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18 juillet 2025
ABDOUL MBAYE ÉDIFIÉ LE 6 AOÛT
Le délibéré du procès en appel de l’ancien Premier ministre, poursuivi par son ex-épouse pour les délits de faux, usage de faux et tentative d’escroquerie, initialement prévu ce mardi, a été renvoyé jusqu’au 06 août
Le délibéré du procès en appel de l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye, poursuivi par son ex-épouse pour les délits de faux, usage de faux et tentative d’escroquerie, initialement prévu ce mardi, a été renvoyé jusqu’au 06 août.
Dans cette affaire, l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye avait été relaxé de tous les chefs d’inculpation en première instance.
Toutefois, le procureur de la République a ainsi interjeté appel alors que son épouse s’était s’abstenue de saisir la juridiction d’appel.
L’ancien Premier ministre dénonce un ’’acharnement’’ tandis que son conseil Me Bamba Cissé parle d’’’un procès de caprice’’.
Dans ce procès en appel, le procureur général près la Cour d’appel de Dakar a requis un an de prison ferme contre l’ancien Premier ministre.
PAR Elhadji Ibrahima THIAM
L’ÉLOGE DES THÉORIES FACILES
Quelques esprits tordus, adeptes de théories ronflantes et des analyses tortueuses, ont imputé la défaite de l’équipe nationale du Sénégal à notre…hymne national
Rideaux sur la 32ème Coupe d’Afrique des nations. Comme en 2002, le Sénégal devra encore attendre deux ans pour espérer enfin soulever le trophée. Sitôt la déception consommée, les commentaires sur les raisons de cette énième désillusion ont enflammé les réseaux sociaux. Chacun y a mis son grain de sel. Et comme d’habitude, dans ce royaume de la parole libérée, on peut tomber sur des analyses qui font sens. Malheureusement aussi, il arrive qu’on lise de ces inepties qui laissent pantois. En effet, quelques esprits tordus, adeptes de théories ronflantes et des analyses tortueuses, ont imputé la défaite de l’équipe nationale du Sénégal à notre…hymne national. Défense de rire ! Quelques perles lues sur Facebook : «Comparez ça avec vos Koras et Balafons, vous verrez où se trouve l’erreur», écrit cet internaute en mettant côte à côte l’hymne du Sénégal et celui de l’Algérie ; «un extrait de l’hymne national de l’Algérie ; avec ces mots forts, ils sont tous soldats dans leurs domaines de compétence. Et voilà, contre toute attente, ils montent sur le toit de l’Afrique… leur sacre a déjà une explication», s’exclame un autre ; «la problématique de l’hymne national du Sénégal devra être posée. Ça n’a rien de sénégalais, ni les sonorités, ni les paroles», ose un troisième.
Pour faire simple, les auteurs de ces lignes et ceux qui pensent comme eux estiment que l’hymne national du Sénégal n’est pas assez pénétrant, que les paroles ne sont pas de celles qui galvanisent, qui revigorent, qui fouettent le patriotisme, qui transforment le peureux en preux. Tout le contraire de l’hymne algérien ! Autrement dit, ces détracteurs soutiennent que notre hymne national ne leur parle pas parce que les mots ne sont pas du lexique guerrier, qu’on n’y parle pas de révolution, de sang versé, de tuerie, de violence ! Cette analyse dénote d’une certaine inculture. En réalité, ces gens-là ne saisissent ni la portée, encore moins le sens du «Lion rouge» qu’ils se permettent de flétrir sur les réseaux sociaux. Adeptes des conciliabules stériles avec une inclination poussée pour les slogans faciles, prêts à railler, à caricaturer et à insulter même nos symboles, ces colporteurs de douces rêveries se gavent et s’engraissent de l’actualité d’où ils cherchent la petite bête qui ferait polémique. Certains parmi eux se font appeler «activistes», militants patentés du table-rase et de la terre brûlée.
Faut-il leur rappeler que l’hymne de chaque pays est lié à son histoire ? L’Algérie a arraché son indépendance après une guerre de libération de huit années (1954-1962), d’où le vocabulaire martial de son hymne national. La Marseillaise, hymne national de la France, est du même registre. Ce chant révolutionnaire est né avec la révolution française de 1789. L’Angleterre chante la gloire de son monarque selon qu’il soit Roi ou Reine. Celui du Sénégal est né dans un contexte bien différent. Notre pays a négocié son indépendance, notre hymne évoque donc tout naturellement le thème de la joie née de l’accession à la souveraineté internationale, de la fraternité, de l’union par le dépassement des diversités régionales, mais aussi le thème de «l’enracinement dans nos valeurs et de l’ouverture aux autres et à la modernité, celui de notre gloire passée évoquée moins pour alimenter un nationalisme ombrageux que pour servir un idéal de générosité, de paix, de travail, de dialogue, d’unité et de fraternité africaines sans discrimination de races ou de langues, avant de se terminer par une proclamation : le serment de défendre la Patrie dans l’union et la détermination, voire jusqu’à la mort devant tous les dangers menaçant son indépendance, sa prospérité, sa sécurité».
Ces thèmes sont tout aussi importants dans la vie d’une nation que l’exaltation d’un passé belliqueux. Et puis, pour en revenir au football, depuis quand les paroles d’un hymne national font-elles gagner une équipe? L’Espagne est double championne d’Europe et championne du monde en 2010. Et pourtant son hymne national ne comporte aucune parole. Il est tout en symphonie. Ensuite, si l’hymne était aussi déterminant que cela dans les conquêtes sportives d’un pays, pourquoi l’Algérie n’avait rien remporté depuis 1990 ?
JAMMEH ET L'ASSASSINAT DE DEYDA AIDARA
Malick Diatta, ex-membre de la milice secrète de Jammeh les "junglers", a avoué explicitement avoir participé à la liquidation du journaliste au soir du 16 décembre 2004 commanditée par le ''grand homme''
Au cours d’une audition, ce lundi, devant la Commission vérité, réconciliation et réparations, un militaire gambien membre de la milice secrète de Yahya Jammeh, exécutants de basses œuvres, dénommée "junglers" a avoué avoir participé au meurtre du journaliste Deyda Hydara, l’un des doyens de la presse gambienne, sur ordre de l’ancien président. Un aveu de taille tant ce meurtre constituait jusque-là une énigme pour de nombreux Gambiens. Ce crime qui remonte en décembre 2004 avait suscité une onde de choc et l’affaire avait fini par symboliser l’intention délibérée de museler la presse en Gambie sous le précèdent régime.
Depuis décembre 2004, année de l’assassinat de Deyda Hydara, la question occupait l’oreille droite du quotidien d’informations générales, The Point que le journaliste avait lui-même cofondé. Who killed Deyda Hydara ? Qui a tué Deyda Hydara ne se lasse de s’interroger le journal dans chaque parution depuis 15 ans. Mais depuis hier, cette question semble avoir trouvé sa réponse. Entendu pour la première fois depuis le début des auditions de la Commission vérité, réconciliation et réparations, Malick Diatta, ex-membre de la milice secrète de Jammeh les "junglers", a avoué explicitement avoir participé à la liquidation du journaliste au soir du 16 décembre 2004.
Ce jour-là, Ce journaliste d’investigation, à l’époque copropriétaire du journal The Point, correspondant de l’AFP et de Reporters sans frontières en Gambie a été tué au volant de sa voiture en rentrant du travail.
Sans sourciller, ce soldat, homme de main de l’ancien président et en détention depuis février 2017 a expliqué les détails du crime en citant ses compagnons avec lesquels il a commis la basse œuvre. De l’aveu de ce soldat, au lendemain de l’irréparable, le commandant de la milice leur a remis une " une bagatelle somme en dollars" en guise de récompense de la part du "grand homme".
Interrogé par le principal avocat préposé aux questions sur l’identité du "grand homme", l’officier d’affirmer sans détour qu’il s’agit du "président Yahya Jammeh". Peu après les confessions de Malick Jatta, les hommages à l’endroit du défunt journaliste ont fusé sur les réseaux sociaux.
Contactée, la famille du journaliste n’a pas souhaité réagir pour l’instant. A noter que le régime d’Adama Barrow a indemnisé la famille de Deyda à hauteur de 50.000 dollars, environ 30 millions de FCFA.
C’est une autre voix autorisée qui voit une autre voie pour la gestion de la succession de Ousmane Tanor Dieng. Le Secrétaire national aux questions juridiques du Ps rame à contre-courant de Serigne Mbaye Thiam qui affirme que Aminata Mbengue Ndiaye a la légalité et la légitimité d’exercer les fonctions de Secrétaire général du parti. Me Moustapha Mbaye est formel que les textes ne hiérarchisent pas les trois secrétaires généraux adjoints. «Il y a un vide juridique», a-t-il dit au téléphone. L’avocat plaide, par conséquent, une gestion collégiale par Aminata Mbengue Ndiaye, Birahim Diagne et Abdou Khadre Cissokho jusqu’au prochain congrès.
Que vous inspire ce débat autour de la succession de Tanor
Je voudrais tout d’abord regretter son caractère prématuré. Je rappelle que nous ne sommes quand même qu’au 8ème jour du deuil, et que c’est une période traditionnellement réservée à des prières à l’endroit du défunt. Maintenant, le débat est posé, la polémique est lancée. Donc, les gens sont interpellés. Et en tant que Secrétaire national aux questions juridiques, j’ai l’obligation de me prononcer sur ce débat. Alors, la question de la hiérarchisation des secrétaires généraux est prévue par l’article 18 du Règlement intérieur du parti. Justement, dans cet article, on se rend compte qu’il y a trois secrétaires généraux adjoints qui ont été choisis par le Secrétaire général. Et je rappelle que le Secrétaire général est la seule personne qui a été élue. Pour le reste des postes, c’est lui qui fait des propositions au Comité central. Donc, il n’y a rien qui permette, dans cet article 18, de faire une hiérarchisation entre les trois secrétaires généraux adjoints.
Qui sont les deux autres secrétaires généraux au-delà de Aminata Mbengue Ndiaye ?
Il s’agit de Birahim Diagne de Sakkal, qui n’a jamais été battu dans son fief depuis la chute du Ps, et Abdou Khadre Cissokho qu’on ne présente plus. Ce sont deux anciens du parti qui sont tout aussi capables que Mme Aminata Mbengue Ndiaye contre la quelle je n’ai rien d’ailleurs. Et là aussi, il n’y a pas de deuxième Secrétaire général ou de troisième.
Oui, mais c’est Tanor qui avait choisi Aminata Mbengue Ndiaye comme premier secrétaire général adjoint…
Non, le texte n’a jamais dit que tel ou tel autre est premier adjoint. En réalité, nous sommes en droit et lorsqu’il s’agit d’interpréter, ce n’est pas la parole du Secrétaire général qui compte, mais les textes. Si le texte ne fait pas de hiérarchie entre les secrétaires généraux adjoints, on ne peut pas le faire. Le second point de droit, c’est que ces textes parlent de suppléance. Or la suppléance, c’est dans les cas d’absence ou d’empêchement qui sont par définition des cas provisoires. Si le Secrétaire général est absent du pays ou empêché pour une raison ou une autre, c’est un des secrétaires généraux adjoints qui dirige la réunion.
Quand Tanor était malade, c’est Aminata Mbengue Ndiaye qui dirigeait les réunions…
Exactement. Mais c’est différent des cas d’intérim. L’intérim, c’est quand la personne n’est plus là définitivement parce qu’elle a démissionné ou parce qu’elle est décédée. Malheureusement, c’est le cas aujourd’hui. Et sur ce point, je suis formel : l’article 18 ne prévoit rien. Par conséquent, nous sommes en présence d’un vide juridique.
Mais quand Serigne Mbaye Thiam affirme que c’est Aminata Mbengue Ndiaye qui exerce les fonctions de secrétaire général…
Serigne est un grand responsable du parti. Il peut avoir sa façon de voir les choses, moi j’en ai une autre. J’ai beaucoup de respect pour mon aîné, mais je suis juriste, avocat et secrétaire aux Questions juridiques. Et, de ce point de vue, je suis bien obligé de dire ce que j’en pense. Mais de toute façon, je crois que ce n’est pas cette polémique juridique qui va régler le problème. Pour moi, cette question est plus politique qu’autre chose. Le Parti socialiste a l’occasion de rassembler tous ses fils par un débat politique dans le cadre des instances et en marge des instances. Il faut un débat franc, ouvert sur les perspectives à l’orée du second mandat du Président Macky Sall, mais également les perspectives de 2024. C’est sur ces questions politiques que nous devons nous pencher, et le cadre idéal c’est le Comité central. C’est là-bas que nous pouvons dire quel type de profil doit être amené à conduire le parti dans les conditions que nous traversons. Si ces questions sont réglées, pour le reste on verra qui va diriger le parti et comment on va le diriger.
Voulez-vous dire que l’idéal c’est que les trois secrétaires généraux adjoints assurent l’intérim jusqu’au congrès ?
Oui, je pense que c’est le minimum intangible puisqu’ils sont trois secrétaires généraux adjoints et que rien ne permet de les hiérarchiser. Il faut que les trois assurent les responsabilités jusqu’à ce que le parti se mette d’accord pour désigner le successeur. Encore une fois, en présence d’un vide juridique, on ne peut pas décréter que c’est telle personne qui doit gérer la succession. Donc, il faut qu’on discute de l’intérêt stratégique du parti.
par Mody Niang
CE PRÉSIDENT-LÀ, VRAIMENT...
Il ne cesse de nous étonner, et de nous indigner. Au fur et à mesure des engagements qu’il prend et des actes qu’il pose, je me demande légitimement comment des compatriotes ont pu le réélire
OUI, ce président-là ne cesse de nous étonner, et de nous indigner. Au fur et à mesure des engagements qu’il prend et des actes qu’il pose, je me demande légitimement comment des compatriotes ont pu le réélire. Oui, il a été réélu même si, en amont, des moyens illicites et massifs ont été mis en œuvre pour faciliter cette réélection. Il m’arrive, devant certains des actes qu’il pose sans état d’âme, de me reporter à mes modestes archives pour m’assurer que c’est bien lui qui a pris tel ou tel autre engagement. C’est ainsi que je suis tombé, comme par hasard, sur la première grande interview de son quinquennat, qu’il a accordée à l’hebdomadaire JEUNE AFRIQUE du 03 juillet 2012. L’interview a eu lieu le 14 juin à 10 heures, dans les salons de la gouvernance de Kaolack. Ce jour-là, il y présidait son deuxième conseil des ministres décentralisés, le premier étant celui de Saint-Louis.
Voici la deuxième question que l’hebdomadaire lui a posée :
« Comment comptez-vous incarner la rupture promise, vous qui avez tout de même participé, comme ministre puis chef du gouvernement, au régime d’Abdoulaye Wade et compte tenu de votre marge de manœuvre économique et financière pour le moins étroite ? »
Notre président, celui que j’appellerai plus tard le président-politicien, répondit :
« La rupture n’est pas qu’un slogan. C’est un comportement, celui que les dirigeants de ce pays doivent adopter. Humilité, sobriété et rigueur doivent régir notre action politique. Je vous assure qu’il s’agit bien là d’une rupture, profonde, avec les pratiques en vigueur sous mon prédécesseur… AVEC MOI, TOUT VA CHANGER. J'AI RENONCÉ À DEUX ANS DE POUVOIR, en ramenant le mandat présidentiel de sept à cinq ans et en m’appliquant immédiatement cette mesure, comme je m’y étais engagé. J’ai tenu, pour la première fois dans l’histoire de ce pays, à déclarer publiquement mon patrimoine, malgré les polémiques entretenues à dessein par mes adversaires. Visiblement, il vaut mieux ne rien publier et cacher son patrimoine, cela attire moins de problèmes. À la fin de mon mandat, je ferai le même exercice, et l’on pourra comparer.
Les Sénégalais ont réclamé une gouvernance plus vertueuse, plus éthique. Nous avons L'OBLIGATION DE RENDRE DES COMPTES, de RÉDUIRE LE TRAIN DE VIE et les dépenses naguère somptuaires de l’État. J’ai, par exemple, pris la décision de vendre le second avion de la présidence ».
J'AI AUSSI TROUVÉ UN GOUVERNEMENT COMPOSÉ DE 38 MINISTRES EN ARRIVANT, ET JE L'AI RAMENÉ À 25. C’est désormais l’un des plus réduits d’Afrique, et je vous assure qu’il aurait été plus simple pour moi de distribuer plus largement les maroquins. Enfin, j’ai décidé de mettre fin à un certain nombre de projets qui n’ont que très peu d’incidence sur le développement du pays et illustrent un gaspillage de nos ressources dont les Sénégalais ne veulent plus.
J’ai supprimé plus de 60 agences et directions nationales[1] dont l’utilité n’était pas avérée. Autant de coupes qui ne réduiront en rien l’efficacité du gouvernement et de l’administration, bien au contraire…’’
Arrêtons-nous quand même un peu sur cette première réponse en considérant, parmi nombre d’autres engagements formels, les trois suivants :
1) « … AVEC MOI, TOUT VA CHANGER. J'AI RENONCÉ À DEUX ANS DE POUVOIR, en ramenant le mandat présidentiel de sept à cinq ans et en m’appliquant immédiatement cette mesure, comme je m’y étais engagé. »
2) « J’ai tenu, pour la première fois dans l’histoire de ce pays, à déclarer publiquement mon patrimoine, malgré les polémiques entretenues à dessein par mes adversaires. Visiblement, il vaut mieux ne rien publier et cacher son patrimoine, cela attire moins de problèmes. À la fin de mon mandat, je ferai le même exercice, et l’on pourra comparer. »[2]
3) « J'AI AUSSI TROUVÉ UN GOUVERNEMENT COMPOSÉ DE 38 MINISTRES EN ARRIVANT, ET JE L'AI RAMENÉ À 25. C’est désormais l’un des plus réduits d’Afrique…. »
Je ne commenterai pas ; j’en laisse le soin aux lecteurs et aux lectrices de se faire leur propre religion. En tout cas, c’est celui-là qui ose nous regarder aujourd’hui les yeux dans les yeux, sans aucune gêne. C’est celui que des chefs religieux, des imams et de ‘’grands’’ notables inondent de louanges et de prières. Lui, tout en sachant qu’il est loin, très loin vraiment d’incarner les qualités que l’Islam et la morale tout court attendent du kilifa, du. Notre regretté Serigne Abdoul Lahat Mbacké ne le compterait sûrement pas parmi les hommes avec qui avait des relations de confiance
Passons à la question suivante :
« Les Sénégalais souffrent et l’expriment. Ils éprouvent des difficultés à se nourrir, à se loger, à se soigner… Compte tenu de leurs attentes, immenses, ne craignez-vous pas de les décevoir ? »
Le président que nous ne connaissions pas encore répond :
« Je suis pleinement conscient de la difficulté de la tâche à laquelle nous sommes confrontés, mais je n’ai pas peur des défis. Il nous faut cependant, pour espérer changer les choses, modifier notre manière de gouverner et élaborer un nouveau paradigme en matière de conception de nos politiques de développement, avec plus d’efficacité. Il n’y a pas de miracle en la matière, seulement du travail, une vision, des compétences mises au service de l’optimisation de nos ressources. Pourquoi Taiwan, la Corée du Sud ou, plus près de nous, la Tunisie, qui étaient comparables au Sénégal au début des années 1960, ont-ils pu parcourir tout ce chemin et pas nous ? Pourquoi devons-nous toujours importer ce que l’on consomme dans nos assiettes ? Pourquoi ne pourrions-nous pas remplir les objectifs que nous nous fixons ? Rien ne sera simple. Il faudra beaucoup de sueur, de volonté, et consentir à certains sacrifices. J’ai pris des engagements durant la campagne et je mettrai tout en œuvre pour les tenir. Ensuite, les Sénégalais jugeront… »
Sept ans après, nous avons jugé, comme il nous y invitait. Nous sommes encore loin, très loin de Taïwan et de la Corée du Sud, même de la Tunisie. Le Sénégal est toujours compté parmi les 25 pays les plus pauvres et les plus endettés du monde. Pourquoi ces pays ont-ils pu parcourir tout ce chemin et pas nous ? Aucun mystère. Ils travaillent, avec des dirigeants qui montrent le chemin à suivre, privilégient largement le mérite, la compétence, l’intégrité morale plutôt que la proximité politique, familiale, ethnique, confrérique, régionale, etc. Les dirigeants de ces pays placent largement l’intérêt général au-dessus de toutes autres considérations, en particulier les considérations politiciennes.
« Pourquoi devons-nous toujours importer ce que l’on consomme dans nos assiettes ? », se demande-t-il, comme s’il ne connaissait pas la réponse qui coule de source. Au lieu d’investir massivement et intelligemment dans l’agriculture, l’élevage, la pêche et dans tous les autres secteurs productifs, celui qui allait devenir le président-politicien investit des centaines de milliards dans des infrastructures de prestige comme les Arènes de lutte de Pikine, l’Aréna et le Centre Abdou Diouf de Diamniadio et surtout ce fameux Train Express Régional (TER) qui nous coûte déjà les yeux de la tête et dont le chantier est aux arrêts, peut-être pour de longs mois encore[3]. Pour le Pr Makhtar Diouf, ses méga-réalisations sont des éléphants blancs, ‘’qui s’activent pour l’essentiel dans l’inessentiel’’ [4]
Le futur président-politicien se pose encore cette question : « Pourquoi devons-nous toujours importer ce que l’on consomme dans nos assiettes ? ». Pourquoi ? Il le sait parfaitement. Tout est le résultat de sa politique politicienne, de sa volonté de privilégier les infrastructures-bidons, les méga-réalisations, pour frapper plutôt l’imagination des pauvres populations et de s’assurer leurs votes le moment venu. Nous importons annuellement plus de 80 milliards de francs CFA de produits laitiers alors que, pendant l’hivernage, les éleveurs versent, la mort dans l’âme, l’excédent de leur lait dont ils ne savent que faire et ce, depuis bientôt soixante ans. Je passe sous silence nos lourdes importations de riz alors que ce président s’engageait, en 2015-2016, à nous assurer l’autosuffisance dans cette céréale si prisée au Sénégal. Pourtant, le Sénégal peut non seulement se nourrir, mais nourrir un pays comme les ÉTATS-UNIS, affirmait un diplomate nouvellement accrédité à Dakar. Il venait de faire le tour du pays (Saint-Louis, Podor, Matam, Iles du Saloum, la Casamance naturelle, etc.). On raconte aussi que le président Félix-Houphouët Boigny avait lancé à son homologue sénégalais d’alors cette boutade : « Donne-moi la Casamance et je nourris l’Afrique de l’Ouest ! »
Nous importons aussi l’essentiel des tissus que nous utilisons au Sénégal. La SOTIBA et nombre d’autres usines textiles ont mis la clé sous le paillasson. Rien de plus normal puisque, depuis 1960, la Société de Développement des fibres textiles du Sénégal (SODÉFITEX) peine à produire annuellement 50000 tonnes de coton. Pendant ce temps, à côté de nous le Mali, et un peu plus loin le Burkina Faso, produisent 500 à 600000 tonnes /an chacun.
Nous pourrions nous arrêter sur le maïs, avec lequel on produit une partie de l’aliment de bétail consommé au Sénégal. Avec cet hivernage tardif sur une bonne partie du territoire national, notre bétail est gravement menacé de famine. L’aliment de bétail coûtant très cher, rares sont les éleveurs qui peuvent nourrir leur bétail avec. Et pourtant, des centaines de milliers de tonnes de maïs pourraient être produits dans la vaste zone qui couvre les régions de Kaolack, de Kaffrine, d’une partie de Fatick, celles de Tambacounda, de Kédougou, la région naturelle de Casamance, sans compter la vallée du Fleuve Sénégal ! Il suffisait d’y mettre le prix, et ce prix existe bel et bien. Les Arènes de lutte de Pikine, l’Aréna et le Centre de conférences Abdou Diouf de Diamniadio n’ont pas coûté moins de 100 milliards de francs CFA. Des observateurs avertis avancent même 120 à 130 milliards. Avec autant d’argent, peut-être avec moins, on pourrait démarrer un vaste programme de production de maïs, confiée à une agence (ou autre structure), animée par des hommes et des femmes qui n’ont vraiment rien de commun avec ceux et celles qui nous gouvernent aujourd’hui. Des hommes et des femmes choisis parmi les meilleurs d’entre nous, tant sur le plan de la compétence, de l’expérience, de l’esprit d’entreprise, que de l’intégrité morale. Ils auraient pour mission de nous produire, dans un délai raisonnable (cinq ans peut-être), autant de maïs qu’il nous faudrait pour nous auto-suffire en aliments de bétail comme pour les hommes. Il ne s’agit point-là du rêve fou et osé d’un profane. Ce rêve est bien réalisable, jusqu’à preuve du contraire, jusqu’au moment où des experts, de vrais, m’administrent la preuve de ma folie.
Revenons à la fameuse interview qui sert de prétexte à cette contribution ! La question suivante est celle-ci :
« Vous avez lancé une vague d’audits destinés à faire la lumière sur la gestion du pays pendant les années Wade (2000-2012), en précisant toutefois que vous ne souhaitiez pas qu’ils se transforment en chasse aux sorcières. Quel est l’objectif réel et quelles en sont les limites ? »
De sa réponse, nous retiendrons ceci : « Les grands chantiers de Wade, comme entre autres l’aéroport Blaise-Diagne, ont englouti d’énormes ressources. Comment les contrats ont-ils été signés ? Sur quelles bases ? Où en est l’exécution ? Comment l’argent public a-t-il été dépensé ? » Qu’a-t-il fait, en réponses à ces questions ? Rien, sinon que nous nous posons aujourd’hui les mêmes questions sur ces chantiers, notamment ceux du pétrole et du gaz. Ce président-là, vraiment …
Une autre question dont la réponse nous laisse de marbre :
« Y aura-t-il des personnalités intouchables ? Wade lui-même ou certains de vos proches ? »
Voici la réponse renversante de l’ex-mentor du vieux président-politicien: « Personne n’est au-dessus des lois. Le temps de l’impunité est révolu. » Personne vraiment ! Pas même les anciens directeurs généraux de la Société nationale de Poste et du Centre des Œuvres universitaires de Dakar (COUD ? Pas même les anciens responsables du PRODAC et de nombreux autres gestionnaires indélicats qui sont légion dans la dynastie Faye-Sall et ses suppôts de la coalition au pouvoir ?
Terminons par une dernière question sur le Mouvement ‘’Y en a marre’’ et à laquelle il répond : « Il faut rendre hommage à ce mouvement Y’en a marre, issu des cultures urbaines et du hip-hop, qui s’attache au changement des mentalités, qui s’adresse au chef de l’État comme aux jeunes des banlieues, et qui tente de faire évoluer notre société. Il prône le civisme, le respect du bien commun, la responsabilisation des citoyens, l’intérêt collectif, la solidarité entre les générations, le respect des droits fondamentaux dans un État de droit, etc. Je suis entièrement d’accord avec eux sur ces points (…).
Je renvoie le lecteur, la lectrice, à ce qu’il dit aujourd’hui de ‘’Y en a Marre’’, pour se faire vraiment une idée de ce président-là. Il a accumulé trop de passifs, des passifs très lourds. Dans tout autre pays, un pays sérieux en tout cas, avec des populations conscientes de leurs responsabilités citoyennes et une justice indépendante, il terminerait difficilement son premier mandat ou même, s’il y parvenait, éprouverait toutes les peines du monde à se faire réélire. Aujourd’hui en tout cas, il est empêtré, avec la dynastie Faye-Sall, dans ce qu’on appelle l’Affaire Petro-Tim. Espérons que, quand la production du pétrole et du gaz commencera vraiment, il aura déjà quitté le pouvoir pour aller ‘’se la couler douce’’ à Houston ou dans un grand palais de luxe, qu’il se fera construire – si ce n’est déjà fait d’ailleurs – dans un lointain paradis fiscal.
[1] Je lance un défi aux courtisans zélés du couple présidentiel : qu’ils me citent 20 agences et directions nationales qu’il a supprimées. Même 30, pour leur faciliter la tâche.
[2] Voilà six mois qu’il a été réélu, et nous attendons encore qu’il fasse sa déclaration, pour nous permettre de comparer. Il ne la fera probablement jamais, ne tenant pas à ce que nous nous rendions compte du fossé abyssal entre le patrimoine de 2012 et celui de 2019.
[3] Ce TER est une véritable escroquerie politique, plus exactement politicienne. Heureusement pour lui, il règne sur un peuple qui avale passivement toutes les couleuvres.
[4] ‘’Le gaspillage et les éléphants blancs sous Macky’’, 23 décembre 2018
OUMAR GUEYE INTERPELLE SUR LES VRAIES QUESTIONS
Le Comité régional de développement (Crd) spécial consacré à l’évaluation de l’Acte 3 de la décentralisation,
La société civile thiessoise, qui n’approuve pas les rencontres visant à procéder à une évaluation de l’Acte 3 de la décentralisation, a soulevé des questions relatives aux futurs pôles territoriaux, à la place de Thiès dans ces nouvelles entités, et aux actes de gestion des maires.
Le Comité régional de développement (Crd) spécial consacré à l’évaluation de l’Acte 3 de la décentralisation, présidé parle ministre des Collectivités territoriales et de l’aménagement du territoire, Oumar Guèye, a servi hier à Thiès de tribune au Coordonnateur général adjoint du Forum civil pour dénoncer«le format politique» de ce genre de rencontres. Abdoul Aziz Diop pense que «même si l’approche est inclusive, le format reste politique».Et selon lui,«le plus important c’est que la volonté politique, quelle que soit sa pertinence, doit être toujours arrimée à l’avis technique éclairé et objectif, mais aussi aux préoccupations et aux préjudices des populations». Il explique : «Le format du Crd ne nous a vraiment pas permis d’aller dans la prospective. C’est un Crd d’évaluation prospective de l’Acte 3deladécentralisation et à ce niveau, nous, en tant que société civile, ce qui nous intéresse le plus c’est l’impact, une évaluation objective et un diagnostic prospectif à la fois.»
Les inquiétudes de la société civile
D’abord, signale-t-il, «le ministre devrait apporter une réponse à notre interpellation sur la place des futurs pôles territoriaux, s’ils seront véritablement des échelles de gouvernance ou de développement. Et la place que Thiès occupera dans le cadre de ces futurs pôles territoriaux». Des questions auxquelles il faudra répondre, de l’avis du coordonnateur de l’antenne régionale de la coalition«Publiez ce que vous payez».
L’autre inquiétude relevée par Abdoul Aziz Diop concerne les «fonds des Collectivités territoriales transférés par l’Etat». Il donne l’exemple du Fonds de péréquation qui a été institué depuis 2009. Et de fustiger : «Thiès est la première région minière du Sénégal en termes de contribution, mais aussi d’implantation. Et si vous faites le cumul des années 2016 et 2017, c’est 90 milliards de francs Cfa de la contribution de la région de Thiès. Mais si vous voyez le Fonds de péréquation, l’Etat doit reverser aux 53 collectivités territoriales, de 2010 à 2015, 1,10 milliard de francs Cfa pour 5 ans. Vous voyez le gap, c’est moins 1/10. Ce sont des disparités.» Non sans aborder la place de l’ingénierie financière. «Le principal problème des maires, ce n’est pas celui des ressources financières, mais humaines, capables de capter toutes ces opportunités. A Thiès aussi, il est loisible à ses maires d’avoir des conventions locales de développement avec ces entreprises minières. Mais pourvu qu’il soit de l’ingénierie financière», souligne M. Diop qui ne manque pas de réitérer la proposition du Forum civil. Ce, en direction des parlementaires locaux dans le cadre de l’Acte 3. «Il faut, dans le cadre des futurs pôles territoriaux, qu’on ait des Assemblées territoriales, c’est-à-dire qu’elles soient un peu la déclinaison de l’Assemblée nationale.
Et même sur le principe de révocation des maires qui sont jugés coupables de détournements, de malversations et de prévarication, que les populations puissent les démettre.» Sans oublier«la déclaration de politique locale parce que les maires n’ont pas de vision. Une fois élus, ils font du tâtonnement expérimental pendant un an. Il faut donc imposer aux maires, comme le faisait l’ancien Premier ministre par rapport à la déclaration de politique générale, la tenue d’une déclaration de politique locale qui décline leur vision, leur ambition et leur stratégie». Ainsi pense-t-il que«l’Acte 3, en soi, est bon», mais, redoute t-il, «il est né avec une part congénitale parce qu’il n’y a pas une concomitance».
Le ministre invite ses collaborateurs à s’approprier l’Acte 3
Auparavant, le ministre des Collectivités territoriales et de l’aménagement du territoire, Oumar Guèye, avait invité ses collaborateurs sur le terrain à s’approprier la politique de décentralisation de l’Acte 3 a fin que leurs collectivités soient beaucoup plus viables et porteuses de développement. Il est largement revenu sur les «attentes» des maires, de la société civile, des conseillers municipaux et départementaux, élus locaux en général, entre autres, qui se sont exprimés par rapport à leur vécu sur l’Acte 3.Notamment par rapport à «la seconde phase qui tourne autour de l’intercommunalité, mais également les ressources des Collectivités territoriales, les délimitations, les incohérences, l’état civil, la fonction publique locale, la formation», entre autres préoccupations.
Oumar Guèye dit : «C‘est essentiellement la notion d’attractivité territoriale qui a son sens et son vécu ici dans la région de Thiès où nous avons quelques communes qui ont pu quand même réussir.» Il cite Sandiara, Taïba Ndiaye, Malicounda... Des communes qui, pour lui, «ont eu à mener des actes très important sen ce sens». Et d’après le ministre, «il va falloir donc capitaliser les bonnes pratiques». Avant de suggérer : «Il faut toujours les faire connaître et s’en inspirer.»
AMETH AMAR, UN MONUMENT DU SECTEUR PRIVÉ
C’est avec une vieille voiture retapée puis vendue qu’il a démarré son business. Un pari risqué, mais ô combien payant. L'homme d'affaires décédé lundi, a bati en 35 ans, un puissant groupe dans l’agro-industrie
C’est avec une vieille voiture retapée puis vendue qu’il a démarré son business. Un courage, un pari risqué. Mais ô combien payant. La réussite elle saute aux yeux. Feu Ameth Amar, a bati, 35 ans après il a un puissant groupe dans l’agro-industriel. NMA Sanders, spécialisée dans les farines boulangères et les aliments pour animaux, enregistre aujourd’hui un chiffre d’affaire de prés de plus de 30 milliards de F CFA. Et des nouvelles idées sont venues s’ajouter aux activités de M. Amar. Avec des machines haute de gamme, il produit la pâte alimentaire Pastami, pour une capacité d’au minimum 40 tonnes de pâtes par jour. Mieux, son entreprise est toujours actionnaire dans le capital de la Banque Nationale de Développement Economique (BNDE).
Classé en 2017 parmi les cinq personnalités les plus riches du Sénégal par le magazine Forbes, Ameth Amar comptable de formation a connu une expérience en tant chef comptable avant de voler de ses propres ailes.
Fervent défenseur du secteur privé national, Ameth Amar ne se contente de créer des emplois, il se bat pour les entreprises nationales. Membre fondateur du Club des investisseurs sénégalais, il a aussi créé le Réseau des industriels du Sénégal.
par Abdou Diaw
ÊTRE USAGER DE BANQUE SOUS NOS CIEUX
Le décor qui s’offre devant les Gab des banques de la capitale sénégalaise est tout simplement austère avec de longues files de clients en attente devant ces guichets
Dans son rapport annuel 2017, présenté le 4 juillet 2919 au Conseil national du crédit du Sénégal, l’Observatoire de la qualité des services financiers (Oqsf) relevait une kyrielle de plaintes et de complaintes soulevées par des usagers des banques. Ces réclamations ont essentiellement porté sur la mobilité bancaire, le fonctionnement des Guichets automatiques de billet (Gab), les conditions d’octroi des prêts, les coûts des produits et services, la qualité du suivi des réclamations de la clientèle et l’adéquation de l’offre de produits et services bancaires par rapport aux besoins des usagers. Les résultats de la médiation de l’Oqsf, au terme de l’exercice 2017, confortent la récurrence de la problématique des entraves à la mobilité bancaire qui apparaissaient déjà au premier plan dans la typologie des réclamations des clients.
Qui parmi nous, pauvres clients, n’a pas subi les affres de sa banque d’origine au moment de vouloir rejoindre un autre établissement de crédit pour diverses raisons ? Oui, dans un environnement aussi concurrentiel que le système bancaire, c’est une perte énorme pour une banque de voir partir un client. C’est le portefeuille clientèle qui risque d’en pâtir. L’usager, face aux lourdeurs des procédures réglementaires, se lance ainsi dans un véritable parcours du combattant. Les banques vous font courir à gauche et à droite avant d’arriver au bout du processus de migration vers une autre institution financière. Non sans compter la paperasse exigée aux usagers.
Outre la mobilité bancaire, les usagers des banques souffrent également des dysfonctionnements, très fréquents, des Guichets automatiques de banque (Gab) qui étaient censés répondre aux attentes des clients las d’attendre devant les caisses. Le décor qui s’offre devant les Gab des banques de la capitale sénégalaise est tout simplement austère avec de longues files de clients en attente devant ces guichets. Cette situation qui agace les utilisateurs résulte d’un certain nombre de désagréments qui ont pour noms : panne électronique dans le système, perte de réseau, approvisionnement insuffisant en liquidité… Inutile de nous attarder sur les autres griefs qui provoquent lassitude et désarroi chez les usagers. Il s’agit de la qualité du suivi des réclamations de la clientèle, des conditions d’octroi des prêts et des coûts des produits et services.
Eu égard à tous ces désagréments que supportent les pauvres clients, les acteurs institutionnels en charge de la régulation et de la réglementation du système bancaire doivent se montrer plus rigoureux dans le contrôle des activités des banques. D’où l’importance de rappeler la mission assignée à la Commission bancaire de l’Union monétaire ouest-africaine (Umoa) consistant à contribuer à assurer une surveillance uniforme et plus efficace de l’activité bancaire. Plus loin, cette commission a vu ses pouvoirs élargis. Elle se charge ainsi de l’agrément et du retrait d’agrément des établissements de crédit, du contrôle des établissements de crédit et des systèmes financiers décentralisés et de la prise de mesures administratives et sanctions disciplinaires à l’encontre des établissements assujettis ou des dirigeants responsables. Dès lors, une question légitime se pose : que sont devenues les 19 mesures prises par la Bceao et relatives à un certain nombre de services bancaires qui devaient être offerts gratuitement par l’ensemble des établissements de crédit exerçant leurs activités dans les pays membres de l’Uemoa, en vigueur depuis le 1er octobre 2014 ? Est-ce qu’une évaluation a été faite pour mesurer l’efficacité d’une telle décision qui, à l’époque, a été bien saluée par les usagers ? Ces banques qui auraient enfreint ces mesures ont-elles été sanctionnées ? Les clients continuent-ils de recevoir gratuitement ces différents services dans leurs banques ? A chacun de faire son auto-évaluation.
Ces 19 mesures, pour rappel, portent, entre autres, sur l’ouverture de compte, la délivrance de livret d’épargne, la transmission de relevé de compte (une fois par mois), le relevé récapitulatif des frais annuels, le dépôt d’espèces dans la banque du client quel que soit le guichet (hors acquittement de frais de timbre fiscal), le retrait d’espèces dans la banque du client quel que soit le guichet, à l’exception des opérations par chèques de guichet. Sous ce rapport, il faut se réjouir du combat mené par l’Association des clients et sociétaires des institutions financières (Acsif) qui, malheureusement, faute d’une masse critique d’adhérents engagés, peine toujours à tordre le bras aux banques. Bien évidemment, le tableau est loin d’être tout noir. Des efforts sont consentis par certaines banques de la place qui se distinguent par leur professionnalisme et efficacité dans la prise en charge de leurs clients. Un constat confirmé par l’Observatoire de la qualité des services financiers qui, dans sa récente étude, faisait ressortir une légère progression de l’indice de satisfaction globale des usagers des banques passant de 54,8 % à 55,4 % entre 2011 et 2017.
Impossible de parler des usagers des banques sans évoquer cette autre catégorie de clients affiliés aux institutions de microfinance. Ceci fera certainement l’objet d’une autre réflexion.
BABACAR FALL RÉCLAME 800 MILLIONS AUX «VENDEURS»
L’affaire opposant le promoteur immobilier, Babacar Fall, aux personnes qui ont vendu les terrains aux victimes de la cité Gadaye de Guédiawaye a été jugée hier, devant la Cour d’appel
L’affaire opposant le promoteur immobilier, Babacar Fall, aux personnes qui ont vendu les terrains aux victimes de la cité Gadaye de Guédiawaye a été jugée hier, devant la Cour d’appel statuant en matière correctionnelle. En première instance, les prévenus poursuivis pour les délits d’association de malfaiteurs et d’escroquerie avaient été condamnés à un an ferme et à payer 800 millions de francs de dommages et intérêts à la partie civile. On leur reproche d’avoir vendu des terrains appartenant à la société Technologie 2000 de M. Fall.
Le procès de l’affaire de la destruction des maisons à Gadaye,sise à Guédiawaye, a atteint un nouveau palier. Jugé hier en appel, Babacar Fall a été condamné à payer 1 milliard de francs Cfa aux 253 victimes.
La condamnation pénale confirmée est passée de 2 ans à 6 mois de prison ferme contre le promoteur immobilier. C’est le délit de destruction de biens appartenant à autrui qui avait été retenu contre lui. Ainsi, il a perdu cette
bataille judiciaire, du moins pour l’heure, car la Cour suprême a été saisie de l’affaire. Mais dans le même temps, il y avait une autre procédure pour la même affaire. Seulement, celle-ci déclenchée par Babacar Fall vise les nommés Ibrahima Diop dit Pape, Ibrahima Diop dit God et Matar Diop. Ces derniers sont, en effet, accusés par le promoteur immobilier d’avoir vendu ses terrains à des tiers.
Les trois prévenus avaient été condamnés en première instance par défaut le 21 juillet 2016 à une peine d’un an de prison ferme.
La somme de 800 millions de francs Cfa leur a été infligée au titre de la réparation du préjudice subi par la partie civile. Le Tribunal avait également décerné un mandat d’arrêt contre eux. Le 1er août de la même année, lesieur Ibrahima Diop dit Pape fait appel. Tout le contraire des deux autres qui ont attendu le 12 juillet 2019 pour relever appel.
Débats houleux entre l’Avocat général et Me Abou Dialy Kane
Hier, devant la Cour d’appel statuant en matière correctionnelle, l’exception d’irrecevabilité de l’appel des deux a été rejetée par le juge. Parce que le délai qui est d’un mois pour relever appel n’a pas été respecté. Du coup, seul Ibrahima Diop dit Pape a comparu finalement. Et les débats ont été par moments très houleux.
En effet, l’Avocat général et un des avocats de la défense ont échangé des propos aigres-doux. A l’origine, Babacar Fall, partie civile, s’expliquait en français. Il sera vite interrompu par Me Abou Dialy Kane qui lui recommande de s’exprimer en wolof. Une attitude qui a dérangé l’Avocat général. «La partie civile est dans son droit. Elle parle la langue de travail. Vous ne pouvez pas nous obliger à parler wolof. Vous n’avez pas le droit», vocifère le magistrat Madiaw Diaw. C’est ainsi que le gendarme de l’audience, le juge, dira : «Comportons-nous en responsables ! On parle français. C’est ça le principe. C’est un interprète qui doit traduire, mais vous pouvez parler en wolof.»
«Vous n’avez pas à l’acculer»
Le promoteur immobilier n’a pas pu retenir ses larmes. «Vous n’avez pas à l’acculer», signifiera le représentant du ministère public à Me Abou Dialy Kane. Ce dernier lui demande : «Est-ce que vous avez un problème personnel avec moi ?» Il réplique :
«En l’espèce, oui. Toi et moi, ce n’est pas une affaire de femme ou d’argent qui nous oppose.» Un dialogue de sourds s’empare de la salle d’audience, obligeant le juge à faire observer des minutes de suspension afin de calmer les ardeurs. Alors, les excuses présentées par le maître des poursuites ont été acceptées par Me Abou Dialy Kane. Dans son réquisitoire, l’Avocat général a demandé la confirmation de la décision rendue par le premier juge. Selon lui, les prévenus poursuivis pour
association de malfaiteurs et escroquerie «se sont concertés pour vendre des terrains appartenant à M. Fall qui dispose d’unbail». D’après lui, la partie civile a acquis les terrains d’une superficie de 13ha auprès de Abdoulaye Diop, papa de Matar et de Ibrahima Diop dit God.Alors que selon les prévenus, les 4 hectares vendus aux victimes de Gadaye n’ont jamais été cédés à Babacar Fall.
Embouchant la même trompette, les conseillers du promoteur ont estimé que «les faits en l’espèce ne souffrent d’aucune contestation». Mes Djiby Diagne, Amadou Aly Kane et leur confrère ont ajouté que «les prévenus ont effectué des cessions illicites. Ils ont usé de fausse qualité pour céder les terrains de leur client, patron de la société Technologie 2000». Ainsi, ils ont plaidé la confirmation du premier jugement dans toutes ces dispositions.
En revanche, les avocats des mis en cause ont contesté la constitution de partie civile de M. Babacar Fall qui est «irrecevable». Ils ont parlé d’incohérence car, disent-ils, M. Fall n’a jamais disposé d’un bail sur le site. Pour eux, la partie civile n’a subi aucun préjudice. L’affaire est mise en délibéréau 12 août prochain.