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31 juillet 2025
L'ÉTAT VEUT RENFORCER SA DIPLOMATIE ÉCONOMIQUE
Le gouvernement est invité à engager l’optimisation de notre potentiel de coopération internationale et amplifier nos relations avec l’ensemble de nos partenaires autour des secteurs accélérateurs de croissance - COMMUNIQUÉ DU CONSEIL DES MINISTRES
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du Conseil des ministres du 8 mai 2019.
"Le Président de la République, son Excellence Monsieur Macky Sall a présidé ce mercredi 08 mai à 10h la réunion du Conseil des ministres.
Le chef de l’Etata ouvert sa communication, en rendant un fervent hommage à la communauté musulmane du Sénégal, et à la OUMAH Islamique, à l’occasion du mois béni du ramadan. Il a sollicité les prières de tous les musulmans du Pays, particulièrement des guides et dignitaires religieux, pour un Sénégal de paix, et de concorde uni dans la foi d’un devenir collectif meilleur.
Il a formulé ainsi ses vœux de bon ramadan à tous nos compatriotes de même qu’aux étrangers qui vivent parmi nous et a salué sur la profondeur du dialogue islamo chrétien au Sénégal.
Le Chef de l’Etat a réaffirmé au plan diplomatique l’importance centrale à l’ancrage d’une véritable diplomatie économique, porteuse d’opportunités, dans le cadre de notre stratégie de développement économique et social. Il a par conséquent invité le gouvernement à engager l’optimisation de notre potentiel de coopération internationale et amplifier nos relations avec l’ensemble de nos partenaires financiers et techniques autour des secteurs accélérateurs de croissance, en ciblant les partenaires offrant ces opportunités.
Au plan stratégique, le Président de la République a invité le Premier Ministre, à instituer un comité semestriel de coordination sur la Coopération internationale sous sa présidence, et à organiser annuellement un forum international sur la coopération et le partenariat.
Le Premier Ministre, a débuté sa communication en félicitant le Chef de l’Etat d’avoir bien voulu décidé de la réforme institutionnelle, ayant abouti à la suppression du poste de Premier Ministre, avec davantage de proximité, d’efficacité.
Poursuivant sa communication, le Premier Ministre, Secrétaire Général de la Présidence a par ailleurs, fait le point sur la réunion tenue sur le port de Ndayane.
Il a également, informé le Conseil des dispositions prises par les cimentiers pour lever les contraintes entravant la poursuite des travaux relatifs au TER. Dans le même ordre, il a proposé la tenue d’un Conseil Présidentiel sur la construction des 100 000 logements.
Enfin, le Premier Ministre, a attiré l’attention sur l’urgence de diligenter le lancement du PSE vert, et la création de l’Agence de protection des forêts, en 2019.
Le Ministre des Finances et du Budget a fait une communication sur l’état d’exécution du budget et le projet de loi de Finances rectificative.
Le Ministre des Affaires étrangères a fait une communication sur la situation internationale, et l’organisation du pèlerinage à la Mecque, édition 2019.
Le Ministre du Développement communautaire a fait le point sur l’exécution des chantiers du PUMA, et la situation des stocks de sécurité alimentaire.
Le Ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural a fait une communication sur la collecte et l’exportation des produits agricoles.
Le ministre du Tourisme, a informé le conseil des conclusions issues du forum sur les prévisions saisonnières.
Le Ministre du Commerce a fait le point sur la visite effectuée par ses services, pour contrôler la vente des petites dosettes d’alcool, utilisées par les jeunes.
Le Ministre de l’Economie numérique a fait une communication, portant sur le sommet : « Transfom Africa », dans le cadre de SMART AFRICA qui se déroulera à Kigali du 15 au 16 mai prochain
Le Ministre du PSE a fait une communication sur les niches à exploiter pour des opportunités de croissance
Au titre des textes législatifs, le conseil, adopté le projet de loi portant autorisation de la création de la société nationale de gestion du patrimoine du Train Express régional « SEN- TER »
Au titre des mesures individuelles, le Chef a pris les décisions suivantes :
Monsieur Pierre NDIAYE, Ingénieur Statisticien Economiste, précédemment Directeur général de la Planification et des Politiques économiques au Ministère de l’Economie, des Finances et du Plan, est nommé Secrétaire général du Ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération.
Monsieur Mouhamadou Bamba DIOP, Ingénieur Statisticien Economiste, précédemment Directeur de la Planification à la Direction générale de la Planification et des Politiques économiques au Ministère de l’Economie, des Finances et du Plan, est nommé Directeur général de la Planification et des Politiques économiques au Ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération, en remplacement de Monsieur Pierre NDIAYE appelé à d’autres fonctions.
Docteur Serigne Moustapha SENE, Economiste, précédemment Directeur de la Prévision et des Etudes économiques à la Direction générale de la Planification et des Politiques économiques au Ministère de l’Economie, des Finances et du Plan, est nommé Coordonnateur de la Direction générale de la Planification et des Politiques économiques au Ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération, poste vacant.
Monsieur Alhousseynou DIALLO, Inspecteur Principal des Douanes, matricule de solde n° 373 291/E, Directeur de Cabinet du Ministre des Affaires Etrangères et des sénégalais de l’Extérieur, est élevé au rang d’Ambassadeur.
Monsieur Oumar BA, Urbaniste, titulaire d’un Master en Aménagement urbain et de développement local, est nommé Directeur Général du Cadre de Vie et de l’Hygiène publique au Ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique.
Monsieur El Hadji Abdoulaye GUEYE, Administrateur Civil, Matricule de solde n° 624 581/J, est nommé Directeur de l’Administration Général et de l’Equipement au Ministère de l’urbanisme, du Logement et de l’Hygiène Publique, en remplacement de Monsieur Aliou YAGUE appelé à d’autres fonctions.
Monsieur Mbaye DIOP, Urbaniste, matricule de solde n° 611 876/A, précédemment Directeur du cadre de vie et des Espaces verts urbains, est nommé Directeur des Paysages urbains et des espaces publics à la Direction Général du Cadre de vie et de l’Hygiène publique au Ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique.
Monsieur Diomaye DIENG, Chimiste Environnementaliste, est nommé Directeur de la propreté et de l’Hygiène publique à la Direction Général du Cadre de vie et de l’Hygiène publique au Ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique.
Monsieur Amadou Matar CISSE, Administrateur Civil Principal, matricule de solde n° 519 795/J, est nommé Directeur Général de la Fonction Publique, en remplacement de Monsieur Abdoulaye Ndiaye, appelé à d’autres fonctions.
Monsieur Amadou DIALLO, Titulaire d’un master 2 en gestion des projets, est nommé Directeur du renouveau du Service public au Ministère de la Fonction Publique, poste vacant.
Monsieur Aliou SOW, Administrateur Civil Principal, matricule de solde 604 139/C, est nommé Directeur de l’Administration générale et de l’Equipement (DAGE) du Ministère du Développement Communautaire, de l’Equité sociale et territoriale.
Monsieur Saër DIOP, Ingénieur Polytechnicien, est nommé Directeur Général de l’Agence pour l’Economie et la Maîtrise de l’Energie (AEME), poste vacant.
Monsieur Abdoul Aziz SARR, Commissaire de Police Principal, matricule de solde 606 832/E, précédemment en service à l’Office National de lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC) est nommé Directeur des Opérations Electorales en remplacement de Monsieur El Hadji Malick MBENGUE, admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite.
Monsieur Abdoulaye SENE, Ingénieur en génie civil et hydraulique, est nommé Secrétaire exécutif pour l’organisation du 9eForum mondial de l’eau, prévu à Dakar en 2021.
Monsieur Abdoulaye SY, Inspecteur des Impôts et Domaines, matricule de solde n° 616 193/P, précédemment Chef du Centre des services fiscaux des Parcelles assainies est nommé Directeur de l’Administration générale et de l’Equipement du Ministère de la Justice, en remplacement de Monsieur Aliou SOW.
Monsieur Ibrahima SAKHO, Administrateur Civil Principal, matricule de solde n° 508 635/E, précédemment Directeur général de l’Administration territoriale au Ministère de l’Intérieur, est nommé Secrétaire Général du Ministère de l’Intérieur.
Monsieur Amadou SY, Administrateur Civil Principal, matricule de solde n° 508 509/A, précédemment Gouverneur de la Région de Thiès, est nommé Directeur général de l’Administration territorial en remplacement de Monsieur Ibrahima SAKHO.
Monsieur Fiacre Bruno Léopold BADIANE, Commissaire de Police Principal, matricule de solde n°505 840/F, est nommé Directeur de l’Automatisation des Fichiers (DAF) au Ministère de l’Intérieur, en remplacement de Monsieur Ibrahima DIALLO.
Monsieur Al Hassan SALL, Administrateur civil, Mle de solde n° 604 141/L, précédemment Gouverneur de la Région de Kaolack, est nommé Gouverneur de la Région de Dakar, en remplacement de Monsieur Mohamet FALL, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Gorgui MBAYE, Administrateur civil, Mle de solde n° 510 411/Z, précédemment Gouverneur de la Région de Fatick, est nommé Gouverneur de la Région de Diourbel, en remplacement de M. Mouhamadou M. NDAO, appelé à d’autres fonctions ;
Madame Seynabou GUEYE, Administrateur civil, Mle de solde n° 608 876/G, précédemment Préfet du Département de Guinguinéo, est nommé Gouverneur de la Région de Fatick, en remplacement de M. Gorgui MBAYE, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Alioune Badara MBENGUE, Administrateur civil, Mle de solde n° 518 383/N, précédemment Gouverneur de la région de Louga, est nommé Gouverneur de la Région de Kaolack, en remplacement de M. Al Hassan Sall, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur El Hadji Bouya AMAR, Administrateur civil, Matricule de solde n° 604 453/H, précédemment Gouverneur de la région de Tambacounda, est nommé Gouverneur de la Région de Louga, en remplacement de M. Alioune Badara MBENGUE, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Mouhamadou Moctar WATT, Administrateur civil, Mle de solde n° 519 025/J, précédemment Préfet du Département de Kaolack, est nommé Gouverneur de la Région de Matam, en remplacement de M. Oumar Mamadou Baldé, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Oumar Mamadou BALDE, Administrateur civil, Mle de solde n° 519 796/I, précédemment Gouverneur de la région de Matam, est nommé Gouverneur de la Région de Tambacounda, en remplacement de M. El Hadji Bouya AMAR, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Mouhamadou Moustapha NDAO, Administrateur civil, Mle de solde n° 510 592/F, précédemment Gouverneur de la Région de Diourbel, est nommé Gouverneur de la Région de Thiès, en remplacement de Monsieur Amadou SY, appelé à d’autres fonctions ;
Madame Ndèye Nguénar MBODJI, Administrateur Civil, Préfet du Département de Fatick, est nommée Préfet du Département de Guinguinéo, en replacement de Madame Seynabou GUEYE, appelée à d’autres fonctions.
Monsieur Cheikh Ahmet Tidiane, Administrateur Civil, adjoint au Gouverneur de Diourbel est nommé Préfet du Département de Kaolack en remplacement de Monsieur Mouhamadou Moctar WATT, appelé à d’autres fonctions.
Monsieur Thierno Souleymane SOW, Administrateur civil, Mle de solde n° 602 494/I, précédemment Adjoint au Gouverneur de la Région de Matam, chargé des affaires administratives, est nommé Adjoint au Gouverneur de la Région de Kaolack, chargé des affaires administratives, poste vacant ;
Monsieur Cheikh Ahmadou NDOYE, Administrateur civil, Mle de solde n° 626 486/H, précédemment Adjoint au Gouverneur de la Région de Fatick, chargé du développement, est nommé Adjoint au Gouverneur de la Région de Matam, chargé des affaires administratives, en remplacement de monsieur Thierno Souleymane SOW, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Maurice Latyre DIONE, Administrateur civil, Mle de solde n° 611 935/E, précédemment Adjoint au Gouverneur de la Région de Kolda, chargé du développement, est nommé Adjoint au Gouverneur de la Région de Sédhiou, chargé des affaires administratives, en remplacement de monsieur Alioune Badara MBENGUE, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Alioune Badara MBENGUE, Administrateur civil, Mle de solde n° 653 021/E, précédemment Adjoint au Gouverneur de la Région de Sédhiou, chargé des affaires administratives, est nommé Adjoint au Gouverneur de la Région de Kolda, chargé des affaires administratives, poste vacant ;
Madame Awa Ndiaye DIOP, Administrateur civil, Mle de solde n° 661 347/E, précédemment Adjoint au Gouverneur de la Région de Tambacounda, chargée du développement, est nommée Adjoint au Gouverneur de la Région de Kaffrine, chargée du développement, en remplacement de monsieur Cheikh NDIAYE, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Cheikh NDIAYE, Administrateur civil, Mle de solde n° 661 351/B, précédemment Adjoint au Gouverneur de la Région de Kaffrine, chargé du développement, est nommé Adjoint au Gouverneur de la Région de Tambacounda, chargé du développement, en remplacement de madame Awa Ndiaye DIOP, appelée à d’autres fonctions ;
Monsieur El Hadji Malick Sémou DIOUF, Administrateur civil, Mle de solde n° 681 537/J, précédemment Adjoint au Préfet du département de Rufisque, est nommé Adjoint au Gouverneur de la Région de Fatick, chargé du développement, en remplacement de monsieur Cheikh Ahmadou NDOYE, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Boubacar Bahinghou SAGNA, Administrateur civil, Mle de solde n° 681 540/B, précédemment Adjoint au Préfet du Département de Pikine, est nommé Adjoint au Gouverneur de la Région de Kolda, chargé du développement, en remplacement de monsieur Maurice Latyre DIONE, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Modou GUEYE, Administrateur civil, Mle de solde n° 681 541/C, précédemment Adjoint au Préfet du Département de Guédiawaye, est nommé Adjoint au Gouverneur de la Région de Sédhiou, chargé du développement, poste vacant ;
Monsieur Aliou BA, Secrétaire d’Administration, Mle de solde n° 626 267/G, précédemment Adjoint au Préfet du Département de Thiès, est nommé Sous-préfet de l’Arrondissement de Dodji, Département de Linguére, en remplacement de monsieur Ndiogou NDONG, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Ndiogou NDONG, Secrétaire d’Administration, Mle de solde n° 512 106/A, précédemment Sous-préfet de l’arrondissement de Dodji, département de Linguére, est nommé Sous-préfet de l’Arrondissement de Pambal, Département de Tivaouane, en remplacement de monsieur Ibrahima Baîla BA, admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite ;
Monsieur Matar SARR, Secrétaire d’Administration, Mle de solde n° 629 727/A, précédemment Adjoint au Préfet du Département de Bignona, est nommé Sous-préfet de l’Arrondissement de yang yang, Département de Linguère, en remplacement de monsieur Abou MANGANE, admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite ;
Monsieur Mouhamadou SOW, Secrétaire d’Administration, Mle de solde n° 67 445/G, précédemment Adjoint au Préfet du Département de Vélingara, est nommé Sous-préfet de l’Arrondissement de Ndoulo, Département de Diourbel, en remplacement de monsieur Paul BASSE, admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite ;
Monsieur Mamadou DIOUF, Secrétaire d’Administration, Mle de solde n° 600 563/D, précédemment Adjoint au Préfet du Département de Sédhiou, est nommé Sous-préfet de l’Arrondissement de Mabo, Département de Birkelane, en remplacement de monsieur Malick MBENGUE, admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite ;
Monsieur Jean Marie KASSOKA, Secrétaire d’Administration, Mle de solde n° 608 361/I, précédemment Adjoint au Préfet du Département de Médina Yéro Foula, est nommé Sous-préfet de l’Arrondissement de Lour Escale, Département de Koungheul, en remplacement de monsieur Léopold DIOUF, admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite ;
Monsieur Alsény BANGOURA, Secrétaire d’Administration, Mle de solde n° 653 091/L, précédemment Adjoint au Préfet du Département de Mbour, est nommé Sous-préfet de l’Arrondissement de Dakately, Département de Salémata, en remplacement de monsieur Bou Papa FALL, admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite ;
Monsieur Al Hassane FAYE, Secrétaire d’Administration, Mle de solde n° 653 088/D, précédemment Adjoint au Préfet du Département de Matam, est nommé Sous-préfet de l’Arrondissement de Mampatim, Département de Kolda, en remplacement de monsieur Birame SECK, admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite ;
Monsieur Abdoulaye SOW, Secrétaire d’Administration, Mle de solde n° 515 894/F, précédemment Sous-préfet de l’Arrondissement de Sare Bidji, Département de Kolda, est nommé Sous-préfet de l’Arrondissement de Ndiob, Département de Fatick, poste vacant ;
Monsieur Papa Amadou Ngoumb BA, Secrétaire d’Administration, Mle de solde n° 603 471/K, précédemment Adjoint au Préfet du Département de Ziguinchor, est nommé Sous-préfet de l’Arrondissement de Sare Bidji, Département."
WADE BOUDE LE DIALOGUE NATIONAL
Il n’est pas acceptable que cette réunion soit présidée par Aly Ngouille Ndiaye - Le PDS rappelle que sa participation au dialogue est conditionnée par la libération immédiate de Khalifa, et par la révision du procès de Karim - COMMUNIQUÉ DE PRESSE
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du PDS, daté du 8 mai 2019, relatif au démarrage ce jeudi, des concertations sur les termes de référence du dialogue national souhaité par Macky Sall.
«Le Parti Démocratique Sénégalais (PDS) informe l’opinion nationale et internationale qu’il ne participera pas à la « réunion de démarrage des concertations sur les termes de référence du dialogue politique du chef de l’État », qui démarrera jeudi 09 mai sous la présidence du ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye.
Le PDS rappelle qu’il a toujours été attaché au dialogue politique entre l’opposition et le pouvoir, ce principe est d’ailleurs inscrit dans son programme fondamental et l’histoire de notre parti le démontre largement.
Si le PDS prend acte de la volonté du chef de l’État Macky Sall d’engager un dialogue politique, il n’est pas acceptable que cette réunion soit présidée par Aly Ngouille Ndiaye.
Aly Ngouille Ndiaye est d’abord disqualifié du fait de son implication dans les scandales économiques et financiers MITTAL et PETROTIM qui ont fait perdre plus de 5.000 milliards de F.CFA au Sénégal et qui auraient certainement pu éviter le chaos économique et social dans lequel le Sénégal va être plongé avec l’augmentation prochaine des prix.
Aly Ngouille Ndiaye est surtout totalement disqualifié pour présider une telle rencontre car il a été le maître d’œuvre de la fraude électorale massive qu’il a annoncée devant la presse et l’opinion en affirmant haut et fort qu’il avait été nommé ministre de l‘Intérieur pour faire gagner son patron Macky Sall. Il s’est révélé être le pire ministre de l’Intérieur que le Sénégal n’ait jamais eu, le ministre de l’Intérieur le plus partisan de notre histoire, celui qui a toujours affiché ses positions dans le mépris le plus total de l’opposition, responsable de l’élimination arbitraire de notre candidat, de la répression violente de l’opposition sénégalaise et de l’arrestation de certains de ses responsables. Il est responsable devant l’histoire du grave recul des libertés et de la régression démocratique de notre pays.
Le PDS rappelle qu’il n’est pas contre le dialogue politique, mais qu’une telle réunion devrait être présidée par une personnalité crédible, neutre, indépendante, consensuelle et respectée.
Le PDS rappelle également que sa participation au dialogue politique est conditionnée par la libération immédiate de Khalifa Sall et par la révision du procès de Karim Wade, en application des décisions de justice internationale condamnant l’État du Sénégal, notamment celle du Comité des Droits de l’Homme des Nations Unies qui prescrit cette révision. »
PAR Momar Dieng
POURQUOI MACKY NE TOUCHE PAS À SES PRIVILÈGES PERSONNELS ?
Entre ses voyages incessants à bord de l’avion de commandement, les largesses offertes à ses alliés du HCTT, les planques politiciennes que représente le CESE, il y aurait de quoi rediriger plusieurs de milliards francs Cfa dans des secteurs productifs
Pour le président de la République, l’enfer c’est vraiment les autres ! Dans la dynamique actuelle visant à restreindre les dépenses publiques non vitales, le chef de l’Etat semble oublier ses propres cordons, jusque là intouchables. C’est le silence total en ce qui le concerne ! Entre ses voyages incessants à bord de l’avion de commandement, les largesses offertes à ses alliés stratégiques de l’assemblée nationale et du Haut conseil des collectivités territoriales, les planques politiciennes que représentent le Conseil économique, social et environnemental et divers autres organes futiles au pays, il y aurait en effet de quoi rediriger plusieurs de milliards de francs Cfa dans des secteurs « productifs » pour la nation.
Le gigantesque chamboulement de la constitution voté par les députés le samedi 4 mai, la disparition du poste de premier ministre, la remise en cause de certains pouvoirs historiques de l’assemblée nationale sont des tournants politiques et institutionnels essentiels qui précipitent le Sénégal dans un nouveau régime dont on peine à comprendre l’horizon et à déterminer les objectifs non avoués d’ici à l’échéance 2024.
En parallèle à cette option brutale de gouvernance verticale imposée au pas de charge par le président Macky Sall, une politique d’austérité (présumée) semble devoir s’imposer également afin que l’Etat et les pouvoirs publics aient les moyens et ressources de donner corps aux engagements électoraux du chef de l’Etat. C’est dans ce cadre que ce dernier s’est d’ailleurs empressé de fermer la porte à toutes demandes de hausses salariales aux organisations syndicales à l’occasion de la fête du 1er mai dernier.
Quand la rareté des ressources de l’Etat devient porteuse de risques sociaux parce que le gouvernement n’aura pas eu les moyens de dérouler de vraies politiques de justice sociale, le réalisme et la raison imposent de changer de cap. On ignore ce que donnera la nouvelle résolution du président Sall à cet effet, mais on sait qu’elle échouera si lui-même ne se met pas en première ligne.
Assemblée nationale, Hcct, Cese…
Le discours présidentiel sur l’idéologie naissante du fast-track et de la rationalisation des ressources publiques ne saurait en effet avoir de sens que si le chef accepte de sacrifier une part significative des intérêts économiques et financiers que la loi met à sa disposition. Or, de la réduction de ses propres dépenses, ce chef n’en parle pas. Comme si l’enfer de l’austérité ne devait concerner que les autres.
Par souci d’équité et de rigueur, et si tant est que ce pays connaît des difficultés qui ne lui permettent pas de discuter de hausse salariale avec les syndicats, si l’Etat semble incapable de respecter la plateforme des accords financiers signés avec les syndicats d’enseignants, si le prix du ciment doit même subir une hausse sous la pression des multinationales Dangoté, Vicat et Ciments du Sahel implantées au Sénégal, alors, le président Sall se doit d’être plus courageux et cohérent dans sa démarche.
A défaut de supprimer le Conseil économique social et environnemental (Cese) et le Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct), l’urgence invoquée exige la réduction drastique de leurs budgets et le passage à terme à un système indemnitaire symbolique pour les conseillers de ces deux organes. Pour 2019, le budget du Cese est de 6 milliards 202 millions de francs Cfa, alors que celui du Hcct est de 8 milliards 640 millions de francs Cfa (avec une hausse de près de 340 millions de francs Cfa par rapport à l’année 2018).
Opacité totale sur les destinations de fonds
L’opinion comprend bien la réalité triste tapie derrière l’existence de ces deux institutions à l’utilité absolument douteuse : des outils d’insertion-fidélisation d’une cohorte de politiciens et de syndicalistes professionnels renforcés par des cadres et experts dont les avis finissent dans les tiroirs à tous les coups. Pendant ce temps, l’assemblée nationale, censée être le sanctuaire du peuple souverain, finasse autour d’un budget de presque 17 milliards de francs Cfa pour l’exercice 2019, avec une opacité totale sur l’utilisation d’une partie des fonds publics.
La politique politicienne au Sénégal est une grande dévoreuse de ressources financières et matérielles. Si le Hcct, le Hcct ou l’assemblée nationale sont des « nains » en la matière, la présidence de la République, sous tous les régimes, reste le nœud gordien de la dilapidation et de la corruption des élites et des masses. L’austérité y trouve donc difficilement sa place.
Des « fonds spéciaux » intouchables
Mamadou Abdoulaye Sow, inspecteur principal du Trésor à la retraite, évalue aujourd’hui les « fonds spéciaux » de la présidence de la République à la somme d’environ 17 milliards de francs Cfa sous forme d’«autorisations budgétaires» diverses. Pourquoi le président de la République n’inclurait pas une bonne partie de cette manne financière dans l’escarcelle des économies envisagées dans le train de vie de l’Etat ? La question paraît fondamentale en dépit de la nécessité de tenir en compte les principes de souveraineté et de sécurité qui sous-tendent le sujet.
L’idée de rationaliser les dépenses publiques peut se défendre car le gaspillage est une réalité insoutenable pour chaque pays et chaque Etat. La vérité est que, dans le cas du Sénégal, avec les objectifs avancés par le chef de l’Etat, il ne semble pas rationnel de faire un aller-retour entre Dakar et Ankara (ou Istanbul) avec…l’avion présidentiel et toutes les dépenses induites par un tel déplacement… Sinon l’enfer sera toujours pour les autres !
BÉTHIO THIOUNE, UN "CHEIKH’’ QUI A MARQUÉ LE MOURIDISME
Ce qui a été appelé ’’le phénomène Béthio Thioune’’, est devenu une des manifestations importantes du fonctionnement de l’islam confrérique sénégalais, qui place les marabouts comme intermédiaire incontournable entre Dieu et les fidèles
Cheikh Béthio Thioune, décédé mardi à Bordeaux, en France, à l’âge de 81 ans, des suites d’une longue maladie, est une personnalité marquante du mouridisme, une des principales confréries musulmanes sénégalaises dont il fut un dignitaire aussi adulé de nombreux adeptes communément appelés "thiantacounes’’ qu’il a pu être un personnage controversé principalement ces dernières années.
Il a de cette manière marqué son époque, comme guide spirituel et figure paternelle pour de nombreux adeptes qui lui avaient prêté allégeance, jusqu’à sa condamnation lundi, un jour avant sa disparition, à 10 ans de travaux forcés par la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Mbour pour "complicité de meurtre" et "non dénonciation de meurtre".
Un point noir dans la vie de Béthio Thioune, jugé par contumace dans cette affaire portant sur le meurtre de deux de ses disciples en 2012 pour laquelle 19 membres de son mouvement avaient également comparu.
Un pied de nez au destin, pouvaient dire ses ’’talibés’’ à l’annonce du décès de leur guide, en faisant le lien entre sa condamnation et son rappel à Dieu, à un jour d’intervalle, là où certains de ses contempteurs n’y verront pet-être que le signe de la justice divine, le guide des "thiantacounes" ayant été toujours considéré comme le principal commanditaire du double meurtre de Médinatoul Salam.
Cette affaire de meurtre, dont les circonstances sont jugées révoltantes, a tenu l’opinion publique sénégalaise en haleine pendant 7 ans, au risque de jeter le trouble dans l’option au sujet du guide des "thiantacounes’’.
Un quotidien sénégalais ne s’y est pas trompé, qui a titré "Un grand intellectuel doublé d’un religieux controversé qui aura marqué son époque".
De fait, ce qui a été appelé plus tard ’’le phénomène Béthio Thioune’’, est devenu une des manifestations importantes du fonctionnement de l’islam confrérique sénégalais, qui place les marabouts comme intermédiaire incontournable entre Dieu et les fidèles.
Un mode de fonctionnement qui a ses partisans et ses détracteurs, mais il reste que Cheikh Béthio Thioune a admirablement réussi par ce registre, au regard de la dévotion que lui vouent ses fidèles, laquelle est à l’image de l’attachement que lui-même voue à Serigne Saliou Mbacké, défunt khalife générale des mourides qui l’a élevé au rang de ’’cheikh’’ en 1987.
Le couronnement de sa relation avec le marabout, à qui il est resté attaché depuis son enfance et la date de leur première rencontre dans la région de Thiès, son terroir natal.
Une rencontre qui, dit-il, a changé la vie du jeune Béthio, qui va embrasser l’enseignement à 23 ans au début des années 1960 pour soutenir sa famille, avant d’occuper plusieurs postes dans l’administration dont celui d’inspecteur de l’expansion rurale dans le Sine-Saloum, zone correspondant actuellement aux régions de Kaolack et Fatick.
Il intègre ensuite l’Ecole nationale d’économie appliquée (ENEA) puis l’Ecole nationale d’administration à l’âge de 40 ans, avant de servir à Diourbel et Kaolack à sa sortie comme administrateur civil, en 1976.
Cheikh Béthio Thioune est de la même promotion que l’actuel secrétaire général du Parti socialiste (PS), formation de l’actuelle majorité au pouvoir. Il disait à qui voulait l’entendre qu’il avait réussi au concours de l’ENA grâce à Serigne Saliou.
PAR Thomas Hofnung
EN LIBYE COMME AU MALI, LA FRANCE JOUE UN DOUBLE JEU
A Tripoli et Bamako, Paris soutient les autorités légitimes tout en apportant son aide à des forces rivales jugées plus à même de lutter contre le terrorisme
Confrontée depuis un mois à une offensive brutale des troupes du maréchal Khalifa Haftar, une partie de la population de Tripoli, en Libye, conspue la France, accusée de duplicité. On pourrait considérer que Paris est un bouc émissaire facile pour les partisans du gouvernement de Fayez Al-Sarraj, reconnu par la communauté internationale mais incapable de ramener la paix dans son pays. Ce serait toutefois négliger qu’ils pointent peut-être là une attitude que la France a déjà adoptée ailleurs. De fait, comme au Mali, Paris joue un double jeu en Libye, et cela depuis des années.
Ce double jeu a éclaté au grand jour dans l’est du pays, il y a près de trois ans. Le 17 juillet 2016, un hélicoptère transportant trois sous-officiers français s’écrasait dans la région de Benghazi, le fief de Khalifa Haftar. Rapidement, et contrairement aux usages habituels (sans doute pour éteindre les rumeurs), le ministère français de la défense reconnaissait leur mort dans un communiqué laconique, précisant que les trois hommes étaient « en service commandé ». En clair, il s’agissait d’agents du service action de la DGSE, le renseignement extérieur français.
Fureur à Tripoli, car au même moment des soldats des forces spéciales françaises œuvraient aux côtés des troupes du gouvernement légal, lequel ignorait tout des agissements de la DGSE dans l’est. Le Commandement des opérations spéciales (COS) fut alors obligé de « démonter » dans l’urgence son dispositif, comme le confiait par la suite l’un de ses hauts responsables*. Autrement dit, de plier bagage. Cet épisode provoqua aussi de fortes tensions à Paris, où le COS reprochait à la DGSE, dirigée alors par Bernard Bajolet, de faire cavalier seul dans une totale opacité.
Choix stratégique
Malgré ces poussées de fièvre récurrentes, Paris n’a pas vraiment d’états d’âme et assume ce double jeu, dicté par les circonstances. Face à la montée en puissance du groupe Etat islamique (EI) dans l’est de la Libye, la France a fait un choix stratégique depuis plusieurs années. Elle s’est résolue à soutenir discrètement Khalifa Haftar pour tenter de réduire la menace terroriste.
Après le succès de l’opération « Serval » au Mali en 2013, Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la défense et aujourd’hui aux affaires étrangères, a longtemps fait pression, y compris publiquement, pour qu’une action armée soit menée contre les groupes armés installés dans le sud de la Libye, mais aussi sur les rives de la Méditerranée. Sans succès : après l’intervention militaire de 2011, qui s’est soldée par la mort de Mouammar Kadhafi, impossible d’obtenir l’aval du Conseil de sécurité de l’ONU, notamment des Russes, furieux.
Toutes choses égales par ailleurs, ce double jeu français – soutien aux autorités légales, appui à des forces rivales jugées capables de contribuer à la lutte antiterroriste – n’est pas sans rappeler ce qui se passe au Mali depuis des années. En janvier 2013, Paris avait justifié l’opération « Serval » par la volonté d’aider le gouvernement de Bamako à recouvrer l’intégralité de son territoire, dont les deux tiers étaient tombés sous le contrôle de groupes djihadistes et touareg séparatistes. Cette opération fut rondement menée : en quelques mois, Paris put clamer victoire et remettre les clés du pays au gouvernement, dirigé depuis l’été 2013 par Ibrahim Boubacar Keïta.
Effet boomerang
Mais des tensions ont rapidement fait leur apparition entre les deux alliés. Nul n’ignore à Bamako que dans l’extrême-nord du Mali, l’armée et les services de renseignement français s’appuient sur des réseaux touareg pour traquer les chefs djihadistes qui ont réussi à passer entre les mailles des opérations « Serval » puis « Barkhane » (depuis 2014) et pour tenter de retrouver la trace d’otages français. Or, bien plus que des groupes djihadistes perçus comme une menace exogène et conjoncturelle, ces groupes touareg qui cherchent à s’émanciper de la tutelle de Bamako depuis l’indépendance du Mali, en 1960, représentent le principal danger aux yeux des autorités locales.
Ces différences d’appréciation et d’agenda sont reléguées au second plan quand, sur le terrain, les choses se passent bien, le processus de stabilisation politique progresse et la lutte antiterroriste marque des points. Mais dès que la situation se détériore, comme c’est le cas notamment dans le centre du Mali, les tensions réapparaissent. Tel un effet boomerang, l’opinion demande alors des comptes à l’allié étranger, dont l’action n’apparaît plus très lisible et qu’on soupçonne de tout et son contraire. Début avril, quelques jours après un terrible massacre commis par des milices dogon contre des civils peuls dans la localité d’Ogossagou, des milliers de personnes ont manifesté à Bamako contre le gouvernement, mais aussi contre la France.
Soutien aux séparatistes touareg dans le nord, passivité face aux massacres commis dans le centre du pays ? Cela fait beaucoup pour un seul et même acteur. Mais cette confusion à Bamako, entretenue localement par ceux qui souhaitent le départ des soldats de « Barkhane », résulte aussi de la partie complexe que Paris joue au Mali, comme en Libye, en soutenant un processus chaotique de stabilisation politique tout en poursuivant sans relâche la lutte contre la menace terroriste.
CES PEURS QUE RÉVEILLE LA CHINE EN AFRIQUE
Entre forums sino-africains et programme dit des « routes de la soie », la relation de l'Afrique avec la Chine prend de plus en plus une ampleur qui ne rassure pas tout le monde
Le Point Afrique |
Malick Diawara |
Publication 08/05/2019
Le Forum de Paris consacré ce mardi 7 mai aux risques de surendettement menaçant les économies en développement va avec son lot d'interrogations et de remarques alarmistes quant au « piège » que pourrait constituer pour les pays africains un face à face de plus en plus fort et exclusif avec l'empire du Milieu. Plusieurs raisons à cela : l'augmentation exponentielle de la dette de l'Afrique à l'endroit de la Chine, la crainte d'une autre colonisation qui ne dira pas son nom mais qui y ressemblera beaucoup.
La crainte de l'étau d'un endettement croissant
Cela se voit sur le terrain. La Chine a changé la donne dans nombre de pays africains en finançant à coups de milliards les infrastructures souhaitées par ces derniers pour se mettre sur le sentier de « l'émergence ». Seul hic, et de taille : les prêts chinois ont gonflé le service de la dette de beaucoup de pays au point que le Fonds monétaire international s'est senti obligé d'attirer leur attention sur cette réalité. Alors qu'en cinq ans, les investissements directs cumulés du géant asiatique dans les pays concernés ont dépassé 60 milliards de dollars et que la valeur des projets signés par des entreprises chinoises a atteint plus de 500 milliards, l'institution de Bretton Woods précise que ces partenariats peuvent, du fait de leur impact sur le niveau d'endettement, limiter les moyens et dépenses vers certains autres fronts prioritaires en raison des frais liés aux intérêts de ces prêts. Comme le disait récemment sa directrice générale Christine Lagarde : « Ce n'est pas un repas gratuit. »
Réponse de la Chine par l'entremise de Ning Jizhe, vice-président de la puissante agence de planification chinoise (NDRC) : « Ces prêts existaient avant et les critères d'évaluation des projets sont rigoureux. » « Ce n'est pas un club chinois », a renchéri le président Xi Jinping, qui n'a pas hésité à mettre en avant « les coopérations mutuellement bénéfiques » qui lient la Chine à l'Afrique.
Il faut dire que la Chine n'y est pas allée par quatre chemins. Avec le programme « Routes de la soie » qu'elle a mis en œuvre dès l'été 2013, elle a enchaîné les chantiers d'édification de routes, de ports et de chemins de fer en mettant sur la table des dizaines de milliards de dollars. Aujourd'hui, le moins que l'on puisse dire, c'est que de plus en plus de critiques fusent ici et là. Parmi elles, celle-ci : Pékin utilise sa force de frappe financière pour étendre son influence. Et cela ne vaut pas seulement pour la position de la Chine par rapport à l'Afrique.
Autre aspect du problème : la Chine accorde ses prêts en dollars et conduit ses débiteurs à devoir rechercher des excédents commerciaux importants pour les rembourser alors que, d'un autre côté, leurs réserves de changes risquent de s'épuiser. « Souvent, les prêts chinois sont en nature – tracteurs, livraisons de charbon, services d'ingénierie – mais doivent être remboursés en dollars », explique ainsi à l'AFP Anne Stevenson-Yang, chercheuse à J. Research Capital.
Prenons l'exemple de Djibouti : selon le FMI, sa dette publique extérieure a bondi de 50 à 85 % du PIB en deux ans. L'explication : ses créances croissantes dues à l'Exim Bank, banque institutionnelle chinoise dont on mesure la puissance quand on sait qu'elle possède la moitié de la dette du Tadjikistan et du Kirghizistan. Et l'emprise chinoise peut être suffisamment forte pour que finalement lui soit confiée la gestion des infrastructures construites au travers de concessions s'étalant sur 20 ou 30 ans, si l'on en croit l'agence de notation Standard & Poor's.
La crainte d'une nouvelle colonisation
La vérité est que Pékin réussit à se donner le bon rôle dans une équation où les pays africains en particulier, les pays peu développés en général, ont d'énormes besoins d'infrastructures. La Chine fait d'une pierre deux coups : au-delà de trouver des débouchés à ses capacités industrielles hors normes, elle construit les routes, les ports et les oléoducs dont elle a besoin pour l'acheminement de ses approvisionnements en matières premières qu'elle va d'ailleurs chercher, notamment, en Afrique.
Quoi qu'il en soit, la manière dont le Sri Lanka s'est retrouvé en situation difficile par rapport à la Chine donne à réfléchir. Après avoir emprunté 1,4 milliard de dollars auprès de Pékin pour aménager un port en eau profonde, il s'est vu contraint fin 2017, en raison de son incapacité à rembourser, de céder le contrôle complet de l'infrastructure... à la Chine pour 99 ans. Un système donc à même d'installer une colonisation rampante ?
La question mérite d'autant plus d'être posée que toute cette dynamique nourrit une politique d'influence orchestrée à partir du programme des « Routes de la soie » pas seulement vanté par les Chinois. Antonio Tajani, président du Parlement européen, ne s'est pas gêné pour affirmer que « le continent africain » devenu l'un des principaux partenaires économiques de Pékin, « risque aujourd'hui de devenir une colonie chinoise ». S'exprimant en juillet dernier dans le quotidien allemand Die Welt, il a indiqué que « les Chinois ne veulent que les matières premières » et que « la stabilité ne les intéresse pas ».
De quoi interroger la présence croissante des entreprises chinoises au cours des dernières décennies, notamment dans le domaine des ressources naturelles. Pour rappel, en 2015, les échanges entre le continent et Pékin étaient estimés à quelque 180 milliards de dollars. Pour 2020, Pékin s'est fixé l'objectif de 400 milliards de dollars. À n'en pas douter, le profil des produits et services concernés ne manquera pas de nous instruire sur le cap de cette coopération sino-africaine.
PAR Bakary Sambe
LES INCONSÉQUENCES DE LA GOUVERNANCE ÉDUCATIVE ET RELIGIEUSE AU SÉNÉGAL
Notre pays fait le pari inconséquent de vouloir consolider une Nation par le biais d’un système éclaté en envoyant ses enfants soit à l’école "française" ou "arabe" à défaut d’une école "sénégalaise"
Par un simple communiqué, le Ministère de l’Education nationale a voulu mettre fin à une polémique d’une extrême sensibilité en insistant sur des dispositions réglementaires. Mais le problème est plus profond et, au fond, plus sérieux. C’est ce qui a expliqué la passion qui a entouré le traitement médiatique de cette affaire. Encore temporairement étouffée, mais, comme d’habitude, rien n’est presque réglé dans le cadre d’une solution durable. L’affaire va s’oublier le temps que réapparaisse un autre symptôme du vrai mal qu’on ne prend jamais ni le temps encore moins le courage de soigner. Je suis persuadé que cette « affaire » est loin de connaître son épilogue !
C’est un fait triste mais il faudrait en convenir ! Il y a, dans notre pays, deux questions fondamentales que chaque régime laisse au suivant telle une patate chaude par manque de courage politique mais aussi pour des calculs électoralistes alors qu’il s’agit d’un enjeu énorme pour l’avenir du Sénégal : la question de la dualité de notre système éducatif et celle de la gouvernance du religieux. Dans leur majorité, tou régimes confondus, les réformes constitutionnelles n’ont, généralement, concerné, depuis notre indépendance, que des questions liées à la conquête, la gestion ou la conservation du pouvoir politique. Des questions sociales essentielles sont toujours renvoyées aux calendes grecques.
En fait, nous sommes dans un pays où les dirigeants successifs ont toujours tenu un discours exprimant publiquement mais superficiellement le désir de construction d’une Nation, mais sans se soucier du ciment national : un système éducatif unifié inculquant les mêmes valeurs à tous enfants d’un pays qu’il instruit de manière égalitaire quelque soit la langue d’enseignement et quelle que soit leur religion.
Sur une question de voile dans une école catholique, les opinions les plus contradictoires se sont exprimées dans les médias sénégalais et les réseaux sociaux pendant une semaine. Malgré le désintérêt que l’on pourrait avoir pour les faits divers et les polémiques entourant cette affaire, il faudrait quand même apporter quelques précisions qui me semblent de taille afin de montrer, à l’instar de la gouvernance qui pose problème, les inconséquences de la presque totalité des positions prises par les différents acteurs.
1- De ceux qui demandent à l’école catholique de respecter le principe de la liberté religieuse peu seraient prêts à accepter une fille non voilée dans une école islamique à plus forte raison d’un garçon portant une croix, simplement intéressé par l’enseignement et non la pratique religieuse comme il est le cas pour ces enfants de musulmans admis dans des écoles catholiques.
2- De ceux qui demandent à l’Institution Sainte Jeanne d’Arc de ne pas « nuire à la cohésion sociale » par l’application de son règlement intérieur, presque personne n’a jamais défendu le droit des catholiques à avoir des lieux de culte partout où ils le désirent sur l’étendue du territoire de la République.
3- De ceux qui s’offusquent qu’une école privée reconnue par l’Etat sénégalais et régie par ses lois refuse à un enfant de la République « l’exercice de son culte », beaucoup ont été contre les propositions de l’Etat pour la modernisation des écoles coraniques ou introduire des enseignements du programme de l’Education nationale dans le cursus de leurs écoles privées.
4- Enfin, nombreux parmi ceux qui, derrière cette affaire, disent défendre les « daaras » ont leurs enfants dans les écoles publiques, privées laïques ou confessionnelles en français. Seulement, ils affichent, publiquement, pour souci de commodité idéologique et communautaire, un semblant de rejet d’une école sénégalaise qu’ils considèrent comme « occidentale » et qui serait encore sous l’emprise de la « langue et du modèle du colon » tout en y envoyant leurs enfants y compris dans les prestigieuses universités occidentales européennes ou encore Nord américaines.
Sur ce dernier point, l’inconséquence frise l’hypocrisie et fait que, finalement, la discrimination contre les élèves de l’école coranique tant décriée n’est, finalement, pas le seul fait de l’Etat mais de certains de ses propres acteurs qui en soustraient leurs propres enfants dès qu’ils en ont les moyens.
Bien que, pour la « cohésion sociale » l’Institution Jeanne d’Arc se doive d’intégrer les réalités socioreligieuses du Sénégal, il serait, toutefois, injuste de lui demander de supporter, seule, tous les efforts d’adaptation en taisant le caractère non religieusement contraignant pour les musulmans d’envoyer leurs enfants à l’école catholique. Cette dernière, comme celle islamique, a ses règles, ses objectifs et orientations clairement déclinés dans le projet d’établissement qu’elle n’a jamais imposé non plus à aucun parent musulman ou même chrétien.
C’est-à-dire qu’au-delà de la simple question du voile, cette affaire a été piégée par des sous-entendus et des non-dits. Elle a été un exutoire pour beaucoup d’acteurs impliqués. Derrière la levée de bouclier, il y a la revendication égalitariste d’une obligation de l’Etat à subventionner l’école coranique au même titre que le privé catholique dont les effectifs – faudrait-il le rappeler- sont composés en majorité d’enfants musulmans. C’est-à-dire que, contrairement au simplisme idéologique mettant en avant la subvention étatique au bénéfice des écoles catholiques dans un pays à majorité musulmane, l’Etat sénégalais, en réalité ne fait qu’appuyer financièrement un enseignement laïc dispensé à des enfants de musulmans largement majoritaires dans les écoles catholiques.
5- Certains, voulant « régler ses comptes » à l’Etat, soit dans le cadre leur opposition au projet de modernisation des daaras ou la volonté de réglementer les écoles coraniques prennent le débat en otage politique et en profitent pour agiter la dénonciation de l’injustice et des droits offerts à une « minorité » qui, à leurs yeux, en abuserait. C’est là la source du malentendu savamment entretenu par des idéologues et qu’il serait important de lever pour de bon : les Sénégalais chrétiens –l’ordre me semble important- ne sont pas une minorité au sens de dhimmi, mais des citoyens à part entière d’une République qu’ils partagent avec tous et avec tous les droits.
6- Mais d’autres encore, à l’attitude plus pernicieuse, se sont vite engouffrés dans la brèche pour mieux affirmer leur revendication du refus du système éducatif sénégalais et de son projet tout simplement parce qu’en réalité, ils en ont un autre : user de l’éducation pour la réalisation de projets idéologiques sur lesquels nous sommes revenus assez souvent ces dernières années. Ces mêmes acteurs plus visibles et un peu trop audibles lorsqu’il s’agit des droits des uns que quand ceux d’autres sont menacés, savent pertinemment ce qu’ils font et leur projet est clair.
Ils le déroulent en violant les règles et principes qu’ils veulent que l’on n’applique qu’aux autres. Eux, peuvent bien fermer leurs écoles à une fille non voilée et leurs mosquées aux pratiques cultuelles même de musulmans d’eux différents. Accepter un non musulman ? La question ne saurait effleurer ! Quelle simpliste et sélective interprétation de la « liberté religieuse » qu’ils brandissent telle une épée de Damoclès au dessus de leurs concitoyens catholiques ! Mais, « celui qui n’a qu’un marteau dans la tête verra toujours tous les problèmes du monde sous forme de clous ! », dit un de nos proverbes qui a fini par voyager très loin.
La communauté musulmane qui a toujours vécu en toute harmonie avec nos compatriotes chrétiens et d’autres religions devrait, au même titre que l’Institution Jeanne d’Arc, penser les conditions toujours possibles d’un dialogue constructif avec les responsables de l’enseignement catholique et se départir des positions extrémistes de tous bords.
C’est déjà un échec sénégalais que cette affaire soit tranchée par un communiqué d’un Ministère évoquant des principes qu’il n’applique pas du tout à d’autres communautés avec lesquelles, au nom de compromis et de compromissions, il négocie depuis l’indépendance, parfois, au mépris même de ses prérogatives régaliennes. Au lieu d’un sens du discernement et de la mesure, c’est cela qu’on appelle un système de deux poids deux mesures dans la précipitation et la volonté d’évacuer une question qui dévoile des inconséquences longtemps traînées !
Il faudrait, cependant, saluer la position première du Cadre Unitaire de l’islam au Sénégal et ses efforts auxquels je me suis beaucoup associé ces dernières années depuis un premier cas similaire et que nous avons conjointement réglé par la médiation.
De la même manière, dans leur sagesse habituelle, des membres du clergé catholique comme Mgr André Guèye de Thiès, ont fait preuve de grande responsabilité. C’est sur ce sens d’une responsabilité partagée de la paix sociale et de l’entente cordiale qu’il faudrait miser pour sortir de cette crise. Le Sénégal en a traversé d’autres et les a surpassées !
Le système éducatif sénégalais tente, néanmoins, de se perfectionner et intègre, à doses homéopathiques, des réformes, certes, importantes mais parcellaires. La prise en charge des demandes éducatives des familles comme l’introduction de l’enseignement religieux mais aussi l’organisation et la reconnaissance d’un baccalauréat arabe permettant l’accès à l’université public sont des efforts à saluer.
Mais, il n’y a pas de schéma directeur vers l’unification définitive du système dans le respect de la diversité de ses demandes et des attentes de ses acteurs. Et, sans se voiler la face, on voit nettement que ces réformes ne vont pas au même rythme que celles constitutionnelles et politiques pour lesquelles auxquelles nos députés sont si habituées et en procédure d’urgence surtout lorsque les majorités sont si confortables.
Pourtant, des réflexions profondes auxquelles, avec une modeste contribution, j’ai eu l’honneur de prendre part aux côtés de collègues et amis comme Pr. Abdoul Aziz Kébé, Penda Mbow, Cheikh Guèye (Enda), Fatou Kiné Camara et Souleryame Gomis, avaient été engagées par des acteurs sénégalais du monde académique comme de la société civile et les conclusions versées dans le cadre du débat des Assises.
Mais, notre pays a continué de faire le pari inconséquent de vouloir consolider une Nation par le biais d’un système éclaté en envoyant ses enfants soit à l’école « française » ou « arabe » à défaut d’une école « sénégalaise » en tant que conjugaison de nos héritages négro-africains, arabo-islamiques, francophones et d’autres. Il a ouvert ce système à tous les pays, à toutes les offres, sans prendre la responsabilité d’en avoir la totale emprise. La raison n’est pas un déficit de capacités et de compétences mais une absence de vision et surtout d’un nécessaire courage politique.
Il est sûr que, lorsqu’un Etat croit qu’il peut régler les problèmes aussi sérieux en empruntant des bricolages circonstanciels sous couvert d’un consensus mou permettant de remettre toujours à plus tard la décision politique tranchée et juste, on en arrive à de telles situations où les fuites en avant produisent toujours des solutions à reculons.
C’est cela qui a mené à une situation où un débat sur un fichu morceau de tissu devant envelopper ou non la tête d’une apprenante soit source d’autant de polémiques. Notre pays vit aujourd’hui le même paradoxe que tous les autres Etats laïcs qui se trouvent devant la nécessité paradoxale de gérer le religieux au regard de ses enjeux. Pourtant le modèle sénégalais avait offert des champs de possibilités qui auraient même pu inspirer d’autres avec lequel nous partageons le fait d’être laïc mais pas de la même manière, au regards des circonstances historiques différentes.
Tant que l’Etat ne prendra pas la question éducative comme une problématique cruciale car traversant le vivre-ensemble et la cohésion sociale nous ne sortirons pas de telles contradictions et de telles inconséquences qui inspirent le bricolage à la place d’une véritable gouvernance.
En Juin 2010 dans une tribune intitulée « Les arabisants sénégalais ; une contre-élite à l’heure des changements politiques », nous recommandions la mise en place d’une grande direction de l’enseignement privé confessionnel avec des sous-directions musulmanes, catholiques, protestantes et autres. Un tel dispositif permettra de régler en grande partie la question de l’inégal accès au financement étatique pour toutes les écoles privées appliquant le programme de l’Education nationale quelles qu’en soit la langue d’enseignement et l’orientation en matière d’éducation religieuse.
Certaines de ces recommandations de l’époque que les « arabisants » avaient repris dans un mémorandum présenté aux candidats à la présidentielle de 2012 avaient abouti à la création du baccalauréat arabe et la réouverture d’une section arabisante à l’ENA pour permettre à tous les enfants de ce pays à pouvoir le servir sans discrimination. Des acteurs politiques du pouvoir comme de l’opposition se sont, depuis, inspirés de telles recommandations dans leurs discours ou programmes électoraux. Mais il reste à régler la question de fond : comment traiter définitivement de cette dualité du système éducatif avec des mesures fermes mais pédagogiques afin que l’école ne soit plus, dans ce pays, un sujet de division ou le terrain de confrontation des contradictions de notre société en mutation et en questionnement ?
Cette polémique autour du voile « islamique » dans une école « catholique » n’est qu’un des nombreux problèmes qui commencent à dévoiler les failles d’un système éducatif dont la réforme exige la plus grande concertation. La violence de certains propos et le caractère trop passionné du débat qui a vite viré à la polémique stérile et porteuse de risques sont dus au fait qu’il a été un exutoire pour certains exprimant très mal les maux d’un système à revoir.
En tout état de cause, ce n’est que le début d’une longue série d’autres polémiques qui tourneront toujours autour du religieux, de la famille, de l’école que, malheureusement, certains, à défaut d’un débat national ouvert et inclusif, n’hésiteront point à l’instrumentaliser à des réflexes identitaires. Un tel jeu ne fera que l’affaire des extrêmes de toutes natures dans un contexte sous-régional lourd de risques et d’incertitudes.
Pour éviter une telle situation, l’Etat doit refaire de l’éducation une prérogative nationale qu’il réglemente, gère et oriente en toute souveraineté malgré la nécessité d’une régulière et large concertation comme dans le cadre des Assises de l’Education dont les conclusions ne doivent plus rester lettre morte. L’essentiel de la réflexion est déjà produite. Ne font plus défaut que le courage et la volonté politiques.
Bakary Sambe est enseignant-Chercheur au centre d’Etude des Religions (CER) UGB
par Francis Kpatindé
TALON VEUT TRANSFORMER LE BÉNIN EN UNE IMMENSE SARL DONT IL SERAIT L'UNIQUE ACTIONNAIRE
Tout en étant depuis plusieurs décennies le grand manitou de l’économie nationale, le président béninois contrôle désormais la totalité des pouvoirs et contre-pouvoirs inscrits dans la Constitution : l’exécutif, le législatif et l’autorité judiciaire
Le Monde Afrique |
Francis Kpatindé |
Publication 08/05/2019
Pour s’inscrire dans la durée, une démocratie a besoin d’institutions solides et consensuelles. Sa préservation tient également au degré de discernement de ceux qui reçoivent mandat du peuple pour en être les animateurs. Les difficultés actuelles du Bénin découlent tout autant de la tenue d’élections législatives non inclusives, le 28 avril, que du tempérament, du style et des idées ultralibérales de l’homme qui préside à ses destinées depuis trois ans.
Patrice Talon, 61 ans, a une conception marmoréenne des idéaux démocratiques, des
droits humains, du droit de grève et de la parité homme-femme – il n’y a que quatre femmes sur 22 ministres et, parmi les députés élus le 28 avril, la gent féminine est réduite à la portion congrue. L’homme d’affaires devenu président ambitionne plutôt de transformer le Bénin en une immense SARL dont il serait l’actionnaire principal, pour ne pas dire unique. Pour cela, il lui fallait pousser l’ancienne classe politique à la retraite, récupérer la totalité des 83 sièges de l’Assemblée nationale, bref, avoir les coudées franches pour entamer ses réformes conservatrices.
Ses proches vous le diront mezza-voce : le président écoute peu. Il a par ailleurs une forte propension à avoir le dernier mot. L’ONU, l’Union africaine, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et le clergé béninois l’ont appelé, sans succès, à réintroduire l’opposition dans la compétition électorale. L’écrasante majorité des chefs d’institutions béninoises ont désapprouvé sa décision d’organiser des législatives non inclusives. Ils lui ont clairement fait part de leur extrême réserve, sinon de leur franche opposition, mi-avril, dans le huis clos d’une réunion de crise qui s’est tenue au palais présidentiel. Ils ont, disent-ils aujourd’hui, « rencontré un mur ».
Un parti unique bicéphale
En organisant des élections législatives au seul profit d’un parti unique bicéphale à sa dévotion, en excluant du Parlement pour les quatre prochaines années toute voix dissidente, en repoussant les appels à la modération de la communauté internationale, Patrice Talon aura porté un coup rude au contrat social scellé par ses concitoyens lors de la conférence nationale de février 1990, à Cotonou. La sanction, immédiate, se passe de commentaires : seul un électeur sur quatre s’est rendu aux urnes. Ils étaient pratiquement trois sur quatre lors des précédentes législatives, en 2015.
Le « modèle » béninois qui a permis à Patrice Talon d’accéder à la tête de l’Etat en 2016 portait en lui la marque du consensus, du dialogue et des virages négociés en douceur, avec une ligne rouge que nul n’avait jusque-là osé franchir : le recours à la violence. A l’aune des émeutes urbaines de début mai, le compromis historique de 1990 semble consommé. On déplore plusieurs victimes civiles des suites de tirs à balles réelles – une information non démentie par les autorités –, des blessés, des arrestations, des déprédations…
Au-delà des élections législatives, la crise actuelle procède de l’expérience politique sibylline que connaît le Bénin depuis trois ans. Son premier magistrat est aussi la première fortune du pays et la quinzième d’Afrique francophone, à en croire un classement établi en novembre 2015 par le magazine Forbes Afrique. A partir du palais présidentiel de la Marina, le chef de l’Etat continue d’avoir un œil sur le développement de ses propres affaires, concédées subrepticement à des proches pour ne pas donner prise à une accusation de conflit d’intérêts. Profitant du jeu normal des nominations de nouveaux juges à la Cour constitutionnelle, il a fait main basse sur une institution qui fait office, entre autres, de juge des libertés et des élections. La cour est désormais présidée par son ex-ministre et ancien avocat personnel.
La peur est de retour
Il ne manquait plus qu’une OPA sur le Parlement monocaméral pour compléter le tableau de chasse. C’est chose faite depuis le 28 avril. Selon la légende, deux formations politiques se partageraient dorénavant les 83 sièges du Parlement. A la vérité, il ne s’agit nullement d’un bipartisme à la britannique, mais de l’instauration d’un parti unique bicéphale que les Béninois, qui n’ont pas perdu leur sens de l’humour, dépeignent comme un « parti siamois ».
Tout en étant depuis plusieurs décennies le grand manitou de l’économie nationale, Patrice Talon contrôle désormais la totalité des pouvoirs et contre-pouvoirs inscrits dans la Constitution : l’exécutif, le législatif et l’autorité judiciaire, sans oublier l’essentiel des médias locaux, étonnamment éthérisés depuis trois ans. Jamais, dans l’histoire récente du Bénin, on n’avait vu une telle concentration de pouvoirs entre les mains d’un seul homme !
Du coup, le Bénin renoue avec les pages sombres des rapports d’Amnesty International. Le pionnier des conférences nationales africaines vient de rejoindre la liste peu flatteuse des pays où l’on peut délibérément tirer à balles réelles, en pleine ville, sur des manifestants. La peur est de retour sur les visages, comme au temps de la dictature marxiste-léniniste des années 1970 et 1980. Conséquence : le pays est en passe de redevenir un pourvoyeur de demandeurs d’asile. Ils sont de plus en plus nombreux, en effet, les Béninois, politiques et citoyens ordinaires, se bousculant depuis quelques mois aux portillons du Togo, du Nigeria, de la Côte d’Ivoire, du Ghana et, pour les plus fortunés, de la France.
Francis Kpatindé, ancien rédacteur en chef du Monde Afrique, est journaliste et enseignant à Sciences Po Paris, où il dirige un cours sur « le contrôle des élections en Afrique au sud du Sahara »
LA CORRUPTION DES ÉLITES AFRICAINES, UN CANCER QUI TUE LES INSTITUTIONS ET LES PEUPLES
La tragédie de l’Afrique, c’est la "scandaleuse impunité" qui protège ses élites, responsables du pillage systématique des ressources de leurs pays - L’ancien diplomate mauritanien Ahmedou Ould Abdallah accuse "ces oligarchies" qui ruinent le continent
"La concentration du pouvoir et des richesses aux mains des élites est un mélange cancérigène devenu de plus en plus une marque dans nos pays." C’est le constat amer d’Ahmedou Ould Abdallah. L’ancien chef de la diplomatie mauritanienne sait de quoi il parle. C’est un bon connaisseur du continent africain qu’il a sillonné pendant plusieurs années en tant que Secrétaire général adjoint de l’ONU.
"La corruption est un véritable cancer qui tue sur le continent africain. C’est vrai qu’il s’agit d’un phénomène international, mais il y a une énorme différence en Afrique. C’est l’impunité qui protège les élites corrompues", explique-t-il à franceinfo Afrique.
"Une escroquerie à grande échelle qui discrédite les Etats"
En plus de sa casquette de diplomate, Ahmedou Ould Abdallah est membre fondateur de Transparency International. Il siège encore aujourd'hui au sein de son conseil d’administration. Cette organisation non gouvernementale a pour vocation principale la lutte contre la corruption à travers le monde. Tous les rapports publiés ces dernières années font le même constat : les élites opèrent de véritables hold-up sur les ressources du pays. Ahmedou Ould Abdallah dénonce une escroquerie à grande échelle qui discrédite et tribalise les Etats.
"Un petit groupe, un petit clan contrôle l’économie d’un pays et se met au-dessus de la loi. Ce phénomène d’oligarchie se développe avec arrogance. Ces oligarchies ruinent nos pays et se drapent dans la souveraineté nationale pour ne pas rendre compte à leurs propres populations. Ce fléau explique certains sujets brûlants actuels comme les guerres civiles et l’immigration", observe Ahmedou Ould Abdallah. Et il tient à préciser qu’il ne parle pas ici de la corruption du petit douanier ou du petit policier au coin de la rue, qui n'est que le résultat de la grande corruption des élites dirigeantes jouissant d’une scandaleuse impunité.
Pour s'attaquer à la corruption, il faut une presse libre, une police libre et une justice indépendante. Aucune de ces trois conditions n'est remplie en Afrique. La justice est entre les mains d'un groupe oligarchiqueAhmedou Ould Abdallah, ancien chef de la diplomatie mauritanienneà franceinfo Afrique
Ainsi, des dizaines de milliards de dollars s’évaporent chaque année sur le continent, sans que personne ne lève le petit doigt. "En Europe de l’Ouest, lorsque les dirigeants sont accusés de corruption, c’est la fin de leur carrière. Ça provoque immédiatement un scandale et les responsables se retrouvent derrière les barreaux. La tragédie dans nos pays, c’est l‘impunité et l’arrogance de ceux qui sont corrompus", se désole l'ancien haut fonctionnaire de l'ONU.
Et les multinationales dans tout ça ? Ne sont-t-elles pas complices de ce fléau qui pénalise les populations africaines ? Ahmed Ould Abdallah balaye l’argument qui veut qu’il n’y a pas de corruption sans corrupteur. "Mais pourquoi vous l’acceptez ? Pourquoi à Singapour on ne l’accepte pas ? Pourquoi on le refuse de plus en plus en Malaisie ? Si quelqu’un vous donne un million de dollars pour sauter du haut de la tour Eiffel, allez-vous le faire ?", interroge-t-il.
"La corruption justifie le terrorisme et le radicalisme"
Depuis Nouakchott, en Mauritanie, où il s’est installé, Ahmedou Ould Abdallah mène ses recherches sur les enjeux globaux de la paix et de la sécurité en Afrique. Pour lui, la corruption rampante des élites africaines constitue aujourd’hui la plus grande menace sur la paix et la sécurité qui justifie le terrorisme et le radicalisme dans la société africaine.
"Il faut que cessent les pillages arrogants et systématiques de nos pays. Des contrats distribués en une journée, sans appels d’offres, qui se concluent par la cession de vastes concessions minières, pétrolières, agricoles et j’en passe. C’est une véritable tragédie."
La corruption ne disparaîtra pas d’un coup de baguette magique, reconnaît-il. C’est un combat de longue haleine, un combat de toute une vie, auquel tous les citoyens et la société civile africaine doivent être sensibilisés, explique-t-il à franceinfo Afrique.
par Momath Talla NDAO
FAST TRACK OU VOIE DE CONTOURNEMENT POLITIQUE
Vouloir augmenter la charge d’un homme dont le poids sur les épaules l'empêche déjà de marcher correctement et espérer renforcer son efficacité dans l’action pose problème
Le Sénégal vient de procéder, une troisième fois, à une réforme constitutionnelle portant suppression du poste de Premier ministre. Si en 1963, la dualité au sommet de l’Etat avait été évoquée comme motif, en 1983 le Président Abdou Diouf cherchait à consolider sa position de chef d’État après des élections présidentielles mouvementées.
En 2019, le slogan de “Fast Track” brandi par le régime du président Macky Sall laisse dubitatifs beaucoup d’observateurs de la scène politique. Sommes-nous alors en train de suivre un Slow Track vers une destination cachée ? Suite aux événements de 1962, qui opposaient Mamadou Dia à Léopold Sédar Senghor, les pouvoirs du président de la République ont été fortement renforcés. Cette tendance en faveur d’un régime présidentiel a toujours été farouchement préservée. Cela s’est traduit par un déséquilibre entre les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire.
C’est ainsi que les pouvoirs pharaoniques du président de la République font toujours l’objet de débat au Sénégal. Il ressort des analyses d’experts et observateurs que le goulot d’étranglement dans notre système de gouvernance est à situer dans les pouvoirs exorbitants de l’Exécutif. Son omniprésence et son influence sur tout pose un problème de séparation des pouvoirs, voire de gouvernance d’une matière générale.
A cet effet, les Assises nationales tenues entre juin 2008 et mai 2019 ont proposé des réformes institutionnelles majeures afin de “mettre un terme, d’une part, à la tendance à la concentration excessive des pouvoirs à la présidence de la République notée à la suite de la crise de 1962 et qui s’est accentuée depuis l’alternance, en l’an 2000 et, d’autre part, à toute immixtion du président de la République dans le fonctionnement du législatif et du judiciaire” (Charte de bonne gouvernance assises nationales, 2009). L’ère des pouvoirs centralisés est révolue. D’ailleurs, les réformes politiques sur la décentralisation s’inscrivent dans cette perspective d’une gouvernance participative centrée sur les territoires. Il s’agit de mettre les territoires au cœur de la définition et de la mise en œuvre des politiques publiques.
Parallèlement à sa politique de décentralisation, le Sénégal doit encourager la création de pôles de pouvoirs suffisamment déconcentrés pour rendre l’action gouvernementale plus proche des populations, plus efficace. La réforme constitutionnelle sur la suppression du poste de Premier ministre, votée le samedi 4 mai 2019, par l’écrasante majorité des députés (124 pour, 7 contre et 7 abstentions), est en contradiction avec cette logique politique. Elle renforce davantage la centralisation et la concentration des pouvoirs au sommet de l’Etat. Il serait difficile voire utopique de croire à l'efficacité d'un tel schéma.
Vouloir augmenter la charge d’un homme dont le poids sur ses épaules lui empêche déjà de marcher correctement et espérer renforcer son efficacité dans l’action pose problème. “Nous attendons l’aval de Monsieur le Président de la République” risquerait de devenir un leitmotiv dans les couloirs des ministères. Le temps est un bon allié ! Il révélera les véritables raisons de cette réforme constitutionnelle. En attendant, nous suivrons le Secrétariat général de la présidence s’acquitter de manière officieuse des tâches qui revenaient à la Primature.