La précipitation est toujours suivie de l’infortune. Ceci est encore plus vrai dans l’affaire Adama Gaye, interpellé chez lui lundi, 29 juillet, et mis en examen depuis par la justice sénégalaise pour « Offense au président de la République et atteinte à la sûreté de l’Etat ».Une arrestation arbitraire selon de nombreux défenseurs des droits de l’Homme d’autant plus que les motifs de la privation de liberté du journaliste sont pour le moins très flous.
Pour éclairer la lanterne des Sénégalais, le procureur de la République s’est fendu d’un communiqué ce lundi, 05 août, « Dans le souci de prévenir la propagation d’informations parcellaires ou inexactes ». Seulement voilà, Serigne Bassirou Guèye ne semble pas connaître pas tous les rouages du code pénal. « En ce qui concerne Adama Gaye, ses propos d’une indécence inouïe sur le Président de la République ont conduit à son inculpation sur la base de l’article 80 du Code pénal pour offense au chef de l’Etat. », a-t-il expliqué confondant les délits de l’article 80 et de l’article 254.
Car contrairement à ce qu’il a fait savoir dans sa grosse bourde, ce n’est pas l’article 80, consacré aux manœuvres et actes de nature à compromettre la sécurité publique ou à occasionner des troubles politiques graves qui réprime l’offense au chef de l’Etat. « L’offense au Président de la République par l’un des moyens énoncés dans l’article 248 est punie d’un emprisonnement de six mois à deux ans et d’une amende de 1 00.000 à 1.500.000 francs ou de l’une de ces deux peines seulement. », explique-t-on dans l’article 254 dédié aux délits contre la chose publique.
Sacré Procureur !
AIR SÉNÉGAL VA OUVRIR SON CAPITAL AUX INVESTISSEURS PRIVÉS
Le processus pourrait être déclenché dès l'année prochaine, selon le plan d’affaires de la compagnie qui projette d’atteindre le point d’équilibre financier à l’horizon 2022
Air Sénégal a besoin de plus de liquidités pour son développement. Le fleuron de l’aviation civile sénégalaise entend à cet effet ouvrir son capital aux investisseurs privés. Selon une information parue dans « La Lettre du Continent », Air Sénégal a mandaté la société de conseil financier “Lazard Frères” pour l’accompagner dans ce processus.
L’objectif à terme est d’accélérer son développement, et « d’être le leader du transport aérien ouest-africain » à partir de son hub régional de l’aéroport international Dakar Blaise Diagne.
En mars dernier, l'ancienne ministre sénégalaise des Transports aériens, Maïmouna Ndoye Seck indiquait déjà que l’objectif du gouvernement était de renforcer le capital de la compagnie à hauteur de 300 milliards de FCFA (contre un capital initial de 40 milliards de FCFA), et dont 20% reviendraient aux particuliers sénégalais. Des pourvoyeurs de fonds chinois et du Moyen Orient ont exprimé leur intérêt.
Le processus d’ouverture du capital d’Air Sénégal pourrait être déclenché dès l'année prochaine selon le plan d’affaires de la compagnie qui projette d’atteindre le point d’équilibre financier à l’horizon 2022. Elle vise 85 millions d’euros de chiffre d’affaires cette année et 300 millions d’euros en 2020.
Née sur les cendres de Sénégal Airlines, qui a fait faillite en avril 2016, Air Sénégal a timidement débuté ses opérations commerciales le 30 avril 2018 avec deux ATR72-600. En l’espace d’un an, la compagnie a acquis trois Airbus A319 et le premier des deux Airbus A330neo, le second appareil est attendu le mois prochain.
En plus de Ziguinchor sur le réseau domestique, elle dessert à ce jour Abidjan, Banjul, Bamako, Conakry, Ouagadougou, Niamey, Praia, Paris et Sal.
Air Sénégal prévoit d’ouvrir d’ici peu, Cotonou au Bénin et Douala au Cameroun, ainsi qu’une ligne transatlantique vers les Etats-Unis.
par Roseline Tekeu
EN AFRIQUE, LIRE DOIT ÊTRE LA NORME ET NON L'EXCEPTION
Les sociétés riches mettent sur un piédestal le droit au savoir pour tous. Elles reconnaissent qu’un bon citoyen, c’est un citoyen éduqué, un citoyen qui sait lire et écrire
Le Monde Afrique |
Roseline Tekeu |
Publication 05/08/2019
En Afrique subsaharienne, lire est un luxe. Sinon, comment expliquer que 92 % des enfants qui achèvent leur cycle primaire ne savent pas vraiment lire et écrire ? Pour avoir passé ma jeunesse dans la ville de Douala, au Cameroun, cet état de fait est loin de me surprendre. En effet, ma génération n’a bénéficié d’aucune bibliothèque publique. Seule l’Alliance française nous permettait d’assouvir notre passion pour la lecture. Mais un abonnement payant, sans commune mesure avec le niveau de vie des populations, éloignait de nombreux jeunes. Quant aux librairies, elles représentaient un maigre lot de consolation, du fait des prix exorbitants des livres. Bref, rien n’était fait pour vulgariser le livre, alors que plus on lit, plus on améliore son expression et sa compréhension.
Comme l’illustrent les exemples de Singapour et de la Corée du Sud, l’école joue un rôle efficace dans les stratégies de sortie de la pauvreté. Malheureusement, dans nos pays, beaucoup de jeunes sortent du système éducatif sans vraiment savoir bien lire et écrire. Inadaptation des formations (dont celle des enseignants), programmes d’enseignement extrêmement ambitieux, non-participation des parents… Les causes sont multiples et variées. Il en résulte un cercle vicieux tout à fait désastreux de pauvreté éducative qui produit une pauvreté économique, culturelle et sociale produisant de nouveaux laissés-pour-compte du système éducatif.
Sans se lancer dans des changements ambitieux du programme d’enseignement, principale caractéristique des réformes qui ont échoué au cours des précédentes décennies, pourquoi ne pas commencer en réfléchissant à des approches innovantes pour donner le goût de la lecture aux enfants ? Il est impératif d’explorer des solutions qui mettent les livres entre les mains des enfants, et ceci dès leur plus jeune âge. En effet, des pans entiers de la société ne peuvent toujours pas accéder aux livres, car la lecture n’est tout simplement pas un fait culturel de masse.
Pauvreté intellectuelle
L’amour de la lecture se nourrit de son entourage : il faut être entouré de personnes qui aiment lire ou écrire. Les enfants fonctionnent par mimétisme, d’où une forte corrélation entre le goût de la lecture et de l’écriture chez les parents et les enfants. Le goût de la lecture se nourrit également d’une fréquentation assidue des institutions culturelles, et en particulier des bibliothèques et médiathèques publiques.
Aux Etats-Unis, où je vis, on dénombre une bibliothèque pour 2 500 habitants ; en France, une pour 4 000 habitants. En Afrique du Sud, c’est une bibliothèque pour 11 210 habitants, au Bénin une pour 46 728 habitants, et seulement une pour 406 779 habitants au Cameroun. Les sociétés riches mettent sur un piédestal le droit au savoir pour tous. Elles reconnaissent qu’un bon citoyen, c’est un citoyen éduqué, un citoyen qui sait lire et écrire.
Pour enraciner le goût de la lecture dans nos sociétés africaines, l’idéal est sans doute que toutes les écoles aient une bibliothèque. Mais est-ce suffisant ? A quoi servent des bibliothèques remplies de bouquins que personne ne lit ? Il faut exposer les jeunes à la lecture en leur montrant ses bénéfices : curiosité, esprit d’initiative, etc. C’est à ce prix que nous réussirons à émerger de la pauvreté intellectuelle qui frappe nos sociétés et à changer les attitudes.
Mais comment bâtir une confrontation positive des jeunes des écoles primaires avec le monde des livres ? Comment faire naître une culture de la lecture quand celle-ci et l’écriture ne sont perçues que comme des obligations scolaires ? C’est une responsabilité qui n’incombe pas uniquement à l’école, mais aussi aux parents et à la société tout entière. Collectivement, nous devons nous efforcer de mettre tous les mécanismes et les structures en place pour accompagner les plus jeunes dans leur découverte et apprentissage de la lecture et de l’écriture.
Lire et écrire par mimétisme
D’après le psychologue américain Robert Cialdini, l’une des meilleures méthodes pour influencer le comportement des gens, c’est en les aidant à aborder une activité difficile comme une activité quotidienne. C’est ainsi que se déploie le mimétisme chez les enfants : il est « normal » de voir ses parents lire et écrire, donc lire et écrire ne sont pas des activités problématiques.
En tant que mère et spécialiste des questions éducatives, je recommande trois techniques essentielles à mettre en œuvre lorsque les enfants sont très jeunes et jusqu’à ce qu’ils sortent de l’école primaire :
Lisez avec eux, d’abord, car s’ils vous voient lire, ils auront tendance à lire.
Effectuez une visite hebdomadaire de la bibliothèque.
Et ne négligez pas les occasions comme le Library of Congress Book Fair, le plus grand salon du livre de ma région, à Washington, qui permet de rencontrer des auteurs et de faire dédicacer des livres.
Même dans un pays aussi capitaliste que les Etats-Unis, le pays de l’argent et du profit à tout prix, le gouvernement fédéral et les autorités locales accordent une importance toute particulière à la gratuité des bibliothèques. L’accent est mis sur l’égalité d’accès à l’information et au savoir. Omniprésentes, les bibliothèques mettent gratuitement à disposition de tous de gigantesques bases de livres et de publications.
C’est la même chose en France, un autre pays où j’ai vécu. Quelques points communs : gratuité et accessibilité sont des composantes intégrales du vécu culturel de ces nations. Parce qu’une société éduquée commence avec des gens éduqués. Ceci est aussi simple que le principe de l’éducation universelle est un acquis. Lire doit être la norme et non l’exception. Lire permet de s’affranchir et d’être véritablement libre.
Roseline F. Tekeu vit et travaille à Washington, où elle gère les projets de l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (Usaid) dans le domaine de l’éducation dans les pays en développement.
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SERIGNE MBACKÉ NDIAYE SE PRONONCE SUR LES AFFAIRES ADAMA GAYE ET GUY MARIUS SAGNA
Sur le site d'information Sénégal7, l'ancien ministre de Wade s'est prononcé sur les affaires Guy Marius Sagna et Adama Gaye, qui défraient la chronique depuis quelques jours.
LES CHEMINS DE FER AU SÉNÉGAL, PASSÉ-FUTUR D’UN IDÉAL D’INTÉGRATION
À Tambacounda, Saint-Louis, ou Thiès, le rail symbolise la nostalgie, un paradis considéré par certains comme perdu à jamais mais dont la mémoire particulière s’entretient d’autant plus que le présent ne peut proposer mieux
Sur les traces du rail au Sénégal, d’une ancienne ambition d’intégration territoriale, il reste un potentiel d’interconnexion encore intact. De Tambacounda à Saint-Louis, en passant par Guinguinéo, Thiès ou Dakar.
Dans ces différentes villes sénégalaises traversées par le chemin de fer, subsistent pour la plupart des infrastructures ferroviaires délabrées mais toujours aussi attachantes, qui témoignent d’une époque dorée dans ces localités qui ne vivaient que pour et par le chemin de fer.
Le rail symbolise dans ces zones la nostalgie, un paradis considéré par certains comme perdu à jamais mais dont la mémoire particulière s’entretient d’autant plus que le présent ne peut proposer mieux.
Erigé en 1885 par le colonisateur, le chemin de fer était le trait d’union entre les colonies françaises d’Afrique de l’Ouest, en prolongement du port de Dakar vers Saint-Louis, ancienne capitale de l’Afrique Occidentale française (AOF), et le Soudan français (Mali).
Le rail "représente la première infrastructure terrestre implantée au Sénégal", explique le géographe Lat Soucabé Mbow, dans son ouvrage "Quand le Sénégal fabrique sa géographie", publié en 2017 aux Presses universitaires de Dakar.
La ligne Dakar-Bamako, inaugurée en 1924 et exploitée aujourd’hui de manière conjointe par le Sénégal et le Mali à travers la société Transrail, "est la seule partie du réseau à résister à la concurrence de la route", souligne l’universitaire, agrégé de géographie et professeur des universités.
A Tambacounda, la grande ville servant d’entrée au Sénégal par l’est, un hôtel vétuste servant d’entrepôt et quelques cantines d’objets d’art résument le décor de la gare ferroviaire, désespérément déserte la plupart du temps.
Un bâtiment administratif, un dépôt destiné à l’entretien des locomotives et un hôtel avec huit chambres qui servaient d’habitat à certains employés à l’époque complètent ce premier tableau.
Sauf que l’emplacement de la gare ferroviaire de Tambacounda, au cœur de la capitale orientale du Sénégal, lui confère une position stratégique, en face du marché central, un atout pour les échanges commerciaux de plus en plus importants et diversifiés avec le temps, entre marchands trouvés sur place et passagers en provenance ou en partance pour le Mali par exemple.
En plus du transport des voyageurs et des marchandises entre ce Sénégal autrefois "oublié" et le reste du pays, cette ligne ferroviaire était très fréquentée par les touristes.
"La plupart d’entre eux empruntaient le train qui leur permettait de traverser le Sénégal en une journée", confie Mamady Coulibaly, guide touristique installé à la gare.
La situation a fortement changé en l’espace de quelques années, avec des installations aux fenêtres rouillées et aux portes vétustes, un hôtel aux murs fissurés servant d’entrepôt à la direction régionale de la gare ferroviaire de Tambacounda. Pas étonnant pour des installations datant de 1923.
La vétusté des lieux et la rareté du train peuvent être la cause de départ de plusieurs commerçants qui gagnaient leur vie en tenant des boutiques d’objets d’arts ou de restauration.
La gare routière de Tambacounda a accompagné l’évolution de la ville
Alioune Bocar Dia tient l’une des rares boutiques faisant partie encore du décor de la gare. Il est spécialisé dans la vente d’assiettes en verre ou en porcelaine et de tapisseries venant des pays arabes.
"Il y a un plus de dix ans, la gare était très animée. En plus d’être un lieu de vente et d’achat, elle faisait office de retrouvaille entres amis", rappelle celui qui a repris la boutique de son défunt père.
La gare témoigne de l’évolution de la commune de Tambacounda dont elle a contribué à fixer progressivement les populations autour d’elle avec les échanges commerciaux et en attirant d’autres nationalités, Maliens et Burkinabés, notamment, renchérit Al Fousseini Kanouté, voisin d’Alioune Bocar Dia.
Pour la moindre ambiance, "il faut être à la gare ferroviaire avant 11 heures. Sinon, il n’y a que les cantines et nous les restauratrices qui cherchons notre gagne-pain entre 12 heures et 15 heures", souligne Aminata Soumaré, tenancière d’une gargote en ces lieux.
Les clients de Mme Soumaré se résument aux occupants des trois cantines d’objets divers, à sa voisine en face d’elle qui expose du matériel domestique tel que des fourneaux, encensoirs ou balais.
"En compagnie de ma nièce, je passe mes demi-journées ici, pour tenir mon commerce qui peine à prospérer. C’est vraiment différent de l’époque où on voyait passer le train express, rempli de clients et de marchandises en provenance de Dakar ou des pays de la sous-région", dit la gargotière qui avait quitté sa ville Kédougou (sud-est), dans les années 1990, pour s’installer à Tambacounda.
Au-delà de ce décor immédiat, il y a la disgrâce des rails à l’origine d’une régression notoire du trafic ferroviaire.
"Le passage d’un train par jour ou parfois aucun passage ainsi que l’allongement de la durée de trajet à 48 heures de Dakar à Tambacounda ont participé à la déchéance de la gare", relève Mamadou Ba qui fait office de chef de gare.
Surtout qu’aucun chantier n’a été entamé allant dans le sens de rénover les locaux et de rétablir la ligne Tambacounda-Dakar et surtout celle liant Tambacounda-Kidira.
Selon M. Bâ, le manque de moyens logistiques explique le retrait en 2009 de l’Express et de l’Omnibus, des trains destinés aux passagers. Il ne reste uniquement que les trains de fret.
Et à en croire l’aiguilleur Ahmadou Bamba, toutes ces difficultés ne seraient qu’un lointain souvenir, s’il y avait eu un renouvellement du transport ferroviaire par la mise en place de nouveaux rails et de trains neufs.
Rien pourtant qui puisse décourager Fatimata Ndiaye, sexagénaire native de Kaolack mais installée à Tambacounda où elle tient un commerce depuis 1998.
A l’époque, le train express du corridor Dakar-Bamako fonctionnait à merveille permettant d’écouler sans grande difficulté les marchandises, rappelle avec nostalgie "mère Ndiaye", entourée de ses marchandises constituées d’éventails, de fourneaux ou de paniers en paille.
Sous un parasol pour se protéger du soleil, elle monte à la gare pendant plus de dix heures par jour. C’est à croire que son affaire marche, mais tel n’est pas le cas, selon la vieille dame.
"C’est un travail qui demande beaucoup trop d’effort physique. Il faut trouver de la bonne paille pour confectionner les paniers et de la ferraille pour les fourneaux ou les fers à repasser. Ensuite vient la main d’œuvre qui est très chère", explique Mme Ndiaye.
"Nous étions quelques femmes à contribuer chaque jour au succès de la gare avec la vente de nos objets", avec un chiffre d’affaires pouvant atteindre "50 000 FCFA la journée", se souvient "Mère Ndiaye" qui, de ses propres aveux, peine désormais à rentrer chez elle avec "20 000 FCFA".
"Les commerçantes ne sont plus là, elles ont toutes quitté avec l’arrêt du train"
A l’en croire, les femmes qui opéraient à la gare routière de Tambacounda ne manquent ni d’ambition ni d’idées et proposent des objets originaux. "Malheureusement, elles ne sont plus là. Elles sont toutes parties à cause de l’arrêt des trains, me laissant seule", se désole-t-elle.
A l’origine, "Mère Ndiaye" s’investissait non dans la vente d’objets domestiques mais plutôt dans l’aménagement de la gare et de ses environs à travers l’identification des emplacements des boutiques et cantines, de concert avec l’administration.
"Je travaillais avec l’hôtel de la gare en amenant des clients désirant ouvrir des boutiques", renseigne Fatimata Ndiaye, décidée à rester à Tambacounda pour y continuer son commerce malgré la baisse continue de son chiffre d’affaires.
Après Tambacounda en partance vers Dakar, Guinguinéo est une étape importante du chemin de fer sénégalais, une commune rurale qui doit tout ou presque aux rails.
Avec une dizaine de rotation des trains voyageurs et de marchandises, toute une économie s’était bâtie autour du train à Guinguinéo, commune rurale polarisant une trentaine de villages dont la vie des populations dépendait en partie ou entièrement du rythme des chemins de fer.
L’ancien chef de sécurité à la Société nationale des chemins de fer, Djibril Dia égrène ses complaintes depuis l’arrêt, en 2003, des activités de transport ferroviaire à la suite de la privatisation de la SNCF, qui a bouleversé la vie des milliers de cheminots et de leurs familles mais aussi de personnes dont les activités sont liées aux rotations du train.
"Avec le train, les femmes se rendaient le matin à Kaolack pour faire le marché et revenir vers dix heures, aujourd’hui nous n’arrivons plus à trouver des poissons de qualité tout comme des légumes" frais en provenance de Dakar, indique le vieux Dia, parti à la retraite en 1993 après 39 ans de service.
Cette ligne dite régulière a été instaurée lors de la colonisation française par "les Blancs" au profit de leurs femmes qui se rendaient par ce moyen à Kaolack pour faire leur marché et revenir faire le repas du midi, selon Djibril Dia.
Elle a été maintenue "après la colonisation et nos femmes l’utilisaient pour les mêmes besoins", ajoute-t-il
Outre la qualité de l’alimentation qui a pâti de l’arrêt des rotations du train, selon le vieux Dia, une autre difficulté est liée à la fermeture des deux centrales d’achats d’arachide de la ville, qui arrivaient par jour à convoyer des tonnes d’arachide vers Dakar en provenance de Kaffrine.
C’est dire que l’importance du train se mesurait sur le plan social, surtout liée au fait que les chemins de fer facilitaient le transport des petites bourses et le ravitaillement des villes traversées.
Les infrastructures rappelant ce bon vieux temps continuent de faire partie du décor de Guinguinéo : la gare, le grand hangar faisant office de dépôt ainsi que les logements sont visibles sans oublier les rails.
"Ce n’est pas seulement Guinguinéo qui souffre, mais toutes les villes sur la ligne Dakar-Tambacounda"
L’ancien contrôleur de train Mame Moussé Diop fait le même constat amer concernant les conséquences négatives de l’arrêt du train. Selon lui, "ce n’est pas seulement Guinguinéo qui en souffre mais toutes les villes situées sur la ligne Dakar-Tambacounda".
Il convoque également une époque aujourd’hui révolue, lorsque les femmes des villages environnants de Guinguinéo se rendaient à Dakar par le train pour vendre leur arachide ou mil et revenir le soir avec des légumes frais et autres produits halieutiques.
Le vieux Dia se dit surtout dépité par l’état de délabrement avancé des logements naguère affectés aux cheminots dont la majorité a quitté Guinguinéo.
Il estime que ces bâtiments dressés aux alentours de la gare devraient être cédés aux familles des cheminots restés sur place.
La Société nationale des chemins de fer (SNCF) du Sénégal disposait de 17 machines qui fonctionnaient, sans compter wagons et autorails, tous cédés à un prix dérisoire au repreneur canadien à 15 milliards de francs CFA, selon Mame Moussé Diop.
Selon ces dires, ces derniers, après deux ans d’exploitation, ont fait une bonne affaire en les revendant à 65 milliards CFA.
Pourtant, rien que pour assurer au moins la prise en charge des agents en activité, ces biens n’auraient jamais dû être vendus, soutient-il, d’autant qu’il il y avait un trafic naissant portant sur l’exportation de sel vers le Mali, au cours de cette période de privatisation.
Pour le vieux Dia, qui appelle de tous ses vœux à une renaissance des rails, le mal des chemins de fer n’est pas si profond que cela au Sénégal, sans compter que le train a l’avantage de faire moins de dégâts que les véhicules impliqués toujours dans les nombreux accidents enregistrés, dit-il.
Il donne l’exemple d’une de ses sœurs qui, de l’arrêt du train en 2003, à sa mort survenue récemment, ne s’est plus jamais déplacée de Louga à Guinguinéo pour lui rendre visite.
"Elle avait une peur bleue de la voiture et ne connaissait que le train. Des exemples pareils ne manquent pas, car nous ne connaissions que le train", souligne l’ancien chef de sécurité.
Il veut malgré tout rester réaliste. Une renaissance du train Dakar-Bamako, le vieux Dia n’y croit pas trop, car "il est difficile de ressusciter un mort, un malade on peut le soigner mais les rails sont morts".
Mame Moussé Diop est plus optimiste et juge la réhabilitation viable. Il faut seulement mettre en avant les compétences et commencer par une reprise timide de l’activité, préconise l’ancien contrôleur.
"Il serait onéreux d’un coup de mettre 750 milliards pour le démarrage mais au profit de la coopération avec des pays comme la Mauritanie où il y a des machines, l’Etat peut négocier pour une reprise de l’activité", dit-il.
Selon lui, vu l’état actuel des rails avec des locomotives ne pouvant rouler qu’à 40 km à l’heure, il serait préférable d’en acquérir des neufs afin d’atteindre la vitesse de 60 km à l’heure acceptable pour un train voyageur.
Même l’occupation du domaine ferroviaire dans certaines villes ne doit pas être à ses yeux un obstacle au projet de réhabilitation. Il propose simplement le déguerpissement des occupants illégaux qui empiètent sur ce domaine car "15 mètres à gauche et autant à droite sont la propriété des chemins de fer".
En tous cas, assure-t-il, avec les services de l’exploitation, de la voie et de la sécurité, il n’y a pas meilleur créneau pour créer des milliers d’emplois.
Thiès, "capitale du rail, ville rebelle"
La dimension économique et sociale du chemin de fer ne résume pourtant pas toutes les implications du chemin de fer au Sénégal, en particulier dans le cas particulier d’une ville comme Thiès, à l’ouest du Sénégal.
Thiès, "capitale du rail", doit cette appellation ainsi que sa réputation de "ville rebelle" au rôle qu’elle a joué sur le plan syndical, avec la grève des cheminots de 1947, puis politique, ce mouvement social ayant été les prémices des revendications indépendantistes.
Le mouvement des cheminots en 1947 avait comme motif principal l’égalité salariale entre techniciens noirs et blancs.
La lutte ayant abouti à l’indépendance du Sénégal et de certains pays d’Afrique de l’Ouest est aussi partie de la grève des cheminots dont la victoire syndicale a contribué à faire naître une prise de conscience sur le caractère insupportable de la domination coloniale. Cela a abouti à la formulation et à la multiplication de revendications indépendantistes.
Dans cette perspective, le chemin de fer a favorisé un réel brassage entre populations des pays traversés par la ligne Dakar-Niger, dont une bonne partie s’est installée à Thiès. Certains patronymes très répandus au Mali et au Niger en constitue encore l’héritage historique dans la capitale du rail.
C’est que le dispositif ferroviaire s’organise suivant deux axes se rejoignant à Thiès, relève Lat Soucabé Mbow, agrégé de géographie et professeur des universités, dans son ouvrage "Quand le Sénégal fabrique sa géographie".
Il cite l’axe ouest-est, long de 645 km et reliant depuis 1924 Dakar et Kidira à travers les régions de Thiès, Diourbel, Kaolack, Kaffrine et Tambacounda, avec un prolongement jusqu’à Bamako et Koulikoro au Mali.
Le deuxième axe sud-nord, étiré sur 193 km entre Dakar et Saint-Louis, traverse les régions de Thiès, Louga et Saint-Louis.
Selon le professeur Abdoul Sylla de l’Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN), un institut de recherche de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar, la gare de Saint-Louis, de niveau R+1, est devenue fonctionnelle en 1908.
Située à 100 mètres du marché de Sor et du pont Faidherbe de Saint-Louis, cette gare aujourd’hui à l’abandon, abrite des cantines de commerçants du marché, ainsi qu’un centre d’accueil des enfants de la rue en difficulté.
par BOY CASA
NOCES AU PALAIS, LES SÉNÉGALAIS TRINQUENT
Pendant toutes ces années, le président qui savait abuser de certaines dépenses de l’Etat a préféré ne rien faire pour arrêter le gaspillage. Il fallait donc attendre que les caisses soient vides pour que l’homme qui nous gouverne bouge de son lit
Alors que le pays fait face à une tension de trésorerie aigüe, marquée par des problèmes de solvabilité et de planification budgétaire, imputables sans aucun doute à l’incompétence de l’actuel gouvernement et à la bamboula au haut sommet de l’Etat, le président de la République, toute honte bue, se permet de jouer avec l’intelligence des pauvres Sénégalais.
En marge de la cérémonie de lancement officiel du Programme d’appui à la modernisation de l’administration (Pama) au Centre international Abdou Diouf de Diamniadio, ce lundi 5 août, le chef de l’Etat, a vainement cherché à corrompre les Sénégalais avec des simulacres de remontrances à l’endroit de ses ministres en déplorant hypocritement le train de vie de l’Etat dont il est la principale locomotive. « De 2012 à maintenant, nous avons dépensé plus de 307 milliards francs CFA pour l’achat de véhicules. Je ne parle pas des entretiens, de la consommation de carburant », a-t-il tristement avoué. « Malgré les efforts qui ont été faits, poursuit-il, nous continuons d’enregistrer beaucoup de dépenses. On a évalué les factures de téléphone de 16 à 17 milliards par an pour les agents de l’administration ». Et c’est maintenant que le lion se réveille de son sommeil profond pour s’alarmer ? De qui se moque-t-on finalement ? Pendant toutes ces longues et difficiles années, le président qui savait abuser certaines dépenses de l’Etat a préféré ne rien faire pour arrêter le grand gaspillage. Il fallait donc attendre jusqu’à ce que les caisses de l’Etat soient totalement vides pour que l’homme qui nous gouverne bouge de son lit.
Le pays n’a plus d’argent
Maintenant qu’il ne reste aucun sous dans les coffres de l’Etat, que le niveau des recettes soit extrêmement bas par rapport aux dépenses très élevées, il ne reste qu’à appeler les Sénégalais à se serrer la ceinture. Le prix du ciment vient de grimper avec une hausse de 5 000 Fcfa sur le montant de la tonne. La Direction du commerce intérieur évoque un programme de logements sociaux pour tenter de justifier l’augmentation du prix du ciment, mais la réalité est autre. Le pays n’a plus d’argent et n’attire plus les investisseurs. La preuve, la Banque africaine de développement (BAD) a récemment approuvé un prêt de 8,6 milliards de Fcfa au profit de l’Etat du Sénégal pour renforcer la mobilisation des ressources internes ainsi que l’attractivité des investissements dans les secteurs stratégiques du PSE, lequel plan ne bluffe plus personne. L’Etat sénégalais à l’heure actuelle est dans l’incapacité de faire face à toutes ses dettes échues ou à ses engagements financiers. Il doit 247 milliards de francs CFA à la Société sénégalaise d’électricité (Senelec) et c’est juste un petit exemple.
EXAMEN DE DEUX DÉCLARATIONS DE MACKY SUR LES SALAIRES ET LA DETTE PUBLIQUE
Le 1er mai 2019, le président a souligné, face aux leaders syndicaux, un déséquilibre dans les dépenses publiques caractérisé par des charges qui n’autorisent guère l’investissement public - Qu'en est-il en réalité ?
Africa Check |
Birame Faye et Samba D. Badji |
Publication 05/08/2019
Le 1er mai 2019, le président sénégalais Macky Sall a souligné, face aux leaders syndicaux, un déséquilibre dans les dépenses publiques caractérisé par des charges qui n’autorisent guère l’investissement public, à partir de ressources internes.
« Aujourd’hui, la masse salariale annuelle est à 860 milliards, compte non tenu des agences et assimilées. Les agences à elles seules ont une masse salariale annuelle de plus 140 milliards. Au total, ça fait 1000 milliards à payer en termes de salaires », a répondu le Président Macky Sall aux leaders d’organisations syndicales, lors de la présentation des cahiers de doléances, le 1er mai 2019.
Le chef de l’Etat sénégalais avait aussi indiqué que « le service annuel de la dette est presque à 864 milliards ».
D’où tient-on ce tableau des finances publiques ?
Africa Check est entré en contact avec le pôle communication de la Présidence de la République. Son coordonnateur, El Hamidou Kassé (qui n’occupe plus cette fonction), nous a dirigé vers le « ministère des Finances et du Budget ».
Le document indique que la rémunération des salariés était estimée à 682 milliards de francs CFA en 2018. Ce qui, selon le rapport, représente une hausse de 13,7 % par rapport à l’année précédente.
Le poids des salaires a augmenté sous l’effet des accords signés avec les syndicats, selon la Loi de finances rectificative 2018 qui, quant à elle, indique que la masse salariale était de 683 milliards de francs CFA en 2018.
Le document indique « qu’en fin décembre 2018, la masse salariale cumulée s’est établie à 681,88 milliards de francs CFA ».
Cela représente un taux d’exécution de « de 99,8 % par rapport à la prévision de la LFR pour l’année 2018 », précise le rapport.
Les données du rapport trimestriel d’exécution budgétaire du quatrième trimestre 2018 sont identiques à celles d’un document de la Direction de la Solde consulté par Africa Check.
Le rapport trimestriel d’exécution budgétaire du quatrième trimestre 2018 indique qu’à la date du 31 décembre 2018, il y avait 88 organismes publics autonomes dont 50 agences et structures administratives similaires ou assimilées, 21 établissements publics de santé et 17 établissements d’enseignement supérieur publics et centres des œuvres universitaires.
Selon le document, « le budget cumulé de ces unités extra budgétaires est arrêté à 1 425,056 milliards de francs CFA, répartis entre fonctionnement (540,326 milliards, soit 37,92 % du montant total) et investissement (884,730 milliards, soit 62,08 %) ».
Le rapport indique que « les prévisions pour la masse salariale » de ces organismes publics (y compris les agences et structures administratives similaires ou assimilées) « sont évaluées à 139,807 milliards de francs CFA ».
En revanche, selon des données qu’Africa Check a obtenues du ministère des Finances et du budget, la masse salariale des agences et autres organismes publics autonomes était de 125,127 milliards de francs CFA en 2018 avec une prévision de 137,202 milliards de francs CFA pour 2019.
La cellule de communication du ministère des Finances et du Budget souligne que « les 1000 milliards de francs CFA indiqués par le Chef de l’Etat, le 1er mai 2019, intègrent les salaires du secteur parapublic, agences, établissements publics, etc. ».
Africa Check a également obtenu de la cellule de communication du ministère des Finances et du Budget, le montant des salaires des contractuels de l’Education et de la Formation. Celui-ci est de « 59.221.012.000 F CFA au titre de la LFR 2019 ».
« La composition est la suivante : 52.171.012.000 pour les professeurs et maîtres contractuels de l’Education nationale,1.630.000.000 pour les primes des maîtres contractuels et 5.420.000.000 pour les contractuels de la Formation professionnelle », est-il précisé.
Sur la base des différentes données disponibles, la masse salariale globale (fonction publique et organismes publics autonomes) fait environ 939,8 milliards de francs CFA et non 1 000 milliards comme l’a indiqué Macky Sall.
D’autant que le président sénégalais affirme que la masse salariale annuelle des agences est chiffrée à plus de 140 milliards de francs CFA, alors qu’elle n’atteint pas en réalité ce montant.
Ce que la Banque mondiale disait de la masse salariale du Sénégal en 2014
Dans le rapport Situation économique du Sénégal 2014, publié en décembre 2014, la Banque Mondiale faisait quelques précisions sur la masse salariale du Sénégal. L’institution indiquait ainsi que « seuls les fonctionnaires sont pris en compte dans les statistiques officielles ».
« Ces statistiques omettent, donc, les enseignants contractuels dont le nombre équivaut à 40 % de la totalité de la fonction publique », poursuit la Banque qui souligne par ailleurs que les employés des agences, des universités, des hôpitaux et des projets de développement financés par l’aide extérieure sont également exclus, alors qu’ils représentent 10 % de la totalité des fonctionnaires ».
Partant de là, l’économiste Mady Cissé estime qu’il n’est pas exclu que la masse salariale dépasse les 1000 milliards F CFA évoqués par le président sénégalais pour se situer à 1 114 milliards.
La Banque Mondiale notait également qu’ « alors que les chiffres officiels indiquent que la masse salariale du Sénégal est conforme au seuil de 35 % des recettes, tel que fixé par l’UEMOA, les corrections laissent voir qu’elle est manifestement au-dessus de 40 % ».
Dans cette hypothèse, souligne Mady Cissé « si on prend les recettes fiscales prévues dans le budget de 2019, estimées à 2 534 milliards de francs CFA, si on applique le taux de 40 %, on aura une masse salariale de 1 013 milliards de F CFA, légèrement plus élevé du chiffre de l’autorité ».
« En réalité, indique l’économiste, l’Etat veut respecter la norme UEMOA, masse salariale/ recettes fiscales = 35%. De ce fait, une bonne partie des salariés ne sont pas traités dans la masse salariale des fonctionnaires, et de ce fait, l’Etat peut respecter virtuellement la norme UEMOA » .
Toutefois, toutes les données consultées par Africa Check donnent une masse salariale en deçà de 1 000 milliards de francs CFA.
Lors de son face à face avec les organisations syndicales, le Président Sall a également souligné que « le service annuel de la dette est presque à 864 milliards » de francs CFA.
Le journaliste Abdou Diaw, animateur de la rubrique Comprendre les termes de l’Economie dans le quotidien sénégalais Le Soleil, précise que « des paramètres sont pris en compte dans la détermination du service de la dette. Il s’agit du volume de la dette, mais aussi du taux d’intérêt avec lequel l’Etat a négocié son endettement auprès des créanciers et l’échéance pour rembourser cette dette ».
Que disent les données disponibles sur le service de la dette ?
Le rapport sur la Situation économique et financière 2018 et perspectives 2019, publié en novembre 2018 prévoyait que « l’encours de la dette publique totale devrait s’établir à 6 467,6 milliards de francs CFA au terme de l’année 2018 ».
Et pour l’année 2019, les prévisions sont de 6 902,3 milliards francs CFA, selon le même document.
Pour ce qui est du service de la dette, la loi de finances rectificative 2018 indique que celui-ci est de 882 milliards de francs CFA en 2018.
Le rapport d’exécution budgétaire du quatrième trimestre 2018 précise toutefois que « le montant ordonnancé au 31 décembre 2018 au titre du service de la dette (dette de maturité supérieure à un an) s’élève à 829,71 milliards de francs CFA, soit un taux d’exécution de 94,1 % des prévisions de la LFR 2018 arrêtées à 882 milliards de francs CFA ».
Pour ce qui est de 2019, aussi bien la loi de finances initiale que la loi de finances rectificatives prévoit un service de la dette de 863,17 milliards de francs CFA.
Le montant avancé par le président sénégalais est donc globalement correct.
Quels impacts sur l’économie du pays ?
Dr Thierno Thioune a expliqué à Africa Check que « si un pays réalise des excédents commerciaux, ceux-ci serviront à rembourser sa dette, transformant positivement tous les indicateurs ou ratios budgétaires, voire économiques ».
Mais l’inverse (déficits commerciaux) est à redouter dans la mesure où cela va constituer « une pression importante sur les finances publiques », prévient-il
Il précise que « plus que l’encours de la dette, c’est le ratio de l’encours de la dette par rapport au PNB (Produit national brut) et le ratio du service de la dette publique extérieure aux exportations qui donnent une évaluation de la soutenabilité de la dette ».
Et d’avertir que « si on ne surveille pas le service de la dette, il sera quasiment impossible de l’honorer et certainement le pays pourrait ainsi tomber dans un cercle vicieux de l’endettement international ».
L’économiste indique par ailleurs que « le record absolu fait par le Sénégal récemment, qui voit sa dette dépasser les 6 000 milliards de francs CFA, est la conséquence des dettes chères que le Sénégal a contracté ces dernières années à des taux de 8,75 % sur 10 ans et de 6,25 % sur 16 ans ».
Ce qui, selon lui, « constitue un lourd fardeau pour les finances publiques et laissera peu de marge de manœuvre pour les choix de politiques économiques ».
LE PROCUREUR DONNE DE LA VOIX
Serigne Bassirou Geuye dit vouloir prévenir, à travers un communiqué, « la propagation d’informations parcellaires ou inexactes » sur les motifs de l’arrestation des nommés Guy Marius Sagna et Adama Gaye
Serigne Bassirou Geuye rétablit la vérité sur les arrestations de Guy Marius Sagna et Adama Gaye. Dans un communiqué envoyé par les services du ministère de la Justice, le maitre des poursuites met les points sur les « I ».
Selon lui, depuis quelques jours, des informations circulent sur les motifs de l’arrestation des nommés Guy Marius Sagna et Adama Gaye. Ainsi, dans le souci de prévenir sur ce qu’il appelle « la propagation d’informations parcellaires ou inexactes », le Procureur explique que « Guy Marius Sagna est poursuivi du chef de diffusion de fausses nouvelles suite à ses déclarations selon lesquelles la France préparait un attentat contre le Sénégal. De telles déclarations, au-delà de leur caractère faux et de la psychose qu’elles créent, peuvent avoir des conséquences graves sur la tranquillité et la sécurité des citoyens et des étrangers vivant au Sénégal. »
S’agissant d’Adama Gaye, Serigne Bassirou Geuye estime que « ses propos d’une indécence inouïe sur le Président de la République ont conduit à son inculpation sur la base de l’article 80 du Code pénal pour offense au chef de l’Etat ».
«J'AI CONSCIENCE QUE ÇA VA ETRE TRES DIFFICILE, MAIS J'AI ACCEPTE UN CHALLENGE»
Après sa nomination au poste de sélectionneur, en remplacement d’Adidas dont le contrat n’a pas été renouvelé, Moustapha Gaye a rencontré la presse, samedi dernier, à la fin de son premier galop
Après sa nomination au poste de sélectionneur, en remplacement d’Adidas dont le contrat n’a pas été renouvelé, Moustapha Gaye a rencontré la presse, samedi dernier, à la fin de son premier galop, à Dakar Arena, où il a décliné ses ambitions pour le renouveau de l’équipe nationale masculine de basket du Sénégal.
«J'ai reçu un appel du président (Me Babacar Ndiaye) et du Directeur technique national (Maguette Diop). J'ai eu juste deux heures de temps pour discuter avec mes proches, pour donner mon accord vers 23 heures. C'est une situation difficile, parce que moi je n'ai jamais été dans des dispositions de travailler avec les garçons. Je suivais l'équipe en tant qu'observateur, en tant que Sénégalais. C'est un peu ça qui m'a amené les difficultés pour confectionner la liste. Parce que ça m'a pris de court. Quand le président et le DTN m'ont appelé, on s'est mis à table pour discuter, pour avoir des discussions avec mes proches, dont ma famille, repréciser un peu les objectifs de l'équipe nationale. Parce qu'il n'était pas question pour moi de travailler pour un mois. Il fallait m'assurer que l'objectif, c'était 2021. Cela étant confirmé, j'ai donné mon accord. Parce qu'on était dans une situation de blocage. Ça ne m'apporte pas grand-chose de reprendre cette équipe nationale. Parce que 18 ans en arrière, j'ai été le coach garçons. En 2001, j'étais au Maroc avec les Desagana, Mamadou Ndiaye. Je ne suis pas novice dans le milieu. Je ne souhaitais pas à coach Adidas et à la Fédé d'arriver à ce point-là. Mais moi on m'a mis dans une situation de non-retour à laquelle il fallait trouver une situation. J'étais très honoré qu'ils aient pensé à moi.
Confection de la liste
Quand il s'agit du maillot, c'est vrai que je réfléchis, mais je ne réfléchis pas beaucoup. J'ai déjà dit à Maurice (Ndour) que si le drapeau national ne peut pas motiver quelqu'un, aucun discours ne peut le motiver. Ça s'est passé tellement vite qu'il était difficile, dès le lendemain mercredi, de se remettre au travail. Mais c'est une fierté, au-delà de toute considération, de pouvoir travailler pour son pays, dans le domaine que je sais faire, à savoir le basket et l'enseignement». «Dèsle lendemain, avec mon staff, on s'est réuni pour arrêter une liste de 24 joueurs, qu'il fallait envoyer à la FIBA et qui était une pré-liste, dans laquelle il fallait puiser des joueurs pour faire le premierstage. Malheureusement, je crois qu'il y a eu une mauvaise interprétation. Entre temps, j'ai continué les investigations. Pendant 24 heures, je n'ai pas dormi. J'ai continué à travailler, à demander et à m'informer pour avoir d'autres joueurs. C'est ainsi que la liste a été réactualisée (…) Après, je me suis dit qu'il faut revoir Xane. Parce que ma première réflexion, c'était 2021. Il fallait y aller avec des gens qui ont des jambes pour tenir jusqu'en 2021. J'ai dit ce que nous avons ici, je ne suis pas sûr que Xane, en ce moment-là… Mais après que j’ai discuté avec des gens, je me suis dit qu'on va aller à la Coupe du monde avec la meilleure équipe possible, faire le meilleur résultat pour prétendre aux Jeux olympiques. J'ai pris moi-même mon téléphone, j'ai appelé Xane. Je lui ai dit que c'était ma décision de ne pas le prendre. Je lui ai dit que ‘je reviens à toi pour savoir ton degré de motivation, si tu es partant. Quand tu seras à Dakar, les yeux dans les yeux, je te parlerai de ce que j'ai fait’. Moi je n'ai pas peur d'assumer mes choix. Il m'a dit ‘coach OK, je suis partant’. Je prends Lamine Sambe et je lui ai tenu le même discours. Il faut que les joueurs comprennent qu'eux, c'est tirer, shooter, courir et défendre. Et nous, c'est choisir. Je ne demande la permission à personne pour choisir quelqu'un. Je choisis les joueurs que je veux. Le passé d'un joueur, je le respecte, je l'admire. Mais le futur appartient à celui qui décide. Et c'est ça le problème au Sénégal. Tout le monde veut se mettre à la place de celui qui décide. Pour ceux qui me connaissent, je décide en âme et conscience et j'assume tout ce qui a été fait».
Gorgui Sy Dieng
«Avant-hier soir (jeudi), Gorgui Sy Dieng m'appelle à 23 heures. On a discuté au téléphone pendant quelques minutes. Hier (vendredi), on était de 11 heures à 12 heures, quelque part. Il n'y a pas plus patriote que Gorgui. Je ne connaissais pas ces joueurs-là. J'ai découvert des joueurs matures et très consciencieux. Gorgui a été d'une délicatesse et d'une courtoisie qui m'ont beaucoup marqué. Je ne pouvais mettre en doute ce qu'il m'a dit. Avant qu'on me nomme, le président m'a dit, attention, Gorgui a émis le souhait de ne pas participer au Mondial. Donc, moi en prenant l'équipe, on m'a déjà informé que Gorgui ne sera pas là. C'est une précision de taille. Hier (vendredi), il s'est déplacé pour discuter avec moi pendant une heure de temps.A16 heures, il m'a rappelé. Parce qu'on s'est entendu sur certaines choses. Et je lui ai accordé ce qu'il m'a demandé. Pour dire qu'il n'y a aucun nuage entre lui et moi. Sa délicatesse et sa courtoisie me donnent l'espoir pour des lendemains meilleurs (…) Je compte sur des gens qui veulent jouer pour leur pays. Au Sénégal, on a tendance à valoriser ceux qui ne sont pas là. Je remercie les joueurs qui sont là pour leur dévouement, je les félicite. Je suis très content de ce que j’ai en main. Et on va travailler avec ceux qui veulent jouer pour leur pays».
Capitanat à Maurice Ndour
«Avant d'échanger avec Gorgui, j'ai d'abord eu une discussion avec Maurice Ndour. J'avais entendu des choses sur ce monsieur. Mais il faut lui tirer le chapeau. Hier, il devait retourner en Europe. Il avait un programme social etsportif qui était impératif. J'ai engagé des discussions pour lui faire part de ce j'attends de lui. Itou pour Mohammed et autres. Parce que je place un grand espoir en eux. Mais je mets le doigt sur leurs obligations. Je ne chercherai jamais à plaire à un joueur. Mais je leur ferai savoir que mon attente est une implication dansla vie de l'équipe en dehors et sur le terrain. Voussavez que ça fait longtemps qu'on cherche la Coupe d'Afrique. On a tous les bons joueurs qu'il fallait, on n'a jamais gagné. Et pour moi, la solution, c'est de revenir à un autre état d'esprit. Quand on m'a confié les 'Lionnes', en 2008, je suis parti à Madagascar avec une équipe recomposée. Il ne restait que 4 filles de l'équipe de 2007, Mame Didio, Aya, Awa Guèye et Bineta Diouf. Toutes les 8 autres étaient des nouvelles (…) Donc, je ne crois pas que le talent seul suffit pour gagner une compétition africaine. Il faut aussi un bon était d'esprit, une hiérarchie bien faite. Il faut également des règles dans une équipe nationale. C'est sur tout ça que j'ai échangé avec lui. Franchement, je remercie Maurice d'avoir, en un très court temps, pris la bonne décision pour moi. Et à son détriment, de rendre service à son pays. Il a consenti beaucoup de sacrifices pour faire ce Mondial-là. Autant, c'est Maurice, autant c'est Mohammad Faye et d'autres. Après, il y a des jeunes qu'on ne m'a pas présentés et que je ne connaissais pas, mais que j'ai tenus à voir, dont Matar Guèye, Birame Faye et les autres. Pour vousrassurer, l'objectif c'est 2021. Il faut avoir une équipe. Mais entre-temps, il faut aller à la Coupe du monde pour avoir la meilleure participation possible pour qu'on soit dans les bonnes dispositions pour les Jeux olympiques. Pour votre information, le capitanat a été donné à Maurice. C'est le nouveau capitaine de la sélection. Il sera assisté de Pape Djibril Thiam».
«Malèye mérite des égards
«C'est après avoir fait la liste que j'ai cherché à joindre Malèye Ndoye, deux fois. Et il m'a rappelé, le soir. On a fixé rendez-vous pour se revoir. En 2001, je suis allé voir Malèye, à Firman, dans son université. Il était très jeune et dans l'antichambre de l'équipe. J'ai discuté avec lui dans un restaurant. Finalement, je ne l'ai pas retenu. Et en 2003, il a intégré l'équipe nationale. Je connais Malèye. J'ai fait beaucoup de campagnes avec lui en tant qu'assistant et coach principal. On doit se voir. Mais le plus important, c'est la décision d'un entraîneur qui pense, à un moment donné, qu’il a besoin de renouveler un peu l'impact de l'équipe et le courroi décisionnel au niveau d'une équipe nationale. C'est uniquement ça. Pour tout ce qu'il a fait pour le Sénégal, Malèye mérite des égards. Et s'il ne revient pas à moi, j'irai le voir pour le remercier pour tout ce qu'il a fait. Et, éventuellement, dans un futur, ce n'est pas très loin, on aura besoin de Malèye, pour encore des services. On aura le temps avec la Fédération. Moi je conçois que Malèye Ndoye, Matar Ndiaye, pour ce qu'ils ont fait pour la sélection, méritent d'être dans l'encadrement des équipes nationales. Il ne faut pas qu'on crache sur ce qu'ils ont fait. Ils ont été dans la durée et ont rendu d'énormes services. Mais, à un moment donné, je pense qu'objectivement, il fallait arrêter et donner la place aux jeunes».
Préparation du Mondial
«J'ai conscience que nous sommes en retard par rapport à plein de choses. Si l'équipe était dans la continuité, ç'aurait été plus facile. Mais dès l'instant qu'i y a des ruptures, moi-même j'ai conscience que ça va être très difficile, mais j'ai accepté un challenge en disant que c'est à moi de trouver des voies et moyens de faire de bons résultats. On va au Mondial pour défendre crânement nos chances, faire le meilleur basket possible et faire les meilleurs résultats possibles. Je sais que c'est difficile, le temps est très court. Mais nous allons suivre le programme pas à pas. J'ai confiance aux joueurs. On a beaucoup parlé, hier, dans la prise de contact, sur ce qu'on doit faire et le comportement pour construire une équipe. Il nous faut construire une équipe avec un état d'esprit nouveau».
«L’EQUIPE NATIONALE, C’EST DES SACRIFICES»
Le coach Moustapha Gaye a confié le brassard de l’équipe nationale à Maurice Ndour (2,06m, 27 ans). Une charge que le joueur apprécie à sa juste valeur
Le coach Moustapha Gaye a confié le brassard de l’équipe nationale à Maurice Ndour (2,06m, 27 ans). Une charge que le joueur apprécie à sa juste valeur : «Je remercie coach Tapha de la confiance qu’il m’a donnée pour me nommer capitaine de l’équipe nationale du Sénégal. Ce n’est pas quelque chose de facile. Mais le fais d’être capitaine ne veut pas dire que le travail m’appartient à moi seul». Pour réussir cette mission, le sociétaire de Valence (Espagne) compte d’abord sur l’«aide du coach» et ensuite sur ses «coéquipiers et l’ancien capitaine, Malèye Ndoye, qui est un mentor pour moi. Je vais le côtoyer pour qu’il m’aide et me facilite la tâche».
Par rapport à l’objectif, l’ancien joueur de l’UNICS Kazan (Russie) reste en phase avec le coach. «Notre objectif, c’est d’aller à la Coupe du monde, de faire un bon résultat, de se qualifier pour les Jeux olympiques et de préparer l’équipe pour la Coupe d’Afrique 2021. Donc, nous en tant que joueurs, il faut qu’on appuie son objectif, sa vision. Moi je suis avec lui, nous allons tout donner pour le Sénégal». «On va aller à la Coupe du monde pas pour gagner le trophée, mais pour faire un bon résultat et représenter notre nation et nous préparer pour les Jeux olympiques et la Coupe d’Afrique 2021. L’équipe nationale, c’est des sacrifices qu’il faut faire. Ce n’est pas facile. Nous sommes professionnels, nous avons nos clubs. Certains d’entre nous ont leur famille. Il y a beaucoup de sacrifices qu’il faut faire pour vraiment représenter le Sénégal», poursuit-il. Suite à des brouilles, Maurice voulait prendre du prendre du recul avec la sélection. Mais le natif de Sindia est revenu sur sa décision : «C’est bien vrai qu’avant, j’avais dit que je n’allais pas porter le maillot du Sénégal, parce qu’il y avait beaucoup de choses qui se sont passées. Je ne vais pas revenir là-dessus. Mais en fin de compte, je suis patriote. Si j’avais refusé de venir, je ne serais pas à l’aise de regarder l’équipe nationale».