Son absence lors du Mondial russe avait fait débat. Du coup, Krépin Diatta était très attendu pour son premier match à cette Can égyptienne. A l’arrivée, le jeune prodige de Bruges a répondu aux attentes de bon nombre d’observateurs et de supporters sénégalais en s’illustrant de fort belle manière hier face à la Tanzanie.
Non content d’être présent au niveau de l’animation du jeu, Krépin s’est offert un but qui pourrait être le plus beau de ce début de Can. Sur un corner mal renvoyé par la défense adverse, il surgit pour délivrer une reprise du pied droit en demi-volée qui ne laisse aucune chance au portier tanzanien. Un deuxième but qui est venu rassurer les Lions qui ont su dérouler sereinement jusqu’à la fin du match. Et cerise sur le gâteau, le meneur de jeu des Lions a été élu «Homme du match», confirmant ainsi sa grosse prestation pour une première sortie.
En conférence de presse, il n’a pas manqué de manifester sa satisfaction. «Je suis très content de recevoir ce prix dès mon premier match avec l’équipe A en Coupe d’Afrique. C’est le travail de toute l’équipe. Je crois qu’on est sur la bonne voie. Il faut continuer sur cette lancée et aborder de la même manière les prochains matchs. Avec cette victoire, cela prouve qu’on est sur la bonne voie», a réagi le milieu de terrain du Fc Bruges.
Mbaye Niang maladroit et perso
Si Krépin a brillé, ce n’est pas le cas de Mbaye Niang. Titularisé à la pointe de l’attaque sénégalaise, le Rennais, contrairement à ses habitudes, n’a pas du tout été inspiré devant les buts adverses. En 5 minutes, Niang a vendangé deux grosses occasions. Avant d’en rajouter une troisième à la demi-heure de jeu.
Rebelote en seconde période où il se loupe en plein axe sur un centre de Ismaïla Sarr. Mais Niang ne s’est pas seulement permis de rater des occasions. Il s’est plusieurs fois montré perso dans des séquences de jeu où un centre en retrait était nécessaire pour ses coéquipiers qui attendaient dans l’axe.
Sûrement pour ne pas le casser moralement, Aliou Cissé l’a laissé sur le terrain avant de le faire sortir à sept minutes de la fin. Espérons que le buteur attitré des Lions et de Rennes va retrouver le chemin des filets jeudi prochain contre l’Algérie.
Par Mahmadou WANE
LEÇONS DE JUIN
EnQuête est venu au monde en pleine tempête. Dakar était tous les jours le théâtre d’affrontements entre forces de l’ordre et jeunes manifestants, avec comme pic symbolique majeur un certain 23 juin 2011. L’histoire serait-elle en train de bégayer ?
''La haine tue toujours, l’amour ne meurt jamais''. Mahatma Gandhi
Il y a huit ans, nous naissions. EnQuête est venu au monde en pleine tempête. Dakar était tous les jours le théâtre presque quotidien d’affrontements entre forces de l’ordre et jeunes manifestants, avec comme pic symbolique majeur un certain 23 juin 2011. En jeu, un projet de réforme constitutionnelle qui devait abaisser à 25% le seuil minimum de voix nécessaires au premier tour pour élire un ‘’ticket présidentiel’’, comprenant un président et un vice-président. Tout le monde avait compris que la réforme était taillée sur mesure pour Karim Wade. Qui ne s’en rappelle pas ? La pression de la rue était si forte que Me Wade n’avait d’autre choix que de ‘’brûler’’ son texte contesté. Effets collatéraux de ce bras de fer engagé avec le peuple, Me Wade perdait, 9 mois plus tard, le pouvoir au profit d’un certain Macky Sall.
Juin 2019, l’histoire serait-elle en train de bégayer ? Que non ! On n’est pas à la veille d’une présidentielle, on vient d’en sortir puisque cela fait quatre mois, jour pour jour. Avec un passage au premier tour de l’actuel président à 58,27% des suffrages valablement exprimés. La vague de colère ne découle pas de manœuvres politiques pour chauffer la place à un dauphin non déclaré, mais de pétrole, de gaz et d’appétits tout azimuts, à l’image du fameux ‘’Mandat’’ d’Ousmane Sembène.
Mais comment ne pas accorder de l’intérêt à ce qui se passe sous nos yeux ? Du jamais vu ! En l’espace seulement de deux semaines, la place dakaroise est noire de monde. Des jeunes réclament leur dû de l’or noir non encore sorti de terre. Et voilà le Président, moins de quatre mois après son élection, devant une crise politico-sociale aux allures d’intifada. La rapidité avec laquelle les évènements ont pris une telle tournure est simplement effarante. Dans l’histoire politique récente du Sénégal, on ne peut convoquer de scénario analogue, avec, cerise sur le gâteau, des opposants groggy à la défaite, subitement ressuscités par la grâce… d’un documentaire. Les voix du Seigneur sont décidément insondables. Et il serait bien dangereux pour le pouvoir en place de minimiser la gravité de la situation présente. Combien de fois des pouvoirs qui pensaient tenir toutes les ficelles de leur survie se sont effondrés, au moment où ils s’y attendaient le moins ?
Tous les ingrédients pour que la marmite continue à chauffer sont en effet là. Vu le déferlement de passions, le curseur n’amorcera pas si facilement la pente inverse. Sauf si, merveilles du ballon rond sous nos Tropiques, le Sénégal gagne la Coupe d’Afrique des Nations. Et encore ! Ce qui est en fait inquiétant dans ce feuilleton, ce sont moins les arguments avancés par les uns et les autres que la pique passionnelle qui l’aiguille. On ne communique plus, on n’échange pas. Oubliées les bonnes vertus de la discussion qui faisait la force de notre démocratie. Ce qui compte, ce n’est plus la force persuasive et la capacité à convaincre, mais l’alchimie de la terreur. Et plus grave, la tentation du feu. Or, le feu a cette vertu bien ‘’démocratique’’ qu’il n’épargne personne. Il consume généralement le bras qui l’a fait naître avant d’atteindre ceux qui sont visés dans ses effets. Entendons-nous bien, il ne s’agit pas de dire qu’il n y a pas de quoi fouetter un chat dans ce dossier. Nous pensons que le président n’aurait jamais dû accepter que son frère s’incruste dans ce dossier, surtout après la très volcanique épisode Karim Wade. Aliou Sall a certainement assez de talent à faire prévaloir ailleurs plutôt que dans ce secteur d’une sensibilité extrême.
Le président Macky Sall aurait dû l’écarter depuis la première grande salve d’attaques, dès les premières années de son quinquennat. Il ne l’a pas fait et c’est une grande erreur politique. Que donc des jeunes se lèvent pour l’exiger n’a rien d’étonnant. Mais le versant du problème, ce n’est pas Aliou Sall dans ses relations jugées nébuleuses avec Frank Timis. C’est la haine qui transparaît dans les discours contre la personne d’Aliou Sall. On peut bien sûr demander qu’il soit démis de ses fonctions pour de multiples raisons. Serait-il moins teigneux et assez raisonnable qu’il se serait de lui-même affranchi de ses fonctions non électives. Mais attaquer la personne à des niveaux de rancœur ou de haine n’a rien de bien glorieux. Le souvenir de Karim Wade que certains de nos compatriotes avaient voué aux gémonies avant de l’idolâtrer un an seulement après la chute de Wade, doit inviter à la prudence.
En démocratie, la haine (malheureusement entretenue d’abord par les politiques eux-mêmes) est mauvaise conseillère. Elle détruit la société. Elle s’accouple très aisément avec le feu que nous évoquions plus haut. Dans le contexte sous régional bien explosif qui est le nôtre, ce cocktail ne peut mener qu’à l’anarchie et la destruction, comme tous les observateurs avertis le savent bien. C’est dire que nous ne pourrions point échapper à l’épreuve de la discussion. Il faudra bien que les différents acteurs, qui ‘’animent’’ aujourd’hui le débat de la rue, en arrivent à s’asseoir autour de la même table pour enfin se parler, les yeux dans les yeux pour corriger – Dieu sait qu’il y en a - ce qui doit l’être. Toute autre alternative ne mène qu’au chaos. Qui réellement pour cultiver le souci du pays ?
ET SI MACKY AVAIT LÂCHÉ SON FRÈRE ?
La sortie de El Hadji Hamidou Kassé n’est pas fortuite. Elle traduit à maints égards une volonté certaine du pouvoir de resserrer l’étau autour d’Aliou Sall et de mettre à l’aise le président
Tant que les opposants au régime de Macky Sall accusent Aliou Sall d’avoir trempé ses mains sales dans le pétrole et le gaz, une bonne partie de l’opinion est sans doute fondée à croire qu’il ne s’agit là que de conjectures et de rhétoriques politiciennes à but de fragiliser le président et son régime. Mais lorsque c’est le ministre conseiller, chargé de la communication de la Présidence de la République, qui monte au parapet pour démentir le frangin du chef de l’Etat et s’aligner sur la position des accusateurs, l’affaire prend des proportions et dimensions plus sérieuses.
Aliou Sall a fortement nié avoir reçu indûment une commission à hauteur de 140 millions de francs Cfa de Franck Timis via sa société Agritrans. Faux, a rétorqué El Hadj Hamidou Kassé sur Tv5 Monde, qui affirme avoir des informations sur la transaction, confirmant, de ce fait, Sonko et Cie. Mais, il faut bien comprendre une chose : Kassé n’est ni naïf, ni stupide. Il sert le président et donc, il ne lui viendrait jamais à l’esprit d’être dans une posture qui fragilise son patron et compromette sa gouvernance. Sa sortie sur Tv5 a, par conséquent, due être faite avec l’aval de Macky Sall et les termes discutés au préalable. Il est difficile de croire que l’initiative est strictement personnelle et exclusive. Parce que M. Kassé est d’abord un philosophe qui a le sens du propos et la maîtrise du concept. Il est, par voie de conséquence, à même de mesurer la portée et la gravité d’une affirmation, surtout dans un contexte socio-politique très tendu.
Cette théorie n’est pas primaire. D’autant que ce qui la conforte tient au silence absolu de tout le gratin au pouvoir, mis à part un loup solitaire qui hurle à la trahison et déverse de l’eau bouillante sur la tête de Kassé. Alors, comment comprendre ce mutisme que l’on peut entendre comme un soutien au communicant en chef de la Présidence ? Il nous apparaît clairement qu’il y a ici une volonté de faire savoir que le président Sall n’a rien à voir avec cette histoire de commission illégalement touchée par son frère, et de mettre Aliou face à ses responsabilités. Comme l’a déclaré une de nos sources membre de la coalition au pouvoir, ‘’nous sommes dans une affaire strictement privée qui concerne un particulier’’.
Par conséquent, on desserre l’étau autour du chef de l’Etat pour le resserrer autour de son frangin, par ailleurs Maire de la ville de Guédiawaye et Directeur général de la Caisse de dépôt et consignation. Cela dit, la pression de l’opinion qui se fait de plus en plus forte et constante serait en train de contraindre Macky sall, par la voix d’El Hadji Hamidou Kassé et le silence des autres, à une logique d’auto-dédouanement. Une sorte de lâchage en douceur d’un frère devenu gênant. Aliou Sall en route pour la ‘’potence’’ ? Ce serait inédit, mais normal, parce qu’il y a les exigences de la bonne gouvernance. Et, précisément, nous sommes sous la direction d’un régime qui prône la gouvernance vertueuse. Ce qui signifie faire abstraction des sentiments et des considérations d’ordre subjectif pour ne s’en tenir qu’à la règle.
« J’AI L’IMPRESSION QUE LA JUSTICE EST SOUS TUTELLE »
Si cela ne tenait qu’à Dior Fall Sow, le président de la République ne sera plus à la tête du Conseil supérieur de la magistrature et ne nommera pas de ministre de la Justice.
La magistrate à la retraite, qui s’exprimait à l’émission “Jury du dimanche’’ de iRadio, estime qu’il y va de l’indépendance de la justice. “Lorsqu’on nous parle de ministère de la Justice, j’ai l’impression que la justice est sous tutelle. Je ne vois pas pourquoi un pouvoir est contrôlé par un autre pouvoir. Est-ce-que vous avez vu les hauts magistrats du pouvoir judiciaire participer à la nomination des ministres ou au Conseil des ministres ? Est-ce qu’ils participent au fonctionnement du bureau de l’Assemblée nationale ? ’’, a-t-elle asséné.
Avant de plaider pour une rupture du lien ombilical entre le parquet et le ministère de la Justice. Même si au demeurant, elle estime qu’il n’en existe pas du point de vue légal, puisque la Constitution reconnaît trois pouvoirs : l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire. Les choses étant ce qu’elles sont, l’ex magistrate estime qu’il appartient à la Cour suprême, aux Cours d’appel d’assurer l’indépendance du pouvoir judiciaire et au-delà des magistrats eux-mêmes. Pour souligner le degré de responsabilité de ses ex-collègues, la première femme procureure du Sénégal n’a pas manqué de prendre exemple sur son propre vécu professionnel. Elle a confié avoir reçu des ordres dans le cadre de sa profession, à deux reprises. C’était dans le cadre d’un dossier de meurtre impliquant un homme politique, à Guet-Ndar, du temps du régime socialiste. “A l’époque, j’étais procureure, c’est moi-même qui avais fait l’enquête avec la police. Et la famille de la victime avait dit que ‘la première personne qui sortait, elle allait la tuer, parce qu’elle ne croyait pas en la justice’. Je leur ai dit que l’affaire ira jusqu’au bout. C’est un engagement personnel que moi je prends en tant que magistrat. Je suis allée jusqu’au bout’’, narre-t-elle, soulignant que c’est la seule fois qu’elle a reçu deux (2) appels du ministère de la Justice “pour essayer de faire pression’’ sur elle.
Revenant sur les motifs de ces interpellations, elle a expliqué que c’était à l’information et le ministère lui avait demandé de disqualifier le meurtre en coups mortels. “J’aurai pu ne pas répondre, mais j’ai fait exprès de répondre et j’avais répondu que si l’information était bien faite, j’allais requalifier en assassinat. Ce qui est plus grave’’, dit elle, tout en indiquant qu’on lui avait également demandé de se dessaisir, mais elle a refusé. C’est comptetenudecetteexpériencedeDiorFallSowconsidèreque“l’indépendance de la justice, c’est d’abord une question de personnalité du magistrat et qu’il appartient donc aux Cours et Tribunaux d’assurer cette indépendance.’’
par Madiambal Diagne
QUI VOUDRAIT D'UNE MONNAIE DE SINGE ?
Est-il sérieux de battre une monnaie commune sans définir et faire respecter scrupuleusement des critères de convergence ? Peut-on se montrer aussi léger avec la création d’une monnaie ?
On annonce, pour l’année prochaine, la naissance de la monnaie unique des pays membres de l’espace de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao). La monnaie portera en 2020 le nom «Eco». On en connait un groupe bancaire de la sous-région qui se paiera un grand coup de pub gratis. Mais plus sérieusement, une devise unique est l’aboutissement d’une intégration économique et présente de réels avantages. Il reste à savoir si l’échéance annoncée sera respectée et le cas échant, dans quelles conditions la monnaie de la Cedeao sera introduite dans les circuits économiques.
La question de la création d’une monnaie commune aux quinze pays membres de la Cedeao était devenue une arlésienne. En 2000, la monnaie était annoncée dans un premier temps pour l’année 2009. Un groupe interministériel avait été mis en place qui, très vite, constatera les difficultés à surmonter, les obstacles sur le chemin de la création de la monnaie commune. Une autre échéance avait été lancée pour janvier 2015. A un an de la date fatidique, les autorités de la Cedeao décidèrent de suspendre le projet car, «les conditions n’étaient pas encore réunies pour mettre en place la monnaie commune». Le projet était «au point mort». Il reste que le schéma préconisé était d’aboutir à la fusion de deux zones monétaires, la Zone monétaire ouest-africaine, autour principalement du Nigeria et du Ghana, initiatrice du projet et utilisatrice de monnaies nationales pour chacun de ses pays donnés pour membres, et l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) utilisatrice du franc Cfa. La première zone (Nigeria et ses satellites) n’a pas fonctionné, comme la zone Uemoa, et n’a pas réussi une politique d’intégration économique ou monétaire. Aujourd’hui, les pays de la Cedeao ne semblent pas vouloir s’attarder sur les carences et décident malgré tout, d’aller à l’étape supérieure, et mettre en place la monnaie «Eco». Une politique de l’autruche en quelque sorte. Est-il sérieux de battre une monnaie commune sans définir et faire respecter scrupuleusement des critères de convergence ?
Qui osera faire une objection ?
Le 29 juin prochain à Abuja (Nigeria), les chefs d’Etats de la Cedeao auront à leur agenda la question de la création, pour l’année 2020, de la monnaie commune. Le comité interministériel réuni la semaine dernière à Abidjan (Côte d’Ivoire) en a fait la prescription. On peut augurer qu’il ne se trouvera pas beaucoup de chefs d’Etat qui exprimeront des réserves, pour ne pas dire des inquiétudes ou une opposition au projet. Tout le monde voudrait parler «politiquement correct», c’est-à-dire éviter d’apparaître comme un obstacle à l’intégration africaine. Personne ne voudra porter la responsabilité d’être mis au ban de la communauté pour cause de manque de sentiment panafricaniste ou de volonté d’intégration régionale africaine. Personne ne voudra apparaître comme étant le support de supposés intérêts étrangers à l’Afrique. Les chefs d’Etat risquent ainsi de donner leur onction à un projet que tout le monde sait prématuré, tant les conditions préalables et nécessaires à sa réussite ne sont pas encore satisfaites. «L’Eco» risquera en effet de se révéler comme une monnaie de singe, à l’instar de la plupart des monnaies en cours dans bien des pays africains.
L’«Eco» ne sera arrimé à aucune monnaie. Un attribut de souveraineté, peut-on dire. «Le régime de change sera flexible avec un ciblage de l’inflation globale comme cadre de politique monétaire», comme le préconise le rapport soumis aux chefs d’Etat par le comité interministériel des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales, adopté lors de la réunion tenue à Abidjan les 17 et 18 juin 2019. Seulement, quels mécanismes opérants peuvent être mis en place, en l’espace d’une année, pour satisfaire une feuille de route dans un espace où les économies sont on ne peut plus disparates ? Si on prend par exemple le seul critère du taux d’inflation, indispensable pour juger de la qualité d’une monnaie, on constatera que les pays de la Zone Uemoa ont pu, depuis plusieurs décennies, définir des critères de convergence pour juguler le taux d’inflation à moins de 3% alors que des pays comme le Ghana, le Liberia, la Sierra *-Leone, la Guinée ou même le Nigeria, sont parfois à des taux d’inflation à deux chiffres.
Les Etats de la Cedeao devront mettre en œuvre une sorte de «feuille de route», des mesures et des réformes pour s’acheminer vers une convergence macro-économique, qui conditionnera la création d’une monnaie unique crédible. «Les pays ont jusqu’au 29 octobre 2019 pour transmettre à la Commission de la Cedeao leurs programmes pluriannuels de convergence pour la période 2020-2024.» La charrue avant les bœufs. Malgré tout, on va présumer que tout se passera bien et donc on décide de lancer une monnaie commune. Quelle désinvolture, pour ne pas dire quel manque de sérieux ? Peut-on se montrer aussi léger avec la création d’une monnaie ? L’année dernière, la Commission de la Cedeao disait que l’échéance de 2020 ne pourrait être respectée, du fait entre autres de la récession économique de pays comme le Ghana, le Nigeria et la Côte d’Ivoire. Les perspectives économiques de l’année 2019 n’autorisent guère plus d’optimisme sur les performances macroéconomiques de ces pays.
Ne pas lâcher la proie pour l’ombre
Dans ces conditions, le projet de création de la monnaie «Eco» est parti pour échouer fatalement et la monnaie sera comme ces différentes monnaies africaines qui se déprécient à longueur de journées et d’années, jusqu’à ce que les transactions se passent dans la monnaie d’un autre pays. Peut-on s’amuser avec la création d’une monnaie ? Le plus drôle est qu’on assiste à un marché de dupes. Les pays de l’espace Uemoa restaient attachés à l’arrimage à l’Euro, suivis dans une telle position par le Cap-Vert, dont la monnaie «Escudo» obéit pratiquement aux mêmes règles que le franc Cfa, tandis que le Nigeria exigeait des pays de la zone franc une déconnexion avec l’Euro. Le Nigeria vient de lever sa réserve, apprend-on de la bouche de Adama Koné, ministre des Finances de la Côte d’Ivoire. L’année dernière à Accra, dépité, le chef de l’Etat du Nigeria, Muhammadu Buhari, fustigeait la «non-préparation de certains Etats au processus de création de la monnaie unique et la mauvaise articulation des étapes à venir». Qu’est-ce qui a changé entre-temps ? La stratégie semble être de tout accepter jusqu’à la création de la monnaie, et après on verra. Le Nigeria, mastodonte démographique et économique de l’espace Cedeao, va donner et imposer ses choix de politiques économiques et monétaires. Pourtant, c’est un secret de polichinelle que les opérateurs économiques du Nigeria et du Ghana utilisent le franc Cfa pour sécuriser leurs transactions. La pratique est telle que des coupures en franc Cfa arrivent à manquer parce que thésaurisées par les commerçants nigérians. De toute façon, l’expérience enseigne que le Nigeria ne constitue nullement le meilleur exemple dans aucun domaine de gouvernance publique.
Quelles seront les règles de gouvernance de la future banque centrale de la Cedeao ? Va-t-on hériter des turpitudes, par exemple, du Nigeria ou du Liberia ou de la Guinée, avec des scandales récurrents mettant en cause les plus hautes autorités de leurs banques centrales respectives ? Dans ces pays, la gouvernance des banques centrales demeure tributaire des aléas politiques. La planche à billets tourne dans de nombreux pays, au gré des humeurs du chef de l’Etat. Qui aura l’altruisme de faire jouer une péréquation avec des pays et des populations qui s’astreignent des efforts de bonne gouvernance et de discipline budgétaire au moment où d’autres font comme ils veulent ? Le taux de croissance dans l’espace Uemoa est projeté à plus de 6% en 2019 alors que le taux global dans l’espace Cedeao est projeté avec un optimisme béat à 3,4%. «Les économies de la région sont impactées en permanence par les chocs extérieurs et le défi sécuritaire reste entier. De nombreux pays ont une balance commerciale courante déficitaire, qui pèse sur les réserves extérieures de leurs banques centrales et surtout qui fragilise les taux de change avec les devises de références mondiales. Dans la région, le déficit budgétaire élevé de certains pays membres a une incidence sur leurs dettes publiques.» Qui pour contrôler les propensions du Ghana à des endettements tirés de fonds vautours ? Là où l’Uemoa veille sur des critères de convergence pour les niveaux d’endettement. Qui aura le pouvoir d’empêcher que des conteneurs de billets de banque ne disparaissent plus dans la nature comme ce fut le cas au Liberia et au Nigeria ? Qui pour empêcher la banque centrale de Guinée de déposer ses «cash» en devises dans des banques commerciales à Dubaï ? On voit bien que rien n’est prêt pour lancer l’«Eco» en 2020. Va-t-on encore une fois de plus, lancer un projet africain qui va échouer et poursuivre d’accréditer l’idée d’un manque de sérieux et de rigueur ? Il s’avère plus raisonnable de ne pas lâcher la proie (le franc Cfa) pour l’ombre (l’Eco).
«JE NE COMPRENDS PAS LE SILENCE BAVARD DE CERTAINS DE NOS ALLIÉS POLITIQUES»
Ousmane Cissé, coordonnateur de l’Alliance Pour la République (APR) dans la commune de Kébémer se prononce sur l’affaire Petrotim qui agite l’actualité nationale
Après son départ de la direction des Mines et de la Géologie Ousmane Cissé a été célébré le weekend par les populations de Kébémer. Et la mobilisation a été sonnée en direction des prochaines locales pour faire basculer la commune de Kébémer, actuellement gérée par les libéraux, au président Macky Sall. Par ailleurs, le coordonnateur de l’Alliance Pour la République (Apr) dans la commune de Kébémer s’est prononcé sur l’affaire Petrotim qui agite l’actualité nationale, en s’interrogeant sur le silence des alliés du Président Macky Sall.
L’ex-directeur des Mines et de la Géologie, par ailleurs coordonnateur de l’Alliance Pour la République (Apr) dans la commune de Kébémer, a été célébré ce weekend par les populations. Ousmane Cissé en a profité pour aborder l’affaire Petrotim qui défraie actuellement la chronique. Et c’est pour s’interroger sur le mutisme observé par certains partis alliés du président de la République. «Je ne comprends pas le silence bavard de certains de nos alliés politiques et même du parti par rapport à cette question qui est posée. Quand on vise une personne proche du président de la République, on vise le président de la République. D’où la nécessité que des comités soient mis en place de façon spontanée, pour sauvegarder les acquis du Président de la République. La dynamique enclenchée par cette affaire est de remettre en cause tout ce qu’il y a eu comme acquis social et économique, mais aussi la paix, la stabilité économique.
. Les gens doivent savoir que le Sénégal est un pays calme, stable, mais entouré d’autres pays qui connaissent des situations assez difficiles sur le plan sécuritaire. Ce n’est pas à ce moment, où on n’a encore vu aucune goutte de pétrole et de gaz, que des sénégalais, quelque soit leur bord, doivent oublier qu’à la fin c’est le pays qui risque de perdre. C’est parce que si le pétrole et le gaz ne sont pas exploités, c’est le Sénégal qui va perdre. Nous avons besoin de ressources, de réserves, pour mettre notre pays sur la rampe de lancement, et avoir ainsi des ressources financières conséquentes afin que tous les investissements en cours et à l’avenir, puissent trouver un financement interne et alléger le trésor public de la dette et surtout de l’emprunt étranger».
S’agissant du débat proprement dit, il soutient qu’il n’y a pas de débat, les gens se prononcent sur la question parce qu’il y a Aliou Sall. Si c’est un autre Sénégalais qui était dans cette position, dit-il, «personne n’en parlerait et il ne serait pas accusé, acculé comme Aliou Sall l’est actuellement. Aliou Sall est un Sénégalais comme tous ceux qui parlent et il doit jouir de ses droits civiques et économiques. De ce point de vue, il doit pouvoir avoir des activités économiques dans ce pays et dans tous les domaines d’autant plus qu’il n’y a aucune loi, dans le code minier comme dans celui du pétrole, qui interdit que Aliou Sall soit opérateur détenteur d’actions. Cette affaire relève d’un débat de troisième mi-temps, entretenu par des politiciens qui ont perdu les élections de façon flagrante».
«ON DOIT S’INTÉRESSER DESORMAIS A LA PROCHAINE CAMPAGNE AGRICOLE»
S’agissant des 250.000 dollars qui ont été payés à Aliou Sall et qui devaient tomber dans les caisses de l’Etat, l’ancien directeur des Mines soutient que les rapports de l’ITIE de 2013 à aujourd’hui ne montrent aucune trace de ce paiement. «Et si c’était le cas, il n’y aurait aucun problème, car quelqu’un qui est redevable d’un impôt le paiera forcément. Il faut faire la différence entre un contrat de partage et un contrat de concession. C’est dans les contrats de concession que l’Etat perçoit des redevances et dans le cas d’espace, il s’agit d’un contrat de partage donc l’Etat a une part de la production. A cet effet, il n’y a aucune redevance de l’Etat que BP ou une autre entreprise puisse s’arroger pour se le partager avec qui que ce soit.
. La redevance est déductible et versée directement à l’Etat», soutient Ousmane Cissé. Pour lui, dès l’instant que le président de la République a demandé au procureur de la République d’ouvrir une enquête sur ces contrats pétroliers et gaziers, on doit s’intéresser désormais à la prochaine campagne agricole, à la rentrée des classes.
Le sargal dédié au Président Macky Sall et à Ousmane Cissé a enregistré la présence des autorités politiques, religieuses et culturelles du département de Kébémer. Tous les intervenants se sont engagés à se retrousser les manches en perspective des prochaines échéances électorales. S’agissant des prochaines élections municipales, Ousmane Cissé affirme qu’il ne se bat pas pour prendre les rênes de la mairie, mais pour offrir au Président Macky Sall et à la coalition Bennoo Bokk Yaakaar une belle victoire à Kébémer, une ville actuellement gérée par les libéraux.
LE LIONCEAU QUI MONTE DANS LA TANIÈRE
Avec un but magnifique et un titre de Joueur du match, Krépin Diatta a été la sensation de la rencontre Sénégal-Tanzanie (2-0) à la CAN 2019. Si les Lions se félicitent d’avoir un tel talent, ils mettent en avant l’esprit collectif
Avec un but magnifique et un titre de Joueur du match, Krépin Diatta a été la sensation de la rencontre Sénégal-Tanzanie (2-0) à la CAN 2019. Si les Lions se félicitent d’avoir un tel talent, ils mettent en avant l’esprit collectif de la tanière. Cela tombe bien, le joueur de 20 ans préfère le « nous » au « je ».
Il y avait tout dans cette frappe des 20 mètres: le culot, l’insouciance, et surtout le talent d’un joueur d’à peine 20 ans qui découvre la CAN. Krépin Diatta a été bluffant contre la Tanzanie pour son premier match à la Coupe d’Afrique des Nations et seulement pour sa 3e sélection avec les Lions. Elu Joueur du match de la rencontre Sénégal-Tanzanie (2-0), le gamin de Ziguinchor (sud du Sénégal) est ravi de cette distinction mais a préféré très vite mettre la lumière sur tous ses coéquipiers. « Je suis très content d’avoir marqué et d’avoir été élu Joueur du match. On espère que ça va continuer, mais ce qui est important c’est de prendre les trois points. Je suis content, mais je salue aussi la combativité et le mental de toute l’équipe. Un autre joueur aurait pu faire la différence. Aujourd’hui, c’est moi, demain, ce sera un autre. »
Kalidou Koulibaly: «Krépin est prêt à donner 300 % de lui-même»
Le joueur de Bruges (Belgique), passé par la Norvège, assure que les « distinctions individuelles importent peu » et « croit plus au collectif ». Cela tombe bien, son sélectionneur et ses coéquipiers parlent le même langage que lui. Histoire de protéger le petit joyau ou de mettre plus la lumière sur l’équipe et non sur une individualité ? Les deux certainement. « Krépin, c’est un joueur qui a beaucoup d’avenir. Aujourd’hui, il a montré qu’il avait la mentalité pour être bon pour son premier match dans une CAN. Je suis content pour lui, c’est un joueur à l’écoute, qui est prêt à donner 300 % de lui-même », témoigne le défenseur central Kalidou Koulibaly. Avant d’ajouter : «le Sénégal, ce n’est pas que des talents individuels, c’est surtout un collectif. »
Le sélectionneur des Lions, Aliou Cissé, même s’il reconnait le talent de son joueur, n’a pas non plus voulu sortir celui-ci de son collectif. « Krépin, ses qualités tout le monde les connaît. Il faut féliciter toute l’équipe. Ce qui fait la différence aujourd’hui au Sénégal, c’est que les joueurs ont pris conscience que la qualité individuelle mise au service du collectif, rend l’équipe plus forte. »
Krépin, qui tient son nom du saint patron des cordonniers (Crépin) dans l’Eglise catholique, a très vite trouvé grâce dans la sélection malgré son intégration il y a à peine trois mois. « C’est un joueur qui s’est très vite fondu dans le collectif et c’est ça qui est important pour nous », confirme le milieu de terrain Pape Alioune Ndiaye.
Contre l’Algérie, jeudi 27 juin, Krépin Diatta sera plus scruté, mais il pourra compter sur Sadio Mané de retour de suspension, et avec qui on le compare déjà, pour moins être sous les projecteurs, et plus dans le collectif.
LE DILEMME À TROIS SCÉNARIOS DE SERIGNE MBAYE THIAM
La Société des Eaux du Sénégal (SDE) doit officiellement plier bagages ce 30 juin 2019, alors que le nouvel acquéreur, la multinationale française, Suez n’est pas encore prêt pour s’installer
La Société des Eaux du Sénégal (SDE) doit officiellement plier bagages ce 30 juin 2019, alors que le nouvel acquéreur, la multinationale française, Suez n’est pas encore prêt pour s’installer. Du coup, une période de transition est incontournable. Elle ne peut que se faire avec la SDE. Or des faucons, tapis aussi bien au ministère de l’Eau qu’à la Sones, ne veulent plus voir en peinture la SDE. Ce alors pourtant que tout le monde sait qu’une transition avec la SDE aux commandes est incontournable. Un troisième schéma, c’est de placer la SDE sous administration provisoire. D’où un inconfort énorme pour Serigne Mbaye THIAM qui doit décider très rapidement.
Le ministre de l’Eau doit trancher rapidement un tel dilemme pour garantir la continuité du service public de l’eau au Sénégal. Il est clair que Serigne Mbaye Thiam n’aurait jamais aimé nager dans un dossier qui lui est totalement étranger. Et dans lequel il tombe comme un cheveu dans la soupe. Seulement voilà, la logique républicaine et la continuité de l’Etat font que l’homme ne peut guère fuir ses responsabilités face à un processus inédit de dévolution du marché de la gestion urbaine de l’eau au Sénégal. La nouvelle donne donnée en primeur par nos confrères de Source A ce samedi, c’est que le contrat de la SDE pourrait être prorogé pour 4 à 6 mois.
Toutefois, il ne faudrait pas voir dans cette mesure, au cas où elle serait effectivement prise, un cadeau de l’Etat à la SDE. « Ce n’est guère cela puisque la prorogation annoncée pour la SDE a été une fuite organisée par des faucons du ministère de l’Eau et de la Sones qui ne veulent qu’une chose, c’est que la SDE débarrasse le plancher le 30 juin prochain » indique une source très au fait du dossier. D’autant que rien n’a encore été décidé, selon notre interlocutrice. Laquelle est confortée dans cette position par le ministre de l’Eau Serigne Mbaye Thiam. Selon qui le gouvernement — donc ses services — travaillent actuellement sur trois hypothèses.
La première, consisterait à signer un nouvel avenant avec la SDE pour une durée de quatre à six mois afin de permettre que la passation entre le nouveau fermier et l’ancien se fasse dans les règles de l’art. La seconde se traduirait par l’installation anticipée de Suez dès ce 1er juillet. La dernière hypothèse étudiée, c’est la mise sous administration provisoire de la SDE. Si on en est arrivé à cette situation embarrassante, selon Serigne Mbaye Thiam qui s’exprimait à travers les ondes de la RFM ce samedi, c’est parce que qu’« il se trouve qu’avec les recours qu’on a eus, la procédure s’est définitivement terminée par une décision de l’Armp du 29 mai 2019 qui a été notifiée au ministère de l’Eau et de l’Assainissement, le 14 juin 2019. Donc, on était à 16 jours de la fin de l’avenant numéro 9 qui devait expirer le 30 juin 2019. Face à cette situation, l’Etat du Sénégal est en train d’étudier 3 options ». D’abord, il s’agit de demander à Suez, de s’installer de façon anticipée.
La seconde option, c’est que l’Etat du Sénégal administre de façon provisoire la Sde. Ou alors que le contrat de la Sde soit prorogé de 4 à 6 mois. Et de préciser : « Donc, aucune décision n’est encore prise, nous sommes, y compris pendant ce week-end, en train d’étudier ces options. Et au plus tard, dans la semaine qui vient, une décision sera prise ». Le dilemme, c’est le fait que le ministre est appelé à départager deux camps de son entourage (ministère et Sones). Le premier camp, celui des faucons veut que le ministre choisisse les deux dernières hypothèses (installation de Suez le 1er juillet ou l’administration par la tutelle). « Seulement ces deux thèses ne sont guère opérationnelles. Suez n’est pas prête à s’installer le 1er juillet. Elle ne peut pas le faire tant qu’elle n’est pas accompagnée par la SDE. Ce qui est même prévu par le contrat de 2018 qui stipule une période de transition de 4 à 6 mois et un accompagnement entre le nouvel acquéreur et l’ancien. D’ailleurs même si la SDE avait gagné le marché, elle allait créer une nouvelle société » souligne notre source.
Selon cette dernière, la dernière hypothèse, celle de l’administration par la tutelle, est totalement impensable. « Vous voyez des gendarmes ou militaires débarquer dans les locaux de la SDE et dire au personnel en place que ce sont eux les nouveaux dirigeants. Une manière maladroite d’installer l’instabilité dans le secteur hyper important pour la continuité du service public de l’eau au Sénégal. Et pourtant dans l’entourage du ministre, il y a gens qui poussent à une telle perspective » déplore notre source. L’autre camp, plus raisonnable, prône la prorogation du contrat de la SDE pour une période de 4 à 6 mois. « La solution la plus prudente, c’est de proroger le contrat de la SDE qui pourrait ainsi accompagner le nouvel acquéreur à pouvoir s’installer en douceur. Il est clair que sans la SDE, cette transition ne pourrait se faire convenablement. Suez ne peut pas débarquer le 1er juillet et commencer à fournir de l’eau aux populations urbaines. Ce n’est pas possible. On doit pouvoir éviter de braquer inutilement le personnel » argumente la source.
L’Etat s’est mis dans une situation inconfortable
Dans certains milieux, l’on rit sous cape de la situation dans laquelle s’est mis l’Etat. Un dossier qui continue à intriguer plus d’un puisque ce cas unique où le mieux disant, en l’occurrence la SDE qui avait proposé comme prix exploitant 286,9 FCFA le mètre cube d’eau, contre 298,5 et 366,3 pour ses concurrentes, respectivement Suez et Veolia, a été écarté du marché. Le conseil d’administration de la Sénégalaise des eaux (SDE) a décidé de saisir la Cour suprême suite au rejet de son recours par le Comité de règlement des différends de l’Autorité de régulation des marchés publics (ARMP) concernant l’attribution du contrat d’affermage de la gestion de l’hydraulique urbaine et périurbaine au groupe français Suez. ’’Nous avons désigné un cabinet d’avocats pour saisir la Cour suprême en vue de rétablir la Sénégalaise des eaux dans ses droits’’, a annoncé le président du conseil d’administration de la SDE, Mansour Cama, mercredi dernier. Selon lui, la SDE est plus que jamais convaincue qu’elle est en train d’être ’’spoliée de sa victoire’’. Le PCA de la Sénégalaise des eaux a soutenu que ’’cette différence sur les prix entre Suez et la SDE pourrait représenter un manque à gagner pour l’Etat d’un montant de quelque 42 milliards de FCFA pendant les 15 ans que doit durer le contrat ». L’on continue de s’étonner du processus conduit par l’ancien ministre de l’Hydraulique Mansour Faye, alias « Sora-les bennes-tasseuses ». «Cela a commencé depuis décembre 2016, un processus qui a duré presque pendant 3 ans.
Entre l’ouverture des offres financières, le 1er juin 2018, et l’attribution définitive intervenue le 22 mai 2019 et rendue publique en juin 2019, le processus a duré une année. Inédit. Il est clair qu’il a été mal conduit, vicié depuis le départ et partial comme l’a souligné le président du Conseil d’administration Mansour Kama mercredi dernier » explique notre interlocutrice. Cette dernière ironise en indiquant qu’« en 1996 lorsqu’il s’était agi de confier la gestion urbaine de l’eau à la SDE, la procédure avait été bouclée en 3 semaines ! Pourtant à l’époque on était, en matière d’informatique notamment, à l’âge de la pierre taillée. C’est comme durant le Moyen-Age où, pour aller à La Mecque, il fallait des années, aujourd’hui pour se rendre dans la même destination, on n’a besoin que de 10 h de vol tout au plus. Si maintenant en 2019, au moment où l’informatique et la technologie ont atteint des niveaux de développement insoupçonnés, l’on met 52 semaines pour passer un marché, cela pose un grand problème. Au finish, l’Etat se reproche quelque chose dans ce dossier. Le temps et l’avenir sont les meilleurs baromètres de la réponse à ce dossier nébuleux ».
CHASSÉS DE DIOULOULOU PAR L’ARMÉE, LES ÉMISSAIRES DE SALIF SADIO PROMETTENT DE REVENIR
Dans ce que l’on appelle désormais le fiasco de Diouloulou, l’Etat a prouvé que la Casamance est une région à part entière du Sénégal comme le sont Saint-Louis, Kaolack, Dakar ou Tambacounda
Après Koudiounghor et Thionk-Essyl, le chef de l’aile combattante du Mdfc, Sadio Sadio, voulait organiser une troisième rencontre à Diouloulou (département de Bignona près de la frontière gambienne), précisément à la place publique de Djiter. Cette provocation de trop n’a pas eu lieu puisque le sous-préfet de l’arrondissement de Diouloulou a interdit la réunion. tentant de braver l’interdit préfectoral, les émissaires de Salif Sadio ont été chassés de la zone par les éléments de la gendarmerie renforcés par l’Armée. Dans la mêlée, un membre du Mdfc chargé de l’organisation du meeting a été interpellé, auditionné puis relâché par les gendarmes. Informé de la situation, Salif Sadio a promis de revenir en force…
Dans ce que l’on appelle désormais le fiasco de Diouloulou, l’Etat a prouvé que la Casamance est une région à part entière du Sénégal comme le sont Saint-Louis, Kaolack, Dakar ou Tambacounda. D’où les consignes données à l’Armée, la Gendarmerie et la Police de ne laisser aucune bande de malfaiteurs squatter le moindre pouce du territoire national. Des ordres appliqués à la lettre samedi dernier 22 juin dans le département de Bignona. Et précisément dans le village de Diouloulou où le chef rebelle du Mdfc Salif Sadio voulait tenir une troisième réunion populaire après celles de Koudiounghor et de Thionck-Essyl. Une réunion que les éléments de la Gendarmerie et de l’Armée ont dispersée en fin de compte. En réalité, d’ailleurs, elle n’a pas eu le temps de se tenir. Pour refus d’obtempérer, un membre du comité d’organisation a été interpellé et auditionné par les éléments de la brigade de gendarmerie de Diouloulou avant d’être relâché. A part cette interpellation, aucune arrestation n’a été enregistrée et aucun coup de feu tiré à la connaissance du « Témoin » quotidien.
Une audio-déclaration liminaire de Salif Sadio attendue à Diouloulou
Pour justifier son « droit » de rassemblement, Salif Sadio a évoqué les accords de Rome du 22 février 2014 consécutifs au processus de négociations entre le Gouvernement et le Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mdfc). « Après les rencontres de Thionk-Essyl et de Koudiounghor, nous organisons une nouvelle rencontre populaire d’informations et d’explications dans la commune de Diouloulou ce samedi 22 juin 2019. A cette occasion, le Mfdc invite les populations casamançaises et les sympathisants ainsi que tous ceux qui s’intéressent à la question à venir massivement assister à cette rencontre ». Voilà ce qu’avait écrit Salif Sadio dans son communiqué signé et rendu public jeudi dernier c’est-à-dire trois jours avant la réunion. Comme pour les rencontres de Koudiounghor et Thionk-Essyl, « Le Témoin » a appris que Salif Sadio allait faire faux bond au rassemblement de ce weekend ! Selon une source proche du Mfdc, Salif Sadio aurait enregistré une audio que ses lieutenants voulaient faire écouter aux populations de Diouloulou en guise de déclaration liminaire lors du meeting avorté.
Dans la nuit de vendredi à samedi, et au moment où les organisateurs s’affairaient aux installations des bâches et chaises ainsi qu’aux tests de sonorisation, le sous-préfet de Diouloulou a surgi pour leur notifier l’interdiction de la manifestation. Ce dont les organisateurs n’ont pas voulu entendre parler dans un premier temps. Pour faire valoir leur droit de se réunir, ils montrent au sous-préfet et au commandant de brigade un document renfermant les « accords » de San’Egidio. Peine perdue ! Pendant ce temps, des gendarmes lourdement armés sommaient les organisateurs de décamper et quitter les lieux. Pour cause, ont expliqué les pandores, tout rassemblement non autorisé et toute occupation illégale de la place publique seront rigoureusement réprimés conformément à l’arrêté préfectoral.
Très tôt le samedi matin, les éléments d’escadron de la Gendarmerie équipés de blindés se sont déployés sur la place publique où devait se tenir la rencontre. Et des dizaines de kilomètres à la ronde à savoir dans les villages environs de Koubanack, Missirah, Kataba Konkoudia, Badjikounda et Kataba Mouniane, les soldats de l’Armée multipliaient les barrages et les fouilles de véhicules. Bref, toute la zone de Bignona était quadrillée.
Pour parer à toute éventualité, le commandement de la Zone-Sud avait renforcé les contrôles de véhicules et multiplié les check-points sur les pistes menant vers les profondeurs du maquis que devaient emprunter les conférenciers du Mdfc. Et lorsque Salif Sadio a été informé par ses émissaires de l’inaccessibilité de la zone de Diouloulou, il les a tout bonnement invités à rebrousser chemin. Avant de jurer de tenir ultérieurement sa troisième rencontre avec les populations.
LE FORUM CONVOQUÉ PAR SALIF SADIO N’A PAS EU LIEU
L’Etat gagne son combat contre le chef de l’aile militaire du MFDC
Jean DIATTA, correspondant permanent à Ziguinchor |
Publication 24/06/2019
Malgré le forcing qu’ils ont tenté jusqu’à la dernière minute, les émissaires de Salif Sadio, le commandant en chef de l’aile militaire du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc) sont repartis de Diouloulou (situé dans le département de Bignona non loin de la frontière gambienne) samedi sans avoir pu tenir leur forum. Et pour cause, l’armée sénégalaise a renforcé depuis vendredi soir son dispositif dans la zone censée abriter cette rencontre à laquelle le chef de guerre avait convié les populations de la Casamance ce samedi à Diouloulou. Une rencontre interdite par le gouvernement qui s’est donné les moyens de s’opposer à sa tenue.
Un long cortège de véhicules militaires remplis de soldats armés jusqu’aux dents s’est dirigé vers la zone de Diouloulou dès vendredi à la mi-journée. Le même jour, tous les secteurs stratégiques de la zone où devrait se dérouler ce forum ont été bouclés par l’armée et la gendarmerie. Le colonel Abdoul Ndiaye, le directeur de l’information et des relations publiques de l’Armée (DIRPA), contacté par nos soins, dans la matinée de samedi, a confirmé cette information avant d’indiquer que le dispositif sécuritaire est permanent dans cette zone et partout en Casamance compte tenu de la situation qui prévaut dans la région. Par conséquent, il n’y a rien de nouveau selon lui.
Toutefois, a précisé le colonel Abdoul Ndiaye, il peut arriver que le commandement de la zone militaire Sud renforce les dispositifs en fonction des évènements. ‘’Nous avons des dispositifs permanents dans cette zone et partout dans la région. Donc, il n’y a rien de nouveau. La région étant ce qu’elle, nous avons mis partout et en permanence des dispositifs sécuritaires pour permettre la libre circulation des personnes et de leurs biens. Nous avons pris des dispositions pour empêcher le mouvement de toute personne en armes. Il arrive cependant, en fonction des évènements, que le commandant de la zone militaire sud renforce ses dispositifs d’une zone à l’autre’’, a indiqué le patron de la Dirpa.
Un climat de psychose et de peur à Diouloulou
Un habitant du village de Diouloulou, qui s’est confié à nous sous le couvert de l’anonymat, informe qu’il y régnait un climat de psychose et de peur depuis vendredi quand les premiers militants et sympathisants du Mfdc ont commencé à débarquer en vue de prendre part au forum. Selon lui, les populations craignaient que la situation ne se détériore parce que le Mfdc, qui avait déclaré être prêt à braver l’interdit de l’Etat, semblait déterminé à tenir sa rencontre, et cela malgré le dispositif sécuritaire renforcé des forces de l’ordre. Notre interlocuteur a confirmé la forte présence de l’Armée sur les lieux depuis le vendredi nuit. ‘’Ici, les populations ont une très grande peur depuis hier (vendredi). En fait, il y a une forte présence de l’armée et de la gendarmerie ici, le climat est vraiment très lourd. Pour l’instant, nous ne savons pas ce qui va se passer parce que les responsables du Mfdc avaient dit que, quelle que soit la situation, ils vont tenir leur meeting et jusqu’à présent, ils n’ont pas dit s’ils vont renoncer ou pas’’, nous avait indiqué notre interlocuteur.
A l’en croire, par mesure de prudence, certains habitants ont même déserté les environs de la place où était prévue la rencontre et d’autres même ont déserté la localité. Une autre source qui se trouvait sur place, a, pour sa part, indiqué, dans la même matinée du samedi, que la gendarmerie avait occupé depuis la veille la place publique où était prévu le forum, interdisant l’accès à toute personne non officielle. Cette même source avait ajouté que, sur place, il y avait des chars de combat, des pick-up et autres armes de guerre déployés par les gendarmes. Selon ce deuxième interlocuteur, des militants et sympathisants du Mfdc avaient occupé les lieux le vendredi soir avant l’arrivée de la gendarmerie mais ils ont été dispersés par les hommes en bleu qui ont confisqué leur matériel de sonorisation. Au même moment, l’armée dispersait le rassemblement qui avait commencé à se faire du côté du village de Santhiaba, situé sur la route de Kafountine, à deux kilomètres de la commune de Diouloulou. L’on signale que c’est dans ce village que les responsables du Mfdc devant animer le forum avaient prévu de se retrouver avant de rallier Diouloulou.
Les raisons du refus du gouvernement
Pourquoi le gouvernement a-t-il interdit la tenue de cet autre forum convoqué par Salif Sadio après avoir autorisé ceux de Koundioughor, dans le nord Sindian, et de Thionck-Essyl dans le Blouf ? Beaucoup d’observateurs pensent que ce refus s’explique par deux raisons : les projets d’exploitation de zircon de Niafrang et l’usine d’exploitation de farine de poissons situés tous les deux dans la zone, projets auxquels le Mfdc de Salif Sadio est farouchement opposé. Deux projets inscrits à l’ordre du jour de la rencontre avortée de Diouloulou. Les autorités auraient sans doute considéré que laisser ce forum se tenir serait tout simplement une manière d’offrir à Salif Sadio et ses partisans une tribune de dénonciation. Dans tous les cas, on apprend qu’à la dernière minute, le chef de Atika aurait ordonné à ses hommes de reporter la rencontre et de rebrousser chemin. Consigne qui a été respectée à la lettre par ses éléments qui étaient venus livrer son message. Une renonciation qui a fait pousser un ouf de soulagement aux populations de Diouloulou et environs qui redoutaient un samedi noir dans leur localité.