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15 août 2025
LA LONGUE LISTE DES DÉPARTS AU SEIN DU PARTI REWMI
Après Thierno Bocoum, Abdourahmane Diouf, Ousmane Thionguane, Wally Fall, Me Nafissatou Diop, Léna Sène, la liste n’est pas exhaustive, le parti d’Idrissa Seck a encore enregistré un autre grand départ
La saignée continue au sein du parti Rewmi, ça part dans tous les sens. Après Thierno Bocoum, Abdourahmane Diouf, Ousmane Thionguane, Wally Fall, Me Nafissatou Diop, Léna Sène, la liste n’est pas exhaustive, le parti d’Idrissa Seck a encore enregistré un autre grand départ. Il s’agit de celui du Colonel Kébé, chargé de la sécurité de l’ancien à l’élection présidentielle du 24 février 2019.
La décision semble être prise avec beaucoup de philosophie par les membres du parti, Yankhoba Diatara, secrétaire national chargé de la vie politique, joint au téléphone, n’a pas voulu se prononcer sur cette affaire.
Joint au téléphone également, le vice-président de Rewmi Déthié Fall, relativise. A l’en croire, il ne s’agit pas de démission, mais de gel d’activités. Ce qui à son avis, ne va pas affecter le fonctionnement du parti Rewmi dans la mesure où le Colonel Kébé ne faisait pas de la politique à temps plein. Il était là que durant les périodes de pré-campagne et de campagne.
"LA DÉMISSION D'ALIOU SALL NE RÈGLE PAS LE PROBLÈME"
L’ancien Premier ministre considère que la démission du maire de Guédiawaye ce mardi, de son poste de directeur général de la Caisse des dépôts et de consignations (CDC) est un « épiphénomène
« La démission d’Aliou Sall était attendue, mais ça ne règle pas le problème. C’est un épiphénomène » a réagi ce lundi l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye à la démission de M. Sall de la Caisse de dépôt et de consignation.
Pour Abdoul Mbaye : « le problème, c’est qu’Aliou Sall a pu obtenir quelque chose, mais ce n’est pas lui le principal responsable ».
L’ancien Premier ministre, Abdoul Mbaye, considère que la démission d’Aliou Sall, ce mardi, de son poste de directeur général de la Caisse des dépôts et de consignations (Cdc) est un « épiphénomène ».
De toute façon, d’après toujours Abdoul Mbaye, « l’important, c’est de rendre justice d’une part, et de faire obtenir réparation au Sénégal. Et cela, ce n’est pas par Aliou Sall que ça va passer » dit-il.
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LE MALI PUNIT LA MAURITANIE
Bousculé en début de match par la Mauritanie, le Mali s’est appuyé sur son expérience et le talent de ses milieux pour écraser les Mourabitounes (4-1)
Bousculé en début de match par la Mauritanie, le Mali s’est appuyé sur son expérience et le talent de ses milieux pour écraser les Mourabitounes (4-1). Les Aigles remporte ce derby de l’Afrique de l’ouest et s’adjuge pour l’instant le carton de la première journée.
L’apprentissage est dur pour la Mauritanie, qui dispute sa première CAN, sèchement battue par des Maliens qui ont souffert en début de match avant de mettre le coup d’accélérateur fatal. Il y avait dans cette équipe de Mauritanie ce soupçon de naïveté propre aux équipes qui découvrent pour la première fois une compétition. Les Mourabitounes ont peut-être voulu trop croquer en pleine dents ce premier match. Comment interpréter autrement leur début de match tambour battant, sans complexe et (trop) plein d’envie ? Les hommes de Corentin Martins n’ont pas hésité à aller chercher haut les Maliens, à se projeter vite devant, et être en surnombre dans leurs offensives. L’initiative était séduisante, mais les néophytes n’avaient pas les armes pour tenir ce rythme.
C’est d’ailleurs quand qu’ils ont baissé le pied que le Mali s’est offert sa première véritable occasion avec Marega qui manque son face-à-face avec Brahim Souleymane (33e) Moins de cinq minutes plus tard, Abdoulaye Diaby n’eut besoin de personne pour ouvrir le score. Le joueur du Sporting Lisbonne (Portugal) récupère un ballon dans l’entrejeu, s’avance sans être attaqué et décoche une superbe frappe qui se loge dans la lucarne gauche de Souleymane (37e).
Hacen El Id sauve l’honneur
La Mauritanie a du mal à se remettre et craque à nouveau. Coulibaly prend de vitesse le milieu des Mourabitounes avant de servir Moussa Marega. Le tir de celui-ci est relâché par Souleymane obligé de commettre une faute et provoquer le penalty sur Coulibaly. Marega transforme la sentence (44e).
La Mauritanie, KO, revient des vestiaires avec toujours l’envie, mais les Aigles font parler leur expérience et assomment de nouveau les Mourabitounes grâce à Adama Traoré. Un Traoré en cache un autre et c’est… Adama Traoré (Malouga) qui, après avoir remplacé Adama Traoré (Noss), inscrit le 4e but des Aigles. Entretemps les hommes de Corentin Martins avaient réduit le score grâce à Hacen El Id qui a tranformé un penalty et inscrit le premier but de la Mauritanie à la CAN.
C’est une maigre consolation pour la Mauritanie punie pour son baptême du feu. Pour le Mali, les feux sont au vert avant de croiser la Tunisie vendredi 28 juin à Suez.
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"IL N'Y A JAMAIS EU UN VIREMENT DE TIMIS CORPORATION À AGRITRANS"
Après sa conférence de presse avortée pour cause de manifestations favorables qui l’avait contraint à publier un communiqué, Aliou Sall revient sur les différentes accusations portées sur sa personne
Après sa conférence de presse avortée pour cause de manifestations favorables qui l’avait contraint à publier un communiqué sur sa page Facebook, Aliou Sall revient dans cette vidéo de Dakaractu sur les différentes accusations portées sur sa personne. En wolof, il jure sur le Coran ne pas être un « profiteur » du régime de son frère Macky Sall et réitère sa démission de la Caisse de dépôts et consignation (CDG).
LA DÉMISSION D'ALIOU SALL N'ÉMEUT GUÈRE "AAR LI NU BOKK"
Un tel acte n'entame en rien ni la détermination de la plateforme, ni sa mobilisation encore moins ses exigences pour un traitement diligent et transparent de ce dossier devant les organes judiciaires nationaux et internationaux - DÉCLARATION DE PRESSE
SenePlus publie ci-dessous, la dclération de presse de la plateforme citoyenne de lutte pour la transparence dans la gestion des ressources naturelles du pays, Aar Li Nu Bokk, suite à la démission d'Aliou Sall de la CDC, ce 24 juin 2019.
"Nous venons d'apprendre, à travers les médias, que l'un des protagonistes du scandale de corruption dans le dossier du pétrole du Gaz du Sénégal a rendu sa démission.
La Plateforme Aar Li Nu Bokk en prend acte mais tient à rappeler à tous les citoyennes et citoyens du Sénégal qu'un tel acte n'entame en rien ni sa détermination, ni sa mobilisation encore moins ses exigences pour un traitement diligent et transparent de ce dossier devant les organes judiciaires nationaux et internationaux.
La plateforme Aar Li Nu Bokk, précise, si besoin en est encore , qu'elle reste plus que jamais attachée aux seules exigences qui sont à la base de la constitution de cette plateforme citoyenne, à savoir:
1. livrer à la justice tous ceux qui sont cités dans le Rapport de l'IGE, dont elle demande d'ailleurs la déclassification, ainsi que dans le reportage de BBC ou dans tout autre document lié à ce scandale;
2. renégocier, dans les meilleurs délais, et dans des conditions de transparence totale, tous les contrats léonins négociés et signés sur le dos du peuple sénégalais, privant le Sénégal de ses richesses pétrolières et gazières au profit de multinationales étrangères et de leurs relais et complices locaux;
3. recouvrer tous les avoirs détournés indûment, et placés ou en voie d'être placés, dans les comptes bancaires au Sénégal ou dans des paradis fiscaux à l'étranger;
La Plateforme ne voit, à ce jour, aucun acte cohérent et décisif, posé dans ce sens, en dépit des gesticulations de Monsieur le Procureur de la République, qui semble plus préoccupé à "enterrer" le dossier et à divertir qu'à rechercher la vérité, seulement la vérité.
La plateforme Aar Li NU Bokk voudrait en fin conseiller à tous ceux qui ont quelque chose à se reprocher dans ce scandale de corruption à chercher des avocats et se préparer à faire face à la justice nationale et internationale.
La Plateforme Aar Li Nu Bokk invite les citoyens à rester mobiliser et à attendre les mots d'ordre qui leur seront donnés dans les tout prochains jours."
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TUNISIE 1-1 ANGOLA
Plutôt à l'aise techniquement, grâce à de très bonnes individualités en attaque, Msakni, Khazri et Sliti notamment, les Aigles de Carthage ont été cueillis à froid par des Angolais
Pour leur entrée en lice dans la CAN-2019, les Tunisiens n'ont pas franchement convaincu, tenus en échec par l'Angola au terme d'un match très fermé (1-1).
La Tunisie, qui arrive dans cette CAN-2019 avec un statut d'outsider sérieux, n'a pas vraiment réussi son entrée dans la compétition, lundi 24 juin, à Suez, lors du premier match du groupe E.
Plutôt à l'aise techniquement, grâce à de très bonnes individualités en attaque, Msakni, Khazri et Sliti notamment, les Aigles de Carthage ont été cueillis à froid par des Angolais très solides et bien regroupés en défense.
Une opposition finalement équilibrée entre les Aigles et les Palancas Negra, qui a donné lieu à un match intense, joué sur un faux rythme et haché par de nombreuses fautes.
par Simon Njami
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LES OEUVRES AFRICAINES CONSERVÉES EN OCCIDENT ONT PERDU LEUR ÂME
Restituer ne sert à rien si l’Histoire n’est pas dite. La France s’en tirerait à trop bon compte. Que les livres d’histoire de la Gaule éternelle prennent la peine de raconter cette histoire
Le Monde Afrique |
Simon Njami |
Publication 24/06/2019
Les objets enlevés d’Afrique possédaient, pour répondre à la question de Lamartine, une âme. Enfermés dans des musées et des réserves, dans des cages de verre, coupés de leurs racines, que sont-ils devenus ? Sans doute sont-ils morts. Une mort symbolique qui leur ôtait leur vie ancienne. En changeant de nature, ils sont devenus autres.
L’objet est un signe qui doit sans cesse être réactualisé, signifié, interprété. Sa vie véritable ne tient que dans la manière dont il est perçu et mis en scène. Or l’identité profonde de ces objets, je n’ose parler de leur ADN, a été manipulé. Ils sont devenus autres, et c’est cette altérité que j’assimile à la mort. Je me suis toujours prononcé pour la restitution et mes propos ne portent pas sur ce sujet-là en tant que tel.
Ce qui me semble intéressant, c’est d’étudier les conditionnalités de cette restitution. Que restitue-t-on ? Qui restitue à qui ? Et qui décide des conditions préalables ? Je vois toute cette affaire comme une vaste partie d’échecs dans laquelle les Blancs ont joué le premier coup. C’est la règle aux échecs. Les pions blancs sont toujours ceux qui ouvrent la partie. Mais une fois cette ouverture établie, commence un ballet subtil, un jeu de positions, des mises en place de stratégies. Force est de constater que, jusqu’à présent, la parole est univoque. La question n’est pas de bâtir d’autres musées qui enfermeront encore une fois ces objets, consacrant définitivement leurs nouvelles identités.
La question n’est pas, non plus, de ressasser des griefs recuits. Une occasion a été donnée à l’Afrique de répondre d’une manière profonde et intelligente à l’offre française. De poser le cadre d’une jurisprudence qui dépasserait de loin le cadre strict du continent africain. Je crains que cette occasion ne soit manquée, à force de superficialité et de matérialisme.
Mollesse des réponses africaines
J’avais en tête, pour cette contribution, Les statues meurent aussi, le film documentaire réalisé par Chris Marker et Alain Resnais. Commandé aux jeunes cinéastes en 1953 par Alioune Diop, fondateur de la revue et maison d’édition Présence Africaine, cette œuvre parle précisément de la vie des sculptures et des masques enfermés dans les musées occidentaux. Le film est une commande, faut-il le souligner, faite par des Africains pour répondre, ou mieux encore, dénoncer le sort fait aux cultures africaines par la colonisation. Il fut interdit – est-ce un hasard ? – pendant près d’une dizaine d’années par l’Etat colonial.
Ce film est curieusement absent du débat actuel, comme pour confirmer que nous courons le risque de nous tromper de sujet. Restituer ne sert à rien si l’Histoire n’est pas dite. La France s’en tirerait à trop bon compte. Que les livres d’histoire de la Gaule éternelle prennent la peine de raconter cette histoire. Et que, pendant que tous les esprits sont détournés par un débat qui, pour être nécessaire, ne s’en situe pas moins dans une temporalité longue, les droits d’inscription aux universités pour les ressortissants africains sont outrageusement revus à la hausse. La restitution s’inscrit dans un cadre qui excède de loin les objets eux-mêmes. Et la mollesse des réponses africaines m’attriste. Les statues sont mortes, disais-je. Et me revient en mémoire cette pièce de théâtre de mon ami Bernard-Marie Koltès, Combat de Nègre et de chiens (1980).
L’histoire se déroule en Afrique, autour d’une concession/chantier dirigée par des Français. Les contremaîtres, ingénieurs et leurs familles y vivent en autarcie, entretenant un contact minimal avec les autochtones. Un jour, sur ce chantier, un ouvrier meurt. L’histoire aurait pu s’arrêter là. Mais tout bascule lorsque Alboury, le frère du défunt, frappe aux portes de la concession pour réclamer le corps de son frère. Parce que, dit-il, tant qu’il ne sera pas enterré selon les rites ancestraux, son âme ne connaîtra pas la paix. Les statues sont mortes. Je cherche et j’espère cet Alboury qui viendra les réclamer, non pas comme une prise de guerre, mais comme le symbole de quelque chose de plus profond dont la place ne sera pas nécessairement dans d’autres musées. Fermons les yeux un instant, comme Barthes le conseillait pour regarder une photographie. Et de l’universalisme colonial faisons table rase. Imaginons d’autres possibles, des cryptes, des cimetières, des forêts sacrées que nous pourrions, par dérision, nommer « musées ».
Simon Njami est un critique d’art et commissaire d’exposition camerounais. Il a conçu l’exposition « Aujourd’hui » pour le Musée national du Cameroun, à Yaoundé, qui doit commencer fin juin.
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COTE D’IVOIRE, AFRIQUE DU SUD, 1-0
Les Ivoiriens battent les Bafana Bafana et rejoignent le Maroc en tête du groupe D
Malmenés jusqu'à la toute fin de match par des Bafana Bafana sud-africains difficiles à manœuvrer, les Éléphants de Côte d'Ivoire ont tout de même réussi à remporter leur premier match de cette Coupe des nations 2019 (1-0).
À défaut d'avoir brillé, la Côte d'Ivoire n'aura pas manqué son entrée en lice dans la CAN-2019. Trois points, pas de but encaissé, et l'essentiel assuré face à une Afrique du Sud pour le moins compliquée à manœuvrer, mais qui n'a pas réussi à arracher le nul qu'elle espérait (1-0). La faute à Kodjia, qui est parvenu à ouvrir le score peu après l'heure de jeu, avant que ses coéquipiers ne ferment la boutique ensuite.
Tout n'aura pourtant pas été évident durant cette rencontre au rythme inégal, en raison notamment des fortes chaleurs qui régnaient sur la pelouse du Caire (36 °C et un fort taux d'humidité). Dans ce contexte pas évident, la première période n'a pas donné lieu à un feu d'artifice d'occasions. Beaucoup de duels au milieu de terrain, entrecoupés de quelques rares opportunités.
Et ce sont les Éléphants qui se sont procurées les deux meilleures, coup sur coup, juste après la demi-heure de jeu. Pepe, tout d'abord, a trouvé la barre sur un superbe coup franc (31e), avant que Kodjia, servi seul dans l'axe, ne décoche une volée droit dans les gants d'un Williams tout heureux de sortir le ballon (32e).
RWANDA, VÉRITÉS ET AMBIGUÏTÉS SUR L'OPÉRATION TURQUOISE
Vingt-cinq ans après, l’intervention de l’armée française, dans la foulée du génocide tutsi, continue d’intriguer sur ses motivations réelles
Libération |
Maria Malagardis |
Publication 24/06/2019
Des drapeaux français agités le long des routes, des «vivats» enthousiastes, des acclamations : lorsque les 2 500 soldats de l’opération Turquoise débarquent au Rwanda en cette fin juin 1994, ils sont accueillis par une foule en liesse. Sous mandat de l’ONU, l’intervention française dans ce petit pays africain a été lancée en quelques jours. Une urgence, en principe, justifiée par le génocide contre la minorité tutsie qui s’y déroule depuis le 7 avril.
Problème : ceux qui acclament les troupes françaises ne sont pas les victimes, mais leurs bourreaux. En déroute, ils espèrent alors que la France, longtemps principal soutien du régime en place, revient une fois de plus pour les sauver. Ils vont finalement déchanter. Mais quelles étaient les intentions initiales de Turquoise ? Depuis un quart de siècle, la polémique ne s’éteint pas et le malaise demeure. Face aux accusations récurrentes, les responsables politiques ou militaires en poste à l’époque s’offusquent de ce soupçon et répètent inlassablement les mêmes arguments. Voici les cinq principaux, passés au crible.
«Personne d’autre ne voulait y aller»
C’est vrai. En juin 1994, alors que le génocide est quasiment achevé, la lâcheté de la communauté internationale est flagrante. Depuis le début des massacres, rien n’a été tenté pour les arrêter. Les chiffres sont pourtant vertigineux : près de 10 000 morts par jour. Et le caractère systématique, organisé, des tueries ne laisse aucun doute sur la nature de cette tragédie. Pourtant, les Etats-Unis font tout pour retarder le moment où le terme «génocide» sera officiellement prononcé. Le Royaume-Uni et l’Allemagne se montrent tout aussi frileux. Traumatisée par la mort de dix Casques bleus belges dès le 7 avril, la Belgique s’empresse même de retirer son contingent.
Car il y avait bien une force onusienne sur place au moment où les massacres ont commencé. Arrivée en décembre 1993, avec 2 300 hommes, la Minuar est alors censée veiller à l’application des accords de paix. Ceux signés quatre mois plus tôt entre le régime du président Juvénal Habyarimana et un mouvement rebelle, le Front patriotique rwandais (FPR), constitué par les enfants de réfugiés tutsis qui avaient fui le pays, à cause de pogroms récurrents depuis l’indépendance. Le 6 avril 1994, l’attentat contre l’avion d’Habyarimana fait voler en éclats ce plan de paix. Les extrémistes hutus proches du pouvoir n’en ont jamais voulu. Ce sont eux qui déclenchent le génocide. Il aurait peut-être suffi alors de renforcer la Minuar «pour affronter les tueurs et commencer immédiatement à sauver des vies», rappelle le rapport sur le génocide publié par Human Rights Watch (HRW) et la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) en 1999 (1). Le 21 avril, le Conseil de sécurité choisit plutôt de réduire à 270 hommes les forces onusiennes sur le terrain.
Et la France vote, elle aussi, en faveur de ce retrait. Bien plus, entre avril et juin, «non désireuse de fournir une aide militaire, la France accorda au gouvernement intérimaire [celui qui orchestre les massacres, ndlr], un soutien politique discret mais vital devant les Nations unies», affirme l’enquête de HRW et de la FIDH. Jusqu’à la mi-juin, «les responsables français n’ont jamais cherché à renforcer la Minuar. Ni même à exercer une pression quelconque pour arrêter le génocide», renchérit aujourd’hui la journaliste britannique Linda Melvern, qui a eu accès aux comptes rendus des séances à huis clos sur le Rwanda à New York (2). Qu’est-ce qui pousse donc la France à agir à la mi-juin ? Le mot «génocide» n’apparaît jamais dans le texte de la résolution 929 autorisant le 22 juin l’opération Turquoise. Résolution adoptée avec cinq abstentions. Et beaucoup de méfiance : la France n’a-t-elle pas formé cette armée rwandaise, qui commet les massacres ?
«L’opération Turquoise était strictement humanitaire»
C’est effectivement le mandat délivré par l’ONU. «Mais, dès le départ, les ambiguïtés de Turquoise semblaient évidentes. Les soldats français venaient-ils au dernier moment pour arrêter un génocide déjà globalement accompli ? Ou bien pour empêcher la victoire imminente du FPR sur le régime génocidaire ?»s’interroge encore la journaliste belge Colette Braeckman. Ce qui interpelle les observateurs de l’époque, c’est le timing de cette opération : Le 13 juin, le gouvernement génocidaire, qui a déjà quitté Kigali, la capitale, se replie vers Gisenyi, ville frontière avec le Zaïre (aujourd’hui république démocratique du Congo, RDC). L’armée, trop occupée à massacrer, recule sans cesse face au FPR qui a repris les armes dès le début des tueries.
La défaite des forces génocidaires semble inéluctable, entraînant la victoire d’un mouvement rebelle que la France a combattu depuis 1990, aux côtés de l’armée rwandaise. Cinq jours avant le vote de Turquoise à l’ONU, le 17 juin, Bernard Kouchner se rend à Kigali, en tant qu’envoyé spécial du gouvernement français, pour rencontrer le Canadien Romeo Dallaire, le commandant de la Minuar, resté sur place depuis le début des massacres. Kouchner vient annoncer au général l’imminence de l’opération Turquoise. Dallaire s’avoue scandalisé par «l’effronterie des Français», de retour alors que «leurs alliés étaient les responsables des massacres». Ex-officier de Turquoise, Guillaume Ancel se souvient de n’avoir reçu aucun briefing avant le départ en mission, «ce qui est totalement inédit», a-t-il expliqué(Libération du 15 mars 2018).«Et ce n’est qu’en arrivant sur place qu’on a compris : en guise d’action humanitaire, on était d’abord venus pour stopper le FPR».
Des Tutsis seront sauvés certes, entre 10 000 et 17 000, aux derniers jours d’un génocide qui a fait un million de victimes. Mais d’autres auraient été abandonnés à leur sort. Comme à Bisesero, où la hiérarchie de l’armée française aurait tergiversé pendant trois jours avant d’intervenir. Une plainte déposée en France s’est achevée par un non-lieu. Sans effacer le soupçon, comme en témoigne une vidéo récemment divulguée montrant un officier français, le colonel Rosier, étrangement muet et embarrassé face à un soldat qui tente de l’alerter sur le sort des derniers rescapés de cette colline dans l’ouest du Rwanda.
«Nous n’avions pas mandat pour arrêter les responsables»
Cette obligation ne figure pas dans la résolution mettant en place Turquoise. Mais n’est-ce pas la France elle-même qui l’a rédigée ? Et qui aurait pu reprocher aux militaires français de le faire ? Dans l’ouest du Rwanda, encore sous contrôle gouvernemental, où les forces françaises sont déployées fin juin, des barrières sont démantelées, des miliciens désarmés. Mais faute d’ordre venu de Paris, les responsables de Turquoise «travaillaient tous les jours» avec des responsables du gouvernement génocidaire, «même en étant tout à fait au courant des charges qui pesaient contre eux», dénonce encore le rapport de la FIDH et de HRW. Le 30 juin, Dallaire se rend à Goma, ville frontière du Zaïre où se trouve le QG de Turquoise. Le général canadien est surpris par les propos de certains officiers : «Ils refusaient d’accepter l’existence du génocide […]. Ils ne cachaient pas leur désir de combattre le FPR», note-t-il dans ses mémoires. Le lendemain, Turquoise annonce la création d’une «zone humanitaire sûre», pas plus prévue dans le mandat que l’arrestation des coupables. L’avancée du FPR est de facto gelée et l’armée rwandaise, mêlée à des milliers de réfugiés, pourra dès lors se replier au Zaïre.
Des armes continueront à être livrées, par des circuits privés, sur l’aéroport de Goma pourtant sous contrôle de Turquoise. «Nous utilisions l’aéroport, nous en assurions le fonctionnement aéroportuaire. Mais la force de Turquoise n’est absolument pas responsable de l’action commerciale menée auprofit duZaïre ou d’autres», se défend l’amiral Jacques Lanxade, à l’époque chef d’état-major de François Mitterrand, dans un documentaire diffusé récemment (3). L’embargo sur les armes, voté à la mi-mai, n’aurait-il pas dû inciter une force sous mandat de l’ONU à agir contre ce type d’«action commerciale» ?
«Critiquer Turquoise, c’est porter atteinte à l’honneur de l’armée»
Depuis vingt-cinq ans, quelques responsables politiques et certains officiers agitent régulièrement cet argument. Mais, en réalité, la situation au Rwanda n’a jamais fait l’unanimité chez les militaires ou les politiques. Dès 1990, le général Jean Varret, alors chef de la coopération militaire à Kigali, prend conscience des risques d’un engagement trop unilatéral aux côtés des forces rwandaises, après qu’un haut gradé de la gendarmerie lui a réclamé des armes pour «liquider tous les Tutsis». Varret sera écarté. C’était bien avant Turquoise, au moment pourtant où la logique génocidaire commence à s’esquisser.
Fin juin 1994, l’intervention française est lancée par un régime de cohabitation, présidé par François Mitterrand avec à Matignon Edouard Balladur, qui aurait insisté pour en limiter la durée. Sur le terrain, l’adjudant-chef Thierry Prungnaud s’effondre en larmes, en réalisant que les tueurs sont les hommes qu’il avait formés deux ans auparavant au sein de la Garde présidentielle. «Certains soldats qui avaient, au départ, été ravis de l’accueil chaleureux de la part des miliciens, rejetaient désormais leurs marques d’amitié», relate le rapport de la FIDH et de HRW, évoquant le cas de l’un d’eux qui aurait déclaré : «J’en ai marre d’être acclamé par des assassins.»
«Il n’y a pas de méchants et de gentils»
Lors d’un colloque inédit, organisé le 15 juin par le ministère des Armées pour commémorer les vingt-cinq ans de Turquoise, l’actuel chef d’état-major des armées, le général François Lecointre, a fustigé «les faiseurs d’opinion» qui «ont besoin de vérités simples». Et celui qui fut capitaine d’infanterie pendant Turquoise, d’asséner : «Mais il n’y a pas de gentils, pas de méchants.» Ni gentils ni méchants, lors d’un génocide ? Dans la zone où cet officier opérait en 1994, il y a pourtant bien eu les«gentils» : les victimes tutsies, exterminées uniquement pour avoir eu le tort d’exister, et les «justes» hutus qui les ont défendues en risquant leurs vies. Il y a eu aussi les «méchants» : les miliciens, cette armée que la France a formée. Et les autorités locales, représentantes d’un régime que Paris a (trop) longtemps soutenu. Une commission d’historiens a été nommée en avril par le président Emmanuel Macron pour faire la lumière sur le rôle de la France au Rwanda. Lancée, non sans polémique (elle ne comprend aucun spécialiste du Rwanda, ni même de l’Afrique), elle se penchera peut-être sur la persistance d’un «story telling» qui frise parfois le négationnisme.
(1) Aucun témoin ne doit survivre, Ed. Karthala, 2000, 46 euros.
(2) Auteure de Complicités de génocide, Ed. Karthala, 2010, 35 euros.
(3) Retour à Kigali, Jean Christophe Kotz.
ALIOU SALL DÉMISSIONNE DE LA CDC
"Face à cette entreprise de déstabilisation savamment construite, il faut l’avouer, il y avait, à mes yeux, deux réponses à apporter : l’une par la prise de parole publique, l’autre par les actes" - LETTRE OUVERTE
Aliou Sall démissionne de la Caisse de dépôt et de consignation (CDC). Bloqué à l’entrée de la mairie de Guédiawaye où il devait rencontrer ses militants cet arpès-midi, l'édile a choisi la voie épistolaire pour rendre le tablier. Ci-dessous, l’intégralité de la lettre du frère du président Macky Sall.
Le maire de Guédiawaye et frère du chef de l’Etat, Macky Sall, vient de déposer sa démission. Aliou Sall quitte ses fonctions de Directeur général de la Caisse des dépôts et consignations (CDC). Dans une déclaration qu’Igfm.sn vous propose in-extenso, il explique les raisons de sa décision.
« Cette affaire autour du pétrole, avant de prendre les contours d’un enjeu national voire international, constitue aussi et d’abord un enjeu personnel, une véritable tragédie qui touche un être en chair et en os, un homme qui éprouve des sentiments, qui a été élevé dans certaines valeurs cardinales, qui vit en société, entouré de sa famille, de ses amis et de ses sympathisants.
On semble malheureusement l’oublier.
En effet, cette campagne présente l’autre (moi en l’occurrence), comme l’ennemi public numéro un, et elle se donne les moyens de faire mouche parce qu’elle finit de prendre le visage de la vérité à force de travestir les faits les uns après les autres.
Elle joue également de manière indécente sur la corde sensible de populations qui se battent au quotidien pour vivre voire pour survivre ; et à ces populations, elle s’emploie à offrir comme provision, des raccourcis cyniques et dangereux du genre : Lii yeen ako moom, ay nitt akiimoo ko, def ko seen yeufi boop, niom ak seeni diabarr, seeni doom, seeni kharitt.
En somme, c’est une campagne visant à me « déshumaniser » (le mot n’est pas trop fort), parce que c’est de cela qu’il s’agit, une campagne qui présente l’autre (toujours moi) comme le méchant face aux bons, celui qui s’abreuve du sang et de la sueur du peuple sénégalais, le personnage sans foi ni loi qui nargue un peuple exsangue. La caricature est sans pitié !
Qui ne serait pas indigné, choqué, offensé au plus haut point par une telle tyrannie langagière, un tel déferlement de bavures au propre comme au figuré.
C’est donc dire si je peux comprendre dans un certain sens, ceux qui, de bonne foi, ont pu à un moment ou un autre, prêter une oreille attentive et bienveillante aux propos tendancieux déversés à longueur de journée, ou même ceux qui ont choisi de hurler avec les loups parce que tout simplement mus par une haine viscérale.
Ainsi va le monde ! Et lorsque la perfidie du champ politique se mêle à la duperie érigée en dogme, l’ombre prend de l’épaisseur et la lumière est réduite à sa plus simple expression.
Que Dieu nous préserve de la méchanceté gratuite, et surtout du mensonge structuré !
Face à une telle entreprise de déstabilisation savamment construite, il faut l’avouer, il y avait, à mes yeux, deux réponses à apporter : l’une par la prise de parole publique, l’autre par les actes.
Faut-il rappeler que j’avais dans un premier temps décidé de répondre point par point aux accusations iniques sur mon appartenance à telle ou telle société, sur des éléments de salaire, sur des versements de commissions indues, sur une rente pétrolière ahurissante étalée sur pas loin d’un demi-siècle. Pas moins.
Certains parmi mes compatriotes ont bien saisi la substance du message que j’ai voulu délivrer et y ont souscrit. D’autres ont continué leur entreprise de destruction en s’inscrivant bien entendu, toujours dans leur logique préconçue de politique de la terre brûlée.
Toutes choses qui ont fini de pousser l’Etat du Sénégal à ouvrir une information judiciaire pour donner corps à sa volonté de rétablir la vérité d’une part, et celle de prendre les mesures idoines, d’autre part.
Bien évidemment, comme je l’ai dit, depuis le premier jour, toute cette malheureuse controverse n’est entretenue qu’autour d’un tissu d’amalgames et de contrevérités destinées à alimenter une autre campagne, plus insidieuse, celle-là, et qui va au-delà de ma modeste personne. Croyez bien que je suis le premier à être en phase avec cette décision de l’Etat du Sénégal.
Ceci dit, il s’agit aujourd’hui d’apporter la seconde réponse. C’est la raison pour laquelle j’ai voulu moi aussi m’adresser aux sénégalais et à l’opinion internationale à travers la vaillante population de Guédiawaye qui m’a fait l’honneur de m’accorder sa confiance, mais aussi qui, au milieu de la tempête et des vagues successives de diffamations, de critiques et d’insultes de toutes sortes, n’a de cesse de me manifester son soutien, à l’instar de nombreux autres sénégalais d’ici et d’ailleurs, révulsés par l’ampleur de la cabale et de l’injustice.
Je remercie toutes ces personnes, souvent des anonymes, qui me témoignent tous les jours leur sympathie et leur affection.
Je tiens donc à répondre cette fois-ci par les actes parce qu’il est aussi de mon devoir, pour le présent comme pour l’avenir, pour ne pas dire pour l’histoire tout court, il est de mon devoir de laver mon honneur sali, de protéger les miens qui sont aujourd’hui encore plus touchés que moi dans leur chair et dans leur esprit. C’est à la fois un problème de justice, de dignité mais aussi de responsabilité.
Monsieur le président de la République qui, au-delà du même sang que nous partageons, sait, mieux que quiconque, dans quel moule de vertu, de sagesse et d’humilité nous avons été éduqués ensemble et qui m’a témoigné sa confiance pour assumer une charge publique, comprend les actes que je pose en ce moment précis.
Permettez-moi ici de lui renouveler mes remerciements les plus sincères.
Pour dire enfin, que, fort de la conviction profonde que demain il fera jour, et que la lumière finira d’avoir raison des ténèbres, je prends ici devant vous la décision de donner ma démission de la tête de la Caisse de Dépôts et de Consignations à compter de ce jour.
Dans le même temps, je peux vous assurer, mes chers amis, que je prends date pour l’avenir, parce que je reste persuadé que cette épreuve rendra beaucoup de service à mon peuple dans le futur. Elle aura en effet le mérite, j’en suis sûr, de montrer à la face du monde les vrais visages de ceux qui salissent la noblesse de la politique sous des dehors de serviteurs du peuple.