La dégradation des sols est un phénomène mondial qui préoccupe sérieusement les pays sous-développés. Raison pour laquelle, le Président Macky Sall a demandé à l’Académie Nationale des Sciences et Techniques du Sénégal (Ansts) de faire une étude sur la restauration et la valorisation des terres salées du Sénégal. Et c’est hier que les académiciens ont présenté leur rapport sur la dégradation des terres, en présence du président de la République.
L’Etat du Sénégal fait de l’Ansts un partenaire privilégié qu’il sollicite sur diverses problématiques dans ses missions de Conseil scientifiques et techniques. «Vous aurez dans la journée (hier Ndlr)la lettre affectant définitivement le siège de l’Académie ainsi que le déblocage de votre subvention pour cette année», a promis le chef de l’Etat. A propos de la dégradation des sols, il estime qu’en tant que natif de Fatick, il connait les méfaits des terres salées. «Depuis des décennies, nos terres agricoles sont soumises à un processus de dégradation intense lié en grande partie à une salinisation progressive», soutient-il en ajoutant que d’autres facteurs contribuent à la dégradation des terres. «D’autres facteurs comme l’érosion hydrique, éolienne et la désertification lui donnent une autre ampleur, mais il faut aussi reconnaitre que la main de l’homme n’y est pas étrangère à travers le processus d’industrialisation de développement du sel», se désole-t-il.
Selon le chef de l’Etat, ce processus constitue une menace réelle pour la sécurité alimentaire, à travers la baisse des rendements de cultures, la péjoration de la biodiversité tout en entrainant la précarité, l’exode rural voire l’immigration clandestine. «J’ai pris note de cette étude et des solutions que vous avez proposées pour renverser cette pente inquiète. Le phénomène de la salinisation des terres agricoles affecte plus d’un millions d’hectares, c’est-à-dire ¼ de nos superficies cultivables. Il s’étend le long de nos côtes de Saint-Louis à Caps kiring ainsi que dans les vallées des fleuves Sénégal et des bras de mer du Sine et du Saloum», explique le Président.
330.000 MENAGES RURAUX PRIVES DE LEUR PRINCIPAL MOYEN D’EXISTENCE
Le rapport sur la dégradation des sols a été présenté par Dr Moussa Bakayoko qui est le président de la section sciences agricoles au sein de l’académie. A l’en croire, les superficies de terre salées, restaurées et valorisées sont de 300.000 hectares en Casamance, 250.000 hectares au Sine Saloum, 200.000 hectares dans le Delta et la Vallée du fleuve Sénégal, 6.000 hectares (ha) dans les Niayes. «Au niveau national, la salinisation affecte ¼ à 1/3 des terres arables, soit 950.000 à 1.267.000 ha représentant près de 6% de la superficie totale du pays. C’est dire qu’elle prive près de 330.000 ménages ruraux de leur principal moyen d’existence et concourt à l’accroissement de l’exode rural et de l’émigration», souligne-t-il avant de poursuivre : «c’est dire aussi qu’elle engendre un manque à gagner d’environ 292.000 tonnes de mil sur le stock potentiel national de sécurité alimentaire.
«ON RÊVE D’ÉCRIRE NOTRE PROPRE HISTOIRE»
Capitaine de l’équipe, Cheikhou Kouyaté n’a pas caché la motivation et le moral haut et fort de ses partenaires.
Lamine Mandiang DIEDHIOU, envoyé spécial en Egypte |
Publication 17/07/2019
L’équipe nationale du Sénégal va disputer ce vendredi sa deuxième finale de CAN de son histoire. A quelques jours de cette finale, la confiance est de mise chez les « Lions » qui rêvent d’écrire en lettres d’or l’histoire du football sénégalais. Capitaine de l’équipe, Cheikhou Kouyaté n’a pas caché la motivation et le moral haut et fort de ses partenaires.
Titulaire indiscutable depuis son entrée en jeu lors du match contre la Tanzanie comptant pour la première journée à la place d’un Salif Sané blessé, Cheikhou Kouyaté est le symbole de cette équipe qui monte en puissance au fil des rencontres. En difficulté lors de la seule défaite des « Lions » dans ce tournoi, le capitaine du Sénégal aura livré de solides prestations lors des rencontres suivantes. Deuxième joueur le plus utilisé par Aliou Cissé dans ce tournoi (547 minutes jouées en 6 matches), celui qui est surnommé « Yadel » est un pion indispensable du dispositif d’Aliou Cissé. Même s’il pêche toujours dans la relance, sa capacité de couverture, sa lecture de jeu et son sens de l’anticipation font du bien à l’arrière garde sénégalaise qui est la meilleure de cette 32ème édition. Son équipe fera face en finale à une équipe algérienne qui l’a battue en match de poule (1-0).
Revanche ou confirmation, les amateurs du ballon rond seront fixés d’ici peu même si on devrait s’attendre à un tout autre match. Un duel où il n’y aura pas de calcul dont on ne retiendra que le nom du vainqueur. Malgré la pression qui entoure cette affiche de prestige et ce désir de revanche, la peur n’habite nullement l’équipe d’Aliou Cissé à en croire le capitaine. « Ça se présente bien et mon équipe est prête à relever le défi. On sait bien qu’une finale est faite pour être gagnée. On fera le tout pour faire la différence. Ce ne sera pas une revanche. Le match de poule est oublié et ce sera une autre rencontre vendredi. On a un objectif, c’est de gagner cette finale et on fera tout pour y arriver. Je ne peux pas vous dire sur quoi on travaille. Il faudra attendre le jour-j. On ne connaît pas la peur. Ce qu’on veut c’est écrire notre propre histoire, faire plaisir à nos familles, nos amis, au peuple sénégalais dans son ensemble. Pour cela, on donnera tout sur le terrain. L’équipe est prête et même si on reprogrammait le match demain » assure Cheikhou Kouyaté devant les micros avant la séance d’entrainement de ce mardi.
Pas de préparation spéciale
Il aura l’opportunité d’être le premier capitaine sénégalais à soulever le trophée continental. Pour réaliser ce rêve, il faudra sortir le grand jeu et se défaire de la coriace équipe algérienne jusqu’ici invaincue dans cette CAN. Un souhait qu’il garde dans un coin de sa tête même si ce sera le succès de tout un collectif qui ne cesse de progresser. « Je pense tout le temps à soulever le trophée. Ce ne sera pas pour moi, mais pour le peuple. On se donnera les moyens d’accomplir cette mission entièrement pour le bonheur de tous » affirme-il. Le statut du match de ce vendredi n’aliénera cependant pas la façon de travailler de l’équipe. Selon le joueur de Crystal Palace « rien n’a changé dans notre façon de faire ou de travailler. La défaite contre l’Algérie est encore une fois derrière nous. On a perdu une bataille mais pas la guerre ». Pour cette finale, l’ancien sociétaire de West Ham devra faire sans son compère de la charnière centrale. Suspendu pour cumul de cartons, Kalidou Koulibaly ne tiendra pas sa place aux côtés de Kouyaté vendredi. Une absence de marque qui ne fragilise en rien le moral des « Lions » comme l’atteste le capitaine. « On aurait préféré avoir Koulibaly (Kalidou). C’est un leader de l’équipe, mais nous sommes venus ici avec 23 joueurs. Je pense qu’on a eu beaucoup de blessés depuis l’entame du tournoi et maintenant la suspension de Koulibaly. Mais, on va faire avec ceux qui sont là et on a entièrement confiance au groupe » souligne-t-il.
Edouard Mendy et Cheikh Ndoye présents lors de la finale
En vue de cette fête, le capitaine de l’équipe nationale du Sénégal a annoncé la présence de Cheikh Ndoye et Edouard Mendy, deux coéquipiers absents de l’équipe pour cause de blessure. Le premier nommé a eu une rupture des ligaments croisés d’un genou au mois de mars tandis que le deuxième nommé s’est blessé au moment de l’échauffement du match contre le Kenya comptant pour la troisième journée de cette CAN. « J’ai eu Edouard (Mendy) qui sera là. J’ai aussi parlé avec Cheikh Ndoye qui essaie de venir. Cela fait plaisir de voir que tous les joueurs sont concernés, même ceux qui ne sont pas là » conclut il.
SADIO MANE ENTRE DEUX DEFIS
Meilleur buteur du Sénégal dans cette CAN avec trois réalisations à son compteur, Sadio Mané fait figure de prétendant du titre de « Soulier d’Or » du tournoi.
Lamine Mandiang DIEDHIOU, envoyé spécial en Egypte |
Publication 17/07/2019
L’international sénégalais va ainsi se livrer à un duel à distance avec le duo d’Algériens (Mahrez et Ounas) pour finir en tête du classement des meilleurs buteurs de ce tournoi qui est actuellement dominé par Ighalo (4 buts)
A l’heure de pénétrer sur la pelouse du stade international du Caire ce vendredi pour la finale de cette 32ème édition de la CAN, Sadio Mané aura en tête deux défis. Celui de remporter le graal mais aussi terminer en tête du classement des meilleurs buteurs.
Si Alisson qui a remporté la Copa América avec le Brésil, est dans les favoris, Sadio Mané, la fusée du champion d'Europe Liverpool, ne peut être ignoré s’il parvient à remporter avec le Sénégal la CAN 2019. Le trophée de « Soulier d’Or » pourrait également constituer un bonus dans la quête de son BO africain où il bénéficie d’une grosse longueur d’avance sur ses concurrents directs, Mohamed Salah et Hachim Ziyech tous deux éliminés. A égalité avec le Congolais Cedric Bakambu et les Algériens Ryad Mahrez et Adam Ounas, Sadio Mané aura un autre duel à livrer sur le terrain. Au coude-à-coude avec ses adversaires de samedi, l’international sénégalais n’a besoin que d’une réalisation pour les devancer et se hisser à hauteur du Nigérian Ighalo, actuel meilleur buteur de cette CAN 2019.
En dehors de ce titre de meilleur joueur, cette finale devrait décider également de celui du meilleur joueur de cette CAN. Le joueur de Manchester City semble être le concurrent le plus crédible à ce trophée. La finale devrait départager les deux joueurs qui font partie des éléments clés de leurs équipes respectives. L’enfant de Bambali devra néanmoins montrer vendredi un tout autre visage différent que celui affiché contre cette même équipe algérienne au premier tour de ce tournoi. A court de rythme même s’il a beaucoup tenté offensivement, le co-meilleur buteur du championnat anglais avait donné l’impression d’un Lion en cage incapable de se défaire de l’étau algérien.
Fer de l’attaque sénégalaise, le joueur de Liverpool n’a pas encore montré tout son talent à l’image de cette équipe sénégalaise. Il devra sûrement hausser le ton pour atteindre son objectif final. Son expérience des finales (deux de C1 lors des deux dernières saisons) et du très haut niveau en font le joueur lige dans la conquête du premier titre du Sénégal. Ce qui le maintiendra également dans la lutte pour le prochain Ballon d'Or.
Classement meilleurs buteurs :
4 buts : Odion Ighalo (Nigéria)
3 buts :C. Bakambu (RD Congo), S. Mané (Sénégal), A. Ounas (Algérie), R. Mahrez (Algérie)
2 buts : C. Andriamatsinoro (Madagascar), J. Ayew (Ghana), W. Zaha (Côte d’Ivoire), Y. Belaili (Algérie), Y. En-Nesyri (Maroc), E. Okwi (Ouganda), M. Olunga (Kenya), Poté (Bénin), Salah (Egypte), M. Yattara (Guinée), Y. Msakni
Par Carlos Lopes
LE TEMPS NOUS DIRA SI LA MONNAIE COMMUNE EN AFRIQUE DE L’OUEST EST UNE CHIMÈRE
Dans la théorie économique, les unions monétaires sont l’avant-dernière étape d’une intégration économique complète. Celle-ci devrait être précédée de l’établissement d’une zone commerciale préférentielle, d’une zone de libre-échange, d’un marché unique
Le Monde Afrique |
Carlos Lopes |
Publication 17/07/2019
La première proposition de création d’une monnaie européenne commune date de 1969. Il a fallu plus de trente ans de délibérations, dont le traité de Maastricht de 1992, pour aboutir à une monnaie – encore virtuelle – en 1999. A l’époque, l’objectif était de pouvoir opérer des transferts, d’émettre des chèques et surtout d’adopter une série de politiques macro-économiques convergentes, en vue d’émettre une devise, avec billets et pièces. Ce qui est finalement intervenu début 2002 avec l’euro. Ce long et laborieux processus n’a pas empêché la zone euro de connaître des problèmes majeurs, exposés par la crise financière mondiale de 2008- 2009 et les répliques qui ont suivi. Il est important de rappeler l’histoire de l’euro, après l’annonce spectaculaire de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) sur l’établissement d’une monnaie commune pour les quinze Etats membres de cette sous-région de l’Afrique, baptisée l’éco.
Cibler un seuil minimal de convergence
L’Afrique a une histoire riche et ancienne en matière de monnaies communes. Cela inclut des expériences qui se sont terminées depuis (comme par exemple en Afrique orientale) et d’autres qui sont l’objet de controverses politiques telles que les deux zones du franc CFA ou l’aire monétaire du rand en Afrique australe. On pourrait donc imaginer que beaucoup de leçons ont été apprises sur le continent, dans ce domaine. A l’instar de l’euro, l’éco suit un scénario connu, consistant à cibler un seuil minimal de convergence avant de lancer la mise en œuvre progressive d’une zone monétaire. Dans le cas de l’éco, les critères clés sont des réserves de changes couvrant trois mois d’importations, une inflation inférieure à 10 % (à réduire rapidement à moins de 5 %), un déficit budgétaire inférieur à 3 %, et des politiques de financement du déficit budgétaire par les Banques centrales ne dépassant pas 10 % des recettes fiscales de l’année précédente. Enfin, le niveau d’endettement ne doit pas excéder 70 % du produit intérieur brut (PIB). Il y a trois difficultés avec ces critères. Tout d’abord, aucun des adhérents actuels n’est près de les respecter. Deuxièmement, les délais pour atteindre les objectifs sont irréalistes. Troisièmement, même s’ils étaient remplis, ces critères ne sont pas les mêmes que ceux préconisés par l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), qui regroupe les huit Etats de cette zone du franc CFA. Ils diffèrent aussi d’autres obligations auxquelles sont soumis certains Etats membres, dans le cadre de plans du Fonds monétaire international (FMI) par exemple. Il est donc nécessaire de comprendre le sens de cette précipitation. Est-il politique ou économique ? Est-il question de symbole ou de substance ?
Apparences trompeuses
Dans la théorie économique, les unions monétaires sont l’avant-dernière étape d’une intégration économique complète. Celle-ci devrait être précédée de l’établissement d’une zone commerciale préférentielle, d’une zone de libre-échange, d’une union douanière, d’un marché unique et d’une union économique. On peut se demander si les Etats membres de la Cédéao ont pleinement mis en œuvre ces préalables, qui justifieraient le saut actuel. Si l’on tient compte du fait que le Nigeria est l’un des plus réticents, il y a aussi lieu de s’interroger. Le poids de ce pays est massif au sein de la communauté. Il représente les deux tiers du PIB total de la Cédéao, 77 % des exportations et 41 % des importations. La monnaie nigériane, le naira, est fortement tributaire de la manière dont l’Etat fédéral génère ses revenus, principalement à partir des exportations de pétrole. Très dépendant des cours des hydrocarbures, il souffre de la volatilité extrême des prix. En termes simples, le Nigeria dispose d’une flexibilité limitée pour mener une politique monétaire indépendante. Sa frilosité vis-àvis de l’éco se justifie par ces restrictions. Le Nigeria doit protéger son économie.
Qu’en est-il des autres ? Plus petits, les pays membres de l’UEMOA obtiennent des résultats supérieurs à ceux du Nigeria dans les différentes catégories d’intégration telles que les infrastructures régionales, le commerce, l’intégration productive, l’intégration financière et macroéconomique ou la libre circulation des personnes. En la matière, la Côte d’Ivoire et le Togo sont les champions absolus dans la sous-région. On pourrait donc soutenir que leur appartenance à une union monétaire déjà existante, celle du franc CFA, a permis de les rapprocher. Mais les apparences sont trompeuses. Leur performance est inférieure à celle des membres de la Communauté d’Afrique de l’Est, qui ne possèdent pas et ne souhaitent pas d’union monétaire, préférant plutôt la convergence dans d’autres domaines d’intégration.
Cocher les cases
Le franc CFA est d’ailleurs le sujet de polémiques récurrentes. Et si la Côte d’Ivoire a été l’un des plus fervents défenseurs des accords en vigueur dans l’UEMOA, le pays a également émergé, récemment, comme l’un des plus enthousiastes promoteurs de l’éco. C’est intéressant politiquement. Cela pourrait indiquer que l’éco est perçu comme un vecteur essentiel d’une intégration plus poussée au sein de la région, prévoyant l’abandon du franc CFA, au profit de relations économiques plus étroites avec l’Afrique de l’Ouest non francophone. Ou cela peut signifier que, si l’éco est un rêve lointain, il serait politiquement utile de le défendre. Avec l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), le débat revêt encore une autre dimension.
Le récent sommet extraordinaire de l’Union africaine, tenu à Niamey les 7 et 8 juillet, a vu quatre acteurs de l’Afrique de l’Ouest voler la vedette : le Nigeria et le Bénin adhérant en dernier à la zone de libre-échange, le Niger accueillant le sommet et confirmant son rôle de champion des négociations, et le Ghana, qui a vu sa capitale choisie comme lieu du futur secrétariat de la zone.
Ainsi, l’Afrique de l’Ouest est déjà bien occupée à promouvoir le commerce au niveau de tout le continent. Y a-t-il des énergies supplémentaires pour d’autres chantiers ? Il est utile de savoir que le dossier d’une monnaie commune dans la région a été plus d’une fois remis à plus tard, faute d’un début de convergence entre les différents Etats membres. Le document de référence actuel pour la Cédéao, « Vision 2020 », a besoin que des cases soient cochées avant que soit conçue une nouvelle « vision ». La monnaie commune était l’objectif le plus difficile à atteindre à l’horizon 2020. Assurément, l’annonce d’un nom et d’un réengagement au plus haut niveau a plu à beaucoup. Mais est ce une chimère ? Le temps nous le dira.
Carlos Lopes est professeur à l’Université du Cap et à Sciences Po. Il a présidé la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies.
Suite au décès d'Ousmane Tanor Dieng, Pape Alé Niang invite les hommes politiques à humaniser leurs relations. Il interpelle le Président Macky Sall à libérer Khalifa Sall. Avant de revenir sur les fausses accusations d'Aliou Sall.
LA COUR SUPRÊME DOUCHE LUC NICOLAI
La Cour suprême a confirmé la décision de la Cour d’appel de Saint-Louis qui avait condamné Luc Nicolaï à5 ans dont 1 avec sursis, avec mandat d’arrêt
La Cour suprême a confirmé la décision de la Cour d’appel de Saint-Louis qui avait condamné Luc Nicolaï à5 ans dont 1 avec sursis, avec mandat d’arrêt. Le promoteur mbourois va-t-il encore continuer à jouir de sa liberté avec cette succession de revers judiciaires ?
Il était à 4 appuis. Il s’étale définitivement. La Cour suprême a confirmé la peine du promoteur de lutte, Luc Nicolaï, quia été condamné par la Cour d’appel de Saint-Louis à 5 ans de prison dont 1 avec sursis pour détention de drogue, association de malfaiteurs et complicité de tentative d’extorsion de fonds. La Cour suprême a néanmoins infirmé le jugement sur les intérêts civils. Il devrait allouer, en compagnie de Djibrine Diop et de Abdou Khadir Kébé, à Bertrand Touly et à l’hôtel Lamantin Beach 300 millions FCfa. En prime, la Cour suprême a décerné un mandat d’arrêt contre le Mbourois.
Est-ce un coup d’arrêt de la carrière du promoteur de lutte qui reste sous la lumière, malgré la décision de la Cour d’appel de Saint-Louis qui avait pris son verdict le 24 octobre 2017 ? Jusque-là, il ne s’est rien passé. Comme si Luc bénéficiait d’un totem d’immunité qui l’épargnait d’un retour en prison. Son avocat va-t-il introduire un nouveau recours dans la même juridiction pour le sortir de ce nouvel étau ? Wait and see ! En tout cas, c’est une succession de revers pour Luc qui a perdu ses attributs de sainteté à cause de ce dossier.
En première instance, il a été condamné par le Tribunal correctionnel de Dakar à 5 ans dont 2 ferme et à payer 500 millions de dommages et intérêts. Non satisfait de cette décision, il avait fait appel devant la Cour d’appel de Dakar dont les juges qui avaient eu la main plus lourde avaient décidé de le condamner à 5 ans dont 2 avec sursis. Luc Nicolaï, qui devait alors passer 3 ans de prison ferme, s’était pourvu en cassation, même s’il était sorti de prison grâce à une libération conditionnelle. Il obtint d’ailleurs gain de cause parce qu’en 2013, la Cour suprême avait cassé le verdict de la Cour d’appel de Dakar pour ensuite renvoyer le dossier devant la Cour d’appel de Saint-Louis. Mais là aussi, le promoteur de lutte n’était pas au bout de ses surprises pour avoir vu sa peine encore une fois alourdie par les juges d’appel qui l’ont condamné à 5 ans dont 1 avec sursis et à payer 100 millions et 200 millions F Cfa, respectivement à Bertrand Touly et au Lamantin Beach, en guise de dommages et intérêts. C’est l’épilogue d’une affaire qui rythme l’actualité judiciaire depuis plus de 5 ans.
Accablé par son coaccusé Abdou Khadir Kébé
Si Luc Nicolaï en est arrivé là, le témoignage de son coaccusé Abdou Khadir Kébé, ancien chef de la Sous brigade des douanes de Mbour, en est certainement pour beaucoup. Le 11 octobre 2017, lors de leur jugement, l’exgabel ou avait en effet soutenu devant la barre que c’est Luc Nicolaï qui lui avait remis la puce de téléphone avec laquelle ils communiquaient. Il avait ensuite, avec beaucoup de détails, expliqué les circonstances dans lesquelles les faits se sont déroulés dans le bureau du directeur du Lamantin Beach où la drogue avait été découverte. «C’est Luc qui m’a informé de l’existence de la drogue. C’est lui qui m’a indiqué l’endroit où elle se trouvait dans le bureau de Bertrand Touly. J’ai feint de chercher un peu partout pour éviter qu’il se rende compte que je savais déjà où se trouvait le produit. Puis, je me suis dirigé à l’endroit indiqué», avait déclaré M. Kébé. Luc Nicolaï qui n’avait pas pu battre en brèche ce témoignage qui l’avait confondu se contentait de déclarer : «Tout cela est une cabale. M. Kébé a certainement reçu de l’argent pour me charger.» Les juges n’ont pas à nouveau eu la même lecture que le promoteur qui se retrouve encore à terre, alors qu’il se bat depuis septembre 2012 pour sortir victorieux de ses différents procès.
L’affaire de la drogue du Lamantin Beach est un feuilleton qui dure depuis septembre 2012, pratiquement 7ans. Condamné pour détention de drogue, association de malfaiteurs et complicité de tentative d’extorsion de fonds, Luc Nicolaï a poursuivi sa carrière professionnelle dans le monde de la lutte où il est roi. Comme si de rien n’était.
Par Abdoulaye Bamba DIALLO
TANOR, ENFANT DE LA RÉPUBLIQUE ET SERVITEUR DE L’ÉTAT
La vie, la trajectoire et le destin d’Ousmane Tanor Dieng peuvent résumer admirablement l’histoire politique nationale de ces quarante dernières années - Du penseur et visionnaire Senghor, Tanor aura beaucoup lu, appris et retenu de ses enseignements
Il a entamé son itinéraire en optant pour la carrière diplomatique et pouvoir devenir, ainsi, un grand serviteur de l’Etat. Il a fini par devenir à la fin de son itinéraire un homme politique et un chef d’un parti qui est passé du pouvoir à l’opposition avant de devenir un parti allié dans une nouvelle majorité présidentielle où le leadership était détenu par un nouveau parti et son leader. La vie, la trajectoire et le destin d’Ousmane Tanor Dieng peuvent résumer admirablement l’histoire politique nationale de ces quarante dernières années. De la splendeur et de l’hégémonie du parcours socialiste sous Abdou Diouf, de 1981 à l’an 2000, à la descente aux enfers de ce même parti, entre 2000 et 2012, avec l’avènement de la première alternance sous Wade et sa résurrection sous le même OTD à partir de 2007, malgré les coups de boutoir d’un adversaire politique aussi dur et cuirassé qu’est un Abdoulaye Wade devenu 3e Président de la République du Sénégal ne l’ont jamais fait scier ou flancher. OTD est toujours resté droit dans ses bottes, malgré l’impitoyable acharnement du prophète du Sopi à démanteler l’historique parti senghorien que lui, Tanor, venait d’avoir en héritage après l’exil de Diouf en France avant sa seconde vie politique à l’OIF. Tanor que Wade condamnait à un destin de Sisyphe rependra plutôt l’escalade du rocher pendant que les rats quittaient le navire donnant mode à la transhumance et finira ainsi par ramener le PS au pouvoir en 2012 après la chute du tombeur de Abdou Diouf.
Il n’y a pas loin du Capitole à la Roche Tarpéienne et l’homme démontrait, ainsi, son endurance et sa capacité à conduire ses troupes à la victoire après la longue traversée du désert pour un parti qui, avant l’an 2000, n’avait jamais goûté à l’opposition. De Tanor Ousmane Dieng car il était plus estampillé Tanor que Ousmane Tanor Dieng, les annales politiques du Sénégal retiennent l’élégance vestimentaire d’un homme de grande taille, un dandysme vestimentaire de l’homme qui le mettait à son aise et le rendait agréable pour ses contemporains qu’il soit habillé à la mode traditionnelle ou occidentale. Ce fier sérère de la Petite Côte, attaché à ses racines, sportif accompli et supporter inconditionnel de tous les sportifs sénégalais et de toutes les équipes nationales en compétition pour défendre les couleurs nationales, ne s’économisait jamais pour leur apporter son soutien. Cet homme avait quelque chose de très rare dans la vie, il savait faire la différence entre l’essentiel et l’ostentation. Ce qui l’a toujours rendu avare en propos et commentaires alors que, sur la scène politique nationale, le bavardage est considéré comme une qualité ou un don par certains. Il en est de même, d’ailleurs, de la recherche permanente d’une image à polir ou à entretenir. Ce scientifique de formation, devenu juriste après un passage à la Faculté des Sciences Juridiques et Economiques de l’Université de Dakar, actuelle Cheikh Anta Diop (UCAD), manifestait un véritable culte pour le service de l’Etat et de son pays car il s’est toujours proclamé être un fils de la République. Ainsi, lors de son installation à la présidence du HCCT, il a tenu dans son discours à magnifier ce sacerdoce car, pour lui, sérère et fils de paysan « c’est l’école de la République qui était venue à moi en ouvrant ses classes dans mon terroir d’origine » qu’est le village de Nguéniène, situé entre la paroisse de Ngazobil et la ville de Joal, celle de l’illustre poète et humaniste Léopold Sédar Senghor. Ce senghorien d’obédience, devenu dioufiste par sa carrière, n’a pas fait qu’hériter du fauteuil de Secrétaire Général du parti que Léopold Sédar Senghor a fondé et a légué à Abdou Diouf. Du penseur et visionnaire Senghor, Tanor aura beaucoup lu, appris et retenu de ses enseignements.
L’organisation et la méthode constituent le viatique dont il usera durant son service au sein de l’Etat et son exercice à la tête du PS. C’est certainement pour l’avoir bien revisité que, de 1981 à l’an 2000, après son envol à partir de 1989 sous l’ombre d’Abdou Diouf, Tanor est passé du fonctionnaire au grand commis de l’Etat pour finir par être l’homme politique qu’il est devenu. C’est-à-dire un homme de pouvoir qui a toujours su que le pouvoir d’Etat s’exerçait par la capacité à opérer de la distance sur les hommes et les évènements, par la retenue face aux multiples enjeux, aux nombreuses contradictions, aux aléas et aux tentations de la vie. Sans jamais céder à la passion ou à l’exagération lors de son service et durant son exercice. Ainsi reconnaît-on l’étoffe d’un grand serviteur de l’Etat. Et chez « Grand-Bi », cela se traduit par l’itinéraire d’un jeune haut fonctionnaire qui voulait devenir un grand commis de l’Etat comme en raffolait le Président Senghor, qui s’est cru devenir un technocrate avec Abdou Diouf alors que le Destin, lui, avait choisi pour lui le costume d’homme politique qu’il a fini par devenir sans pour autant l’avoir choisi mais tout en l’acceptant comme étant la main de Dieu.
L’ARRIVÉE DE LA DÉPOUILLE D’OUSMANE TANOR DIENG, UN DES SUJETS EN EXERGUE
Dakar, 17 juil (APS) - Les quotidiens parvenus mercredi à l’APS traitent principalement du décès du secrétaire général du Parti socialiste (PS) Ousmane Tanor Dieng et du report des élections locales initialement prévues en décembre prochain.
Ousmane Tanor Dieng, par ailleurs président du Haut conseil des collectivités territoriales, est décédé lundi en France des suites d’une maladie. Il sera inhumé ce mercredi dans son village natal de Nguéniène, dans le département de Mbour.
Sa dépouille est attendue ce mercredi à partir de 14h30 à l’Aéroport International Blaise Diagne (AIBD) de Diass où un hommage lui sera rendu par le chef de l’Etat Macky Sall, au nom de la nation, selon la présidence sénégalaise.
"Paris-Nguéniène. Le dernier voyage de Tanor", souligne le quotidien Kritik’. Hier à Paris, c’est le Sénégal en miniature qui a pris part à la levée du corps. Larmes, prières et chauds témoignages pour un serviteur modèle de la République", écrit ce journal.
"Honneurs militaires et enterrement à Nguéniène dans la concession familiale", annonce L’Observateur. "Il sera enterré dans la demeure familiale aux côtés de son père", indique Libération.
"Hommage national à un homme de consensus", affiche le Soleil en évoquant les funérailles du défunt président du Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT). "Jour des adieux", affiche de son côté Vox Populi, ajoutant que le président Macky Sall va rendre au défunt "l’hommage de la nation à l’AIBD avant de l’accompagner à sa dernière demeure à Nguéniène."
"L’ultime hommage à O.T.D", note L’As. "L’ultime voyage de Tanor", affiche Le Témoin quotidien, dont les éditorialistes saluent en Ousmane Tanor Dieng un "grand homme" et un "enfant de la République et serviteur de l’Etat".
Selon Walfquotidien, le legs d’Ousmane Tanor Dieng "connaîtra, à n’en pas douter, des fortunes diverses. Sa succession à la tête du HCCT ne devrait pas poser problème, en revanche, les choses risques d’être compliquées pour ce qui est de la direction du PS et de la mairie de Nguénième", relève ce journal.
Tribune, sur un sujet moins triste, annonce qu’un consensus a été trouvé pour un report à juin 2020 des élections locales initialement prévues en décembre prochain.
La commission du dialogue politique mise sur pied dans le cadre du "dialogue national" en a décidé ainsi, "après un +consensus fort+ entre acteurs politiques", rapporte le journal Le Quotidien.
"La malédiction des locales", souligne à ce sujet le quotidien Enquête, selon lequel de 1984 à nos jours, "les élections locales n’ont jamais été tenues à date échue, au Sénégal".
Selon Sud Quotidien, opposition et pouvoir, pour une fois, "donnent leur caution" pour ce report, mais ce consensus fort est toutefois "contesté" par le Parti démocratique sénégalais (PDS) et le Congrès de la renaissance démocratique (CRD).
Le Soleil rapporte que la commission politique du "dialogue national’’ veut ainsi "se donner le temps de produire un travail de qualité, de nature à garantir un cadre politique et des élections apaisées."
Par Mamadou Oumar NDIAYE
FIER D’AVOIR ÉTÉ TON PETIT-FRÈRE, GRAND HOMME !
Tanor était un homme multidimensionnel, attachant, méchamment caricaturé par ses adversaires sous les traits d’un tueur froid alors qu’en réalité, il était profondément fidèle en amitié, sincère, ne promettait jamais ce qu’il ne pourrait pas faire
C’est en 1991 que j’ai connu Ousmane Tanor Dieng. A l’époque, jeune et fougueux journaliste, me voulant sans peur et sans reproche comme le chevalier Bayard, je tirais — avec ma plume ! — sur tout ce qui bougeait. « Tanor », lui, n’était pas encore au faîte de sa puissance mais c’était tout comme puisqu’il était déjà le tout-puissant directeur de cabinet du président Abdou Diouf et amorçait déjà sa montée en puissance. Il avait eu un problème avec une jeune femme qu’il allait épouser plus tard et lorsque je fus informé de cette situation, j’écrivis un article qui fit grand bruit à l’époque. Il fallait être suicidaire pour oser attaquer bille en tête Ousmane Tanor Dieng en ce temps-là ! Et pourtant, c’est ce que j’avais fait, persistant, signant et récidivant. Au cours d’une audience qu’il m’avait accordée dans la même période, le président Abdou Diouf s’en était ému et m’avait fait savoir que son directeur de cabinet souffrait sérieusement des attaques dont il faisait l’objet de ma part. Il me pria donc de lever le pied. Et puis un jour, Diagna Ndiaye, qu’on ne présente plus, m’a appelé et, après avoir parlé de banalités, me demanda de passer le voir le lendemain à 18 heures pour un scoop du tonnerre. Naturellement, à l’heure convenue le jour « J », j’étais présent dans l’appartement qu’il occupait alors en face de la pharmacie de la Nation dont le propriétaire était feu Majmouth Diop, défunt dirigeant du Parti africain de l’Indépendance (PAI). Alors que j’étais en grande conversation avec Diagna qui me faisait languir à propos du scoop promis, on sonna à la porte d’entrée.
Mon hôte se leva, ouvrit la porte et… Ousmane Tanor Dieng fit son entrée ! Je me levais brusquement, décidé à partir. Diagna me supplia de rester, fit les présentations et se mit à expliquer ce qui le liait à l’un et l’autre d’entre nous avant de dire combien il était peiné de voir un petit-frère — moi, en l’occurrence —, s’acharner médiatiquement sur un de ses amis personnels. Ce jour-là, nous nous parlâmes tous trois longuement, ne sentant pas le temps passer puisque nous ne nous sommes quittés qu’aux environs de 21 heures. L’un et l’autre, Tanor et moi, remerciâmes chaleureusement Diagna d’avoir eu l’initiative d’une telle rencontre et chacun de nous lui dit à propos de l’autre : « mais c’est pas possible, moi qui le prenais pour un monstre ! » C’est ainsi que la grande relation d’amitié ou, plus exactement, de fraternité entre Ousmane Tanor Dieng et moi a commencé. On se rencontrait régulièrement soit à son bureau de la présidence de la République soit chez Diagna Ndiaye qui déménagea par la suite pour habiter dans un immeuble situé à deux pas de l’Assemblée nationale et qui appartenait à Saïd Fakhry, industriel du savon et défunt président de la Fédération sénégalaise de football.
Allô, ici le « PC » !
Là, pendant des années, et alors que OTD était devenu entretemps le tout-puissant et redoutable ministre d’Etat, ministre des Affaires et services présidentiels, on tenait des « PC » (postes de commandement !) pour discuter de la situation du pays, échanger des informations, faire de la prospective. Dans une ambiance détendue et sans protocole. En plus de Diagna et moi, « on » désignait aussi le président du groupe parlementaire du Parti socialiste à l’époque, Abdourahim Agne, par ailleurs patron de la Somicoa, et mon confrère et ami Laye Bamba Diallo, alors directeur du « Cafard Libéré » puis patron de « Nouvel Horizon ».
Parfois Habib, fils du président Abdou Diouf, venait nous rejoindre. Au cours de ces discussions informelles, Tanor ôtait quelque peu le masque austère qui terrorisait ses adversaires mais aussi les ministres, hauts fonctionnaires de l’Etat et autres collaborateurs, pour apparaître sous un jour des plus chaleureux. S’il était détendu, et s’il se lâchait un peu, les confidences étaient toutefois rares. Surtout, il ne lâchait aucun secret d’Etat face aux journalistes que nous étions, Laye Bamba et moi. Quand j’allais à Paris, son plus que jeune frère et homme de confiance, Pape Yama Mbaye « PYM », alors consul général adjoint du Sénégal à Paris, se mettait en quatre pour rendre mes séjours agréables. C’était le bon temps. En 1993, le jour de l’élection présidentielle, lorsque le président Abdou Diouf a fini d’accomplir son devoir civique, il nous a retrouvés, Laye Bamba et moi, au Palais pour une interview exclusive qu’il accorda à nous deux seuls, le tout ayant été arrangé par Tanor, bien sûr. Bien évidemment, alors que la guerre de succession — en tout cas la bataille pour le dauphinat — faisait rage au Parti Socialiste, j’ai pris fait et cause pour Tanor contre ses rivaux Djibo Ka et Moustapha Niasse. Mieux, lorsqu’il fût porté à la tête du Parti socialiste à l’issue du fameux « congrès sans débats » de 1996, j’entrepris de l’inviter à Diamaguène pour y présider un meeting que j’avais organisé en son honneur. Un meeting intitulé « La banlieue avec OTD » et qui connut un franc succès car des jeunes venus de tous les coins de ce qui était alors une nébuleuse, voire une terra incognita, y avaient pris part, acclamant chaleureusement l’alors tout-nouveau patron du Ps. Or, en ces années-là, c’est à dire après les fameux événements de février 1988, les dirigeants socialistes étaient en quelque sorte interdits de séjour dans cette partie de la région de Dakar où le « Sopi » régnait en maître. Quelques semaines auparavant, pour fêter le sixième anniversaire du « Témoin », j’avais choisi Tanor pour présider le grand concert de musique que nous avions organisé au théâtre national Sorano. Un concert animé par Youssou Ndour et le Super Etoile avec la participation remarquée de Baba Maal et qui avait constitué l’une des premières sorties officielles de OTD dans ses nouveaux habits de Premier secrétaire du PS. De cette époque jusqu’à la veille de la dernière élection présidentielle, nos relations ne se sont jamais distendues. Bien au contraire !
En effet, c’est même lorsque le Parti socialiste a perdu le pouvoir, entamant une longue et éprouvante traversée du désert, ou, pour prendre une métaphore maritime, alors que les rats quittaient en masse le navire en perdition dont Ousmane Tanor Dieng tenait pourtant solidement le gouvernail au milieu d’une mer déchaînée, c’est durant cette période de vents contraires que je me suis rapproché davantage encore de l’homme qui me donnait toujours du « petit-frère » tandis que je l’appelais « Grand » ou « Tanor ». Je n’ai jamais cessé de le fréquenter alors que, par vagues, des pans entiers de son parti transhumaient vers ce qu’on appelait alors les « prairies bleues ». Dans la même période, d’ailleurs, il m’a rendu une visite fraternelle, en toute simplicité, dans les locaux du « Témoin » alors se trouvant à Gibraltar. Il était venu en compagnie du seul Haj Mansour, un exemple de fidélité et de dignité à un moment où tant de socialistes se reniaient ou vendaient leur âme au diable libéral.
Et Tanor fit la connaissance d’un certain… Macky Sall !
Pour en revenir à Diagna Ndiaye et à OTD, une image restera éternellement gravée dans ma mémoire. C’est celle-où tous les deux étaient assis sur un petit lit de l’hôpital Le Dantec où ils étaient venus rendre visite à mon père, quelques jours avant son décès. Mon père qui leur avait dit ceci : « je vous confie Mamadou et je vous demande de rester toujours unis. » Au Ciel, là-bas, OTD pourra lui dire qu’il a toujours effectivement veillé sur son jeune frère MON… Ousmane Tanor Dieng a toujours honoré de sa présence les cérémonies familiales que j’organisais chez moi. Le hasard a voulu que c’est à l’occasion du baptême d’un de mes enfants qu’il a rencontré pour la première fois l’actuel président de la République. Macky Sall, ministre de l’Intérieur, était venu escorté de ses motards, précédé d’une voiture avec gyrophare etc. Tanor, lui, dirigeait le principal parti de l’opposition.
Prenant la parole ce jour-là, je m’étais réjoui de leur présence en disant que l’un d’eux était mon ami et l’autre mon grand-frère. A la fin du baptême, ils avaient échangé quelques mots avant de partir chacun de son côté. La dernière fois que je l’ai vu, c’était début février dernier. Il m’avait reçu chez lui, à Fann. Nous avions longuement parlé de la situation nationale, évoqué l’élection présidentielle en vue, parlé des enjeux géopolitiques du Sénégal à la lumière des découvertes de pétrole et de gaz, du terrorisme dans la zone sahélo-saharienne, etc. Le président du Haut Conseil des collectivités territoriales m’avait demandé de lui dire franchement ce qui n’allait pas entre le président de la République et moi. Après m’avoir écouté attentivement, il m’avait dit ceci : « il faut que je m’implique pour vous réconcilier. Nous allons vers une rude bataille avec l’opposition et il ne faut surtout pas que tu sois contre nous ! » avait-il dit en rigolant avant d’ajouter : « et puis, je n’oublie pas que c’est chez toi que j’ai rencontré le Président pour la première fois ». Je n’ai malheureusement plus eu le privilège et l’immense bonheur de le revoir jusqu’à son rappel par le Seigneur, à ses côtés, dans ses prairies célestes. Je me demande d’ailleurs quelle avait été sa réaction lorsqu’il avait appris que j’avais voté… Idrissa Seck à la présidentielle. Comme tout le monde, et moi plus encore peut-être puisque j’ai eu l’honneur de l’approcher, je retiendrais les qualités d’homme d’Etat, de républicain et de patriote de Tanor.
Cet Etat, il en avait une profonde connaissance et le maîtrisait à merveille. A un moment donné, il était véritablement le patron de cet Etat, contrôlant tous les services de sécurité et de renseignements du pays, dirigeant les réunions de sécurité, ayant la haute main sur l’administration territoriale, les ambassades, gérant les fonds politiques et secrets, dirigeant le Parti socialiste alors au pouvoir, contrôlant les médias d’Etat, gérant les relations avec les marabouts, les syndicats, les partis, etc. Un jour, il a sorti cette phrase, terrible : « les pouvoirs dont je dispose sont tellement redoutables que, chaque matin quand je prie, je demande à Dieu de m’épargner d’en utiliser le centième seulement ». Un autre jour, il avait lâché : « les emprisonnements de journalistes, c’est fini, du moins tant que nous serons au pouvoir ! ».
Et effectivement, de ce jour jusqu’à la perte du pouvoir par le président Diouf, plus aucun confrère n’a été embastillé. On retiendra aussi la profondeur et la pertinence de ses analyses sur la géopolitique mondiale, particulièrement celle de la région ouest-africaine, sans compter l’importance de son réseau, à l’Internationale socialiste notamment dont il fut pendant longtemps le président de la branche africaine. Mais bon, il s’agissait juste ici d’un modeste hommage de ma part, d’un témoignage sur un homme multidimensionnel, attachant, méchamment caricaturé par ses adversaires sous les traits d’un tueur froid alors qu’en réalité l’homme était doté d’un grand sens de l’humour, était profondément fidèle en amitié, sincère, ne promettait jamais ce qu’il ne pourrait pas faire. Ousmane Tanor Dieng, surtout — et sur ce point, les témoignages sont unanimes — ne disait jamais du mal de l’autre, n’insultait jamais, ne dénigrait jamais. Et pourtant, il était détenteur de secrets redoutables dont la divulgation aurait pu faire sauter ce pays plusieurs fois. Homme d’Etat, il a préféré les emporter dans sa tombe, lui qui était déjà une tombe dans cette vie sur terre. Repose en paix, Grand-Frère, et que la terre de Nguéniène te soit légère.
ALFRED NDIAYE SEUL ABSENT
A trois jours de la finale de la Can 2019 face à l’Algérie, le milieu de terrain, Alfred Ndiaye, est le seul joueur qui n’a pas participé au galop des Lions hier au terrain Annexe du stade du 30 juin de la défense
A trois jours de la finale de la Can 2019 face à l’Algérie, le milieu de terrain, Alfred Ndiaye, est le seul joueur qui n’a pas participé au galop des Lions hier au terrain Annexe du stade du 30 juin de la Défense. Souffrant toujours du genou et absent lors des derniers matchs de l’équipe, il n’était pas présent. Sa participation à la finale reste d’ailleurs incertaine ; même si le staff médical de l’équipe n’a pas encore souhaité se prononcer sur son cas.
Le reste de l’équipe s’est normalement entrainé. A l’image de Ismaïla Sarr, très diminué ces derniers jours. Il en est de même pour le défenseur, Pape Abdou Cissé, qui malgré un bandeau sur le doigt, continue de s’entrainer avec le groupe.
Une séance très relaxe de près d’une heure au cours de laquelle, les Lions n’ont même pas touché au ballon. Juste un footing d’un quart d’heure avant de faire quelques exercices de relaxation. Le tout sous les yeux d’une forte présence des supporters du 12e Gaindé, mais aussi des confrères algériens, égyptiens et européens. Avant la dernière séance prévue jeudi, les Lions vont s’entrainer à la même heure cet après midi avec, toujours, 15 minutes ouvertes à la presse.
Le recours pour la suspension de Koulibaly confirmé
La Fédération sénégalaise de football a finalement introduit un recours en annulation du second carton du défenseur
sénégalais, Kalidou Koulibaly, qui le prive d’une participation à la finale de la Can. Une décision confirmée par une source fédérale qui informe que tout a été décidé finalement dans la soirée du lundi. En guise d’argument, les Fédéraux jugent la décision de l’arbitre éthiopien «discutable puisque la main n’était pas décollée». On croise les doigts dans le camp sénégalais. D’ailleurs, Kalidou Koulibaly s’est entrainé normalement hier.