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15 août 2025
DES ’’SATLIGUÉS’’ PRÉDISENT AUX LIONS UNE PLACE EN DEMI-FINALE
Des voyants sérères, communément appelés ‘’Salitigués’’, ont prédit un hivernage pluvieux, une place en demi-finale pour les Lions à la Coupe d’Afrique des nations et des tensions sociales, lors d’une séance divinatoire organisée à Fatick
Des voyants sérères, communément appelés ‘’Salitigués’’, ont prédit un hivernage pluvieux, une place en demi-finale pour les Lions à la Coupe d’Afrique des nations et des tensions sociales, lors d’une séance divinatoire organisée dans la nuit de samedi à dimanche à leur fief de Malango, à Fatick (centre), a constaté l’APS.
Vêtus de costumes traditionnels, gris-gris et autres objets fétiches en évidence, les Saltigués et guérisseurs traditionnels, des hommes et des femmes originaires de Fatick et d’autres localités du Sénégal ont notamment livré à un public attentif leur lecture de l’avenir.
Pour certains, la capitale sénégalaise pourrait être marquée par des tensions sociales. Pour d’autres l’équipe nationale de football actuellement en Egypte pour participer à la CAN peuvent espérer atteindre les demi-finales au plus.
Gagner le trophée ? Des Saltigués en doutent au point de recommander des sacrifices.
‘’Pour gagner la coupe, il faut que les autorités offrent en sacrifice 4 bœufs blancs ici à Malango. Cette offrande est nécessaire pour que le Sénégal gagne cette coupe d’Afrique’’, a par exemple déclaré la Saltigué Khady Diouf de Diarrère.
‘’Dans le cas contraire, je n’ai pas vu le Sénégal vainqueur de la coupe. Le trophée ne viendra pas au Sénégal’’, a-t-elle insisté en admettant : ‘’c’est une vérité difficile car ce sont nos enfants qui y participent.
‘’ Si on ne fait pas cette offrande, le Sénégal ne remportera pas cette coupe et il n’est pas encore tard pour faire cette offrande’’, a-t-elle ajouté avec fermeté entourée des siens.
S’agissant des potentiels troubles pouvant avoir lieu à Dakar, El Hadji Ndour, en appelle à l’Eglise et aux foyers religieux musulmans à se mobiliser et à prier afin de les exorciser.
’’Si le pays, l’ensemble des sénégalais parviennent à dépasser les tensions politques à Dakar, le pays connaitra son essor au plan économique’’, a-t-il fait savoir.
Dans leur écrasante majorité, les Salitigués ont prédit que le Sénégal enregistrera encore une fois ‘’un bon hivernage’’, et ‘’d’importantes quantités de récoltes’’.
Les séances de voyance se sont déroulées en présence du président de l’ONG Prometra International, Erick Gbodossou, promoteur du "Xooy" de Malango, un événement de voyance des Sérères inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO.
La délégation régionale conduite par le gouverneur est attendue dimanche au centre Malango pour la cérémonie officielle de restitution du Xooy 2019.
par Cheikh T Ba
CAN, UNE DAME INVESTIE DE TOUS LES FANTASMES
Le football a désormais une fonction de catharsis, d’exutoire de stress et de cristallisation d’un consensus autour du sentiment d’appartenance à une seule et même nation
Devant la fureur et l’engouement névrotique autour de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), une réflexion autour du phénomène servira de prétexte à notre propos. De quoi cet évènement nous parle et de quoi nous parlent ceux qui en parlent ?
Le football est devenu un des phénomènes collectifs des temps modernes. En tant que phénomène social total, il convient d’en faire la déconstruction (au sens où l’entend le philosophe J. Derrida) pour en décrypter, au-delà du jeu, les véritables enjeux et fonctions. Les Ivoiriens ne disent-ils pas dans leur parler si savoureux : « Il ne faut pas s’amuser dans l’amusement qu’est le football » ? Il ne nous paraît pas superflu de rappeler que le sport est un champ privilégié des sciences sociales.
Dans la perspective que nous venons d’esquisser, nous nous contenterons de pointer quelques aspects :
La fonction ludique : le football, plus que tout autre sport, fait éprouver en 90 minutes toute la gamme des sentiments et émotions que l’on peut ressentir dans le temps long : la haine, l’angoisse, la tristesse, la jubilation. Chaque match draine une charge émotionnelle faite de passion intense. On peut passer du bonheur au malheur et du malheur au bonheur, en un temps très court (les Lions de moins de vingt ans viennent d’en faire l’amère expérience, pour avoir perdu leur match contre la Corée du Sud à la 97ème minute). Les défaites sont souvent pour les pays sources de psychodrames, ou de délire de joie en cas de succès.
Les cérémonies d’ouverture et de fermeture de CAN, scénarisées avec ingéniosité et créativité, démontrent le caractère festif de ce grand évènement dans la vie des nations africaines. Les symboles comme les drapelets qu’on agite, les corps peinturlurés, les hymnes nationaux, les déguisements, les percussions de djembés, les chants, les danses (12ème Gaïndé au Sénégal) constituent également un temps fort de liesse et d’esthétisation artistique dont le Brésil a naguère symbolisé l’expression la plus achevée. L’évènement est également spectacle. Sur les terrains de football, l’activité sportive n’est plus seulement le théâtre du rendement physique et de la performance. Elle se prête aussi à la mise en scène du corps et à la séduction, où le jeu de l’apparence s’exhibe. Les joueurs sont devenus des prescripteurs de mode et de tendances auprès des jeunes. Sur ce point, la chevelure, comme le langage, peut faire l’objet d’une analyse sémiologique : vers les années mil neuf cent soixante-dix, les cheveux longs à la Beckenbauer étaient à la mode. À partir des années quatre-vingts/quatre vingt-dix, les joueurs africains et asiatiques sont venus casser les codes avec des cheveux peroxydés. Ensuite, les crêtes sont apparues avec, comme joueur emblématique dans l’excentricité, Kydiaba, ex-gardien de but de la RD Congo. Les styles dabala, voire iroquois, ou le port de dreadlocks ont par la suite fait leur apparition. La prédilection va aux crêtes blondes en ligne droite (Balotelli, Mbaye Diagne) ou en demi-lune (Mané), avec une touche de sophistication par le Franco-sénégalais Mamadou Sakho qui ajoute des figures géométriques. Ces modes sont amplifiées par le phénomène du marketing publicitaire. Il semble qu’un joueur bling bling augmente sa valeur marchande (Pogba). En outre, dans ce jeu de la stratégie des apparences qui se réclame d’une logique sociale de la distinction se joue également le culte de la différence (Ronaldo et ses boucles d’oreille). Sur un autre registre, pour fêter un but, des sauts périlleux sont effectués en salto avant ou arrière dont le spécialiste incontesté est le Gabonais P.-E. Aubameyang (au risque de se casser le cou ou de perdre beaucoup d’énergie). Pour célébrer un but, les joueurs se livrent à une chorégraphie tellement synchrone qu’on est en droit de se demander si le temps consacré à répéter en chœur telle ou telle danse ne devrait pas être consacré à l’entrainement aux tirs aux buts et aux balles arrêtées.
La fonction d’exaltation patriotique : le football a désormais une fonction de catharsis, d’exutoire de stress et de cristallisation d’un consensus autour du sentiment d’appartenance à une seule et même nation. Il conforte les citoyens d’un pays dans l’assurance que le développement de la vie individuelle, avec tout ce que cela connote d’égoïsme, ne supprime pas l’existence de la vie collective, le « désir commun du vivre ensemble ». Le football donne à voir une théâtralisation des valeurs qui exaltent les mythes fondateurs d’une nation (évocation du passé historique à travers Ndiadiane Ndiaye et Lat Dior Diop (Pr Lamane Mbaye), ou de bravoure, symbolisé par le lion dont le courage est chanté par Youssou Ndour. Le communicateur traditionnel Mbaye Pekh, transformé en éthologue, nous apprend que le mâle comme la femelle, en cas de décès de l’un ou de l’autre, ne se remettent jamais en couple. On peut légitiment se demander si cela a une résonance chez des joueurs transformés, du jour au lendemain dans l’euphorie, en dignes héritiers de ces héros dont ils entendent peut-être parler pour la première fois. Du reste, chaque équipe nationale constitue pour ses supporteurs un objet de symbolisation de leur identité nationale. Le sentiment d’appartenance sous-jacent à cette identité se construit dans un rapport d’opposition parfois très virulent avec l’autre. C’est le terrain privilégié des antagonismes collectifs. En témoignent les pillages et autres exactions qui ont suivi la rencontre des deux Congo que l’on dit « pays frères » et, dans un passé pas si lointain, le comportement consternant des Togolais, qui sont allés mettre le feu à la maison de leur portier qui a servi et défendu les buts de leur équipe nationale pendant une dizaine d’années. La partisanerie n’est pas déterminée par le beau jeu, mais par l’appartenance à une nation. En outre, dans le lexique du foot, les métaphores guerrières utilisées à l’occasion des matches sont édifiantes à cet égard : attaquer, conquérir des espaces, perforer une défense, bombarder, voire pilonner le camp adverse, mitrailler ou fusiller un gardien, tir canon, envoyer un missile, armer un tir, quadriller un terrain, avoir une armada offensive, etc.
La fonction politique : le foot est un outil de communication politique. Sous ce rapport, il peut faire l’objet d’une récupération politique et permet, entre autres, la baisse des tensions sociales et politiques (une providence pour les problèmes soulevés par le gaz et le pétrole). À la suite d’une coupe d’Afrique remportée par la Côte d’Ivoire, c’est le président Ouattara lui-même qui était à la coupée de l’avion pour rendre hommage à ses champions avec, en prime, de hautes distinctions pour services rendus à la nation, journée chômée et payée…
Au Sénégal, les Libéraux ont eu à différer des marches et autres manifestations contre le pouvoir en place. Le président Wade a instrumentalisé le succès des Lions de 2012, arrivés en quart de finale de Coupe du monde, pour redorer son blason terni et polir son image (tournée avec Elhadj Diouf au gré de ses nombreuses pérégrinations). « J’ai investi, il est normal que j’en tire des dividendes », s’est-il piteusement justifié.
Le président Macky Sall n’est pas en reste. Il a dû sacrifier au rituel de la remise du drapeau national avec beaucoup d’emphase dans le discours. Il a titillé la fibre patriotique des joueurs « Laissez-nous ici la téranga et ramenez-nous la coupe, nous vous rendrons la téranga. »
La fonction magico-mystico-religieuse : Le sport en général et le foot en particulier sont des lieux où foisonnent des signes qui renvoient aux croyances, perceptions, représentations, mais aussi à l’affirmation du sentiment religieux. On peut relever une profusion de micro-rituels : certains joueurs font le signe de la croix avant leur entrée sur le terrain, portent des objets fétiches, entrent sur le terrain à cloche pied ou se livrent à des incantations. Pour d’autres joueurs musulmans, c’est le front au sol ou les mains tendues au ciel après avoir psalmodié des mots, pour signifier le geste de prière (Sadio Mané et Mohamed Salah). Durant certaines CAN, on a constaté le cas de joueurs qui répandaient de la poudre au sol pour conjurer les esprits maléfiques, ou qui ont refusé de serrer des mains de joueurs du camp adverse, quand ils n’avaient pas, comme les lutteurs, des bandages de protection ne protégeant pas contre une blessure. Certains entraineurs donnent le ton et sont les premiers à verser dans la superstition (chemise blanche d’Hervé Renard, costume noir de Bruno Metsu).
Toujours lors des CAN précédentes, la presse a fait état de consultants sportifs d’un genre nouveau venus du Ghana, trahis par leur accoutrement (chassez le naturel, il revient au galop….) qui ne laissait aucun doute sur leur état de sorcier (gangas). Au Sénégal, où le mysticisme règne en maitre, on s’en donne à cœur joie. Quand vous assistez à un match de « nawétanes », vous avez l’impression d’être dans une arène de lutte. Certains membres fédéraux dont on ne saurait mettre en doute la probité, ont eu à démentir avoir introduit ou accepté dans leur délégation des « xondiomeurs » attitrés.
L’ex-entraineur qui avait reçu à la figure trois paires de chaussures de marque Bata à Bata, en Guinée équatoriale (une paire de gifle pour chaque match perdu) ne rate jamais une occasion pour dire, comme une rengaine, que c’était une situation irrationnelle. Quand on en arrive à justifier les défaites par des forces occultes, l’on est disqualifié pour le métier d’entraineur dont les contreperformances ne doivent être justifiées que par des faits de jeu objectifs et uniquement au plan technico-tactique.
Ne soyons pas naïf, nous sommes dans un pays où la pensée magique détermine les attitudes et comportements des individus. Quand la vie de ces derniers est rythmée par des forces invisibles, voire surnaturelles, ancrées dans leur imaginaire et/ou conscience collective et animent leur vie du social au cosmique, on est à la limite devant deux logiques antinomiques qui s’affrontent, dont celle qui vous dit : « seul le travail paie » et celle qui vous dit : « nous sommes en Afrique avec ses réalités », qui est plus prégnante. Selbé Ndom a de beaux jours devant elle !!!
Point d’injonction du devoir être, mais ces pratiques, dénoncées par Henryk Kasperczack et Joseph Antoine Bell, ne doivent pas avoir cours dans un sport collectif comme le football moderne, où c’est la pédagogie de l’effort qui doit être inculquée aux jeunes. Autrement, c’est la porte ouverte à toutes les dérives et les charlatans sont toujours prêts à s’y engouffrer.
Ces derniers se nourrissent et font leur miel de l’angoisse et de la détresse des autres. C’est pourquoi il nous semble important de leur couper l’herbe sous les pieds par la prise en charge de la pression et du stress résultant du poids des attentes de tout un peuple qui pèsent sur les joueurs de l’équipe nationale. À ce propos, nous sommes toujours frappé d’entendre que le mental compte pour 50%. Lors des rencontres, beaucoup d’entraineurs soutiennent que quel que soit le système de jeu mis en place, c’est le mental qui fait la différence. Or, suprême paradoxe, les délégations pléthoriques ne comptent aucun psychologue. Qu’on ne vienne surtout pas nous dire que la formation de l’entraineur compte un module de formation en psychologie.
Au cours de la finale jouée contre le Cameroun, l’entraineur Cissé (sans lui faire un procès en sorcellerie), devant le bloc bas mis par l’équipe adverse du Sénégal, était comme pétrifié. Sous ce rapport, l’intervention d’un spécialiste du comportement comme un psychologue aurait été largement justifiée. L’action de ce dernier aurait consisté, non seulement à redonner confiance aux joueurs, mais aussi à aider l’entraineur lui-même, tétanisé qu’il était sur place car dépassé par l’enjeu et la tournure des évènements.
De la même manière, un psychologue rompu aux techniques de dynamiques de groupes peut aider à consolider la cohésion et l’esprit de groupe tels que souhaités par Idrissa Gana Guèye.
Un dernier mot ou viatique à l’endroit des joueurs et du staff : « Si l’on ne peut pas empêcher les oiseaux de mauvais augure de voler au-dessus de vos têtes, vous pouvez les empêcher de faire leur nid dans vos cheveux/dreadlocks ». Pour cela, si vous voulez avoir des résultats à la hauteur de l’immense espérance du peuple, une seule solution : « se battre sur le terrain jusqu’à la dernière goutte de sueur ». Bonne chance et que le succès soit au bout de l’effort.
Cheikh T. Ba est Sociologue
par boubacar badji
LA VOIX DU SACRE
Pour Egypte 2019, les voies menant à la victoire finale sont toutes tracées pour les Lions de la Téranga, sauf une
C’est dans l’émission Jaakarlo de ce vendredi 21 juin que le Sénégal doit puiser la ressource additionnelle qui a toujours manqué aux Lions de la Téranga pour aller jusqu’au bout d’un rêve national. Un rêve plus que sportif mais qui s’est tant de fois, transformé en cauchemar bruyant avant le réveil du peuple.
De Caire 1986 à Egypte 2019, le Lion a toujours misé sur la puissance de son rugissement, oubliant que l’intimidation seule ne suffit pas face à l’adversité dans la jungle africaine. Pour sa survie, n’importe quel animal de la forêt, fut-il un écureuil venant du Bénin, suera, pleurera et sera prêt à verser son sang devant n’importe quel prédateur, même si c’est le Roi en personne. Le coach Aliou Cissé l’a dit dans un entretien accordé à Jeune Afrique. ‘’ Il nous faudra de la sueur, des larmes et parfois du sang’’. Mais il a oublié de préciser que pour amener un être a être prêt à verser son sang, il faut l’amener à prendre conscience que la survie de son espèce est menacée.
Gagner la Coupe d’Afrique des Nations n’est plus un objectif, ni une priorité pour les 22 joueurs sélectionnés. C’est maintenant une question de survie pour notre football national. Trente trois ans après Caire, le Sénégal retourne en Egypte avec une équipe favorite de la compétition. Oui avec des joueurs capables d’aller jusqu’au bout. Mais sont–ils au courant qu’ils jouent cette compétition pour faire renaitre un souffle d’espoir dans un pays où l’avenir des génération futures est en train de glisser dans les profondeurs noires des puits pétroliers au large de Saint-Louis et Cayar ? Mesurent-ils le fait qu’ils représentent le football d’une nation dont aucun joueur évoluant dans le championnat local, n’a sa place ? Et là je me demande est-ce dans l’histoire de la Can une sélection a une fois remporté le trophée sans aucun joueur de son championnat national ? Un autre débat quand on parlera du niveau même de notre football. Sauf si Laye Diaw anticipe en nous apportant comme il sait si bien le faire une réponse.
Vendredi à l’émission Jaakarlo, il a à mon avis, touché du doigt le mal du football sénégalais. Oui, je suis du même avis que vous. Et comme tous les sénégalais nous savons que, sur le papier, sur la valeur intrinsèque de nos joueurs, la voie du sacre semble être toute tracée pour les Lions comme au Caire en 1986. Cependant, dans l’anecdote dont vous nous avez gratifié, vous faites le deuil d’une question trentenaire. Oui doyen, feu Jules François Bocandé et sa bande n’étaient pas au courant de ce que vous et vos collègues saviez du haut des gradins. Peut-être s’il y avait une communication efficace au sein du staff des lions à l’époque, cette génération aurait pu changer le cours du match.
En Egypte 2019, les voies menant à la victoire finale sont toutes tracées pour les Lions de la Téranga, sauf une. La voix du sacre. Cette voix qui englobe toutes les facettes de la communication, puisant sa force dans les entrailles de notre histoire footballistique, de notre histoire culturelle, mais aussi de notre diversité endogène, pour encenser nos joueurs dans les instants les plus difficiles de leur marche. L’équipe du Sénégal est complète dans tous les secteurs. Elle est la première nation africaine avec une colonne vertébrale solide et enviée par tous nos adversaires. Alfred Mendy, Kalidou Koulibaly, Idrissa Gana Gueye, Sadio Mané et autres, sont prêts pour faire face à l’adversité. Mais ce serait dommage que, dans cette conquête qu’ils n’entendent pas cette voix. Cette voix capable de pousser un être à se surpasser, à puiser dans ses dernières ressources, à mouiller le maillot dans sa propre sueur, à saigner pour ne pas sortir de la voie royale… Cette voix qui a tant manqué aux Lions lors des conquêtes précédentes, c’est vous Abdoulaye Diaw. Mémoire incontestable de notre Histoire, bibliothèque certifiée de notre football, il suffit juste de vous dévêtir de votre manteau de sagesse à nos joueurs pour qu’ils comprennent que gagner cette Coupe d’Afrique des Nations est une obligation pour changer le cours de notre histoire, mais surtout parce que c’est la survie de notre football qui en jeu en Egypte.
AUDIO
DIANO BI AVEC IBNOU TAIMIYA SYLL
Le président du parti Disoo-Med, fait le tour de l'actualité au micro de Maodo Faye, dans l'émission dominicale en Wolof
Le président du parti Disoo-Med, fait le tour de l'actualité au micro de Maodo Faye, dans l'émission dominicale en Wolof
FOCUS SUR LES LÉCHEURS DES UNES DE JOURNAUX
A l’instar du Cameroun où certains les appellent avec humour les ‘’unologues’’, le Sénégal a aussi ses adeptes de la lecture gratuite des Unes des quotidiens
A l’instar du Cameroun où certains les appellent avec humour les ‘’unologues’’, le Sénégal a aussi ses adeptes de la lecture gratuite des Unes des quotidiens. Tôt le matin, on peut les voir s’agglutiner devant les publications exposées à certains coins de rue ou à des endroits stratégiques comme la devanture de l’Université Cheikh Anta Diop.
Insensibles au tohu-bohu des passants et des véhicules déversant interminablement devant le campus leurs flots des passagers, ils scrutent avec application les Unes des journaux. Aucune partie de la première page des publications exposées n’échappe aux yeux voraces de ces lecteurs d’un autre type : manchettes, oreilles, ventres et rez-de-chaussée.
Comme des lécheurs des vitrines d’un magasin, ils lisent et relisent, allant même jusqu’à se lancer dans des commentaires enflammés sur l’actualité du jour. Pendant ce temps, les plus hardis soulèvent d’un doigt furtif quelques pages de journaux que, désargentés, ils ne peuvent se payer.
Fatoumata Fall, une élève en classe de première, précise qu’elle ne fait pas partie des « lécheurs » de Unes, même si elle ne rate aucune occasion pour scruter les manchettes, surtout en ces débuts de vacances scolaires.
« C’est la manière dont les vendeurs exposent leurs journaux et les titres qui les composent qui m’attire le plus. Quand les titres sont en rouge, notre curiosité est ardemment suscitée », explique la jeune fille, ajoutant que généralement les vendeurs ne la chassent pas car croyant qu’à l’issue de son manège elle finira par se payer au moins un journal.
A sa décharge, Fatoumata révèle qu’il lui arrivait d’acheter des journaux à l’approche du BFEM pour se préparer au cas où elle tomberait sur un sujet de dissertation portant sur l’actualité.
Babacar Ndiaye, lui, est un passionné de l’information. Etudiant de 3e année en droit à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, il rêve de devenir journaliste, d’où son amour pour les journaux. Qu’il peut se payer quand il n’est pas fauché et, à défaut, scruter comme n’importe que « lécheur » de Unes.
A ce propos, il raconte qu’un jour qu’il parcourait des yeux les manchettes de la presse, le vendeur qui était en train de compter sa recette en prit ombrage et le lui fit savoir. « J’étais énervé qu’il m’ait pris pour un voleur et pour ne pas lui donner raison et laver mon honneur j’ai acheté deux journaux».
Quoiqu’il en soit l’attroupement devant les kiosques ne laisse pas indifférents les vendeurs de journaux qui sont obligés de faire avec, à l’instar de Bocar Sy. « J’ai de fidèles clients qui viennent régulièrement acheter des journaux. Par contre, certaines personnes ne viennent que pour regarder les titres et puis repartir », indique M. Sy. Casquette vissée sur la tête pour se protéger de l’ardeur des rayons du soleil, il surveille du coin de l’œil certains de ses journaux qu’il a étalés à même le sol, à la convoitise des acheteurs et…des « lécheurs » de Unes dont certains se baissent pour mieux lire les manchettes.
Bocar Sy qui vend presque tous les nombreux titres de la presse sénégalaise, a l’habitude de mettre en exergue L’Observateur. Et pour cause, ce journal phare du Groupe futurs médias (GFM) de l’artiste-chanteur Youssou Ndour est le plus demandé par ses clients.
Une assertion que confirme cet habitant rencontré devant un kiosque à journaux : « Beaucoup de Sénégalais n’achètent que L’OBS. Les autres journaux sont aussi achetés mais pas au même rythme. Et hormis L’OBS, le quotidien sportif Stades est le plus acheté ».
Si Bocar Sy attitre acheteurs et « lécheurs » des Unes des journaux grâce à sa méthode consistant à étaler ses produits à même le sol, il reste que cette technique de vente a fini par se populariser et est revendiquée par Ablaye Diop, un vieux vendeur officiant sur l’avenue Cheikh Anta Diop.
« Je suis là depuis 10 ans. Avant, les vendeurs de journaux mettaient leurs produits sur des tables. C’est moi qui ai commencé l’étalage (à même le sol) de journaux, car ce n’était pas aisé de les porter à temps plein dans la rue », soutient M. Diop qui, se rappelant le bon vieux temps, souligne qu’il a eu à vendre de « très bons journaux » comme Cafard Libéré, Sopi, Le Soleil et Walfadjri.
Différemment des deux premiers titres qui n’existent plus, les deux autres sont toujours dans les kiosques où ils sont rejoints par une multitude de nouveaux titres qui font de la presse sénégalaise l’une des plus foisonnantes de la sous-région. Cette richesse explique en partie la prolifération des lécheurs des Unes qui sont alléchés par la diversité des sujets abordés en première page des publications.
Sur l’origine de ces « parasites » des journaux, Ablaye Diop croit savoir qu’elle est liée à l’apparition au début des années 2000 de journaux spécialisés dans les faits divers tels que Mœurs et autres Tolof-Tolof. Autre explication avancée par le vieux vendeur de journaux qui s’appuie sur son expérience : la mise en vente de Sunulamb, un journal spécialisé en lutte sénégalaise qui surfe sur le succès phénoménal de cette discipline traditionnelle. Tout le monde, y compris les illettrés, trouve son compte dans ce journal abondamment illustré par les images des mastodontes des arènes sénégalaises.
Ces raisons parmi tant d’autres font dire au vieux vendeur que ses compatriotes, acheteurs de journaux ou « lécheurs » de Unes, sont attirés par les nombreux journaux proposés chaque matin à leur convoitise.
Docteur Sahite Gaye, spécialiste sénégalais de la communication des organisations, a son idée sur cette attirance des journaux. « La Une d’un journal peut être considérée comme sa vitrine. De ce fait, dans sa conception, les éditeurs adoptent la technique classique du marketing : ‘’Attirer’’… De même, il ne faut pas perdre de vue que l’image attire, c’est un média immédiat ».
A la question de savoir pourquoi beaucoup sont attirés mais n’achètent pas, Ablaye Diop lance sur un ton ferme : « les Sénégalais n’ont pas la culture d’acheter des journaux. Ils ne suivent que la mode. Leurs achats sporadiques ne sont guidés que par les grands évènements ».
Faisant dans la comparaison, il évoque le manque d’instruction pour souligner qu’en Côte d’Ivoire où l’usage de la langue française est plus fréquent, on achète davantage de journaux qu’au Sénégal. Si l’on sait que les journaux sont écrits dans la langue de Molière et que les Sénégalais parlent plus celle de Kocc Barma (sage de la langue wolof) on comprend bien le constat que fait Ablaye.
Pour sa part, Dr Gaye, enseignant au CESTI, préfère rester prudent, au motif qu’il ne dispose pas «de données fiables ou d’études sur cette question ». « Il va falloir, ajoute-t-il, se focaliser plus sur l’observation directe pour se rendre compte qu’ils (Sénégalais) sont friands des contenus des journaux. (Mais) comme tout peuple, ils restent dépendants de l’information sensationnelle, des scandales, de la politique, du sport ».
Dans tous les cas, une explication de ce phénomène devrait «mettre en rapport les titres et les autres modes de consommation d’information de ces lecteurs », à travers notamment les « revues de la presse » radiophonique, relève Dr Gaye, tout en soulignant la nécessité de « relativiser, (parce que) la réalité au Sénégal est différente de l’espace dont parlait Habermas (théoricien allemand en sciences sociales) : un espace rationnel, de dialogue de délibération, égalitaire… ».
PAR Daouda Mine
SI J'AVAIS CISSÉ EN FACE DE MOI !
Je lui dirais qu’un bon coach est celui qui valorise ceux qui montrent l’exemple par leur travail. Cela crée une émulation positive et soude une équipe
C’est parti ! 552 joueurs, répartis dans 24 équipes, se disputent la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) 2019 durant cette 32e édition, la première à rassembler un plateau aussi élargi.
Tout au long de ce mois de compétition, la magie du ballon rond dictera sa loi. Les joueurs seront élevés au rang de légende ou de dieu. Des victoires tiendront à des miracles. Des défaites résulteront de coups du sort. Des larmes couleront. La joie cohabitera avec la déception. Le sang giclera même, par moments. Mais au soir de la finale, une seule équipe soulèvera le trophée. Les Sénégalais ou supporters de l’équipe nationale de football ne connaissent pas encore cette sensation : voir leur équipe favorite remporter un titre continental ou mondial.
En 14 participations à la CAN, en effet, les «Lions» ont essuyé six éliminations au premier tour (1965, 1968, 1986, 2008, 2012, 2015) et échoué cinq fois au stade des quarts de finale.
Les seuls souvenirs du Sénégal ne font référence qu'à une finale en 2002 au Mali (perdue aux tirs au but devant le Cameroun) et à des quatrième place en 1990 en Algérie et 2006 en Égypte.
Treize 13 ans après la «petite finale» perdue face au Nigeria, les «Lions» reviennent sur les rives du Nil. Aliou Cissé et ses «soldats» ont l'occasion, cette-fois, de garnir la vitrine du Sénégal d’un trophée continental.
Sur le papier, le Sénégal est la meilleure équipe africaine. Avec des joueurs de classe mondiale dans tous les compartiments du terrain (des buts à l’attaque, en passant par la défense et le milieu), il a tout pour vaincre la «malédiction».
Le peu qui nous a toujours manqué, nous l’espérons d’Aliou Cissé, «l’aboyeur» de l’épopée de 2002. Au-delà de la tactique et du maniement du ballon (que nos joueurs ont et savent faire), nous avons besoin qu’il leur insuffle l’âme de guerrier.
Eh oui, si dans les films de sport, on utilise souvent le cliché de l’entraîneur aux paroles inspirantes avant une grande compétition, celui dont le discours démarre doucement, plein de mots de motivation, et qui se termine invariablement par des cris d’énergie par tous les joueurs, c’est parce qu’il y a bien une raison. Ces scènes font ressortir les vraies qualités d’un grand entraîneur : motivation, inspiration, passion, cœur et âme d’équipe.
Si j’avais en face de moi Aliou Cissé, je lui dirais que le profane que je suis sais qu’un bon entraîneur est celui qui aide ses joueurs à devenir de meilleurs athlètes, de meilleures personnes.
Je lui dirais qu’un grand entraîneur a les mêmes qualités qu’un bon parent : l’écoute, le respect, la compassion, l’engagement, l’empathie, l’humour, la patience, la communication, un caractère positif et de la flexibilité.
Je lui dirais qu’un bon coach est celui qui sait créer de l’émulation entre ses joueurs et être en mesure de comprendre très vite sur qui il peut s’appuyer pour transmettre de l’enthousiasme à l’équipe.
Je lui dirai que dans les sports, ce qui compte le plus, c’est le côté guerrier, l’agressivité. Beaucoup de sportifs gagnent d’abord avec leurs tripes. Il faut toujours croire en soi, même quand les circonstances sont défavorables. Les efforts sont toujours récompensés.
Je lui dirais qu’un bon coach est celui qui valorise ceux qui montrent l’exemple par leur travail. Cela crée une émulation positive et soude une équipe.
Si j’avais en face de moi Aliou Cissé, je lui dirais enfin que j’ai envie au soir de la finale de la CAN entendre Sadio Mané dire : «Aliou Cissé est un manager très spécial. (…) C’est un coach qui aime ses joueurs, il est là pour ses joueurs. En même temps, il responsabilise ses joueurs. Nous, les joueurs, sommes prêts à tout pour lui ! On se défonce sur le terrain pour lui. Que ce soit à l’entraînement ou en match, on s’arrache pour lui. C’est un coach qui te donne envie d’aller à la guerre». Les mêmes mots que Sadio Mané avait tenu à l’endroit de son coach à Liverpool, au lendemain de sa consécration pour le « Onze d’Or 2019 ».
Si nous réussissons à avoir ce Aliou Cissé là, la CAN 2019 est à nous !
"LES INDIVIDUALITÉS NE SUFFIRONT PAS"
Le talentueux milieu défensif d’Everton Idrissa Gana Gueye, présente les ambitions du Sénégal à l’orée de la CAN, à l'occasion du premier match des Lions de la Téranga dans la compétition face à la Tanzanie
So Foot |
CHRISTOPHE GLEIZES |
Publication 23/06/2019
Tu as déjà disputé par deux fois la Coupe d'Afrique des nations, quel regard portes-tu sur cette compétition ? Qu’est-ce qui fait son charme et son originalité ?
C’est une compétition extrêmement compliquée, qui est très importante pour tous les joueurs du continent africain. Gagner la CAN, ce n’est jamais facile.
Il n’y pas de petits pays, toutes les équipes se valent. Souvent, on voit des surprises, des favoris qui sortent au premier tour, donc on se prépare à toutes les éventualités. Il faudra être costauds mentalement, bien travailler et surtout rester concentrés tous ensemble sur notre objectif.
Est-ce que tu te méfies d’un adversaire en particulier ?
Franchement, non. On se prépare à rencontrer tout le monde, peu importe le niveau de la nation. Tout le monde veut gagner, on s’attend à rencontrer tous types d’adversaires. Mais en ce qui nous concerne, on se concentre sur notre équipe et sur ce qu’on veut faire. On sait où on veut aller, on va tout faire pour satisfaire le peuple sénégalais. On n’a pas de temps à perdre à calculer, parce qu’il n’y a pas de calcul à faire.
Quels souvenirs gardes-tu des deux éditions précédentes ?
Ce sont évidemment les éliminations... Surtout la première fois, en 2015, où on se fait sortir en phase de poules. C’était très compliqué.
On pensait vraiment avoir fait le plus dur après avoir gagné le premier match contre le Ghana, mais on a connu une vraie désillusion ensuite contre l’Algérie. La seconde fois, on se fait éliminer en quarts de finale aux tirs au but par le Cameroun qui a fini par remporter la compétition. C’était dur aussi parce que si on avait réussi à les battre, on aurait peut-être pu aller au bout. Cette année-là, on avait une très bonne équipe et on jouait bien. Donc j’ai des souvenirs plutôt douloureux, et on espère les effacer cet été.
La CAN adopte cette année un nouveau format avec 24 équipes, qu’en penses-tu en tant que joueur ?
Peu importe le format, on est là pour jouer. Après, c’est bien d’augmenter le nombre de pays qualifiés. Cela donne la chance à certaines nations de pouvoir découvrir la compétition, il y aura plus de matchs et plus d’ambiance. Ce sera encore plus compliqué qu’avant.
C’est aussi la première fois que la compétition se déroulera en été...
Et cela va changer beaucoup de choses. On aura le temps de bien se reposer après une saison qui a été longue, et on va pouvoir effectuer une bonne préparation tous ensemble. On espère que cela va se traduire par plus de qualité dans le jeu. Auparavant, la compétition se trouvait en plein milieu de la saison et c’était souvent compliqué physiquement.
Avec Koulibaly, Mané, Niang, Sarr et d'autres, le Sénégal a une véritable génération dorée et fait partie des favoris de la compétition. Quels sont, selon toi, les points forts de l’équipe ?
Offensivement et défensivement, on a ce qu’il faut et on est bien équipé.
En particulier devant, c’est vrai, on a de très grands joueurs qui peuvent faire la différence à tout moment. Dans le football d’aujourd’hui, quand les matchs sont fermés sans beaucoup d’occasions, ça paie. Maintenant, on le sait, les individualités ne suffiront pas. Ce qu’il faut avant tout, c’est une bonne cohésion d’équipe. Qu’on soit solidaires, et qu’on travaille tous ensemble pour y arriver. À mon avis, c’est ce qui nous a fait défaut dans les dernières compétitions. Il faut avoir une bonne mentalité parce qu’une CAN, c’est très long. La compétition va être dure, il y aura de la concurrence. Le coach va devoir faire des choix, mettre des joueurs sur le banc. Donc il faudra rester tous ensemble, peu importe qui joue, travailler les uns pour les autres et se serrer les coudes. C’est uniquement comme ça qu’on pourra y arriver.
Dans cette équipe clinquante, tu as le rôle du travailleur de l’ombre. Que préfères-tu, dans ton poste de numéro 6 ?
Ce qui me plaît, c’est d’enrayer les attaques de l’équipe adverse. Quand il y a une bonne opportunité pour les joueurs d’en face de marquer et que toi tu arrives à t’imposer, à tout casser d’une interception et à relancer derrière rapidement afin qu’on parte en contre-attaque... Cela retourne le jeu, c’est ça qui est magnifique dans ce rôle. L’équipe adverse pense que ça va passer jusqu’au dernier moment, puis ça repart tout de suite de l’autre côté. Réussir un bon tacle, une bonne récupération, ça te met dans ton match et ça te donne de la confiance et de la sérénité. C’est un vrai plaisir de jouer à ce poste-là.
Dans les médias, tu es souvent comparé à N’Golo Kanté, avec qui tu partages des statistiques similaires. Mais ton modèle, c’est Lassana Diarra...
C’est vrai, plus jeune j’adorais le regarder jouer. Je me suis pas mal inspiré de lui. Quand j’étais tout petit, au quartier, mon idole était David Beckham.
Mais quand je suis arrivé au centre de formation et que j’ai commencé à jouer à ce poste de milieu défensif, à devenir un vrai numéro 6, j’ai regardé ce qui se faisait chez les pros, et Diarra était le joueur que je préférais. Je regardais ses matchs en vidéo, j’aimais sa façon de défendre, mais surtout d’utiliser le ballon. C’était un vrai bon joueur de foot.
Pour en revenir à la CAN, le Sénégal n’a encore jamais rien gagné au niveau international. Peut-on, selon toi, parler de blocage psychologique ?
Pas pour les joueurs, en tout cas. Comme je l’ai souvent dit, les anciens ont écrit l’histoire en 2002. Ça, on ne peut pas l’effacer et on ne cherche surtout pas à l’effacer. Au contraire, on veut s’appuyer sur ce qu’ils ont fait de bien pour avancer. Maintenant, c’est à nous d’écrire notre propre histoire et de ramener la coupe un jour au Sénégal.
Vous restez sur un terrible coup du sort lors de la dernière Coupe du monde, où vous avez été éliminés au nombre de cartons jaunes contre le Japon. Comment se reconstruire, après ça ?
Nous sommes des professionnels, donc on s’attend toujours à tous les scénarios possibles, mais c’est vrai que se faire éliminer de la sorte a été terrible pour nous.
Mais voilà, il fallait accepter et se relever. De toute façon, on n’a pas eu le temps de trop cogiter. Il a fallu retourner dans nos clubs respectifs, et se remettre au travail pour les qualifications de la CAN. Je ne dirais pas que c’est oublié, mais on a su passer à autre chose et se concentrer sur ce nouvel objectif : remporter la CAN.
C’est l’obsession de votre coach, Aliou Cissé.
Il nous le répète, depuis le début des qualifications : la seule chose qui compte, c’est de ramener la coupe au Sénégal. Pour l’instant, on a su faire ce qu’il fallait. Ce qu’il a apporté à l’équipe, tout le monde le sait, c’est le sérieux, la rigueur. C’est l’envie de travailler tous les jours, l’envie de gagner tous les matchs. Désormais, on va tous dans ce sens-là.
Ce n’était pas le cas, avant ?
Il a réussi à nous inculquer une vraie culture de la gagne, une discipline de travail.
Avant, on disait souvent des joueurs qui venaient en sélection qu’ils se croyaient en vacances. C’était vu comme une parenthèse de repos, lorsqu'on partait de nos clubs. Lui, il a su faire comprendre à tout le monde que l’équipe nationale est ce qu’il y a de plus important, que tout un pays nous regarde et compte sur nous. On peut rendre tout un pays heureux par nos performances, continuer à faire vivre une nation dans le calme et dans le bonheur. Mais cela passe par des victoires, par des matchs très très importants qu’il faut gagner. Il a réussi à nous mettre ça dans la tête.
Un dernier mot, pour finir, sur Diambars. Comme tes coéquipiers Saliou Ciss et Pape Alioune N'Diaye, tu as la particularité d’avoir été formé à l’académie montée par Jimmy Adjovi-Bocco, Saer Seck, Bernard Lama et Patrick Vieria en 2003. Encore une fois, c’est un joli tir groupé.
Diambars, c’est très beau. C’est un exemple pour l’Afrique. Ils ont ouvert la porte à beaucoup de joueurs, qui ont réussi aujourd’hui et qui sont désormais installés dans l’équipe nationale. Actuellement, de nombreux centres de formation en Afrique ont pris exemple sur eux. Comme Génération Foot, qui a sa façon de faire, mais qui marche très bien aussi. C’est une très bonne chose pour le Sénégal, et le continent africain en général. J’espère qu’il y en aura d’autres après nous, et que ça va continuer.
SÉDUIRE ET GAGNER
Tête de série et gros calibre de son groupe, la sélection sénégalaise est dans l’obligation d’assurer les trois points ce dimanche face à la Tanzanie, une équipe moins forte sur le papier
Tête de série et gros calibre de son groupe, la sélection sénégalaise est dans l’obligation d’assurer les trois points ce dimanche face à la Tanzanie, une équipe moins forte sur le papier. L’entame des lions pour ce premier match de la 32 ieme édition de la coupe d’Afrique des nations doit être convaincante. Les joueurs de Alioune Cissé, pour taire le sceptisme de certains observateurs, doivent montrer une qualité de jeu technique digne d’une équipe qui a pour ambition de soulever le trophée continental.
L’enjeu dans ce match reste la gagne, d’un côté comme de l’autre. Les deux équipes voudront l’emporter afin de briller dans cette rencontre inaugurale du groupe : pas d’avantage au niveau de la motivation.
État de forme des deux équipes
Sorti dès le premier tour de la coupe du monde en Russie l’été dernier, le Sénégal a remit les bouchées doubles pour se qualifier avec brio pour cette coupe d’Afrique des nations. En effet, les joueurs sénégalais ont terminé largement en tête d’un groupe qualificatif loin devant le Madagacar, la Guinée équatoriale et le Soudan, avec 16 points pris sur 18 possibles.
D’ailleurs, ils restent sur 5 succès de rang. Après avoir battu le Soudan et la Guinée équatoriale à l’extérieur sur le même score (0-1 ), ils bouclent les qualifications par un 2-0 sur le Madagacar, avant de faire un carton plein lors de ses deux grosses affiches en amical en battant le Mali 2-1 et le Nigeria 1-0.
En face, la Tanzanie va jouer à sa deuxième Can, après sa première participation en 1980. Elle s’est qualifiée pour cette édition en terminant à la deuxième place d’un faible groupe où l’Ouganda et le Lesotho ont fermé la marche. L’équipe a réussi à se qualifier grâce à ses deux victoires sur ses 3 dernières rencontres contre le Cap Vert (2-0 ) et l’Ouganda (3-0 ). Entre temps, elle s’est tout de même inclinée contre le Lesotho (1-0 ).
Battue par l’Égypte (1-0 ), la Tanzanie a ensuite fait un match nul contre le Zimbabwe (1-1 ).
Avantage du Sénégal sur la forme et sur le papier !
Présentation des effectifs des lions et des Taïfas stars
Le Sénégal retrouve ses pensionnaires de la ligue 1 française, les plus remarqués de la saison, dont Édouard Mendy le gardien de but de Reims, le gardien et les attaquants de Rennes : Abdoulaye Diallo, Mbaye Niang -Ismaïla Sarr, Moussa Konaté de Amiens et Sada Thioub de Nîmes.
De plus, les présences de ses stars, à l’image du Napolitain Kalidou Koulibaly, de SALIF Sané de Schalke 04, de Idrissa Gana Gueye d’Everton, de Baldé Keita Inter de Milan et surtout de la méga star Sadio Mané de Liverpool.
Pour les Tanzaniens, on retrouve une équipe dont la majeure partie évolue, soit dans le championnat local, soit dans les autres championnats africains, plus précisément en Afrique du Sud.
Le seul joueur mondialement connu en Europe est l’attaquant de Genk en JupilerLeague de Belgique, Mbawana Samatta, auteur 17 buts en 48 rencontres toutes compétitions confondues cette saison.
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L'ENTRÉE EN PISTE DE CEUX QUI NE VEULENT PAS ÊTRE FAVORIS
Au programme de cette journée de dimanche, l'entrée en lice dans cette CAN-2019 de trois sérieux prétendants à la victoire finale : le Maroc, le Sénégal et l'Algérie, qui affrontent respectivement la Namibie, la Tanzanie et le Kenya
Maroc, Algérie, Sénégal… La CAN-2019 entre dans le vif du sujet, dimanche 23 juin, avec la première journée du groupe C et le premier match du groupe D. Cependant, ni le Maroc, dont le sélectionneur Hervé Renard a pourtant déjà remporté deux fois le titre, ni le Sénégal, première nation africaine au classement FIFA, ni l'Algérie, ne veulent s'encombrer du statut de favori.
• Le Maroc veut "commencer par une victoire"
Hervé Renard gagnera-t-il sa troisième Coupe d'Afrique avec une troisième sélection différente ? Le "sorcier blanc" connait la formule magique pour remporter la compétition et cela passe une victoire dès le premier match de poule
"C'est toujours la meilleure chose que de commencer par une victoire. L'important, c'est les points de départ et d'arrivée. L'objectif, c'est d'aller le plus loin possible", a expliqué le technicien, lors d'une conférence de presse.
Face à eux, les Namibiens tenteront de les faire douter et, pourquoi pas, de décrocher la première victoire de leur histoire en Coupe d'Afrique.
• Sénégal: "Les favoris, ce sont les équipes qui ont gagné"
Avec l'Égypte, les Lions de la Teranga font figure de favori absolu pour cette Coupe d'Afrique. Et pour cause, première nation africaine au classement FIFA, les coéquipiers de Sadio Mané ont effectué un quasi sans-faute lors des éliminatoires de la CAN : cinq victoires, un match nul, 12 buts marqués et seulement deux encaissés. Pourtant, ce costume de favori, le charismatique sélectionneur sénégalais, Aliou Cissé, le refuse.
"Les favoris, ce sont les équipes qui ont gagné. Le Sénégal n'a jamais gagné la CAN. L'Égypte, sept fois ! Mais nous connaissons notre force. Nous sommes de vrais challengers", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.
Avant le choc contre l'Algérie lors de la deuxième journée, le Sénégal débute par un match piège contre la Tanzanie, au Caire. D'autant que les Lions de la Teranga devront se passer de leur star Sadio Mané, suspendu pour avoir accumulé les avertissements durant les éliminatoires.
En face, les Taifa Stars de Tanzanie (les Étoiles du Pays), menés par le Nigérian Emmanuel Amunike, font leur retour en Coupe d'Afrique pour la première fois depuis 1980, mais ne veulent pas se contenter de faire de la figuration.
"On joue le Sénégal, une des meilleures équipes d’Afrique. Mais quand on est en compétition, on doit surtout croire en nous-même. On sera dans de bonnes conditions demain pour jouer d’égal à égal", a promis le seul technicien africain évoluant hors de son pays pour cette CAN.
• Algérie : "Il n'y a pas les ingrédients pour être favoris"
Tout comme son homologue sénégalais, Djamel Belmadi refuse le statut de favori. "Pour être favori, il aurait fallu avoir gagné une fois en dehors de nos terres [l'Algérie a remporté sa seule CAN en 1990 à domicile, NDLR]. On a été sortis en 2017, on n'a pas été à la Coupe du monde. Il n'y a pas les ingrédients pour être favoris", a-t-il rappelé aux journalistes présents à sa conférence de presse samedi.
Après une période de turbulences où l'Algérie a connu quatre sélectionneurs en deux ans, les Fennecs semblent désormais renouer avec la stabilité sous la houlette de Djamel Belmadi. Poussés par des talents individuels comme le Citizen Mahrez, le Niçois Atal, le Montpellierain Andy Delort, ou encore Yacine Brahimi, les Algériens ont les moyens de s'imposer dans un groupe C largement prenable, si l'on excepte le lion sénégalais
"Il ne faut plus prendre ces équipes à la légère. On a vu un match équilibré hier [vendredi, entre l'Égypte et le Zimbabwe, 1-0, NDLR]. On est plus qu'avertis", a nuancé Djamel Belmadi en conférence de presse au Caire, où joueront les Fennecs. Il faut dire que le sélectionneur doit avoir en tête la piteuse élimination en poules lors de la CAN au Gabon après un match nul concédé face au Zimbabwe qui avait coûté cher.
Si l'Algérie pouvait répéter ce raté de 2017, "je suis preneur", a d'ailleurs plaisanté Sébastien Migné, le sélectionneur français du Kenya. "Nous n'arrivons pas en victimes. Sur un match, tout est possible."
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OBJECTION AVEC CHEIKH GUEYE
Affaire Petrotim, que dire de la communication de crise au sommet de l'État ? Que risquent Macky et son frère ? Cheikh Gueye, docteur en Géographie, chargé de Prospective à Enda Tiers-Monde, analyse les contours d'une problématique cruciale