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15 août 2025
«L’EQUIPE QUI SERA LA PLUS DETERMINEE, LA PLUS ENGAGEE, VA GAGNER CE MATCH»
Vice-président de la Fédération sénégalaise de football (FSF), Cheikh Seck souligne que le résultat du Sénégal face à la Tanzanie (2-0), dimanche au Caire, est la suite logique de la bonne préparation de l’équipe.
Youssouph BADJI & Harouna DEME (Vox Populi) |
Publication 25/06/2019
LE CAIRE, Egypte – Pour l’ancien gardien de but des «Lions», entame ne pouvait être meilleure. Il estime que cette victoire sur la Tanzanie (2-0), en dépit des nombreuses occasions vendangées, est bonne à prendre.
«Dans ce genre de match, l’entraîneur n’a pas besoin d’un discours pour motiver les joueurs»
«L’équipe était bien en place et a fait le travail pour gagner. Maintenant la Tanzanie est derrière nous, on pense au match de jeudi contre l’Algérie qui, certainement, sera la finale de la poule C. Nous voulons gagner ce match pour rester au Caire», dit Cheikh Seck qui met l’accent sur le jeu produit par l’équipe du Sénégal «qui a été dominatrice et a maîtrisé son sujet». «Il y a surtout à retenir la victoire parce que c’est le plus important dans un match de football. Mais il est vrai qu’on a raté des occasions. Et il faut, la prochaine fois, s’appliquer un peu plus pour les concrétiser. Parce que ce n’est pas dans tous les matches que des occasions pareilles de scorer se présentent. L’essentiel, comme j’ai dit, c’était avant tout de gagner pour se positionner en tête du groupe», martèle-t-il. Par rapport au match contre l’Algérie, il pense que le Sénégal doit l’aborder en mettant ses forces en avant. «Pour faire face à l’Algérie, il faut beaucoup de détermination et d’attention, de l’engagement aussi. Parce que c’est une équipe qui a beaucoup de talents, des joueurs de grande qualité tout comme le Sénégal. Je pense que l’équipe qui sera la plus déterminée, celle qui aura plus d’engagement, va gagner ce match. C’est là où se fera la différence», avance-t-il.
Souvenirs des CAN 86 et 90
Un optimisme de Cheikh Seck qui tranche d’avec ce que le Sénégal a connu jusqu’ici en phase de finale de CAN face à l’Algérie qu’il n’a jamais battue. «Jeudi, on va les battre Inch’Allah», se risque Cheikh Seck selon qui «dans ce genre de match, l’entraîneur n’a pas besoin d’un discours pour motiver les joueurs. Le fait même que le Sénégal n’ait jamais battu l’Algérie en CAN suffit largement pour motiver un joueur pour une telle rencontre. Parce que, c’est sur le terrain que se fera la différence. Les joueurs savent ce qui les attend. Et jeudi, ce sera à eux de le démontrer». Remontant l’histoire, pour se rappeler la CAN Algérie 1990 où le Sénégal a été sorti en demi-finale par le pays organisateur, il dit : «C’est un bon match qu’on a livré, un match qu’on pouvait gagner. Parce que, par deux fois, on a eu la balle du deuxième but qui aurait plié le match. Mais, autant Lamine Sagne qu’Adama Cissé, n’ont pu concrétiser et au final, on a perdu 2-1. Mais on avait une très belle équipe et on avait la possibilité d’aller au bout. Et c’est dommage qu’on ait raté ces occasions-là. Il est vrai aussi que le Sénégal en manque beaucoup». Concernant une autre CAN restée dans les annales, Caire 1986, il estime que, «comme pour Algérie 90, à Caire 86, on avait aussi une équipe pour gagner la CAN. On avait même battu l’Egypte, pays hôte, en match d’ouverture. Et même après le match nul contre la Côte d’Ivoire, on croyait être qualifié pour les demi-finales. Malheureusement, tel n’a pas été le cas. Mais on a payé, lors de cette CAN, l’inexpérience de nos joueurs et de notre staff technique pour une telle compétition. Pour dire que Caire 86 reste un souvenir douloureux aujourd’hui encore».
"EN JURANT SUR LE CORAN, ALIOU SALL FAIT DE LA COMÉDIE"
Le psychosociologue Serigne Mor Mbaye analyse la sortie du maire de Guediawaye ce lundi, après sa démission de la CDC
Serigne Mor Mbaye, psychosociologue n’est pas du genre à rater son diagnostic et quand il passe le frère du Président Aliou Sall sur le divan, par rapport à son geste visant à jurer sur le Coran. Cela donne ça. «C’est de la pure comédie », asséne-t-il. Puis il se lance dans un argumentaire détaillé pour déstructurer le discours de Aliou Sall. Serigne Mor Mbaye dit dans L’Observateur :
«Il utilise le registre de l’imaginaire des Sénégalais. Le Sénégal est un pays qui est complètement dans le registre du religieux. Au plan émotionnel, cela peut toucher les Sénégalais. Mais qu’il recourt à cela en ce moment, cela prouve qu’il y a panique à bord. Il joue sa survie et la survie de celui avec qui, il partage le lien. De bourreau, il se met dans une posture de victimisation. Il peut toucher des dividendes de ce point de vue, parce que les gens sont affligés devant quelqu’un qui est bien repu dans son boubou et presque au bord des larmes. Mais, on ne lui demandait pas autant. On lui demandait tout simplement de répondre devant la justice. Il sait que les Sénégalais ne croient plus en la justice et se dit que comme ils sont profondément religieux. Aliou a essayé de les avoir sur le registre du religieux.»
SOLUTIONS POUR UNE BONNE GESTION DES RECETTES
Face à la circulation d'importants flux illicites financiers en Afrique et les différentes formes de fraudes fiscales au Sénégal, le réseau africain pour la justice fiscale a décidé de sensibiliser les citoyens
Les nombreuses pertes fiscales notées ces dernières années sont un frein au développement des pays africains. Et au Sénégal, près de 80% du budget national sont couverts par les taxes et autres revenus fiscaux. Fort de ce constat, le réseau africain pour la justice fiscale et le Forum civil organisent, depuis hier, la sixième édition de l'Académie internationale de la fiscalité. Une session de formation qui réunit les différentes composantes de la société sénégalaise et africaine (universitaires, journalistes, société civile, l'administration, le secteur privé) pour échanger sur l'important flux illicite de richesses en Afrique subsaharienne. Il s'agit en d'autres termes de former les citoyens quant à la valeur du fisc qui constitue un pilier dans la mobilisation des ressources. Durant cinq jours (du 24 au 28juin) de sensibilisation, les participants seront outillés pour demander la transparence dans la gestion de ces recettes et lutter contre les différentes formes de fraudes fiscales, chacun dans son domaine d'activité.
En effet, le domaine fiscal souffre d'un déséquilibre entre les impôts directs et indirects. "La collecte globale de fisc est en deçà de ce que l'on devait avoir. Dans un contexte de découverte de pétrole et du gaz, il urge de mettre en place des mécanismes pour lutter contre le flux financier illicite. Ces mécanismes fiscaux justes et équitables ne doivent cependant pas altérer l'attractivité de notre pays", a déclaré Mamadou Dia, représentant du ministre de l'Energie. Il estime que l'exploitation de ces ressources naturelles requiert des prélèvements fiscaux qui doivent être répartis de manière équitable. En outre, l'évasion fiscale et le système des paradis fiscaux développés par beaucoup de Sénégalais et entreprises les plus riches, créent une hémorragie de richesses qui fait dire aux autorités qu'il est temps d'agir.
Toutefois, le coordonnateur du Forum civil Birahime Seck pense que d'autres aspects doivent aussi être surveillés. "Le plus important, aujourd'hui, est la publication de tous les rapports du domaine fiscal, afin que les Sénégalais sachent ce qu'il en est réellement. Chaque année, 50 milliards de dollars de pertes fiscales sont enregistrées, en Afrique subsaharienne. Il y a un besoin pour ces pays, si l'on prend en compte l'installation d'une criminalité transfrontalière, de rationnaliser davantage les dépenses publiques au-delà de la mobilisation des ressources", a-t-il affirmé. Avant de poursuivre : "Au Sénégal, nous avons besoin de l'application effective des mesures annoncées par le gouvernement en termes de rationalisation des dépenses publiques." Selon lui, cela ne peut se faire, sans la maitrise du patrimoine de l'Etat, la gestion de l'eau et de l'électricité et celle du parc automobile.
Partition des corps de contrôle
D'autre part, le Forum civil pense que les corps de contrôle sont tenus de faire convenablement leur travail en toute liberté et aussi de publier régulièrement leurs rapports. Chose qui ne se fait pas, depuis plusieurs années. Et le coordonnateur du Forum civil d'insister : "Il faut que ces corps de contrôle s'exercent à la politique de redevabilité. Il faut impérativement que les populations aient connaissance des rapports émis." En effet, ces organes chargés de veiller à la bonne gestion de ces ressources émettent des rapports très souvent mis dans les tiroirs. Pour venir à bout de ces toutes ces contraintes, le représentant du directeur général des impôts, Amadou Abdoulaye Badiane, préconise un dialogue entre les différents acteurs, ce qui devrait permettre de trouver des solutions durables. A l'en croire, malgré la réforme du code général des impôts, de grosses pertes persistent.
PAR Bosse Ndoye
CONFESSIONS ET CONSEILS D'UNE VICTIME DE LA SOCIÉTÉ DU PARAÎTRE
Vouloir essayer de contenter ou de plaire à tout le monde, on tombe souvent dans l’hypocrisie et dans d’interminables concessions
Je flottais dans les méandres de la triste histoire du livre que j’étais en train de lire, quand – soudain ensevelie par une ombre – je sentis une présence humaine devant moi. Lorsque je levai les yeux, je trouvai dressée devant moi l’une de mes voisines et amies de quelques années plus âgée que moi. Le regard fuyant, l’air perplexe, elle n’affichait guère cette mine joviale habituelle que je lui connaissais, qui mettait toujours en exergue sa beauté resplendissante et sa joie de vivre. J’en déduisis alors qu’il lui était arrivé quelque chose de malheureux à mon insu ; ce d’autant que je ne l’avais pas vue depuis plusieurs jours. Après des salutations moins chaleureuses que d’ordinaire et un échange de quelques mots, elle alla de but en blanc à l’objet de sa visite. Je me levai, entrai chez moi et en sortis deux minutes plus tard avec une chaise que je mis juste à côté de la mienne.
À peine avais-je repris ma place qu’elle s’assit sur la chaise et continua à raconter ce qu’elle avait à me dire : « Petite sœur, me dit-elle – comme elle m’appelait affectueusement -, je crois fortement moi-aussi, comme Mariama Ba, que la confidence noie la douleur…Aussi lui tendis-je une oreille attentive car ayant décelé dans son regard et le ton serein dont elle usait qu’elle avait besoin de se confier et d’être écoutée. Mon silence et l’attention que je lui portais l’encouragèrent à continuer… : « Vouloir toujours me montrer impeccable aux yeux des autres pour me sentir considérée ou aimée a été la tâche herculéenne à laquelle je me suis attelée en vain ces dernières années. Je me rends maintenant compte que c’était une grande erreur d’autant plus que c’est une entreprise aussi irréalisable qu’ubuesque et surtout extrêmement lassante. J’étais souvent à la merci de concessions, de compromissions et de reniements. Par conséquent, j’étais souvent obligée de nager à contre-courant de ma conscience, de fouler du pied mes principes – si tant est que j’en disposais…Je vivais au-dessus de mes moyens pour être dans l’ère du temps et me sentir à l’aise dans les milieux que je fréquentais. Autrement, j’aurais eu honte de moi et aurais ressenti un certain complexe vis-à-vis des autres. Je mettais tout dans mon apparence. Elle comptait pour moi plus que mon comportement… J’étais alors prête à toutes les folies pour attirer toutes les attentions sur moi : des habits chers et chics au téléphone portable dernier cri et aux cheveux naturels, en passant par toutes sortes de matériel tape-à-l’œil.
À cause des mes nombreuses dépenses extravagantes et souvent inutiles, je suis aujourd’hui criblée de dettes et j’ai honte de sortir souvent de chez moi pendant la journée de peur de rencontrer un de mes nombreux créanciers. Tant que mon travail marchait à merveille, je ne me remettais jamais en question et dépensais souvent sans compter. Je me disais aussi toujours que ceux qui critiquaient mon comportement dans le quartier étaient juste jaloux de ma beauté et de mon matériel que je n’hésitais pas à exhiber. Maintenant que je dispose de beaucoup de temps pour réfléchir sur mon sort et sur ma vie en général – car étant au chômage depuis un certain temps -, mes faux ami(e)s que j’ai rencontré(e)s dans les milieux huppés que je fréquentais m’ont tourné le dos et je ne sais pas où aller pour régler mes problèmes d’argent ou surtout faire part de ce que je ressens. Heureusement, tu es là. Tu sais que je t’aime, car je te considère comme ma petite sœur. De plus, outre nos discussions sincères et ta grande ouverture d’esprit, tu es l’une des rares personnes avec qui j’ai affaire dans le quartier. Après cet instant-là, elle donna l’air d’être essoufflée. Elle se racla la gorge puis continua à parler sur le même ton.
« Petite sœur, reprit-elle, il faut aussi le reconnaitre, je m’étais liée d’amitié avec certaines personnes juste parce qu’elles sont célèbres et sont très en vue dans les milieux mondains. D’ailleurs, c’est moi même qui faisais les premiers pas, voire forçais nos relations. Après une réflexion sans aucune complaisance sur ma situation présente et sur mes nombreuses erreurs passées, je me rends maintenant compte que je souffrais d’un manque de caractère et d’estime de soi. Je réagissais plus que je n’agissais : je prenais rarement mes propres initiatives parce que mes actions étaient souvent définies par rapport à celles des autres si elles n’étaient pas calquées sur elles. J’ai maintenant l’impression d’avoir été comme une feuille morte ballotée au gré des vents. Je donnais plus d’importance à ce que les gens disaient et pensaient de moi qu’à ma propre opinion sur moi. Quand il y avait de nouvelles expressions à la mode, je les ânonnais sans savoir forcément ce qu’elles signifiaient. Toutefois j’ai été certes victime du paraître, mais la société m’y a beaucoup encouragée. Il ne faut pas le nier notre Sénégal a beaucoup changé. Elle est devenue très matérialiste. Les gens sont de plus en plus jugés d’après ce qu’ils ont, mais rarement sur ce qu’ils sont. Du coup, les bonnes valeurs se dissipent et de nombreuses personnes font étalage de leurs richesses – réelles ou supposées – pour se sentir aimées et socialement considérées. Je suis maintenant consciente de beaucoup de choses. Mais c’est un peu trop tard, car j’ai bousillé pas mal d’argent et beaucoup de temps dans des futilités et je commence à prendre de l’âge. Je vais te donner quelques conseils vu que tu es encore jeune: il ne faut jamais forcer l’amour et l’estime des autres. Ils doivent te venir naturellement. Si tu dois être aimée, il faut que tu le sois comme tu es, c’est à dire avec tes qualités et défauts puisque nul n’est parfait. Sois aussi droite dans tes principes parce qu’à vouloir essayer de contenter ou de plaire à tout le monde, on tombe souvent dans l’hypocrisie et dans d’interminables concessions. Mets-toi aussi en tête que ce qui fait qu’une personne soit meilleure qu’une autre, ce n’est pas tant les biens qu’elle expose que la bonté que reflètent ses actes et qu’elle cultive intérieurement…Comme le dit l’adage wolof : « Nit li muy gënne moroomam, buy sangu du ko summi. » Aie confiance en toi sans toutefois toujours douter des autres, c’est aussi très important. Réfléchis bien sur cette Rita Mae Brown que j’ai fait mienne depuis quelque temps: « Tout ce que tu peux faire dans la vie, c’est être toi-même. Certains t’aimeront pour qui tu es. La plupart t’aimeront pour les services que tu peux leur rendre, d’autres ne t’aimeront pas. » Voilà ce que j’avais à te dire petite soeur. »
Après ces mots, il y eut un silence de quelques minutes que j’interrompis. On reprit alors la discussion en parlant de la pluie et du beau pendant une demi-heure avant que ma « grande sœur » ne se levât afin de rentrer chez elle. Après son départ, j’étais triste pour elle, mais désormais consciente de beaucoup de choses.
Par Yatma DIEYE
L’HOMME DE PAILLE
Quand les frères, la femme, l’oncle et même le cousin s’en donnent à cœur joie sur l’argent du peuple, c’est le comble de l’ignominie et de la crapulerie… Belle famille !
Depuis bientôt un mois que le scandale PetroTim a été remis au jour par la BBC, il ne se passe pas un jour sans que cette affaire n’ait occupé le devant de l’actualité. Aucune affaire n’a autant tenu en haleine les Sénégalais. Cela signifie qu’elle revêt une extrême gravité ; les gens sont habitués à des détournements, des malversations plus ou moins importants mais un pareil montant (six mille milliards !) dépasse l’entendement ; c’est dire le manque de patriotisme et la cupidité sans bornes de telles personnes, issues d’on ne sait où. Comment peut-on sans sourciller et sans retenue, détourner l’argent d’un pays pauvre très endetté où les gens vivent pour la plupart sans ressources connues ?
Dans cette affaire, le principal protagoniste n’est pas celui qu’on pense. Quand cessera-t-on de nous prendre pour des demeurés ? Ordonner une enquête et sept ans après, prétendre qu’on n’a pas reçu les résultats ? A d’autres ! Cette enquête a d’ailleurs fait l’objet d’un véritable imbroglio chez les tenants du pouvoir ; tantôt elle n’a jamais existé, tantôt elle n’est pas le résultat d’une lettre de mission ; comprenne qui pourra ! Et les bourdes de se multiplier ; mais cela ne doit étonner personne : sans aucune reconnaissance envers le peuple sénégalais, ils lui ont fait trop de mal; Dieu leur montre ainsi qu’il n’aime point le mensonge. Si l’homme s’en était tenu à sa première déclaration, à savoir qu’il ne nommerait jamais son frère par décret, cette histoire ne lui serait pas arrivée ; voilà ce qu’il en coûte de trahir sa parole. Quand les frères, la femme, l’oncle et même le cousin s’en donnent à cœur joie sur l’argent du peuple, c’est le comble de l’ignominie et de la crapulerie… Belle famille !
L’avenir de générations futures est en jeu et tout le monde est concerné. Je ne peux pas comprendre le tollé soulevé par le retrait de cet imam du mouvement Aar li ñu bokk, on lui a assurément donné une importance qu’il n’a absolument pas ; on a parlé de fissure comme s’il s’agissait d’une perte immense ; je lui dis, comme l’adage : un de perdu, dix de retrouvés. La preuve, son départ n’a pas empêché la manifestation suivante de mieux réussir. Aucun de ses arguments avancés ne tient la route. S’il fallait raisonner comme lui et renoncer à chaque fois qu’un droit constitutionnel nous est refusé, nous n’aurions jamais obtenu ces acquis.
Yatma Dieye est professeur d’anglais, Rufisque
Par Mohamed DIA
COMMENT BP ET KOSMOS VONT CONTOURNER LE CODE PETROLIER
Pour éviter de payer des impôts, les multinationales et le secteur des ressources naturelles recourent à de nombreuses tactiques. Pendant la négociation des contrats, ces géants utilisent leur pouvoir de négociation, des clauses contractuelles
Le Sénégal ne doit pas faire partie de ces pays dont le sous-sol est riche et la population très pauvre.
L’article 286 du Code général des Impôts a été changé et nous dit dorénavant, que l’exonération de 3 ans qui commençait à la date de délivrance du permis d’exploitation a été changée pour commencer 3 ans à compter de la première année de production. Le Sénégal dispose du gaz de qualité, et changer ce code pour être concurrentiel n’est pas trop sensé vu que les géants pétroliers et gaziers ne calculent que leurs intérêts, donc c’est à nous aussi de mettre l’intérêt de notre nation avant celui des multinationales.
Ces derniers jours, nous avons constaté beaucoup de sorties, disant que le Sénégal pourrait avoir jusqu’à 50 %, voire même 60 % du pétrole et ou du gaz. Selon nos codes, cette assertion peut sembler vraie, cependant, ce que nous oublions, c’est que nous ne contrôlons qu’une partie, et l’autre partie est contrôlée par ces géants pétroliers et gaziers. Certains parlent du rapport de l’IGE, d’autres parlent des pots-de-vin, je pense que le sujet le plus important est l’évasion fiscale de ces multinationales qui coûtent à l’Afrique des montants exorbitants. Pensezvous que le Sénégal sera épargné ? Selon l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), les pertes dérivées de ces évasions peuvent dépasser 50 milliards de dollars. Ce montant est supérieur à l’aide au développement accordée à l’Afrique. Pendant ce temps, la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique estime le montant à 100 milliards de dollars. Quoiqu’il en soit, l’Afrique est en train d’être exploitée sous le regard complice de ses leaders. Pour éviter de payer des impôts, les multinationales et le secteur des ressources naturelles recourent à de nombreuses tactiques. Pendant la négociation des contrats, ces géants utilisent leur pouvoir de négociation, des clauses contractuelles pas très maîtrisées par nos leaders et surtout la corruption pour pouvoir être exemptées de certains impôts, que ce soit pour une longue durée ou dans certains cas pour une durée indéterminée. Ces géants sont prêts à ne pas payer des impôts dans leur pays d’origine, encore moins en Afrique. En 2013, le géant pétrolier Total, qui avait fait un bénéfice net ajusté de 10,8 milliards d’euros au niveau mondial, n’a pas payé d’impôts sur les sociétés en France durant cette même année. La raison évoquée, n’est autre que ses activités dans l’Hexagone étaient déficitaires. Si Total est en mesure de faire cela en France, que pensez-vous que Total, BP, Kosmos et autres feront au Sénégal ?
Dans l’article 43 de code pétrolier Article. 43. De l’impôt sur les sociétés : le titulaire de contrat pétrolier ainsi que les entreprises qui lui sont associées dans le cadre de protocoles ou d’accords sont soumis sur les sociétés tel que prévu par le Code général des Impôts. Cependant, plusieurs moyens sont utilisés par ces géants pour ne pas payer les impôts. Dans les pays développés, notamment aux Etats-Unis, ces sociétés pétrolières et gazières ont la possibilité de reporter les paiements d’impôts. C’est ainsi qu’en 2014, suite à un rapport publié par Taxpayers, on y note que les 20 plus grandes sociétés pétrolières et gazières ont différé leurs paiements, allant jusqu’à la moitié de leurs impôts fédéraux sur le revenu. Ces sociétés peuvent aussi déduire une partie de leurs revenus grâce à une disposition fiscale connus sous « déduction par épuisement». Une autre astuce pour ne pas payer les impôts est ce qu’on appelle les prix de transfert erronés. La compagnie vent le produit extrait à une filiale située dans un paradis fiscal à un prix largement inférieur au prix du marché. Cela lui permettra de réaliser peu de bénéfices dans le pays où le produit est extrait et conséquemment, de ne payer peu ou pas d’impôts du tout. Ces entreprises sont pour la plupart domiciliées dans ces paradis fiscaux pour des raisons fiscales. Cette astuce sera utilisée pour contrecarrer la Sous-section 3. Lieu d’imposition et l’article 35.1 du code: l’impôt est établi au nom de chaque société pour l’ensemble de ses activités imposables au Sénégal, au siège social ou, à défaut, au lieu du principal établissement.
Dans la Sous-section 4 du code de l’impôt Article 36 : le taux de l’impôt sur les sociétés est fixé à 30 % du bénéfice imposable. Toute fraction du bénéfice imposable inférieure à mille francs est négligée. L’autre astuce utilisée pour contourner l’article 36 est la double imposition qui peut servir à éviter de payer les impôts. La société choisit le pays où elle sera imposée, soit dans le pays où se trouve son siège social ou dans le pays où elle réalise ses bénéfices. Le but est d’éviter d’être taxé deux fois. La plupart des contrats dans les pays africains ont cette clause et souvent ces entreprises reçoivent la garantie de la part des leaders africains, de se soumettre à la loi désirée. Ces entreprises vont souvent dans les paradis fiscaux, comme les iles Caïmans ou aux Bermudes pour tirer profit de cette non-imposition. Disons que le Sénégal et l’Australie ont une convention fiscale, BP va en Australie pour y créer une filiale et l’argent gagné au Sénégal est envoyé en Australie. Vu que le taux d’imposition est de 0 %, l’argent que BP a gagné au Sénégal pourrait être versé dans la filiale d’Australie sans déduction. Savez-vous combien de milliards de dollars l’Afrique perd par année à cause de cette tactique ?
Prenons l’exemple sur Kosmos, cette compagnie a été constituée aux Bermudes sous le nom de Kosmos Energy Ltd en 2011 pour devenir une filiale de Kosmos Energy Holdings. Cette dernière a été créée en 2004 en tant que société exemptée, conformément à la législation des iles Caïmans. La loi de 1966 des Bermudes a donné à Kosmos ainsi qu’aux autres géants sur son sol, l’assurance que même si une loi est promulguée qui imposerait un impôt sur les bénéfices ou le revenu, que cette imposition ne sera pas applicable à ces entreprises, leurs activités, leurs actions et leurs obligations jusqu’en 2035.
En regardant le tableau des faits financiers, on voit qu’entre 2015 et 2017 que le Net loss (perte Nette) de Kosmos a accru d’une manière extraordinaire, de 69 836 000 dollars à 283 780 000 dollars avant de descendre un peu à 222 792 000 dollars. Si on se base sur ces chiffres, cette entreprise n’a pas réalisé de bénéfices, donc ne peut pas être imposée. Ces entreprises peuvent aussi faire appel à leur inventaire qui est défini comme la quantité et la valeur des articles en stock. Il comprend entre autres les matières premières en attente ou en cours de production. Dans leur cas ainsi que BP, il s’agit des gisements de gaz non encore exploités. Ce qu’elles peuvent faire, c’est surévalué le stock pour affecter le revenu en surestimant les gains de la période comptable. L’autre manière d’économiser en montrant que l’entreprise a fait une perte est d’offrir aux dirigeants la possibilité d’acheter des actions à un prix inférieur. L’autre manière d’économiser en montrant que l’entreprise a fait une perte est d’offrir aux dirigeants la possibilité d’acheter des actions à un prix inférieur.
Pour éviter que les grandes entreprises constituées dans des pays étrangers ne bénéficient d’exonérations fiscales, le congrès des Etats-Unis a adopté une législation qui reformerait les lois fiscales, pour qu’elles s’appliquent à certaines entreprises qui se réfugient dans les pays étrangers, mais qui ont un bureau aux Etats-Unis. Ces niches fiscales ont été bouchées, car ce sont des milliers de dollars en impôts non recouvrés. Pourquoi ne pouvons-nous pas créer une loi qui puisse aussi nous protéger de ces évasions fiscales au Sénégal ?
Pour Kosmos, il faut noter que le taux d’imposition aux Etats-Unis a été d’environ 433 % pour l’exercice de 2017. À part les Etats-Unis, durant la même période, presque toutes les juridictions où Kosmos et d’autres géants mènent des activités, ont eu un taux d’imposition de 0 %. La première raison est que certains pays ont légalement permis d’opérer sans payer d’impôts, la seconde est la manipulation avec les chiffres pour monter qu’elles ont subi une perte. En regardant l’état financier de Kosmos durant les exercices de 2015, 2016 et 2017, il n’y a qu’aux Etats-Unis que Kosmos affiche un bénéfice. On remarque des pertes aux Bermudes et dans les pays étrangers. Cela ne peut pas être une coïncidence, d’autant que si vous remarquez, ils ont affiché une perte générale malgré les bénéfices affichés aux Etats-Unis.
Le Sénégal et les autres pays perdent beaucoup d’argent, malgré l’entrée relativement importante en argent. En 2017, aux Bermudes, Kosmos affiche une perte de $ 66 914 000, aux Etats-Unis, un bénéfice de $ 6 068 000, dans toutes les autres juridictions, une perte de $ 177 855 000. Au total, en 2017, Kosmos a affiché une perte de $ 117 855 000. Cette perte, est-elle réelle ou manipulée ?
Cela étant dit, tant que nous ne changeons pas et faisons comme les Etats-Unis, nous pouvons être sûr que ces multinationales ne paieront pas d’impôts au Sénégal. Nous nous en limiterons à la part de PETROSEN (10 %) et de quelques autres insignifiants avantages. Il est temps de dire trop, c’est trop, nous devons toujours mettre l’intérêt du Sénégal et des Sénégalais en avant dans toutes négociations, et ne pas être contraint de signer un contrat qui est à la faveur des multinationales. Le Sénégal ne doit pas faire partie de ces pays dont le sous-sol est riche et la population très pauvre. Décomplexons-nous et prenons les choses en main pour combattre la mortalité infantile, le chômage, la pauvreté, la précarité. Ces milliers de milliards que nous perdons au profit de ces multinationales sont une trahison envers toute une nation. Il n’est pas encore trop tard pour rectifier le coup vu que la production n’a pas encore commencé !
Au front pour réclamer la lumière dans l’affaire Petro-Tim, l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye a été pourtant acteur au début - Mais il estime que cela ne fait pas pour autant de lui un complice dans le scandale
Au front pour réclamer la lumière dans l’affaire Petro-Tim, l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye a été pourtant acteur au début. Mais il estime que cela ne fait pas pour autant de lui un complice dans le scandale soulevé par la Bbc. Dans cet entretien accordé à «L’As», l’ex-Premier ministre soutient qu’il a été berné par le faux rapport de présentation du ministre de l’Energie d’alors, Aly Ngouille Ndiaye. Favorable à l’ouverture d’une enquête afin de situer les responsabilités des uns et des autres, il considère qu’il existe des indices susceptibles de prouver l’implication du Président Macky Sall dans cette affaire de corruption. La cacophonie au sommet de l’Etat démontre, de l’avis de Abdoul Mbaye, qu’on est dans le gros mensonge. Il demande la déclassification du rapport de l’IGE sa publication devant le corps diplomatique comme l’avait fait Macky Sall dans le cadre des chantiers de Thiès.
Vous réclamez, aux côtés de «Aar Li Nu book», la lumière dans l’octroi des contrats pétroliers et gaziers à Petro-Tim. Ne craignez-vous pas que ce dossier soit vite oublié par les Sénégalais ?
Abdoul Mbaye : Il faut reconnaitre que les Sénégalais ont la mémoire un peu courte, mais il s’agit cette fois-ci d’une affaire qui a atteint une dimension internationale. C’est aussi la plus grosse affaire de corruption que notre pays ait connue depuis 1960. Très sincèrement, je pense qu’il sera très difficile d’empêcher les Sénégalais de lutter pour l’éclatement de la vérité et de tenter d’étouffer l’affaire comme on l’a fait par exemple avec le rapport de l’Inspection générale d’Etat (IGE) depuis 2012. C’est ma conviction. Nous sommes face à un scandale d’une telle importance qu’il sera impossible de l’oublier aussi facilement.
Le chargé de communication de la Présidence, El hadji Kassé, a fait une sortie qui remet en cause les déclarations de Aliou Sall. Comment appréciez-vous cette cacophonie ?
Il ne faut pas se limiter uniquement à la sortie de M .Kassé. Il y a quand même des choses particulièrement troublantes qui constituent des indices susceptibles de prouver que le Président Macky Sall est directement concerné par cette affaire de corruption. Car, très vite, il en a fait une affaire d’Etat et a fait intervenir rapidement le porte-parole du Gouvernement pour tenter de rétablir la vérité avec des oublis incroyables que notre parti a dénoncés dans le cadre d’un contre-mémoire. Ce n’est pas la seule erreur de communication. Il est extrêmement difficile de communiquer sur du mensonge.
L’autre erreur de M. Kassé a été de dire que le rapport n’existe pas et pourtant il a été publié. Il revient pour dire que le rapport existe, mais il n’est pas reçu par le président de la République, sept ans après. Qui peut croire à cela ? Ce même El Hadji Hamidou Kassé est quand même le Monsieur communicant de la présidence de la République qui intervient pour contredire Aliou Sall et dire que les 250 000 dollars ont été bien versés, mais que cette fois-ci pour une activité de consultation en agriculture. Cela fait rigoler et démontre simplement qu’ils ne savent plus où donner de la tête et qu’on est dans le gros mensonge. Et à chaque fois qu’il y en aura, on s’approchera de la vérité. D’abord, le concerné Aliou Sall a dit qu’il n’a rien reçu. Il revient ensuite pour dire que même s’il a reçu, cela se justifie avant que n’intervienne ElHadji Kassé pour dire qu’il a bien reçu de l’argent de la part de Frank Timis, mais pour une question agricole. Vous voyez là qu’ils ont reconnu les 25 000 dollars de salaire par mois. Il faut que les journalistes sénégalais soient attentifs et constatent que dans le reportage de la BBC, il y a été fait mention de 1.500.000 dollars sous forme d’actions dans les sociétés pétrolières de Frank Timis.
Ce point est extrêmement grave. Cela veut dire que l’homme d’affaire roumain a soumis un intéressement par action dans les sociétés pétrolières concernées sous réserve de disposer de la signature du président de la République. C’est ce qu’on appelle non seulement un conflit d’intérêt, mais également de la corruption accompagnée de la complicité du président de la République.
Est-ce que le Président Macky Sall n’a pas été induit en erreur ….
Aly Ngouille Ndiaye a présenté un faux rapport de présentation des projets de décrets qui ont validé les contrats de recherche de partage et de production. Je m’interroge même sur les raisons pour lesquelles Macky Sall tarde à répondre à la lettre que je lui avais adressée en 2016. Ce faux rapport a été signé par Aly Ngouille Ndiaye qui, peut-être, a été trompé par ses services. Seules des enquêtes bien faites peuvent montrer cela. Mais elles sont bloquées depuis 2012.
Donc, Aly Ngouille Ndiaye a une énorme part de responsabilité dans cette affaire ?
J’ai écrit une lettre officielle au président de la République dans laquelle j’ai dit: «Monsieur le Président vous et moi avons été trompés par un faux rapport de présentation de décrets». Le président de la République n’a pas répondu jusqu’à présent. Et c’est son ministre de l’Intérieur qui, devant la presse, dit que moi Abdoul Mbaye j’étais au courant. Mais de quoi suis-je au courant ? Cela veut dire qu’il reconnaît qu’il y a du faux. Il faut que les gens reconnaissent d’abord qu’il y a du vrai ou du faux. Jusque-là rien n’a été fait. Ce qui est extrêmement grave. Vous les journalistes, vous devez demander au ministre de l’Intérieur et à son patron ce qu’en est-il réellement. Moi, je pense que le président de la République est au courant depuis 2012. S’il dit qu’il n’a pas reçu ma lettre, c’est faux. Le Premier ministre d’alors, Mahammad Boun Abdallah Dionne, en avait parlé, mais pourquoi le Président n’a pas déclenché une enquête en ce moment-là. Ce qui est incroyable, c’est que pendant trois ans, il n’a pas ordonné une enquête sur le faux document de présentation des décrets. Et lorsque le trafiquant de faux médicaments a été gracié parce qu’il a été trompé par une fausse information, il a demande une enquête.
Aujourd’hui, les gens ont du mal à comprendre votre démarche. Pourquoi, vous n’avez vérifié avant de signer ?
Il y a deux choses que les gens doivent savoir. Moi, je ne refuse pas l’ouverture d’une enquête et la recherche de ma responsabilité dans cette affaire. Je veux que tout le monde (à savoir Aly Ngouille Ndiaye et le président de la République) fasse comme moi. Quand on contresigne un décret présidentiel, cela veut dire qu’on prend en charge l’ordre donné par le chef de l’Etat. Cela ne veut pas dire qu’on cautionne ou qu’on analyse l’ordre donné par ce dernier . On est là pour exécuter des ordres de son supérieur hiérarchique. Mais un ministre qui présente son rapport de présentation est responsable du contenu du rapport et de l’étude du dossier. Quand il donne une information et qu’il avance que ce qu’il dit est conforme à la loi et à la règlementation, cela veut dire que ce qui est écrit dans le rapport de présentation est vrai.
Mais quand il soumet son rapport au président de la République qui va prendre l’ordre, là sa responsabilité est engagée y compris celle pénale. Mais, si les Sénégalais ne perçoivent pas cela de cette manière, c’est parce qu’ils ne connaissent pas le droit public. Que la Justice s’en charge, c’est ce que je réclame depuis trois ans. Parmi les trois (Aly Ngouille Ndiaye, Macky Sall, Abdoul Mbaye, Ndlr), il y a deux signatures engageantes à savoir celles du ministre qui présente le rapport, du Président qui en donne l’ordre et du Premier ministre qui contresigne. Moi j’ai contresigné, et maintenant je dis que c’est faux, je ne vais pas taire la vérité. Ce n’est pas mon rôle de vérifier. Par exemple, quand le ministre de l’Energie, Thierno Alassane Sall a démissionné, le Premier ministre ne pouvait pas signer le rapport qui donne le permis d’exploitation à Total. Il a fallu qu’il soit nommé ministre de l’Energie pour le faire, parce que c’est ce dernier qui est compétent, mais pas le Premier ministre.
Avez-vous espoir que la vérité sera connue, puisque le procureur a lancé un appel à témoins ?
Je ne fais pas confiance à cette personne, surtout que je subis une persécution de la justice depuis quelques années. L’important, c’est de mettre à sa disposition la vérité et de faire savoir au peuple qu’on l’a fait. Et le peuple jugera ce qui va suivre.
Que pensez-vous de l’enquête sur la fuite du rapport de l’IGE?
Ce n’est pas sérieux du tout. Tout cela contribue à montrer leurs faiblesses. Quand un rapport contient des affaires aussi graves, au lieu de vous intéresser à la gravité de son contenu, vous vous en prenez aux lanceurs d’alerte, ceux qui ont fait fuiter le rapport. Lorsqu’il s’est agi d’un autre rapport comme l’affaire Khalifa Sall, il a été vu. Mais puisqu’il s’agit d’un autre Sall, on refuse de voir. Le président de la République a prêté serment devant Dieu et le peuple sénégalais de respecter la loi et de faire observer la loi. Et là, il a signé un décret qui viole la loi dans le but de servir les intérêts de son frère et d’autres qu’on ne connaît pas encore. Il a violé la loi et fait violer la loi. Cela s’appelle de la haute trahison.
C’est l’ancienne patronne de l’IGE, Nafi Ngom Keita qui est soupçonnée d’être à l’origine de la fuite du rapport de l’Ige sur Petro-Tim….
Je ne sais pas pourquoi ils en veulent à cette dame. Mais, la connaissant comme une vraie professionnelle, elle a eu, sans doute, à échanger avec le président de la République sur le rapport. Je fais aussi une relation entre le scandale Petro-tim et Nafi Ngom Keita qui a vu son mandat à la tête de l’Ofnac écourté, car elle enquêtait sur cette affaire. Dans un pays où on s’en prend, malgré la gravité des faits, à celui qui aurait aidé à la révélation de la vérité, plutôt qu’aux fauteurs du scandale, il faut en pleurer. Cela veut dire que Macky Sall n’est plus capable de gouverner ce pays. Je considère que les deux auteurs du rapport, Gallo Samb et Oumar Sarr, doivent être entendus par un jury d’honneur après avoir juré comme le président de la République.
Certains observateurs souhaitent que le rapport de l’IGE soit déclassifié. quelle est votre position par rapport à cette question?
C’est ce que nous avons toujours réclamé. Il faut déclassifier ce rapport et pousser Macky Sall à le lire comme il l’avait fait avec le rapport de l’IGE sur les chantiers de Thiès devant le corps diplomatique. Aujourd’hui, il n’y a plus de Premier ministre, c’est lui le chef de l’Exécutif qui doit le faire.
Comment la BBC est entrée en contact avec vous pour réaliser cette enquête qualifiée à charge contre Alioune Sall ?
Elle m’a contacté comme vous l’avez fait. Je ne ferme pas ma porte. J’ai accepté de recevoir la journaliste après qu’elle a décliné le sujet sur lequel on devait parler, à savoir l’affaire Pétro-tim
par Alassane Kitane
LES PREMIERS AGNEAUX DU SACRIFICE
C’est ignorer totalement le sens de la mobilisation des citoyens que de penser qu’on peut apaiser leur colère par une stratégie de sacrifices échelonnée dans le temps pour rendre immaculée une gestion qui ne le serait peut-être pas
« Les hommes droits et simples sont difficiles à tromper à cause de leur simplicité : les leurres, les prétextes raffinés ne leur en imposent point, ils ne sont pas assez fins pour être dupes. » Rousseau.
Ainsi donc Aliou Sall a démissionné de la CCD ! Mieux vaut tard que jamais serait-on tenté de dire. Il faut le féliciter quand-même d’avoir posé cet acte. Cependant ça ne saurait nous exonérer de notre devoir de nous interroger sur la question de savoir : à qui cette démission profite-t-elle et pourquoi maintenant ?
Il a fallu attendre que El Hadji Hamidou Kassé révèle l’existence d’une transaction entre BP et Agritrans pour que cette démission arrive enfin. On ne peut s’empêcher de s’interroger sur la chronologie de ces faits qu’il n’est pas inutile de rappeler ici. Au début on nous a fait croire à un rapport de 2016 ; ensuite ce n’était plus un rapport de 2016 que le président n’aurait pas encore reçu, mais plutôt d’un rapport (fictif) de 2012 qui n’existerait tout simplement pas ; finalement ce serait un rapport subtilisé par on ne sait quel serviteur (indélicat) de l’Etat que l’on promet de débusquer et de punir… Ce n’est pas tout : la même personne qui avait nié avec véhémence l’existence de ce rapport va en France sur un plateau de Télé très suivie en Afrique francophone et même partout dans le monde, donner la bonne « information », à savoir que la société Agritrans aurait été rémunérée par une consultance dans le domaine agricole.
Et le président ne serait nullement au courant des agissements de son conseiller qui, même après avoir été limogé, reste au palais (parce qu’il aurait été recyclé). Une telle révélation, nous dit-on, aurait surpris le président qui serait d’ailleurs très remonté contre son ministre conseiller… Et dans une synchronisation comparable à celle d’un récit mythique, on a presque le même jour le limogeage du ministre conseiller trop bavard et la démission du directeur de la CDD, monsieur Aliou Sall qui, il n’y a guère longtemps, affirmait qu’il ne démissionnerait point ! Le timing est quand même étonnamment bien chronométré. Tout cela fait penser à la synchronie qui avait rythmé l’affaire Jérôme Cahuzac en France. Mais peut-être que nous sommes juste trop soupçonneux, et qu’il n’y a rien de calculé dans tout ça.
En revanche, les derniers développements de cette affaire, nous révèlent l’état d’esprit de ceux qui nous gouvernent : soit ils avaient pris à la légère la gravité des faits suspectés, soit ils croyaient pouvoir duper les Sénégalais en niant des faits qui sont quand même constants, même s’ils ne prouvent pas, de façon définitive, leur culpabilité. Mais dans les deux cas, pourquoi cette absence de sérénité et de lecture correcte des faits dénoncés ? Ce qui est d’ailleurs plus étrange, c’est que nulle part dans la ligne de défense du régime, on ne les a vus apporter des réponses concrètes aux vraies questions soulevées : comment le président de la République pouvait-il ignorer le lien entre Aliou Sall et Petrotim (ce qui pose un problème simple de conflit d’intérêts) ? A quelle fin le président avait-il commandité une inspection de l’IGE sur l’attribution de ce permis d’exploration à Petrotim ? Comment expliquer le sort qui est réservé au rapport de l’IGE qui apparemment ne militait pas en faveur de l’octroi à cette société d’un permis d’exploration ? Et si, comme on l’a prétendu, un tel rapport n’aurait jamais existé, pourquoi un président qui a fouillé ciel et terre pour voir quelque chose dans la gestion de la mairie de Dakar (mais surtout qui a dépensé des milliards pour trouver l’argent qu’aurait détourné Karim) peut-il préférer rester aveugle, sourd et muet devant une affaire d’un enjeu aussi capital ? Il faut avouer que ça ne fait pas sens !
A supposer que tous ces événements qui arrivent aujourd’hui soient le fruit du hasard et que le gouvernement ne cherche nullement à cacher quelque chose, le bon sens voudrait au moins qu’on éclaire la lanterne des Sénégalais sur ces questions cruciales. On ne peut pas à priori affirmer que tous ces évènements sont le fruit d’une mise en scène, mais force est de constater qu’ils font suite à une cacophonie innommable au sommet de l’Etat, ce qui rend du coup légitime un soupçon d’un rituel machiavélique. Il se pourrait, en effet, que l’on soit en train de dérouler une stratégie de communication sur fond de propagande. Les régimes politiques, quels qu’ils soient, savent ressusciter, dans leur pratique d’opacité dans la gestion et de mythification du personnage principal, le rituel du sacrifice. Les actes posés par le ministre conseiller et le frère du président rappellent à tout point de vue l’esprit du sacrifice : rendre sacré quelque chose par un acte de don de soi ou de quelque chose de cher. Dans le but d’apaiser la colère des dieux, les peuples ont toujours consenti des sacrifices divers, allant des fruits au sacrifice suprême (la formule consacrée est pertinente) en passant par celui des animaux domestiques !
Selon les latinistes, sacrum facere (qui donne le mot sacrifice) c’est faire un acte sacré en vue de se rapprocher d’un dieu ou d’un esprit. Rapporté à l’actualité, le sacrifice renvoie à ces évènements synchronisés et qui semblent être destinés à l’opinion publique (nationale et internationale) dont la fureur ne cesse de grossir et de gronder. Il faut, à défaut d’étouffer la clameur populaire, apaiser, ne serait-ce que temporairement, la colère qui ne cesse de grandir. Cette affaire est d’une gravité telle, qu’il faudrait vraiment être insouciant pour la banaliser, car les enjeux ne sont pas seulement financiers et économiques : ils pourraient être carrément géostratégiques. Et ce, d’autant plus que c’est le gouvernement lui-même qui a été le premier à parler de forces étrangères désirant déstabiliser le pays (de telles allégations devraient aussi intéresser le procureur). Est-ce un lapsus ? Est-ce une stratégie de défense maladroite ? Dans tous les cas, une telle affirmation exprime un profond malaise dans le camp des accusés. Les Sénégalais peuvent et doivent certes avoir une présomption d’innocence pour les mis en cause, mais ils peuvent aussi faire des recoupements qui peuvent dangereusement mener jusqu’aux financements de la campagne électorale de 2012.
Ce régime fait assurément fausse route s’il pense que l’intransigeance des citoyens est purement mue par des préoccupations politiciennes. Si les Sénégalais sont si mobilisés et, à la limite passionnés, par cette affaire, ce n’est pas seulement parce qu’elle concerne dix milliards de dollars : ce que les citoyens veulent, c’est que cette affaire permette, par la façon dont elle sera tirée au clair par la justice, de régler une bonne fois pour toutes cette gangrène qu’est la corruption de nos élites. Ce n’est pas forcément dirigé contre l’actuel gouvernement : il s’agit de profiter de cette affaire pour que, dans l’avenir, les pratiques suspectées ne puissent plus se produire dans notre pays. C’est par conséquent ignorer totalement le sens de la mobilisation des citoyens que de penser qu’on peut apaiser leur colère par une stratégie de sacrifices échelonnée dans le temps (car la saga ne fait que commencer) pour rendre immaculée une gestion qui ne le serait peut-être pas. Car à force de sacrifier, on risque d’épuiser son grenier et son troupeau de « bêtes » de sacrifice : il ne restera plus alors que son propre corps qu’on ne saurait sacrifier sans s’anéantir.
Il faut, pour conclure, rappeler cette belle formule de Rousseau « La paix, l’union, l’égalité, sont ennemies des subtilités politiques ». S’inspirant de cette vérité, la seule chose qu’on pourrait demander aux autorités concernant cette affaire, c’est de ne pas complexifier une chose qui ne l’est point : nous ne discutons pas de science ou de technique du pétrole, nous parlons de bonne gouvernance sur une affaire de pétrole. Est-ce vraiment outrepasser notre statut de citoyens ?
Par Abdou Karim DIARRA
ALIOU SALL, UNE DÉMISSION SALUTAIRE
Alors Aliou Sall met désormais à l’aise son grand-frère de président, mais aussi au camp présidentiel qui a montré une fébrilité insoupçonnée jusqu’ici. Cette affaire a révélé la faiblesse de la réponse gouvernementale qui a été malencontreuse
Avouons-le. La démission d’Aliou Sall de la direction de la très liquide Caisse des dépôts et consignations est salutaire. Elle est même très salutaire. Pour plusieurs raisons. Mais avant d’évoquer celles-ci, il est important d’apprécier l’acte dans son sens premier. Entre être limogé ou démissionner, il y a une grande différence. Le limogeage intègre une dimension de contrainte puisqu’il est imposé à la personne concernée par le supérieur hiérarchique ou le détenteur de l’acte de nomination.
Dans le présent cas, celui de nommer qui a le pouvoir de nommer aux actes civils et militaires — et donc de limoger — n’est autre que le président de la République qui avait nommé son frère à ce poste tellement envié. En démocratie et dans un Etat de droit, pour ne pas dire dans les démocraties modernes, le limogeage d’un ministre ou d’un haut fonctionnaire de l’Etat mouillé dans un scandale par un président de la République procède non seulement d’un acte dicté par l’éthique mais aussi d’une volonté de sauvegarder l’image du régime en question. Mais lorsque le mis en cause prend sur lui de démissionner, l’acte posé prend une autre dimension. Aliou Sall a alors préféré démissionner plutôt que d’être limogé par son grand-frère. Nous utilisons le terme grand-frère à la place de président de la République du fait que ce dont il est question au Sénégal ces dernières semaines c’est d’accusations de mainmise d’une famille, celle du président de la République, sur les ressources pétrolières et gazières appartenant au peuple sénégalais.
La posture du frère au centre de la gestion de ces hydrocarbures a amplifié la rancœur mais surtout l’exigence de transparence réclamée par les populations. Autant dire que si le principal protagoniste, en tout cas l’un des acteurs de ce « scandale à 10 milliards de dollars » n’ »tait pas le propre frère du président de la République, cette affaire n’aurait pas pris l’ampleur qu’elle a eue.
C’est dire que le président Macky Sall, en commettant l’imprudence d’associer sa famille élargie jusqu’à des niveaux élevés de gestion de son pouvoir — et des ressources naturelles de ce pays ! — n’a pas tiré l’exemple de l’échec cuisant de son prédécesseur Me Abdoulaye Wade dans sa tentative de dévolution monarchique pour son fils Karim. Laquelle était passée par la concentration d’importants pouvoirs sous forme de ministères clefs entre les mains de son fils. Une autre considération à apprécier dans le geste de Aliou Sall, c’est qu’il entre dans l’histoire de la culture de démission qui est un acte très rare chez nos dirigeants rattrapés ou impliqués dans des scandales. Pour retrouver un autre geste similaire, il faut remonter à Mamadou Seck, l’ancien président de l’Assemblée nationale qui, bien avant d’occuper le Perchoir, avait démissionné de son poste de ministre de l’Economie et des Finances le 23 mai 2001.
En homme digne, l’ancien maire de Mbao, qui venait juste d’être nommé argentier de l’Etat, avait été accusé de blanchiment dans une affaire qui avait opposé le Commissariat à l’aide alimentaire de l’époque à la Société de manutention et de transit (Somicoa dont il fut le directeur général en 1985) Le président Mamadou Seck nous recevant dans son bureau s’enquit de notre opinion sur son geste qu’il posera sans aviser ni le Premier ministre à l’époque Mame Madior Boye, ni le président de la République. Mamadou Seck par un tel procédé cherchait à éviter tout blocage de sa démission par le président de la République. Il avait déclaré à l’époque vouloir mettre à l’aise le gouvernement parce que c’est « une affaire qui risque de ternir mon image et celle du gouvernement. Il m’est apparu sur la base de l’idée que je me fais de la fonction de ministre, qu’il était nécessaire que je démissionne ». Il se mettra à la disposition de la justice pour être réhabilité. Il reviendra au sein du gouvernement de Me Wade avant de terminer président de l’Assemblée National. Mamadou Seck venait d’entrer dans l’histoire politique du Sénégal. En attendant. Aliou Sall pourrait y prétendre un jour si les faits qui lui sont reprochés seront rejetés par la justice…
Pour le moment nous disions que son geste de démissionner de la CDC est salutaire pour plusieurs raisons. D’abord, les révélations de BBC sur un supposé scandale à 10 milliards de dollars a fini de plonger notre pays dans une situation de confrontation inédite. La cohésion sociale est aujourd’hui mise à rudes épreuves puisqu’une fracture profonde est en train de se dessiner entre le camp présidentiel et le reste de la population comprenant la société civile, les partis de l’opposition, mais surtout des citoyens simples. Cette synergie dynamique d’un peuple révolté pourrait déboucher sur une remise en cause de la récente victoire du président Macky Sall lors de la présidentielle de février dernier. Il faut rappeler que plus de 41% des Sénégalais n’avaient pas voté pour Macky Sall. Alors entre temps et surtout l’éclatement de cette affaire, on peut sans risque dire que ce chiffre pourrait facilement augmenter, ce qui veut dire que sociologiquement le chef de l’Etat aurait perdu sa majorité. Si le vote devait se tenir actuellement, nul ne penserait que Macky Sall pourrait obtenir encore son chiffre de 58,27% qui lui avait permis d’être réélu au 1er tour.
Ensuite l’acte d’Aliou Sall est salutaire pour Macky Sall puisqu’il le met à l’aise au sein de l’opinion nationale et internationale. Il lui était largement loisible de limoger son frère puisque c’est lui qui l’a nommé. Mais un tel geste venant de sa part ne saurait faire taire la réclamation de la transparence par les populations dans ce dossier. Certes cela aurait pu signifier des gages de donner une chance à l’éclatement de la vérité, mais il donnerait l’impression d’une conduite dictée par l’élan populaire de contestation. Alors Aliou Sall met désormais à l’aise son grand-frère de président, mais aussi au camp présidentiel qui a montré une fébrilité insoupçonnée jusqu’ici. Cette affaire a révélé la faiblesse de la réponse gouvernementale qui a été malencontreuse, cahoteuse. Enfin l’acte d’Aliou Sall va sauver le dialogue national surtout sur son pendant politique. Beaucoup d’acteurs politiques avaient clairement indiqué qu’ils allaient poser le préalable à la continuité du dialogue politique au niveau de l’ordre du jour, la question de la gestion des ressources naturelles.
Une manière insidieuse de provoquer un blocage du dialogue qui pourrait alors filer tout droit vers un échec cuisant. La démission d’Aliou Sall ne saurait plus être source de blocage. Dans ce même sillage, il est clair que le mouvement Aar Li Nu Bokk devrait aussi réorienter sa stratégie qui devrait plus s’inscrire dans une sentinelle de pression plus vers la justice que vers le camp présidentiel. Certes, le mouvement a minimisé l’acté posé par le maire de Guédiawaye, il préconise à juste titre la continuation de la mobilisation parce qu’à leur niveau, la question de la gestion des ressources naturelles dépasse largement le cadre de la seule personne d’Aliou Sall. C’est tout un système qu’il faut combattre. Surtout que la démarche de saisine de la justice à travers le procureur Serigne Bassirou Guèye laisse perplexe la majorité du peuple qui ne peut avoir la confiance requise à une magistrature qui n’a pas encore montré la conduite voulue par le peuple dans nombre de dossiers impliquant la famille du président et son entourage. Mais nous restons convaincus que le geste d’Aliou Sall peut participer à faire descendre une tension devenue dangereuse pour l’équilibre de notre pays.
MACKY SALL PRONE LA CREATION DE CHAMPIONS NATIONAUX
Les Africains “ne pourront’’ profiter de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) que si les Etats bâtissent des champions nationaux, régionaux ou sous-régionaux.
C’est ce qu’a soutenu le président de la République, Macky Sall, hier, lors de la cérémonie d’ouverture du forum régional du commerce pour l’Afrique de l’Ouest et du centre, qui se tient à Dakar du 24 au 25 juin.
Le développement du continent africain se doit, selon le chef de l’Etat, d’être à un “niveau jamais égalé’’. Macky Sall, qui présidait, hier à Dakar, la cérémonie d’ouverture du forum régional du commerce pour l’Afrique de l’Ouest et du centre, rappelle que l’Afrique a été souvent qualifiée par des superlatifs “peu flatteurs’’. “On peut, aujourd’hui, se féliciter d’avoir mis en place les jalons majeurs dans cet espace commercial intégré à l’échelle du continent. (…) Il est clair que les Africains ne pourront profiter de cette zone que si nous ne bâtissons des champions nationaux, régionaux ou sous-régionaux. L’étroitesse de nos marchés, la qualité de notre industrie, sont telles que si nous voulons que cette zone profite à l’Afrique, il nous faut porter ces champions nationaux du privé africain. Et les Etats devront aider dans cette perspective’’, déclare le Président sénégalais. Par rapport aux Petites et moyennes entreprises (Pme) qu’il considère comme les “socles par excellence’’ des filets sociaux dans les pays africains, le Président Sall pense qu’elles doivent recevoir une “attention spéciale’’. Ceci, dans le cadre de la promotion des exportations intra-africaines, à même de générer une plateforme d’éclosion des talents et d’expansion pour les opérateurs économiques de l’Afrique.
Et pour la réussite de la mise en œuvre du marché commun, Macky Sall estime qu’il urge d’opérer des ruptures. D’abord au niveau des Etats, ensuite des Communautés économiques régionales et enfin du continent. “Pour ce qui concerne les Etats, nous devons poursuivre les réformes pour la dématérialisation des procédures. Il faut travailler à renforcer les infrastructures de communication. Si on n’a pas de chemins de fer, les ports ne fonctionnent pas, les frontières ne sont pas fluidifiées, ce sont là des défis à notre portée. Avec la Zlecaf, il faudra changer le paradigme et ancrer résolument les activités économiques et leur régime de régulation vers des standards de compétitivité’’, renchérit-t-il. Le chef de l’Etat sénégalais signale que l’objectif consiste à faire de la Zlecaf, un “puissant vecteur’’ d’intégration économique, politique, conformément à la vision de l’agenda 20-63 de l’Union africaine (Ua). “Vaincre les barrières tarifaires et non tarifaires est un défi à notre portée.
Le lancement de la Zlec constitue un saut qualitatif et une nouvelle dynamique apportée à l’intégration africaine, notamment, par la prise en charge effective des aspirations et des attentes de nos populations, en particulier, les jeunes et les femmes. Tous ces acteurs souhaitent ardemment être au cœur des processus qui engagent leur destinée. La Zlec ne sera une réalité que si elle est portée par les Africains, dans un élan consensuel’’, fait-il savoir. A côté des couches sociales, le Président Sall admet qu’il y a les acteurs privés africains qui sont également “incontournables’’ dans ce processus. “Je voudrais réaffirmer, pour ma part, mon engagement à soutenir le Secteur privé sénégalais dans la quête de nouveaux espaces d’opportunités d’affaires, tout en invitant à s’approprier toutes les composantes de la Zlecaf et à nouer des partenariats susceptibles d’asseoir les bases d’un commerce prenant en compte les intérêts collectifs du continent’’, conclut-il.
La monnaie unique non incluse pour le moment
Sur les 55 Etats membres de l’Union africaine, 52 pays ont signé l’accord de libre-échange et 24 l’ont ratifié. Le nombre d’Etats ayant déposé leurs instruments de ratification est également de 24, à ce jour. Malgré le taux de ratification moyen de l’accord de libre-échange, le représentant du président du Niger au forum régional du commerce pour l’Afrique de l’Ouest et du centre, qui se tient à Dakar du 24 au 25 juin, rappelle que l’accord reflète le désir de l’Afrique de créer ses opportunités et solutions, face au commerce intra régional. Le ministre conseiller Alma Oumarou reconnait que la Zlec a des défis et enjeux pour des économies faiblement industrialisées. Et sa mise en œuvre nécessite des politiques agricoles, industriels qui sont en mesure de tenir compte des besoins du secteur privé, surtout en matière de facilitation des affaires.
Toutefois, M. Oumarou signale que l’accord de libre-échange continental n’inclut pas l’aspect monétaire. Il porte sur le commerce de marchandises, des services et plus tard sur la propriété industrielle. Même si la monnaie est également une préoccupation des chefs d’Etat, notamment au sein de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao). Aujourd’hui, les pays africains sont engagés, au niveau de leurs communautés économiques régionales (Cer), à avoir une monnaie commune. Au sein de la Cedeao, le Président du Niger et celui du Ghana sont en charge de la question. “’Dans un premier temps, la Zlec doit partir des Cer dont 5 sont reconnues. Pour la monnaie, aussi, il faut passer par étape, en ayant d’abord, une monnaie commune régionale et, pour la Cedeao, l’objectif c’est 2020. Les discussions sont en cours. Pour le moment, l’aspect monnaie ne fait pas partie de l’accord. Mais, elle l’intègre. Parce que la monnaie, c’est le commerce. Dès qu’on parle de liberté de commerce, il faut qu’il ait une liberté dans la monnaie. Ce qui va réduire les risques, le taux de change, les tracasseries, etc., comme l’a fait l’Union européenne’’, précise-t-il.