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3 août 2025
KHALIFA PERD SA BATAILLE ULTIME
La Cour Suprême a rejeté ce mardi, le rabat d’arrêt que les avocats de l'ancien maire de Dakar avaient introduit pour dénoncer les vices de procédure notés tout long de son procès contre l'État
C’est terminé pour Khalifa Ababacar Sall. L’ex maire de Dakar ne dispose plus de recours pour annuler son jugement. La Cour Suprême, dans son audience de ce mardi 16 juillet 2019, en a décidé ainsi. Les magistrats de la plus haute juridiction ont rejeté le rabat d’arrêt que ses avocats avaient introduit pour dénoncer les vices de procédure qu’il avaient noté tout long de son procès. « La Cour, vu loi organique 2017- 09 du 17 janvier 2017 sur la Cour Suprême (…) rejette les requêtes de la Ville de Dakar (…) », a déclaré le premier président de la Cour Suprême, Mamadou Badio Camara.
Avec cette décision rendue, Khalifa Sall, emprisonné depuis mars 2017 et condamné à 5 ans de prison ferme dans le cadre du procès de la Caisse d’avance de la Ville de Dakar, perd toutes ses chances d’être blanchi par la justice.
OFFENSIVE INTERNATIONALE DE CELLOU DIALLO CONTRE UN TROISIÈME MANDAT DE CONDÉ
Le patron de l'UFDG a été ensuite reçu lundi par la mission permanente de la France aux Nations Unies, puis par la Numéro 2 des Nations-Unies Rosemary Di Carlo - D'autres rencontres sont prévues au Congrès, au siège de Human Rights Watch, etc.
Ce lundi 15 juillet 2019, le président Cellou Dalein Diallo a multiplié les rencontres à New-York. En plus des différentes réunions avec la diaspora guinéenne, le président de l’UFDG a rencontré des hommes de médias, notamment des journalistes du New York times, de CNN, et de la prestigieuse revue diplomatique Foreign Affairs. Le Président Cellou a été ensuite reçu par la mission permanente de la France aux Nations Unies avant d’avoir un entretien d’environ une heure avec la Numéro 2 des Nations Unies, en l’occurrence Madame Rosemary Di Carlo, Secrétaire générale adjointe.
Au cours de ces entretiens, le Président a donné de larges informations sur la situation politique et économique qui prévaut en Guinée et a attiré l’attention de ses interlocuteurs sur les risques liés à la volonté d’Alpha Condé de changer de Constitution pour s’octroyer un troisième mandat. Il a également abordé les problèmes posés par la sécurité et l’intégration dans la sous-région ouest-africaine.
Mardi, le Président Cellou Dalein Diallo doit se rendre à Washington où des rencontres de haut niveau sont prévues, notamment au département d’État, au département du commerce, au Congrès, au National Democratic Institute (NDI), à Human Rights Watch, à l’International Republican Institute (IRI) et à la Fondation Heritage. Il bouclera son séjour par un meeting organisé par la Fédération UFDG de Washington auquel sont invités les ressortissants guinéens vivant à DC et dans les États avoisinants.
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JOHNNY CLEGG, "LE ZOULOU BLANC" ET CHANTRE ANTI-APARTHEID EST MORT
Musicien engagé, il incarnait avec ses chansons, mélange inédit de rythmes zoulou et de pop occidentale, la résistance à l'apartheid puis la réconciliation. Le sud-africain s'est éteint mardi à 66 ans
Longtemps victime de la censure en Afrique du Sud, il a connu le succès à l'étranger avant d'accéder au statut de star dans son pays.
Pendant les pires heures du régime raciste, ses chansons ont été interdites. Pour contourner la censure, il a été contraint de se produire - avec son groupe Juluka, formé avec le musicien zoulou Sipho Mchunu - dans les universités, les églises, les foyers de migrants et chez des particuliers.
"Nous devions faire preuve de mille et une astuces pour contourner la myriade de lois qui empêchaient tout rapprochement interracial", racontait-il à l'AFP en 2017.
Malgré tout, l'intraitable police de l'apartheid a interdit certains de ses concerts et le chanteur a été à plusieurs reprises arrêté, accusé de violer les lois sur la ségrégation raciale.
Le gouvernement raciste blanc ne pouvait pas non plus tolérer qu'un des siens puise son inspiration dans l’Histoire et la culture zoulou.
A l'étranger pourtant, et notamment en France, Johnny Clegg a rapidement trouvé un public.
"Les gens étaient très intrigués par notre musique", expliquait le chanteur et danseur, adepte de concerts très physiques.
Une musique révolutionnaire où les rythmes zoulou endiablés cohabitent avec guitare, clavier électrique et accordéon.
- 'Choc' -
En 1982, la sortie de son album "Scatterlings of Africa" le propulse en tête des hit-parades en Grande-Bretagne et en France.
Cinq ans plus tard, il s'affirme comme un artiste "politique" avec le titre "Asimbonanga" ("Nous ne l'avons pas vu", en langue zoulou), tube planétaire dédié à Nelson Mandela, le héros de la lutte anti-apartheid alors emprisonné à Robben Island (Afrique du Sud).
La seule évocation du chef du Congrès national africain (ANC) est alors strictement interdite.Le régime de Pretoria bannit le titre.
Quelques années après la fin de l'apartheid, l'auteur et le héros de cette chanson, désormais libre, s'étaient retrouvés sur scène à Francfort (Allemagne) pour un concert aussi magique qu'inattendu.
Alors que Johnny Clegg chantait "Asimbonanga", le public s'était levé comme un seul homme.
"J'ai aperçu du coin de l’œil quelqu'un derrière moi qui était en train de monter sur la scène, en dansant (...).C’était Mandela ! Ça a été un choc.Je ne savais même pas qu’il était là", avait raconté Johnny Clegg à l'hebdomadaire français Le Nouvel Observateur.
A la fin de la chanson, Mandela avait lancé de sa voix posée, au micro : "C’est la musique et la danse qui me mettent en paix avec le monde."
- 'Né deux fois' -
Né en 1953 au Royaume-Uni d'un père britannique et d'une mère zimbabwéenne, chanteuse de jazz de cabaret, Johnny Clegg débarque à l'âge de 7 ans dans une Afrique du Sud où la minorité blanche règne en maître absolue sur la majorité noire.
Initié aux cultures locales par son beau-père journaliste, Johnny Clegg assure que son refus de l'apartheid n'a rien de politique.
"Je n'étais pas motivé politiquement mais culturellement.J'aime la musique et la danse", expliquait-il simplement.
Les yeux ouverts dans un pays borgne, il se glisse dès 15 ans dans les foyers de travailleurs noirs, au mépris des interdits.Là, il découvre les danses et les mélodies zoulou et s'invite secrètement pour danser avec les troupes traditionnelles.
Quand l'apartheid tombe définitivement en 1994, "c'est comme si nous étions tous nés une seconde fois", confiera-t-il.
Quelques années plus tard, l'enthousiasme cédera la place aux doutes."La lutte était plus simple autrefois. On vivait ici dans un tunnel, coupés du reste du monde, on se définissait +contre+, menant une bataille qui masquait toutes les autres."
"Aujourd'hui (...) on est aux prises avec tout une série d'enjeux et de conflits liés à la pauvreté, la construction d'une nation, le sida, la mondialisation", ajoutait le musicien.
Après une nouvelle rémission d'un cancer du pancréas diagnostiqué en 2015, il se lance deux ans plus tard dans une tournée mondiale d'adieu dont il réussira à honorer toutes les dates, les dernières en 2018.
"J'ai eu une carrière gratifiante à bien des égards (...) en réussissant à rassembler des gens grâce à des chansons, surtout à un moment où cela semblait complètement impossible", se félicitait le musicien qui a vendu plus de 5 millions d'albums.
par Alassane Kitane
LA PROMISCUITÉ JUSQUE DANS L’ÊTRE …
Nous ne pouvons pas toujours imiter les autres et en même temps prétendre les égaler. Réformons notre être, réformons nos pensées si nous voulons vraiment être
Qui sommes-nous ? Que sommes-nous ? Comment sommes-nous ? Bref, avons-nous finalement un ÊTRE à nous ?
Nous prions dans des langues étrangères et ânonnons très souvent des versets dont nous ne connaissons pas le sens ! Mais ça je peux l’accepter, car c’est Dieu qui l’a voulu ainsi : son infinie transcendance est la balance de sa justice infailliblement au-dessus de notre raison.
Nous parlons une langue étrangère qui nous est imposée par d’autres hommes…
Nous avons des institutions n’ayant guère d’ancrage dans nos cultures…
Nous avons une monnaie venue d’ailleurs…
Nous nous habillons comme des blancs ou comme des arabes, mais presque jamais comme Africains…
Ça je ne peux pas l’accepter ! Car l’accepter, c’est avouer implicitement un ascendant, voire une transcendance des autres sur nous. Soit nous sommes des êtres humains, soit nous ne le sommes pas : or l’homme, c’est d’abord la créativité, comme le certifie la culture. Créons notre être, créons nos valeurs, et nous créerons notre monde au lieu de le subir.
Nous ne pouvons pas toujours imiter les autres et en même temps prétendre les égaler. Réformons notre être, réformons nos pensées si nous voulons vraiment ÊTRE.
Nos rues nous ressemblent, nos demeures également. La saleté et nous, communions, parce que notre être n’est pas clair ! Nos comportements reflètent la nature confuse de nos pensées. Nos gouvernants sont les portraits crachés de notre être décousu. L’incohérence est notre être, or l’incohérence n’est pas du goût de la raison.
La raison, c’est l’ordre, la mesure, la tempérance et l’équilibre. Chez nous, tout est démesure parce que les vents venus d’horizons divers se bousculent dans nos têtes et créent un tourbillon d’être. Nous sommes tourbillonnés. Nous sommes ballotés et finalement anéantis. Nous sommes finalement le fruit du tourbillon de l’existence humaine. Feuilles mortes, déchets plastiques, brindilles d’herbes sont les symboles de notre façon d’exister et de notre façon d’être. Emportés par les vents, nous nous laissons allègrement incruster dans des abimes desquels nous ne pouvons nous sauver.
Si j’étais un poète, je pleurerais la destinée de mon peuple par des vers écrits en sang sur le fémurs de nos ancêtres. J’irais exhumer leurs restes et y imprimerais ma fierté d’avoir des ancêtres comme eux et ma lâcheté de ne pas être digne d’eux. Mais je ne suis point poète.
Nous n’avons plus d’énergie à consacrer à nos problèmes parce que nous l’avons épuisée dans le service rendu à d’autres. Nous nous époumonons à parler comme autrui, à penser et à agir comme lui. Nous ne sommes donc pas, car nous sommes le résidu de son être, de son histoire, de sa culture. Voilà pourquoi nous n’avons pas encore commencé à agir.
(À suivre)
par Abdoulaye Wade
CE QUE LE SÉNÉGAL RETIENDRA DE TANOR
Grand Républicain, il a su tout au long de sa carrière administrative, allier dans le combat politique, rigueur et courtoisie - Nos deux idéologies se sont heurtées, parfois avec violence mais toujours avec le sentiment d’agir pour le pays
Un grand commis de l’Etat, un homme politique partisan, engagé mais correct, voilà ce que le Sénégal retiendra avec le rappel à Dieu d’Ousmane Tanor Dieng, président du Haut Conseil des Collectivités Territoriales, Secrétaire Général du Parti Socialiste .
Grand Républicain, il a su tout au long de sa carrière administrative, allier dans le combat politique, rigueur et courtoisie.
Nos deux idéologies se sont heurtées, parfois avec violence mais toujours avec le sentiment d’agir pour le Sénégal.
Je présente mes sincères condoléances à sa famille et à sa formation politique constituée de mes adversaires légendaires, chacun étant convaincu d’agir dans l’intérêt du Sénégal.
Aussi, je prie Allah, le Tout Puissant, de lui accorder son pardon et de l’accueillir dans son paradis Al Firdaws. Paix à son âme.
TANOR FAIT INCONTESTABLEMENT PARTIE DES FIGURES DE PROUE DE L'HISTOIRE POLITIQUE NATIONALE
Le Front de Résistance National (FRN) présente ses condoléances attristées à la famille du défunt, au PS, au HCCT, au président ainsi qu’à l’ensemble des institutions de la République - COMMUNIQUÉ DE PRESSE
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du FRN daté du 16 juillet 2019, suite au décès d’Ousmane Tanor Dieng la veille en France.
« C’est avec consternation que nous avons appris le rappel à Dieu d’Ousmane Tanor Dieng, secrétaire général du parti socialiste (PS), président du Haut Conseil des collectivités territoriales (HCCT).
Homme d’Etat, homme politique d’envergure, militant de la cause nationale, Ousmane Tanor Dieng fait incontestablement partie des figures de proue de l’histoire politique récente du Sénégal.
En cette douloureuse circonstance, le Front de Résistance National (FRN) présente ses condoléances attristées à la famille du défunt, au PS, au HCCT, à monsieur le Président de la république ainsi qu’à l’ensemble des institutions de la république.
Le FRN prie Dieu, Le Tout Puissant, Le Miséricordieux pour qu’Il l’accueille au Paradis. »
par Oumou Wane
YES WE CAN !
Chaque joueur aura son rôle à jouer ce vendredi et ce sera bien à eux tous d’écrire la légende, en réussissant ce qu’aucune équipe sénégalaise n’était parvenue à faire auparavant
Comment s’en cacher, et même si le Sénégal n’était pas en finale, la CAN est une passion africaine. Pourquoi le foot nous rend-il si optimiste et heureux ? Parce que nous avons si peu d’occasions de nous réjouir, si peu d’événements qui suscitent autant d’euphorie collective que la Coupe d’Afrique des nations de football.
Le bonheur, la liesse, ce besoin d'effusion partagée pourrait atteindre un apogée, vendredi, à l'issue de la finale Algérie - Sénégal. « On est les champions » ! Nous pourrions découvrir un autre Sénégal, car, que l'on soit pro ou anti-crampons, un phénomène reste indéniable dans la victoire, c'est l'identification aux couleurs nationales.
À l'échelle du pays, en politique par exemple, il y a peu de raisons de s'enthousiasmer collectivement. Surtout chez nous où c'est toujours une partie de l’opinion en guerre contre une autre. Il y a si peu d'union nationale. C’est ce sentiment d'appartenir au même rêve que nous pourrions éprouver vendredi en s’écriant “On a gagné !”.
Mais parlons football, car encore faut-il gagner ! Les équipes favorites étaient nombreuses au départ de la compétition et l'équipe du Sénégal, menée par Aliou Cissé, en faisait partie et se retrouve bien au rendez-vous.
Outsider au départ, l’Algérie quant à elle s’est rapidement montrée comme l’une des équipes les plus brillantes de la compétition, au point d’être aujourd’hui considérée comme le candidat le plus sérieux à la victoire finale pour succéder au Cameroun.
Les Lions de la Téranga, qui ont battu en demi-finale la Tunisie 1-0, retrouveront donc les Fennecs de l’Algérie pour la seconde fois du tournoi, puisque les deux équipes se sont déjà affrontées lors de la phase de poules, dans le groupe C. La sélection algérienne s'était imposée sur le score de 1-0, ce qui lui confère un léger avantage psychologique pour entamer cette finale.
Pourtant, les raisons qui me poussent à croire qu’Ismaïla Sarr et ses coéquipiers soulèveront le trophée au Caire le 19 juillet prochain sont nombreuses.
Et ces raisons s’appellent Ismaïla Sarr lui-même, l’ailier rennais ultra rapide, flèche humaine, capable de marquer des buts somptueux. Ses coéquipiers à Rennes, Abdoulaye Diallo, M'Baye Niang, qui pourraient bien eux aussi réaliser le doublé CAN + Coupe de France.
Aussi parce que le Sénégal dispose de joueurs de classe mondiale à l’image de Sadio Mané, la star de Liverpool qui pourrait bien être Ballon d'Or européen 2019. Oui Sadio, Oui !
Chaque joueur aura son rôle à jouer ce vendredi et ce sera bien à eux tous d’écrire la légende, en réussissant ce qu’aucune équipe sénégalaise n’était parvenue à faire auparavant.
En face il y aura du beau monde aussi, pour ne citer que Riyad Mahrez, surdoué du ballon rond, dont le coup franc impérial, inscrit dimanche dans les dernières secondes de la demi-finale contre le Nigeria (2-1) a propulsé son équipe en finale.
Nous regretterons l’absence de Kalidou Koulibaly, le mur à lui seul de la défense sénégalaise. Il sera privé de finale pour avoir pris un deuxième carton jaune en trois matchs dimanche contre la Tunisie. Nous sénégalais habitant en Italie, Koulibaly est notre Dieu, finale ou sans finale !
En premier lieu, nous compterons sur le douzième Lion offensif de l’équipe, en la personne du coach Aliou Cissé, qui veille à l'équilibre du groupe et rêve d’une seconde chance d’inscrire son pays à la liste des grands d’Afrique, après son unique finale perdue en 2002.
Dans tous les cas, l’accès de ces 2 équipes en finale de la CAN aura provoqué une onde de joie gigantesque parmi les supporters des deux nations. Personnellement, évidemment, je souhaite que cette compétition s’achève par un grand rugissement heureux, à la hauteur de l’exploit réalisé par les Lions de la Téranga, contre une équipe algérienne certes redoutable, mais pas imbattable.
Dans tous les cas, je veux que cette compétition se termine dans un bon esprit et dans la joie, car comme l’a si bien dit Didier Deschamps : «C'est un privilège de donner du bonheur aux gens».
Et que cela nous inspire tous, dans un pays secoué par une crise politique, où les élites auraient beau jeu d’imiter nos footballeurs, pour plus de patriotisme, moins de querelles stériles et un dialogue social réinventé.
Oumou Wane est présidente d’Africa 7
LES ÉLECTIONS LOCALES DEVRAIENT ÊTRE REPORTÉES
La commission politique du dialogue nationale estime qu'il lui faut du temps pour produire un travail de qualité, de nature à garantir des élections apaisées
Prévues en décembre prochain, les élections locales sont en passe d'être reportées. Selon un communiqué du président de la commission politique du dialogue nationale, daté du 16 juillet 2019, les membres de ladite commission sont parvenus à un consensus sur la nécessité de reporter l'échéance électorale à une date ultérieure, afin de "produire un travail de qualité, de nature à garantir des élections apaisées".
Les différents acteurs qui participent au dialogue politique doivent encore s'accorder sur la future date, après les funérailles d’Ousmane Tanor Dieng, Secrétaire général du Parti socialiste, décédé lundi à Paris.
MACKY-TANOR, ENTRE SOLIDITÉ, STABILITÉ ET CONTESTATIONS INTERNES
De 2012 à 2019, l’APR et le PS et leurs leaders respectifs, ont entretenu, au sein de la Coalition Bennoo Bokk Yaakaar (Bby), un compagnonnage qui a réussi à faire face aux soubresauts politiques
Leur proximité et affinité ont surpris plus d’un au début du premier mandat du Président Macky Sall. Adversaires lors des premières joutes électorales de 2012 où Macky Sall et Ousmane Tanor Dieng briguaient les suffrages des Sénégalais, ils se sont rapprochés dans la gestion du pouvoir. Ils ont incarné jusqu’au bout ce leitmotiv de la coalition Bennoo bokk yaakaar (Bby) à sa création : « gagner ensemble et gouverner ensemble ». Durant le premier mandat du Président Macky Sall, leur compagnonnage a réussi à se faufiler au creux des vagues contestataires et dissidentes du Ps.
Un parti qui a réussi à garder tous ces ministres de 2012 à 2019. Serigne Mbaye Thiam, d’abord premier ministre de l’Enseignement supérieur en 2012, passé après au département de l’Education, et Aminata Mbengue Ndiaye, ministre de l’Elevage et des Productions animales, font partis de ceux qui ont battu les records de longévité à leur poste ministériel durant le premier mandat du Président Macky Sall. Des indices qui suffisent à renseigner sur la solidité et de la stabilité du compagnonnage entre l’Alliance pour la République (Apr) et le Parti socialiste (Ps) et par ricochet de leurs leaders respectifs, Macky Sall et Ousmane Tanor Dieng. Une relation qui, avec l’exercice du pouvoir, s’est solidifiée. Le secrétaire général du Ps a été élevé au rang de quatrième personnalité de l’Etat, derrière le Président de la République, le président de l’Assemblée nationale et le Premier ministre, en devenant président du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct).
« Monsieur le président du Hcct, Ousmane Tanor Dieng, je mesure le poids du défi qui pèse sur vos épaules. En vous, ma confiance est totale. Votre parcours exemplaire, vos qualités reconnues d’homme d’Etat et votre haute idée du service public vous confèrent tous les atouts pour faire assumer au Hcct sa responsabilité dans la formulation d’avis, à l’attention du Président de la République et du gouvernement ». Ces mots prononcés par le Président Macky Sall, le 31 octobre 2016, lors de l’installation de l’institution, renseignent sur la profondeur du compagnonnage entre les deux hommes. Un compagnonnage qui a eu aussi des hauts et des bas, surtout au sein du Ps, et a fait perdre à ce parti de fidèles compagnons d’Ousmane Tanor Dieng, à l’image de Khalifa Sall et Aïssata Tall Sall, entre autres. L’ancien maire de Dakar et l’actuel édile de Podor ont toujours défendu un détachement et un recul du Ps sur son compagnonnage avec le Président Macky Sall. Ce qui a valu à ces deux responsables d’être écartés alors qu’à un certain moment, on les présentait comme faisant partie de la garde rapprochée d’Ousmane Tanor Dieng.
BÉNI PAR DIOUF
Makhtar Diouf, fils de l’ancien président Abdou Diouf, a résumé le lien fort qui unissait son père à Ousmane Tanor Dieng
Makhtar Diouf, fils de l’ancien président Abdou Diouf, a résumé le lien fort qui unissait son père à Ousmane Tanor Dieng : le premier considérait le second comme « son fils ». C’est qu’une bonne partie de la trajectoire d’Otd est intimement liée à celle de Diouf, parfois même leurs cheminements sont similaires. Tout comme son mentor, Ousmane Tanor Dieng était formé pour être plutôt un technocrate qu’un politique (lire son portrait). Tous les deux ont été admirés par leurs chefs qui les ont encouragés à descendre dans l’arène politique : Senghor a mis en selle Diouf et celui-ci, une fois président, a porté et béni à son tour Tanor. Très tôt donc, Diouf, c’est lui qui le confie dans ses « Mémoires », est émerveillé par le jeune homme qu’il avait laissé partir servir le président Léopold Sédar Senghor. Après avoir bien observé ce garçon « méthodique, sérieux, travailleur et cultivé », maître dans l’art d’écrire des discours, Diouf décide, à son avènement à la tête du Sénégal, de garder cet homme de 46 ans d’abord comme conseiller diplomatique, ensuite directeur de cabinet en 1988 (année de son accession au bureau politique du Ps) pour ensuite le nommer directeur de sa campagne à l’élection présidentielle de 1993.
Et lorsqu’il décide de se décharger des tâches de secrétaire général du Parti socialiste, Abdou Diouf pense tout naturellement au natif de Nguéniène, le mettant ainsi dans le viseur des barons du parti. Mais, comme il le dit, « mes camarades de parti ne voulaient pas en entendre parler ». Alors, il décide de couper la poire en deux : il devient président du Ps et Tanor premier secrétaire. Certains ont vite fait d’assimiler le rôle de cette étoile montante au sein du Ps et au cœur de l’Etat comme un dauphinat. Difficile à l’époque de faire croire le contraire. Et très vite, l’ascension fulgurante est jalonnée de bataille sans merci avec les barons.
Et lorsqu’il s’est agi de formaliser le nouvel organigramme du parti, certains ont vite taxé Diouf d’organiser un « congrès sans débat », le 30 mars 1996. Un tournant dans la vie du Ps. Ce jour, Abdou Diouf dit tout le bien qu’il pense de l’homme : « Ousmane Tanor Dieng est un garçon remarquable, un jeune homme plein de vertus, de talent, de courage, de compétence, d’une loyauté et d’un engagement sans pareil ». L’accusation de dévolution du pouvoir prend alors plus de l’ampleur : « c’est quand Ousmane Tanor Dieng a commencé à présider les bureaux politiques à ma place, que l’impression a prévalu que j’avais abandonné le parti en laissant quelqu’un qui devait être mon dauphin sur les plans du parti et de l’Etat le faire ». Le plus proche collaborateur se retrouve ainsi à l’apogée de sa carrière : ministre d’Etat chargé des Affaires présidentielles, gestionnaire des fonds politiques de la présidence, premier secrétaire du Ps. Plus de dix ans après la perte du pouvoir, Diouf confesse : « Quand on analyse ça avec le recul, c’est vrai qu’on peut se dire que c’est une double confiance qui conduit tout droit vers ce soit disant dauphin ». A l’arrivée, l’homme n’a jamais accédé à la tête du pays, mais Otd est resté solide à son idéal socialiste et à la barre du navire Ps jusqu’à son dernier souffle.