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2 août 2025
BELMADI ET CISSÉ, MADE IN CHAMPIGNY
Vendredi soir, l’Algérie de Djamel Belmadi sera opposée au Sénégal d’Aliou Cissé en finale de la CAN. Si les deux sélectionneurs n’ont jamais joué ensemble, ils ont grandi à quelques kilomètres l’un de l’autre, dans les années 1980
So Foot |
ARTHUR STROEBELE |
Publication 17/07/2019
Vendredi soir, au moment où Djamel Belmadi et Aliou Cissé se salueront avant le match le plus important de leur vie, c’est à 5000 kilomètres du stade international du Caire que l’émotion sera la plus forte. Le temps d’une poignée de main, les communautés algériennes et sénégalaises de Champigny-sur-Marne (94) — réunies pour l’occasion devant un écran géant installé sur le stade municipal — célébreront deux des plus grands ambassadeurs de leur ville. Deux hommes liés par la ville du Val-de-Marne, nés à un jour d’intervalle — le 24 mars pour Cissé au Sénégal, le 25 pour Belmadi à Champigny-sur-Marne — de la même année, en 1976.
Champigny-sur-Marne, berceau de champions
Or, pour percer dans le sport, Champigny-sur-Marne est peut-être le meilleur endroit dans lequel les deux garçons pouvaient atterrir. La ville est notamment le berceau de trois médaillées olympiques avec Haby Niaré en taekwondo, Émilie Andéol en judo et Estelle Mossely en boxe. Dotée d’une trentaine d’infrastructures (foot, judo, basket, hand), Champigny est réputée pour la qualité des initiatives sportives à destination des jeunes. « Tout le monde ne parle que d’eux ces deniers jours. La présence d’Aliou et de Djamel en finale de la CAN est un magnifique message délivré à la jeunesse d’ici » , se réjouit Karim Guet, directeur des politiques sportives de la ville. « On doit permettre à chacun de s’offrir la possibilité de réussir, et le sport est un merveilleux vecteur d’émancipation à Champigny » , poursuit-il. Et si les deux hommes se croisent aujourd’hui en finale de la Coupe d'Afrique des nations, ce n’est pas un hasard, estime Chérif Chaouch : « Ça vient de deux choses : les opportunités offertes par la ville via les belles infrastructures, et la réalité difficile du quartier qui oblige les jeunes à vouloir s’en sortir. Tu puises une force mentale et une fierté là-dedans. »
Quitter la ville d’enfance pour voir plus haut
Rapidement, Champigny-sur-Marne devient trop petit pour ces grands talents. Tous deux sont contraints à l’exil. Direction l’AS Sucy-en-Brie pour Djamel à ses 12 ans, et Viry-Châtillon puis Joinville pour Aliou, au même âge. Avant d’être repérés et de rejoindre, respectivement, le centre de formation du PSG et du LOSC. Lille, justement, c’est là où les deux Campinois auraient enfin pu croiser leurs trajectoires, puisque Belmadi a failli rejoindre les Dogues en 1997, au moment où Cissé y était : l’Algérien a finalement préféré rejoindre l’OM. Si Cissé n’a plus vraiment d’attache dans la ville de son enfance, Belmadi revient encore pour y voir sa famille et ses amis, « toujours partant pour organiser un five ou un match » , dit Chérif.
Finalement, l’amitié s’est nouée loin de Champigny, au fil des rencontres dans leur formation, d’abord, puis dans leur carrière professionnelle, ensuite. En conférence de presse ce lundi, le sélectionneur algérien s’est d’ailleurs réjoui de revoir son homologue sénégalais : « Jouer cette finale contre mon ami Cissé, c'est extraordinaire. C'est un bon message qu'on envoie à nos responsables du football en Afrique. » Quelques mois avant le début de la CAN, c’est Aliou Cissé qui avait été interrogé par le site cafonline.com sur ces retrouvailles, initialement prévues en phase de poules (victoire 1-0 des Verts) : « L’Algérie n’est plus à présenter. Aujourd’hui, ils sont en train de se bonifier avec l’arrivée de Djamel Belmadi que je connais, c’est un ami » , avait-il expliqué. À Champigny-sur-Marne aussi, désormais, tout le monde les connaît.
Des destins parallèles, mais pas forcément liés
Ce n’est que neuf ans plus tard que la route des deux se croise — ou se rapproche seulement, en réalité —, au moment où Aliou Cissé quitte le Sénégal et débarque à Champigny-sur-Marne avec sa mère. La famille Cissé s’installe au sud de la ville, dans la rue Musselburgh à quelques encablures du collège Willy Ronis où est scolarisé le jeune Aliou. Je l’ai connu à son arrivée à l’école, parce qu’on a été pendant deux années dans la même classe, explique son ami d’enfance Mehdy Bougguera. Pourtant, celui qui est aujourd’hui devenu président du FC Champigny n’est jamais complètement parvenu à briser la carapace du Sénégalais : « Une fois la journée de cours terminée, il passait son temps avec sa copine... Très discret, mystérieux. Je ne l’ai finalement connu que par le prisme du foot, il ne nous a jamais parlé de sa vie ou de son passé » , se remémore Mehdy. Dès son arrivée, Aliou Cissé s’inscrit au Red Star Champigny où il jongle entre le football et le handball. Il aurait aussi pu s’inscrire dans l’autre écurie du coin, le PA Champigny, club de la communauté portugaise, où joue Djamel Belmadi. Le club baigne dans cette culture lusitanienne faisant du foot le sport roi : une donne qui séduit le jeune Djamel.
Malgré des lieux de vie très proches, Belmadi et Cissé ne se côtoient jamais dans leur enfance, se croisant à de rares reprises, mais ne jouant jamais ensemble, ni l’un contre l’autre. « Ils n’ont pas grandi dans les mêmes quartiers de Champigny, détaille Chérif Chaouch, ami de toujours de Belmadi. Djamel vient du quartier de Bois-L’Abbé, dans le nord de la ville, et même si Aliou n’était pas très loin, on avait un espace de vie assez restreint. L’école était en face de chez nous, le terrain du club est juste à côté, on n’avait pas de raison de bouger. » Des destins parallèles donc, mais pas vraiment croisés en fin de compte. Même dans leurs résultats scolaires, les deux hommes empruntent un parcours différent. « L’école, c’est le seul point faible que je connaisse d’Aliou » , lâche Mehdy. « Franchement, il galérait. Les maths, le français... Il venait d’arriver du Sénégal et c’était dur pour lui. » Du côté de Djamel, en revanche, le parcours scolaire est radieux, dans le collège du quartier. « Bon élève, calme, discipliné » , décrit Chérif, qui est rentré en maternelle le même jour que Djamel sans jamais le quitter par la suite. Une rigueur imposée par ses parents qui, eux, n’ont jamais pu suivre d’études.
« Vous aurez du mal à trouver d’autres personnes qui connaissent Aliou, alors que Djamel... »
Son père, peintre en bâtiment, et sa mère femme au foyer devaient gérer les sept enfants dans un quartier particulièrement sensible, classé en zone de sécurité prioritaire. Cinq garçons, deux filles, et une famille connue de tous à Champigny-sur-Marne. « Vous aurez du mal à trouver beaucoup d’autres personnes qui connaissent bien Aliou, alors que Djamel... » , avoue Mehdy Bougguera. Une popularité familiale qui s’explique par le nombre d’enfants, grâce auxquels les réseaux de connaissance s’étirent au fil des années. Mais aussi par le football, grâce auquel Djamel Belmadi côtoie plusieurs générations de son quartier : « Il a rapidement eu l’envie d’en découdre avec des plus âgés et des plus forts que lui. Donc il faisait le nombre chez les grands, au début pour combler l’absence d’un joueur, et en fait très vite, ce sont eux qui se sont mis à le chercher parce qu’ils ont compris le niveau du jeune. Tout le monde les connaît grâce à Djamel » , explique Chérif Chaouch.
Surtout, Belmadi est, encore aujourd’hui, l’un des personnages clés pour les jeunes issus de l’immigration algérienne, nombreux à Champigny-sur-Marne. Très jeune, il entérine sa volonté de représenter l’Algérie. Un choix qui signifiait et signifie encore beaucoup pour les jeunes du Bois-L’Abbé, en quête d’identité et de figure modèle : un jeune de quartier, né en France, de parents algériens, qui représente les Fennecs. La fierté de jouer pour son pays est très vite débordante, aussi, chez Aliou Cissé. Déjà à l’époque de Champigny, il « l’a toujours dit : représenter le Sénégal était son rêve » , précise Mehdy. Mais pour ça, il fallait d’abord se sortir du quartier, et attirer l’œil des recruteurs.
"C'EST DIFFICILE D'ÊTRE MINISTRE"
Youssou N'Dour a soutenu que ses 17 mois en tant que ministre de la Culture et du Tourisme entre 2012 et 2013 "ont été très difficiles"
Le chanteur sénégalais Youssou N'Dour, lauréat d'un Grammy Award, a déclaré à la BBC qu'être ministre dans un gouvernement n'est pas facile.
Invité de BBC Focus on Africa, l'ancien ministre a soutenu que ses 17 mois en tant que ministre de la Culture et du Tourisme entre 2012 et 2013 "ont été très difficiles".
"J'étais très heureux quand le président m'a demandé de devenir ministre de la Culture. Mais c'était deux années difficiles", indique le chanteur.
"Quand vous êtes hors du gouvernement, vous pensez que vous touchez un bouton et tout change, mais ce n'est pas la réalité. Les choses sont beaucoup plus complexes", a-t-il déclaré à Véronique Edwards de la BBC.
Néanmoins, il s'est dit "vraiment heureux de travailler pour son pays".
Youssou Ndour est toujours un allié du président sénégalais Macky Sall.
"Après deux ans comme ministre, ma musique me manquait", avoue-t-il.
A la question de savoir s'il a des plans pour devenir président, le roi du Mbalax répond qu'il n'en a pas.
L'icône sénégalaise Youssou N'Dour est un grand nom de la culture africaine et l'un des plus célèbres musiciens du continent.
UNE SPHÈRE MINISTÉRIELLE DE DIAMNIANDIO SERA BAPTISÉE AU NOM D'OUSMANE TANOR DIENG
L’annonce a été faite ce mercredi par le chef de l’Etat à l’Aéroport international Blaise Diagne de Diass où Macky Sall a rendu l’hommage de la Nation au président du HCCT
L’une des sphères ministérielles les plus modernes de la nouvelle ville de Diamniadio portera prochainement le nom d’Ousmane Tanor Dieng en hommage à l’ancien président du Haut conseil des collectivités territoriales, décédé lundi.
L’annonce a été faite ce mercredi par le chef de l’Etat à l’Aéroport international Blaise Diagne de Diass où Macky Sall a rendu l’hommage de la Nation au président du HCCT, élevé à titre posthume au grade d’Officier dans l’ordre national du Lion.
Cette cérémonie s’est déroulée en présence du président malien Ibrahima Boubacar Keïta.
Après cet hommage national, Ousmane Tanor Dieng, 72 ans, sera inhumé à Nguéniène, son village natal, en présence des présidents sénégalais et malien.
UNE CHEFFE DE CHANTIER PAS COMME LES AUTRES
À 52 ans, Léna Keïta est à la tête des travaux de rénovation de la gare de Dakar. Elle est surtout la première Sénégalaise à avoir autant de responsabilités sur un tel chantier
Le Point Afrique |
Jane Roussel |
Publication 17/07/2019
« Mademoiselle, attendez. Nous n'avons pas de femmes sur nos chantiers. Mais on va essayer. » L'histoire de la première femme cheffe de chantier du Sénégal a commencé avec cette phrase. Elle s'appelle Léna Keïta, elle a 26 ans, nous sommes en 1993. Elle vient de passer un entretien pour un stage avec Gérard Sénac, directeur de la filiale Eiffage à Dakar. Peu de temps avant, elle a décidé qu'il était hors de question pour elle d'être la femme au foyer que certains avaient déjà imaginé qu'elle serait.
Un parcours pas évident...
Léna est née à Dakar, elle vient d'une famille traditionnelle. Ses parents sont illettrés, mais ils aimeraient la voir faire des études. Après son bac, elle est sélectionnée pour une bourse d'études dans le cadre de la coopération sénégalo-algérienne. Le sujet de la bourse ? Le BTP. « Quand j'ai reçu ça, je me suis dit : mais pourquoi ils me mettent là-dedans ? » Malgré tout, elle part à Alger suivre la licence en bâtiment. Elle s'y plaît véritablement, les chantiers deviennent petit à petit sa « passion ».
Une fois la licence terminée, de retour sur sa terre natale, il est temps d'enfiler le casque de chantier et de se confronter à la réalité du terrain. Pas facile de trouver du boulot quand on est une femme dans ce milieu, surtout en Afrique, il y a 26 ans... Elle rigole, sa voix grave détonne, mais ses yeux se plissent à peine, elle n'a pas la moindre ride.
Son travail est très mal vu. Elle se souvient des trajets en bus en tenue de chantier, avec ses chaussures de sécurité, et les regards de travers qui se posaient sur elle. Même à la maison, « mes parents disaient : elle est partie étudier et maintenant elle rentre avec un jean sale ? » Sa réponse est nette : rien à faire du qu'en-dira-t-on. Elle est la seule de sa famille à avoir fait des études et à avoir des responsabilités aujourd'hui. Elle sourit, « je suis un pilier de la famille. Je suis très fière de ça ».
... malgré la chance du début
Elle reconnaît en être là (en partie) grâce à un coup de chance. Le 7 juillet 1993, le siège d'Eiffage Sénégal reçoit une lettre dans laquelle Léna a rédigé toutes ses motivations. Elle demande un stage. Le facteur croise Gérard Sénac par hasard devant la porte du bâtiment. Il lui remet l'enveloppe en mains propres. Intrigué par sa candidature, le directeur la convie à un rendez-vous dès le lendemain.
Elle commence peu de temps après en tant que stagiaire topographe dans les chantiers de l'armée française, pour trois mois. « On ne m'a pas choisie parce que j'étais une femme, au contraire ! » rebondit-elle. Il n'y a pas particulièrement de volonté de changer l'image de la femme africaine derrière cette embauche, il s'agit surtout d'un bon feeling. « C'est un truc de vieux, plaisante le patron d'Eiffage Sénégal, j'ai senti qu'il y avait du potentiel chez cette femme. » Cela dit, il se lance dans l'aventure avec beaucoup d'inquiétude pour celle qui devient vite sa protégée.
Elle s'impose comme femme sur les chantiers...
Gérard Sénac a les cheveux blancs et un costume impeccable. À bientôt 70 ans, il a toujours bien des heures de travail hebdomadaires à son compteur. Il vit et travaille en Afrique depuis 1973, il connaît les coutumes, d'où son appréhension pour Léna à ses débuts. « Ici, les femmes on les voit plus à la maison qu'à commander des hommes sur les chantiers », plaisante-t-il avec une pointe d'amertume. « Je ne m'inquiétais pas pour ses compétences, j'avais peur des autres hommes », insiste-t-il.
Léna ne décrit pas Gérard Sénac comme son patron, mais plutôt comme un membre de sa famille, après avoir été son mentor. Elle raconte qu'il l'a détectée, « il s'est dit : celle-là si on la pousse, elle ira loin ». L'homme de 17 ans son aîné la présente aux hommes du chantier : « Elle, c'est ma fille. Vous, c'est votre cheffe. Compris ? »
Les deux premières années ont été difficiles pour Léna. Elle se souvient de son premier affrontement avec un coffreur, sur le marché Kermel, dont elle gère la rénovation. Alors qu'elle lui demande de réaliser une tâche urgente, il l'ignore. Une fois, deux fois, trois fois. Jusqu'à lui lancer : « Arrêtes de nous faire chier, ta place n'est pas ici, mais au foyer, va préparer à manger. » Elle en informe immédiatement la direction qui renvoie le coffreur, pour donner l'exemple.
... malgré une lutte permanente
Être une femme sur un chantier est une lutte permanente. « À force de râler sur les chantiers, ma voix est devenue grave », ironise-t-elle. « Il n'y avait aucun signe de féminité chez moi. J'étais habillée comme les hommes avec qui je travaillais. Je me suis forgé un caractère. Un caractère d'homme », reprend-elle. « Si je n'avais pas eu ce caractère, j'aurais été écrasée, humiliée. » Elle a finalement réussi à prendre sa place, avec fermeté. Un de ses ouvriers, Mohammed, confie discrètement : « Entre nous, on l'appelle la dame de fer. Elle est juste, mais si on ne fait pas ce qu'elle demande, elle sort le fouet. »
« Un métier n'a pas de sexe »
Pour travailler avec Léna, il y a certaines règles à respecter. « Avec ceux ou celles qui sont sous mes ordres, je ne badine pas », commence-t-elle. La seconde règle ? Pas de retard accepté. « Je veux que mon équipe soit en place 30 minutes avant de commencer, pour boire le café ensemble », argumente-t-elle. Troisième règle : ne jamais laisser un travail mal fini, elle inspecte tous les travaux. Ses horaires ? De 6 h 30 à 22 heures en moyenne. Être une femme dans un monde aussi masculin nécessite d'en faire plus. « Parfois, un peu trop, j'ai dû la calmer ! » plaisante Gérard Sénac. « Les chantiers que l'on me confie sont mes bébés », explique-t-elle. Avec un travail aussi prenant, sa vie familiale a débuté tard. « Je me suis mariée en 2004 à 38 ans, j'ai eu mon enfant à 39 ans, j'étais très absorbée par mon métier. »
Aujourd'hui, Léna n'est plus la seule femme sur le terrain du bâtiment à Dakar. « Elle a été la première à vouloir recruter d'autres femmes. Aujourd'hui, j'ai des femmes qui conduisent des engins, des camions, plusieurs cheffes de chantier, des ingénieures, des collectrices de travaux… Les femmes sont sur le terrain », confie Gérard Sénac. Les mentalités évoluent, mais il reste du travail : Léna apprend aux femmes sous ses ordres à se forger leur caractère, à « montrer aux hommes qu'elles sont plus fortes qu'eux ». Elles sont essentielles sur les chantiers, « plus sereines, plus calmes pour gérer les problèmes quotidiens des travaux », selon Léna. Entre deux visites de présentation de la gare de Dakar, elle s'interrompt : « Oui, je suis féministe ! »
Si Léna a choisi de persévérer dans cette voie, c'est « parce qu'un métier n'a pas de sexe ». Elle insiste : « il n'y a pas de métier d'homme. Être conducteur de travaux, c'est possible pour tout le monde. » Vingt-six ans plus tard, elle est directrice de projets, appelée partout à travers le pays pour mener à bien des projets de constructions et de rénovations. Entre 2008 et 2013, elle a interrompu son travail pour Eiffage, au grand dam de son directeur. Elle est partie au Canada pour permettre à son fils d'obtenir la double nationalité. « Là-bas, j'ai vu des femmes peintres, ferrailleurs, maçons… elles sont partout. Alors pourquoi pas nous ? » Une bonne question qui illustre sa détermination à en faire plus.
OUSMANE, GRAND OFFICIER DANS L'ORDRE NATIONAL DU LION
Le président de la République l’a élevé le défunt, à titre posthume, au grade de Grand officier dans l’ordre national du Lion.
Le président de la République, Macky Sall, a rendu un vibrant hommage à Ousmane Tanor Dieng. Il a loué la loyauté, la fidélité, le dévouement du défunt, son sens républicain élevé, son patriotisme et sa conscience professionnel. Jamais il n’a pris des congés, si ce n’est se rendre dans son village natal, Nguégnène, pour se ressourcer, déclare le chef de l’Etat.
Pour que sa mémoire perdure, le président Macky Sall a décidé de donner son nom à l’une des sphère ministérielles de Diamniadio.
Avant que la dépouille du défunt président du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct) ne soit acheminé à son village natal pour son inhumation, le président de la République l’a élevé le défunt, à titre posthume, au grade de Grand officier dans l’ordre national du Lion.
MAMADOU THIOR PORTÉ À LA TÊTE DU CORED
Thior, journaliste à la RTS (publique) et chargé de la communication dans le bureau sortant, a été élu au cours de la première réunion du Directoire issue de la dernière assemblée générale
Le journaliste Mamadou Thior a été porté, mercredi, à la tête du Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie (CORED) dans les médias, a appris l’APS de bonne source.
Thior, journaliste à la RTS (publique) et chargé de la communication dans le bureau sortant, a été élu au cours de la première réunion du Directoire issue de la dernière assemblée générale du CORED.
Un bureau de 7 membres a été élu par ce Directoire, une instance du CORED composée de 14 membres.
Voici la composition du nouveau Bureau du CORED :
Président : Mamadou Thior
Secrétaire général : Ousmane Ibrahima Dia
Trésorier : Eric Gnimady
Trésorier adjoint : Aminatou Mouhamed Diop
Chargé de la Communication : Samba Dialimpa Badji
Chargé de l’organisation : Marie Rosalie Ndiaye
Adjoint : Moussa Sow
Le CORED a pour mission de veiller au respect, par les journalistes, les techniciens des médias et les entreprises de presse, de l’éthique et de la déontologie.
Un Tribunal des Pairs statue sur les plaintes ou en cas d’autosaisine du CORED.
LA RÉDEMPTION D'UN DAUPHIN
Homme fort du pouvoir socialiste au point de passer pour le dauphin de Diouf, OTD a été critiqué pour son rôle dans la chute de son mentor. Loin du pouvoir, il s’est inventé une nouvelle image qui a redonné au PS son attractivité
Difficile de se départir d’une réputation. Lorsqu’elle vous colle à la peau, c’est souvent pour des lustres. Tanor l’a appris à ses dépens. Après la chute du pouvoir socialiste, le Premier secrétaire du Ps a longtemps vécu sous le mode de la rédemption. Presque de l’expiation. Le psychologue Mamadou Mbodj ne s’y est pas trompé en écrivant dans Le Quotidien du vendredi 19 septembre 2003 qu’il est toujours « en conciliabule avec lui-même. Au plus profond de lui-même. Là où personne ne peut le toucher et encore moins lui faire du mal ». Et il ajoute que « ça doit faire fort longtemps qu’il a élu domicile dans ce monde intérieur dont il sort d’autant moins que les garanties de sécurité qu’il y trouve, il ne les trouve nulle part ailleurs, ni avec une autre personne que lui-même ». Il est vrai que le monde extérieur a été impitoyable avec OTD aussi bien avant qu’après la chute de son cicérone, Abdou Diouf. On lui impute la responsabilité de la scission qui a été fatale à l’ancien régime socialiste avec les départs successifs de Djibo Kâ et de Moustapha Niasse, même si, dans le cas de ce dernier, c’est aussi et surtout une confrontation post-senghorienne avec le président Diouf qui a conduit à son départ. Cette réputation l’a longtemps poursuivi. Et pour se débarrasser d’une réputation, il vaut mieux changer de peau. Tanor s’y est employé, la modestie en bandoulière.
Ce Tanor qu’on disait « cassant » et « autoritaire », souvent entouré d’une cour de courtisans qui ne se voulaient que du bien, au point de provoquer l’hémorragie qui a perdu le Ps, s’est réinventé durant son séjour dans l’opposition. A l’hebdomadaire Jeune Afrique (19 décembre 2004), il fait cette confidence qui en dit long sur sa volonté de rompre avec un passé si pesant : « Peut-être ai-je été ce que vous dîtes, mais c’est du passé. J’ai pu faire des erreurs dans mon comportement et dans la gestion du parti, mais j’en ai tiré des enseignements pour essayer de me bonifier ».
LE POIDS DU PASSÉ
Intrinsèquement, il serait saugrenu de découpler la montée en puissance de l’enfant de Nguéniène au sein du Parti socialiste de la chute du régime cinquantenaire qui a dirigé le Sénégal jusqu’en 2000. L’histoire du Ps nous renseigne d’ailleurs à souhait. C’est après les élections de 1993, marquée par la perte traumatisante de Dakar par les socialistes que l’idée a germée pour la première fois de secouer l’organisation du parti pour lui donner plus de vigueur. Il fut alors retenu de constituer une commission d’orientation et de réforme des structures. Pour nombre de socialistes, le président Diouf devait prendre de la hauteur en confiant la gestion quotidienne du parti à un homme de confiance. Ibrahima Bèye, l’ancien maire de Kaolack, fut ainsi le premier à demander qu’Ousmane Tanor Dieng soit désigné pour diriger le Ps.
Le choix de Tanor sera entériné lors du fameux congrès « sans débat » du 30 mars 1996, au cours duquel, il fut élu au poste de Premier secrétaire de la formation socialiste. Un congrès resté gravé dans les annales de ce parti puisque toutes les contestations antérieures en découleront. Voici ce qu’en dit l’intéressé lui-même, huit ans plus tard : « Cette notion de congrès sans débat est un cliché. Elle a été décontextualisée pour être soumise à des critiques politiciennes. Tous les congrès du Ps, depuis sa naissance, ont toujours été le produit du centralisme démocratique » (L’Actuel n° 846 du 28 – 29 août 2004). Quand on accède au sommet du pouvoir dans un parti aussi massif que le fut la formation socialiste, on pose difficilement les pieds sur terre. Une cour de courtisans se forme très vite autour de soi. Une cour avide de privilèges et qui se fait un devoir de verrouiller l’accès au nouveau « prince ». Et Tanor, dans ses nouveaux habits, était le prince du Ps. Inaccessible tant aux journalistes qu’à la classe politique, il appliqua à son parti « les règles d’une gestion strictement administrative et autoritaire ».
On connait la suite. Habitué aux ors d’un régime tout puissant, le Ps et son personnel dirigeant devront désormais composer dans l’opposition dans un pays où la vérité du pouvoir est la seule qui vaille. La preuve, nombre de caciques socialistes ont posé armes et bagages au Pds, aussitôt après le départ de Diouf. Tanor, revenu de ses certitudes, a pourtant une lecture toute autre de la défaite des siens, avec le souci compréhensible d’atténuer le poids de ses responsabilités dans la débâcle du 19 mars 2000. « Nous avons été battus par le parti de la demande sociale, parce que les performances, sur le plan macroéconomique, ne se sont pas traduites dans le panier de la ménagère. Ceci a conduit à un fort besoin d’alternance que les Sénégalais ont exprimé » (Wal Fadjri, 26 septembre 2000). Mais cette explication ne satisfait pas les barons socialistes qui, pour l’essentiel, lui imputent la responsabilité de leurs malheurs. Dès 2000, Moustapha Kâ, par exemple, parlait de « la nécessité de la restructuration du Parti socialiste et de l’urgence d’un changement de leadership » (Le Matin, 26 juin 2000). Après Djibo et Niasse, Abdourahim Agne et Abdoulaye Diop Makhtar démissionnent du Parti et lancent leurs propres fomations politiques.
LEADERSHIP AFFIRMÉ
Mais c’est dans les moments difficiles qu’on reconnaît les leaders. Cette cascade de démissions augurait d’autant plus mal de l’avenir du Ps que plusieurs responsables, au premier rang desquels Robert Sagna, l’inamovible ministre et maire de Ziguinchor, et Mamadou Diop, l’ancien maire de Dakar, avaient réclamé la démission de Tanor, responsable, selon eux, de la débâcle. Ils finiront par démissionner du Ps. Le 22 mars 2000, une partie du bureau politique avait même tenté de débarquer le premier secrétaire. En vain. Une seconde offensive avait été déclenchée, sans plus de succès, au lendemain des élections législatives d’avril 2001. Mais Tanor a su tenir devant les bourrasques de la contestation.
L’opposition lui a permis de réaliser ce que le pouvoir ne lui a pas assuré : fédérer le Parti socialiste autour de son nom. En vérité, l’homme a su tenir la maison socialiste, aidé par une bonne culture de l’État et par son expérience. Qui plus est, sa théorie d’opposition républicaine a servi à remodeler l’opinion que nombre de ses compatriotes se faisaient de lui. Le mérite d’Ousmane Tanor Dieng, c’est donc d’avoir maintenu le Ps debout après 2000. Et d’en avoir fait un parti fort, un des pilliers de la grande coalition gouvernementale qui dirige le Sénégal depuis 2012.
30 MARS 1996 : Le jour où tout a changé
La légende voudrait que le président Senghor demanda un jour qu’on lui trouvât quelqu’un « sachant écrire » et c’est ainsi que débuta sa carrière au plus haut sommet de l’Etat. Une ascension fulgurante qui s’est faite au détriment de nombre de barons socialistes.
Né le 7 octobre 1947 à Nguéniène, en pays sérère, Ousmane Tanor Dieng a très tôt (dès trois ans) fréquenté l’école coranique. Lycéen à Mbour, il s’adonnait aux travaux champêtres pendant les vacances scolaires, d’où peut-être sa proximité avec un électorat essentiellement rural dans le département de Mbour. C’est un homme fermé, presque austère et qui a été rarement pris en flagrant délit de rire. Personne ne l’a vu sortir de ses gonds parce qu’il est véritablement le maître de ses émotions (peut-être que la pratique du karaté l’y aide). Le futur Premier secrétaire du Ps, moulé par le fameux Bureau organisation et méthode senghorien (Bom) est un adorateur du travail bien planifié. On lui reproche même un rigorisme trop en déphasage avec la réalité du terrain politique. Le ministre d’Etat chargé des Services et Affaires présidentielles est un diplomate de carrière. Il entre aux Affaires étrangères à 28 ans, comme chef de la Division Afrique. Il est ensuite appelé, au bout de deux ans, à la tête de la Division Onu en même temps qu’il est nommé secrétaire général du ministère des Affaires étrangères. Senghor le fait venir à ses côtés en 1978 comme conseiller diplomatique. Fonctions qu’il gardera à l’avènement de Diouf. Mais il gravit très vite les échelons et se retrouve deuxième directeur de cabinet de Diouf après le départ de Moustapha Kâ en 1988. Trois ans plus tard, en 1991, lors de la formation du premier gouvernement d’ouverture et de rassemblement, il est nommé ministre directeur de cabinet du président. Il a l’oreille de celui-ci et sa confiance. Et c’est lui que Diouf envisage de confier la gestion du parti.
Lors du 13è congrès du Ps du 30 mars 1996, communément appelé « congrès sans débats », un nouveau secrétariat exécutif de trente-quatre membres présidé par Ousmane Tanor Dieng est porté sur les fonts baptismaux. Dans l’ancien Bureau politique, les secrétaires nationaux étaient égaux en droit devant le secrétaire général du parti. Le nouveau secrétariat exécutif est coiffé hiérarchiquement par un patron qui assiste le président du parti et reçoit de lui ses directives.
La première conséquence de cette « mutation », pour parler comme Mbaye-Jacques, c’est le renouvellement de l’organe dirigeant du Ps, le Bureau politique, avec le départ, notamment de Djibo Kâ, farouche contempteur de la Refondation, André Sonko, Lamine Diack, Cheikh Hamidou Kâne Mathiara, Abdoul Aziz Ndaw, Abdoulaye Diaw Chimère, Arame Diène et… Mbaye-Jacques Diop.
Ils sont remplacés par une nouvelle génération politique de onze membres qui ont la particularité d’avoir tous commencé la politique sous l’ère Diouf : Mame Bounama Sall, Cherif Macky Sall, Abdoulaye Makhtar Diop, Abdourahim Agne, Sandigui Baldé, Kalidou Kénémé, Assane Diagne, Aminata Mbengue Ndiaye, Abibatou Mbaye et Pape Babacar Mbaye. Une équipe de franc-tireur pour le nouveau patron du parti. L’autre partie du Bp, des confirmations pour l’essentiel, sera constituée par Daouda Sow, Amadou Bator Diop, Mamadou Diop, Jacques Baudin, Abdourahmane Sow, Moustapha Kâ, Abdoulaye Diack, Cheikh Abdoul Khadre Cissokho, Landing Sané, Robert Sagna, Mata Sy Diallo, Christian Valentin, Mamadou Faye, Khalifa Sall, Oulimata Diome et Alassane Dialy Ndiaye.
Abdou Diouf, surpris par la facilité déconcertante avec laquelle son scénario s’est déroulé, sans anicroche, adresse une flopée de louanges sur les congressistes et surtout portraiture son poulain Ousmane Tanor Dieng sous des traits fort qui en disent long sur l’affection qu’il lui porte : « Ousmane Tanor Dieng est un garçon remarquable, un jeune homme plein de vertus, de talents, de courage, de compétence, d’une loyauté et d’un engagement sans pareils. Vous m’avez comblé en m’élisant président du parti et votre prochain candidat, vous m’avez davantage comblé en me donnant les moyens d’y parvenir en élisant Ousmane Tanor Dieng, Premier secrétaire ».
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HOMMAGE À OUSMANE TANOR DIENG
DIRECT DE L'AIBD - Toute la République est réunie à l’aéroport international Blaise Diagne pour un ultime hommage au défunt président du HCCT, avant son enterrement dans son village natal de Nguèniène
Tout est fin prêt pour la cérémonie de la levée du corps de Ousmane Tanor Dieng. Le président de la République Macky Sall est arrivé à l’aéroport de Diass où doit se tenir l’hommage national.
Il accueilli son homologue le président Malien Ibrahima Boubacar Keita, venu pour la circonstances. Toutes les autorités de la République, coutumières et religieuses, sont installées. Les parents proches, amis, camarades de parti et militants socialistes sont au rendez-vous. Tous attendent l’arrivée de la dépouille. Le vol spécial affrété par le chef de l’Etat devrait atterrir d’une minute à l’autre.
LA CHRONIQUE HEBDO D'ELGAS
L’INCOLONISABLE DES PEUPLES
EXCLUSIF SENEPLUS - Le décolonialisme, qui a connu plusieurs fortunes dans l’histoire, jusqu’à son avatar actuel, a toujours décolonisé à sens unique et oublié ce fait, que les colonisations n’ont pas réussi leur mission totalement - LE RETOUR À COUBANAO
A Coubanao, Foundiougne, Sindian, où j’ai traîné enfant, vacancier ou résident furtif, j’ai toujours été frappé par une impression : celle d’une vie à contretemps par rapport aux métropoles, sans que je ne saisisse à l’époque le sens d’une telle intuition. Loin de l’opposition entre zone urbaine et zone rurale, telle que nous la connaissons aujourd’hui, c’est en termes de calendrier de la vie de tous les jours, que s’offrait à mes yeux naïfs et ébahis, le sentiment que la vie s’écoulait différemment. Dans ces endroits, la vie s’était aménagée, dans le grand écho du monde, des bordures silencieuses comme autant de gages d’un huis-clos méditatif.
L’histoire y ruisselle d’un pas lent et complice. Dans un tempo monocorde où l’authentique, à travers les paysages ou la vie quotidienne dans sa ritualisation, semblait toujours dire aux voyageurs : il y a là messieurs, une zone, un pré carré, une âme que rien ne peut atteindre. Qu’importent les flux, les influences, les désirs, il y a un temps, qui au contraire de l’anhistoricité, chemine plutôt avec l’histoire ;là précisément sommeille le trésor du passé : l’incolonisable des peuples. Une ressource peu connue, et donc un ressort inexploité.
Plus tard, quand adulte je suis devenu, par mes soins, mes lectures, mes expériences, mes voyages, il m’a semblé que ce cœur restait enfoui non seulement dans la mémoire géographique des lieux, mais aussi - et c’est une merveilleuse nouvelle – dans une parcelle du cœur des Hommes. Toute colonisation a vocation à échouer. Elle ne subvertit jamais totalement. La frontière qui sert d’ultime rempart pour protéger le bastion, reste ce traçage invisible et silencieux, où s’annonce, dès les origines, la résistance.
Nos leçons d’histoire comptabilisent et nous enseignent deux colonisations. L’une, occidentale avec son alibi civilisateur, ses violences physiques et symboliques, et ses séquelles déchirantes. L’autre, avec son alibi de messianisme religieux, rampant sur son lit de révélation monothéiste, avec ses violences, physiques et symboliques, dont il restait pourtant, dans le temps du procès colonial, à purger le véritable legs.
Les deux n’auront pas le même traitement. La première s’est occupée du cerveau, la seconde du cœur. Artifice de la technologie, mirage de l’esprit et générateur de plaisir, comme arguments de la séduction empoisonnée, la première n’a curieusement pas touché les masses populaires mais les intermédiaires, dont elle avait besoin pour déléguer et se pérenniser. La seconde, féconde en espoir, offrant une communauté, essaimant dans le cœur, toucha aux masses populaires, se méfiant toujours de l’esprit potentiellement rebelle qui pouvait entraver son expansion.
L’une et l’autre ont réussi à s’adjuger respectivement la minorité élitaire, et la majorité populaire. Cependant l’une et l’autre se heurtent à cette forteresse imprenable qui réduit toujours les colonisations à des détails d’un cycle historique toujours plus long, et in fine toujours victorieux. Le décolonialisme, science qui a connu plusieurs fortunes dans l’histoire, jusqu’à son avatar actuel bien moins inspiré, a toujours décolonisé à sens unique et oublié ce fait, que les colonisations n’ont pas réussi leur mission totalement. Que l’occidentale s’est d’ailleurs tenue à distance du peuple dont elle méprisait le dit « folklore », gage d’une infériorité qu’il fallait faire prospérer. Assimiler tout l’indigénat n’était pas son but, mais en extraire le jus qui peut irriguer, à la fois les visées mercantiles et son complexe de supériorité. L’apartheid naît précisément de cela que la colonisation ne veut pas créer le « même », mais des inférieurs parqués à côté. Le « même » ferait peur. Même infortune pour l’arabo-islamique dans un genre différent : l’inviolabilité du message coranique comme canal où transite l’influence arabo-islamique, donnait un mouvement de terreur par lequel toute religion sédimente sa base et uniformise ses fidèles.
J’ai envie d’ajouter une troisième colonisation, bien moins évidente à circonscrire et qui englobe la somme des flux migratoires, des exportations et importations d’influences dont la mondialisation est devenue le catalyseur et l’accélérateur. Souche receveuse de ces greffes de l’histoire, l’Afrique (et elle n’est pas seule), a parfois, aiguillonnée par des intellectuels traumatisés, cru bon de rechercher dans le passé le parchemin inviolé, condition de sa renaissance. Omission majeure et double : d’une part l’histoire suit son cours, elle ne s’est jamais arrêtée, et la colonisation est devenue une co-production entre colons et colonisés. Et d’autre part, à trop voir l’indigénat, on a manqué de voir l’endogénat, qui devait mobiliser plus d’énergie. Force souveraine et production locale, l’endogénat désigne ici la force et le potentiel de création continu de richesses et de possibilités des peuples. A trop vouloir décoloniser (il n’existe aucune trace dans l’histoire de peuple qui s’est décolonisé), l’offre de création, de production, la seule par laquelle les peuples s’offrent des sursis et des conquêtes, s’est tue. Alors que l’incolonisable des peuples pouvait offrir une bonne matière, loin de l’illusion de virginité qu’aucun peuple ne peut revendiquer.
Les réminiscences de ces lieux de mon enfance me redonnent ce goût de nostalgie et de sentiment d’un virage raté. Dans ces profondeurs où bat encore le cœur de l’Histoire qui ne s’est jamais mise en pause, les Hommes vivent hors de l’agenda seul des colonisations et suivent le leur propre, avec leur rationalité et leur souveraineté. C’est ce qui est frappant à Coubanao. Par sa nature, la colonisation arabe y a fait plus de pénétration que celle occidentale, mais les courbes se rejoignent. Toutes les deux y cohabitent pourtant dans un syncrétisme tantôt prometteur, tantôt désespérant. Mais la quête de tous les jours des hommes qui y habitent est celle, banalement humaine, d’un épanouissement, d’un bonheur possible. J’aime à penser que c’est le cas pour les Hommes partout sur terre. Que passent les violences de l’Histoire et leurs coups, reste l’incolonisable des peuples, comme l’éternel pied de nez d’un universalisme toujours vainqueur qui unit les peuples par le bas contre les hégémonies diverses. Notre malheur est arrivé quand le colonialisme s’est choisi le mauvais préfixe pour solder ses blessures : le libérateur dé et non le privatif in. Cruauté des détails de l’histoire.
Les Sénégalais doivent savoir que ceux qui injurient les "dialoguistes" sont eux-mêmes "dialoguistes" et que leurs représentants siègent avec assiduité dans la commission politique du dialogue national
La commission politique du dialogue national a constaté un consensus sur le report des élections locales initialement prévues le 1er décembre 2019. Réunie la veille, l'opposition regroupée au sein du Frn avait décidé à l'unanimité de ne pas s'opposer à un tel consensus, estimant que l'audit du processus et du fichier électoral doit précéder toute nouvelle élection.
La surprise est donc grande quand quelques composantes du Frn se réclamant d'un Congrès pour la renaissance démocratique se désolidarisent de cette décision unanime prise en présence de leurs représentants.
La surprise se transforme en dégoût quand ces mêmes composantes s'autorisent des sous-entendus infâmes contre leurs alliés du Frn.
Il est donc nécessaire d'informer l'opinion publique de la vérité des faits. Les Sénégalais doivent savoir que ceux qui injurient les "dialoguistes" sont eux-mêmes "dialoguistes" et que leurs représentants siègent avec assiduité dans la commission politique du dialogue national.
Il leur revient de gérer cette contradiction flagrante qui est une manifestation de double langage et de double jeu, pour dire le moins.
La cohérence de la démarche est une exigence pour les hommes et les femmes qui prétendent représenter les citoyens. Et l'incohérence est toujours le signe de l'existence d'enjeux cachés. Ceci mérite de retenir l'attention dans un contexte où des affairistes se muent en entrepreneurs politiques.
Quoi qu'il en soit, nous comptons persévérer dans la démarche de discussions honnêtes et loyales pour restaurer un consensus global sur les règles du jeu politique et électoral.
PS : Je suis désolé d'avoir à faire cette mise au point en ce jour de deuil. Que Dieu ouvre les portes de Sa miséricorde au regretté Ousmane Tanor Dieng.
Mamadou Bamba Ndiaye est Secrétaire général Mps/Selal