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3 août 2025
ALIOU CISSÉ, RASTA ET PHARE
Joueur, il a été le guide et capitaine de la « génération El Hadji Diouf». Aujourd’hui sélectionneur, Cissé pourrait devenir (si ce n’est déjà fait) l’homme le plus important du foot sénégalais
A 43 ans, Aliou Cissé est devenu le deuxième entraîneur de l’histoire du foot sénégalais à qualifier les Lions en finale de la CAN après Bruno Metsu en 2002. Joueur, il a été le guide et capitaine de la « génération El Hadji Diouf». Aujourd’hui sélectionneur, Cissé pourrait devenir (si ce n’est déjà fait) l’homme le plus important du foot sénégalais s’il gagne la Coupe d'Afrique des nations vendredi 19 juillet face à l’Algérie.
2002: Aliou Cissé, rastas courts, est capitaine de l’équipe du Sénégal qui joue sa première finale de la CAN (perdue au tirs au but) devant le Cameroun. La même année, il est aussi le capitaine des Lions qui battent la France, championne du monde en titre (1-0) en match d’ouverture de la Coupe du monde, pour leur première participation à un Mondial.
2018: Aliou Cissé, rastas longs, est l’entraîneur du Sénégal qui se qualifie pour la deuxième fois de l’histoire à la Coupe du monde. Un an plus tard, il est toujours le sélectionneur qui conduit les Lions à leur deuxième finale de CAN qu’ils vont disputer vendredi 19 juillet face à l’Algérie (19h TU).
Un tel destin vous pose-t-il un homme, un talent, un caractère ? Tout cela certainement. Chez Aliou Cissé, il ne semble pas y avoir de hasard, l’homme fait bien les choses. Son mandat de capitaine avec les Lions parle pour lui, mais moins que son bilan en tant que sélectionneur du Sénégal depuis sa prise de fonction en mars 2015 au lendemain de la non reconduction du contrat d’Alain Giresse éliminé avec le Sénégal au premier tour de la CAN. Après plus de quatre ans à la tête des Lions et avant la finale contre l’Algérie, Aliou Cissé affiche 33 victoires en 51 matches pour 6 défaites et 12 matches nuls.
«Yaya Jammeh…»
C’est en grande partie pour ses qualités de meneur d’hommes, comme lorsqu’il était capitaine que Cissé a été choisi pour donner plus de caractère à un groupe talentueux. L’ancien joueur a imposé dès son arrivée le triptyque : sérieux, discipline, et surtout rigueur au point d’être surnommé «Yaya Jammeh » (ex-dictateur gambien) par les joueurs lors de ses premiers mois à la tête des Lions.
Pendant quatre ans, l’ancien sélectionneur des moins de 23 ans sénégalais a progressé en même temps que son équipe, a évolué, et lâché du lest. « Forcément, le Aliou Cissé de 2015 n’est pas le Aliou Cissé de 2019, avoue-t-il. Il faut évoluer sur beaucoup de choses tout en gardant ses principes et ses convictions. Je connais bien mon groupe, certains depuis les JO 2012. J’ai un discours honnête et des choix honnêtes. Les joueurs savent qu’ils ont des droits, mais ils ont plus de devoirs. » Certains comme Diafra Sakho, Khadim Ndiaye, voire Kara Mbodji l’ont oublié, ils ne sont plus revenus en sélection…
Contesté après la Coupe du monde par une partie des membres de la Fédération sénégalaise, vertement critiqué par son ancien coéquipier en sélection, El Hadji Diouf («Tant que cette équipe aura come sélectionneur Aliou Cissé, elle n’ira nulle part »), Aliou Cissé fait désormais l’unanimité avant cette finale face à l’Algérie. Les détracteurs d’hier se sont rangés derrière lui. El Hadji Diouf après la qualification en finale : «On doit continuer cette union sacrée derrière l'équipe, que tout le Sénégal reste debout comme un seul homme pour aller chercher ce trophée».
Depuis un moment, Aliou Cissé, le « Didier Deschamps sénégalais » pour certains, est déjà entré dans l’histoire du foot sénégalais, l’éternité l’attend vendredi 19 juillet face à l’Algérie en finale de la CAN 2019 au Caire.
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DES CANDIDATS EN CONFIANCE
L'optimisme était au rendez-vous ce lundi chez plusieurs candidats au Brevet de fin d'études moyens, qui ont planché en ouverture de l'examen sur les épreuves de dissertation et de dictée
Youssouf Ba et Fanseyni Djité |
Publication 16/07/2019
A la sortie des salles après un examen de dissertation suivie de celui du dictée, des candidats au Brevet de fin d'études moyens rencontrés au niveau de leur centre se disent confiants de la suite.
Ils sont 189 020 candidats, dont 106 583 filles, à se présenter au Bfem 2019 au Sénégal contre 194 254 en 2018, soit 5 234 candidats de moins.
« LA DISPARITION DE TANOR EST UN RAPPEL À L’ORDRE DE DIEU »
L'éditorialiste de SenePlus, Penda Mbow rend hommage au président du HCCT, décédé lundi en France
« La disparition de Tanor Dieng est un rappel à l’ordre de Dieu qui veut nous dire que tout est éphémère sur cette terre. » C’est ainsi qu’a réagi Penda Mbow, ministre conseiller. Malgré tout : « Il a accompli son devoir. Il a fait ce qu’il avait à faire. C’est un grand homme d’Etat. Il sait beaucoup de choses dans ce pays », confie-t-elle avant de rappeler le rôle stratégique du Secrétaire général du Ps dans la sphère politique.
« Il a eu à être le premier collaborateur du président Abdou Diouf. Il avait une position stratégique qui lui permettait de recevoir toutes sortes d’informations. Mais, on n’a jamais entendu Ousmane Tanor Dieng déflorer un secret pour parler de chose qu’il ne devrait pas dire. La première chose qu’on retient tous de lui, c’est sa discrétion, son calme, sa sérénité. Après la défaite du Parti socialiste en 2000, s’il n’avait pas un homme comme Tanor Dieng, peut être que ce parti aurait disparu. Il y a un certain nombre de vicissitudes que le parti socialiste ait connu »
par Adama Gaye
ZLECAF-ZLECA, LE MIRACLE AUX ALOUETTES
Comment faire cette zone de libre échange avec les réticences politiques prevalentes malgré les apparences ; l’inexistence de capacités de productions manufacturières ; les barrières à la libre circulation des personnes et des biens ?
Financial Afrik |
Adama Gaye |
Publication 16/07/2019
Un malentendu dès le départ: Zleca ou Zlecaf ? La confusion se fait oublier cependant pour au moins une raison: comment ne peut-on pas être tenté, d’emblée, par la dérision et le rire quand on se penche sur le berceau du nouveau-né ? Impossible de résister à l’envie de…s’esclaffer dès l’énoncé de l’un des deux sigles par lesquels on le désigne. À l’évidence, qu’on l’appelle Zlecaf ou Zleca, ca fait soit rigoler soit froncer des sourcils.
L’un dans l’autre mais surtout le premier nom retenu écorche toute oreille qui l’entend. Son titre complet couvre une mission herculéenne: Zone de libre échange commercial continental africain. Née sur les ruines d’un projet qui nourrissait son rêve d’un renforcement des échanges commerciaux africains, la nouvelle institution chargée de booster l’intégration économique africaine fait d’abord rire jaune. Fera-t-elle sourire ses concepteurs assez longtemps? C’est la question à un million de dollars. Si on ne se fie qu’au modèle qui l’a inspirée, les augures ne sont pas des meilleures. L’histoire pourrait se répéter… Flash-back.
Fin mai-début Juin 1991, comme je l’écris dans Jeune Afrique Économie d’alors, pour en avoir été témoin, dans la nouvelle salle de conférences d’Abuja, au pied du Mont Zuma, des orateurs comme l’ex chef de guerre devenu président de son pays, l’Ouganda, Yoweri Museveni, parlent de l’urgence pour le continent de s’inscrire dans la tendance lourde du régionalisme. Ils militent verbalement pour qu’ils se dotent d’une zone commerciale à l’échelle continentale. Le contexte s’y prête. Le monde, en effervescence, vit, en ces moments, la fin du communisme. Le Mur de Berlin s’est effondré, deux ans plus tôt, en novembre, l’empire Soviètique connaîtra le même sort en novembre 1991. Nous sommes donc dans une année de grand cru politique.
Les dirigeants africains le pressentent, eux qui répondent en grand nombre, à l’invitation du General Nigérian Ibrahim Babangida, lequel voit grand pour son pays, le plus peuplé d’Afrique. Ils sont en réalité nombreux à penser même que les circonstances étaient propices pour déplacer le siège de l’Organisation de l’unité africaine (Oua), d’Addis Abeba vers une terre plus hospitalière. Il est vrai que la capitale Ethiopienne est alors sous les feux de l’opposition armée, qui est arrivée à ses portes. Le Négus, l’Empereur rouge, Mengistu Haile-Meriem, a fui. C’est donc Abuja, ville neuve bâtie sur le modèle de Brasilia, qui accueille.
Au massif et flambant neuf Centre des conférences internationales de la capitale fédérale nigériane, nul ne peut rater l’immense carte du continent dessinée sans doute pour souligner le rêve d’unité des conférenciers. Elle est plantée sur le sol de la salle plénière où la participation pléthorique de dirigeants continentaux fait plaisir à voir. Dans les couloirs, pour occuper le temps qui passe, un sujet à l’ordre du jour de l’agenda international fait rage. Comment et qui élire comme premier africain au poste bientôt vacant de secrétaire général de l’Organisation des nations-unies (ONU). Sur les starting-blocks, il y a déjà des candidats africains qui sont agités. On ne parle pas encore de Kofi Annan. Les noms et silhouettes qui circulent sont ceux du Zimbabween Bernard Chidzero, du Sierra Leonais, James Jonas, du Ghanéen Kenneth Dadzie et, quelques mois plus tard, porté par une conditionnalité linguistique française, Boutros-Ghali, qui sera élu en novembre. Avant d’être remplacé 5 ans après par Annan…
Retour à Abuja. Les dirigeants, à la queue leu leu, se succèdent à La Tribune. Parmi eux, de nouveaux venus, issus d’une démocratisation naissante, tel le Nigérien Mahamane Ousmane. Il y a aussi ceux qui ont pris le pouvoir les armes à la main. Parmi eux, éloquent en diable, l’Ougandais, Museveni, prof de Sciences politique. Qui est si convaincant que l’on se croit à l’aube d’une rugissante Afrique. Le continent sort naturellement de ce sommet de ce qui est encore l’organisation de l’unité africaine (Oua) avec le sentiment qu’en 2035, elle aura sa zone de libre échange transformée en union économique voire…politique. En chemin, bien que ratifié par le nombre requis, avec le dépôt des instruments de ratification du Cameroun, le projet mourra de sa belle mort. Le ressusciter est le rêve des dirigeants africains réunis au début de ce mois à Niamey sous l’égide de l’union africaine qui a succédé à l’Oua. On risque hélas de s’esclaffer avec l’idée portant la genèse de la Zone de libre échange commercial continental africain (Zlecaf). On dira certes que la nouvelle institution trouve sa légitimité dans sa mission de lever les obstacles à la matérialisation du processus d’intégration régionale. Mais quelle tache !
Comment faire cette zone de libre échange avec les réticences politiques prevalentes malgré les apparences; l’inexistence de capacités de productions manufacturières; les barrières à la libre circulation des personnes et des biens sans parler des services, notamment en Afrique centrale; les défis transfrontaliers, incluant les déficits d’infrastructures physiques (routes, chemins de fer, transport aérien), les souverainetés couvées ou encore les clauses contenues dans le Traité de la Zlecaf qui permettent aux États d’en sortir ou d’opposer des critères de protection à leurs économies au nom de la sécurité ou de la protection d’industries locales menacées. Le rêve est sans doute un puissant vecteur à l’action publique mais en regardant les acteurs, anti-démocratiques et cupides, au service de l’étranger, toujours en place, n’est-ce pas trop se bercer d’illusions que de croire à l’avènement d’une zone continentale africaine ici et maintenant ?
Les barrières linguistiques, monétaires, le déficit d’infrastructures sociales et d’implication des populations dans le processus donnent a croire que la charrue a été mise avant les bœufs. Le rêve ignore les défis et dans les discours officiels, l’on se gargarise de ce marché, le plus vaste au monde, d’1, 2 milliards de membres, de son produit intérieur brut cumulé de 2500 à 3600 milliards de dollars selon ceux qui s’expriment. On évoque la volonté de créer de nouvelles normes d’harmonisation des échanges commerciaux pour les faire passer des maigres 16 pour cent actuels jusqu’au niveau des 70 pour cent enregistrés pour l’Europe. “Rien de grand ne se fait sans passion”, a pu dire Vauvenargues. Sans rêve non plus. Est-ce un rêve éveillé ?
Abuja 1991, Niamey 2019, le même rêve, incarné en bien et en mal par un homme présent hier et aujourd’hui. Museveni est en effet toujours en piste. D’autres dirigeants africains ont fraudé les élections. Beaucoup sont des pions ou espions de l’étranger. Tous des otages d’affairistes de tous poils -comme Timis. Dealers, non leaders, ils forment un conglomérat d’illégitimes disqualifiés pour mettre en œuvre le rêve des vrais panafricanistes. Ils l’ont souillé au Niger, en ce mois de février. Rêve ? Cauchemar ! Le réveil sera brutal.
Adama Gaye est ancien directeur de la communication de la Cedeao. Il est auteur de “Demain, la nouvelle Afrique”, aux Éditions l’Harmattan -Paris.
par Abdoul Aziz Tall
TANOR DIENG INCARNAIT L'ESPRIT RÉPUBLICAIN DANS TOUTE SA DIMENSION
Le Sénégal, l'administration publique en particulier, viennent de perdre un homme qui avait un sens élevé de l'Etat, caractérisé par la réserve, le respect des textes, l'éthique, la discrétion et le sens de la mesure
Le Sénégal, l'administration publique en particulier, viennent de perdre un homme qui avait un sens élevé de l'Etat, caractérisé par la réserve, le respect des textes, l'éthique, la discrétion et le sens de la mesure.
Son discours était toujours empreint à la fois de courtoisie de rigueur intellectuelle et de sérénité. Tanor n'était jamais dans les querelles de bas étage. Il prenait toujours de la hauteur, en toutes circonstances. Il avait le sens de l'écoute, de la responsabilité et il était respecté aussi bien par ses collaborateurs, ses partisans que par ses adversaires politiques.
Avec son décès le président Macky Sall perd un conseiller privilégié, un modèle achevé de fidélité et de loyauté.
Qu'Allah SWT l'accueille au paradis.
Abdoul Aziz Tall est un ancien ministre
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POUR LE RESPECT DES VALEURS DE CHAQUE SOCIÉTÉ
EXCLUSIF SENEPLUS - Sadikh Niasse, secrétaire général de la Raddho exprime la position de l'ONG sur l'homosexualité et fait le point des différents combats menés par les siens pour la dignité humaine
'' La Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l'Homme ne soutient pas et ne fait pas la promotion de l’homosexualité. Nous sommes souvent accusé à tort'', se défend son secrétaire général, Sadikh Niasse. Dans cet entretien accordé à SenePlus, ce dernier donne la position de son organisation sur l'affaire dite Oxfam et rappelle que le Sénégal est un pays avec ses valeurs propres.
Voir la vidéo en wolof.
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"IL Y AVAIT PENALTY POUR LA TUNISIE"
Joseph-Antoine Bell revient sur la polémique concernant le penalty refusé aux Tunisiens lors de la demi-finale face au Sénégal. Il s'explique face aux critiques des internautes
Joseph-Antoine Bell revient sur la polémique concernant le penalty refusé aux Tunisiens lors de la demi-finale face au Sénégal. Il s'explique face aux critiques des internautes.
"SI LE FRANC CFA PERDURE C'EST À CAUSE DES DIRIGEANTS AFRICAINS"
Entretien avec le macroéconomiste hétérodoxe du développement et professeur-chercheur camerounais à l'université catholique de Louvain en Belgique, Thierry Amougou
Bonjour Thierry Amougou, pouvez-vous nous expliquer la genèse du franc CFA ?
Bonjour à vous et à vos lecteurs. Merci de cette opportunité de parler du FCFA en toute sérénité. La colonisation d’une grande partie de l’Afrique subsaharienne dès 1800 est ce qui explique la naissance du FCFA. De nombreuses anciennes monnaies africaines étaient en vigueur avant la colonisation. Sans être exhaustif, je peux citer les bars de sels, le fer, les cauris, certains animaux, des objets précieux et même des esclaves. C’est ce que nous appelons paléo-monnaies dans le jargon des économistes. La colonisation d’un territoire et de ses peuples étant aussi le remplacement d’un ordre par un autre ordre dans tous les domaines, la dimension monétaire de l’ordre colonial a évincé les anciennes monnaies africaines au profit des monnaies dites modernes, dont le FCFA dans une grande partie de l’empire colonial français. Le FCFA est né exactement le 26 décembre 1945 concomitamment avec la mise en place du système monétaire et financier international de Breton woods. 1945 est une date cruciale dans la réorganisation du monde de fond en comble après la Deuxième Guerre Mondiale. Les Etats-Unis exigent la sortie du monde de la colonisation pour celui du développement qu’ils vont dominer. La Zone Franc est la seule façon dont la France peut préserver ses intérêts dans une réforme du système financier et monétaire international dominée de bout en bout par les intérêts américains.
Beaucoup d’économistes dénoncent depuis quelques années déjà le caractère inique de cette monnaie. Pouvez-vous nous dire en quoi le franc CFA n’est pas du tout dans l’intérêt des pays africains qui l’utilisent comme monnaie depuis les indépendances ?
C’est une question assez vaste et technique à laquelle je ne peux parfaitement répondre en quelques lignes. Ce que je peux vous dire de façon globale est que trois éléments déterminent la souveraineté internationale d’un Etat : être le seul et unique auteur de ses lois ; être capable de jouer au gendarme chez soi et battre sa propre monnaie. Ne pas battre sa propre monnaie cinquante ans après les indépendances est une preuve que tous les pays africains de la Zone Franc ne sont pas indépendants car ne pas battre sa monnaie influence aussi le fait que leurs lois soient parfois d’origine extérieure et que le gendarme soit très souvent assuré chez eux par les anciennes puissances coloniales. Sur le plan économique, la monnaie est un instrument de développement car elle permet de mettre en place une politique monétaire, une politique de change, une politique bancaire, une politique agricole, une politique industrielle et même une politique budgétaire à condition que les pays soient souverains dans leurs décisions. Ce qui n’est pas le cas des pays de la zone Franc. Il ne faut cependant pas croire qu’une monnaie est une bonne monnaie pour le développement de l’Afrique parce qu’elle est africaine. Une monnaie africaine peut être pire que le FCFA. Il faut d’abord se demander ce qu’on entend par monnaie, ce qu’on veut en faire et comment les Etats africains veulent la gérer.
Alors que la France est à l'EURO, les pays de la Zone Franc en sont à une monnaie dont la référence, le franc français, n'existe plus. De quoi susciter un débat ...
Oui il y a débat car l’histoire coloniale continue de déterminer l’avenir monétaire postcolonial des pays africains de la Zone Franc. Qui plus est, le rapport entre FCFA et EURO reste politiquement dominé par la France car les instituts africains d’émissions ne traitent pas avec la Banque Centrale Européenne dans ce qui serait un rapport de banques centrales à banques centrales, mais avec le Trésor public français qui est la personnalisation financière de l’Etat français. Le rapport FCFA/EURO dépend donc encore de la position politique de la France au sein de l’Europe et de la zone Euro. Le rapport FCFA/EURO n’est pas un rapport économique mais politique via la France.
Il y a des manifestations dans plusieurs capitales africaines et européennes pour demander l'abolition de cette monnaie jugée de colonisation. Que reproche-t-on au franc CFA
Les Africains reprochent au FCFA d’être une monnaie coloniale, une monnaie qui continue l’exploitation coloniale, une monnaie dont l’existence nie l’indépendance des pays africains de la Zone Franc, une monnaie qui sert de poutre au système « Françafrique » et à toutes ses ramifications politiques, bancaires, financières et industrielles. Une monnaie porteuse de sous-développement comme la nuée porte l’orage. Ce n’est pas qu’une question économique mais aussi de fierté d’être libre enfin qui motive l’Afrique populaire dans la rue contre le FCFA.
L'ancien ambassadeur de France au Sénégal, Christophe Bigot avait déclaré alors qu'il était encore en poste au Sénégal que la France ne va pas se désengager du FCFA (…) C'est pour assurer sa stabilité" n'est-ce pas là une volonté d'affirmer la colonisation ?
Ce n’est pas à la France qu’il faut demander d’arrêter le FCFA et la Zone Franc. La France fait ce qui est de son intérêt et l’intérêt de la France semble aussi celui de nombreux dirigeants africains au pouvoir. C’est cela que confirme l’Ambassadeur de France au Sénégal. Si les Africains veulent sortir du FCFA ce n’est pas à la France qu’il faut le demander. Ce n’est pas à Paris qu’il faut manifester mais devant les résidences des chefs d’Etat africains car c’est à eux de décider de leur indépendance monétaire et non à la France qui n’y trouve aucun intérêt. Si le FCFA perdure ce n’est pas en premier à cause de la France mais à cause des dirigeants africains qui ne prennent pas leur responsabilité. Dans de telles conditions mieux vaut peut-être garder le FCFA car si nos chefs d’Etat gèrent une éventuelle nouvelle monnaie nationale ou panafricaine comme ils gèrent nos pays, alors la situation risque encore d’être pire qu’avec le FCFA…
Pourquoi, contrairement à ce que prévoient les accords monétaires qui lient les pays de la zone franc au Trésor français, les banques centrales y déposent-elles plus que 50 % de leurs réserves de change ?
Les réserves de changes déposées au Trésor public français sont une forme de couverture de la convertibilité internationale que la France assure au FCFA. Cela fait partie du système même s’il est presque infantilisant pour les pays africains de la Zone Franc que leur argent soit dans des comptes français et non chez eux. La France peut placer cet argent et le fructifier lorsque les pays africains sont excédentaires et en profiter des intérêts. Mais lorsque les pays de la Zone Franc sont déficitaires, le système du compte d’opération prévoit aussi une possibilité de découvert que la France évite parfois en dévaluant le FCFA de façon unilatérale.
Quelles solutions voyez-vous pour régler la dépendance de l'Afrique vis à vis des pays impérialistes ? Partenariat sud-sud ? Accords au niveau africain ? Création d'une monnaie africaine ?
La monnaie est une affaire politique en premier et économique seulement en second. Si les politiques africains ne se plaignent pas alors il n y a pas de problème car l’économiste que je suis ne peux faire que des propositions techniques après leurs décisions de créer une nouvelle monnaie. Quant au problème plus général de la dépendance des économies africaines, une solution peut résider dans la diversification des économies, la promotion des partenariats économiques où l’Afrique échange ses matières premières contre des acquis technologiques, une coopération Sud/Sud pour s’échanger des expériences de réussite et surtout que l’Afrique cesse de suivre comme un mouton des modèles qui viennent d’autres cieux comme l’est actuellement l’émergence économique mangée à toutes les sauces par les gouvernement africains. Concernant la monnaie, qu’elle soit panafricaine, nationale ou le FCFA n’est pas très important. Ce qui l’est est de savoir ce qu’on veut en faire par rapport au développement de son pays, du continent tout entier. C’est une fois qu’on répond à cette question qu’on donne à sa monnaie les caractéristiques techniques idoines et qu’on met en place une stratégie monétaire ad hoc. Construire son indépendance économique avec cette dépendance historique est le défi à relever. Il y a ceux qui font des révolutions monétaires et ceux qui en parlent. En ce moment les Africains et l’Afrique sont dans la seconde catégorie.
par BOSSE NDOYE
"LE MASLAA", UNE MANIÈRE BIEN SÉNÉGALAISE DE NOYER LE POISSON
Concernant l’affaire Waly Seck et iman Kanté, pour louable que soit le retrait de la plainte par la famille du leader du Raam Dan, il ne demeure pas moins que certaines interrogations ont lieu d’être posées
Appliqué à bon escient dans une société de plus en plus judiciarisée, le principe véhiculé par l’adage : « Un bon arrangement vaut mieux qu’un bon procès, » ne peut qu’y être bénéfique. Car en plus d’aider à désengorger les tribunaux – surtout quand ils y sont en nombre insuffisant -, il permet d’y maintenir une certaine paix et une cohésion sociale. D’autant que les procès créent souvent des dissensions entre les parties en conflit s’ils ne suscitent pas tout bonnement entre elles de la haine sinon de l’animosité.
Mais au Sénégal ce principe est drapé dans les habits du maslaa, qui n’est souvent rien d’autre qu’une manière subtile et non moins hypocrite d’étouffer certains problèmes plutôt que de la tentative de leur trouver des solutions encore moins celle de prévenir leur répétition ou survenue.
Pourtant l’idée du Maslaa est très noble. Défini par le Dr. Massamba Guéye comme étant « une attitude positive de bienséance qui permet à la personne de pouvoir négocier tous les conflits, toutes les situations pour que, socialement, il y ait une vérité qui éclate[1] », il a été malheureusement vidé de sa substance et dévoyé de sa trajectoire dans le pays tant sa pratique est entachée de compromission et sournoiserie.
Ainsi, quand survient par exemple un viol dans une famille, l’incident est rapidement étouffé par maslaa afin d’éviter qu’il ne s’ébruite. Bien qu’il soit compréhensible que les gens veuillent laver leur linge sale en famille, dans certaines situations pardonner et oublier sont souvent synonymes d’encouragement. Car si l’auteur des faits est un pervers malade, il demeurera toujours tel un loup dans une bergerie. Dès lors les risques de récidive deviennent élevés tant dans la famille qu’ailleurs.
Quand un politicien ayant détourné l’argent du contribuable est emprisonné, certains parmi ceux qui réclamaient haut et fort justice et impunité dans le pays entreprennent par maslaa des démarches pour le libérer ou pour qu’il ne purge pas totalement sa peine, dussent-ils aller voir les autorités morales et religieuses, le président de la République pour demander leur intercession. Ils avancent souvent comme arguments : Senegaal kenn manu ko xar ñaar, dëkk bi ñëpp ay mbokk la ñu, nit dafay baale, sa waay mu ngi bëgg yàgg si kaso bi…. Autant dire qu’ils se cachent sous le manteau du maslaa pour demander tout le contraire de ceux qu’ils exigeaient. Cette contradiction bien sénégalaise est dénoncée par Malick Fall dans La plaie : « Mais qu’est-ce que la prison dans le pays où la pitié absout tous les détenus. Voyez un voleur pris la main dans le sac. C’est une ruée générale, des quolibets (…) des coups de poing, des jets de cailloux. Sans l’intervention de la police, le malhonnête serait proprement étrillé. Mais qu’au commissariat, le voleur soit gardé, voici la foule s’apitoyant sur le sort du malheureux. On intercède (…) On le délivrerait les armes à la main. Insondable et cher peuple[2]. »
Concernant l’affaire Waly Seck et iman Kanté, pour louable que soit le retrait de la plainte par la famille du leader du Raam Dan, à la suite du maslaa entrepris par quelques imam- sans qu’il le leur fût demandé par le principal concerné -, il ne demeure pas moins que certaines interrogations ont lieu d’être posées. D’autant plus que Waly Seck n’en est pas à son coup d’essai. Les affaires entre autres du sac de femme, du sous-vêtement perforé – et récemment celle du T-Shirt LGBT et les excuses qui s’en sont suivies sont si fraîches dans les mémoires que pour nombre de Sénégalais le chanteur agit soit par « je m’en foutisme » soit d’après une stratégie bien étudiée pour dérouler sournoisement quelque plan en feignant l’ignorance ou la naïveté.
Pour ce qui est de l’iman Kanté, bien qu’on puisse ne pas être totalement d’accord sur le fond de son discours ayant entraîné la plainte de Waly, ses interrogations demeurent légitimes. Ils le sont d’autant que « Notre société actuelle est ébranlée dans ses assises les plus profondes, tiraillée entre l´attrait des vices importés et la résistance farouche des vertus anciennes[3],» comme le soulignait Mariama Bâ dans « Une si longue lettre » il y a plus de 3 décennies. De plus, sans mentionner l’auteur qu’il est, en tant qu’imam devant tout au moins traiter des maux qui assaillent notre société lors de son khoutba hebdomadaire, il ne pas se taire sur ce qu’il juge « condamnable » dans le pays. La tentative de le censurer est impensable. Par conséquent il est dans son rôle de jeter un coup attentif et critique sur ce qui se passe autour de lui. L’a-t-il bien fait ? Chacun peut avoir sa réponse à cette question.
Qui plus, il suffit d’être un tantinet observateur pour voir que le tissu des valeurs est en train de s’effilocher dans le pays et que des forces bien organisées agissent en sourdine pour que certaines pratiques généralement condamnées par nos différentes cultures et différentes religions soient acceptées, voire légalisées dans le pays. L’affaire Oxfam n’est que la partie visible de l’iceberg de leurs plans.
. En définitive, il serait utile de rappeler cette pensée d’Edmund Burke : « Pour triompher, le mal n’a besoin que l’inaction des gens de bien. » Dès lors, l’on devrait pouvoir débattre de tout si l’objectif est de chercher des solutions et de faire avancer le pays. La censure des « objecteurs de conscience » serait du pain bénit pour les forces obscures tapies dans l’ombre qui n’attendent que le moment propice pour agir. Et Tourner le dos à un problème n’est pas la meilleure façon de lui faire face. Or tel que pratiqué dans le pays, le maslaa est souvent une fuite en avant. Celui des imams a été une bonne chose dans la mesure où la plainte de Waly a été retirée. Pour autant, il a peut-être empêché que le débat de fond sur l’homosexualité et d’autres questions qui agitent doucement mais sûrement la société soient posés.
Khalifa Sall rend hommage à Ousmane Tanor Dieng, décédé, hier lundi, à Paris. Dans une courte lettre dont copie nous ai parvenue, l’ancien maire de Dakar s’incline devant la mémoire
Khalifa Sall rend hommage à Ousmane Tanor Dieng, décédé, hier lundi, à Paris. Dans une courte lettre dont copie nous ai parvenue, l’ancien maire de Dakar, emprisonné depuis bientôt 3 ans, dit sa profonde douleur et s’incline devant la mémoire « de l’homme politique qui a rempli, avec responsabilité et courage, sa mission à la tête du Parti socialiste au moment où il faisait l’apprentissage de l’opposition. ». Nous vous proposons in extenso la lettre de Khalifa Sall.
Je suis profondément bouleversé par le rappel à Allah de Ousmane Tanor DIENG, Secrétaire général du Parti socialiste et Président du Haut Conseil des Collectivités Territoriales. Avec sa disparition, la République perd un grand serviteur et le socialisme, une de ses personnalités marquantes.
Je salue l’homme d’Etat et le grand républicain qui a marqué la vie publique de notre pays au cours de ces trente dernières années. Je m’incline devant la mémoire de l’homme politique qui a rempli, avec responsabilité et courage, sa mission à la tête du Parti socialiste au moment où il faisait l’apprentissage de l’opposition.
J’ai cheminé avec Ousmane Tanor DIENG dans l’Etat et au Parti socialiste pendant plus de trente ans au cours desquels nous avons entretenu des relations fraternelles empreintes d’affection et de respect. Je garde de lui le souvenir d’un homme déterminé sans concession sur ses convictions. Je conserve également le souvenir d’un homme d’une courtoisie exemplaire et d’une grande sobriété.
Je mesure, avec une vive émotion, la peine de ses épouses, de ses enfants et de ses proches et tiens à leur témoigner mon affection et ma solidarité dans cette douloureuse épreuve. En ces moments de grande tristesse pour toute la Nation, mes pensées émues vont également aux militants du Parti socialiste et au peuple sénégalais.
Qu’Allah, dans Sa Très Grande Miséricorde, lui accorde Ses Faveurs et lui ouvre les portes de Son Paradis éternel. Repose en paix, Ousmane. Amine.