Le Sénégal a profité du salon du Bourget, qui ferme ses portes ce dimanche 23 juin à Paris, pour affirmer sa stratégie aérienne. Le pavillon national Air Sénégal va renforcer sa flotte d'Airbus. Pour le gouvernement, le secteur aérien est le pilier d'une stratégie de développement visant à faire du pays un hub aérien international.
Pour le Sénégal, la croissance économique doit décoller au sens propre du terme. Le secteur aérien est conçu comme un vecteur de développement, et c'est la raison des investissements de l'État dans la construction de l'aéroport international Blaise Diagne et dans la renaissance d'une compagnie aérienne. Air Sénégal est encore une junior, mais le gouvernement lui a fixé comme ambition de devenir un hub international.
« La construction d’un hub aérien fait partie des moteurs de notre croissance, explique Alioune Sarr, ministre du Tourisme et du Transport aérien, et Air Sénégal international fait partie des trois piliers de notre stratégie : le premier l’aéroport Blaise Diagne, le deuxième pilier c’est Air Sénégal international qui doit être le pivot pour la connectivité du Sénégal aussi bien au sein de la Cédéao qu’au sein de l’Afrique, enfin le troisième pilier ce sont les aéroports régionaux que nous sommes également en train de rénover pour permettre que les déplacements à l’intérieur du pays puissent être faits. »
Après des débuts difficiles en 2018 à cause de pannes récurrentes, la compagnie s'est dotée de trois Airbus, dont un A330neo, et compte acquérir un long courrier A321 XLR. De nouvelles routes vont être ouvertes l'an prochain à mesure que se concrétisent les investissements dans l'hôtellerie. « Nous avons par exemple une compagnie qui a démarré aujourd’hui des chantiers importants au Cap Skirring avec un investissement de 17 milliards pour faire une extension de sa plate-forme actuelle à plus de 120 chambres et donc cela va générer une ligne directe entre Bruxelles et le Cap Skirring », développe Alioune Sarr.
Air Sénégal renforce aussi son partenariat avec Air France industrie dans la maintenance en ligne sur le site de l'aéroport de Blaise Diagne, un service qui sera ouvert à toutes compagnies desservant Dakar.
« ABDOUL MBAYE, EL HADJI KASSÉ, CLÉDOR SÈNE DOIVENT ÊTRE ENTENDUS »
L'ancienne procureure Dior Fall Sow, souligne que Serigne Bassirou Gueye doit entendre « toutes les personnes qui ont fait des déclarations » sur le scandale Petrotim
e-media |
Dié BA & Abdoulaye SYLLA |
Publication 23/06/2019
Mettre en œuvre tous les moyens pour faire la lumière sur le dossier dit « Le scandale à 10 milliards de dollars » du pétrole, éclaboussant le jeune frère du président de la République, Aliou Sall, Frank Timis, l’Etat du Sénégal et les compagnies pétrolières BP et Kosmos Energy. Telle est la conviction de Dior Fall Sow, la première femme procureure de la République au Sénégal. Invitée du Jury du dimanche de Mamoudou Ibra Kane, ce dimanche, 23 juin, sur Itv, l’ancienne magistrate au Tribunal pénal international pour le Rwanda s’oppose à ceux qui réclament l’arrestation d’Aliou Sall.
En effet, le scandale pétrolier est le thème principal du JDD de ce dimanche. Pour l’éclatement de la vérité, l’ancienne Procureure de la République, Dior Fall Sow, souligne que (Serigne Bassirou Gueye) doit entendre « toutes les personnes qui ont fait des déclarations » sur le sujet : L’ancien Premier ministre, Abdoul Mbaye, le ministre-conseiller du président de la République, El Hadji Kassé et même Clédor Sène. D’autant plus, dit-elle, que « le documentaire de la BBC donne des éléments qui sont extrêmement graves, (et) les copies de certains contrats sont suffisamment graves pour qu’on puisse ouvrir une information judiciaire. » Ainsi, recommande-t-elle : « On ne doit pas seulement entendre une seule personne, ne pas se baser seulement sur ce qui est dit. Vous avez deux (2) contradictions entre BBC soutenue par l’opposition et le pouvoir soutenu par certains alliés qui ont chacun leurs thèses. »
Ainsi, indique la membre fondatrice de l’Association des juristes sénégalaises (AJS), la « prudence s’impose ». Ce, avant de « donner un point de vue disons définitif ». Dans la mesure où motive-t-elle : « Le Procureur de la République est le maître des poursuites et il doit, avant de pouvoir décider de ce qu’il va faire, avoir tous les éléments qui s’imposent pour savoir quelle orientation devra être donnée (au dossier). » A l’en croire, l’enquête préliminaire de la Division des investigations criminelles (DIC) sera déterminante. « J’ai eu beaucoup à travailler avec eux quand j’étais en fonction, ils font des investigations pour trouver les éléments les plus appropriés pour justement alimenter cette enquête. C’est après qu’ils envoient au Procureur de la République, une fois que cette enquête est terminée, selon eux, pour qu’il puisse prendre les mesures appropriées, pour que le dossier puisse être instruit. »
Même si, à son avis, un appel à témoin n’était même « pas nécessaire », elle soutient que cela peut constituer « un levier, dans la recherche de la vérité, pour faire venir les témoins qui pourraient apporter la lumière à cette affaire. » Toutefois, conclut Dior Fall Sow : « Plus de transparence dans les affaires publiques » éviterait tous ces problèmes.
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DIANA BRONDEL À LA CONQUÊTE DE BFM ACADÉMIE
Votez ce lundi 24 juin entre 17h et 18h GMT pour "Xaalys", la start-up de la Sénégalaise Diana Brondel, en lice pour la victoire finale
Diana Brondel, fondatrice de Xaalys fait partie des trois candidats sélectionnés par Evelyne Platnic-Cohen pour la 14ème édition de la BFM Académie aux côtés d’Aline Conxicoeur (Collock) et Guillaume Piard (Nalo).
Xaalys créée par Diana Brondel est une néo-banque pour les adolescents de 12 à 17 ans. D’un côté on trouve sur l’application les services classiques offerts par une banque, auxquels les enfants ainsi que les parents ont accès, de l’autre la partie quizz et jeux d’éducation financière pour enfants. Un RIB, une carte « qui claque » bleu marine, des cagnottes qu’on peut faire avec les amis, tout pour plaire aux intéressés et les responsabiliser en douceur.
Diplômée de l’ESCP, 10 ans de carrière dans le secteur bancaire, Diana Brondel sait de quoi elle parle. L'entrepreneuse vient juste de lancer son produit en France et pense déjà international, elle a déjà implanté son équipe de développeurs à Dakar. La jeune entrepreneuse franco-sénégalaise vise le monde avec Xaalys, qui veut dire argent en Wolof
Evelyne Platnic-Cohen est « admirative de la force d’exécution de Diana » et la coach spécialisée dans la vente explique également qu’elle a choisi Diana Brondel, entre autre, pour son indéfectible bonne humeur et son sourire, des qualités non négligeables quand on travaille dans la vente.
C’est face à Guillaume Piard de Nalo et Aline Conxicoeur de Collock que Diana Brondel a défendu sa start-up, Xaalys, devant sa coach Evelyne Platnic-Cohen et aussi qu’elle a été choisie pour la suite de l’aventure. Rendez-vous aux coachings pour Xaalys qui a su séduire la coach Evelyne Platnic-Cohen. En effet, Diana Brondel a été choisie par la super-woman de la vente, Evelyne Platnic-Cohen, pour aller en finale de la BFM.
Votez 4 entre 17h et 18h GMT.
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SÉNÉGAL 2 - 0 TANZANIE
Keita Diao Baldé et Krépin Diatta ont marqué les deux buts sénégalais - VIDÉO
Sur un corner mal renvoyé par la défense tanzaniènne Krépin Diatta, d'une frappe magistrale hors des 18 mètres marque le deuxième but des Lions. Sur une passe de Gana Gueye, Keita Diao Baldé d’une frappe limpide au ras du sol ouvre le score pour le Sénégal à la 28ème minutes de jeu.
En l'absence de Sadio Mané, Aliou Cissé a fait confiance au trio Diao Baldé-Ismaïla Sarr-Mbaye Niang pour animer son attaque. Pour le reste c'est presque du classique, sauf la sélection de Krépin Diatta. Voici le Onze de départ du Sénégal contre la Tanzanie, ce dimanche, pour le compte de la première journée de la Can-2019.
Pas vraiment dangereux malgré Ziyech et une entrée efficace de Boufal, les Marocains ont été sauvés à une minute de la fin par une tête contre son camp de Keimuine (1-0) face à la Namibie
France Football |
Hanif Ben Berkane |
Publication 23/06/2019
Il s'en est fallu de très peu pour que le Maroc démarre cette CAN 2019 par un triste nul. Pas vraiment dangereux malgré de nombreux tirs de Ziyech et une entrée efficace de Boufal, les Marocains ont été sauvés à une minute de la fin par une tête contre son camp de Keimuine (1-0). Les Lions de l'Atlas peuvent souffler.
Favori dans cette rencontre, le Maroc s'est sorti difficilement d'un match piège. Dominateurs dans le jeu (mais inoffensifs), les Lions de l'Atlas n'arrivaient pas à inquiéter le gardien namibien. Dirar allumait la première mèche (11e) d'une frappe sèche bien claqué par Kazapua. Ziyech, le maitre à jouer marocain, a eu du mal à véritablement se mettre en avant en première période. Avec des tentatives lointaines qui symbolisaient un manque de solutions et d'animation devant (16e,19e, 36e). Le Maroc pouvait même bénéficier d'un penalty après un accrochage entre Amrabat et Horaeb mais l'arbitre en décidait autrement (33e). La Namibie, regroupée en défense, procédait en contre. Etouffés par les Marocains, les Guerriers Courageux, comme ils sont surnommés, n'arrivaient pas à sortir de la première moitié de terrain.
Le Maroc a du boulot
Aprs la pause, les deux équipes ont laissé plus d'espaces. Sans doute à cause de la fatigue dûe à des conditions climatiques difficiles. Les hommes d'Hervé Renard continuaient d'attaquer, sans succès. L'entrée de Boufal (58e) ramenait un peu plus de créativité et de percussion dans une équipe qui en manquait cruellement devant. À plusieurs reprises, le joueur du Celta Vigo aurait pu ouvrir le score mais ses frappes passaient de peu à coté (75e, 79e). Ziyech, de son coté, disparaissait peu à peu dans ce match même si sa frappe contrée aurait pu tromper la vigilance de Kazapua (70e). Mais la délivrance est venue du camp d'en face pour les hommes de Renard. En toute fin de match, sur un coup franc de Ziyech, l'attaquant namibien Keimune, tout juste entré en jeu, venait marquer dans son propre but d'une "belle" tête (1-0, 89e). Terrible scénario pour la Namibie qui tenait pourtant son point du match nul. Pour le Maroc, c'est une fin de match plus qu'heureuse. Les Lions de l'Atlas doivent maintenant se tourner sur le choc de la deuxième journée face à la Côte d'Ivoire. Et surtout montrer un tout autre visage...
« LE JOUR OÙ J’AI DIT NON AU POUVOIR »
Quand la première femme sénégalaise procureure de la République, Dior Fall Sow, revisite sa carrière, l’affaire qu’elle retient est relative à un meurtre commis à Guet Ndar, à Saint-Louis, qu’elle a eue à instruire
e-media |
DIÉ BA & ABDOULAYE SYLLA |
Publication 23/06/2019
Quand la première femme sénégalaise procureure de la République, Dior Fall Sow, revisite sa carrière, l’affaire qu’elle retient c’est celle relative à un meurtre commis à Guet Ndar, à Saint-Louis, qu’elle a eue à instruire. « Cela fait des années, narre-t-elle, on avait tué une personne à Guet Ndar et c’était quelqu’un du parti au pouvoir (régime socialiste) qui l’avait assassiné. A l’époque, j’étais procureure, c’est moi-même qui avais fait l’enquête, avec la police. On est allé dans les maisons. Et, à Guet Ndar, les deux (2) maisons étaient côte-à-côte. Et la famille de la victime avait dit que ’’la première personne qui sortait, elle allait la tuer’’. Je suis allée sur les lieux quand je faisais l’enquête et je leur ai dit ’’ne faites pas ça parce que si vous faîtes ça, vous allez commettre un meurtre et je vous arrête’’. Ils ont dit ’’non, non, parce qu’on ne croit pas en la justice. Il n’y aura pas de suite parce que c’est une personne qui est membre du parti au pouvoir’’. Je leur ai dit ’’de toute façon, je représente la justice, et l’affaire ira jusqu’au bout. C’est un engagement personnel que moi je prends en tant que magistrat’’. Et je suis allée jusqu’au bout. C’est la seule fois que j’ai reçu deux (2) appels du ministère de la Justice pour essayer de faire pression sur moi et j’ai refusé. »
Ce, pour l’invitée du Jury du dimanche (JDD) de Mamoudou Ibra Kane, ce 23 juin, de dire que « l’indépendance de la justice, c’est d’abord une question de personnalité » du magistrat. Par conséquent, « il appartient donc aux Cours et Tribunaux d’assurer cette indépendance. »
Dior Fall Sow de poursuivre : « C’est l’article 7 du statut qui dit que les magistrats du Parquet sont sous la direction et le contrôle de leur supérieur hiérarchique et sous l’autorité du ministère de la Justice. Personnellement, j’ai gardé le premier tronçon dans toute ma carrière à savoir que j’étais sous la direction de mon supérieur hiérarchique à savoir le Procureur général, et que peut-être lui était sous l’autorité du ministère de la Justice. C’est la raison pour laquelle justement dans cette affaire de Guet Ndar, j’ai été interpelée deux (2) fois par le ministère de la Justice. On m’a demandé, c’était à l’information que j’avais ouvert pour meurtre, de disqualifier en coups mortels. J’aurai pu ne pas répondre mais j’ai fait exprès de répondre que si l’information était bien faite j’allais requalifier en assassinat, ce qui est plus grave. »
Gênée que le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) soit présidé par le chef de l’Etat, Dior Fall Sow est d’avis « qu’on doit couper ce cordon ombilical ».
LE PILLAGE DE L'AFRIQUE
Que serait la France sans l’Afrique ? Réponse avec l'humoriste Abdel en vrai
Que serait la France sans l’Afrique ? Réponse avec l'humoriste Abdel en vrai.
DES ’’SATLIGUÉS’’ PRÉDISENT AUX LIONS UNE PLACE EN DEMI-FINALE
Des voyants sérères, communément appelés ‘’Salitigués’’, ont prédit un hivernage pluvieux, une place en demi-finale pour les Lions à la Coupe d’Afrique des nations et des tensions sociales, lors d’une séance divinatoire organisée à Fatick
Des voyants sérères, communément appelés ‘’Salitigués’’, ont prédit un hivernage pluvieux, une place en demi-finale pour les Lions à la Coupe d’Afrique des nations et des tensions sociales, lors d’une séance divinatoire organisée dans la nuit de samedi à dimanche à leur fief de Malango, à Fatick (centre), a constaté l’APS.
Vêtus de costumes traditionnels, gris-gris et autres objets fétiches en évidence, les Saltigués et guérisseurs traditionnels, des hommes et des femmes originaires de Fatick et d’autres localités du Sénégal ont notamment livré à un public attentif leur lecture de l’avenir.
Pour certains, la capitale sénégalaise pourrait être marquée par des tensions sociales. Pour d’autres l’équipe nationale de football actuellement en Egypte pour participer à la CAN peuvent espérer atteindre les demi-finales au plus.
Gagner le trophée ? Des Saltigués en doutent au point de recommander des sacrifices.
‘’Pour gagner la coupe, il faut que les autorités offrent en sacrifice 4 bœufs blancs ici à Malango. Cette offrande est nécessaire pour que le Sénégal gagne cette coupe d’Afrique’’, a par exemple déclaré la Saltigué Khady Diouf de Diarrère.
‘’Dans le cas contraire, je n’ai pas vu le Sénégal vainqueur de la coupe. Le trophée ne viendra pas au Sénégal’’, a-t-elle insisté en admettant : ‘’c’est une vérité difficile car ce sont nos enfants qui y participent.
‘’ Si on ne fait pas cette offrande, le Sénégal ne remportera pas cette coupe et il n’est pas encore tard pour faire cette offrande’’, a-t-elle ajouté avec fermeté entourée des siens.
S’agissant des potentiels troubles pouvant avoir lieu à Dakar, El Hadji Ndour, en appelle à l’Eglise et aux foyers religieux musulmans à se mobiliser et à prier afin de les exorciser.
’’Si le pays, l’ensemble des sénégalais parviennent à dépasser les tensions politques à Dakar, le pays connaitra son essor au plan économique’’, a-t-il fait savoir.
Dans leur écrasante majorité, les Salitigués ont prédit que le Sénégal enregistrera encore une fois ‘’un bon hivernage’’, et ‘’d’importantes quantités de récoltes’’.
Les séances de voyance se sont déroulées en présence du président de l’ONG Prometra International, Erick Gbodossou, promoteur du "Xooy" de Malango, un événement de voyance des Sérères inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO.
La délégation régionale conduite par le gouverneur est attendue dimanche au centre Malango pour la cérémonie officielle de restitution du Xooy 2019.
par Cheikh T Ba
CAN, UNE DAME INVESTIE DE TOUS LES FANTASMES
Le football a désormais une fonction de catharsis, d’exutoire de stress et de cristallisation d’un consensus autour du sentiment d’appartenance à une seule et même nation
Devant la fureur et l’engouement névrotique autour de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), une réflexion autour du phénomène servira de prétexte à notre propos. De quoi cet évènement nous parle et de quoi nous parlent ceux qui en parlent ?
Le football est devenu un des phénomènes collectifs des temps modernes. En tant que phénomène social total, il convient d’en faire la déconstruction (au sens où l’entend le philosophe J. Derrida) pour en décrypter, au-delà du jeu, les véritables enjeux et fonctions. Les Ivoiriens ne disent-ils pas dans leur parler si savoureux : « Il ne faut pas s’amuser dans l’amusement qu’est le football » ? Il ne nous paraît pas superflu de rappeler que le sport est un champ privilégié des sciences sociales.
Dans la perspective que nous venons d’esquisser, nous nous contenterons de pointer quelques aspects :
La fonction ludique : le football, plus que tout autre sport, fait éprouver en 90 minutes toute la gamme des sentiments et émotions que l’on peut ressentir dans le temps long : la haine, l’angoisse, la tristesse, la jubilation. Chaque match draine une charge émotionnelle faite de passion intense. On peut passer du bonheur au malheur et du malheur au bonheur, en un temps très court (les Lions de moins de vingt ans viennent d’en faire l’amère expérience, pour avoir perdu leur match contre la Corée du Sud à la 97ème minute). Les défaites sont souvent pour les pays sources de psychodrames, ou de délire de joie en cas de succès.
Les cérémonies d’ouverture et de fermeture de CAN, scénarisées avec ingéniosité et créativité, démontrent le caractère festif de ce grand évènement dans la vie des nations africaines. Les symboles comme les drapelets qu’on agite, les corps peinturlurés, les hymnes nationaux, les déguisements, les percussions de djembés, les chants, les danses (12ème Gaïndé au Sénégal) constituent également un temps fort de liesse et d’esthétisation artistique dont le Brésil a naguère symbolisé l’expression la plus achevée. L’évènement est également spectacle. Sur les terrains de football, l’activité sportive n’est plus seulement le théâtre du rendement physique et de la performance. Elle se prête aussi à la mise en scène du corps et à la séduction, où le jeu de l’apparence s’exhibe. Les joueurs sont devenus des prescripteurs de mode et de tendances auprès des jeunes. Sur ce point, la chevelure, comme le langage, peut faire l’objet d’une analyse sémiologique : vers les années mil neuf cent soixante-dix, les cheveux longs à la Beckenbauer étaient à la mode. À partir des années quatre-vingts/quatre vingt-dix, les joueurs africains et asiatiques sont venus casser les codes avec des cheveux peroxydés. Ensuite, les crêtes sont apparues avec, comme joueur emblématique dans l’excentricité, Kydiaba, ex-gardien de but de la RD Congo. Les styles dabala, voire iroquois, ou le port de dreadlocks ont par la suite fait leur apparition. La prédilection va aux crêtes blondes en ligne droite (Balotelli, Mbaye Diagne) ou en demi-lune (Mané), avec une touche de sophistication par le Franco-sénégalais Mamadou Sakho qui ajoute des figures géométriques. Ces modes sont amplifiées par le phénomène du marketing publicitaire. Il semble qu’un joueur bling bling augmente sa valeur marchande (Pogba). En outre, dans ce jeu de la stratégie des apparences qui se réclame d’une logique sociale de la distinction se joue également le culte de la différence (Ronaldo et ses boucles d’oreille). Sur un autre registre, pour fêter un but, des sauts périlleux sont effectués en salto avant ou arrière dont le spécialiste incontesté est le Gabonais P.-E. Aubameyang (au risque de se casser le cou ou de perdre beaucoup d’énergie). Pour célébrer un but, les joueurs se livrent à une chorégraphie tellement synchrone qu’on est en droit de se demander si le temps consacré à répéter en chœur telle ou telle danse ne devrait pas être consacré à l’entrainement aux tirs aux buts et aux balles arrêtées.
La fonction d’exaltation patriotique : le football a désormais une fonction de catharsis, d’exutoire de stress et de cristallisation d’un consensus autour du sentiment d’appartenance à une seule et même nation. Il conforte les citoyens d’un pays dans l’assurance que le développement de la vie individuelle, avec tout ce que cela connote d’égoïsme, ne supprime pas l’existence de la vie collective, le « désir commun du vivre ensemble ». Le football donne à voir une théâtralisation des valeurs qui exaltent les mythes fondateurs d’une nation (évocation du passé historique à travers Ndiadiane Ndiaye et Lat Dior Diop (Pr Lamane Mbaye), ou de bravoure, symbolisé par le lion dont le courage est chanté par Youssou Ndour. Le communicateur traditionnel Mbaye Pekh, transformé en éthologue, nous apprend que le mâle comme la femelle, en cas de décès de l’un ou de l’autre, ne se remettent jamais en couple. On peut légitiment se demander si cela a une résonance chez des joueurs transformés, du jour au lendemain dans l’euphorie, en dignes héritiers de ces héros dont ils entendent peut-être parler pour la première fois. Du reste, chaque équipe nationale constitue pour ses supporteurs un objet de symbolisation de leur identité nationale. Le sentiment d’appartenance sous-jacent à cette identité se construit dans un rapport d’opposition parfois très virulent avec l’autre. C’est le terrain privilégié des antagonismes collectifs. En témoignent les pillages et autres exactions qui ont suivi la rencontre des deux Congo que l’on dit « pays frères » et, dans un passé pas si lointain, le comportement consternant des Togolais, qui sont allés mettre le feu à la maison de leur portier qui a servi et défendu les buts de leur équipe nationale pendant une dizaine d’années. La partisanerie n’est pas déterminée par le beau jeu, mais par l’appartenance à une nation. En outre, dans le lexique du foot, les métaphores guerrières utilisées à l’occasion des matches sont édifiantes à cet égard : attaquer, conquérir des espaces, perforer une défense, bombarder, voire pilonner le camp adverse, mitrailler ou fusiller un gardien, tir canon, envoyer un missile, armer un tir, quadriller un terrain, avoir une armada offensive, etc.
La fonction politique : le foot est un outil de communication politique. Sous ce rapport, il peut faire l’objet d’une récupération politique et permet, entre autres, la baisse des tensions sociales et politiques (une providence pour les problèmes soulevés par le gaz et le pétrole). À la suite d’une coupe d’Afrique remportée par la Côte d’Ivoire, c’est le président Ouattara lui-même qui était à la coupée de l’avion pour rendre hommage à ses champions avec, en prime, de hautes distinctions pour services rendus à la nation, journée chômée et payée…
Au Sénégal, les Libéraux ont eu à différer des marches et autres manifestations contre le pouvoir en place. Le président Wade a instrumentalisé le succès des Lions de 2012, arrivés en quart de finale de Coupe du monde, pour redorer son blason terni et polir son image (tournée avec Elhadj Diouf au gré de ses nombreuses pérégrinations). « J’ai investi, il est normal que j’en tire des dividendes », s’est-il piteusement justifié.
Le président Macky Sall n’est pas en reste. Il a dû sacrifier au rituel de la remise du drapeau national avec beaucoup d’emphase dans le discours. Il a titillé la fibre patriotique des joueurs « Laissez-nous ici la téranga et ramenez-nous la coupe, nous vous rendrons la téranga. »
La fonction magico-mystico-religieuse : Le sport en général et le foot en particulier sont des lieux où foisonnent des signes qui renvoient aux croyances, perceptions, représentations, mais aussi à l’affirmation du sentiment religieux. On peut relever une profusion de micro-rituels : certains joueurs font le signe de la croix avant leur entrée sur le terrain, portent des objets fétiches, entrent sur le terrain à cloche pied ou se livrent à des incantations. Pour d’autres joueurs musulmans, c’est le front au sol ou les mains tendues au ciel après avoir psalmodié des mots, pour signifier le geste de prière (Sadio Mané et Mohamed Salah). Durant certaines CAN, on a constaté le cas de joueurs qui répandaient de la poudre au sol pour conjurer les esprits maléfiques, ou qui ont refusé de serrer des mains de joueurs du camp adverse, quand ils n’avaient pas, comme les lutteurs, des bandages de protection ne protégeant pas contre une blessure. Certains entraineurs donnent le ton et sont les premiers à verser dans la superstition (chemise blanche d’Hervé Renard, costume noir de Bruno Metsu).
Toujours lors des CAN précédentes, la presse a fait état de consultants sportifs d’un genre nouveau venus du Ghana, trahis par leur accoutrement (chassez le naturel, il revient au galop….) qui ne laissait aucun doute sur leur état de sorcier (gangas). Au Sénégal, où le mysticisme règne en maitre, on s’en donne à cœur joie. Quand vous assistez à un match de « nawétanes », vous avez l’impression d’être dans une arène de lutte. Certains membres fédéraux dont on ne saurait mettre en doute la probité, ont eu à démentir avoir introduit ou accepté dans leur délégation des « xondiomeurs » attitrés.
L’ex-entraineur qui avait reçu à la figure trois paires de chaussures de marque Bata à Bata, en Guinée équatoriale (une paire de gifle pour chaque match perdu) ne rate jamais une occasion pour dire, comme une rengaine, que c’était une situation irrationnelle. Quand on en arrive à justifier les défaites par des forces occultes, l’on est disqualifié pour le métier d’entraineur dont les contreperformances ne doivent être justifiées que par des faits de jeu objectifs et uniquement au plan technico-tactique.
Ne soyons pas naïf, nous sommes dans un pays où la pensée magique détermine les attitudes et comportements des individus. Quand la vie de ces derniers est rythmée par des forces invisibles, voire surnaturelles, ancrées dans leur imaginaire et/ou conscience collective et animent leur vie du social au cosmique, on est à la limite devant deux logiques antinomiques qui s’affrontent, dont celle qui vous dit : « seul le travail paie » et celle qui vous dit : « nous sommes en Afrique avec ses réalités », qui est plus prégnante. Selbé Ndom a de beaux jours devant elle !!!
Point d’injonction du devoir être, mais ces pratiques, dénoncées par Henryk Kasperczack et Joseph Antoine Bell, ne doivent pas avoir cours dans un sport collectif comme le football moderne, où c’est la pédagogie de l’effort qui doit être inculquée aux jeunes. Autrement, c’est la porte ouverte à toutes les dérives et les charlatans sont toujours prêts à s’y engouffrer.
Ces derniers se nourrissent et font leur miel de l’angoisse et de la détresse des autres. C’est pourquoi il nous semble important de leur couper l’herbe sous les pieds par la prise en charge de la pression et du stress résultant du poids des attentes de tout un peuple qui pèsent sur les joueurs de l’équipe nationale. À ce propos, nous sommes toujours frappé d’entendre que le mental compte pour 50%. Lors des rencontres, beaucoup d’entraineurs soutiennent que quel que soit le système de jeu mis en place, c’est le mental qui fait la différence. Or, suprême paradoxe, les délégations pléthoriques ne comptent aucun psychologue. Qu’on ne vienne surtout pas nous dire que la formation de l’entraineur compte un module de formation en psychologie.
Au cours de la finale jouée contre le Cameroun, l’entraineur Cissé (sans lui faire un procès en sorcellerie), devant le bloc bas mis par l’équipe adverse du Sénégal, était comme pétrifié. Sous ce rapport, l’intervention d’un spécialiste du comportement comme un psychologue aurait été largement justifiée. L’action de ce dernier aurait consisté, non seulement à redonner confiance aux joueurs, mais aussi à aider l’entraineur lui-même, tétanisé qu’il était sur place car dépassé par l’enjeu et la tournure des évènements.
De la même manière, un psychologue rompu aux techniques de dynamiques de groupes peut aider à consolider la cohésion et l’esprit de groupe tels que souhaités par Idrissa Gana Guèye.
Un dernier mot ou viatique à l’endroit des joueurs et du staff : « Si l’on ne peut pas empêcher les oiseaux de mauvais augure de voler au-dessus de vos têtes, vous pouvez les empêcher de faire leur nid dans vos cheveux/dreadlocks ». Pour cela, si vous voulez avoir des résultats à la hauteur de l’immense espérance du peuple, une seule solution : « se battre sur le terrain jusqu’à la dernière goutte de sueur ». Bonne chance et que le succès soit au bout de l’effort.
Cheikh T. Ba est Sociologue
par boubacar badji
LA VOIX DU SACRE
Pour Egypte 2019, les voies menant à la victoire finale sont toutes tracées pour les Lions de la Téranga, sauf une
C’est dans l’émission Jaakarlo de ce vendredi 21 juin que le Sénégal doit puiser la ressource additionnelle qui a toujours manqué aux Lions de la Téranga pour aller jusqu’au bout d’un rêve national. Un rêve plus que sportif mais qui s’est tant de fois, transformé en cauchemar bruyant avant le réveil du peuple.
De Caire 1986 à Egypte 2019, le Lion a toujours misé sur la puissance de son rugissement, oubliant que l’intimidation seule ne suffit pas face à l’adversité dans la jungle africaine. Pour sa survie, n’importe quel animal de la forêt, fut-il un écureuil venant du Bénin, suera, pleurera et sera prêt à verser son sang devant n’importe quel prédateur, même si c’est le Roi en personne. Le coach Aliou Cissé l’a dit dans un entretien accordé à Jeune Afrique. ‘’ Il nous faudra de la sueur, des larmes et parfois du sang’’. Mais il a oublié de préciser que pour amener un être a être prêt à verser son sang, il faut l’amener à prendre conscience que la survie de son espèce est menacée.
Gagner la Coupe d’Afrique des Nations n’est plus un objectif, ni une priorité pour les 22 joueurs sélectionnés. C’est maintenant une question de survie pour notre football national. Trente trois ans après Caire, le Sénégal retourne en Egypte avec une équipe favorite de la compétition. Oui avec des joueurs capables d’aller jusqu’au bout. Mais sont–ils au courant qu’ils jouent cette compétition pour faire renaitre un souffle d’espoir dans un pays où l’avenir des génération futures est en train de glisser dans les profondeurs noires des puits pétroliers au large de Saint-Louis et Cayar ? Mesurent-ils le fait qu’ils représentent le football d’une nation dont aucun joueur évoluant dans le championnat local, n’a sa place ? Et là je me demande est-ce dans l’histoire de la Can une sélection a une fois remporté le trophée sans aucun joueur de son championnat national ? Un autre débat quand on parlera du niveau même de notre football. Sauf si Laye Diaw anticipe en nous apportant comme il sait si bien le faire une réponse.
Vendredi à l’émission Jaakarlo, il a à mon avis, touché du doigt le mal du football sénégalais. Oui, je suis du même avis que vous. Et comme tous les sénégalais nous savons que, sur le papier, sur la valeur intrinsèque de nos joueurs, la voie du sacre semble être toute tracée pour les Lions comme au Caire en 1986. Cependant, dans l’anecdote dont vous nous avez gratifié, vous faites le deuil d’une question trentenaire. Oui doyen, feu Jules François Bocandé et sa bande n’étaient pas au courant de ce que vous et vos collègues saviez du haut des gradins. Peut-être s’il y avait une communication efficace au sein du staff des lions à l’époque, cette génération aurait pu changer le cours du match.
En Egypte 2019, les voies menant à la victoire finale sont toutes tracées pour les Lions de la Téranga, sauf une. La voix du sacre. Cette voix qui englobe toutes les facettes de la communication, puisant sa force dans les entrailles de notre histoire footballistique, de notre histoire culturelle, mais aussi de notre diversité endogène, pour encenser nos joueurs dans les instants les plus difficiles de leur marche. L’équipe du Sénégal est complète dans tous les secteurs. Elle est la première nation africaine avec une colonne vertébrale solide et enviée par tous nos adversaires. Alfred Mendy, Kalidou Koulibaly, Idrissa Gana Gueye, Sadio Mané et autres, sont prêts pour faire face à l’adversité. Mais ce serait dommage que, dans cette conquête qu’ils n’entendent pas cette voix. Cette voix capable de pousser un être à se surpasser, à puiser dans ses dernières ressources, à mouiller le maillot dans sa propre sueur, à saigner pour ne pas sortir de la voie royale… Cette voix qui a tant manqué aux Lions lors des conquêtes précédentes, c’est vous Abdoulaye Diaw. Mémoire incontestable de notre Histoire, bibliothèque certifiée de notre football, il suffit juste de vous dévêtir de votre manteau de sagesse à nos joueurs pour qu’ils comprennent que gagner cette Coupe d’Afrique des Nations est une obligation pour changer le cours de notre histoire, mais surtout parce que c’est la survie de notre football qui en jeu en Egypte.