LETTRE OUVERTE AU MINISTRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE
Votre posture est révoltante et dangereuse - Le respect scrupuleux de l’uniforme réglementaire d’une structure n’est pas facteur d’une rupture du principe de laïcité au Sénégal, comme vous semblez malencontreusement le prétendre dans votre communiqué
Les Laïcs de l'église catholique |
Publication 09/05/2019
Par un communiqué de presse daté du vendredi 3 mai 2019, vous prenez position, avec un empressement déconcertant, sur un débat que vous savez dévoyé de son essence, en mettant au banc des accusés l’Institution Sainte Jeanne D’Arc que, courageusement, vous ne citez pas.
En ce qui nous concerne, après avoir pris le temps d’obtenir la bonne information et d’examiner la situation avec responsabilité et discernement, nous vous répondons dans les mêmes formes en vous interpellant directement.
La congrégation Saint Joseph de Cluny fière de mériter la confiance des sénégalais depuis 200 ans
Pour rappel, le jubilé des 200 ans de présence au Sénégal des sœurs de Saint Joseph de Cluny sera clôturé les 11 et 12 mai 2019. Une si longue période de service au profit des citoyens explique la grande responsabilité dans la démarche dette congrégation qui a formé plusieurs générations de sénégalais.
C’est pourquoi avant toute chose, nous laïcs de l’Église catholique, tenons à remercier tous les sénégalais de toute culture, religion, ethnie et condition sociale pour leur témoignage d’affection et de soutien. Ces remerciements sont renouvelés aux parents qui ont fait le choix de confier aux structures de l’enseignement privé catholique, ce qu’ils ont de plus cher, à savoir l’éducation de leurs enfants. À cet égard, nous avons été particulièrement touchés par l’élan de sympathie et de soutien des citoyens de tout bord à l’endroit de l’Institution Sainte Jeanne D’Arc (ISJA). Ces réactions, en particulier celles des guides et personnalités religieux, ont permis de se rendre compte que ce qui a été présenté comme une mesure d’intolérance religieuse n’est nullement établi ni perçu comme telle par nos concitoyens de toute obédience.
Le contexte de la mesure d’uniformiser le port de l’uniforme à l’ISJA
De quoi s’est-il agi concrètement ?
La congrégation des Sœurs de Saint Joseph de Cluny gère plusieurs écoles et instituts avec une riche expérience et expertise dans le milieu scolaire. Elle obéit à un PROJET ÉDUCATIF ADOSSÉ AUX VALEURS DE L’ÉGLISE et conforme aux principes constitutionnels.
Depuis un certain temps, les responsables de l’Institution Sainte Jeanne D’Arc de Dakar ont observé des comportements et des pratiques « sectaires » en déphasage avec le caractère laïc de l’État du Sénégal et le VIVRE ENSEMBLE prôné en milieu scolaire. C’est ainsi qu’il a été relevé que certains élèves, identifiables à partir de leur port vestimentaire, se regroupent par affinité et se démarquent de leurs autres camarades. Ces comportements remettent en cause l’impossibilité, jusque-là de mise, de distinguer, de manière visuelle comme comportementale, dans les écoles catholiques, les différences de culture, de religion et de condition sociale entre les élèves.
De plus, au-delà du cas de l’Institution Sainte Jeanne D’Arc, il n’est pas admissible de permettre dans les écoles privées catholiques les tendances comportementales de certains élèves consistant à refuser de :
serrer la main de leurs camarades et de leurs formateurs de sexe opposé ;
s’asseoir à côté et sur les mêmes tables-bancs que leurs camarades de sexe opposé ou sur les mêmes bancs dans la cour de récréation ;
faire l’éducation physique dans la tenue réglementaire de l’école ;
se faire suivre ou précéder immédiatement dans les rangs par des
camarades de sexe opposé ;
porter strictement la tenue de l’école conformément au règlement
intérieur.
Assurément, de tels comportements ne correspondent ni à la laïcité de l’école, ni au VIVRE ENSEMBLE, ni aux VALEURS CHRÉTIENNES qui fondent l’enseignement privé catholique. Assumeriez-vous le fait de les défendre, en vous en prenant à l’Institution Sainte Jeanne D’Arc, alors qu’ils contreviennent manifestement aux principes de la Constitution sénégalaise et de la loi d’orientation sur l’éducation nationale que vous invoquez de manière tendancieuse ?
À partir de ces constats, plusieurs mesures correctives ont été engagées parmi lesquelles l’uniformisation du port de l’uniforme de l’école. Par égards pour les parents, les responsables de l’ISJA ont initié une démarche d’information et de dialogue pour les avertir des modifications qui interviendront à partir de l’année scolaire 2019-2020. En réponse, un groupe réduit de parents d’élèves a cru devoir établir un rapport de force avec l’administration, à travers une campagne de désinformation.
C’est dans ce contexte que l’Inspectrice d’Académie de Dakar s’est présentée à l’ISJA le jeudi 2 mai 2019, sans prévenir, ignorant que son interlocutrice directe devrait être la Direction diocésaine de l’Enseignement catholique (DIDEC).
Malgré l’attitude inacceptable de l’Inspectrice d’Académie de Dakar, qui a démontré son incapacité à observer la neutralité, l’impartialité et surtout l’obligation de respect qui sont attachées à son rang, les responsables de l’institution Sainte Jeanne D’Arc ont consenti à répondre à sa convocation le vendredi 3 mai 2019. Dans son propos liminaire, ce fonctionnaire a indiqué que la proportion majoritaire des musulmans au Sénégal fait que toutes les femmes devraient être voilées. Ayant ainsi annoncé la couleur, l’ensemble de l’entretien fût mené, en compagnie de ses collaborateurs, avec un parti pris surprenant pour des fonctionnaires d’un État laïc. Cette autorité académique a ainsi promis de faire céder l’ISJA comme elle a déjà réussi à le faire dans une situation similaire à Saint Louis.
De surcroît, le quotidien « le Soleil », dans son édition du même vendredi 3 mai 2019, a traité de la question avec à sa une : « Le voile de la controverse ». Après un traitement au mieux simpliste et de fait plutôt
biaisé du sujet, ce quotidien a donné la parole à cette Inspectrice d’Académie qui a prononcé les mêmes mots que l’on retrouve, Monsieur le Ministre, dans votre communiqué diffusé et repris dans la presse dans la soirée du même jour.
Le sens et la portée de l’uniforme en milieu scolaire
En mettant en place des écoles privées catholiques, l’église affirme avec force qu’elle promeut ses valeurs, sans devoir s’excuser de cela auprès de qui que ce soit, mais sans toutefois les imposer à personne. Parmi ces valeurs, figure en bonne place la cohabitation harmonieuse des citoyens, dans le respect de leurs croyances et convictions respectives.
L’uniforme est un levier qui permet d’atteindre ce but. C’est pour cela que les écoles privées catholiques en ont initié l’usage et la généralisation en milieu scolaire, avant que celles publiques ne s’inspirent du succès et des avantages de cette initiative bâtie sur les valeurs catholiques d’amour et de respect du prochain, d’égalité et d’humilité. Depuis lors, la pratique a fait tache d’huile, et le bien-fondé de l’uniforme à l’école ne semble plus à démontrer au Sénégal.
Il est tout de même bon de rappeler qu’au-delà de la décence recherchée dans le port vestimentaire, l’objectif poursuivi avec l’uniforme est principalement de mettre l’accent sur l’apprentissage et la cohésion dans le milieu éducatif, en réduisant à leur plus simple expression toutes les conséquences perverses des différences de statut social, de moyens financiers, d’orientations religieuses et culturelles, etc. Le Larousse définit l’adjectif « uniforme » comme ce « qui a la même forme, le même aspect ; identique » et ce « qui ne présente aucune variété » ; il définit le nom « uniforme » comme un « vêtement de coupe et de couleur réglementaire porté par divers corps de l’État et diverses catégories de personnel ». À ce dernier égard, il est pertinent de relever que l’uniforme militaire, au Sénégal, ne s’accommode pas de certaines tresses et exclut totalement la possibilité de porter le voile, sans qu’il ne soit venu à l’esprit de quelque autorité publique, à Dieu ne plaise, de s’en prendre à notre chère armée, institution symbolique entre toutes, sur le chapitre d’une prétendue rupture de laïcité, somme toute de mauvais aloi, disons-le sans ambages. Le respect scrupuleux de l’uniforme réglementaire d’une structure n’est donc pas, en soi, facteur d’une rupture du principe de laïcité au Sénégal, comme vous semblez malencontreusement le prétendre dans votre communiqué, Monsieur le Ministre, sans doute dans le feu de la précipitation, car nous n’oserions imaginer une cause autre ?
La vanité de la parole face à l’action quotidienne de l’Eglise au profit des citoyens sans aucune distinction
Dans votre communiqué, vous indexez d’emblée des « actes discriminatoires d’ordre socio culturel qui se manifestent de plus en plus dans l’espace scolaire » en les imputant insidieusement à cette institution privée catholique, sans spécifier en quoi elle serait fautive à vos yeux d’une quelconque violation de la Constitution ainsi que de la loi portant orientation de l’éducation nationale que vous invoquez.
Votre posture est révoltante et dangereuse.
En effet, au vu de l’engagement citoyen et républicain de l’Église et des structures qu’elle anime, il est incompréhensible de se laisser influencer par des charlatans d’un nouveau genre pour ne serait-ce que formuler une telle insinuation. L’Église a toujours convaincu, par l’exemple, les véritables acteurs du développement et de la citoyenneté à s’investir résolument et véridiquement, autant ou plus qu’elle-même, au bénéfice des Sénégalais. À cet égard, il faut préciser que malgré la minorité qu’elle représente au Sénégal, l’Église catholique apparait comme le deuxième pourvoyeur de services publics, après l’État, en matière d’éducation, de santé et d’infrastructures sociales de base, sur toute l’étendue du territoire, au profit des sénégalais et hôtes du pays, de toutes religions, de toutes races, de toutes ethnies, de toutes conditions sociales. À titre illustratif, en plus de la qualité des prestations offertes, il est important de noter trois choses :
- sans les écoles privées catholiques, des dizaines de milliers de sénégalais, de toutes obédiences et toutes conditions, n’auraient plus accès à l’école dès ce jour ;
- sans les structures sanitaires de l’Église, des centaines de milliers de sénégalais, de toutes obédiences et toutes conditions, risqueraient leur vie dès ce jour, faute d’accès à une prise en charge médicale même élémentaire ;
- sans les forages et infrastructures réalisées par des structures d’Église, des centaines de milliers de sénégalais du monde rural, de toutes obédiences et toutes conditions, n’auraient plus accès, dès ce jour, à l’eau potable et à bien d’autres fournitures de services.
Tout cela est manifeste, concret avec une incidence largement positive, pour dire le moins, sur le bien-être des populations sans distinction. Et il faut le dire, tout cela est reconnu et affirmé par les bénéficiaires sénégalais, car nous avons la chance de vivre, Monsieur le Ministre, dans un pays où la parenté et les actes parlent plus fort que les ferments de division ethnique ou religieuse. Si les adeptes du charlatanisme médiatique pouvaient réduire leur verbiage subversif et faire valoir des actes concrets de cette nature, les Sénégalais ne s’en porteraient que mieux. C’est dire que l’Église n’a aucune leçon à recevoir en matière de respect de la liberté de conscience, de services rendus aux citoyens et de promotion du VIVRE ENSEMBLE : « même qui déteste le lièvre doit lui reconnaître la longueur des oreilles », nous dit un proverbe bien de chez nous et un autre proverbe sérère signifie la même chose : « o fagn na Ngoor o Roog a déb no kolloum, o fagnine fagn fagn fagn ta wathiathia » ; signification : quelle que soit la rancœur que tu nourris envers Ngor tu ne peux empêcher que la pluie tombe sur son champ, l’intensité de ta rancœur ne feras qu’accélérer le rythme des gouttes de pluie.
L’appel à la vigilance et à la responsabilité à l’endroit des pouvoirs publics
Monsieur le Ministre, en réagissant d’une façon si épidermique, à travers ce communiqué qui transpire le parti pris sans discernement de vos collaborateurs de l’Inspection d’Académie de Dakar, vous jetez
dangereusement en pâture une institution privée catholique dont la préoccupation a juste été et demeure de faire respecter les valeurs chrétiennes qui la fondent et, au-delà, les principes constitutionnels d’égalité, de liberté, de respect mutuel, en somme, le VIVRE ENSEMBLE.
Monsieur le Ministre, en invoquant la loi d’orientation n°91-22 du 30 janvier 1991, vous taisez, à dessein, les dispositions de l’alinéa 2 de son article 4 nées de la modification de ladite loi par la loi n°2004-37 du 15 décembre 2014 qui indique : « Au sein des établissements publics et privés d’enseignement, dans le respect du principe de la laïcité de l’Etat, une éducation religieuse optionnelle peut être proposée. Les parents choisissent librement d’inscrire ou non leurs enfants à cet enseignement ».
Le ton d’apparence courageuse que vous donnez à votre communiqué fait à charge contre une école privée catholique, ne vous inspire visiblement pas la témérité de reprendre des instituts privés confessionnels agréés par vos services et qui, au vu et au su de votre soudaine autorité, n’offrent de condition pour s’y inscrire que la seule obligation de se couvrir la tête, en raison des convictions religieuses qui sont les leurs. L’Église ne les juge point et respecte leurs choix.
Vous, en revanche, Monsieur le Ministre, vous jugez. Vous avez jugé et avez déjà condamné, sans procès, l’école privée catholique qui, à vos yeux pose des « actes discriminatoires », alors que, jamais, elle n’a été prise à défaut dans son engagement à respecter la foi de ses élèves.
A-t-on, en effet, jamais entendu dire ou relever qu’un élève d’une autre religion que celle catholique ait subi une quelconque contrainte ou ait été victime d’une atteinte à sa foi dans nos établissements ? Par contre, des enseignantes d’obédience catholique se voient imposer l’obligation de se couvrir la tête pour pouvoir intervenir dans certains établissements.
De même, il nous est plusieurs fois revenu, que dans certaines localités de notre pays, des élèves catholiques sont contraints de suivre des cours d’éducation coranique, en lieu et place de l’initiation à la langue arabe qui est d’ailleurs supposée être facultative, sans possibilité de s’y soustraire. Pour sa part, l’école privée catholique que vous clouez au pilori, dans le respect de la foi de ses élèves, n’imposent point d’enseignement religieux, mais organise, avec responsabilité, des cours de morale au profit des élèves non catholiques. Si tant est que vous êtes réellement préoccupé par le respect de la liberté de foi et de croyance, vous êtes personnellement interpellé sur ces questions.
Dans tous les cas, il y a lieu de noter avec satisfaction, dans votre communiqué, la mention faite de l’article premier de la Constitution qui dispose que : « la République du Sénégal est laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d’origine, de race, de sexe, de religion. Elle respecte toutes les croyances ». Nous avons l’honneur de vous croire Monsieur le Ministre, aussi attaché, sinon plus, à cette disposition, que nous ne pourrions nous- mêmes l’être, en raison de votre rang et de votre office : sans doute, l’ampleur du bruit inattendu autour d’une disposition somme toute licite et légitime, aurait-elle contribué à obscurcir votre premier jugement.
Au demeurant, nous vous rappelons, à toutes fins utiles, que les modifications réglementaires sont uniquement astreintes, au moment de leur mise en œuvre, d’observer les caractères général, impersonnel, obligatoire et coercitif de la règle de droit, gage de toute égalité. Comment alors un règlement intérieur d’une école (parce qu’elle est d’obédience catholique), dont le contenu est général et impersonnel et dont le seul objectif est de « promouvoir les valeurs dans lesquelles la nation se reconnaît : « [...] la liberté, la démocratie pluraliste et le respect des droits de l’homme, développant le sens moral et civique de ceux qu’elle forme, [...] faire des hommes et des femmes dévoués au bien commun respectueux des lois et des règles de la vie sociale et œuvrant à les améliorer dans le sens de la justice, de l’équité et du respect mutuel » (article 1.2 de la Loi n° 91-22 susvisée), peut-il être vu comme discriminant ?
Dès lors, ni la menace à peine voilée de fermeture de l’Institution Sainte Jeanne D’Arc, ni les appels au retrait d’élèves des établissements catholiques, lancés par des quidams apostats en perte de repères dans leur propre confession, ne nous ébranlent.
En conséquence de tout ce qui précède, nous fidèles laïcs de l’Église catholique du Sénégal, comme la majorité de nos plus-que- frères sénégalais musulmans, soutenons sans réserve l’Institution Sainte Jeanne D’Arc, en particulier, et l’enseignement privé catholique, en général. Nous exprimons notre ferme détermination à les assister dans l’opérationnalisation effective de toutes les mesures tendant à instaurer ou restaurer les principes constitutionnels et les valeurs de l’Église dans leur règlement intérieur.
Si d’aventure, la raison l’emportait sur la passion inutile d’un débat qu’il convient de circonscrire rigoureusement dans le seul cadre de la promotion du VIVRE ENSEMBLE et des valeurs de cohésion sociale, le laïcat catholique, imbu des principes du dialogue, de la concertation et de la paix, demeure ouvert à prospecter toute voie d’apaisement, pour l’intérêt exclusif des populations que sert l’Église.
Que le Ramadan qui vient de commencer soit un moment favorable pour accueillir les bénédictions et les innombrables grâces du Tout- Puissant dans nos cœurs, nos familles, notre pays et notre monde qui a tant besoin de réconfort et de paix !
Que la Sainte Mère du Christ, modèle de bienveillance, jette son doux regard sur le Sénégal en ce mois de mai qui lui est dédié, Amen !
VIDEO
LE GORÉE INSTITUTE, UNE MAISON POUR LA DÉMOCRATIE
Né sous l'impulsion d'Abdou Diouf en 1992, à l'heure où l'Afrique du Sud allait rompre avec l’apartheid, le Gorée Institute aura pour premier directeur exécutif l'auteur et militant sud-africain Breyten Breytenbach
A Gorée, au Sénégal, un institut a pour mission de conforter la démocratie à travers le continent africain. Né sous l'impulsion d'Abdou Diouf en 1992, à l'heure où l'Afrique du Sud allait rompre avec l’apartheid, le Gorée Institute aura pour premier directeur exécutif l'auteur et militant sud-africain Breyten Breytenbach.
Gorée Institute est une organisation panafricaine de la société civile, qui a pour mission de contribuer à la mise en place de sociétés paisibles, justes et autosuffisantes en Afrique, de renforcer le dialogue politique pour la résolution pacifique des conflits, de contribuer à la consolidation des processus démocratiques et des institutions, et d’encourager la créativité artistique, sociale et économique. Depuis sa création, le Goree Institute a poursuivi sa vision en contribuant à l’émergence d’une Afrique indépendante, politiquement forte, d’une société civile socialement engagée avec une citoyenneté effective et responsable pour un développement durable de nos communautés.
Depuis 2003, suite à une analyse du contexte africain, l’Institut a décidé de suivre une nouvelle orientation qui met l’accent sur la recherche et la compréhension des causes de conflits en Afrique, la promotion du dialogue politique et des conditions de paix durable, l’approfondissement de la démocratisation par l’implication dans les processus électoraux.
THIONE SECK RISQUE 8 MOIS DE PRISON
Le procureur a requis deux ans de prison dont 8 mois ferme contre l'artiste poursuivi dans une affaire de faux billets, dont la première audience s’est tenue jeudi au Tribunal correctionnel de Dakar
Thione Ballago Seck risque 8 mois de prison ferme si le juge suit le réquisitoire du procureur, qui a requis deux ans de prison dont 8 mois ferme. Une peine qu’il ne devrait pas faire puisqu’il a déjà passé 8 mois en détention préventive. Le délibéré est fixé au 23 mai 2019.
Le procureur a requis deux ans de prison dont 8 mois ferme contre Thione Seck poursuivi dans une affaire de faux billets, dont la première audience s’est tenue jeudi au Tribunal correctionnel de Dakar. Le chanteur Thione Seck est poursuivi pour association de malfaiteurs, manipulation de faux billets, tentative d’escroquerie de personnes non identifiées, contrefaçon de signes monétaires. Dans son réquisitoire, le maître des poursuites a demandé au tribunal de reconnaître Thione Seck coupable des délits d’associations de malfaiteurs, de détention de faux billets et de tentative d’escroquerie. Par rapport à l’infraction de contrefaçon, il a indiqué qu’il n’a aucun élément qui peut établir que l’auteur de « Ballago » s’adonnait à une telle pratique. Tout l’arsenal qui servait à fabriquer ces faux billets a été trouvé chez son co-accusé Allaye Djiteye. En revanche, le représentant du parquet trouve qu’il y a des «éléments troublants » dans les réponses de l’artiste. A son avis, une somme de 85 millions de FCfa ne doit être remis à une tiers personne sans aucune justification. Pire, dans le répertoire téléphonique de Thione Seck les numéros de téléphone de Joachim Cissé et de son acolyte gambien étaient introuvables.
Pour Allaye Djiteye, le procureur a demandé au tribunal de le déclarer coupable des délits d’association de malfaiteurs, de contrefaçon, de tentative d’escroquerie, de monnayage de faux billets. Pour la répression, il a requis 5 ans de prison ferme.
Rappelons que Thione Seck a déjà passé huit mois de détention préventive. Interpellé en mai 2015, il est sorti de prison en février 2016 avec un contrôle judiciaire.
par l'éditorialiste de seneplus, demba ndiaye
HARO SUR LES PRÉDATEURS FONCIERS
EXCLUSIF SENEPLUS - SenePlus entame cette semaine, une série d’éditoriaux sur des questions sociétales - Premier jet d’un ensemble consacré à la boulimie foncière et aux prédateurs qui gangrènent le secteur
SenePlus, entame cette semaine une série d’éditoriaux sur des questions sociétales dont l’importance ne devrait échapper à personne. Aujourd’hui, le premier jet d’un ensemble consacré au foncier, ou plus exactement à la boulimie foncière et aux prédateurs qui gangrènent le secteur. Par notre éditorialiste Demba Ndiaye, qui a décidé d’aller à la rencontre des acteurs, afin d’agrémenter sa dissection d’un grand corps malade de notre société.
BAMBILOR LA POUDRIÈRE FONCIÈRE
La communauté rurale de Bambilor est devenue une vraie bombe foncière. Cela depuis l’affaire dit du titre foncier Bertin, du nom du colonel français Emile Chevanche Bertin. D’une superficie de 2514 hectares, le TF 1975 R, empiète sur les sept villages que sont Mbèye, Wayembam, Nguendouf, Déni Birame Ndaw, Déni Guédj, Goram 2 et Bambilor. Spoliant du coup les centaines de villageois présents qui exploitaient la zone depuis des siècles ainsi que des particuliers. Qui ont épargné pendant des années pour un repos bien mérité pour leurs vieux jours.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que cette affaire connue sous « Bertin TF1975R » est un condensé de drames sociaux qui affectent nos populations rurales ; la zone d’évolution de nouveaux prédateurs politico-administratifs. Dans cette affaire Bertin, plusieurs voix se sont élevées pour dire que le titre en question repose sur du faux. D’où la naissance du collectif « And Sam Sa Moomel » pour la défense des intérêts des populations ainsi que des propriétaires et attributaires de la zone.
Aujourd’hui, outre les terres liées à ce fameux TF1975, le Collectif de défense des populations et autres particuliers spoliés, réclament aussi, leurs terres spoliées par la Coopérative d’habitat militaire (Comico). Dans les responsabilités de ces micmacs fonciers, le Secrétaire général du collectif, Bira Cissé, accuse le régime du président Abdoulaye Wade d’avoir été « le plus grand usurpateur avec des affectations dans la zone, à n’en plus finir au profit de beaucoup de ses proches ».
Curieuse attitude que celle des autorités locales qui jusqu’à ce jour, n’ont levé le petit doigt en faveur de leurs mandants. Ce qui fait dire à certains qu’il y a anguille sous roche. Pour ne pas dire connivences et complicités...
LE BEAU-PÈRE DU PRÉSIDENT INDEXÉ
Décidément, la zone Bambilor-Lac Rose est la zone de prédilection de nombreux prédateurs fonciers. Ainsi, toujours dans la communauté rurale de Bambilor, sur une superficie de 120 hectares, est érigé le projet de construction de 5000 logements sociaux dont la société adjudicataire appartient, selon des témoins, au beau père du président de la République. Convaincus de connivences de tous genres pour les opérations de spoliation à grande échelle, cultivateurs, exploitants de la zone depuis plusieurs décennies, et particuliers qui y ont acheté des terrains pour leurs vieux jours, n’ont cessé de dénoncer sur tous les tons, que le projet en question, « est une grosse arnaque, une nébuleuse, un subterfuge visant à déposséder de pauvres paysans », en décriant cette méthode de "fookhati" (par la force) de la part d’Abdourahmane Seck Homère, président du groupe Seti, qui s’est accaparé de leurs terres.
Comme souvent, face à ce qui ressemble fort au combat improbable entre le droit et la force, maraîchers et agriculteurs, par la voix de leur porte-parole Mbacké Tine, se disent prêts à faire face à « ceux qui veulent leur ôter le pain de la bouche ». Il semblerait qu’après ces mobilisations des spoliés, le chef de l’Etat ait arrêté le projet. Mais, comme chats échaudés craints l’eau froide, ils sont sceptiques quant à l’effectivité de cet arrêt, et se disent convaincus que les responsables du groupe Seti sont sur le point de revenir à la charge.
À quelques jets de pierres de là, dans le village de Kounoune, des propriétaires et autres attributaires de parcelles courent toujours derrière leurs biens. En effet, du temps de l’ancienne communauté rurale de Sangalkam, des citoyens avaient acheté ou bénéficié d’ordre de recettes après avoir payé tous les frais inhérents au Trésor public. Mais, jusqu’à présent, ils n’ont pas encore vu leurs parcelles. Plus cocasse ou dramatique, c’est selon, le nombre de documents émis est supérieur aux parcelles disponibles.
Le village de Keur Ndiaye Lo connaît aussi un litige foncier l’opposant à l’école inter Etats de médecine et de sciences vétérinaires. Quinze (15) hectares les opposent dans un combat qui semble dépasser ces villageois face à ...une multinationale africaine de la Formation. En effet, le collectif de défense des intérêts de Keur Ndiaye Lo veut récupérer coûte que coûte cette superficie, parce que disent-ils, la zone est réservée à la jeune génération pour lui permettre demain, d’avoir un toit chez soi et non d’être obligée d’immigrer dans son propre pays du fait de prédateurs protégés.
Non loin de là, toujours dans la zone de Tivaouane-Peulh-Niague, les populations demandent l’extension de leur village dont l'autorisation leur avait été accordée depuis 2007. Mais, quelle ne fut leur surprise de voir un beau jour, l’installation de l’institut El Mozdaïr sur le site qui devait servir de zone d’extension du périmètre habitable du village. À leur grand dam, 50 hectares ont été absorbés par la nouvelle infrastructure. Le plus grave dans cette affaire, c’est que les documents de bail brandis par les responsables, reposent sur du faux, selon le collectif des attributaires et propriétaires de terres ainsi que les populations. Mieux, les baux auraient été établis entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2012. Il fallait le faire !
ARNAQUE À LA FORÊT CLASSÉE DE SÉBIKOTANE.
Il y a comme qui dirait, une sorte de mafia de la terre dans ce pays qui, parmi ses aversions, figure la détestation de l’environnement ; notre espace vital. C’est ainsi, de ceux qui se sont rués sur la forêt classée de Sébikotane avec un lotissement érigé en pleine forêt classée. Pour ceux et celles qui ont été dupés de bonne foi, cela constitue une grosse arnaque. Selon ces derniers, la municipalité ne leur avait jamais signalé que le site est situé dans la forêt et qu’avant un quelconque lotissement, il fallait d’abord procéder à son déclassement. Fautifs par ignorance du fait de spécialistes es-arnaques.
Selon les victimes de ces pratiques illégales et pourtant que tout semble légaliser, lorsque la mairie avait délibéré en 2006 pour faire de la zone une extension, beaucoup de personnes ont afflué vers Sébikotane. Des particuliers comme des coopératives d’habitats avaient déjà payé leur quittance au Trésor public. Mais depuis lors, leur vie s’écoule entre cauchemar et calvaire, entre rage d’avoir été floués et impuissance face à des intouchables de la République. Tout ce beau monde court derrière ses parcelles. Pour apaiser la tension, la nouvelle équipe municipale en place, dirigée par le maire Mbaye Cissé, a introduit des demandes de déclassement d’une partie de la forêt. Mais les choses ne bougent pas. Il faut noter que même si la partie ciblée de la forêt classée était déclassée, elle ne pourrait pas contenir le nombre de demandeurs disposant de documents en bonne et due forme. Mais pourquoi raser un des rares espaces vert de la région pour des logements alors que d’autres sites destinés aux habitations existent ?
YENE, SOS POUR SITE ÉCOLOGIQUE EN DANGER !
Autre lieu, mêmes forfaitures. Yène, le 6 Mai dernier. C’était le branle-bas de combat. En effet, les populations des différents villages de la communauté rurale, avaient organisé une marche de grande envergure pour protester contre le bradage des réserves de la localité. Selon le président du mouvement « Sopi ak Dialaw », Amadou Diagne Ndir, la population risque de voir un jour ses enfants sans toits si ces chapardages de terres continuent.
Aujourd’hui, pour mesurer les dangers qui guettent la zone, il faut voir comment et à quel rythme, les terres se raréfient. Exemple de cette destruction « fast track », les agressions contre le marigot de Yène -Todd, qui est morcelé, dépecé, avec la viabilisation de 1500 parcelles. Selon d’autres sources, à ce scandale, il faut ajouter d’autres comme ce qui se passe à Ndoukhoura et sur la colline. Sans compter les particuliers qui se disent spoliés. Pour les populations et leur porte-parole, Amadou Diagne Ndir, il urge d’arrêter le massacre qui se passe à Yene. Mais, il faut aussi exiger l’audit du foncier dans la localité. Comme dans toutes les autres localités du pays où sévissent des prédateurs fonciers privés ou appartenant à l’administration.
Parce que pour l’opinion (et c’est souvent vrai), les auteurs de ces boulimies foncières sont les fonctionnaires affectés dans ces départements comme agents de l’Etat. Comme dans le département de Rufisque. En tout cas, c'est l'avis d'Ousmane François Guèye président de la Convention des cadres et lébous de souche. Selon lui, "pour la plupart d’entre eux, tous ceux qui sont affectés ici, repartent riches comme Crésus. Et Dieu et nous autres mortels, savons très bien que leurs salaires ne permettent pas ces aisances sociales subites".
Le quinquennat « Fast track » devrait s’attaquer en premier lieu à cette maladie infectieuse qu’est la boulimie foncière. Le président qui veut aller vite et faire du bien, en faisant du bikini à ses populations pendant son mandat. Et surtout, il faudrait que les populations se souviennent de lui comme celui qui s’est attaqué vigoureusement, courageusement au fléau.
Pour cela, en toute humilité, il devrait dépoussiérer les conclusions du rapport sur la réforme foncière. Qu’a-t-il à perdre sinon la détestable image d’un « wax waxet » qui a entaché grandement la crédibilité de sa parole ? Plus important encore, il y aura au-delà des promesses électorales dont on dit qu’elles n’engagent que ceux qui y croient, les simplets d’esprit comme nous, pour tracer les sillons d’une agriculture pérenne dans nos Niayes et autres campagnes, mais aussi, pour préserver le peu qui nous reste encore de notre environnement en dégradation « Fast Track ».
Pour cela, l’Acte 3 de la décentralisation devrait être revue avant les élections locales. Parce que souvent, les prédateurs s’appuient sur des conseillers municipaux, ruraux, en disette et à la recherche de ressources pour leurs communes, pour s’adonner à des pratiques illicites et socialement criminelles. Il n’y a pas urgence sociale, plus urgente et plus sociale que d’engager enfin la révolution foncière qui rendrait leurs terres et leurs dignités aux millions de populations en voie d’appauvrissement à un rythme « Fast Track ». Ou la cadence accélérée de son ex-Premier ministre.
Et il y a sans doute une occasion unique de prendre le problème à bras le corps que de l’inclure dans les termes de référence du dialogue auquel vous avez appelé et qui semble-t-il devrait démarrer ce jeudi. Nom de Dieu, on ne vit pas que de politique, d’élections, de carte électorale, de parrainage et autres sources et moyens de vivre des politiciens. Que je respecte quand ils arrêtent de contempler leur nombril et se souviennent du sens de leur combat ; la satisfaction des besoins des populations. Ou bien la politique a changé de sens et d’objectifs ?
Remerciements aux organes comme Thiès info, aux organes de presse partenaires de SenePlus et d’autres qui ont constitué la trame des sources de cet article. Merci surtout à Fanta Cissokho qui n'a pas ménagé ses efforts pour les recherches documentaires.
Semaine prochaine : La révolution foncière est elle possible au Sénégal ? A quel prix ?
Nous n’interrogeons pas assez la contribution de nos grandes figures de la vie publique parce que nous orientons souvent le projecteur plus sur leur personne que sur leurs actions méritoires ou ambiguës
«Notre société est hypocrite. Hier, la justice l’avait condamné, certains avaient applaudi. D’autres l’avaient invectivé. Aujourd’hui que le vieillard de 81 ans, malade depuis belle lurette, est décédé au premier jour du mois de ramadan, tout le monde en fait un héros, un martyr... La fourberie devient une culture dans notre pays… ». Ce sont là quelques mots que nous avons lus sur la page Facebook d’une connaissance après le rappel à Dieu du guide des Thiantacounes, Cheikh Béthio Thioune. Cette grande perte pour la communauté musulmane au lendemain de sa condamnation à 10 ans de travaux forcés et les débats qu’elle a alimentés témoignent de notre rapport avec la mort qui est très complexe. Elle nous impressionne, nous trouble....
Les effusions de cœur qui en découlent traduisent généralement notre part d’humanité et de faiblesse, d’ombre et de lumière, d’empathie et d’impassibilité. Faut-il préférer l’écœurante irrévérence envers les disparus et leurs familles à la fourberie des âmes compatissantes juste parce que le défunt était un homme public qui peut être soumis à la vindicte populaire ? Il ne s’agit pas d’être haineux ou de se répandre en éloges immérités. Il est question de recueillement pour respecter la souffrance des êtres éplorés. Juste cela, de la déférence. Nous nous plaisons à porter des jugements en nous parant de toutes les vertus. Nous ne faisons pas l’hypocrite avec les morts ni avec les âmes chagrinées. En vérité, nous nous substituons au créateur et nous nous complaisons dans notre « sursis ». Mais, c’est toujours mieux que l’impudence et le mépris dénotant de prétentions dénuées de sens et de lucidité. Qui sommes-nous pour juger ? Juger, c’est se mettre sur un piédestal. Il est vrai que Cheikh Béthio Thioune est une personnalité qui a investi l’espace public et, pour cette raison, son action est (sera) consignée dans l’imaginaire collectif et exposée à la critique. Par contre, s’attarder sur des insignifiances, c’est porter des jugements de valeur sur une créature forcément imparfaite.
Toutefois, les journalistes, les universitaires, les chercheurs… devront interroger son œuvre en faisant abstraction des « interférences » produites par les considérations de chapelles pour dissiper tous les soupçons d’ostracisme… Nous n’interrogeons pas assez la contribution de nos grandes figures de la vie publique parce que nous orientons souvent le projecteur plus sur leur personne que sur leurs actions méritoires ou ambiguës, surtout quand elles passent de l’autre côté du mystère. Il ne s’agit nullement de faire montre d’une irrévérence effrontée. Ce serait en contradiction avec notre substrat culturel. Il est important de porter un regard lucide sur leurs succès sans enflure, de mentionner leurs échecs et regrets avec responsabilité. Sans s’ériger en censeur public et pudique, le journaliste peut porter un regard critique sur les disparus qui présidaient à la destinée du collectif. Le professionnel de l’information ne doit être ni un thuriféraire, ni un détraqué indifférent aux codes de convenance. Tout parcours est jalonné d’insuccès et de joie. La postérité tire davantage parti de la mise en évidence de cette inexorabilité du destin et de cette dualité de l’être que de la mythification d’une individualité marquante de son époque ou d’un matraquage post mortem inconsidéré.
La presse ne doit être ni un support hagiographique, ni l’autel dressé pour les proches que le sort attriste déjà. Aller au-delà de l’apologie et des ouï-dire et faire la lumière sur l’essentiel sans mépris des convenances. C’est cela la responsabilité. Car, l’œuvre des personnalités publiques doit être inspirante quelles que soient ses faiblesses et son utilité. Nos morts ne « suggèrent » plus parce que l’éloge funèbre et le « négligeable » sont devenus des ritournelles populaires aux rythmes desquelles nous exécutons la danse de l’étourderie. Il y a lieu de fixer les hommes et les actions dans la mémoire collective sans émotion mais avec responsabilité, objectivité et égard ; ce, pour qu’il n’y ait de doute sur l’authenticité de notre roman national.
À l’instar de Thione Seck, Alaye Djité a nié les faits qui lui sont reprochés. Il est jugé, en même temps que le chanteur, pour association de malfaiteurs, blanchiment de capitaux, complicité de contre façon, falsification pour altération de signe monétaire au tribunal correctionnel de Dakar.
À la barre, Alaje Djité a soutenu n’avoir jamais confectionné de faux billets et qu’aucun faux billet n’a été trouvé chez lui. « J’avais des coupures de faux billets de banque sans référence pour tourner un film, comme on le fait dans tous les films du monde. Je suis cinéaste et je réalise des séries. Il y avait un salon au festival de Saint-Louis, le 20 mai 2015 et je devais présenter ce film. Ce sont de papiers A4. J’ai scanné des billets en dollars et en euros mais ce ne sont pas des billets authentiques », a déclaré Alaye Djité.
Qui reconnait ne pas connaître Thione Seck, bien qu’ils se soient rencontrés deux fois. « La première fois, c’était devant un courtier. Nous étions chez Thione Seck pour chercher un appartement et ce dernier nous a répondu qu’il n’en disposait pas. La deuxième fois, c’est mon chauffeur qui me l’avait montré dans la circulation », explique le prévenu.
Pour sa part, Thione Seck persiste et signe qu’il ne savait pas que le sac que Johachim Cissé lui avait remis contenait des faux billets. L’audience se poursuit. La parole est au Procureur qui pose des questions aux prévenus.
ALY NGOUILLE APPELLE À DIALOGUER "DANS UN ESPRIT DE DÉPASSEMENT’’
Le ministre de l’intérieur a présenté les termes de référence devant aboutir à un dialogue à la réunion marquant le démarrage des concertations.
Le ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye a exhorté jeudi les parties prenantes du dialogue politique voulu par le chef de l’Etat, Macky Sall, à "accepter de confronter" leurs convictions "dans un esprit de dépassement en accordant notamment la bonne foi à l’autre".
"Il nous faudra donc nécessairement accepter de confronter nos convictions dans un esprit de dépassement sans aucun préjugé défavorable en accordant la bonne foi à l’autre", a-t-il indiqué à en procédant à l’ouverture officielle de la réunion marquant le démarrage des concertations pour le dialogue politique.
Pour le ministre de l’Intérieur, c’est au carrefour des convictions diverses des différents acteurs que "surgira la solution consensuelle à nos préoccupations multiples et multiformes".
"Cette confiance mutuelle qui tend normalement vers le même objectif conduit forcément à des résultats probants. Nous pensons qu’il faut bannir la politique de la chaise vide car l’absent n’expose pas et celui qui n’expose pas ne peut pas convaincre", a-t-il fait valoir.
Il en déduit que le dialogue "s’impose à tous", avant d’ajouter : "Notre détermination viendra à bout des obstacles et l’avenir de notre démocratie tant chantée en vaut la peine."
"Cette forte croyance aux vertus de la concertation notée chez le président de la République se traduit à notre niveau en instruction qui croise notre adhésion en tant que ministre de l’Intérieur chargé de l’organisation des élections", a-t-il expliqué.
Selon Aly Ngouille Ndiaye, cette "conviction partagée" au sein du gouvernement repose sur "cette évidence que nul n’a le monopole de la vérité encore moins l’exclusivité du patriotisme".
"C’est pourquoi depuis le 21 novembre 2017, date de ma prise de contact avec les partis politiques et la société civile (…), nous n’avons cessé d’inviter à des échanges et des partages", a rappelé le ministre de l’Intérieur.
L’objectif de la réunion marquant le démarrage des concertations pour le dialogue politique est de présenter les termes de référence devant aboutir à un dialogue, notamment en son volet lié aux élections, mais également de recueillir toute proposition utile.
Plusieurs responsables de formations politiques de la majorité et de l’opposition dont le candidat malheureux à la dernière présidentielle, Issa Sall, ont pris part à la rencontre qui se tient en prélude au dialogue national prévu le 28 mai prochain.
L’appel à un dialogue national avait été lancé par le chef de l’Etat, Macky Sall, juste après la confirmation de sa réélection à l’issue de la présidentielle du 24 février dernier avec 58,26% des voix pour un mandat de cinq ans.
Dans la déclaration qu’il avait faite après la proclamation des résultats définitifs, il disait "tendre la main à toutes et à tous" en vue d’un "dialogue ouvert et constructif".
"Mon rôle, c’est de nous rassembler autour des idéaux que nous partageons. C’est pourquoi, je tends la main à toutes et à tous pour engager un dialogue ouvert et constructif dans l’intérêt supérieur de la Nation", avait-il déclaré.