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15 août 2025
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
MA RÉPONSE À ALIOU SALL
EXCLUSIF SENEPLUS - Aliou pense que ceux qui ne partagent pas ses schèmes de pensée lui ôtent son humanisme - C'est une peinture effroyable, mais fidèle de la personne qui s’auto-flagelle
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 25/06/2019
Aliou Sall, en présentant sa lettre de démission à ses amis, parents, militants et sympathisants comme il le revendique, n’a pas manqué de clouer au pilori tous ces Sénégalaises et Sénégalais qui n’ont pas approuvé son implication dans la mafia du pétrole et du gaz. Et c’est pourquoi, pour lui, ses désapprobateurs (dont je suis) qu’il considère subjectivement comme ses contempteurs se sont lancés dans une campagne de déshumanisation (sic) pour ne pas dire de diabolisation, mais en travestissant la vérité. C’est donc dire que ces manipulateurs ont usé et abusé du mensonge pour atteindre leur objectif qui est de peindre Aliou Sall, l’ennemi public numéro 1, sous les traits d’un opportuniste situationniste, d’un arriviste qui, par nombrilisme et favoritisme du frère-président s’est fait une fortune en moins de 10 ans grâce au pétrole au gaz.
Mais lorsque le désormais ex-directeur général de la Caisse de dépôts et de consignations (CDC) soutient que « ses détracteurs jouent également de manière indécente sur la corde sensible de populations qui se battent au quotidien pour vivre, voire pour survivre ; qu’ils s’emploient à offrir comme provision, des raccourcis cyniques et dangereux », il ne manque pas, par-là, de réduire cette population souffreteuse comme un vulgum pecus écervelé taillable et corvéable à merci et dont la seule préoccupation est de se remplir le ventre.
En tout cas, son frère de président appréciera ce bout de phrase « populations qui se battent au quotidien pour vivre, voire pour survivre », combien éloquente sur l’état de pauvreté qui a fini par gagner l’essentiel des Sénégalais sous le régime Sall. Merci d’avoir reconnu que nonobstant ce plan de développement (PSE) qui a englouti plusieurs milliards, la masse des Sénégalais dignes, qui ne s’accointent pas avec des vagabonds gangsters milliardaires « pétrolivores », restent empêtrés dans les rets de la pauvreté, pour ne pas dire de l’indigence.
In fine, sur la base d’un manichéisme barbant, Aliou pense que ceux qui ne partagent ses schèmes de pensée lui ôtent son humanisme, voire son humanité parce qu’ils le classent parmi ces Dracula des temps modernes, parmi ces êtres immondes hématophages qui se sustentent du sang des autres. Mais loin d’être une caricature impitoyable, cette image est une peinture effroyable mais fidèle de la personne qui s’auto-flagelle. On est en pleine catharsis. Et en ce qui me concerne, je ne me considère pas comme un loup lâche qui, se noyant dans un océan de haine, hurle concomitamment avec la meute pour maquiller son cri. Ces loups, tels des chiens, bondissent sur les malfaiteurs comme Timis et compagnie pour les empêcher d’accomplir les forfaits.
Pourquoi Aliou agite-t-il de façon sous-jacente le spectre d’une manipulation du peuple que rien n’étaye ? Etrange évocation d’une fictive hypothèse de complot… Il faut savoir se départir de ces pseudo-émotions médiatiques qui s’adossent sur la rhétorique complotiste usuelle selon laquelle des forces obscures tapies dans l’opposition manipulent la conscience populaire pour atteindre leurs cibles qui sont en l’occurrence Aliou Sall et son frère Macky.
Le maire de Guédiawaye a bien fait d’invoquer « Dieu de nous préserve de la méchanceté gratuite, et surtout du mensonge structuré ». Frank Timis et toute sa valetaille qui ont mis les mains dans le cambouis du pétrole et du gaz auraient dû faire de la transparence et de la vérité une vertu dans la conduite des affaires. Charité bien ordonnée commençant par soi-même, Aliou devait s’auto-appliquer cet axiome qu'il postule dans la vie de tous les jours. Si dans l’affaire Pétro-Tim, la République est ébranlée par des secousses telluriques, c’est parce que, de l’alpha des négociations des contrats pétroliers jusqu’à l’oméga du négoce des aires pétrolifères, le manque de transparence et l’utilisation du mensonge déstructuré, ont prévalu. Dans cette affaire d’association de malfaiteurs, la vérité sur la personne de Frank Timis, ses entreprises, leurs capacités techniques et financières a été ensevelie dans le cimetière des mensonges et des impostures par un quarteron de kleptomanes et de mythomanes. Et c’est ce chapelet de mensonges non encore élucidés sur la gestion de nos ressources naturelles qui explique la révolte des masses populaires.
Comment peut-on expliquer que Pétro-Tim limited qui a bénéficié de Cayar Offshore profond et de Saint-Louis offshore profond puisse signer un contrat alors qu’elle n’est pas encore portée sur les fonts baptismaux ? Comment peut-on expliquer que PétroAsia, société mère de Pétro-Tim puisse naitre 36 jours après sa fille ? Comment expliquer que l’alors ministre de l’Energie, Aly Ngouille Ndiaye, outrepassât le code pétrolier pour soutenir que «PetroAsia est dotée d’une expérience avérée et réussie dans le secteur de l’Energie et notamment dans l’Exploration-Production des Hydrocarbures» pour bénéficier des blocs de pétrole et de gaz cités supra ? Cette entreprise PetroAsia, en vérité, n’avait jamais fait de prospection pétrolière et gazière, encore moins pompé une goutte de pétrole ou un millimètre cube de gaz, pour la simple raison qu’elle n’existait pas encore. Pourquoi ce même ministre a affirmé que « PetroAsia Resources Ltd est une multinationale chinoise contrôlée par des investisseurs », alors que le capital est détenu par un seul et unique actionnaire du nom de M. Wong Joon Kwang ?
Pourquoi comme l’a souligné Bassirou Diomaye Faye dans une récente contribution, Aliou Sall a voulu embrouiller les pistes en déclarant que « M. Abdoulaye Wade avait bel et bien signé le décret approuvant la concession qui a été donnée à Petrotim », alors que ce sont les décrets d’approbation signés le 19 juin 2012 par Macky Sall (Décrets n°2012-597, portant approbation du CRPP d’hydrocarbures conclu entre l’Etat du Sénégal, PETROSEN et PETRO-TIM Limited pour le permis de Saint-Louis Offshore profond et décret n° 2012-596, portant approbation du CRPP d’hydrocarbures conclu entre l’Etat du Sénégal, PETROSEN et PETRO-TIM Limited pour le permis de Cayar Offshore profond) qui donnent effet audit contrat ?
Et la litanie des mensonges sur l’affaire Pétro-Tim pourrait faire l’objet d’un livre sans voir le sujet épuisé.
J’espère comme Aliou l’a signifié dans l’épilogue de sa missive de démission que « demain il fera jour, et que la lumière finira d’avoir raison des ténèbres ». Mais les Sénégalais ne se laisseront pas berner par ces démissions de principe et de circonstance d’Aliou et d’Hamidou Kassé concoctées au palais et ce ballet de personnes-ressources convoquées au niveau de la Division des investigations criminelles pour livrer toute information utile pour l’éclatement de la vérité. Et sans jouer aux Cassandres, il est très probable, si le dossier est piloté par certains magistrats soupçonnés proches du pouvoir, que l’affaire finisse en eau de boudin. Mais l’odeur du sang poursuit toujours un criminel même s’il passe tout son temps à se parfumer. C’est dire que jurer sur le Coran, la Bible ou la Thora pour nier la gravité de certaines grandes évidences peut susciter la compassion mais n’absout jamais un pécheur.
Tanorer : provoquer une mort lente et douce - Etymologie : d’Ousmane Tanor Dieng, géomètre devenu diplomate, qui a bivouaqué comme dircab de Diouf avant que les rênes du PS ne lui soient confiées. Depuis, le Parti socialiste est à l’agonie
Taphaniasser : parler à son patron avec obséquiosité. Etymologie : de Moustapha Niasse, administrateur civil qui a servi avec autant de zèle, les présidents Senghor, Diouf, Wade et Sall, de 1970 à 2019. Directeur de cabinet du président Senghor, puis ministre, sous Senghor et Diouf, éphémère Premier ministre de Wade, Il aura accompagné tous les régimes depuis la première décennie après l’indépendance jusqu’à nos jours, avec, alternativement, des périodes de disgrâce durant lesquelles il se révèlera sous les traits d’un irascible opposant vis-à-vis de ses anciens patrons. Son plus haut fait de guerre : pendant l’installation des comités de parrainage pour la présidentielle de 2019, sa conversation au téléphone avec le président Macky Sall qui donna à l’opinion une idée de sa servilité : « président, yâ nêkh’a liguéyal ! Yow kagne, yâ bâkh rèk… ». Snif. Et après, ça vous étonne qu’il soit resté aux affaires si longtemps ?
Ex : au lycée, il y avait toujours un fayot qui taphaniassait. Par exemple, en portant le cartable du prof ou en dressant la liste des bavards en son absence… Ce n’était jamais le plus brillant, n’est-ce pas ?
Substantif : taphaniassitude. Obséquiosité.
Tanorer : provoquer une mort lente et douce ; euthanasier. Etymologie : d’Ousmane Tanor Dieng, géomètre devenu diplomate, qui a bivouaqué comme dircab du président Abdou Diouf avant que les rênes du PS ne lui soient confiées. Depuis, le Parti socialiste est à l’agonie. Sa dégringolade a fini par un 11 % à sa dernière élection présidentielle, en 2012, pour un parti qui faisait un score de …100 % entre 1963 et 1973. Pour la présidentielle de 2019, il se contente d’être un souteneur du président sortant Macky Sall, qui lui a quand même taillé une institution sur mesure, le Haut Conseil des Collectivités locales. De quoi renoncer à toute ambition, en effet.
Ex : Gérard Senac aurait tanoré Fougerolles s’il avait suivi les consignes de ses patrons. C’est après avoir tâté le terrain qu’il a décidé de relancer l’affaire qui est devenue l’empire Eiffage au Sénégal.
Substantif : tanoreusie. Sorte d’infection incurable qui provoque une mort lente.
Thaïshinguer : faire chuter un puissant. Etymologie : de « thaïshinguer », cri de guerre d’Eumeu Sène, lutteur de Pikine, ancien lieutenant de Mohamed Ndao « Tyson », et qui a désavoué son patron lorsqu’il s’est fait terrasser par Balla Gaye 2, que lui-même Eumeu Sène avait envoyé au tapis quelques années auparavant. Eumeu Sène est devenu le « roi des arènes » après avoir détrôné « Bombardier » qui lui-même avait chipé la couronne à Balla Gaye 2 qui l’avait prise à Yékini lequel l’avait prise à …« Tyson ». Décidément, la terre est bien ronde !
Ex : Idrissa Seck thaïshinguera-t-il Macky Sall, qui a thaïshingué le père Wade sept ans avant ?
Substantif : thaïshingueur. Bagarreur de borne-fontaine.
Thionesecker : donner des leçons de vertus qui ne sont pas les siennes. Etymologie : de Thione Seck, artiste-chanteur, bel canto de la Médina dont les propos sont constamment démentis pas ses agissements. En 1997, juste avant le succès de « Mathiou », il affirmait chercher un autre métier que chanter dans des boîtes de nuit : « l’argent que je gagne ne peut pas financer décemment mon pèlerinage à La Mecque » déclarait-il. Après le succès de « Mathiou », surfant sur l’euphorie ambiante, il tentera d’acquérir une boîte de nuit. Une affaire qui finira devant les huissiers qui le feront explulser. Quant à Ismaïla Fall « Mathiou », une déchirante histoire de droits d’auteur le brouilla avec Thione Seck qui avait pourtant chanté « di nâ la siweul »… Ismaïla « Mathiou » Fall tenta de lancer un parfum « Mathiou-Mathiou », ce qui mit fin à ses relations avec son encenseur qui s’y opposa net. Si ce n’était que ça… Thione, dans la foulée, à peine a-t-il fini d’encenser son épouse dans un tube en lui promettant fidélité, qu’il épousait une jeune femme… Inutile de revenir sur ses déclarations concernant son meilleur ennemi Youssou Ndour : un jour c’est son frère, le lendemain, c’est son ennemi. Bref, des comme ça venant de Thione Seck-bay’ou Waly, il y en a la tonne et le quintal. Sa dernière affaire : pris dans une affaire de fausse monnaie, il jure ses grands dieux que cette fortune colossale devait payer sa tournée internationale… Ses tarifs auraient permis de recruter les Rolling Stones et Paul Mac Cartney, l’ex-Beatles, en première partie !
Ex : les candidats à la présidentielle thioneseckent avec leur programme sans état d’âme. Les promesses n’engagent que ceux qui y croient, n’est-ce pas ?
Substantif : thioneseckerie. Baliverne.
NB : le franc thioneseck existe, passablement semblable au CFA. Mais si vous faites des achats avec, c’est la prison assurée.
AUDIO
LES ROBES DE MARIÉS "S'AFRICANISENT"
Quand on pense robe de mariée, l’image qui vient à l’esprit est celle d’une longue robe blanche. Mais il existe désormais d’autres options. En Afrique, les créateurs revisitent les modèles traditionnels
Quand on pense robe de mariée, l’image qui vient à l’esprit est celle d’une longue robe blanche. Mais il existe désormais d’autres options. En Afrique, les créateurs revisitent les modèles traditionnels. Les femmes ont désormais le choix entre des robes courtes, près du corps, ou qui intègrent des détails en tissu africain. La Vie ici, avec Sarah Codjo, créatrice de mode et d’accessoires au Bénin.
par Hamidou Anne
À ESSAOUIRA, UN MONDE ÉGALITAIRE, DURABLE ET SOLIDAIRE
Une économie déconnectée de l’égalité et du progrès humain encourage la crispation dans nos sociétés, le repli identitaire et les passions tristes que portent les vents du nationalisme réducteur
Nous nous retrouverons du 28 au 30 juin prochain, à Essaouira, avec près de 250 décideurs politiques et économiques, en vue de réfléchir ensemble sur l’articulation entre croissance économique, égalité et justice sociale.
Nous sommes à la croisée des chemins, entre plusieurs crises qui s’imbriquent et menacent le présent et l’avenir. Les inégalités se creusent tandis que jamais autant de richesse n’a été créée dans l’histoire de l’humanité. De millions de personnes vivent dans le dénuement malgré l’interconnexion des aires physiques, des intelligences et des économies que promeut la mondialisation.
L’urgence climatique menace le devenir de l’espèce humaine à cause de plusieurs décennies de productivisme et d’inconscience politique. Selon le rapport du GIEC d’octobre 2018, il reste une décennie pour inverser la tendance et sauver la planète.
Face à tous ces défis, la responsabilité de tous est engagée. Mais le rôle des entreprises est, souvent cité dans la détérioration du climat et l’effritement du tissu social. Or, plus que le profit, l’économique doit servir un dessein de progrès social inclusif et durable. En tant qu’avant-garde de la production de la richesse mondiale, l’entreprise a de fait un rôle majeur à jouer en démocratie et dans la société que devons bâtir.
D’où la nécessité d’humaniser l’économie et de la remettre au service de l’intérêt général. La stricte quête du profit sans l’exigence de la solidarité et de l’équité conduit à une impasse. Une économie déconnectée de l’égalité et du progrès humain encourage la crispation dans nos sociétés, le repli identitaire et les passions tristes que portent les vents du nationalisme réducteur.
En vue de rebâtir un contrat social pertinent, le lancement à Essaouira du cercle Equality for growth sera un moment phare de cette deuxième édition. L’initiative répond à des question urgentes actuelles ayant trait à l’inclusivité de la croissance générée, notamment dans les pays en développement. Le cercle réfléchira aussi à la mise en place de politiques distributives qui permettent de sortir le plus grand nombre de la pauvreté.
In fine, il s’agit d’un outil de réflexion de la place de l’entreprise dans la prise en charge des enjeux sociaux, écologiques et donc politiques et démocratiques.
Entre chercheurs, entrepreneurs, décideurs politiques et militants, nous confronterons nos expériences et nos solutions pour repenser le monde et délivrer un message d’espoir dans la diversité de nos origines et de nos occupations.
À Essaouira, sublime ville symbole du dialogue des peuples, des religions et des civilisations méditerranéennes, nous réfléchirons pour produire des idées et des rêves, mais surtout pour, dès le lendemain de la clôture, passer à l’action, en vue de dessiner rapidement les contours d’un monde égalitaire, durable et solidaire.
VIDEO
LE CAMEROUN DÉMARRE BIEN SA CAN
Globalement dominateur, le tenant du titre a dû attendre la dernière demi-heure de jeu pour prendre le meilleur sur la Guinée-Bissau, mardi (2-0)
Tenant du titre, le Cameroun avait bien l'intention de lancer sa CAN par un succès face à la modeste Guinée-Bissau, 118e nation mondiale, ce mardi. C'est chose faite, mais dans la douleur (2-0). Globalement dominateurs, les Lions Indomptables ont dû attendre la 66e minute pour prendre enfin l'avantage, sur une tête piquée de Yaya Banana consécutive à un corner. Avant cela, Choupo-Moting, titulaire en pointe, et les siens s'étaient montrés bien trop brouillons dans le dernier geste pour espérer faire la différence.
Bassogog avait manqué le cadre (7e), Zambo Anguisssa aussi (24e). Et ce même Bassogog s'était totalement déchiré alors qu'il était seul face au but vide sur un caviar de Toko Ekambi (31e). L'ancien Angevin y était aussi allé de son raté avant la pause en dévissant sa frappe. Pas franchement impressionnés, les Djurtus tentaient eux de piquer dès qu'ils en avaient la possibilité, notamment sur une belle frappe de Pelé qui frôlait la lucarne (12e). Plus pressants au retour des vestiaires, les protégés de Clarence Seedorf prenaient enfin les choses en main, grâce notamment à un Zambo Anguissa particulièrement remuant.
Deux buts en trois minutes
C'est donc assez logiquement qu'ils ouvraient la marque, par Yaya Banana. Avant de doubler la mise dans la foulée grâce à Stéphane Bahoken, entré en jeu quelques secondes plus tôt. L'attaquant du SCO reprenait de près un centre dévié d'Oyongo (69e). Fin du film. En trois minutes, le Cameroun avait plié l'affaire. Malgré une tête de Piqueti sur le poteau (73e), la Guinée-Bissau ne pouvait que constater les dégâts. Pour les Lions Indomptables, la mission est accomplie.
LES NIGERIANS FONT GRÈVE PENDANT L'ENTRAÎNEMENT
L'entraînement des Nigérians a été quelque peu perturbé ce mardi. Les coéquipiers de John Obi Mikel ont fait une très courte grève de l'entraînement pour demander le versement de leurs primes
L'entraînement des Nigérians a été quelque peu perturbé ce mardi. Les coéquipiers de John Obi Mikel ont fait une très courte grève de l'entraînement pour demander le versement de leurs primes. Les joueurs ont également refusé de participer à la conférence de presse d'avant-match (seul Gernot Rohr était présent), à la veille de leur rencontre contre la Guinéeà Alexandrie mercredi (16h30), en Coupe d'Afrique des nations.
Les Super Eagles réclamaient que leurs primes leur soient payées après la victoire contre le Burundi (1-0). Mais « le capitaine a parlé aux joueurs, leur a demandé d'être compréhensifs, et l'équipe a finalement accepté de s'entraîner », a indiqué à l'AFP une source proche de l'équipe. « Le problème est résolu », a confirmé le porte-parole de la Fédération nigériane de football (NFF), Ademola Olajire.
« La NFF a reçu aujourd'hui une partie des fonds alloués au tournoi, et est en train de les convertir en dollars pour payer les joueurs et les responsables »,a-t-il ajouté. Selon un autre responsable, les joueurs touchent une indemnité d'entraînement de 200 dollars par jour, du 2 au 30 juin. Ils avaient aussi touché une prime de match pour leur 0-0 amical contre le Zimbabwe avant leur départ pour la CAN.
L'équipe nigériane des moins de 20 ans, ainsi que l'équipe féminine ont également fait grève pour toucher leurs indemnités pendant leur Coupe du monde - en Pologne pour les U20, en France pour les féminines.
"C'EST LE COMMERCE QUI CRÉE LES EMPLOIS, PAS LA MONNAIE UNIQUE"
Vera Songwe, secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique évoque plusieurs enjeux de la nouvelle Zone de libre-échnage continentale, notamment le retard accusé par le Nigeria (1ère économie africaine) dans la signature de cet accord
Financialafrik |
Albert Savana et Adama Wade |
Publication 25/06/2019
Le Chef de l’Etat sénégalais, Macky Sall, a présidé, lundi 24 juin 2019 à Dakar, une consultation régionale sur la prochaine mise en œuvre de la zone de libre-échange économique en Afrique (Zlecaf). La rencontre s’est tenue à quelques jours du sommet extraordinaire des Chef d’Etat de l’Union africaine prévue le 07 juillet 2019 à Niamey. Dans cet entretien exclusif accordé à Financial Afrik, Dr Vera SONGWE secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) évoque plusieurs enjeux de ce nouveau départ pour l’Afrique, notamment le retard accusé par le Nigeria (1ère économie africaine) dans la signature de cet accord historique.
Quels sont les enjeux majeurs de la consultation sous régionale de Dakar sur la Zlecaf ?
Le thème qui nous réunit aujourd’hui revêt une importance capitale pour l’Afrique. La Zlecaf est en marche : approfondir l’intégration pour un continent prospère est donc un thème d’une brûlante actualité d’autant que la zone de libre-échange africaine marque un tournant historique pour l’Afrique dans sa quête d’intégration et d’unité. L’Afrique compte 84 000 km de frontières terrestres; chacune de celles-ci dispose de ses spécificités, de ses défis et de ses obstacles qui contribuent à faire en sorte que les échanges entre les États africains ne représentent que 16% du commerce extérieur total du continent, loin derrière les performances observées en Asie avec plus de 50% et en Europe pour près de 70%.
L’accord établissant la ZLECAf signé par les Chefs d’État et de gouvernement africains le 21 mars 2018 à Kigali constitue un jalon essentiel dans l’intégration des économies africaines, marquant une avancée significative. Cette marche vers un continent intégré, ne l’oublions pas, fut lancée en son temps par le Plan d’action de Lagos pour le développement économique de l’Afrique en 1980 et le Traité d’Abuja instituant la Communauté économique africaine en 1991. Nous ne pouvons pas laisser passer une autre décennie avant de faire de notre quête une réalité. La concrétisation de nos engagements constitue par conséquent la prochaine étape.
Pour tous les pays africains, qu’est ce qui devrait les inciter à signer et ratifier l’accord en termes d’opportunités ?
Les opportunités à notre portée sont immenses. La ZLECAf permettra la mise en place d’un marché intérieur de 1,2 milliard de consommateurs, avec un PIB combiné de 3 000 milliards de dollars pour les biens et services produits sur le continent. Il s’agit là d’une occasion de renforcer le secteur privé africain formel et informel à un moment où la géopolitique fragilise les perspectives commerciales de l’Afrique avec le reste du monde. Avec la zone de libre-échange continentale africaine, les entreprises africaines seront plus compétitives et aptes à satisfaire la consommation intérieure. En outre, elles pourront également répondre aux besoins de cette classe moyenne croissante tout en assurant l’attractivité du continent. D’ores et déjà, nous pourrons négocier des accords internationaux à l’unisson, ce qui nous rendra plus forts et mieux équipés pour plus de réalisations au profit de l’Afrique. Permettez-moi de féliciter et de saluer la vision, la ténacité, la détermination mais aussi les efforts considérables des dirigeants de notre continent qui nous ont orientés vers cette voie et nous ont guidés jusqu’à ce stade. Jamais dans l’histoire de l’Union Africaine, un accord n’a été aussi unanimement accepté en un temps record. En effet, plus de vingt-quatre instruments de ratification ont été consignés à la Commission de l’Union Africaine en l’espace de quatorze mois!
La création de la Zone africaine de libre-échange inaugure de nouvelles perspectives, des innovations en matière de pratiques et de mécanismes de solidarité. Une zone de libre-échange continentale stimule les capacités, les connaissances, l’intelligence et répond avant tout au désir de notre peuple, en particulier de nos jeunes, de construire un avenir solide dans une Afrique intégrée, en l’absence de frontières qui les handicapent.
Le lancement de la zone de libre-échange représente une étape cruciale dans le développement multiforme de l’Afrique. Il s’agit d’une initiative africaine qui nous apportera une solution africaine pour une Afrique que nous voulons. Sa mise en œuvre aura à catalyser les investissements, stimuler la croissance économique, renforcer des interconnexions continentales et déclenchera un nouveau dynamisme à l’intégration en Afrique et à l’émergence de nouveaux secteurs.
En tout état de cause, l’objectif demeure de faire de notre continent une force dynamique et un acteur majeur sur la scène internationale, dans l’intérêt de nos populations. Dans cette optique, nous prenons en compte les développements technologiques mondiaux et transformons le déficit de nos échanges intracontinentaux en une réelle possibilité pour le développement de nouvelles technologies numériques.
L’Afrique se transforme progressivement en un laboratoire du monde numérique sous la houlette d’une jeunesse inventive, créative et audacieuse. Ce virage numérique est le fait de jeunes “startups” très actives dans les domaines de la finance, des télécommunications, de la santé, de l’industrie et de l’agroalimentaire, pour n’en nommer que quelques-uns. Il nous faut favoriser ce talent et cette capacité, mais également créer les conditions nécessaires à leur épanouissement. Surmonter la fracture numérique et assurer l’interconnexion en est un élément décisif. Aujourd’hui plus que jamais, la connexion des marchés du continent de manière durable s’avère incontournable.
La Zone de libre-échange africaine demeure un instrument primordial pour promouvoir un nouveau paradigme de développement économique axé sur l’innovation, la diversification et la solidarité. En réduisant les barrières tarifaires et non tarifaires qui entravent son commerce, l’Accord contribuera à l’industrialisation et à la transformation structurelle du continent. L’Afrique doit s’unir dans le but ultime de bâtir une économie continentale prospère basée sur la croissance inclusive et le développement durable, un facteur qui soutient et stimule l’esprit d’entreprise et la création de richesse.
La clé de la réussite de la ZLECAf réside dans la liaison des diverses sous-régions de notre continent. En effet, le commerce intra-africain étant plus concentré au sein des Communautés Economiques Régionales, c’est désormais le moment d’étendre les échanges entre l’Afrique de l’Ouest et du Centre au-delà des produits de base en vue d’accroître la concurrence, réduire les prix et procurer plus de bien-être aux consommateurs. La facilitation des échanges commerciaux entre la CEDEAO et la CEEAC permettra également de briser les monopoles nationaux et d’améliorer l’efficacité des entreprises locales afin de les apprêter à une vive concurrence internationale. Le développement et l’expansion des chaînes de valeur régionales sur le continent seront de nature à induire des emplois indispensables à nos jeunes en particulier. Toute chose qui devrait ouvrir la voie à une coopération dans le domaine de la recherche et du développement afin de garantir plus de technicité des produits dans les chaînes de valeur mondiales. Cela devrait par exemple se réaliser entre la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Nigéria et le Cameroun, les quatre plus grands producteurs de cacao en Afrique et chefs de file dans le monde.
Le Sénégal et la Mauritanie ont récemment signé un accord pour l’exploitation commune du gaz. En quoi, cet arrangement pourrait-il symboliser un bon début de mise en œuvre de la Zlecaf ?
L’accord de coopération intergouvernemental signé entre le Sénégal et la Mauritanie magnifie à l’évidence ce que pourrait être la ZLECAf. En effet, l’accord portant sur l’exploitation du gisement de Grand Tortue Ahmeyin est le fruit d’une volonté commune d’intensifier la coopération dans le secteur de l’énergie entre les deux gouvernements. Ce gisement situé à cheval sur la frontière maritime des deux pays contiendrait des réserves de gaz estimées à 450 milliards de mètres cubes, ce qui en ferait le plus important d’Afrique de l’Ouest, soit l’équivalent de 15% de la richesse gazière d’un pays comme le Nigeria. Autant de belles perspectives de ressources pour financer le développement dans les deux pays.
Je voudrais également saluer le bon déroulement des élections apaisées qui viennent juste se tenir en Mauritanie. Quel que soit le vainqueur à l’issue du résultat final, il n’y aura qu’un seul gagnant : le peuple mauritanien. Le Président Mohamed Ould Abdel Aziz vient de donner une illustration par la plus belle des façons que l’Afrique avance vers la maturité y compris sur le plan politique et institutionnel. C’est ce genre d’exemples multipliés qui feront émerger une Afrique forte et prospère.
La ZLECAf offre aux pays africains et au Sénégal en particulier une occasion de relever les défis de la création d’emplois, de la diversification de l’économie, du développement d’un système d’identité numérique pour l’inclusion sociale et d’une meilleure répartition des bénéfices de la croissance conformément à l’Agenda 2063 et les objectifs de développement durable.
À mesure que nous élaborons des stratégies nationales liées à la ZLECAf pour tirer de celle-ci le meilleur parti possible, il demeure important d’examiner les avantages comparatifs de chaque pays afin d’identifier les domaines potentiels de spécialisation conduisant à une plus grande complémentarité des produits entre nos systèmes de production. Cela contribuerait en définitive à une expansion du commerce intra-africain de produits intermédiaires et de produits finis. L’industrialisation accélérée constitue la clé de succès de la ZLECAf mais aussi du programme sur l’emploi, en raison des liens économiques susceptibles d’émerger, y compris le potentiel de création d’emplois du secteur manufacturier.
Selon les estimations de la CEA, la ZLECAf accroîtra le commerce intra-africain de plus de 50%, le PIB du continent de plus de 40 milliards de dollars et les exportations pour plus de 55 milliards de dollars. Dans l’agriculture qui emploie de nombreuses personnes démunies sur le continent, la croissance et la création d’emplois dans ce secteur peuvent être stimulées par un meilleur accès aux marchés. À cet égard, la ZLECAf regorge d’énormes possibilités en matière de création d’emplois, de croissance dynamique et d’autonomisation économique des femmes et des groupes marginalisés tels que les réfugiés et les personnes déplacées. En rendant les économies africaines plus compétitives et en facilitant le développement et la modernisation des chaînes de valeur régionales, les réformes connexes visant à faciliter la mise en œuvre de l’Accord sur la ZLECAf contribueront au renforcement des résultats commerciaux tout en confortant les pays à s’intégrer plus efficacement dans les chaînes de valeur mondiales.
Pourtant le Nigéria considéré comme la première économie du continent rechigne encore à signer l’accord et a récemment commandité une étude pour apprécier l’impact sur ses entreprises. Quelle réflexion vous inspire cette situation ?
C’est vrai que le Nigéria est reconnu comme étant le pays qui compte le plus grand nombre d’industries en Afrique de l’ouest. C’est très normal qu’il lance cette étude sur l’impact de la Zlecaf sur son tissu industriel. En Octobre 2018, la Cea avait déjà organisé une réunion avec le secteur privé nigérian pour échanger notamment sur les règles d’origine. C’est très important car il faut éviter que des produits finis venus de pays hors Afrique puissent passer par la Zlecaf pour inonder l’Afrique. Nous avons donc besoin de cette période de consultation car il faut que le Nigeria se mette à jour aussi sur des questions comme l’energie. Nous sommes confiants que ce géant africain puisse signer la Zlecaf dans les six prochains mois. La Zlecaf n’a rien à voir avec une course de vitesse et, outre le Nigeria, des pays comme le Bénin et l’Erythrée n’ont pas encore signé mais nous ne perdons pas espoir. La Zlecfa sera davantage un moteur de l’investissement et non de l’aide. La question du pays qui va abriter le secrétariat de la Zlecaf sera abordée lors du sommet des Chefs d’Etat prévu à Niamey. Le Ghana et l’Egypte sont déjà candidats. Pour l’heure le taux d’adhésion est très intéressant car sur les 54 Etats africains, 52 pays ont signé, 24 ont déjà ratifié l’accord et 24 autres ont déposé leurs dossiers de ratification auprès de l’Union africaine.
Quel rôle peut jouer la CEA pour accélérer la ZLECAF ?
Nous travaillons en étroite collaboration avec l’Union Africaine et d’autres acteurs comme Afreximbank, la Banque Africaine de Développement pour accompagner ce grand processus. Les pouvoirs publics africains ont bien saisi l’importance du marché commun. Il y a un travail à faire pour vulgariser la ZLECAF auprès des populations et du secteur privé. Les entreprises africaines doivent saisir cette grande opportunité. Des réticences ont été émises au sein de certaines organisations patronales. Notre rôle c’est de les aider et des accompagner à mettre à profit ce marché régional, le plus grand au monde. Nous avons mené des études d’impact pour mesurer les répercussions de la Zone de libre-échange sur certains pays. C’est le cas par exemple du Maroc. Au Nigeria, nous avons engagé une série de discussions avec le secteur privé et le premier ministre et avec de grands industriels comme Aliko Dangote pour là aussi analyser les attentes et les préoccupations. Des études ont été engagées et sont disponibles depuis trois semaines. Ces rapports montrent que le Nigeria est gagnant. C’est donc une question de temps pour que le Nigeria rejoigne la ZLECA.
Quels sont les programmes de la CEA pour accompagner le secteur privé ?
D’abord, je dirais que le secteur privé africain a besoin d’une énergie fiable et compétitive. C’est un aspect sur lequel nous sommes engagés. D’autre part, nous avons mis en place au sein de la CEA, un département secteur privé. Il s’agit d’une toute première. Nous mettons l’accent dans ce cadre sur l’énergie, le financement innovant et l’environnement. Nous accompagnons par exemple l’Angola pour revoir son mix énergétique et améliorer son environnement des affaires afin de redynamiser le secteur privé. Le pays, grand pétrolier, fonctionne au fuel lourd, avec des coûts onéreux expliquant sans doute la faible couverture du pays. A peine 30% du territoire angolais a accès à l’ énergie. De même, nous menons des études de compétitivité avec 20 pays pour voir quels sont les secteurs les plus compétitifs dans le cadre de la ZLECAF. L’idée c’est d’accompagner ces pays dans la mise en place des politiques publiques accès sur leurs avantages comparatifs dans le cadre du libre-échange africain. Un autre volet de nos interventions, concerne l’harmonisation des politiques minières des pays africains afin qu’ils n’entrent pas en compétition mais travaillent plutôt en harmonie. L’objectif c’est de maximiser le local content et d’encourager les entreprises locales à tirer le meilleur profit de la rente minière.
Quid des barrières non tarifaires qui entravent le commerce inter-africain ?
Nous avons un rapport annuel qui met en exergue ces barrières non tarifaires effectivement obstacles des échanges entre pays africains. La ZLECA concerne les barrières douanières. C’est vrai qu’on devrait dans ce processus faire en sorte que l’on ne se retrouve pas avec des entraves au commerce. Un pays comme le Sénégal a perdu beaucoup d’argent avec l’aflatoxine dans les exportations d’arachide.
D’après vous où est ce que l’Afrique devrait se placer dans la guerre commerciale entre la Chine et les USA ?
L’Afrique doit se placer là où il y a ses intérêts commerciaux. En faisant des échanges avec les USA, l’Afrique exporte des produits à forte valeur ajoutée. Avec la Chine, il s’agit plutôt de commerce de matières premières, un marché plutôt stable. La règle du commerce est de diversifier ses partenaires. Si nous pouvons nous rapprocher des chinois pour obtenir la technologie 5 G, cela nous permet de faire un saut technologique important. Les USA ont des technologies sophistiquées dans d’autres domaines. Nous devons les adopter.
Il est souvent question de monnaie dans le débat économique africain. La CEDEAO vient d’ailleurs d’annoncer une monnaie pour 2020. Qu’en pensez-vous ?
La monnaie est importante mais ne constitue pas le point le plus important dans la stimulation des échanges. La preuve, quand nous regardons l’Asie, on voit que les échanges sont importants entre les pays et les zones sans qu’il y ait forcément une monnaie unique. Par contre, cette partie du monde a des politiques efficaces d’harmonisation du commerce des produits et services. Nous devons travailler beaucoup sur le développement de l’e-commerce et des plateformes d’interopérabilité et d’un certains nombre d’outils techniques et règlementaires. C’est le commerce qui crée l’emploi, ce n’est pas la monnaie unique. Nous devons avoir plutôt des banques centrales fortes et indépendantes, des politiques monétaires disciplinées et des accords entre pays et régions.
Vous êtes un produit de la Banque Mondiale. Vous avez succédé à Carlos Lopès en 2017. Peut-on dire qu’il y a eu un changement de vision ou une continuité à la CEA ?
Je dirais qu’il y a à la fois continuité et changement de vision. Continuité car nous travaillons sur les grands agendas du continent comme la ZLCA et l’intégration continentale en général, le marché unique aérien… Il y a continuité sur ce point et sur les ODD. Là il y a peut être changement c’est dans l’approche secteur privé que nous avons adopté, la réflexion sur le financement innovant, le focus sur l’énergie, le doing buisness, ainsi que la question de la pauvreté et de l’inégalité remise au centre. Les contextes sont aussi différents. Il y a quelques années, l’Afrique était en pleine croissance. Aujourd’hui, les tendances sont moins favorables. Nous avons 16 pays qui présentent un niveau d’endettement élevé par rapport à leurs PIB. Evidemment, le discours change. Nous avons eu un discours industriel que nous aimons bien. Mais il y a tout un secteur de services qu’il faut considérer et qui est un réservoir d’emplois à mettre en exergue.
Pour finir, quelles sont vos perspectives de croissance pour l’Afrique en 2019 ?
Malheureusement, l’Afrique ne croît pas. Nous comptons réaliser un taux de 3,5% en moyenne en 2019 mais menacé par la guerre commerciale entre les géants. Avec la ZLECA, il y aura une nouvelle dynamique. Nous devons prendre en compte des questions importantes pour y arriver : la gouvernance, la sécurité et le changement climatique. Il y a des défis certes, mais ils sont surmontables. L’Afrique tirera sa force dans la ZLECA.
Directeur de publication de Financial Afrik. Dans la presse économique africaine depuis 17 ans, Adama Wade a eu à exercer au Maroc dans plusieurs rédactions. Capitaine au Long Cours de la Marine Marchande et titulaire d’un Master en Communication des Organisations, Adama Wade a publié un essai, «Le mythe de Tarzan», qui décrit le complexe géopolitique de l’Afrique.
PAR Elimane Sembene (sur sa page Facebook)
MONSIEUR SALL, LE BARIL EST DANS VOTRE CAMP
Toute démarche outre que le dépôt d'une plainte à Londres contre BBC pouvant faciliter la tenue d'un procès où chaque partie apportera ses preuves, ne sera perçue que comme une tentative de diversion
Elimane Sembene (sur sa page Facebook) |
Publication 25/06/2019
- Dimanche 2 juin. BBC diffuse une enquête choc où on t'accuse d'avoir reçu des pots-de-vin estimés à plusieurs milliards de FCFA dans la signature de contrats pétroliers
- Lundi 3 juin. Tu organises une conférence de presse, dément les révélations de la BBC, et annonce une plainte "dès la semaine prochaine". Tu refuses de démissionner de la CDC car pour toi, "démissionner, c'est donner raison à mes adversaires et à mes accusateurs". Tu indiques aussi n'avoir jamais reçu 250.000 $ de Frank Timis.
- Mercredi 19 juin. El Hadji Kasse, ministre-conseiller en communication de Macky SALL confirme sur TV5 que tu as bel et bien reçu cette somme mais "pour une consultance agricole"
- Lundi 24 juin. Le Palais annonce le limogeage de Kasse... Tu convoques un point de presse l'après-midi pour annoncer, finalement, ta démission de la CDC, avant de faire une déclaration via un site web sénégalais, en jurant sur le Saint-Coran que tu es blanc comme neige. Une communication émotionnelle qui était déjà perceptible dans ta lettre de démission.
M. Sall, toute démarche outre que le dépôt d'une plainte à Londres contre la BBC pouvant faciliter la tenue d'un procès où chaque partie apportera ses preuves, ne sera perçue, par une bonne partie de l'opinion nationale voire internationale, que comme une tentative de diversion ou juste une mascarade communicationnelle pour amuser la galerie. Quand on s'estime lésé, on intente une action en justice pour laver son honneur. Le baril est dans votre camp...!
par Jean Meissa Diop
FONDS AUDIOVISUEL DU CESTI, UNE MINE INEXPLOITABLE ?
Des documentaires de bonne à excellente facture sur des sujets originaux, mais qu’aucun média ne diffusera, peut-être, jamais. C’est le sort des enquêtes de fin d’études réalisées par les étudiants de l’école de journalisme de l'UCAD
Africa Check |
Jean Meissa Diop |
Publication 25/06/2019
Des documentaires, de bonne à excellente facture, sur des sujets originaux, mais qu’aucune chaîne de radio ni de télévision ne diffuseront, peut-être, jamais. C’est le sort des enquêtes de fin d’études réalisées par les étudiants du Centre d’études des sciences et techniques de l’information(CESTI), l’école de journalisme de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD). Un travail en vue d’obtenir leur Diplôme supérieur de journalisme, validant trois années d’études et de formation.
A la fin de la troisième année, chaque étudiant de chaque promotion réalise une grande enquête sur un sujet qu’il a lui-même choisi, sur un thème des plus originaux possibles et dans un des trois médias d’option, à savoir radio, télévision et presse écrite.
En général, les sujets traitent de réalités spécifiques au pays d’origine des étudiants. Et c’est ainsi, par exemple, qu’un diplômant gabonais a traité un sujet intitulé « Eboga ou bwiti fang », un rite de l’ethnie Fang au Gabon. Ou encore, cet étudiant sénégalais qui s’est « aventuré » hors des frontières du Sénégal pour réaliser « Entre narcotrafic et instabilité : la Guinée-Bissau une nation piégée ».
Ainsi, au fil de ses plus de cinquante ans d’existence, le CESTI dispose d’un inestimable fonds documentaire audiovisuel qu’alimente chaque étudiant de chaque promotion.
En presse écrite, en radio et en télévision, les grandes enquêtes des étudiants rivalisent à la mesure de l’émulation qu’a toujours cultivée cet institut.
Des travaux, tout de professionnalisme, que ne rechigneraient une chaîne de télévision ni de radio férues de documentaires de tous styles, de toutes origines… Et même à acheter à prix d’or, si les documents avaient été à vendre – dans le cadre de la disposition administrative en vigueur à l’université de Dakar et dénommée « fonction de service » ; laquelle autorise tout établissement rattaché à l’université de fournir des prestations rémunérées et encadrées par les textes.
Obstacles à la diffusion
Mais, il y a trois obstacles juridique, pédagogique et réglementaire devant cette solution qui, outre de valoir des rentrées d’argent au CESTI, aurait pu permettre une vulgarisation de ces documentaires qui ne sont visionnés et évalués que par un jury d’enseignants du CESTI et de journalistes professionnels, appelés par l’école à siéger en tant que jurés.
Obstacle juridique en ce qu’aucun auteur (étudiant) n’a donné, de manière formelle, l’autorisation de commercialiser son œuvre. Un problème de droit d’auteur donc. Même s’il est vrai que les documentaires restent la propriété du CESTI. Des offres d’acquérir le droit de diffuser ces œuvres se sont présentées, une des plus récentes provenant du groupe de presse sénégalais eMedia, mais aussi de UCAD Fm, une jeune radio de l’UCAD émettant en modulation de fréquence (94.5) des locaux du CESTI. La direction de cette station allègue des raisons de légitimité et de proximité pour avoir le droit de diffuser les documentaires radio du fonds audiovisuel du CESTI qui est d’ailleurs en train de se détériorer à cause de la conservation inadéquate. Beaucoup de documents, surtout de télévision, sont perdus à jamais, selon le chef et conservateur de la Médiathèque, Moussa Cissé.
L’obstacle pédagogique et éthique tient au fait que, selon un ancien directeur des Etudes du CESTI, Dominique Mendy, pour permettre à des étudiants de gagner la confiance de certaines personnes-ressources, le CESTI a pris l’engagement moral de garantir la confidentialité des témoignages et de l’identité des sources qui en font la demande, voire posent l’exigence. En effet, des interlocuteurs, assurés que l’usage qui sera faite de leurs informations ne sera pas public, ont pu se confier avec plus d’aisance et plus de profondeur que si le documentaire allait être à grande diffusion.
Pour une réflexion collective
Mais, il y a eu, de temps à autre, de gros incidents comme cette enquête de presse écrite sur l’homosexualité féminine à Dakar et qui a été publié par un journal dakarois, Le Quotidien, qui a disposé de la copie par l’auteur même du document, devenu employé du même organe de presse. Ni le CESTI, ni certaines personnes-ressources n’avaient approuvé l’initiative.
Il en a été de même quand d’anciens étudiants sont rentrés dans leurs pays respectifs avec sous le bras une copie de leur enquête qui sera diffusée sur la chaîne de télévision nationale. Et là, aussi, l’initiative déplut fort au CESTI, auquel l’autorisation préalable aurait dû être demandée. Au moins, le CESTI aurait dû être avisé, explique M. Mendy.
En raison de tout cela, des diplômés du CESTI et auteurs de documentaires posent la question de savoir si la finalité de travaux de telle qualité et à l’intérêt documentaire certain doit être strictement pédagogique.
Il est temps que le CESTI initie une réflexion pluridisciplinaire sur cette question : les documentaires ne pourraient-ils pas être autorisés à l’acquisition par des chaînes de radio et de télévision ainsi que des organes de presse écrite décidés d’y mettre le prix ?
Des juristes spécialistes de la propriété intellectuelle et du droit d’auteur, des anciens du CESTI auteurs de documents, des sommités de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar et toute autre personne qualifiée pourraient participer à la réflexion collective.
par Nioxor Tine
RÉPUBLIQUE, PÉTROLE ET RÉVOLUTION !
Il faudrait être aveugle pour ne pas voir le népotisme flagrant en cours depuis 2012 - Il s’agit, maintenant, pour le peuple et pour Aar li ñu bokk, de continuer à exiger la poursuite des procédures judiciaires, jusqu’à l’éclatement total de la vérité
Paradoxalement, l’Alliance pour la République n’a jamais vraiment été un grand adepte du respect des normes républicaines. Depuis son élection à la magistrature suprême, le 25 mars 2012, avec le soutien du peuple des Assises, force est de constater, que la politique conduite par le président de l’APR et ses alliés, est loin d’avoir répondu aux exigences républicaines consignées dans la Charte de gouvernance démocratique.
Sous le regard bienveillant d’acteurs de premier plan des Assises Nationales, vraisemblablement épuisés par douze années de confrontations avec le pouvoir de Wade, le nouveau président de la République a infligé de sévères reculs à la Démocratie sénégalaise. Non content d’instituer une gouvernance discrétionnaire et quasi-despotique, en lieu et place de la démocratie participative attendue, il a accentué aussi bien l’omnipotence présidentielle que la légendaire apathie du parlement sénégalais. Par ailleurs, des magistrats d’un certain âge, se sont cru obligés de lui passer tous ses caprices, lui facilitant l’éviction de ses principaux adversaires politiques, des dernières joutes électorales, par le biais de procédures judiciaires tronquées, ou en se servant de la loi scélérate sur le parrainage.
Ironie du sort, ce deuxième mandat usurpé semble commencer sous les pires auspices. Par un effet boomerang ravageur, des dossiers controversés voire compromettants, qu’on croyait bouclés et classés refont surface, notamment la loi sur le parrainage citoyen et le scandale Petro Tim.
Au lieu d’amuser la galerie avec leur indignation feinte sur une pseudo-immixtion de leurs parrains et maîtres à penser occidentaux dans nos affaires intérieures, Macky Sall et ses amis devraient plutôt être reconnaissants à l’Union Européenne et à la BBC de n’avoir dévoilé ces sombres affaires que maintenant, bien après le hold-up électoral du 24 février 2019.
Le bon sens commande, cependant, de manière urgente, de changer de démarche, car les menaces d’explosion sociale, qui planent sur notre pays, proviennent, non pas des rassemblements citoyens pacifiques, mais bien de la gouvernance désastreuse actuelle de Benno Bokk Yakaar.
Même si les accusations contre M. Aliou Sall, relayées par la BBC n’ont pas encore fait l’objet d’un traitement judiciaire, l’unanimité est faite sur les accointances irréfutables et les relations troubles entre un membre de la famille présidentielle et un aventurier notoire du monde du pétrole, qui sont assez évocatrices d’un conflit d’intérêt et même d’un délit d’initié.
De même, il faudrait être aveugle pour ne pas voir le népotisme flagrant en cours dans notre pays depuis 2012. Outre l’activisme politicien débordant de la première dame, le clan de Macky Sall, a étendu ses tentacules à toutes les institutions de la République, à d’importantes collectivités locales, à certains conseils d’administration et à la Caisse de dépôts et de consignations, sans parler des réseaux occultes...
Comment alors comprendre ces scénarios complotistes de la part des hommes du pouvoir, mettant en scène des épouvantails intérieurs (opposition politique, société civile) et extérieurs (UE, BBC) pour masquer leur faillite patente dans la gestion des affaires publiques ? Comment interpréter aussi le fait que des personnalités et organisations, ayant à leur actif des décennies de militantisme actif pour le progrès social, soient devenues des forces d’avant-garde dans la défense des forfaitures, félonies et autres actes de mal-gouvernance ?
Pendant ce temps, les saltiguésde Fatick, en sont à prédire, lors de leur dernier xoy (séance de divination), des émeutes urbaines, voire une révolution pacifique, comme pour rappeler aux partis de gauche leurs responsabilités historiques. Il est vrai que la nature a horreur du vide !
Malgré les lauriers tressés par les lobbies pétroliers (African Energy Chamber, Africa Oil & Power, ancien président mauritanien...) à leur ami de président, la démission d’ Aliou Sall de la tête de la CDC montre clairement qu’il n’y a pas de fumée sans feu.
Il s’agit, maintenant, pour le peuple sénégalais et pour Aar li ñu bokk, de continuer à exiger la poursuite des procédures judiciaires, jusqu’à l’éclatement total de la vérité. Il s’agira ensuite d’enclencher, dans le cadre de concertations nationales à reformater, le processus de refondation institutionnelle, condition sine qua non de la gestion vertueuse de nos ressources naturelles au profit du peuple sénégalais.