquelle M.Sagna n’a même pas pris part. C’est pour cela d’ailleurs que ses camarades se demandent pour quoi aucun autre membre n’a été interpellé, puisque c’est le Frapp/France dégage (composé de 17 organisations) en tant que personne morale qui est l’auteur du texte.
De plus, ce dernier n’en est pas le coordonnateur. “Guy Marius Sagna dérange. Cela tombe sous le sens, quand on voit les différents fronts sur lesquels il se bat contre les dérives de ce régime et aussi contre le néocolonialisme français au Sénégal et en Afrique. Ce qui arrive aujourd’hui avec son arrestation et sa détention arbitraires entrent dans une stratégie sournoisement élaborée depuis longtemps, dont la finalité est de le museler, de le ‘tuer’ ’’, en déduisent les activistes, par la voix de Fatima Mbengue.
A ce jour, plusieurs organisations de défense des Droits de l’homme et de la société civile ont dénoncé cette mesure arbitraire. Frapp/France dégage compte mettre sur pied un front commun pour la libération de Guy Marius Sagna.
Retour sur les faits
Tout a commencé le lundi 15 juillet, dans la soirée, par un message du commandant de la gendarmerie de Colobane informant Guy Marius Sagna que le lendemain, une convocation lui parviendrait. Ce qui s’est produit au siège de l’organisation à Dieuppeul, par l’intermédiaire de quatre éléments de la Section de recherches de ladite gendarmerie. Ces derniers lui ont intimé l’ordre de les suivre, en ajoutant : “Vous êtes en état d’arrestation.’’ Sachant qu’une convocation et une arrestation sont deux choses totalement différentes en droit, Guy Marius Sagna demande, une fois dans les locaux de la gendarmerie, la raison de sa privation de liberté.
Les gendarmes lui disent tout simplement que c’est sur instruction du procureur qu’il a été arrêté. L’enquêteur, pour sa part, voulait des explications quant à deux posts qu’il a publiés sur sa page Facebook.
Dans ses écrits, il déplorait le fait que les autorités sénégalaises choisissent d’aller se soigner à l’extérieur, pendant que le peuple sénégalais souffre d’un manque notoire d’infrastructures sanitaires. Guy Marius Sagna répond alors qu’il n’a pas à s’expliquer sur des opinions exprimées sur Facebook, demandant en quoi a-t-il violé la loi. Les 17 et 18 juillet, il fera face au procureur pendant neuf heures. Le 18 juillet, il est conduit au commissariat central de Dakar pour sa troisième nuit de détention, sans qu’aucune infraction ne lui soit signifiée. “Faute d’en avoir une à lui opposer, du point de vue du droit concernant les deux posts, le procureur a instruit le gendarme enquêteur d’essayer une autre piste’’. Ces faits sont relatés par les membres de Frapp/France dégage qui ajoutent “ qu’il n’est pas normal que nos forces de sécurité soient mises dans des situations d’insécurité morale, déontologique. C’est cruel. C’est dangereux’’.
Des antécédents passés sous silence
Si l’organisation accuse la France de préparer un attentat terroriste au Sénégal, c’est parce qu’elle est en possession de discours le prouvant. La conférence de presse d’hier a été l’occasion de balancer des enregistrements sonores du député de Benno Bokk Yaakaar Khoureichi Niasse et du ministre français de l’Intérieur. Le premier affirmait, le 18 février 2019, que “c’est la France qui nous a colonisés durant plus de deux siècles. Et la France n’a jamais pensé que le Sénégal pouvait disposer du pétrole, du gaz et d’autres ressources. Elle pensait que le Sénégal se limitait à la pêche, à l’agriculture, à l’élevage et à la mendicité. Mais, on se réveille un jour et on découvre que le Sénégal a du pétrole et du gaz, et bien d’autres ressources. Bien évidemment, il faut que la France vienne réclamer sa part. Quand la France est venue demander qu’on lui donne une zone pour l’exploration, si le président Macky Sall avait refusé de lui concéder cela, la France allait ouvrir les portes du Sénégal aux djihadistes du Mali pour qu’ils viennent perpétrer des attentats. Elle aurait aussi réarmé les rebelles casamançais et créé d’autres problèmes dans le pays’’. Il s’exprimait lors d’un meeting organisé par les jeunes de l’Alliance des forces de progrès (Afp) à Kasnack (Kaolack). Selon Frapp/France dégage, le député cherchait à justifier la concession, par l’Etat, de blocs pétroliers à Total et expliquer la brouille entre le ministre démissionnaire Thierno Alassane Sall et le président Macky Sall. Le second enregistrement concerne le ministre français de l’Intérieur Christophe Castaner, qui affirmé que “le terrorisme est présent au Sénégal’’. C’était le 21 mai dernier, lors de sa visite à Dakar.
Ainsi, ces deux déclarations ont permis à l’organisation de se faire sa propre opinion. “Après les propos du député, nous attendions une réaction de la part de l’Etat. Bizarrement, il n’y en a pas eu. Lorsque nous avons entendu le ministre parler, nous nous sommes dit attention, quelque chose se prépare. C’est comme si la France intimidait notre président. Ces propos sont graves’’, ajoute Daouda Guèye, membre du mouvement. De son point de vue, les premiers lanceurs d’alerte au terrorisme sont bien ces deux personnalités qui ne sont pourtant pas interpellées, contrairement à G. M. Sagna. “Aujourd’hui, il faut que chaque citoyen se sente concerné par cette situation, car plus personne n’est à l’abri. Aussi, si on doit convoquer quelqu’un, ce doit être tous les membres de Frapp/France dégage, car nous sommes responsables de ce texte, nous l’assumons pleinement’’, poursuit-il.
«LA CAN AU CAMEROUN SERA UN GRAND DEFI»
Après la place de vice-champions au Caire, Kalidou Koulibaly et les «Lions» se projettent déjà vers la prochaine Coupe d’Afrique des Nations (Can) de 2021.
Après l’accueil qui leur a été réservé, le défenseur des «Lions» indique que le prochain objectif sera le trophée au Cameroun.
«Tous les Sénégalais doivent être dans une dynamique positive. C’est comme cela que l’on y arrivera. La Can va arriver dans deux ans. Il y a les qualifications qui ne vont pas tarder à venir. Nous avons hâte de jouer notre premier match de qualification, jouer de manière propre et montrer que l’on est capable de bonnes choses. 2021, est l’échéance la plus proche. Aller remporter la Can au Cameroun sera le principal objectif». Kalidou Koulibaly, le défenseur des «Lions» du football du Sénégal annonce la couleur. De retour à Dakar après une médaille d’argent remportée à l’issue de la Can Egypte 2019, il déclare que Cameroun 2021 sera un défi. «Avoir 17 ans d’écart entre deux finales jouées par le Sénégal, c’est vraiment dommage. On va faire les qualifications et ensuite préparer tranquillement la compétition. La Can au Cameroun sera un grand défi pour nous. On a déjà perdu une finale contre le Cameroun. Donc, aller là-bas et y faire quelque chose sera un geste fort pour le peuple sénégalais», confie le défenseur qui était sans doute l’absent le plus présent de la finale perdue contre l’Algerie. «C’était très difficile de vivre la finale depuis les tribunes. J’étais plus nerveux que si j’avais joué le match. J’avais envie d’aider mes coéquipiers, de leur donner un coup de main; je pensais qu’ils allaient faire le mieux que possible. Ils ont fait un super match et c’est dommage qu’ils n’aient pas pu marquer ce but qui nous aurait permis d’égaliser. Ils ont fait une superbe finale en mettant l’Algérie en difficulté. Les Algériens n’ont pas joué. Je suis fier d’être Sénégalais et de faire plus que ça», explique le joueur, retenu par la Confédération africaine de football (Caf) dans le Onze type de la compétition.
HENRI SAIVET : «L’ON VA TOUT FAIRE POUR RAMENER LE TROPHEE»
Pour les prochaines échéances, son partenaire en sélection, Henri Saivet, pense que le Sénégal aura les capacités de relever le défi dans deux ans. «En jouant cette Can, on préparait aussi la prochaine Can en 2021. Nous avons les capacités. Les matchs de poules vont nous montrer que ce ne sera pas facile. C’est un défi qui nous est proposé. Ce qui est important est de revenir avec cette ferveur avec le public, montrer que l’on a le potentiel et que l’on va tout faire pour ramener le trophée. Le Cameroun nous a battus en quart de finale de la Can 2017 et c’est à nous d’aller chercher le trophée chez eux. C’est le plus beau message que l’on peut envoyer au peuple sénégalais», soutient le milieu de terrain des «Lions». «L’accueil que l’on nous a réservé est vraiment exceptionnel. On ne pensait pas qu’il y aurait autant de monde. Merci au peuple sénégalais qui nous a soutenu du début jusqu’à la fin de la Can. On va continuer à se mettre au travail», se réjouit-il.