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15 août 2025
par Jean-Baptiste Placca
LE DEVOIR DE RESPONSABILITÉ
Ceux qui aspirent à gouverner ne sont pas obligés de mentir à leurs concitoyens juste parce qu’ils n’ont pas la patience d’attendre la fin d’un mandat octroyé par leur peuple à leurs adversaires
Les attaques violentes s’enchaînent, ces dernières semaines : Burkina, Mali, Niger… Les communautés villageoises sont touchées, au même titre que les forces de défense et de sécurité, et la tentation n’a jamais été aussi grande, pour une partie de la population, d’incriminer les dirigeants en place, ce que vous dites comprendre. Pourquoi refuser ce droit aux leaders politiques d’opposition ?
Tout dirigeant politique au pouvoir a forcément à assumer la responsabilité première, lorsque des malheurs d’une certaine gravité arrivent au plus petit nombre de ses concitoyens, a fortiori à des communautés entières, donc, quelque part, à tout son peuple. Les populations ont suffisamment de griefs contre leurs dirigeants, pour que l’on n’aille pas imputer à ces derniers plus qu’ils n’en méritent. Surtout pas dans le registre de l’insécurité, surgie, telle une génération spontanée, dans cette partie du Sahel, juste après l'assassinat de Kadhafi, en Libye.
Un homme politique africain qui affirmerait avoir les moyens d’enrayer le terrorisme islamiste et ses avatars dans le Sahel devrait être entendu par les responsables de la sécurité et, si besoin, par des magistrats. Car ce n’est pas très patriotique de garder pour soi des informations qui pourraient sauver des vies.
Ceux qui ont la responsabilité des nations devraient en faire toujours plus, et ils n’en feront jamais assez, tant que demeurera sur leur territoire une seule poche de ce type de calamité. Pour autant, un responsable politique vraiment responsable ne devrait pas faire commerce des souffrances des populations, en suggérant qu’il suffirait de dégager ses adversaires politiques du pouvoir, pour que se résorbe ce mal, parce que lui aurait pris leur place.
Bill Clinton, George Walker Bush, Barack Obama ne sont pas parvenus à éradiquer le terrorisme domestique par armes à feu, en quelque vingt-quatre ans de présence à la Maison Blanche. Lorsque Donald Trump aura terminé son premier mandat dans dix-huit mois, ce problème demeurera d’autant plus entier que lui, Trump, est du côté de la NRA, le lobby des armes qui a empêché Clinton, Bush et Obama d’agir.
Mais le problème n’est pas le même !...
Il n’est pas le même, mais on est sur le même terrain de la démagogie. Il n’est pas le même. Il n’est même pas le même que le terrorisme qui frappe, à intervalles plus ou moins réguliers, Londres, Barcelone, Paris, Nice… Car le mal qui répand la terreur au Sahel peut, lui, être circonscrit, avec tout juste un peu plus de moyens et un minimum de compassion de la part de certains Etats occidentaux, qui oublient trop souvent de s’interroger sur le rôle joué par leur pays dans l’infestation de ces Etats africains, par cette piraterie du désert qui se dit jihadiste.
Ces nations, que l’on ne rate aucune occasion de qualifier de « plus pauvres de la planète », vivaient leur pauvreté avec dignité. Debout ! Les riches et les puissants sont venus leur rajouter une nouvelle calamité, cousue main, pour des raisons mystérieuses, pour des intérêts questionnables. A présent, le peu dont disposent ces peuples doit être réparti entre la sécurité, d’une part, et la santé, l’éducation, l’agriculture, bref, le développement, de l’autre.
Il se trouve que le bon usage diplomatique intime aux gouvernements concernés de ne pas rappeler aux grandes puissances leur responsabilité dans les malheurs actuels du Sahel. Alors, on se tait ! C’est la règle, dans ce monde, où les plus vulnérables sont sommés de faire silence sur les causes ou les origines des maux qu’ils subissent, parce que cela pourrait incommoder telle puissante multinationale, ou telle puissance mondiale.
Les opposants devraient-ils donc incriminer les grandes puissances plutôt que leurs propres gouvernants ?
Non. Ils ont le droit, et même le devoir de critiquer leurs gouvernements, pour sa part de responsabilité. Mais donner l’impression que c’est un problème que eux, opposants, résoudraient, et qu’ils suffirait d’éjecter leurs adversaires pour que reviennent la paix et la sécurité sur tous les hameaux du Burkina, du Mali et du Niger, côtoie, quelque part, l’imposture. Vous aurez d’ailleurs remarqué que Zéphiryn Diabré, leader politique d’envergure au Burkina, ou Soumaïla Cissé, son alter ego, au Mali, tout en étant très sévères avec les dirigeants au pouvoir, ne se hasardent jamais sur ce terrain de l’irresponsabilité. Un homme d’État sait se tenir.
Exactement comme aucun homme d’État français ou britannique, même dans l’opposition, ne se hasarderait à faire croire qu’il détient une baguette magique pour empêcher dans son pays tout attentat terroriste impliquant des islamistes. Ceux qui gouvernent doivent faire toujours mieux pour sécuriser leurs peuples. Mais ceux qui aspirent à gouverner ne sont pas obligés de mentir à leurs concitoyens, juste parce qu’ils n’ont pas la patience d’attendre la fin d’un mandat octroyé par leur peuple à leurs adversaires.
NIGERIA 1 - 0 BURUNDI
Entré en cours de jeu Gonzalo Ighalo a donné la victoire aux supers eagles face aux hirondelles en marquant le seul but de la rencontre à la 77ème minute. Le Nigéria, dans la douleur réussi son entrée dans ce groupe B en s'imposant face à une équipe burun
Entré en cours de jeu Gonzalo Ighalo a donné la victoire aux supers eagles face aux hirondelles en marquant le seul but de la rencontre à la 77ème minute. Le Nigéria, dans la douleur réussi son entrée dans ce groupe B en s'imposant face à une équipe burundaise très combative.
OUGANDA, UNE PREMIÈRE DEPUIS 1978
Face à la République démocratique du Congo, les Ougandais très disciplinés ont ouvert le score à la 14ème minute de jeu grâce à leur attaquant Patrick Kaddu. Au retour des vestiaires Emmanuel Okwi a inscrit le deuxième but du match en faveur des ougandais
En battant la RDC, l’Ouganda vient d’enregistrer sa première victoire en phases finales de la coupe d’Afrique des nations depuis la finale perdue en 1978 face au Ghana. Face à la République démocratique du Congo, les Ougandais très disciplinés ont ouvert le score à la 14ème minute de jeu grâce à leur attaquant Patrick Kaddu. Au retour des vestiaires Emmanuel Okwi a inscrit le deuxième but du match en faveur des ougandais à la 48ème minute. Cette victoire l’Ouganda occupe la première place du groupe A devant l’Egypte.
Pour l’ancien sélectionneur des Lions, il faut jouer sur nos propres qualités afin de venir à bout de cette équipe tanzanienne « supposée faible »
Le président de la Linguère de Saint-Louis et ancien sélectionneur de l’équipe nationale de football du Sénégal rappelle l’importance des premiers matchs pour les sélections. D’emblée, il fait savoir que sur le papier et les qualités intrinsèques, le Sénégal reste favori, mais « les Tanzaniens seront très motivés, à l’image de tout compétiteur qui défend son pays, surtout quand il s’agit de l’entrée en matière ». De l’avis d’Amara Traoré, sur le terrain, ce sera un autre match, mais le Sénégal pourra « compter sur son collectif et parfois ses individualités afin de triompher ». Dans ce type de rencontre, fait-il noter, il faudra se projeter de l’avant le plus rapidement afin de trouver la faille, « en misant sur les qualités de nos joueurs qui peuvent faire la différence à tout moment ».
Souvent, rajoute-t-il, un match d’ouverture n’est jamais facile, surtout si le Sénégal doit faire face à une « équipe supposée faible ». Ensuite, souligne le technicien, le résultat peut déterminer le reste de la compétition. C’est pourquoi, les Lions « doivent être appliqués, sérieux et concentrés pour venir à bout de cette équipe », estime celui qui avait conduit l’équipe du Sénégal à la Can de 2012 au Gabon et en Guinée Équatoriale.
Du point de vue psychologique, le quart de finaliste, en tant que joueur du Mondial asiatique en 2002, pense que le coach doit travailler à créer des besoins psychologiques en termes de motivation. Il s’agira de trouver les mots justes afin que les joueurs puissent se transcender une fois sur le terrain. « Ils doivent savoir qu’ils représentent toute une nation, et c’est une chance pour chacun d’eux de défendre les couleurs du Sénégal. La contrepartie est de mouiller le maillot pour le bonheur des supporters », déclare l’ancien entraîneur de Horoya Ac en Guinée.
ALIOU CISSÉ JOUE SA CAN
Même s’il refuse l’étiquette de favori collée à sa formation, le coach des Lions de la téranga est certain que son équipe est d’attaque pour une compétition qui s'annonce très difficile
De nos envoyés spéciaux Cheikh Fantamady KEÏTA et B. Khalifa NDIAYE |
Publication 22/06/2019
Le Caire (Egypte) : Avant-hier jeudi, juste après la séance d’entraînement des « Lions » du football au stade du 30 juin du Caire, leur coach Aliou Cissé nous a reçus, en exclusivité, à l’hôtel particulier occupé par son équipe dans l’enceinte même du « Village sportif de l’Armée de l’Air » égyptienne. A 72 heures de l’entrée en lice de son équipe, dimanche face à la Tanzanie, il s’est prononcé sur la Can « Egypte 2019 » qui a débuté hier au Caire. Selon lui, son équipe est d’attaque pour la compétition, même s’il refuse l’étiquette de favori collée à sa formation dans cette Can qu’il annonce très difficile.
On est à quelques heures de votre entrée en lice dans la Can « Egypte 2019. Votre équipe est-elle prête ?
Oui ! On a bien travaillé, mais en vérité pour savoir si l’on est prêt, il nous faudra ce premier match face à la Tanzanie. Vu l’importance du premier match, on doit bien rentrer dans cette compétition. Donc j’ai envie de dire que ce premier match peut déterminer la suite de la compétition.
Donc, on a vraiment à cœur de bien aborder cette Can en faisant un bon résultat contre la Tanzanie. Cela fait plus de deux semaines que nous travaillons. Aujourd’hui, à part quelques pépins musculaires de notre gardien Alfred, dans l’ensemble les garçons ont bien répondu aux charges de travail.
Vous sortez d’un match de préparation que vous avez gagné contre le Nigeria, est-ce que cela peut influer positivement sur le groupe ?
Gagner, c’est toujours positif, donc vaut mieux gagner que perdre, surtout contre une équipe comme le Nigeria qui fait partie, aujourd’hui, des cinq meilleures du continent et qui, en plus, était à la Coupe du monde. Et il s’en était d’ailleurs fallu de peu qu’elle ne passe au second tour.
Donc, effectivement, gagner contre le Nigeria, c’est quelque chose d’important. Mais ça reste quand même un match d’entraînement. Néanmoins, je félicite les joueurs pour avoir vraiment répondu et respecté les consignes qu’on leur a données. Maintenant, l’heure est à la concentration ; il nous faut nous pencher sur ce match de dimanche qui est pour moi le match le plus important.
Un match qui va se jouer sans Sadio Mané. Qu’est-ce que ça va changer concrètement ?
Sadio est un joueur primordial, c’est un joueur très important dans cette équipe. Et quand vous avez un garçon comme lui qui fait partie de vos leaders techniques, ne pas l’avoir n’est pas une bonne chose. Je préfère sincèrement jouer avec Sadio Mané que de jouer sans lui. Mais on a choisi 23 joueurs aussi et, aujourd’hui, notre slogan, c’est un pour tous, tous pour un. Il y a des garçons, aujourd’hui, qui se sont bien préparés, qui devront pallier l’absence de Sadio Mané, même si ce n’est pas toujours évident de remplacer un tel joueur.
Mais les garçons qui sont là sont déterminés à gagner le match. Notre collectif fera la différence. Je crois que ce collectif sera fort, car on a assez d’individualités pour gagner le match. Je pense finalement que c’est un mal pour un bien, parce que ça peut permettre aussi à Sadio de bien récupérer de la saison époustouflante qu’il a réalisée avec son club de Liverpool, et qu’on puisse le récupérer aussi contre l’Algérie.
Vous allez faire cette Can sans Cheikh Ndoye blessé. Cela ne va-t-il pas perturber un peu vos plans ?
C’est aussi une grosse perte sauf que l’impact de Cheikh et l’importance de Sadio sont différents. Cheikh faisait partie des leaders sociaux de ce groupe. C’est un garçon très important dans la vie du groupe et ça, il ne faut pas le négliger. C’est un garçon qui a vraiment le profil du joueur africain, du bon joueur de Can. Ne pas l’avoir avec nous, c’est donc une perte, mais j’espère qu’il reviendra dans de meilleures conditions.
Vous vous êtes préparés en Espagne puis en Egypte. Mais est-ce que vous sentez l’attachement, l’intérêt, les attentes du peuple sénégalais pour cette compétition ?
Cela fait plaisir de sentir les attentes de notre peuple envers cette équipe, mais j’ai envie de dire que ça ne date pas de cette Can ; cela dure depuis des années. Il y a beaucoup d’équipes qui se sont succédé et le peuple sénégalais a toujours été derrière elles.
Depuis quatre ans que je suis à la tête de cette équipe nationale, il y a eu beaucoup de débats autour d’elle, sur sa façon de jouer. Et les supporters ont toujours été derrière cette équipe nationale. Aujourd’hui, pour moi, il n’y a rien de nouveau, nous avons toujours eu à cœur de faire de notre mieux pour leur rendre la fierté. Donc nous sommes déterminés, motivés à continuer à rendre notre peuple fier. Nous avons l’espoir de jouer à notre meilleur niveau.
N’y a-t-il pas une pression particulière liée à cette forte attente ?
J’ai dit à mes joueurs que quand je jouais dans une équipe nationale, c’était une sorte de baromètre de la société ; ça impacte dans le bon-vivre des Sénégalais quand l’équipe gagne. Quand l’équipe est battue, ils sont déçus et cela se comprend. Mais il faut mettre cela de côté et se dire que la meilleure façon d’entamer cette compétition, c’est de ne pas subir cette pression extérieure qui peut venir de partout.
Mais je crois qu’aujourd’hui, nous sommes assez armés pour faire face à cette pression. Ce que je vais demander à mes joueurs, c’est de se concentrer uniquement sur le terrain. La meilleure façon de rendre heureux notre peuple, c’est qu’ils puissent jouer à leur meilleur niveau et ne pas être tétanisés par cette pression.
Vous allez vers votre deuxième Can consécutive en tant que coach. Qu’estce qui a changé cette année par rapport à 2017 au Gabon ?
Je ne vois pas de grand changement sauf qu’effectivement beaucoup de matches avec l’équipe nationale du Sénégal se sont rajoutés à notre parcours. Mais, on a toujours travaillé de la même façon et on continue toujours à travailler de la même manière. C’est vrai qu’il y a eu entre-temps une Coupe du monde, et c’est de l’expérience en plus. Il y a aussi les éliminatoires de la Coupe du monde qui ont été très difficiles, mais on est quand même passé.
Tout comme celles de la Can où on a pratiquement réussi à faire du sans-faute. Tout cela est un capital-expérience qui se rajoute à notre parcours. J’ai toujours gardé la sérénité aussi bien en 2017 que cette année.
Vous avez aussi joué deux Can en tant que joueur et vous allez vers votre deuxième en tant qu’entraîneur. Qu’est-ce qui change par rapport à l’approche d’une compétition selon qu’on soit sur le terrain ou sur le banc ?
Quand vous êtes joueur, vous êtes centrés sur vous-mêmes. Vous finissez les entraînements et la seule chose qui vous intéresse, c’est votre performance personnelle. Entraîneur, c’est différent. Maintenant, mes nuits deviennent de plus en plus courtes, il faut ajuster l’équipe, trouver les complémentarités dans l’équipe. Le travail d’en traîneur, c’est un autre monde, une autre vie qui commence. Ce qui a changé aussi, c’est que mes dreadlocks sont devenus plus longs. Je suis dans ce milieu professionnel depuis plus de 25 ans.
J’ai vécu toute ma vie dans le football. Aujourd’hui, j’ai 23 joueurs à gérer avec des mentalités différentes, des éducations différentes et même des religions différentes. Et, il faut gérer tout ça dans un laps de temps.
Ils étaient 25, moins deux maintenant. Comment avez-vous eu à gérer ce problème au moment de libérer les deux joueurs ?
C’était très difficile. Parce que quand vous enlevez deux joueurs et que vous les regardez en face, cela vous fait de la peine de les laisser partir. C’est douloureux, mais choisir, c’est éliminer. Et nous sommes dans un milieu professionnel et concurrentiel, dans un monde professionnel. Mon travail aussi, c’est de faire face à ce genre de situation.
On va pour la première fois à une compétition avec 24 équipes. Qu’est-ce qui change par rapport à une compétition à 16 équipes ?
Forcément, il y a quelque chose qui change parce qu’aujourd’hui, il y aura les meilleurs troisièmes qui seront qualifiés au second tour. Et cela, dans l’approche de la compétition, change complètement la philosophie de certaines équipes. Plus que jamais, la compétition sera fermée. Il y aura des équipes qui vont jouer beaucoup plus fermé. Et pour les soi-disant favoris, il faut s’attendre à une compétition très difficile.
Vous allez rencontrer l’Algérie pour la troisième fois d’affilée en Can. Trouvezvous que vous êtes les deux favoris dans ce groupe ?
Si l’on regarde le potentiel du Sénégal et de l’Algérie, on est amené à dire que oui, ce sont les deux favoris de ce groupe. Mais nous sommes en football et tant que le match n’est pas terminé, rien n’est acquis. L’Algérie joue contre le Kenya et nous jouons contre la Tanzanie lors de la première journée. Il ne faut pas penser que ce sera une promenade de santé.
Nous nous préparons mentalement, physiquement toute la semaine pendant dix jours pour affronter l’équipe de la Tanzanie. En tout cas, nous y allons avec beaucoup d’humilité, de concentration et de sérénité. Mais il ne faut pas oublier que l’autre « grand », c’est l’Algérie et que ce sont deux pays qui se connaissent avec de grandes individualités de part et d’autre. Donc on va vers une belle confrontation entre deux grandes équipes.
Que savez-vous de cette équipe tanzanienne et comment comptez-vous aborder ce match ?
Si la Tanzanie s’est qualifiée, c’est que c’est une équipe sérieuse avec de bonnes individualités. C’est une équipe bagarreuse quand on la laisse jouer. C’est à nous d’imposer notre jeu et de savoir que ce premier est très important pour nous. Donc il ne faut pas sous-estimer la Tanzanie, car il n’y a plus de petites équipes en Afrique ; tout le monde se prépare dans les meilleures conditions.
La Tanzanie a pour entraîneur le Nigérian Amunike qui a de l’expérience en haute compétition pour avoir joué et remporté la Can 1994 en Tunisie, entre autres grandes compétitions. Il faut donc que nous soyons vigilants. Mais, comme je le dis, on est le Sénégal et beaucoup de gens attendent qu’on gagne ce match. En tout cas, nous sommes confiants.
Depuis le tirage au sort, les Sénégalais disent que leur équipe est favorite, mais vous dites le contraire. Etes-vous en train de cacher votre jeu ?
Ce sont surtout les spécialistes du football qui disent cela. Et pourtant, depuis quatre ans, on est là on nous disait qu’on n’avait pas progressé. C’est ça le paradoxe. C’est qu’on arrive à cette Can à un moment où tout le monde nous colle l’étiquette de favori. Aujourd’hui, je le dis et je le répète, il y a d’autres favoris comme l’Egypte, sept fois vainqueur du trophée, le Nigeria, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Cameroun champion d’Afrique en titre, la Tunisie et l’Algérie.
Comment peut-on, dans ces conditions, désigner le Sénégal comme favori devant tous ces pays-là ? Maintenant, si on se base sur le classement Fifa et le talent intrinsèque des joueurs, on peut dire que le Sénégal est favori, mais il faut relativiser. Il faut plutôt dire que nous sommes de vrais challengers ; et le discours que je tiens aujourd’hui, c’est celui de quelqu’un qui a besoin de quelque chose qu’il veut aller chercher. Mais nous sommes confiants et nous connaissons notre véritable force et nous savons que nous sommes capables de battre n’importe quel adversaire à cette Can.
Selon vous, le super-favori de cette compétition, n’est-ce pas l’Egypte qui joue chez elle et qui n’a perdu qu’une fois sur quatre quand elle a organisé ?
Aujourd’hui, je crois que le Sénégal ne doit avoir peur de personne. Que ce soit l’Egypte, le Cameroun ou d’autres équipes, nous avons véritablement des arguments à faire valoir. La bataille d’- Egypte sera dure, même si l’on sait que ce pays bénéficiera de l’apport de son public. Mais il ne faut pas oublier que le Sénégal aussi revient de champs de bataille où il y avait l’hostilité ; cette équipe a engrangé beaucoup d’expériences dans la gestion du stress, de la préparation des gros matches.
Donc n’oubliez pas non plus qu’on a joué des gros matches, des matches décisifs dans les éliminatoires de la Coupe du monde contre le Cap-Vert, le Burkina Faso, surtout l’Afrique du Sud quand il a fallu rejouer le match contre ce pays. Tous ces matches étaient décisifs et on a su bien gérer ce stress, cette pression pour nous concentrer sur l’essentiel.
La seule chose qui va nous intéresser, c’est le terrain. Bien sûr qu’on va sentir venir la pression par les joueurs adverses, par le public. C’est à nous de gérer tout ça et de garder notre sérénité. Je veux que mes joueurs jouent à leur meilleur niveau.
Vous êtes de la génération de 2002. Vous arrive-t-il d’évoquer votre parcours pour motiver, transcender vos joueurs ?
Je n’aime pas trop parler de moi. C’est vrai que la référence, aujourd’hui, dans notre football, c’est ce qu’a fait la génération 2002. Quart de finaliste dans une Coupe du monde ce n’est pas rien ; finaliste de la Can au Mali, ce n’est pas rien non plus, même s’il est vrai que nous n’avons pas eu la chance de gagner un titre. Le fait d’armes du football sénégalais, aujourd’hui, c’est la génération 2002 où se trouvaient de très grands joueurs qui sont des références, des exemples. C’est vrai qu’il m’arrive parfois de parler de cette génération-là, de la façon dont nous nous sommes comportés pour écrire notre histoire et des problèmes aussi qu’il y avait dans cette génération.
La chance que cette génération 2002 avait, c’est que malgré ses problèmes et difficultés, les résultats étaient là. Peut-être que si ces résultats n’avaient pas suivi, le groupe aurait explosé. Mais on a toujours su gagner nos matches, ce qui a fait que les égos se sont tus.
La génération actuelle a une mentalité et un état d’esprit différents de ceux de 2002. Et je pense que cet état d’esprit, si on l’avait en 2002 peut-être qu’on aurait gagné. Mais cette génération doit avoir aussi l’état d’esprit de 2002 car avec ce mixage-là, on pouvait avoir une équipe nationale très compétitive ».
«NOUS NE VISONS QUE LE TITRE»
Magatte Diop Dtn, évoque l’opportunité de l’organisation de l’Afrobasket féminin à Dakar (9-18 août) que sa sélection pourrait saisir pour reconquérir le titre continental.
Le directeur technique national de basket est conscient de la mission qui attend nos équipes nationales prêtes à entrer en lice dans des compétitions internationales. Magatte Diop évoque l’opportunité de l’organisation de l’Afrobasket féminin à Dakar (9-18 août) que sa sélection pourrait saisir pour reconquérir le titre continental.
Avez-vous un objectif précis en acceptant l’organisation de l’Afrobasket féminin au dernier moment ?
Que ça soit à Dakar ou ailleurs au Nigéria, en Tunisie, en Côte d’Ivoire, en Angola, nous visons le titre dans une compétition comme l’Afrobasket. Vu le standing de nos équipes nationales et de notre basket, si le Sénégal participe, nous ne pouvons que viser la victoire finale. L’objectif est de remporter la compétition. Mais le but est toujours le développement du basket dans notre pays et la qualité du jeu de nos jeunes basketteuses. C’est une compétition qui va permettre le développement de nos acteurs dans un certain niveau.
Le retour au bercail de certaines joueuses expatriées, notamment dans les championnats, n’est-il pas ressenti comme une baisse de régime ou de niveau et une fin de carrière ?
C’est ce que nous constatons et ce que les gens disent très souvent. Evidemment, nous avons noté beaucoup de cas de retour dans notre championnat. Ce qui explique que notre championnat est bon et n’est pas aussi mauvais que ça. Le niveau des joueurs de notre championnat est assez appréciable dans son ensemble.
Quel impact sportif peut avoir le passage du trophée de la Coupe du monde de basket à Dakar en cette période de préparation de nos sélections nationales pour leurs différentes sorties internationales?
Ce passage nous réconforte dans notre travail. Nous sommes encore sur la bonne voie et nous poursuivrons nos efforts pour que le basket soit plus développé. Nous travaillons à ce que le basket soit de niveau mondial. Ceci étant, vu les derniers résultats des équipes nationales, on parviendra à atteindre le niveau élevé requis au plan international. Je suis très satisfait du niveau national de notre basket, surtout sur l’expansion de notre championnat. Nous avons un championnat régulier en première division, car tout le monde joue. Il y a une augmentation du niveau et du nombre de nos pratiquants. Et à côté, nous avons un championnat D2 régulier qui se joue à travers tout le Sénégal. Pour cela, je confirme que le basket sénégalais a atteint un niveau de développement satisfaisant, même s’il reste beaucoup à faire. Ce que nous sommes en train de traduire en ce moment peut présager des lendemains meilleurs. Nous sommes confiants du travail qui est en train de se faire, confiants de notre programme de développement qui est suivi par une fédération qui œuvre dans ce sens, en collaboration certain avec l’Etat, pour mieux développer notre basket.
Vous insistez sur le programme de développement du basket, mais les petites catégories ont-elles la même chance que leurs aînées ?
« Déjà, ça joue bien à leur niveau. Et dans chaque région, nous avons un championnat régional, notamment à Dakar, Thiès, Saint-Louis, Louga, etc. Nous avons instauré, depuis notre accession à la direction technique, pour chaque année, un tournoi national des jeunes qui regroupe toutes les sélections jeunes régionales. Ceci nous a amené à monter une équipe nationale U18 qui était allée aux championnats d’Afrique et qui a décroché son titre lors des championnats du monde. Ces jeunes seront en phase finale du Mondial de leur catégorie qui débutera bientôt ce mois de juin. J’assure que ces jeunes ont le potentiel. Cette phase finale de Coupe du monde nous permettra également d’évaluer ces jeunes qui seront sûrement les futurs remplaçants de notre équipe nationale. Ces jeunes sont à la porte de l’équipe nationale du Sénégal ».
LE JAPON PARTAGE SON EXPERIENCE AVEC LE SENEGAL
Une volontaire japonaise, enseignante de formation capitalisant une trentaine d’années d’expérience et affectée à la Direction de l’enseignement préscolaire, a expérimenté une nouvelle démarche d’enseignement des mathématiques au préscolaire.
Elle est basée sur le jeu et l’utilisation de matériaux locaux recyclés. Cette démarche concluante, expérimentée dans deux inspections de l’éducation et de la formation de Dakar, a fait, hier, l’objet d’un atelier de partage à l’Ia de Dakar.
Un atelier de partage d’expériences japonaises de l’enseignement des mathématiques au préscolaire s’est déroulé hier dans les locaux de l’inspection d’académie de Dakar (Ia). Il a regroupé des experts japonais, conduits par Megum Chiba, coordinatrice des volontaires au Sénégal, des inspecteurs spécialistes de la petite enfance et des autorités éducatives.
La secrétaire générale de l’Ia de Dakar, Penda Bâ Wane, représentait ces dernières. Cette initiative japonaise intervient au moment où l’enseignement des mathématiques au préscolaire pose problème, a estimé Mme Wane. A l’en croire, non seulement le matériel didactique est insuffisant, mais les contenus et l’approche constituent souvent des obstacles à une bonne conduite de leçon de mathématiques. Elle a aussi indiqué que l’expérience et le guide de la volontaire japonaise Naomi Koizumi sur l’enseignement des mathématiques est un apport considérable dans l’amélioration de la qualité des enseignements/apprentissages, surtout au préscolaire où le niveau d’encadrement et de qualification des éducateurs est très bas. Concernant le niveau de formation des éducateurs, les acteurs ont soutenu que dans les Centres régionaux de formation du personnel de l’éducation, l’accent n’est pas mis sur le préscolaire ; ce qui fait qu’à la sortie, les enseignants affectés dans ce secteur sont obligés d’être capacités pour tenir une classe assez correctement.
Une expérience basée sur le jeu
La particularité de l’expérience japonaise pour l’enseignement des mathématiques au préscolaire repose surtout sur le jeu. Selon les experts japonais, les activités ludiques constituent des moyens et des stratégies efficaces pour apprendre à l’enfant. C’est dans le jeu et par le jeu que l’enfant parvient à découvrir et se découvrir. Dans les écoles des inspections de grand Dakar et des Almadies, où la démarche japonaise est expérimentée, il est admis qu’elle a été une découverte innovante réussie. Après un séjour de deux ans à la Direction de l’enseignement préscolaire, Mme Koizumi va quitter notre pays, la semaine prochaine, après avoir apporté son soutien et son expérience à l’école sénégalaise.
Il y a 12 ans disparaissait Ousmane Sembene. Outre son immense œuvre cinématographique et littéraire, «L’aîné des anciens», comme on l’appelle, a laissé des projets, mais aussi une maison qui risque aujourd’hui de tomber en ruine. Au premier jour du col- loque international qui lui est dédié par l’Association Sembene, le directeur de Cabinet du ministre de la Culture a annoncé que l’Etat était prêt à soutenir la famille du disparu pour faire de «Galle Ceddo» un musée ou un lieu de mémoire.
Ousmane Sembene est mort un 9 juin, il y a 12 ans, laissant une œuvre cinématographique et littéraire immense. Mais sa demeure, Galle Ceddo, qui se trouve à Yoff est aujourd’hui en ruine tout comme les bobines qui y sont conservées risquent d’être perdues.
Au premier jour du colloque international organisé par l’Association Sembene Ousmane sur «L’aîné des anciens», comme on l’appelle, le directeur de Cabinet du ministre de la Culture a annoncé la volonté de l’Etat de soutenir la famille du cinéaste pour une éventuelle transformation de Galle Ceddo en lieu de mémoire ou musée comme cela a déjà été fait pour la demeure du premier Président sénégalais Léopold Sedar Senghor. «Le ministère de la Culture et de la communication reste très préoccupé par l’état de délabrement de Galle Ceddo, le domicile de Sembene, et la sauvegarde de tout son patrimoine», a souligné M. Demba Faye. «L’Etat est disposé à soutenir la famille au cas où elle souhaiterait en faire un musée ou un lieu de mémoire», poursuit-il.
«Il appartient à la famille de se rapprocher de nous pour voir comment faire en sorte que ce lieu soit préservé. Cela dépend de ce que demandera la famille. Mais l’Etat est disposé à préserver l’œuvre laissée par Sembene Ousmane.»
Outre la maison de Sembene à Yoff, sa maison familiale à Ziguinchor connaît également un état de délabrement avancé. Une situation que des acteurs du 7e art ont dénoncée il y a quelques jours, lors d’une cérémonie commémorant la disparition du cinéaste à Thiès. A cette même occasion, l’écrivain Djibril Tamsir Niane avait lancé un appel pour la concrétisation du projet de film sur lequel travaillait Ousmane Sembene.
Ce film sur le roi du Wassoulou, Samory Touré, l’Etat du Sénégal est également prêt à œuvrer pour sa réalisation. «Je n’oublie pas son projet de film panafricain, Samory, qui lui tenait beaucoup à cœur et qu’il faut penser à réaliser à titre posthume. J’invite ici tous les bonnes volontés, collectivités locales, mécènes, universitaires, professionnels du cinéma, partenaires financiers nationaux et internationaux à se mobiliser pour réaliser ces projets qui, davantage, vont immortaliser et pérenniser l’œuvre de notre regretté Ousmane Sembene», plaide M. Faye.
Le colloque sur Sembene est le premier du genre organisé par l’association du même nom. Selon son président, le Pr Maguèye Kassé, il célèbre «un homme qui a consacré toute sa vie à un combat pour libérer l’Afrique de l’ignorance, de l’aliénation sous toutes ses formes, de la pauvreté et de la mal-gouvernance».
Aussi bien par la littérature que par le cinéma, Sembene a œuvré pour l’éducation des masses et leur prise de conscience. «L’art ne peut être isolé de l’engagement de son auteur». Cette citation de Sembene rapportée par le Pr Kassé illustre le niveau d’engagement du cinéaste qui, avec son œuvre, invite les Africains à réfléchir sur l’avenir du continent, explique ce dernier.
Composée d’universitaires, de chercheurs, de doctorants, d’artistes plasticiens, de réalisateurs et de critiques, l’Association Sembene organise pour la première fois ce colloque auquel participent des chercheurs venus de la Côte d’Ivoire, du Gabon, du Canada, des Etats-Unis, d’Allemagne, d’Espagne, de France, d’Italie et du Sénégal.
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EXIGENCE DE LA TRANSPARENCE, PREMIER ACTE CITOYEN SELON DEMBA NDIAYE
Le rassemblement de ce vendredi est une cause juste et noble qui devait pousser chaque citoyen de quelque qu’il soit à porter le combat, selon Le journaliste chroniqueur Demba Ndiaye
Le rassemblement de ce vendredi est une cause juste et noble qui devait pousser chaque citoyen de quelque qu’il soit à porter le combat, selon Le journaliste chroniqueur Demba Ndiaye
« POURQUOI JE NE VAIS PLUS AUX REUNIONS DU MINISTERE DE LA CULTURE… »
Administrateur du Grand-théâtre de Dakar, Keyssi Bousso est également maire de la commune de Doumga Lao, dans nord du Sénégal. M. Bousso semble faire passer ses fonctions de maire à celles de patron du Grand-théâtre.
Administrateur du Grand-théâtre de Dakar, Keyssi Bousso est également maire de la commune de Doumga Lao, dans nord du Sénégal. M. Bousso semble faire passer ses fonctions de maire à celles de patron du Grand-théâtre. Il dit préférer aller auprès des populations de sa commune qui souffrent d’un manque d’eau que de se rendre aux réunions auxquelles, des fois, les chefs de services sont tenus d’assister. Entretien.
Il est prévu deux évènements au Grand-théâtre, cette année, de quoi s’agit-il ?
Chaque année, le Grand-théâtre organise un festival, mais de dimension internationale. Cette année, on a décidé de faire venir le ballet Bolchoï, ainsi que Samba Show pour organiser, avec ce dernier, ‘Dakar, capitale du rire’. On veut le faire au mois de décembre prochain. On a déjà pris contact avec les artistes susmentionnés. Il reste juste à finaliser les choses.
Le Grand-théâtre a déjà fait venir au Sénégal le Ballet Béjart, les Moines Shaolin et aujourd’hui vous parlez de Bolchoï. Pourquoi vous n’organisez pas de grands évènements pour les artistes du pays ?
Il est bien de faire jouer ici les groupes sénégalais. Le théâtre, ce n’est pas que de la comédie. Il ne faut pas que les gens pensent que le Grand-théâtre, c’est juste pour les comédiens. Cette infrastructure est pour tout le monde. Je pense qu’autant on peut faire venir le ballet Béjart ou le Bolchoï, autant on peut aller prendre une troupe de Sinthian Maboubé. Ils sont des Sénégalais et doivent pouvoir venir prester ici. Chaque année, on crée une manifestation avec un jeune sénégalais qui s’appelle Samba Kanté. Comme Jamel Debbouze avec son Marrakech du rire, lui peut faire pareil à Dakar. Il y a deux ans, il est venu ici. Le Président les a même reçus et leur a suggéré de faire cela tous les ans, à défaut tous les deux ans. Cette année, c’est le Grand-théâtre même qui va l’appuyer dans cet évènement.
Expliquez-nous pourquoi le Grand-théâtre ne produit que des groupes internationaux, alors qu’il y a du potentiel au niveau national ?
Chaque année, on prend des régions du Sénégal pour faire des choses avec elles. On a organisé ici un plateau pour rendre hommage à Guélaye Aly Fall, un autre pour célébrer le ngoyaan. On a fait des plateaux avec des artistes de la Casamance et on pense à en faire pour ceux de Sédhiou et consort. Pour moi, chaque région doit pouvoir se retrouver dans la programmation du Grand-théâtre. On l’avait déjà commencé, on va continuer à le faire. Qu’est-ce que les gens attendent de nous ? Il faut aussi qu’ils nous proposent des choses. Il ne faut pas que les artistes restent dans leur petite maison et attendent qu’on vienne les chercher. On sait, par exemple, qu’il y a des danseurs ici. Mais il faut s’organiser. Au mois de juillet, on compte rendre hommage à Maurice Béjart. On va faire appel aux ballets sénégalais. Il y aura toutes les formes de danse et toutes les régions du Sénégal seront représentées. Il y aura de l’ambiance. On va primer le plus beau ballet à la fin et lui organiser une tournée en dehors du Sénégal.
La danse est très présente dans les programmations du Grand-théâtre. Serait-ce lié au fait que vous qui le dirigez êtes un danseur ?
Je dirai oui et non à la fois. Oui, parce que je connais bien le milieu de la danse. J’y ai vécu pendant plus de quarante ans. Donc, il est beaucoup plus facile pour moi de faire venir un ballet que je connais que de faire venir les comédiens. On a fait ici des spectacles avec des groupes sénégalais. Pour moi, aujourd’hui, le principal problème avec les artistes sénégalais est le manque d’organisation. Marouba Fall nous a fait une proposition par exemple sur laquelle nous sommes en train de réfléchir. Les autres pourraient faire cela, s’ils étaient bien organisés. C’est aux comédiens de venir nous voir. Nous n’allons pas aller vers eux. Ils ne peuvent pas rester chez eux à boire du thé et attendre qu’on vienne les en sortir. Non ! Cela ne se passe pas comme çà.
Pourtant dans certaines structures comme celle que vous dirigez, les gens font des appels à projets pour inciter les uns et les autres à venir participer. Qu’est-ce qui vous empêche de faire comme elles ?
Le Grand-théâtre n’est pas spécialement conçu pour les comédiens ou pour les danseurs. C’est pour tout le monde. Comme on dit Grand-théâtre, les gens pensent que c’est pour le théâtre, or tel n’est pas le cas. Autant on peut faire du théâtre ici, autant on peut y tenir un concert de chants religieux.
Pourquoi cette précision, un appel à projets serait pour tous les artistes évidemment ?
Tout le monde sait qu’il peut venir au Grand-théâtre. Pour moi, on n’a pas besoin d’aller à gauche, à droite, au centre pour chercher des artistes. Les gens qui ont des projets dans la danse, la peinture, la musique, etc, viennent ici. Ce n’est pas à nous d’aller vers eux. Nos portes leur sont ouvertes. Ils peuvent venir quand ils veulent. Ce n’est pas à moi ou à la direction de faire des appels à projets. Non ! Ceux qui veulent venir le font. Une fois, quelqu’un m’a reproché de faire du favoritisme ici. Je lui ai répondu que même les doigts d’une même main ne sont pas égaux. On ne peut pas mettre au même pied un Youssou Ndour, un Baaba Maal ou même un Wally Seck et une structure comme Diegui Rails. Ils ne sont même pas comparables. Diegui Rails, quand il organise ici, vend ses billets à 2000 FR CFA. Les autres font des billets à 50 000 FR CFA et même des fois 100 000 FR CFA. Je ne saurais donc les traiter de la même manière au risque de laisser en rade certains. Les artistes de la banlieue sont des Sénégalais et on le droit de venir jouer sur la scène du Grand-théâtre. Je ne vois pas pourquoi je ne leur louerai pas la salle à un million et demander à ceux qui vendent des billets à 50 000 FR CFA et plus de payer plus pour la location. Si c’est cela qu’on appelle faire du favoritisme, je l’assume pleinement.
Concrètement, combien coûte au Grand-théâtre un spectacle comme celui du ballet Béjart ?
Cela dépend… Je ne peux pas vous donner les prix exacts. Je sais seulement que cela coûte cher. On ne peut le faire seul. Il nous faut le soutien du ministère de la Culture et de la Présidence. Pour faire venir le ballet Béjart, le Président nous avait beaucoup appuyés. Il était même venu. Ce ne sont pas des spectacles de Thilogne ou bien de Doumga Lao. Ce sont des spectacles qui viennent d’ailleurs. On doit aussi demander de l’aide. On ne peut pas puiser toutes les ressources du Grand-théâtre pour faire juste un spectacle.
Des artistes vous reprochent de ne pas avoir une programmation fournie, alors que vous avez un budget de 700 millions par an. Que leur répondez-vous ?
Je pense que 700 millions, c’est trop petit. On devrait pouvoir avoir un milliard. Pourquoi pas ? Tous ces artistes qui en parlent ont bénéficié des largesses du Grand-théâtre. Tous ceux qui crient là, ils viennent après pleurnicher ici et on les aide. Au lieu de payer 3 millions 500 mille FR CFA, ils paient un million 500 mille ou deux millions de FR CFA. Tous sans exception l’ont fait. Il n’y a pas un seul artiste qui est venu ici et qu’on n’a pas aidé. On peut bien boire son thé, manger son ‘’lakh’’ et après dire ce que l’on veut. Ce n’est pas grave.
Cela signifie qu’aucun des artistes ayant presté au Grand-théâtre n’a déboursé 3 millions 500 FR CFA pour la location de la salle ?
Il n’y a pas un seul qui a payé autant. Aucun ! Le plus fort prix payé est de 2 millions 500 mille FR CFA hors taxe. Ceux qui ont payé les TTC, ce n’est pas pour le Grand-théâtre. La location de la salle c’est 5 millions 900 mille FR CFA. Il n’y a aucun artiste qui a autant payé. Aucun musicien n’a payé 5 millions de FR CFA. Personne ! Je pense que seuls les gens qui viennent de l’Europe ont autant déboursé. Les artistes sénégalais-là qui disent que le Grand-théâtre coûte cher, ils doivent savoir ce qu’ils veulent. Ils font des billets à 20 mille FR CFA pour 1800 places et ne veulent pas payer. On a des charges nous. L’électricité du Grand-théâtre, c’est 15 à 16 millions. Ils veulent aussi que les lieux soient propres. Il y a des structures ici au Sénégal que je ne veux pas nommer, quand on entre dans leurs toilettes, on ne peut même pas y rester deux minutes. Ici, on peut boire du thé dans les toilettes. S’ils souhaitent prester dans des lieux de haute facture, ils n’ont qu’à mettre le prix. Sinon, ils peuvent toujours venir chez moi là-bas à Doumga Lao, je leur donne un espace gratuitement. Je vais même tuer des chèvres et des moutons pour eux.
Vous louez de plus en plus l’esplanade pour les spectacles des artistes. Le voisinage dit que vous les dérangez. En êtes-vous conscient ?
Moi, je pense franchement qu’il y a des gens qui aiment parler pour parler. Ce n’est pas tous les jours qu’on organise sur l’esplanade un spectacle. On peut rester six mois sans en faire un seul. Et les mêmes gens qui parlent, ce sont leurs enfants qui viennent assister au spectacle. Ils parlent pour ne rien dire. Je pense que le Grand-théâtre fait tout son possible pour respecter les normes établies. On a une autorisation du sous-préfet. On est dans les règles. A gauche du Grand-théâtre, il n’y a même pas d’habitations. De manière générale, il n’y a même pas beaucoup d’habitations aux alentours du Grand-théâtre. Les gens parlent pour le simple plaisir de parler. Je suis vraiment désolé.
Techniquement, il est possible de diminuer la pollution sonore. Pourquoi vous ne le faites pas, pour respecter la quiétude du voisinage, même si c’est tous les 6 mois que vous les dérangez ?
Si c’est possible, on le fera. N’oubliez pas que c’est en plein air aussi.
Un technicien assure qu’il est possible de faire des rappels pour contenir le son juste dans l’espace du concert
Vous nous l’apprenez. Je n’ai jamais su cela. On va maintenant faire attention à cela. Je vais voir avec mes techniciens, s’ils sont capables de faire cela et ou envoyez-nous votre technicien. Je ne savais vraiment pas cela. C’est la première fois et c’est un messie ce technicien. Si on peut le faire et ne pas déranger les autres, on le fera.
Vous avez parlé d’un soutien du ministère de la Culture. Vous êtes toujours sous sa tutelle ?
On est toujours sous la tutelle du ministère de la Culture, malgré le changement de statut du Grandthéâtre. On est juste un peu plus indépendant. On est avec le ministère de la Culture. On reste une entité du ministère comme Sorano et les autres. Il n’y a pas de problèmes. Il ne faut pas compliquer les choses.
Pourquoi, on ne vous voit pas aux rencontres importantes auxquelles les chefs de service sont tenus de prendre part ?
J’ai autre chose à faire. Je suis maire d’une commune. Je ne vais pas laisser mes gens mourir de soif et aller à des réunions boire de l’eau minérale. Non, je ne le ferai pas. Si c’est pour cela, je n’y vais pas. Pourquoi devrais-je aller à une réunion du ministère de la Culture, quand on me dit qu’il y a un forage en panne dans ma commune. Je ne me vois pas être là, à me pavaner avec des bouteilles d’eau minérale. Je préfère aller boire l’eau du fleuve là. Cela est plus important pour moi, parce que toute ma famille est en train de mourir de soif.
Vous êtes en effet le maire de Doumga Lao, qu’est-ce qui explique ce manque d’eau ?
Depuis presque 5 ans, ma commune souffre. Il n’y a pas d’eau. Quand on quitte Yaré Lao pour aller à Aéré Lao, c’est 60 km. Il n’y a même pas deux forages sur ce tronçon. Le forage d’Aéré Lao date de 1956. Quand on quitte Doumga pour aller dans certains des villages environnants, on ne trouve qu’un forage. Il y a de petits forages et parfois même sans château d’eau. Tous les forages sont en panne. Franchement, les gens de ma localité souffrent. J’ai peur, dès fois, d’y aller. Les Chinois ont construit un forage à Diouba, il y a à peu près 5 ans. Un beau matin, la machine s’est arrêtée et il n’y a plus d’eau. Il faut 35 millions de FR CFA pour le réparer. Aujourd’hui, j’ai honte. J’en ai parlé, j’ai créé, malgré tout la situation persiste. Je ne sais plus quoi faire pour que les gens m’entendent. Les gens de ces localités souffrent. J’ai honte d’aller à Dungalaw. Les hommes boivent avec les chèvres, parce qu’on peut marcher sur plus de 20 kilomètres sans trouver de l’eau. Vous trouvez cela normal ?
A quoi a servi alors le PUDC dans le nord du Sénégal ?
Des choses sont faites. Il ne faut pas dire que le Président n’a rien fait. Il a fait construire plus de 600 forages. Je parle de ma commune là. Les autres en ont peut-être. Moi, je n’en ai pas. Il m’a fait construire 3 forages. Je suis venu moi-même le voir et lui dire que je voulais qu’on me construise 5 forages dans ma commune. Il m’a dit que c’était trop et m’a promis d’en faire faire 2. Ce qui est en train d’être fait. Ce qu’il m’avait promis, il l’a fait. On veut plus. Doumga Lao est la seule commune qui a soif.
Ne serait-ce pas parce que dans les autres communes de cette partie du pays, la diaspora se cotise et cherche des financements extérieurs ?
Ne me parlez pas de la diaspora. Moi, je suis de la diaspora. C’est juste des blablas. La diaspora ne peut rien faire. Elle peut envoyer la dépense quotidienne pour la maison, mais elle ne peut construire de forages pour un village. Je suis désolé. Les forages coûtent entre 50 et 100 millions FR CFA. Je suis de la diaspora, encore une fois. Celui qui est le mieux payé, il a 1500 euros. Avec cela, on paie 600 euros en location et après toutes les dépenses on se retrouve à la fin avec 100 euros. Moi, j’ai passé 36 ans làbas. Je sais ce qui s’y passe. Les gens de la diaspora peuvent venir ici, mettre des cravates, mais aucun d’entre eux ne peut construire de forage chez lui. Maintenant, les associations peuvent faire des demandes. Ce que je peux dire est que Dungalaw a soif. Keyssi Bousso a soif. Les gens qui veulent nous aider peuvent mettre des forages dans la commune. Moi, je n’ai pas besoin d’école pour le moment ni de dispensaire. J’ai besoin que les gens puissent boire. Si on a soif, on ne peut même pas étudier. J’ai vu des instituteurs dans le département de Podor, dans la commune de Dungalaw qui fuient et laissent les classes, parce qu’il n’y a pas d’eau. J’ai vu des cases de santé construites et vides, parce que l’infirmier refuse de venir, car il n’y a pas d’eau là-bas.